Le président du Conseil du trésor, à gauche sur la photo, n’a pas encore émis de commentaire sur les règlements attendus de son ministère en lien avec la Loi sur les langues officielles.
Pour un fonctionnaire fédéral employé dans une région désignée bilingue, être supervisé dans la langue de son choix est désormais un droit, et ce, peu importe la désignation linguistique, du poste occupé. Une directive du Conseil du Trésor à cet effet est entrée en vigueur le 20 juin.
Autre modification : les postes de superviseurs désignés bilingues au sein de la fonction publique fédérale font l’objet d’un rehaussement du niveau de compétences linguistiques requis.
Les deux modifications répondent aux exigences de la partie IV de la Loi, celle des communications et des relations avec le public.
Cette partie de la loi est à l’origine de plusieurs plaintes portées auprès du Commissariat aux langues officielles. Ce dernier l’a d’ailleurs rappelé, lors de la publication de son tout dernier rapport annuel cette semaine.
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Préoccupations persistantes
Dans une déclaration publiée dans la foulée de l’entrée en vigueur du règlement, le Commissaire aux langues officielles a toutefois soulevé des inquiétudes sur le «sort qui pourrait être réservé au personnel supervisé par des titulaires de postes unilingues ou par ceux qui ne répondent pas aux exigences linguistiques CBC».
Les fonctionnaires fédéraux bilingues doivent respecter un certain niveau de compétence dans leur langue seconde dans trois catégories : la compréhension de l’écrit, l’expression écrite et la compétence orale.
Le niveau de compétence dans les trois catégories est noté séparément par les lettres A (le plus bas), B et C (le plus élevé).
Si un superviseur doit respecter la cote CBC, cela veut dire qu’il doit avec le plus haut niveau de compétence en compréhension écrite et à l’orale. Le niveau pour l’expression écrite peut être plus faible.
Le Commissaire aux langues officielles a fait part de son inquiétude, malgré deux applications de la Loi sur les langues officielles.
Par exemple, un gestionnaire du Nouveau-Brunswick, qui est une province bilingue, et qui ne rencontre pas la nouvelle exigence linguistique (dite «CBC») dans sa seconde langue officielle pourrait ne pas être en mesure d’attribuer des tâches ou de donner de la rétroaction a ses employés travaillant dans une région désignée bilingue dans la langue officielle de leur choix.
Dans une précision par courriel à Francopresse, le service des communications du Commissariat aux langues officielles explique qu’«il est essentiel que les institutions fédérales s’assurent, dans de telles situations, de mettre en place les mesures nécessaires pour que les droits linguistiques de ces employés soient respectés».
Le commissaire recommande au président du Conseil du Trésor de mettre en place un mécanisme de surveillance auprès des institutions fédérales d’ici le 30 septembre 2026.
À l’heure de publier ce texte, le bureau du Secrétariat du Conseil du trésor n’avait pas encore répondu à notre question pour savoir s’il suivrait cette recommandation.
En outre, le même rapport du commissaire publié cette dernière semaine a souligné l’échec du Secrétariat du Conseil du trésor concernant la reddition de compte et la surveillance des institutions fédérales afin qu’elles appliquent équitablement leurs obligations en matière de langues officielles.
Trois règlements sont encore attendus pour que la Loi sur les langues officielles, adoptée il y a deux ans, soit complètement appliquée :
Le Commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a rendu son dernier rapport annuel : il termine son mandat en juillet.
Avec des informations de Hai Huong Lê Vu
FRANCOPHONIE
Le Commissaire aux langues officielles a conclu dans son récent rapport annuel pour 2024-2025 que certains de ses nouveaux pouvoirs étaient encore bloqués par l’attente des règlements de la Loi sur les langues officielles (LLO), adoptée en 2023.
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Ce qu’il attend : Ces pouvoirs bloqués incluent l’imposition de sanctions administratives pécuniaires en lien avec la partie IV de la LLO (Communications avec le public et prestation des services), et savoir également qui pourra être assujettie à ces sanctions.
Il y a aussi le règlement sur la délivrance d’ordonnances concernant la partie de la loi qui porte sur la promotion de l’anglais et du français et celui qui lui donnera les outils adéquats pour sévir contre les entreprises privées de compétence fédérale, comme Air Canada.
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Le Commissaire a aussi pointé le manque d’efforts de dix institutions fédérales pour suivre ses recommandations à propos des efforts qu’ils doivent faire concernant l’application des deux langues officielles, notamment le français, pour lequel les plaintes sont «très fortement» déposées en plus grand nombre que pour l’anglais.
De nouvelles annonces ont été faites pour que les Canadiens se tournent vers des destinations canadiennes cet été, avec le «Passeport Canada Fort», qui donne accès à des parcs et des activités variées à prix réduit tout l’été.
Le libéral bilingue Yvan Baker a été élu président du Comité permanent des langues officielles de la Chambre des Communes. Élu depuis 2019, il n’a encore jamais siégé au comité des Langues officielles.
Les deux autres comités permanents de la Chambre d’intérêts directs pour les francophones que sont Immigration et Patrimoine canadien ont élu les libérales Julie Dzerowicz et Lisa Hepfner à la présidence. La première est anglophone et la seconde est bilingue.
Lundi, le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, Steven Guilbeault, a annoncé que les Canadiens auront accès à un «Passeport Canada Fort». Il permettra de profiter de plusieurs sites naturels et d’activités variées à prix réduit, voire complètement gratuitement, pour l’été.
Ce laissez-passer est valable du 20 juin au 2 septembre. Les services proposés vont de l’accès gratuit aux sites de Parcs Canada, pour tous les âges, à l’entrée gratuite – ou des rabais pour les jeunes de moins de 18 ans – dans les musées et avec VIA Rail.
Si des billets ont déjà été achetés pour les sites susmentionnés cet été, le ministre Guilbeault a confirmé en conférence de presse qu’un remboursement était possible en contactant le site ou le fournisseur concerné.
CANADA
«Nous avons identifié une urgence économique et nous offrons une façon pour une période limitée d’avancer d’une façon plus cohérente des projets désignés comme étant d’intérêt national», a défendu le ministre des Affaires intergouvernementales du Canada et de l’Unité de l’économie canadienne, Dominic LeBlanc, mercredi soir, devant le Comité permanent des transports.
Contexte : Le ministre répondait aux questions des députés dans le cadre de l’étude du controversé projet de loi C-5 sur la construction de grands projets d’infrastructure que les libéraux estiment d’«intérêts nationaux».
Ces projets ciblent notamment des constructions de ports et de pipelines à travers le pays, ce qui provoque l’ire des Premières Nations et des groupes environnementaux.
Introduit en chambre début juin, le projet de loi a fait l’objet de bâillons de la part des libéraux, adopté des bâillons à la Chambre des Communes en début de semaine, avec l’appui des conservateurs, pour accélérer le processus d’adoption du projet de loi.
Une pluie d’amendements : «Il n’y a presque aucun contrepouvoir», a critiqué Xavier Barsalou-Duval, du Bloc québécois. Son parti a déposé 42 amendements pour modifier le projet de loi, presque tous rejeté par les libéraux.
Seuls 13 amendements – dont un qui empêche le gouvernement de suspendre certaines lois pour autoriser la construction de grands projets nationaux – ont été adoptés avec l’appui des conservateurs en comité mercredi.
Les lois épargnées sont la Loi sur les langues officielles, la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale et la Loi sur les Indiens.
Les amendements rejetés par les libéraux et les conservateurs concernent les contrôles environnementaux renforcés; la sélection de critères de sélection des projets contraignants et au droit du Québec de refuser ou accepter un projet.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a de son côté fait adopter un amendement pour protéger les travailleurs syndiqués. Mais le parti persiste pour inclure de «grands changements», a indiqué la députée Leah Gazan, dans un communiqué jeudi.
Le projet de loi a été adopté en 3e lecture en Chambre ce 20 juin. La première partie, la Loi sur le libre-échange et la mobilité de la main-d’œuvre au Canada, a été adopté par tous les députés sauf par la députée et cheffe du Parti vert, Elizabeth May, avec 336 voix pour et 1 contre.
La deuxième partie de C-5 a créé, comme attendu, plus de division; avec 306 voix contre 31. Le Bloc québécois, le NPD et la députée verte Élizabeth May ont voté contre le projet de loi. Nathaniel Erskine-Smith a brisé la ligne de son parti en étant le seul libéral à voter contre.
Dans l’espoir de conclure une entente avec le président des États-Unis, Mark Carney a fait savoir jeudi, lors de sa dernière conférence de presse du printemps, que le Canada ajustera ses tarifs sur l’acier et l’aluminium américains dès le 21 juillet, pour refléter le progrès des négociations avec Washington sur une entente plus large.
«Nous allons prendre tout le temps nécessaire pour obtenir le meilleur délai pour le Canada, mais nous ne prendrons pas plus», a-t-il déclaré.
Le premier ministre vise un accord d’ici 30 jours. Dès le 30 juin, Ottawa limitera aussi l’achat de ces métaux à des partenaires jugés équitables.
Le Bloc québécois a déposé un projet de loi, lundi, pour éviter aux députés fédéraux d’avoir à prêter serment d’allégeance au roi pour siéger.
Le parti propose de le remplacer par un serment d’office, qui ressemblerait à celui des «juges et certains hauts fonctionnaires de l’État».
«Neuf Québécois sur dix, et même de nombreux Canadiens, rejettent la monarchie qui est l’incarnation vivante de la vieille oppression britannique. C’est donc à la fois un test et une opportunité pour le Canada de faire preuve de l’inclusivité et de l’ouverture dont il se réclame», a déclaré le parrain du projet de loi, Xavier Barsalou-Duval.
INTERNATIONAL
Le Canada était le pays hôte du sommet du G7 cette année. Le groupe s’est réuni du 15 au 17 juin à Kananaskis, en Alberta. Les chefs des gouvernements de l’Allemagne, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni étaient présents.
L’essentiel : Après quatre jours d’escalade meurtrière entre l’Iran et Israël, le président des États-Unis, Donald Trump, a quitté le G7 précipitamment, lundi.
Il a fait savoir qu’il n’œuvrait pas pour un «cessez-le-feu», mais pour «quelque chose de beaucoup plus gros que ça». Il répondait au passage à son homologue français Emmanuel Macron, qui avait lancé que ce serait «une très bonne chose» si les États-Unis intervenaient pour un cessez-le-feu.
Controverses : La courte présence de Donald Trump était moins controversée – malgré l’imposition des vagues de tarifs contre le Canada et tous les autres pays du G7 – que celle du président indien Narendra Modi. Ce dernier a été accusé en 2023 par Ottawa d’avoir été directement impliqué dans l’assassinat d’un Canadien d’origine indienne. Hardeep Singh Nijjar. Le premier ministre canadien Mark Carney a profité du G7 pour renouer avec l’Inde.
Il a aussi rappelé que le Canada soutenait Israël contre l’Iran, jeudi, tout en rappelant sa demande de «cessez-le-feu» à Gaza.
Aucune déclaration du gouvernement n’a été émise à propos de la marche internationale vers Gaza qui espérait «briser le siège». Une centaine de Canadiens ont été bloqués, interrogés et détenus par les autorités locales en Égypte et déportés vers le Canada.
La première stratégie est la création du Consortium national de formation en santé (CNFS) en 2003. Il a été le résultat d’une des recommandations du comité consultatif des communautés francophones en situation minoritaire (CCCFSM), 2001, de Santé Canada. Je vous propose de lire ce document en entier disponible sur le Web et encore très actuel.
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Je vous présente ici un extrait qui mérite votre attention. «Pour étudier en français dans l’une ou l’autre des disciplines universitaires en santé, les membres des communautés francophones en situation minoritaire doivent souvent se rendre dans une autre ville ou province où est dispensée la formation. Une fois déracinés, peu d’entre eux reviennent dans leur communauté pour exercer leur nouvelle profession. L’autre solution qui s’offre aux francophones en situation minoritaire est d’aller étudier en santé dans l’établissement anglophone le plus près de chez eux. Toutefois, il est rare que, une fois diplômés, ceux-ci exercent leur profession en français et, encore plus rare, qu’ils reviennent dans leur communauté pour y travailler. Des études de l’OMS et de l’Organisation mondiale des collèges nationaux, académies et associations académiques des généralistes et des médecins de famille (WONCA) de même que l’expérience du Partenariat Acadie-Université de Sherbrooke démontrent qu’il y a deux critères de succès pour le recrutement et la rétention des professionnels de la santé, soit la région d’origine du candidat et l’exposition du candidat à son milieu d’origine le plus tôt possible et le plus souvent et longtemps possible au cours de sa formation. Aussi importe-t-il de renforcer la formation des étudiants en français aussi près que possible de leur milieu d’origine, de sorte qu’ils puissent ensuite exercer leur profession dans leur communauté et dans leur langue.»
Les retombées de la création du Consortium national de formation en santé qui regroupe les universités et collèges francophones en milieu minoritaire sont importantes. Le CNFS a augmenté le nombre de professionnels en santé francophones à l’échelle nationale. Le Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick, né de la contribution financière du CNFS (financé via le Programme des langues officielles du Canada) et du gouvernement du Nouveau-Brunswick s’illustre à l’échelle nationale et internationale par le haut taux de rétention de ses finissantes et finissants dans la province du Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.
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Un groupe qui est demeuré initialement dans l’oubli est les étudiantes et étudiants francophones qui ont choisi d’être formés dans les professions de santé dans les universités près de leur communauté d’origine et qui offrent des formations uniquement en anglais. Ces institutions anglophones évidemment ne font pas partie du CNFS. Une deuxième stratégie fut donc mise en action.
C’est alors qu’en 2014, un comité de travail de l’Association des facultés de médecine du Canada (AFMC) que j’ai eu l’honneur de présider a présenté un projet pour cibler les étudiantes et étudiants francophones et francophiles dans les facultés de médecine anglophones du Canada. Le projet intitulé «Franco Doc» de l’AFMC a obtenu son financement du Programme des langues officielles du Canada via Santé Canada. Ses objectifs étaient de collaborer avec les facultés anglophones afin : 1 – d’identifier le nombre d’étudiantes et étudiants francophones et francophiles en médecine; 2 – d’identifier leurs besoins de formation en français; 3 – d’offrir des activités de formations complémentaires en français alignées avec les objectifs pédagogiques de leur faculté.
Le projet a été financé à deux reprises pour une période de cinq ans. Les résultats ont été étonnants. Le projet Franco Doc I et II a réussi à identifier une présence en tout temps d’environ 375 étudiantes et étudiants francophones et francophiles dans les facultés de médecine et des sciences de la santé anglophones du Canada. Ceci représente une cohorte francophone équivalente à une faculté de médecine entière. Les étudiantes et étudiants en question ont démontré un fort intérêt de parfaire leurs connaissances et compétences cliniques en français, en particulier en ce qui a trait à la terminologie médicale, et de mieux connaitre les besoins des communautés francophones en situation minoritaire. Plusieurs activités de formation en français ont été mises en place telle que la traduction de modules de formation, des simulations cliniques en français et j’en passe. Cette mobilisation des facultés de médecine autour de l’importance des services de santé en français a permis de tisser des liens avec la Société Santé en français (SSF) et ses réseaux au Canada. L’Association des facultés de médecine du Canada, grâce à son projet Franco Doc, a mis en place des stratégies prometteuses pour l’amélioration de l’intégration des ressources humaines en santé en français.
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Malheureusement depuis 2019, le manque de financement adéquat, l’absence d’une équipe de gestion et de coordination dédiée au projet, le plan d’action de Franco Doc et ses activités ont été grandement réduits. Deux ressources humaines dédiées à ce projet en collaboration avec l’AFMC et la SSF permettraient de réactiver le plan d’actions qui avaient fait preuve d’un énorme succès. Les étudiantes et étudiants francophones et francophiles dans les facultés de médecine avaient clairement exprimé dans la démarche initiale du projet «parce que nous avons choisi de se former près de chez nous en anglais, notre communauté nous oublie».
Je souhaite que les partenaires puissent trouver du financement et les moyens de revigorer cette initiative d’envergure au niveau des facultés de médecine anglophones. La SSF via sa démarche Franco Santé a amorcé l’identification d’étudiantes et étudiants dans les autres disciplines de la santé un peu à l’image de Franco Doc.
Des solutions qui ont fait preuve de succès existent. Il suffit de les réactiver.
Dr. Aurel Schofield, C.M.,CCMF, FCMF
Fondateur et ancien directeur
Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick
Professeur titulaire (retiré), Université de Sherbrooke
Dieppe, N.-B.
Depuis son élection, le premier ministre Mark Carney a rappelé plusieurs fois qu’il envisageait de réduire la part d’immigrants temporaires, dont les étudiants étrangers, en deçà de 5 % de la population canadienne. Cette prévision s’inscrit notamment dans le sillage de ce que le dernier gouvernement de Justin Trudeau planifiait.
Toutefois, un flou plane sur les places réservées aux étudiants étrangers francophones hors Québec pour 2025 ou 2026.
Sous la précédente législature, l’ex-ministre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Marc Miller, avait plafonné le nombre d’étudiants étrangers en janvier 2024.
Il avait ensuite dévoilé la création du Programme pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire (PPECFSM).
Une mesure annoncée après une levée de boucliers des communautés francophones et le dépôt d’une plainte au Commissariat aux langues officielles par l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) au printemps 2024. Cette plainte soutient que le plafond ne respecte pas la Loi sur les langues officielles. Cette plainte est en cours de traitement.
Sans chiffre précis, les établissements postsecondaires francophones ne savent pas sur quel pied danser.
Pour nous, c’est un facteur d’incertitude et de risque extrêmement important, élevé, qui font que les conséquences du point de vue budgétaire, mais aussi par rapport à notre projet de société [pour la francophonie en situation minoritaire, NDLR], peuvent être dramatiques.
Selon cette dernière, quand les annonces concernant l’accueil d’étudiants sont faites, la mise en œuvre est immédiate au niveau du gouvernement. «Mais l’année universitaire elle ne fonctionne pas comme ça. On travaille toujours un an à l’avance», souligne-t-elle.
L’incertitude par rapport aux étudiants qu’elle peut ou non accueillir dans son université pourrait «nous poser des problèmes légaux, parce que moi, à partir du moment où j’ai fait une lettre d’admission, je m’engage vis-à-vis des futurs étudiants». «Donc c’est compliqué si demain on me dit “bah non, tu peux pas me faire rentrer l’étudiant au mois de janvier”».
«On a des inquiétudes», confirme le PDG de l’ACUFC, Martin Normand.
«Ils devraient être inquiets», commente une source proche du dossier fédéral de l’immigration que nous ne pouvons pas nommer, parce qu’elle n’a pas la permission de parler aux médias.
Selon celle-ci, le problème majeur est que les universités et les collèges francophones en dehors du Québec sont «plus vulnérables que leurs équivalents anglophones. Pour plusieurs raisons, de sous-financement, d’accès aux fonds […] surtout dans des régions».
Cette personne cite l’exemple de l’Université Laurentienne, tellement endettée et à court de financement qu’elle a dû renvoyer de nombreux professeurs et couper des programmes en français. «Mark Carney devrait se pencher avec plus de minutie sur ces enjeux», poursuit cette même source.
En revanche, cette source explique que les établissements postsecondaires francophones ont pu être desservis par leur tendance à «renflouer leur coffre» avec les frais de scolarité des étudiants internationaux. «Je pense qu’il y a des gens qui ont fait ça à outrance», estime-t-elle.
Cela expliquerait selon elle la réserve du fédéral d’accueillir des étudiants étrangers, qui sont utilisés pour augmenter les revenus des établissements, car ils paient des frais plus chers que les étudiants d’origine canadienne.
Lena Metledge Diab, ministre d’IRCC, affirme qu’elle suivra le plan dévoilé sous Justin Trudeau, mais sans préciser le sort des étudiants étrangers francophones.
L’actuelle ministre, Lena Metledge-Diab, a confirmé en entrevue avec Francopresse le 12 juin qu’elle conserverait les cibles d’accueil de résidents permanents francophones hors Québec dévoilées par l’ex-ministre d’IRCC, Marc Miller, lors du dernier gouvernement Trudeau. Elles sont de 8,5 %, 9,5 % et 10 % pour les années 2025, 2026 et 2027.
Il s’agit de la seule cible qui augmente, puisque le gouvernement a promis d’accueillir globalement moins d’immigrants, soit 395 000 en 2025.
Elle ajoute une nouvelle cible, promise par le premier ministre Mark Carney lors de la campagne électorale : celle de 12 % de francophones pour l’extérieur du Québec en 2029.
Elle ne peut cependant pas donner de précisions sur le nombre d’étudiants étrangers qui pourraient être accueillis.
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De son côté, l’ACUCF espère que le gouvernement fédéral clarifiera sa position sur les étudiants étrangers francophones en augmentant la capacité du programme, qui a été annoncé l’an dernier.
Le premier ministre Carney a annoncé vouloir une cible d’immigrants francophones hors Québec à 12 % d’ici à 2029.
D’autres options sont envisageables selon l’Association, comme fixer des cibles à la hausse pour le nombre de résidents temporaires pour «permettre de maintenir les cibles en matière d’étudiants internationaux francophones» ou encore «inclure les étudiants francophones dans la cible de 12 %».
L’Association le rappelle : les étudiants internationaux francophones qui sont résidents temporaires et qui sont actuellement aux études ne font pas partie de la cible de 12 % souhaitée par Mark Carney.
«Ils font partie de la cible seulement s’ils font la transition à la résidence permanente», précise Martin Normand.
«Il faut protéger le nombre d’étudiants internationaux qui rentrent au Canada dans nos établissements francophones, malgré la baisse annoncée du nombre de résidents temporaires au Canada. C’est là que les deux morceaux doivent s’imbriquer», affirme-t-il encore.
En campagne électorale, tous les moyens sont bons pour amadouer les électeurs. L’élection fédérale du printemps n’a pas fait exception.
Prenez en exemple Mark Carney. Le candidat libéral est un partisan des Oilers d’Edmonton. Et pourtant, ça ne l’a pas empêché d’enfiler un chandail des Canadiens de Montréal lors d’un rassemblement politique à Laval, au Québec, le 22 avril. Inutile de dire qu’arborer les couleurs du Tricolore ne peut pas faire de mal en terre québécoise.
Ingénieuse, son équipe de campagne avait aussi fait la promotion de son champion quelques jours plus tôt en copiant une affiche à l’effigie de la recrue des Canadiens, Ivan Demidov (avec le slogan : «Là pour les Canadiens»), et en la placardant devant le Centre Bell, à Montréal.
Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, a lui aussi revêtu la tenue mythique du CH (sigle de l’équipe des Canadiens), même si, en regard de son positionnement politique, cette appropriation est moins contestable.
Ces moments insolites prêtent à sourire. Mais ils soulèvent un problème : ce sont à peu près les seuls moments où les sports se sont immiscés dans la campagne électorale.
Et ça, ça fait moins rire.
En tant que journaliste, j’ai suivi de près la campagne. Une seule proposition m’a semblé suffisamment publicisée pour arriver aux oreilles de la majorité des électeurs et électrices : celle de Mark Carney de rendre l’entrée des parcs nationaux gratuite, une mesure qui entrera en vigueur le vendredi 20 juin.
Dans son blogue «Sport for Social Impact», David Thibodeau a rigoureusement épluché les plateformes des partis et a dressé la liste de leurs propositions en termes de sport, de loisirs, d’activité physique et d’environnements actifs. Jetez-y un coup d’œil, je vous promets que ce ne sera pas long.
De cette liste réduite à peau de chagrin, il en tire notamment cette conclusion : «La plupart des partis n’ont même pas mentionné l’activité physique dans leur programme».
Les propos de la journaliste de CBS Sport, Karissa Donkin, confirment cet état des lieux. «Aucun parti ne m’a répondu lorsque je leur ai demandé ce qu’ils comptaient faire pour le sport. Mais il y a beaucoup d’enjeux.»
Des enjeux de santé publique d’ailleurs. Il est étonnant de voir qu’en 2025, avec toutes les études scientifiques et les recommandations claires de l’Organisation mondiale de la santé, la pratique sportive ne fait pas davantage partie des politiques de santé publique.
Pour le sport professionnel, nada. Pourtant, à la fin des Jeux olympiques de Paris, le PDG et secrétaire général du Comité olympique canadien (COC), David Shoemaker, avait tiré la sonnette d’alarme, considérant que les athlètes ne pourraient pas développer tout leur potentiel sans fonds supplémentaires de la part d’Ottawa.
Cela fait 20 ans que les sommes allouées aux fédérations sportives n’ont pas augmenté, malgré la hausse du cout de la vie. C’est pourquoi le COC demande 144 millions de dollars supplémentaires.
Le Canada va-t-il être capable de former les Summer McIntosh, Sidney Crosby ou Shai Gilgeous-Alexander de demain?
Après une campagne si avare en promesses sportives, l’absence d’un ministre dédié au sport dans le cabinet de Mark Carney n’est pas étonnante.
Le portefeuille est confié au secrétaire d’État Adam van Koeverden – ancien médaillé d’or olympique en kayak –, qui est rattaché à Steven Guilbeault, ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles. Pas simple de s’y retrouver.
Au moins, le gouvernement fédéral avait lancé, en décembre 2023, la Commission sur l’avenir du sport au Canada, qui a pour objectif de rendre le système sportif canadien plus sécuritaire. Cette vaste consultation n’a pas été oubliée.
En mars dernier, Steven Guilbeault a annoncé que la mission de consultation serait prolongée jusqu’au 31 mars 2026.
Veiller à ce que le système sportif canadien offre un cadre bienveillant et sécuritaire est essentiel. Mais est-ce suffisant pour encourager la pratique et former les champions de demain? On peut en douter.
Rappelons aussi que le Canada s’apprête à coorganiser, dans exactement un an, l’évènement sportif majeur de l’année 2026 : la Coupe du monde de soccer, et cela passe relativement inaperçu.
Le gros problème du sport dans les sphères politiques – et c’est aussi valable pour la culture par exemple –, c’est qu’il y a toujours un sujet plus urgent. Donald Trump, guerre commerciale, crise du logement, immigration, feux de forêt… Il y aura toujours quelque chose de prioritaire – et à juste titre.
Mais pourquoi ne pas penser le sport comme une piste de solution à certains défis qu’affronte le Canada?
On l’a vu récemment avec les attaques portées par Donald Trump contre le Canada : la Confrontation des 4 nations a servi d’exutoire à la population canadienne et la victoire de notre équipe nous a rendus plus fiers que jamais.
«Je pense qu’au moment où notre souveraineté est remise en cause, on peut regarder le sport comme quelque chose qui nous rassemble et nous rappelle ce que nous sommes», a très justement déclaré la journaliste Karissa Donkin.
Le monde politique et ses dirigeants savent se servir du sport quand ils en ont besoin. Il est maintenant temps que la politique serve le sport.
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L’échec des institutions fédérales à respecter leurs obligations linguistiques se reflète dans le rapport annuel 2024-2025 du Commissariat aux langues officielles.
L’exemple le plus frappant est donné d’entrée de jeu. Des cinq recommandations du commissaire sur la mise en œuvre de l’article 91 de la Loi sur les langues officielles (LLO) – qui précise les exigences linguistiques pour l’embauche de personnel au gouvernement fédéral – aucune n’a été entièrement mise en œuvre.
Sur les cinq, quatre l’ont été partiellement et l’une pas du tout, relève le commissaire, Raymond Théberge.
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«Présentement, on donne beaucoup de marges de manœuvre aux institutions fédérales pour la mise en œuvre de la loi, en particulier la partie VII [Promotion du français et de l’anglais, NDLR]», a affirmé le commissaire en conférence de presse, mardi.
En outre, le commissaire met en évidence l’échec du Secrétariat du Conseil du Trésor concernant sa reddition de compte. Celle-ci «vise à refléter les nouvelles obligations de la Loi», précise le rapport. Selon le Commissariat, il s’agit plutôt d’un «document de référence».
J’aimerais voir le Secrétariat assumer pleinement un rôle de coordination et donner un cadre plus précis aux institutions fédérales, tout particulièrement en ce qui concerne leurs obligations découlant de la partie VII.
L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans la fonction publique est un autre échec souligné dans le rapport. L’an dernier, le Secrétariat du Conseil du Trésor avait lancé des consultations sur le rôle de l’IA au sein de la fonction publique, notamment sur l’élaboration des outils de traduction des deux langues officielles et sur l’importance d’avoir une «vérification humaine» dans l’avancement de ces outils.
Mais cette année, Raymond Théberge déplore ne pas avoir obtenu de réponse sur les réflexions et recommandations qu’il a émises au Secrétariat du Conseil du Trésor, lorsque le ministère a lancé ses consultations sur la manière d’utiliser l’intelligence artificielle au sein de la fonction publique, en octobre 2024.
Le commissaire fait aussi plusieurs rappels dans son rapport, notamment à destination des «hauts dirigeants» et des «gestionnaires immédiats» au sein de la fonction publique, concernant le choix de la langue de travail de leurs employés.
Les personnes employées dans les régions désignées bilingues ont le droit de travailler dans la langue officielle de leur choix, sans égard à la désignation linguistique de leur poste.
Le 20 juin 2025, ce droit sera reconnu aux yeux de la Loi modernisée.
Toujours au sein de la fonction publique, le niveau linguistique exigé est désormais plus élevé – il passe de BBB à CBC, selon le jargon gouvernemental.
De fait, la troisième recommandation de ce rapport laisse un an au Secrétariat du Conseil du Trésor pour établir un «mécanisme de surveillance auprès des institutions fédérales» pour protéger les droits linguistiques des employés de la fonction publique dans les régions désignées bilingues.
Le Commissaire anticipe que la mise en œuvre du droit de travailler dans sa langue se fera en fonction du «leadeurship dans chaque institution fédérale». Les «exceptions prévues par le Secrétariat du Conseil du Trésor vont en limiter l’application» de ce droit, écrit-il.
En conférence de presse, le commissaire appuie le fait qu’il y a «beaucoup trop de latitude» au sein des ministères canadiens, mais nuance que le leadeurship ne vient pas «d’une seule personne».
Il a souligné à plusieurs reprises le rôle «extrêmement important» du Conseil du trésor pour guider les institutions fédérales et les informer adéquatement sur les droits et obligations de leurs employés.
La toute dernière recommandation du rapport demande aux administrateurs du gouvernement de «prendre les mesures nécessaires» pour éviter que les réductions budgétaires qui affectent la fonction publique depuis plusieurs mois ne nuisent aux obligations en matière de langues officielles.
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Le commissaire voit d’un œil positif les 700 bureaux désignés bilingues au sein de la fonction publique qui devraient être mis en place d’ici 2027 à travers le pays.
«Jumelée à une offre active, la présence de ces points de services bilingues entrainera des effets positifs sur la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Les institutions devront donc s’assurer de disposer du personnel adéquat pour dispenser des services de qualité égale dans les deux langues officielles», conclut le commissaire, dans le rapport.
Autre point négatif souligné par le commissaire : une partie de ses nouveaux pouvoirs sont bloqués par l’attente des règlements qui dicteront l’application de la Loi sur les langues officielles, adoptée en juin 2023.
Le plus attendu concerne le pouvoir d’imposer des sanctions administratives pécuniaires. Pour l’instant, aucune date n’a été fixée pour le dépôt des règlements. Dans son rapport, le commissaire précise que «le pouvoir d’imposer une sanction constitue un dernier recours».
Il attend aussi le règlement sur la capacité du commissaire à livrer des ordonnances concernant la partie de la loi qui porte sur la promotion de l’anglais et du français.
Actuellement, il peut toutefois prendre des ordonnances sur deux parties de la Loi : les communications avec le public et la prestation des services et la langue de travail, pour obliger les institutions fédérales à respecter leurs obligations.
Le commissaire attend également patiemment le règlement qui lui donnera les «outils adéquats» qui lui permettront de sévir contre les entreprises privées de compétence fédérale, comme Air Canada.
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Le rapport met de l’avant le cas particulier de la Commission sur l’état d’urgence, qui avait le mandat d’évaluer le recours à l’état d’urgence à Ottawa en 2022.
Selon le commissaire, la Commission n’a pas respecté ses obligations envers les langues officielles en raison des retards dans la transcription en français de témoignages reçus en anglais. En outre, certaines preuves fournies en anglais par les institutions fédérales n’ont jamais été traduites en français.
Les anglophones ont été aussi mal desservis, puisqu’il n’y a pas eu de traduction en anglais de témoignages entendus en français.
Le commissaire conclut toutefois que les plaintes visant le Bureau du conseil privé – autrement dit le bureau du premier ministre – dans le cadre de la Commission sur l’état d’urgence ne sont pas fondées. Le Bureau a bel et bien un rôle de rappel des règles concernant les langues officielles, mais il n’a pas de rôle actif. Il «agissait à titre de conseiller de la Commission», peut-on lire dans le rapport annuel.
Il conclut qu’«il est impératif que le Bureau du Conseil privé soit considéré comme imputable de ces institutions temporaires et qu’il mette en œuvre des changements majeurs afin que cesse ce genre de situation déplorable».
Sa première recommandation vise donc le Bureau du conseil privé, pour que ce dernier assure un «soutien indépendant aux commissions d’enquête», concernant entre autres leurs obligations en matière de langues officielles. Il donne jusqu’au 30 juin 2026 au Bureau pour fournir un plan de mise en œuvre.
De son côté, le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des Communes a jusqu’au 30 juin 2027 pour identifier les défis des commissions temporaires pour respecter la LLO.
Ressources naturelles Canada prévoit qu’en juillet, «le risque élevé d’incendie devrait s’étendre à l’ensemble de l’Ouest canadien, le risque le plus important étant attendu dans le sud de la Colombie-Britannique», indique le gouvernement fédéral dans un communiqué.
La région de Yellowknife, au centre des Territoires du Nord-Ouest, sera également à surveiller. L’est du pays devrait voir des conditions météorologiques plus près des normales.
Même s’il est encore tôt pour l’affirmer avec certitude, les risques d’incendie devraient demeurer très élevés en aout. L’Ouest et le sud de la Colombie-Britannique, incluant l’ile de Vancouver, resteront les régions les plus à risque.
Le centre des Territoires du Nord-Ouest et le sud de la Colombie-Britannique seront à surveiller en juillet en raison des risques d’incendie.
Selon les données de diverses agences de surveillance du gouvernement compilées par Ressources naturelles Canada, La Colombie-Britannique, le Yukon et l’est du pays, pour leur part, ont affiché des températures plus près de la normale au mois de mai.
Par contre, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et l’ouest de l’Ontario ont connu des températures plus élevées que la moyenne au mois de mai.
Entre les mois de mars et mai, ces mêmes régions ont aussi reçu beaucoup moins de précipitations que la moyenne. Par exemple, le centre-est de la Saskatchewan a reçu jusqu’à 70 % de pluie en moins.
Pendant la même période, la moitié est de l’Ontario, le Québec et les provinces atlantiques ont enregistré un peu plus de précipitations que la moyenne, réduisant les risques d’incendie pour le début de l’été.
Finalement, la probabilité que tout le pays voit des températures supérieures à la moyenne en juin, juillet et aout demeure extrêmement élevée.
Quant aux probabilités de pluie, elles restent très largement inférieures à la moyenne dans l’Ouest et en Nouvelle-Écosse.
Le risque d’incendie restera important jusqu’en aout pour tout le sud de l’Ouest canadien.
En conférence de presse, la ministre de la Gestion des urgences et de la Résilience des communautés, Eleanor Olszewski, a rappelé qu’en date du 16 juin, 224 incendies de forêt étaient actifs au Canada. Parmi ceux-ci, 94 étaient hors de contrôle.
Le Canada est au niveau national de préparation 5, ce qui veut dire que toutes les ressources humaines et matérielles du pays sont engagées dans la lutte contre les incendies. Il y a également 221 combattants provenant d’autres pays qui appuient les pompiers forestiers canadiens.
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Eleanor Olszewski confirme que la Charte de Kananaskis sur les incendies de forêt sera présentée par le Canada à la réunion des sept grandes économies mondiales (G7), qui a lieu en Alberta du 15 au 17 juin.
«Le Canada mènera la marche pour la gestion des incendies de forêt au niveau international. Ça inclut la réduction des risques, le niveau de préparation, la réponse et la restauration. Les membres du G7 ont accepté le principe de cette charte», a déclaré la ministre.
Puisque la fumée traverse les frontières et que les ressources de chaque pays sont limitées, la collaboration dans la lutte contre les incendies de forêt, dans un monde de plus en plus chaud, devient cruciale. «Les incendies de forêt sont une responsabilité internationale», affirme la ministre.
Le 28 mai, la députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) du Nunavut, Lori Idlout, a demandé un débat d’urgence au président de la Chambre fraichement nommé, Francis Scarpaleggia, sur l’annulation pendant la campagne électorale d’un programme de bons alimentaires chapeauté par l’Initiative : Les enfants inuits d’abord (IEIA), créée en vertu du principe de Jordan.
Selon l’Encyclopédie canadienne, qu’il s’agit du «principe de l’enfant d’abord, qui garantit que les enfants des Premières Nations peuvent avoir accès aux mêmes services que les autres enfants du Canada».
Le principe de Jordan doit son nom à Jordan River Anderson, un enfant cri décédé à l’âge de 5 ans après avoir attendu d’être approuvé pour des soins à domicile depuis l’âge de 2 ans. Ces soins ne sont jamais arrivés «en raison d’un différend financier entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial».
Lori Idlout a demandé une rencontre avec le président de la Chambre des Communes, Francis Scarpaleggia, pour aborder le sujet, mais le 10 juin, la députée affirmait ne pas avoir eu de réponse.
Si l’IEIA a été prolongée d’un an en mars 2025, le programme de bons a quant à lui été coupé par les libéraux en avril, sans explication.
Il s’agissait d’une aide de 500 $ par mois pour les jeunes de 18 ans et moins, avec un supplément de 250 $ pour ceux âgés de moins de trois ans. Le programme permettait de nourrir plus de 15 000 enfants autochtones au Nunavut, dans le Nord du Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Manitoba.
«Ceux-ci risquent maintenant la famine», a dénoncé la députée Lori Idlout, en Chambre.
Interrogée par Francopresse, la ministre des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, affirme avoir entendu les déclarations de la députée Idlout.
«C’est un programme essentiel pour les familles du Nord. C’est l’un des programmes que nous sommes en train d’analyser pour voir comment on peut le réimplémenter. C’est l’un des travaux prioritaires de mon bureau», assure-t-elle.
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«C’est une question importante et vitale», a admis le président Francis Scarpaleggia en Chambre, tout en justifiant son refus de tenir un débat d’urgence en affirmant que tous les critères n’étaient «pas tous» réunis.
Dans une réponse par courriel à Francopresse, Lori Idlout ne cache pas sa colère.
Il est absolument honteux que le fait d’affamer les enfants autochtones ne soit pas une question d’urgence nationale. Ce gouvernement refuse de revenir sur les coupes qu’il a effectuées dans les services dont dépendent les enfants et les familles autochtones.
Joint par courriel par Francopresse, le bureau du président de la Chambre, de son côté, rappelle que «la présidence approuve ou refuse les demandes sans avoir à donner de justification», et ce, même si l’article 52 du Règlement donne, entre autres, des directives quant aux critères selon lesquels la présidence peut évaluer une demande.
Le président doit notamment déterminer s’il s’agit d’une urgence qui ne pourrait être évaluée par d’autres moyens ou qui a déjà été soumise à la Chambre.
Selon une des anciennes vice-présidentes de la Chambre des communes et ex-députée du NPD, Carol Hughes, désormais retraitée, le fait que la demande de Lori Idlout a été présentée sous le prisme du principe de Jordan a certainement pesé dans le choix du président Scarpaleggia.
Le président de la Chambre des Communes, Francis Scarpaleggia, n’a pas l’obligation de justifier ses décisions en Chambre.
«La députée Idlout a lié les deux, explique Carol Hugues. Ça se peut que le président s’est penché sur le fait que le principe de Jordan avait déjà été abordé [en Chambre] et aurait pu être abordé pendant d’autres discussions.»
Le règlement rappelle que la «motion d’ajournement de la Chambre en vue d’un débat d’urgence ne saurait relancer, d’une part, la discussion sur une question qui a déjà fait l’objet de pareils débats au cours de la même session».
Toutefois, aucune question sur le principe de Jordan n’a été évoquée pendant la session actuelle. Mais la règlementation parlementaire, dit le bureau de la présidence, rappelle que «des demandes de débat sur des situations chroniques ont été rejetées» par le passé.
Dans sa lettre au président de la Chambre, Lori Idlout avance que le gouvernement fédéral ne respecte pas le principe de Jordan, et ce, de façon «chronique». La députée demande au gouvernement canadien de se conformer à l’ordonnance du Tribunal canadien des droits de la personne sur le respect de ce principe.
La réglementation affirme que des référence à un tribunal ou à des groupes de personnes se sont également vus rejetés par la présidence.
Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, est aussi d’avis que «la question autochtone de l’alimentation, ce n’est pas une nouvelle, c’est quelque chose qu’on sait depuis longtemps».
Si elle voit le sujet de la crise alimentaire qui touche les enfants inuit comme «très problématique, est-ce que ça demande un débat d’urgence?»
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Alors que le gouvernement libéral de Mark Carney tente de faire passer des projets de loi musclés le plus rapidement possible pour la baisse des impôts, la défense, le renforcement à la frontière des États-Unis et un resserrement de l’immigration, le professeur agrégé de science politique à l’Université d’Ottawa, François Rocher, estime que l’agenda parlementaire presse les députés.
Qu’est-ce qui constitue une urgence, demande-t-il?
Le gouvernement a établi comme priorité l’élimination des barrières commerciales internes au Canada. Dans le contexte actuel, on peut considérer que c’est très urgent aussi. En fait, c’est une question de point de vue.
Il affirme également que la députée aurait pu interroger la ministre responsable ou un comité spécial aurait pu être créé pour se pencher sur la question. «Non, elle a demandé que les travaux de la Chambre soient suspendus pendant au moins une centaine d’heures. […] On peut penser que les conservateurs auraient trouvé là une belle occasion de faire dérailler l’agenda du premier ministre.»
Si Carol Hugues admet que «madame Idlout pourrait approcher les autres partis pour demander de faire un débat exploratoire à la place», elle réfute toutefois l’argument de l’agenda parlementaire serré.
«J’espère que ça n’a pas pesé dans la décision, parce que la décision sur chaque enjeu qui est porté devant la Chambre pour une demande de débat d’urgence ou de débat exploratoire devrait être faite sur les initiatives mises de l’avant, pas sur l’agenda.»
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Dans un communiqué de presse de la fin mai, l’organisme Democracy Watch Canada suggère d’élire une présidence de la Chambre des communes qui ne serait pas issue des députés.
Democracy Watch appelle les dirigeants des partis fédéraux à «tirer les leçons des décisions controversées prises par le passé par les présidents de la Chambre des communes».
L’organisme propose la sélection de la présidence via un «comité indépendant, [qui] ait effectué une recherche publique, basée sur le mérite, d’une liste restreinte de candidats qualifiés ayant une expertise en matière de règles et de procédures parlementaires».
Une suggestion remise en question par le professeur François Rocher : «Donc, si le président n’est pas de la Chambre des communes, on va suivre quel processus pour le démettre de ses fonctions?»
Geneviève Tellier pose aussi des limites : «Ça pose des problèmes en termes de souveraineté du Parlement, qui est libre de faire son choix.»
«Il y a encore beaucoup de personnes ainées qui ont de la difficulté à sortir du placard, à s’afficher. Il y a des cheminements de vie qu’on ne voit pas autant chez les plus jeunes», remarque Michel Tremblay, directeur général de la Fédération des ainés et retraités francophones de l’Ontario (FARFO).
«Il faut savoir qu’il y a eu une période où c’était illégal, criminel, au Canada, d’être homosexuel. En 1968, la loi a changé.» Il évoque aussi la crise du sida dans les années 1980 et 1990; autant d’épreuves qui ont marqué le parcours des ainés et ainées francophones 2ELGBTQI+*. Un parcours toujours semé d’embuches.
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Pierre Soucy siège au conseil d’administration du Comité FrancoQueer de l’Ouest (CFQO). L’un des éléments qui l’ont poussé à s’engager, c’est l’absence de personnes ainées au sein de l’organisme. «Ce que j’avais observé en visitant le site Web du CFQO, c’est que les gens de mon âge n’étaient pas très visibles.»
«C’est pas facile d’aller chercher les ainés francophones queers, conçoit-il. Parce qu’il y a de grosses craintes dans cette population-là d’être visibles.»
Je fais partie d’une triple minorité : comme francophone en Colombie-Britannique, comme homme gay et comme homme francophone âgé. Notre communauté, si je rassemble ces trois qualificatifs-là, on n’est pas nombreux, et puis on est éparpillé.
Pour répondre à cette réalité, le CFQO organise beaucoup d’activités en ligne, même si rejoindre les ainés de cette façon reste un défi. Selon son directeur général, Martin Bouchard, l’organisme ne demande pas de subventions pour ce type d’initiatives, «peut-être parce que les opportunités de financement ne visent pas non plus [cette population]».
En Ontario, l’organisme FrancoQueer mène actuellement une étude pour évaluer les besoins des francophones 2ELGBTQI+ de 50 ans et plus à Toronto.
Le principal défi identifié jusqu’alors reste l’isolement, causé notamment par «l’âgisme dans les milieux arc-en-ciel, la queerphobie et le cis-hétéro-sexisme dans les milieux pour personnes âgées», énumère l’agent·e de recherche, sensibilisation et formation auprès de l’association, Élisabeth Bruins.
«On sait aussi que les personnes 2ELGBTQI+ sont plus susceptibles d’avoir vécu des ruptures avec leurs réseaux sociaux, leurs familles, ajoute-t-elle. Plusieurs de cette génération ont perdu des proches pendant la crise du VIH. […] Passer des années à se protéger, à cacher son identité, ça a des séquelles.»
Participer à des activités communautaires comme aller à des projections de films, ce n’est pas suffisant pour briser son isolement. Ça prend des relations sociales.
En partenariat avec FrancoQueer, la Fédération des ainés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO) a lancé le Réseau Vivre+ Fierté, pour réunir les francophones 2ELGBTQI+* de Toronto.
«On veut créer un groupe qui se rencontre régulièrement, qui va finir par se connaitre et créer des amitiés, pour que les membres de la communauté puissent avoir quelqu’un d’autre à qui se confier et sur qui compter», explique l’animateur du Réseau, Normand Babin.
«Souvent, ces gens-là sont célibataires, ils n’ont pas de conjoint, ils n’ont pas d’enfant, donc ils se retrouvent assez isolés.»
Le réseau, qui compte déjà une trentaine de membres à Toronto, organise un cocktail intergénérationnel à l’occasion du mois de la Fierté. Il propose aussi des clubs de lecture, des visites, des piqueniques ou encore des ateliers de dessin.
L’isolement s’accentue lorsque vient le temps d’accéder à des soins de santé adaptés.
«Si elles ne peuvent pas compter sur les professionnels ni sur leurs proches, ça fait en sorte qu’il y a beaucoup de personnes âgées arc-en-ciel qui n’ont pas accès aux soins dont elles ont besoin», alerte Élisabeth Bruins.
Certaines personnes se tournent vers des établissements anglophones, faute de trouver des services à la fois en français et inclusifs.
«Ici à Toronto, il y a le Centre Rekai [anglophone, NDRL], un des rares foyers au Canada qui a une approche dédiée aux personnes 2ELGBTQI+. Mais à part ça, il n’y en a pas beaucoup. Souvent pour ces gens, les soins de longue durée c’est, comme on dit, “le dernier placard”», relève Michel Tremblay.
«Le personnel n’est pas toujours ouvert. Il y a beaucoup de ces personnes-là qui viennent de pays où l’homosexualité n’est pas acceptée.»
«Certains ont dû retourner dans le garde-robe, nier le fait qu’ils sont gais, lesbiennes, transgenres ou autre», confirme Paul-André Gauthier, infirmier clinicien spécialiste. Certains couples sont également placés dans des chambres séparées en raison de leur orientation sexuelle.
Ce consultant en santé a d’ailleurs contribué à la rédaction d’un guide, en collaboration avec la FARFO, à destination, entre autres, des fournisseurs de services au sein des établissements de santé.
«Le mot de passe, c’est toujours le respect», insiste Paul-André Gauthier. Pour éviter que les droits des personnes soient bafoués, il recommande de former l’ensemble du personnel, et surtout de mettre en place un suivi, «pour s’assurer que ces lignes directrices sont respectées».
«Il faut être inclusif aussi quand on fait des activités. On accepte tout le monde, puis on essaie d’utiliser un langage un peu plus neutre», suggère-t-il.
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Le gouvernement fédéral a mené une consultation en ligne entre le 1er mai 2024 et le 17 juillet 2024, visant à aider les ainés 2ELGBTQI+ à vieillir à domicile.
Emploi et Développement Social Canada termine actuellement les travaux de recherche et les rapports finaux ne sont pas encore achevés.
La consultation, menée dans le cadre du Plan d’action fédéral 2ELGBTQI+, s’est penchée sur des sujets comme le logement, les soins, la santé ou encore les réseaux sociaux.
Les idées et les commentaires qui ont été recueillis pourraient «soutenir la conception de politiques», rapporte le ministère par courriel.
Partout au pays, des initiatives locales cherchent à combler les vides. Pour plusieurs, c’est dans la rencontre entre générations que se dessine un avenir plus inclusif.
«On essaie de mettre en place des activités intergénérationnelles […] Le but c’est vraiment de réunir des personnes de 2ELGBTQI+ de tous les âges pour favoriser le partage de connaissances et l’entraide», commente de son côté Élisabeth Bruins à FrancoQueer.
L’organisme torontois collabore ainsi avec la FARFO pour combiner ses connaissances sur la diversité affective, sexuelle et de genre à leur expertise en matière de vieillissement.
«Avec le vieillissement de la population en Acadie et la contribution historique de nos ainé·es queer, c’est vraiment important pour nous de développer de la programmation dédiée», indique par courriel le directeur général d’Alter Acadie, Alex Arseneau.
L’organisme pense notamment à collaborer avec des organismes comme l’Association francophone des ainés du Nouveau-Brunswick (AFANB).
Sur le site Internet d’Alter Acadie, une section répertorie les foyers de soins identifiés comme sécuritaires pour les personnes ainées 2ELGBTQI+.
Pour Pierre Soucy, le dialogue intergénérationnel demeure essentiel et il s’efforce de le favoriser en s’impliquant dans différents organismes. «Les ainés aussi peuvent avoir des perspectives, des préjugés [sur les jeunes]. L’âgisme fonctionne dans les deux sens.»
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*L’acronyme 2ELGBTQI+ désigne les personnes aux deux esprits (et bispirituelles, 2E), lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, intersexuées et toutes les autres personnes faisant partie des communautés de diversité sexuelle et de genre qui utilisent une autre terminologie (+).