le Vendredi 14 novembre 2025

«Le visage de la biodiversité est en train de changer, avec des gagnants et des perdants», résume Dominique Robert, professeur à l’Institut des sciences de la mer de l’Université du Québec à Rimouski.

Les espèces d’eau froide sont les premières victimes du réchauffement du golfe du Saint-Laurent. Les stocks de crevettes nordiques et de flétans du Groenland, deux espèces d’eau profonde, sont ainsi en train de chuter.

«Les individus qui réussissent à survivre sont plus petits et pondent moins d’œufs, car ils investissent le peu d’énergie qui leur reste pour s’alimenter», détaille Denis Chabot, chercheur émérite en écophysiologie à l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada.

Chaine alimentaire

Le déclin de la crevette affecte aussi les petits poissons comme le hareng, le lançon ou le capelan qui s’en nourrissent.

Dominique Robert est professeur en écologie halieutique à l’Institut des sciences de la mer de l’Université du Québec à Rimouski. 

Photo : Courtoisie

«Dès qu’une espèce est fragilisée par des changements environnementaux, il y a des impacts sur toute la chaine alimentaire avec des effets en cascade sur les proies et les prédateurs», souligne Dominique Robert.

Quant au fameux crabe des neiges, friand d’eau glacée, il pourrait voir son aire de distribution se réduire à cause du réchauffement de la couche intermédiaire froide, en raison du manque de glace hivernale.

À l’inverse, le homard et le sébaste prolifèrent à la faveur des courants chauds. Depuis 2011, le nombre de sébastes explose alors que ce poisson de fond avait pratiquement disparu il y a 20 ans à cause de la surpêche. Il envahit aujourd’hui le golfe.

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Les baleines noires, des «réfugiées climatiques»

«On a fait des échantillons avec un chalut ; 90 % de la biomasse qu’on a capturée, c’était du sébaste. C’est plus que ce qu’on n’a jamais vu», rapporte Denis Chabot. À long terme, cette surabondance pourrait perturber l’équilibre de l’écosystème.

Le réchauffement des eaux du golfe du Saint-Laurent semble favoriser la présence des baleines noires de l’Atlantique Nord, qui sont à la limite de l’extinction. 

Photo : NOAA, Domaine public

Du côté des cétacés, le réchauffement semble attirer les baleines noires de l’Atlantique Nord, à la limite de l’extinction. Chaque été, depuis 2015, elles font leur apparition dans le golfe en quête de nourriture.

«On peut les voir comme des réfugiées climatiques», affirme Robert Michaud, président et directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM).

L’été, les baleines noires migrent habituellement vers le golfe du Maine et la baie de Fundy, dont les eaux sont normalement très riches en copépodes. Ces petits crustacés constituent la principale ressource alimentaire de l’espèce.

Mais, ces dernières années, l’abondance des copépodes a fortement chuté dans ces zones à cause des changements climatiques, comme l’ont révélé plusieurs études.

«Les baleines ont donc modifié leurs routes migratoires vers le golfe du Saint-Laurent», explique Robert Michaud.

Aux yeux du spécialiste, la quinzaine d’autres cétacés qui viennent dans le golfe chaque été pourraient également changer leurs migrations saisonnières : «Ils pourraient prolonger leur séjour, car les hivers sont de plus en plus doux.»

Dossier : Les Grands Lacs : bilan de santé

Analyses et éclaircissements

Moins d’oxygène qu’«au sommet de l’Everest»

En revanche, pour le bélouga, une espèce d’origine arctique, le recul du couvert de glace semble constituer une menace supplémentaire à son rétablissement.

Robert Michaud est président et directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins. 

Photo : Courtoisie

Robert Michaud observe que la glace «pourrait permettre aux bélougas de se protéger des tempêtes hivernales» et d’économiser de l’énergie.

La disparition de la glace épuise donc les animaux et pourrait accroitre la mortalité des femelles prêtes à vêler ou en phase postvêlage après 14 mois et demi de gestation. Depuis 2010, cette mortalité est six fois plus importante.

«Une hypothèse suggère que la diminution du couvert de glace obligerait les femelles à faire des déplacements plus longs en hiver et réduirait leur protection contre les mers plus agitées, avance Robert Michaud. Cela pourrait avoir des effets sur la condition physique des femelles et leur succès en termes de reproduction.»

La diminution constante de la quantité d’oxygène dissout dans les eaux profondes du golfe préoccupe également les chercheurs. Dans certaines zones, de l’estuaire notamment, l’oxygène est tellement rare que c’est comme «au sommet de l’Everest», s’alarme Denis Chabot.

«Les poissons et les crustacés sont des athlètes, capables de survivre avec très peu d’oxygène, poursuit le chercheur. Mais les concentrations sont devenues si faibles qu’eux-mêmes ne peuvent plus respirer. C’est létal.»

Crainte de désert écologique

Aucune amélioration ne se dessine à l’horizon. À l’entrée du golfe du Saint-Laurent, le courant du Labrador, qui apporte de l’eau froide et bien oxygénée, est de plus en plus remplacé par un apport d’eau plus chaude, plus salée et moins oxygénée provenant du Gulf Stream.

Denis Chabot est chercheur émérite en écophysiologie pour Pêches et Océans Canada. 

Photo : Courtoisie

«C’est une tendance lourde, ça va aller en s’amplifiant, prévient Dominique Robert. L’hypoxie [absence d’oxygène] va entrainer une perte d’habitat presque irréversible. On va se retrouver avec des zones écologiquement mortes.»

À la surface, une autre inquiétude émerge. Avec la réduction du couvert de glace année après année, les eaux se réchauffent plus tôt au printemps.

«Ce réchauffement devrait s’accompagner d’une production précoce de phytoplancton, à la base de la chaine alimentaire de toute la vie marine, relève Dominique Robert. Il y a donc un risque pour que cette production ne soit plus en phase avec les espèces qui en dépendent pour se nourrir.»

Des études sont encore nécessaires sur le sujet, selon Denis Chabot, chercheur émérite en écophysiologie pour Pêches et Océans Canada : «On ne sait pas encore si les poissons et les crustacés seront capables d’ajuster à temps leurs dates d’accouplement et de ponte pour que leurs larves éclosent plus tôt au printemps.»

En attendant, Pêches et Océans Canada revoit ses politiques afin de prendre en compte les changements environnementaux dans l’évaluation des stocks et l’établissement des quotas de pêche.

«Cela va permettre d’avoir des estimations plus robustes, de préserver l’écosystème tout en conservant une pêche viable», conclut Denis Chabot.

Dans l’optique de répondre aux besoins en immigration économique, le ministère d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) se concentre une nouvelle fois sur les francophones. Le ministre Sean Fraser a annoncé, le 15 juin, l’expansion du programme Mobilité francophone pour les deux prochaines années.

À lire aussi : Un processus d’immigration facilité pour les francophones hors Québec

La mesure touche aussi les employeurs canadiens qui se retrouvent déchargés de certaines lourdeurs du processus d’immigration de leurs futurs employés. Ils sont ainsi exemptés de payer la couteuse Étude d’impact sur le marché du travail (EIMT) environ 1000 $ nécessaire pour justifier que la ressource humaine n’est pas disponible pour ce poste au Canada.

Deux conditions sont toutefois imposées aux futurs employés : avoir au minimum une «maitrise modérée» de la langue française et exercer un métier des catégories 4 et 5 de la Classification nationale des professions. Les emplois en agriculture primaire sont exclus.

Les immigrants francophones visés par IRCC dans le programme Mobilité francophone sont ceux qui ont un niveau de diplômes du secondaire, d’études collégiales ou d’apprentissage de deux ans, entre autres.

Capture d’écran – Source IRCC

Ces deux catégories exigent au moins un diplôme d’études secondaires ou une formation professionnelle de quelques semaines. Les emplois visés sont notamment les gardiens d’enfants, les vendeurs ou les métiers spécialisés, comme boulanger par exemple.

«Un progrès»

Les candidats visés par l’annonce doivent avoir une compréhension et une expression orales modérées du français. Cela équivaut au niveau 5 des exigences linguistiques.

Ils doivent aussi fournir une preuve qu’ils répondent aux exigences linguistiques, comme leurs résultats au «Test d’évaluation de français ou au Test de connaissance du français, un diplôme ou grade d’un collège ou d’une université francophone, ou un document qui confirme des études dans un établissement francophone», détaille le communiqué de presse du ministère.

Sur cette exigence de la simple «connaissance modérée» du français, Liane Roy, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) dit s’être interrogée : «Il reste encore beaucoup d’inconnu», a-t-elle confirmé.

Elle se pose les mêmes questions sur les deux ans que doit durer l’expansion du programme. «La pénurie n’aura pas cessé dans deux ans. Pour moi, il faut un programme continu. Mais peut-être qu’IRCC prévoit de faciliter la résidence permanente à travers plusieurs programmes», avance-t-elle.

Les futurs employés peuvent acquérir de l’expérience de travail au Canada et prétendre à la résidence permanente. Auparavant, la mesure était réservée aux travailleurs étrangers temporaires francophones hautement qualifiés. L’annonce est un progrès, estime Liane Roy.

Pourquoi nous avons choisi d’en parler?

La question des droits des jeunes personnes trans en Atlantique soulève les passions en Atlantique.

En Nouvelle-Écosse, en avril, le Conseil scolaire acadien provincial a dû suspendre des ateliers destinés aux élèves de la maternelle à la cinquième année à l’école Beaubassin à Halifax, après la tenue d’une activité sur l’identité de genre. 

À lire aussi : Au rythme des pendules, éditorial de Jean-Philippe Giroux du Courrier de la Nouvelle-Écosse

Dans les semaines qui ont suivi, la question de l’enseignement de l’identité de genre a animé les discussions dans les autres provinces de l’Atlantique.

Depuis quelques semaines, la classe politique du Nouveau-Brunswick se déchire autour de la révision de la politique 713 sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Si adoptée, la nouvelle mouture de la politique interdirait aux élèves de moins de 16 ans de changer de prénom ou de pronom sans l’accord de leurs parents.

À Terre-Neuve-et-Labrador, au début juin, une école a subi les foudres en ligne pour avoir organisé un évènement pour souligner le mois de la Fierté. Une centaine de personnes se sont réunies le 9 juin à St. John’s devant l’Assemblée législative pour freiner une manifestation contre l’éducation inclusive sur les questions LGBTQ.

À l’Île-du-Prince-Édouard, des dépliants s’opposant aux lignes directrices de la province en appui aux personnes LGBTQ ont été distribués dans les boites aux lettres et sur les parebrises des voitures au début juin. Le document incitait les parents à garder leurs enfants à la maison en guise de protestation.

Dans le cadre du mois de la Fierté, Le Courrier de la Nouvelle-Écosse et Francopresse ont uni leurs forces pour traiter de l’enseignement de l’identité de genre à travers trois articles.

Tout d’abord, la journaliste Marine Ernoult expose la situation qui prévaut en Nouvelle-Écosse avec L’enseignement de l’identité de genre provoque des remous en Nouvelle-Écosse. Dans un deuxième temps, dans Identité de genre et orientation sexuelle : les programmes scolaires néoécossais passés au crible propose une analyse des programmes scolaires de la province permet de mieux comprendre l’enseignement de l’identité de genre. Finalement, la journaliste s’est entretenue avec deux spécialistes sur la question de l’identité de genre dans Enseignement de l’identité de genre : comment s’y prendre?

Dossier : L’enseignement de l’identité de genre en Nouvelle-Écosse

Analyses et éclaircissements

Marine Ernoult – Collaboration spéciale Le Courrier de la Nouvelle-Écosse et Francopresse

«Régulièrement, des parents retirent leurs enfants des écoles quand ils apprennent qu’on vient parler de sexe assigné à la naissance, de pluralité et d’expression des genres et de diversité sexuelle», raconte Tiana Meralli Ballou, éducatrice communautaire francophone au sein de Youth Project

Tiana Meralli Ballou est éducatrice communautaire francophone au sein de Youth Project. 

Photo : Courtoisie

L’organisme à but non lucratif intervient sur les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre dans les écoles néoécossaises francophones et anglophones, de la maternelle au secondaire, depuis plus de 30 ans.

«Lorsque des écoles organisent des journées de célébration de la communauté 2SLGBTQIA+, certains parents demandent souvent de garder leurs enfants à la maison», confirme Cynthia Sweeney, fondatrice de Simply Good Form

L’entreprise offre notamment des formations sur l’inclusivité aux élèves et au personnel enseignant d’établissements scolaires de Nouvelle-Écosse.

Dans le même temps, les actes de haine et de discrimination à l’encontre de la communauté 2SLGBTQIA+ se multiplient dans la province.

Drapeau de la Fierté brulé

En avril, des élèves appartenant à la communauté 2SLGBTQIA+ ont affirmé que l’intimidation est en hausse à l’école Riverview au Cap-Breton. Le drapeau de la Fierté a également été brulé à l’école Bay View, près d’Halifax.

Le centre régional d’éducation d’Halifax, qui regroupe 135 écoles et 57 000 élèves anglophones, se veut rassurant et affirme, par courriel, que «la plupart des élèves comprennent la nécessité de créer un espace sûr pour tous leurs camarades de classe».

Le même son de cloche se fait entendre du côté du Centre régional d’éducation du Cap-Breton-Victoria et du Conseil scolaire acadien provincial (CSAP). Le CSAP compte 22 établissements francophones, fréquentés par plus de 6 500 élèves. 

Les deux centres tiennent des propos identiques dans leur courriel de réponse : «Tous les élèves doivent se sentir à l’aise à l’école et avoir le sentiment d’appartenir à leur école.» Le CSAP veut «permettre à tous les jeunes de s’épanouir dans un environnement accueillant, sain et sécuritaire». 

Exprimer son «vrai moi»

Des organismes représentants des enseignants, des parents et la jeunesse plaident, eux aussi, en faveur de l’enseignement de l’identité de genre. 

Laurie Martin-Muranyi est directrice générale du Conseil jeunesse provincial de la Nouvelle-Écosse. 

Photo : Courtoisie

«C’est important de développer l’empathie et la sensibilité des élèves, de promouvoir l’acceptation de la diversité et les valeurs de vivre-ensemble», insiste Nicole Dupuis, directrice générale de la Fédération des parents acadiens de la Nouvelle-Écosse (FPANÉ).

«Les écoles doivent être des lieux surs et inclusifs pour que tous les élèves puissent exprimer leur vrai moi et se sentir eux-mêmes», renchérit Ryan Lutes, président du Syndicat des enseignants de la Nouvelle-Écosse (NSTU).

Laurie Martin-Muranyi, directrice générale du Conseil jeunesse provincial de la Nouvelle-Écosse (CJP), abonde dans le même sens : «C’est essentiel d’aborder ces questions qui touchent à la définition de soi. Et pouvoir le faire dans sa langue, c’est encore plus important.»

Même au sein de la chrétienté, des voix s’élèvent en faveur de cet enseignement en milieu scolaire. 

«Notre style de vie hétérosexuel s’est imposé dans notre culture, mais nous devrions tous nous affirmer indépendamment de notre orientation sexuelle, parce que c’est ainsi que Dieu nous a créés», confie Kevin Little, pasteur de l’Église Unie Bethany à Halifax.

En réalité, les tensions se cristallisent surtout autour de l’enseignement aux plus jeunes.

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Dossier : L’enseignement de l’identité de genre en Nouvelle-Écosse

Analyses et éclaircissements

Constance MacLeod est mère de deux enfants scolarisés à l’école francophone de Beaubassin d’Halifax et présidente du Comité de parents. 

Photo : Courtoisie

Des ateliers pour tout-petits annulés

En avril, le CSAP a ainsi dû suspendre des ateliers destinés aux élèves de la maternelle à la cinquième année à l’école Beaubassin à Halifax, après la tenue d’une première activité. 

Dans une lettre ouverte adressée à la communauté scolaire de l’établissement, Michel Collette, directeur général du CSAP, évoque de «vives réactions de la part des membres de la communauté» et s’excuse de ne pas avoir prévenu les parents. 

«Ça devrait être un sujet normal. Il ne devrait pas y avoir besoin d’annoncer ce type d’activités», considère Constance MacLeod, mère de deux enfants scolarisés à l’école Beaubassin en deuxième et quatrième année et présidente du comité de parents. Ses enfants ont pu assister à l’atelier avant sa suspension.

«Ils ont trouvé ça intéressant. Ils m’ont expliqué avec leurs mots qu’on pouvait naitre fille ou garçon, mais qu’on pouvait se sentir différent à l’intérieur», raconte-t-elle, se disant «déçue» de la tournure prise par les évènements.

Elle soutient qu’au sein du comité de parents, tous les membres sont favorables à cet enseignement. 

Le contenu des ateliers est adapté à chaque âge, rappelle Tiana Meralli Ballou de Youth Project. 

Les plus petits, jusqu’en deuxième année, peuvent écouter des histoires, tandis que les plus grands peuvent manipuler des poupées, les habiller, leur donner leurs pronoms, leur sexe assigné à la naissance, leur identité et expression de genre. 

Points de vue irréconciliables  

Veronica Merryfield, fondatrice du Cape Breton Transgender Network (CBTN), insiste sur l’importance de parler du genre dès le plus jeune âge. 

«Les personnes transgenres ont conscience de leur transidentité très tôt et les enfants commencent à explorer leur identité de genre vers 3 ans, relève la militante. Si on n’en parle pas au primaire ou même pendant la petite enfance, certains élèves sentiront que leur identité n’est pas correcte. Ils se sentiront oubliés et exclus.» 

Veronica Merryfield est fondatrice du Cap Breton Transgender Network. 

Photo : Courtoisie

Un avis que partage Rohini Bannerjee, professeure et vice-présidente associée à la diversité à l’Université Saint-Mary’s : «Il n’est jamais trop tôt pour engager la conversation et casser les normes hétéronormées. L’intolérance commence chez les petits dans toutes les interactions du quotidien.»

Mais beaucoup de parents d’élèves contestent et pensent que ce n’est pas le rôle de l’école d’aborder ces sujets.

«C’est totalement inapproprié d’en parler avant la quatrième année, les enfants doivent être autorisés à rester des enfants aussi longtemps que possible. L’école devrait guider nos enfants, et non les manipuler», estime Michelle Weihers, une mère de famille, signataire de la pétition «Say no to drag events for children!». Cette pétition a été lancée à la suite de l’organisation d’un spectacle de dragqueens pour toute la famille à Kentville.

La Néoécossaise dénonce une «sexualisation des enfants» et craint une recrudescence des problèmes de santé mentale. «Personne au sein du système scolaire et du gouvernement de la province ne nous écoute», regrette-t-elle.  

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«Peur de l’inconnu»

Qu’est-ce qui fait si peur dans la question de l’enseignement de l’identité de genre? 

«C’est un sujet sensible et délicat, car l’identité est quelque chose de très personnel. La charge émotionnelle est forte, les parents veulent tout particulièrement consentir à ces choix d’éducation là», analyse Laurie Martin-Muranyi du CJP. 

Cynthia Sweeney pointe également la «désinformation» qui se répand à l’extérieur des salles de classe : «Il y a un discours de haine en provenance des États-Unis qui occupe de plus en plus d’espace chez nous.»

À lire aussi : Le genre n’est pas à débattre (Chronique)

Rohini Bannerjee est professeure et vice-présidente associée à la diversité à l’Université Saint-Mary’s. 

Photo : Courtoisie

«Le débat crispé traduit de la méconnaissance et une peur de l’inconnu, mais aussi des convictions culturelles et religieuses différentes», poursuit Rohini Bannerjee de l’Université Saint-Mary’s. 

Elle rappelle à cet égard que la construction du genre est purement culturelle. «Le monde occidental met récemment des mots dessus, mais il y a plein de manières de vivre le genre selon plein de cultures», détaille l’universitaire. Elle prend l’exemple de la bispiritualité, cette identité de genre propre aux Autochtones.   

En attendant, la Floride vient d’adopter une loi interdisant l’enseignement sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle à l’école. Le débat risque de se polariser encore davantage en Nouvelle-Écosse, comme partout ailleurs au Canada. 

Collaboration spéciale Le Courrier de la Nouvelle-Écosse et Francopresse

Les notions d’identité de genre et d’orientation sexuelle sont explicitement présentes dans les programmes scolaires de la Nouvelle-Écosse à partir de la quatrième année, que ce soit dans le cursus francophone ou anglophone. 

Laurie Martin-Muranyi est directrice générale du Conseil jeunesse provincial de la Nouvelle-Écosse. 

Photo : Courtoisie

Côté anglophone, de la quatrième à la sixième année, ces questions sont abordées dans le programme d’éducation à la santé, refondu en 2021. 

En quatrième année, les élèves sont censés discuter d’expressions de genre, de construction sociale du genre ou encore des préjugés liés aux genres. En cinquième année, ils doivent enquêter sur la représentation médiatique des genres. En sixième année, ils sont appelés à s’intéresser aux stéréotypes liés au langage.

En septième et huitième années, ces notions se retrouvent dans le programme intitulé «Vie saine», qui date de 2022. Les élèves doivent trouver des sources d’informations fiables sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ou encore réfléchir aux conséquences sur la santé physique et mentale des attentes de la société en matière d’expressions de genre. 

En revanche, il n’y a plus aucune trace de ces thématiques de la neuvième à la douzième année. 

Dossier : L’enseignement de l’identité de genre en Nouvelle-Écosse

Analyses et éclaircissements

Des programmes en accord avec l’UNESCO

Côté francophone, la découverte des concepts d’identité de genre, d’orientation sexuelle et de sexualité fait clairement partie des résultats d’apprentissage de la quatrième année à la sixième année. 

En septième et huitième années, les programmes d’études du Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) n’en font plus mention.

En neuvième année, les adolescents réfléchissent à l’impact des stéréotypes des rôles attribués aux genres sur les relations. Mais, de la dixième à la douzième année, à nouveau, les curriculums ne traitent plus de ces enjeux. 

«Tout n’est pas un résultat d’apprentissage, ça ne fait pas nécessairement partie des programmes au secondaire, mais c’est un sujet de conversation», explique Ryan Lutes, président du Syndicat des enseignants de Nouvelle-Écosse.

Ryan Lutes est président du Syndicat des enseignants de Nouvelle-Écosse. 

Photo : Courtoisie

Le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance de Nouvelle-Écosse assure que les programmes suivent des lignes directrices nationales et internationales, y compris les principes directeurs de l’UNESCO sur l’éducation à la sexualité.

«Le document de l’UNESCO nous aide à nous assurer que les concepts et l’enseignement concernant le genre sont adaptés à l’âge et au développement», affirme le ministère par courriel.

Dans ce même courriel, le ministère met en avant la Politique provinciale sur l’éducation inclusive, entrée en vigueur en septembre 2020 : «Cette politique est en place pour s’assurer que l’apprentissage et l’enseignement dans toutes les matières confirment les expériences vécues de tous les élèves et de leurs familles.» 

Le Centre régional d’éducation d’Halifax, celui du Cape Breton-Victoria et le CSAP affirment également que toutes leurs écoles veillent à ce que la diversité et l’équité fassent partie des programmes d’études.

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Le personnel enseignant coincé 

«Nos ressources pédagogiques sont régulièrement révisées pour s’assurer qu’elles tiennent compte des réalités culturelles», précise le Centre régional d’éducation du Cape Breton-Victoria par courriel.

Rohini Bannerjee, professeure et vice-présidente associée à la diversité à l’Université Saint-Mary’s, estime ces mises à jour essentielles.

Rohini Bannerjee est professeure et vice-présidente associée à la diversité à l’Université Saint-Mary’s. 

Photo : Courtoisie

«Les curriculums doivent refléter la nouvelle réalité démographique de la Nouvelle-Écosse, avec des nouveaux arrivants qui viennent de cultures où les notions de deuxième ou troisième genre sont tout à fait normales», souligne l’universitaire.

Mais ces efforts restent insuffisants aux yeux de Veronica Merryfield, fondatrice du Cape Breton Transgender Network (CBTN) : «Le contenu des programmes souffre d’un manque de représentation de la communauté 2SLGBTQIA+ au sein des instances qui conseillent le ministère de l’Éducation.»

Aussi, dans les salles de classe, les moyens et les heures de cours ne suivent pas toujours. 

Au sein du CSAP et des centres régionaux d’éducation, des équipes diversité et équité sont présentes pour appuyer le corps enseignant. Elles sont notamment formées pour offrir des ateliers sur l’identité de genre et la sexualité.

Mais le personnel enseignant demeure tiraillé entre l’urgence de rendre les écoles inclusives et l’urgence de boucler le programme.

«Certaines écoles font très bien, d’autres ne font rien»  

«Il y a de fortes différences entre les écoles et au sein d’une même école. Tout va dépendre de la sensibilité du professeur et de ses valeurs personnelles. S’il n’est pas confortable avec le sujet, il va faire l’impasse», constate Tiana Meralli Ballou, éducatrice communautaire francophone au sein de Youth Project, un groupe de défense des droits 2SLGBTQIA+. 

Veronica Merryfield est fondatrice du Cape Breton Transgender Network.

Photo : Courtoisie

«Il n’y a aucune cohérence. Certaines écoles font très bien, d’autres ne font rien, que ce soit en milieu urbain ou rural. Les écoles se reposent souvent sur le travail d’organismes communautaires locaux», se désole Veronica Merryfield du CBTN.

L’organisme Youth Project intervient ainsi dans de nombreux établissements scolaires de la province. 

«On vient à la demande des directions ou des enseignants, mais ça reste ponctuel. On aimerait mettre sur pied des tournées systématiques dans les écoles», observe Tiana Meralli Ballou. 

«Les écoles doivent être proactives. Elles agissent trop souvent en réaction à quelque chose qui se passe mal», poursuit Cynthia Sweeney, fondatrice de Simply Good Form, qui offre des formations sur l’inclusivité aux élèves et au personnel enseignant des établissements scolaires néoécossais.

Les personnes interrogées sont unanimes : une réelle éducation passe par la formation du personnel enseignant.

L’an dernier, le Conseil jeunesse provincial de la Nouvelle-Écosse (CJP) a offert un atelier à une trentaine d’enseignants et enseignantes du CSAP sur ces questions.

Cet atelier, animé par une personne de la communauté 2SLGBTQIA+, a révélé un grand manque de connaissances, selon Laurie Martin-Muranyi, directrice générale du CJP. 

Peur de mal faire 

«On a vu à quel point les enseignants n’ont pas le même niveau de connaissance et de langage que la jeune génération, rapporte la responsable. Sans aucun jugement, il faut les outiller, leur donner des informations validées et actualisées afin de créer des ponts.»

Cynthia Sweeney est fondatrice de Simply Good Form. 

Photo : Courtoisie

«Parce que ce sont eux qui sont là au quotidien, on doit leur donner une base de connaissances solide pour leur donner confiance. Ils doivent se sentir prêts, car s’ils ont peur de mal faire, ils ne vont rien faire du tout», renchérit Tiana Meralli Ballou. 

Les personnes interrogées plaident également en faveur d’une approche pluridisciplinaire. Autrement dit, elles invitent le personnel enseignant à parler d’identité de genre et d’éducation sexuelle dans toutes les disciplines et non pas à réserver cet enseignement à une matière précise.

«Ça doit faire partie de la façon de travailler des enseignants. Ça doit irriguer le contenu de leurs cours que ce soit en maths, en histoire ou en littératie», insiste Rohini Bannerjee.

Avec l’ambition d’aider le corps enseignant, certains centres régionaux d’éducation, comme celui du Cape Breton-Victoria, mettent déjà en ligne des ressources pédagogiques adaptées aux enjeux 2SLGBTQIA+. 

«Pendant trop longtemps, les personnes de la communauté 2SLGBTQIA+ ont été effacées des curriculums», déplore Cynthia Sweeney. 

Pour la fondatrice de Simply Good Form, il est nécessaire de mettre davantage en lumière des modèles queers, transgenres ou non binaires dans le matériel pédagogique. 

Lexique

Diversité sexuelle et de genre : Expression englobant toutes les orientations sexuelles et la pluralité des identités et des expressions de genre. Ce terme rassemble les personnes homosexuelles, bisexuelles, trans et appartenant à d’autres communautés, comme les personnes queers, intersexes, asexuelles, bispirituelles, etc.

Expression de genre : Manière dont une personne se présente au monde, notamment en personnalisant son apparence (coiffure, vêtements, maquillage, etc.). Une personne peut avoir une expression de genre plutôt féminine, plutôt masculine ou un peu des deux (androgyne). L’identité de genre et l’expression de genre sont deux choses distinctes.

Identité de genre : Sensation intérieure qui amène une personne à définir son genre (à se définir, par exemple, comme homme, femme ou non-binaire). Il s’agit d’une connaissance intime, profonde et personnelle de soi qui peut continuer d’évoluer et de fluctuer tout au long de la vie. L’identité de genre n’est pas déterminée par le sexe biologique de la personne et peut ne pas correspondre au sexe assigné à la naissance.

Non-binaire : Personne dont l’identité de genre n’est ni exclusivement masculine, ni exclusivement féminine. Cette identité peut se définir comme un mélange de féminin et de masculin, à la fois féminin et masculin, ou aucun des deux. Cette identité peut également être fluide.

Orientation sexuelle : Attirance romantique ou sexuelle portée par une personne envers une autre personne en fonction de son identité de genre (attirance envers le même genre que le sien, un genre différent du sien, plusieurs genres, aucun genre).

Collaboration spéciale Le Courrier de la Nouvelle-Écosse et Francopresse

Doug P. VanderLaan est professeur au Département de psychologie au campus de Mississauga de l’Université de Toronto. Ses recherches se concentrent sur l’expression du genre tout au long de la vie et sur le développement de l’orientation sexuelle.

Julie Descheneaux, est doctorante en sexologie et chargée de cours au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal. Francopresse a discuté avec chacun d’eux pour faire la lumière sur les façons d’enseigner l’identité de genre aux enfants.

Francopresse : Êtes-vous favorable à l’enseignement de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle dans les écoles?

Doug P. VanderLaan est professeur associé au Département de psychologie de l’Université de Toronto à Mississauga et directeur du Laboratoire d’investigations biopsychosociales du genre. 

Photo : Courtoisie Université de Toronto

Julie Descheneaux : Il existe un consensus scientifique sur les bienfaits de parler d’identité de genre et d’orientation sexuelle en milieu scolaire. Les chercheurs constatent des bénéfices pour les élèves en questionnement de genre, mais aussi pour tous les autres. 

Aborder ces questions à l’école favorise un climat de respect. Cela permet de lutter contre la marginalisation des jeunes en questionnement qui sont souvent plus vulnérables. Et cela permet de faire de leurs camarades de classe des allié·e·s.  

Les lignes directrices internationales sur l’éducation à la sexualité, les principes directeurs de l’UNESCO notamment, recommandent également une grande ouverture. Les enseignants se doivent de répondre à la curiosité des élèves qui s’interrogent sur leur sexualité et leur genre.

Doug P. VanderLaan : Ce sont des sujets importants qui ont leur place dans un programme d’éducation sexuelle complet.

À lire aussi : Identité de genre et orientation sexuelle : les programmes scolaires néoécossais passés au crible

Dossier : L’enseignement de l’identité de genre en Nouvelle-Écosse

Analyses et éclaircissements

L’identité de genre et l’orientation sexuelle sont des sujets sensibles qui touchent à l’intimité. Comment les aborder de manière appropriée avec les élèves? 

Doug P. VanderLaan : La clé consiste à adapter les sujets au développement psychosexuel des enfants, à ce qu’ils sont capables de comprendre à un âge donné. Pour aborder le sujet de l’orientation sexuelle, je ne parlerais pas d’attirance ou de relations avant un âge avancé.

Par contre, à mesure que la place de la diversité sexuelle s’élargit et devient plus visible dans la société, il est pertinent de parler de diversité familiale aux plus jeunes. Il s’agit d’évoquer toutes les configurations parentales qui existent de nos jours, comme les parents de même sexe.

Du côté des enfants plus âgés, il faut les encourager à avoir des attitudes inclusives. Les enseignants peuvent aider leurs élèves à déceler des cas de discrimination et les outiller pour savoir comment y réagir.

— Doug P. VanderLaan

Julie Descheneaux : Le corps enseignant doit reprendre la terminologie des enfants. Autrement dit, expliquer les concepts avec leurs mots, en s’adaptant à chaque âge.

On peut lire des contes aux plus jeunes, utiliser des métaphores. À partir de la quatrième année, on peut évoquer les stéréotypes de genre et les rôles sexuels. On a la chance d’avoir de plus en plus de livres et d’outils pédagogiques de qualité.

Je distinguerais par ailleurs l’éducation formelle de celle dite informelle. Cette dernière est essentielle, car les élèves n’attendent pas une leçon précise pour poser une question. Leurs interrogations peuvent surgir n’importe quand, n’importe où dans l’école. C’est important de toujours laisser la porte ouverte aux discussions, de donner beaucoup d’espace aux jeunes et à leurs préoccupations.

Les craintes des parents se concentrent souvent sur l’enseignement délivré aux plus jeunes, de la maternelle à la quatrième année. Qu’en pensez-vous? 

Doug P. VanderLaan : Selon la recherche, ce serait à 8 ans que les enfants transgenres ou ayant un genre différent courent le plus de risques d’avoir des relations médiocres avec leurs camarades et de développer des problèmes de santé mentale. 

Julie Descheneaux est chargée de cours au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal.

Photo : Courtoisie

Il semble donc primordial d’avoir des discussions sur le sujet dès la troisième année. Je pense néanmoins que les scientifiques restent divisés sur les sujets les plus appropriés à aborder durant les premières années d’école. La recherche n’est pas préparée pour répondre à toutes ces questions qui font l’objet de débats houleux. 

Julie Descheneaux : Selon moi, les craintes des parents ne sont pas fondées scientifiquement. Les enfants peuvent se questionner sur leur genre à partir de 4 ou 5 ans. C’est donc approprié de commencer à en parler à ces âges-là.

L’enseignement ne va pas remettre en cause l’identité des petits. Personne ne peut convaincre un jeune de ce qu’il n’est pas. Cela va juste consolider l’identité de genre de la très grande majorité de ceux qui ne sont pas en questionnement.

Pour les autres, ça va les aider à développer une image positive d’eux. Car ce n’est pas facile d’affirmer un nouveau genre, contraire à toutes les attentes de l’environnement social et familial.

Comment expliquer que le sujet provoque une telle polémique? 

Julie Descheneaux : L’identité de genre, l’orientation sexuelle font appel à des valeurs familiales et personnelles, ce qui peut susciter une certaine controverse chez les parents.

L’éducation à la sexualité a toujours été controversée depuis ses origines au début du XXe siècle. Mais, aujourd’hui, on est en plein bouleversement. 

La place de l’intimité et de la sexualité change, les rôles et les mœurs sexuels évoluent. La communauté 2SLGBTQIA+ acquiert de plus en plus de droits. Une partie de la population réagit vivement à ces avancées sociales.

— Julie Descheneaux

On se doit d’apporter des réponses scientifiques aux jeunes plutôt que des dogmes religieux ou sociaux. Ça implique aussi de mettre les parents dans le coup, d’avoir des programmes au sein des écoles pour les outiller.

Doug P. VanderLaan : Des fractures se créent parce que les gens sont influencés par leur propre éducation et les valeurs qui leur ont été inculquées. Ce qu’ils lisent dans les médias, ce qu’ils voient en ligne ou à la télévision entre aussi en ligne de compte. 

En tant que chercheur, mon rôle est de trouver des moyens afin de garantir à tous les parents, peu importe leurs valeurs, que les écoles abordent les bons sujets au bon moment, avec les bonnes méthodes.

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À ce propos, la formation du corps enseignant est-elle à la hauteur?

Julie Descheneaux : C’est le point qui achoppe. C’est excessivement important de mieux outiller les professeurs sur un sujet si sensible. Chaque province a un travail de fond à faire pour améliorer la formation, qu’elle soit initiale ou continue.

Doug P. VanderLaan : En toute honnêteté, je ne sais même pas à quoi ressemble leur formation à ce sujet. Je ne pense pas que la recherche soit suffisamment avancée pour alimenter les programmes de formation et fournir une instruction de qualité au corps enseignant. Des études sont en cours et on attend en quelque sorte que des lignes directrices exemplaires en ressortent. 

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Dans les profondeurs du golfe du Saint-Laurent, le mercure ne cesse de grimper. Il suffit de se plonger dans les chiffres pour mesurer l’ampleur des bouleversements.

Selon des données de Pêches et Océans Canada, la température de l’eau à 300 mètres de profondeur a atteint 7,1 °C de plus en moyenne sur l’ensemble du golfe en 2022. Il s’agit d’un record depuis le début des relevés en 1915.

«C’est sans précédent. À partir de 2009, dernière année la plus froide, tout s’est mis à monter, constate Peter Galbraith, océanographe à l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada. Depuis 2015, on bat des records centenaires. Chaque année est plus chaude que l’année d’avant.»

Les courants océaniques sont responsables de la situation. À l’entrée du golfe, au détroit de Cabot, au large de Terre-Neuve, les eaux des courants du Labrador et du Gulf Stream se mélangent et sont aspirées vers les profondeurs.

Carte du golfe du Saint-Laurent. 

Photo : Ministère du Développement durable, de l’Environnement de la Faune et des Parcs du Québec

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Courants océaniques déréglés

Ces dernières années, les chercheurs ont remarqué que l’apport d’eau froide et bien oxygénée du Labrador diminue, au profit d’une eau plus chaude, plus salée et moins oxygénée provenant du Gulf Stream. Autrement dit, il y a plus d’eau chaude dans le mélange pénétrant dans le golfe du Saint-Laurent.

Plusieurs hypothèses expliqueraient cette tendance. L’augmentation du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère pourrait bouleverser le parcours des vents et perturber la trajectoire des courants marins.

«La circulation du Gulf Stream serait ainsi modifiée. Il se dirigerait un peu plus au nord qu’avant, avec une influence directe sur l’eau qui entre dans le Saint-Laurent», soutient Peter Galbraith.

D’autres études avancent plutôt que le courant du Labrador aurait connu une diminution de son amplitude et de sa force au large de Terre-Neuve.

«Il bifurquerait ou se séparerait en plusieurs courants sur le long chemin qu’il parcourt avant de parvenir au détroit de Cabot», détaille Denis Chabot, chercheur en écophysiologie pour Pêches et Océans Canada.

Aucun retour en arrière des températures n’est en vue d’ici les cinq prochaines années. «On sait que le golfe va continuer à se réchauffer», relève le spécialiste.

Les trois couches du golfe

Les eaux du golfe du Saint-Laurent se divisent en trois couches. En surface, l’eau se réchauffe au même rythme que l’air ambiant avec de très forts écarts de températures selon les années. La couche intermédiaire froide, comprise entre 30 et 120 mètres de profondeur, est proche de 0 °C et est également sensible aux variations saisonnières. Il y a enfin une couche profonde, qui va jusqu’à 500 mètres. C’est là que les bouleversements sont sans précédent.

Recul spectaculaire

Les chiffres s’affolent également à la surface. De mai à novembre 2022, les scientifiques ont enregistré une hausse record de la température des eaux de surface de  par rapport à la normale.

Denis Chabot est chercheur en écophysiologie pour Pêches et Océans Canada.

Photo : Courtoisie

Le recul spectaculaire de la glace participe notamment au réchauffement des eaux de surface en hiver. 

«Cette année, nous avons eu la sixième année avec le plus faible volume de glace enregistré dans l’histoire récente du golfe», souligne Peter Galbraith.

Durant la dernière semaine de février, les océanographes ont relevé 20 km3 de glace dans le golfe du Saint-Laurent, contre 60 km3 en temps normal pour la même période.

Sur les quatorze dernières années, les scientifiques ont recensé quatre hivers sans glace ou presque : en 2010, 2011, 2013 et 2021. Avant cela, il faut remonter à 1958 pour trouver un golfe libre de glace.

Le réchauffement climatique, qui contribue de plus en plus à faire grimper la température de l’air au-dessus des eaux, est mis en cause. D’après les mesures de Pêches et Océans Canada, les saisons sans glace correspondent à des hivers où la température de l’air est supérieure de 2,5 °C à la moyenne climatologique de 1991-2020.

Effets des tempêtes posttropicales

Peter Galbraith explique que, dans le golfe du Saint-Laurent, les températures de l’air extérieur ont augmenté presque deux fois plus vite en hiver qu’en été. Elles ont grimpé de 2,2 °C durant la saison hivernale au cours des cent dernières années, contre 1,2 °C pendant la période estivale.

«Il y aura toujours des variations interannuelles, mais il y a une tendance lourde. On va avoir des hivers de plus en plus doux, prévient l’océanographe. Dans 100 ans, les hivers avec un couvert de glace vont devenir l’exception plutôt que la règle.» Bref, l’absence de glace deviendra la nouvelle normalité.

Peter Galbraith est océanographe à l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada. 

Photo : Courtoisie

Un autre enjeu préoccupe Pêches et Océans Canada : la multiplication des tempêtes posttropicales. Depuis 2019, le golfe en a déjà essuyé deux, Dorian et Fiona. En septembre dernier, Fiona a déferlé dans l’Est du Canada avec des rafales à 125 km/h et des vagues de plus de 10 mètres.

«Ces évènements d’une intensité exceptionnelle bouleversent encore plus les conditions du golfe et brassent fortement l’eau», décrit Peter Galbraith.

Autrement dit, la couche de surface, chaude, se mélange à la couche intermédiaire froide, juste en dessous. «Les eaux supérieures souffrent d’un gros coup de froid, alors que celles plus bas se réchauffent anormalement», poursuit le chercheur.

L’accumulation de ces tristes records menace la vie marine qui s’adapte mal à une eau plus chaude.

La ministre fédérale des Langues officielles a assuré son émotion, au lendemain de l’adoption de la Loi sur les langues officielles, qui était encore le projet de loi C-13 jusqu’à jeudi soir.

«Le travail continue!» a-t-elle lancé en mêlée de presse. L’application de cette loi va prendre deux ans, avec les règlements. Le travail devrait commencer dès l’obtention de la sanction royale, en début de semaine prochaine, selon les dires de la ministre. Les francophones en situation minoritaires auront attendu huit ans en tout et pour tout pour voir cette loi complète.

Modernisation de la Loi sur les langues officielles

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La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a assuré que le travail de l’application de la Loi sur les langues officielles adoptée le 15 juin 2023 commencera dès l’application de la sanction royale. Le travail total prendra deux ans, mais la ministre n’a pas identifié de priorité. 

Photo : Mélanie Tremblay - Francopresse

Des priorités dans l’application de la Loi

Pressée par les questions des journalistes vendredi matin, elle a néanmoins assuré que des priorités se dessineront sur ces deux années d’application de la Loi : «L’immigration francophone est une priorité absolue [ainsi que] la définition des mesures positives.»

Elle a ensuite simplement listé de nouveau les outils renforcés que la loi donne au commissaire aux langues officielles pour serrer la vis aux institutions qui ne respectent pas la loi.

Avec cette loi, les francophones en situation minoritaire pourront désormais travailler et se faire servir en français au sein des entreprises privées de compétence fédérale, dans les régions à forte présence francophone.

Flou sur les règlements à venir

Ces régions n’ont pas encore été définies par la loi, elles devraient l’être dans les règlements, ces deux prochaines années. Mais la ministre n’a pas été en mesure de les identifier exactement ni de fixer une échéance.

Ginette Petitpas Taylor a seulement précisé que chaque règlement se fera étape par étape. «Aussitôt que les règlements vont être développés, ils entreront en vigueur», a assuré la ministre.

Le règlement sert à préciser des parties de la loi. «On va faire des consultations et on pourra partager le plan dans les plus brefs délais», a-t-elle conclu.

Pour la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), le fait que la ministre ne fixe pas de priorités dans l’ordre des règlements à venir n’est pas inquiétant : «C’est la machine gouvernementale habituelle», défend Liane Roy, présidente de l’organisme, qui salue l’adoption de la loi comme un moment «historique».

Pour cette dernière, la priorité dans l’application de la loi reste les mesures positives. «On veut voir des consultations avec les communautés quand il y aura des transferts provinciaux et territoriaux». Liane Roy ne sait toutefois pas «quelle partie de la loi sera développée en règlement».

«La loi ouvre la porte» à une contestation

Dans la foulée de l’adoption du projet de loi C-13 jeudi, le Quebec Community Groups Network (QCGN), organisme qui représente la minorité anglophone du Québec, a confirmé sa «déception» et assuré que «la loi ouvre la porte» à une éventuelle contestation en justice, en tout dernier recours toutefois.

La présidente de QCGN, Eva Ludvig.

Photo : Courtoisie

«Tout va dépendre de comment la loi est appliquée», nuance la présidente de QCGN, Eva Ludig, qui dit que l’organisme restera vigilant à l’application de la loi. «C’est ça qui va avoir un impact sur nos communautés.»

Interrogée en mêlée de presse sur la question, la ministre Petitpas Taylor ne craint pas que QCGN porte l’affaire en justice : «C’est leur choix. Je l’ai dit à maintes reprises, le projet de loi n’enlève aucun droit aux anglophones du Québec. Et la partie VII de la Loi leur donne beaucoup de gains.»

Concrètement, le travail qui commence pour QCGN est une «vigie», affirme encore Eva Ludig. Cette dernière se fera par exemple sur les points de services bilingues, pour éviter que les anglophones du Québec n’en perdent, et sur la manière dont ils vont recevoir l’appui financier du gouvernement fédéral.

«Est-ce nous qui allons continuer à identifier nos besoins ou est-ce que ça va être le gouvernement provincial qui va communiquer nos besoins au fédéral?» s’interroge la présidente.

QCGN a tenté de se faire entendre à plusieurs reprises pour modifier la Loi sur les langues officielles modernisée, pour supprimer les trois références à la Charte de la langue française, appuyé par le député Anthony Housefather et les sénateurs Loffreda et Seidman. En vain.

À l’heure où nous écrivons cet article, près de 450 feux de forêt sévissent sur le territoire canadien, d’un océan à l’autre.

Avec plus de 5 millions d’hectares brulés, ce premier trimestre 2023 est d’ores et déjà considéré comme «la pire saison des incendies de forêt du 21e siècle au Canada», a déclaré le ministre de la Protection civile Bill Blair, lors d’un point de presse à Ottawa lundi 12 juin.

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Carte des feux actuels au Canada. 

Source : Capture d’écran – Centre Interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC)

«Tout a débuté en force très très tôt, observe Marc-André Parisien, chercheur au Service canadien des forêts à Edmonton en Alberta. Au 31 mai, on avait déjà presque 3 millions d’hectares de brulés. Ce qui est quand même incroyable si on pense qu’une bonne partie du mois de mai dans le Nord canadien, c’est recouvert par la neige.»

Autre particularité de cette saison : l’étendue géographique des zones touchées, de la Colombie-Britannique jusqu’à la Nouvelle-Écosse, en passant par le Grand Nord.

Changements climatiques

«C’est vraiment tout le Canada qui est affecté de manière assez intense et ça, c’est quelque chose de nouveau», observe Victor Danneyrolles, professeur-chercheur en écologie forestière à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

«Le XXe siècle a été une période un peu anormale, avec très peu de feux. C’est un peu notre mémoire en tant que société, poursuit-il. On s’est habitué à des forêts qui brulaient assez peu et là, avec les changements climatiques, les conditions météo et climatiques redeviennent de plus en plus propices aux feux.»

Doit-on se préparer à ce que ces grands brasiers fassent partie du paysage? Pour Marc-André Parisien, la réponse est claire, et prévisible.

On peut s’attendre à plus de feux. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment une surprise. Les changements climatiques, c’est pas demain. On on a les deux pieds dedans.

— Marc-André Parisien

Ressources Naturelles Canada s’attend à ce que «la superficie annuelle brulée et le nombre de grands feux continuent d’augmenter», après avoir doublé depuis 1959.

Les spécialistes s’attendent à ce que les conditions plus chaudes et plus sèches prolongent la saison des feux de forêt et augmentent les surfaces brulées. 

Photo : Capture d’écran – Ressources naturelles Canada

Des forêts assez résilientes?

Pourtant, les feux de forêt font partie du paysage canadien. «On sait que les forêts boréales sont plutôt bien adaptées aux feux. On a des forêts qui ont brulé naturellement depuis des milliers d’années. Les arbres, la biodiversité y sont quand même relativement bien adaptés. Mais ça, c’est vrai jusqu’à un certain seuil», amorce Victor Danneyrolles.

Un seuil au-delà duquel la forêt n’arriverait plus à se régénérer. «On a peur que les conditions actuelles et futures finissent par nous faire dépasser ce seuil», ajoute le professeur d’écologie.

Il prend l’exemple de l’épinette noire, une espèce de conifère dont la résilience est mise à rude épreuve lorsque les feux sont trop rapprochés dans le temps. «Après un premier feu, ça prend de 30 à 50 ans à une épinette d’avoir des cônes et donc d’être prête à se régénérer en cas d’un deuxième feu.» Si ce dernier se déclare avant, «la forêt n’est pas prête et l’épinette ne se régénère pas».

Si la forêt a été coupée moins de 50 ans avant le feu, il y a aussi ce risque-là. Et des forêts coupées il y a moins de 50 ans, il y en a beaucoup au Canada qui brulent en ce moment.

— Victor Danneyrolles

Repenser l’aménagement

Mais alors, comment s’adapter à cette nouvelle réalité? Question simple, réponse compliquée, prévient Marc-André Parisien.

«Il y a de plus en plus de feux qui brulent près des gens, des agglomérations. […] Une composante de la réponse, ce serait vraiment d’évaluer si c’est une bonne idée d’habiter dans certaines de ces zones-là, quand vient le temps de bâtir de nouvelles infrastructures.»

Pour Marc-André Parisien, chercheur au Service canadien des forêts à Edmonton en Alberta, les feux ne sont pas près de diminuer dans les années à venir.

Photo : Courtoisie

Rendre les constructions moins inflammables fait aussi partie de la solution. Mais là encore, rien de nouveau sous le soleil. «On sait ce qu’il faut faire», souligne le chercheur, qui prend l’exemple des toits en métal. Par contre, exit «les arbustes tout près de la maison, surtout les arbustes conifériens».

Quant à l’aménagement des grands espaces, sans éliminer les feux (qui restent un phénomène naturel) on peut toutefois «modifier le paysage de sorte qu’on limite la possibilité que les feux s’allument et deviennent des grands feux», rapporte Marc-André Parisien.

«On sait que les conifères brulent mieux que les feuillus. Il n’est peut-être pas question de complètement éliminer la forêt, mais on peut faire un remplacement graduel vers les feuillus, qui nous protègent un peu plus.»

«Retard d’adaptation»

«On s’est habitué à faire de la coupe, beaucoup, et maintenant que les feux augmentent, cela cause toutes sortes de problèmes. On a comme un retard d’adaptation», observe de son côté Victor Danneyrolles.

Le professeur évoque notamment la foresterie, apparue dans les forêts boréales dans les années 1950 et 1960. «Il va surement falloir essayer de réduire les taux de coupe.»

«Les choses commencent à changer et cette année, on va essayer de mettre en œuvre de nouveaux projets, vraiment accélérer le processus pour se protéger, parce que ça ne sera pas la dernière année de feu», alerte Marc-André Parisien.

Faire du feu contre le feu

Selon certains experts, la technique des feux dirigés peut également constituer une solution.

Selon Victor Danneyrolles, professeur-chercheur en écologie forestière à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), les forêts boréales canadiennes sont résilientes aux feux, mais seulement jusqu’à un certain seuil.

Photo : Michel Caron - UdeS

Les Autochtones appliquaient cette technique à petite échelle, surtout dans l’Ouest canadien, rapporte Victor Danneyrolles. «L’idée c’est, dans une période où climatiquement il n’y a pas de risques de feu, de bruler essentiellement le sous-bois, pour qu’il y ait moins de combustible.»

À une autre échelle, les équipes de Parcs Canada ont recours à des brulages dirigés planifiés.

Néanmoins, cette gestion de la forêt comporte tout de même des risques que le feu s’échappe, rappelle Marc-André Parisien.

«Mais ce risque est peut-être moins important que le risque d’un très grand feu qui brule dans quelques années et qui vient vraiment bruler ton village. On en est rendu au point où on accepte de mieux en mieux les risques», ajoute-t-il. Ou quand le risque devient la norme.

Le projet de loi C-13 a été adopté sans amendement jeudi soir tard par le Sénat, avec 60 voix pour, 5 contre et 5 abstentions. 

Un seul amendement a été proposé par le sénateur anglo-québécois Tony Loffreda, pour supprimer les références à la Charte québécoise rejetée avec dissidence. Mais la mesure a été massivement rejetée.

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Abondant dans le même sens, la sénatrice anglophone du Québec, Judith Seidman, s’est plainte que l’examen de C-13 en comité sénatorial avait été «expéditif», glissant au passage que «ni le Nouveau-Brunswick ni le Manitoba ne voient leur loi mentionnée comme le Québec».

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Le sénateur René Cormier, président du Comité des langues officielles, s’est opposé fermement à l’amendement, en ce qu’il «nie la diversité des régimes linguistiques provinciaux et territoriaux. Comme Acadien et comme francophone du Canada, je ressens un profond malaise avec l’ampleur de cet amendement.»

De son côté, si la sénatrice franco-ontarienne Lucie Moncion a tenu à «reconnaitre le caractère colonial des langues officielles et appuyer l’importance des langues autochtones […]», elle a rappelé que chaque loi avait sa raison d’être «optimiste pour les peuples autochtones».

Le projet de loi «doit franchir la ligne d’arrivée» a-t-elle observé, après avoir confirmé que la symétrie entre les deux langues officielles proposée par le gouvernement «donne du sens au principe d’égalité réelle des langues officielles».

Modernisation de la Loi sur les langues officielles

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Comme Judith Seidman, la sénatrice Innue et Québécoise Michelle Audette a souligné que le projet de loi sur les langues officielles «est passé trop vite». «À chaque fois qu’il y a un projet de loi sur les langues, vous m’entendrez parler de l’innu-aimun comme langue officielle».

«La Loi sur les langues autochtones n’a pas du tout les mêmes dents que la Loi sur les langues officielles. […] Je ne lâcherai pas», a-t-elle conclu. Les langues autochtones ont occupé nombre de discours de sénateurs, bien qu’aucun amendement n’ait été adopté.

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Déposé le 1er mars 2022 par la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor, le projet de loi est attendu par les communautés francophones en situation minoritaire depuis 6 ans.