En me baladant sur le site du quotidien sportif français L’Équipe, je suis récemment tombé sur un texte long format qui en dit beaucoup sur notre société actuelle. Le titre de cette production: «Everest : la cascade de la mort».
Les environs du camp de base du mont Everest portent les lourdes traces du passage des alpinistes.
Depuis que j’ai vu, il y a quelques années, l’excellent documentaire oscarisé Free Solo, qui retrace l’exploit du grimpeur américain Alex Honnold, tout ce qui a trait au milieu de l’aventure – et plus spécialement en montagne – attise ma curiosité.
Dans «Everest : la cascade de la mort», la journaliste de L’Équipe, Christine Thomas, s’intéresse au premier obstacle qui attend les alpinistes au départ du camp de base de l’ascension, situé à 5364 mètres d’altitude. La cascade de glace du Khumbu a la réputation d’être aussi majestueuse que dangereuse.
Depuis la première ascension en 1953, 46 personnes y ont perdu la vie, dont 16 il y a dix ans, le 18 avril 2014. Si les photos des bouchons au sommet de la plus haute montagne du monde ont fait le tour de la planète, c’est bien ce passage de glace qui est le plus meurtrier.
En sous-texte, on comprend qu’outre le danger inhérent à la nature même de la montagne, ce sont les pratiques de certains «alpinistes» qui provoquent ces catastrophes.
J’ai été sidéré d’apprendre que des agences proposaient de gravir l’Everest avec une option tout confort : grandes tentes avec plancher en bois et moquette, médecin personnel, chef cuisinier, bouteilles d’oxygène illimitées… tout ça pour la modique somme de 300 000 $ US.
Et tout ça, surtout, au détriment des sherpas, qui doivent trimbaler tout ce surplus sur leur dos. Écœurant.
Dans ces conditions, quelle est la valeur du défi sportif? Je ne peux m’empêcher de penser que beaucoup s’offrent cette ascension pour impressionner, cocher une case dans leur liste de choses à faire. Parce que ça fait «bien». Sans l’aide de bouteilles d’oxygène, combien y parviendraient? Seuls les alpinistes les plus expérimentés. Et ce serait très bien comme ça.
Ne pas viser le sommet dès le départ
Avec l’émergence des réseaux sociaux, nous sommes constamment exposés aux exploits des autres. Il suffit de faire un tour sur Strava, le réseau social des sportifs, pour voir des personnes faire 400 kilomètres de vélo par-ci, 100 kilomètres de course à pied par-là, ou encore des treks d’une longueur extrême dans un cadre enchanteur.
Le tout enrobé d’un commentaire enthousiaste, soulignant à quel point cette épreuve physique a changé leur vie. Ce que je peux bien comprendre et le problème n’est pas là. Le problème, c’est la nécessité de se comparer sans cesse, de vouloir faire pareil, voire mieux, sans savoir si cela nous convient vraiment.
Et je parle en connaissance de cause. Moi aussi j’ai les yeux écarquillés face aux courses d’ultradistance mythiques comme l’Ultra-trail du Mont-Blanc, qui traverse l’Italie, la Suisse et la France, ou la Diagonale des fous à la Réunion. Moi aussi je rêve d’y prendre part un jour, alors que mon corps ne me le permet pas aujourd’hui.
Et c’est justement là où il faut savoir rester mesurés. Peut-être que nous n’arriverons pas à atteindre ces rêves. Pour des raisons physiques, mentales ou encore d’investissement. Cela ne veut pas dire pour autant que nous ne sommes pas à la hauteur.
La valeur d’un accomplissement ne dépend pas de la hauteur du défi; elle dépend de la hauteur à laquelle nous partons.
Je suis un grand auditeur de balados sur la course à pied. Combien de fois ai-je entendu des néophytes se lancer dans cette pratique en doutant de leurs capacités à boucler ne serait-ce qu’une épreuve de 10 kilomètres? Et combien de fois les ai-je entendus décrire leur profonde émotion une fois la ligne d’arrivée franchie?
Les salles d’entrainement sont souvent plus tranquilles en février.
Parfois, ce petit pas avant leur permet d’en faire un plus grand par la suite. Faire un trop grand pas tout de suite, c’est courir le risque de se bruler et d’abandonner.
Je pense aussi à ces résolutions de la nouvelle année, parfois démesurées. Sans doute poussés par une semaine des Fêtes excessivement caloriques, certains l’affirment haut et fort : «Cette année je m’inscris au gym!»
L’intention est louable et doit être encouragée, mais la mode du gym (ou du yoga, ou du trail…) est-elle la bonne pour nous? À en juger par les taux de fréquentation des gyms en forte diminution après le mois de février, certainement pas pour tous.
Surtout, il ne faut pas oublier que pour réussir n’importe quel défi, il faut se préparer sérieusement. «L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage», disait l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson.
Le voyage, ici, c’est des mois d’entrainement, de découverte de soi par le sport. Avant de foncer tête baissée vers le sommet de l’Everest, certains feraient mieux de se le rappeler.
Le commissaire aux langues officielles déplore les enjeux linguistiques dans la fonction publique.
Les grandes lignes du rapport annuel du Commissaire aux langues officielles, déposé le 7 mai, annoncent le nouveau régime linguistique que devra mettre en œuvre le gouvernement dans son action.
Certaines institutions fédérales «ne semblent ni adhérer à la vision d’une fonction publique bilingue ni appuyer la création de milieux de travail dans lesquels les fonctionnaires se sentent habilités à travailler dans la langue officielle de leur choix», déplore dans le rapport le commissaire, Raymond Théberge.
Il rappelle cependant que la loi et le commissariat sont en période de transition en raison de l’adoption de la nouvelle Loi sur les langues officielles. Le document liste les nouveaux pouvoirs que détient le commissaire pour régler ce genre de problème.
Mais comme souligné dans le rapport et par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) le même jour, la mise en œuvre de cette loi se fait toujours attendre.
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«Vous êtes pleins de marde» et «vous avez des propos qui sont pas mal extrémistes», a lancé le député libéral franco-ontarien Francis Drouin à deux témoins lors d’une réunion du Comité permanent des langues officielles lundi.
Francis Drouin s’est attiré le feu des projecteurs toute la semaine après avoir insulté des témoins.
Les deux témoins, Frédéric Lacroix et Nicolas Bourdon, expliquaient que la fréquentation d’un établissement postsecondaire en anglais au Québec augmente la probabilité de mener sa vie en anglais par la suite.
Francis Drouin a rapidement retiré ses propos et expliqué que les études citées par les témoins ne font pas l’unanimité. «Si les deux témoins se sentent vexés, bien sûr, je m’excuse», a-t-il dit aux journalistes le 8 mai.
Pendant quatre jours, ses collègues libéraux l’ont défendu en chambre face au Bloc québécois et aux conservateurs, qui demandent le retrait de Francis Drouin de la présidence de la section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
Plusieurs motions demandant l’exclusion du député Drouin ont été déposées lors d’une réunion du même comité le 9 mai. La réunion a été suspendue avant la fin des discussions et le vote sur celles-ci. Les résultats des motions déposées sont inconnus pour le moment. Les témoins prévus à l’ordre du jour n’ont pas pu témoigner.
La question de la francophonie en situation minoritaire s’est invitée dans la réunion du Comité permanent du patrimoine canadien le 7 mai. Des discussions sur l’avenir de CBC/Radio-Canada ont mené des députés à questionner la présidente et PDG de la société d’État, Catherine Tait, sur le sort de Radio-Canada si CBC subissait des coupures.
Sans vouloir trop s’avancer sur un cas hypothétique, elle a tout de même expliqué que sans CBC, «ça va être très difficile, presque impossible» de conserver la force de Radio-Canada à l’extérieur du Québec.
«Si on coupe, ça va être un désastre pour les médias francophones à l’extérieur du Québec, ça c’est sûr, mais aussi pour la CBC», a-t-elle averti.
Bien que le chef conservateur Pierre Poilievre répète qu’il ne coupera pas le financement de Radio-Canada, mais seulement celui de CBC, une députée de son parti a refusé de répondre aux questions des journalistes sur le sujet.
Rachael Thomas sortait de la réunion du 7 mai quand des journalistes lui ont demandé si elle pensait que Radio-Canada devrait rester en activité (traduction libre). Après quelques secondes de silence, elle a finalement dit : «Je suis avec mon chef».
Répondant au reportage de La Presse portant sur un possible rapprochement entre CBC et Radio-Canada, Catherine Tait a assuré devant le comité que le contenu ne serait pas affecté. «C’est d’harmoniser les services, technologies, plateformes. Ce genre de solution.»
La juge Marie-Josée Hogue, qui préside l’Enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques fédéraux, a déposé son rapport initial le 3 mai dernier.
«Que les résultats électoraux soient affectés ou non, il demeure que l’ingérence étrangère est répandue, insidieuse et nuisible aux institutions démocratiques du Canada», dit la juge Marie-Josée Hogue dans son rapport.
«Des actes d’ingérence étrangère ont été commis lors des deux dernières élections générales fédérales, mais ils n’ont pas porté atteinte à l’intégrité elle-même de notre système électoral, dont la solidité n’a pas été ébranlée», a-t-elle statué en conférence de presse.
«L’ingérence étrangère qui a eu lieu n’a pas eu d’impact non plus sur l’identité du parti qui a formé le gouvernement lors des deux dernières élections.» Le Parti libéral de Justin Trudeau aurait donc remporté les élections de 2019 et de 2021, avec ou sans ingérence.
Il n’y aurait pas eu d’impact sur l’enregistrement et le comptage des votes.
Il est toutefois possible, note la présidente, que l’ingérence sous forme de propagation de désinformation ait mené à l’élection d’un candidat plutôt qu’un autre dans un petit nombre de circonscriptions. Dans son rapport, elle cite notamment Don Valley-Nord et Steveston-Richmond-Est.
Trois jours après le dépôt du rapport préliminaire de la juge Marie-Josée Hogue, le ministre des Institutions démocratiques, Dominic LeBlanc, a déposé le projet de loi C-70.
Le ministre Dominic LeBlanc a déposé un projet de loi pour contrer l’ingérence étrangère.
«La Loi concernant la lutte contre l’ingérence étrangère va moderniser notre boite à outils pour protéger nos citoyens et notre démocratie tout en défendant les valeurs et les principes canadiens», a expliqué le ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales.
Cette loi, si elle est adoptée, permettrait la création d’un registre des agents d’influence étrangers et accorderait de nouveaux pouvoirs au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).
Un commissaire indépendant serait responsable de ce registre et se verrait octroyer des pouvoirs d’enquête similaires à ceux d’un tribunal.
Anita Anand rappelle que les gestionnaires travailleront au bureau quatre jours par semaine, contre trois pour les fonctionnaires.
Le gouvernement a demandé aux fonctionnaires de travailler à partir de leur bureau trois jours par semaine; ils peuvent présentement être présents seulement deux jours par semaine.
Les syndicats de la fonction publique se sont ralliés derrière l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) pour s’opposer à cette décision et demander au Conseil du Trésor de revenir à deux jours.
«Je trouve que c’est une décision appropriée», a dit Steven MacKinnon sur le retour des fonctionnaires en présentiel trois jours par semaine.
«L’enjeu hybride dans notre service public n’est pas matière de négociation avec les syndicats. Ce n’est pas dans les ententes avec les syndicats. C’est une décision avec le service public, les départements et greffiers», a dit la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, devant les journalistes le 8 mai.
«Si [les syndicats] parlent à leurs membres, ils vont voir que oui, c’est certain qu’il y en a qui sont moins à l’aise avec la décision, mais il y en a beaucoup qui le sont», a ajouté par la suite Steve McKinnon, leadeur du gouvernement à la Chambre des communes.
Francis Drouin a reconnu s’être «laissé emporter» le 6 mai.
L’affaire trouve son origine deux jours auparavant, le 6 mai, quand le député libéral de la circonscription ontarienne de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin, a tenu des propos controversés lors d’une réunion du Comité permanent des langues officielles.
Il a notamment traité des témoins d’«extrémistes» et de «plein de marde» après leur présentation durant laquelle ils ont avancé que les établissements d’enseignement postsecondaire anglophones du Québec contribuent à l’anglicisation de la province.
Le député a rapidement retiré ses propos et, le lendemain, s’est dit désolé s’il a pu vexer les témoins. Mais ces excuses n’ont pas satisfait le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qui a demandé la démission de M. Drouin comme président de la section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (CAPF).
«Pour ne pas encore passer pour des sordides barbares et passer à autre chose, est-ce que le premier ministre peut demander la démission du député de l’Assemblée […] et s’excuser à tous nos partenaires de la francophonie?», a-t-il demandé lors de la période de questions du 8 mai en Chambre des communes.
Échange d’accusations
En réponse, Justin Trudeau s’est porté à la défense de son collègue libéral et a accusé le Bloc québécois de ne «jamais défendre les francophones hors Québec».
«La responsabilité du gouvernement fédéral libéral, c’est de défendre les langues officielles à travers le pays, c’est de défendre le français au Québec, mais aussi de défendre le fait français partout au Canada», a insisté le premier ministre.
Selon Justin Trudeau, le Bloc québécois «s’attaque aux communautés linguistiques minoritaires à travers le pays».
«On restera là pour défendre les minorités linguistiques à travers le pays, mais ça ne devrait pas surprendre personne que, le plus récent cheval de bataille du Bloc québécois, c’est de s’attaquer à un Franco-Ontarien. Ils savent très bien qu’ils n’aiment pas les francophones qui parlent français hors Québec.»
Le chef bloquiste est revenu à la charge quelques minutes plus tard. «Qu’est-ce qui n’est pas de la chicane pour le premier ministre? Promouvoir la petite colère scato de son député et ami?»
Justin Trudeau a rappelé les excuses émises par Francis Drouin et a réitéré que «le Bloc s’attaque à un député franco-ontarien, s’attaque aux communautés linguistiques minoritaires à travers le pays».
À cela, Yves-François Blanchet a accusé son adversaire de chercher à diviser les francophones du Québec et les francophones hors Québec. Il a aussi rappelé avoir tenté de parler de ces derniers lors du débat des chefs en anglais de la dernière campagne électorale fédérale, mais que sa demande avait été refusée.
Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a aussi voulu s’immiscer dans cette affaire. Comme Yves-François Blanchet, il a demandé la démission de Francis Drouin comme président de la CAPF. Il l’a aussi accusé d’avoir «utilisé un langage ordurier».
Rappelons qu’il y a à peine une semaine, Pierre Poilievre a lui-même été expulsé de la Chambre des communes pour avoir emprunté un mot jugé non parlementaire par le président de la Chambre.
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À la fin de la période de questions du 8 mai, le député conservateur Joël Godin a demandé au président de la Chambre d’exiger des excuses officielles en Chambre de la part de Francis Drouin ainsi que de condamner ses paroles tenues en comité.
«La présidence peut intervenir quand les députés utilisent des mots non parlementaires sur le parquet de la Chambre des communes. On va attendre le rapport du comité», a répondu le président de la Chambre, Greg Fergus.
Martin Champoux est porte-parole du Bloc québécois en matière de patrimoine canadien.
Thématique de la semaine
Les tensions entre libéraux et bloquistes ne se sont pas manifestées seulement lors de la réunion du Comité des langues officielles du 6 mai et des échanges à la Chambre des communes le 8 mai.
Le 7 mai, le député libéral franco-ontarien Marc Serré a lancé une flèche au député bloquiste Martin Champoux lors de la réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
«J’aimerais ça Martin, plus tard, que tu parles un peu de l’importance de la francophonie hors Québec», a dit Marc Serré lors d’un échange sur l’avenir de Radio-Canada/CBC.
Le député bloquiste a répondu : «Je voudrais rassurer mon collègue. Le Bloc québécois est assez virulent sur cette question-là. Quand on protège Radio-Canada […], ce sont les Québécois qu’on protège, mais ce sont aussi, par défaut et par rebond, tous les francophones au Canada qui profitent et apprécient eux aussi avoir un diffuseur public en santé et de qualité.»
Le Jour de la Terre est le 22 avril.
«On parle beaucoup d’écoanxiété […] Les gens ont l’impression de ne plus avoir de prise sur rien dans leur vie. Avec ces projets, on peut leur redonner du pouvoir», considère Andrew Smith, résident de Summerside, la seconde agglomération de l’Île-du-Prince-Édouard.
«Cette énergie renouvelable et locale permet aux citoyens de se réapproprier leurs sources de production d’électricité. Ils savent d’où elle vient, c’est concret», estime Greg Gaudet, directeur des services municipaux de la Ville de Summerside.
«Personnellement, j’ai rendu mon énervement positif et cela me permet de faire quelque chose, même si ce n’est qu’une minigoutte d’eau», ajoute le militant de longue date des énergies renouvelables.
Panneaux photovoltaïques sur le toit, voiture électrique, borne de recharge ultrarapide, le quinquagénaire a fait de son logement un modèle de maison écologique.
Au-delà de la production d’énergie, Andrew Smith s’intéresse aussi à sa consommation : «Je n’ai pas attendu que le mot sobriété s’impose dans le débat pour faire des écogestes en baissant le chauffage, en installant des pompes à chaleur ou en limitant mes déplacements en voiture.»
Les efforts de l’insulaire ne sont pas dus au hasard. Il habite dans une ville qui s’est positionnée ces dernières années comme l’un des champions canadiens des énergies renouvelables.
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Depuis le début des années 2000, Summerside, qui possède son propre service public d’électricité, a repris en main son destin énergétique.
En 2005, le conseil municipal a adopté un premier plan stratégique avec l’ambition de produire une électricité entièrement verte grâce au solaire et à l’éolien.
«Nous n’avons ni gisements de combustibles fossiles ni nucléaire, mais nous avons du soleil et surtout du vent à revendre», relève Greg Gaudet, directeur des services municipaux de Summerside.
«Notre dépendance énergétique à l’égard des autres provinces préoccupe depuis longtemps nos élus. Ça les a incités à prendre de manière décidée le virage des énergies renouvelables pour assurer notre souveraineté énergétique», poursuit-il.
Au milieu des champs, l’ingénieur conduit sa voiture au pied de quatre éoliennes de plus de 100 mètres de haut, construites en 2009. Leurs pales rugissantes produisent 12 mégawatts, plus du tiers de l’énergie nécessaire à la collectivité.
Dans le centre-ville, un autre parc solaire de 336 kilowatts a été installé en 2017, également avec un système de batteries.
Surtout, la municipalité a inauguré en décembre dernier une nouvelle centrale photovoltaïque de 30 hectares.
Au détour d’un quartier résidentiel, à l’arrière de champs de terre rouge, plus de 48 000 panneaux photovoltaïques s’étendent en rangs serrés sur un terrain à l’ouest de Summerside.
Le parc solaire Sunbank, d’une puissance installée de 21 mégawatts, est capable de fournir environ 25 % de l’électricité nécessaire aux quelque 15 000 habitants de la ville.
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Le système de batteries lithium-ion permet de stocker le surplus d’énergie produit le jour par les panneaux solaires en vue de le distribuer quand les habitants en ont le plus besoin, en particulier durant la nuit.
Greg Gaudet et son équipe d’ingénieurs ont couplé les panneaux avec un système de batteries lithium-ion qui permet de stocker le surplus d’énergie produit le jour en vue de le distribuer quand les habitants en ont le plus besoin.
Ces batteries peuvent stocker 10 mégawattheures, ce qui équivaut, en moyenne, à l’électricité consommée quotidiennement par 1700 foyers.
«C’est le premier parc solaire de cette ampleur au Canada atlantique et il nous rapproche de notre objectif d’être carboneutre et autonome en énergie d’ici cinq à dix ans», se félicite Greg Gaudet.
Greg Gaudet fait notamment visiter le parc solaire Sunbank à des élèves de Summerside.
Summerside doit encore acheter 30 % de son électricité aux provinces voisines de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.
«Cette énergie renouvelable et locale permet aux citoyens de se réapproprier leurs sources de production d’électricité. Ils savent d’où elle vient, c’est concret, estime Greg Gaudet. Ça les responsabilise. Ils sont comme associés à une transition énergétique à petite échelle.»
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un Canadien émet en moyenne 17,7 tonnes de gaz à effet de serre par an (dernières données disponibles de 2020), contre 2,7 tonnes pour un habitant de Summerside, selon le dernier rapport de la ville sur l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre.
«C’est un formidable levier d’accélération de la transition pour faire face au réchauffement climatique», salue le résident Andrew Smith.
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La municipalité ne se contente pas de réduire son empreinte carbone, elle s’attèle également à mettre en œuvre une transition énergétique socialement juste.
En 2012, Summerside a lancé le programme Heat for Less Now. Un réseau d’appareils intelligents, installés chez des résidents, peut stocker l’énergie excédentaire dans les maisons sous forme de chaleur plutôt que d’électricité.
«Ce système permet d’injecter à distance nos surplus d’énergie solaire ou éolienne et ainsi de lutter contre l’intermittence des énergies renouvelables», explique Greg Gaudet.
Les 400 foyers qui participent aujourd’hui au programme bénéficient de tarifs considérablement réduits.
Les éoliennes produisent plus du tiers de l’énergie nécessaire à la collectivité de Summerside.
Après les «débuts compliqués» de l’éolien et du solaire, Greg Gaudet assure que la population soutient le mouvement vert lancé par les autorités municipales.
«Les gens ne comprenaient pas pourquoi leur facture ne baissait pas. Ils pensaient que le vent et le solaire leur donneraient de la lumière gratuite», se souvient le responsable.
«Mais grâce à nos efforts de sensibilisation et d’explication, notamment auprès des plus jeunes, les mentalités sont en train d’évoluer», rassure-t-il.
Les services municipaux organisent notamment des parcours éducatifs avec les élèves des écoles autour des éoliennes et des parcs solaires.
L’exercice démocratique de réappropriation des enjeux énergétiques que mène Summerside est d’autant plus important dans un contexte de crise environnementale.
«Des initiatives comme celles-là sont des amortisseurs de crise. Les habitants et les élus locaux contribuent à des circuits courts de l’énergie et prennent davantage leurs responsabilités», affirme Melissa Myers, une résidente de Summerside.
À cet égard, l’insulaire aimerait que le modèle de Summerside inspire des villes aux quatre coins du pays. Quant à la municipalité, elle étudie la possibilité de recourir à l’hydrogène pour atteindre une totale indépendance énergétique.
Les institutions fédérales faisant l’objet de plaintes «ne semblent ni adhérer à la vision d’une fonction publique bilingue ni appuyer la création de milieux de travail dans lesquels les fonctionnaires se sentent habilités à travailler dans la langue officielle de leur choix», déplore le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, dans le rapport.
Selon lui, ces plaintes au fil des ans «attestent que plusieurs institutions fédérales ne prennent pas leurs obligations linguistiques au sérieux».
«Cette problématique suggère que les institutions récalcitrantes n’acceptent pas la prémisse qu’elles doivent servir les membres des deux communautés linguistiques dans la langue officielle de leur choix», écrit le commissaire dans son rapport.
En conférence de presse, ce dernier n’a toutefois pas été aussi catégorique : «Je ne dirai pas que certains rejettent la vision d’une fonction publique bilingue. Je dirai qu’il y a plusieurs défis à remonter si on veut [y] arriver.»
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François Larocque estime que la règlementation de la Partie VII de la loi, qui parle des obligations des institutions fédérales, est pressante.
Viser les hauts dirigeants
«C’est un problème qui a été suivi par plusieurs commissaires au fil des années», raconte François Larocque, professeur de droit à l’Université d’Ottawa.
Titulaire de la Chaire de recherche en droits et enjeux linguistiques, celui-ci fait la différence entre la théorique et la pratique. «En théorie, dit-il, puisque la [Loi sur les langues officielles] est quasi-constitutionnelle, elle devrait colorer la mise en œuvre de toutes les autres lois fédérales. Elle devrait aussi colorer les méthodes, procédures et démarches internes dans tous les ministères et institutions fédérales.»
Mais en pratique, cette loi doit être respectée par les acteurs pour qu’elle soit efficace.
Ce sont, au final, les individus qui prennent les décisions au jour le jour.
Selon François Larocque, les gens «d’en haut», comme les bureaux du premier ministre et du Conseil du trésor, peuvent encourager les bonnes pratiques. «Si les dirigeants et les cadres adhèrent et respectent le principe, alors c’est clair que les équipes et les fonctionnaires la mettront en œuvre.»
«Ça commence, selon moi, avec le leadeurship des hauts fonctionnaires», a reconnu Raymond Théberge en conférence de presse.
«Ce qui est important, c’est d’avoir la capacité de fonctionner dans les deux langues officielles et, ce qu’on constate présentement, c’est que l’on a des gens qui ne sont pas en mesure [de le faire].»
Le commissaire a rappelé que les comités parlementaires se penchent sur la question du bilinguisme requis pour les postes de direction. De son côté, il dit rencontrer régulièrement de hauts dirigeants et s’adresser à l’ensemble de la fonction publique.
«C’est avec un sentiment mitigé que je contemple l’année 2023-2024», dit le commissaire dans son rapport.
La mise en œuvre de la loi se fait attendre
La modernisation de la Loi sur les langues officielles engendre, comme le note Raymond Théberge dans son rapport, «un nouveau régime linguistique», dans lequel le commissaire a de nouveaux pouvoirs afin de la faire respecter.
Par exemple, à l’endroit des institutions fédérales, il peut rendre des ordonnances pour les enjoindre à corriger un manquement à la loi. Il peut aussi conclure des accords de conformité avec elles pour déterminer comme un manquement sera corrigé.
«Ces nouveaux pouvoirs entrainent nécessairement d’importants changements dans nos activités et nécessiteront des ressources additionnelles», reconnait le commissaire dans son rapport.
Mais ce qu’il faut aussi, c’est de mettre en œuvre la loi, modernisée il y a presque un an.
Le commissaire attend des décrets afin d’appliquer ses nouveaux pouvoirs, un délai d’attente qui pourrait être long selon lui, et les institutions fédérales attendent des instructions de la part du gouvernement.
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La présidente de la FCFA rappelle l’importance de mettre en œuvre la Loi sur les langues officielles.
«On voit très bien que les institutions fédérales attendent qu’on leur dise les règles du jeu pour mettre en application la nouvelle Loi sur les langues officielles», confirme la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy, dans un communiqué en réaction au rapport du commissaire.
«Nos communautés viennent de passer six ans à pousser la modernisation de la [Loi] dans un contexte d’urgence face au déclin du français, ajoute-t-elle. On n’a pas dépensé toute cette énergie pour ensuite devoir attendre encore des années avant que les institutions fédérales reçoivent leurs instructions.»
Plus de pouvoir, moins de transparence?
Avec de nouveaux pouvoirs viennent de nouvelles responsabilités. Le commissaire dit dans son rapport avoir «opté pour la médiation» comme approche pour régler des problèmes de respect de la loi.
François Larocque espère que des «paramètres de transparence» accompagneront cette médiation.
S’il fait de la médiation, dit-il, mais que ce n’est pas publié par la suite ou que les ententes ne sont pas connues, ça va à l’encontre de la transparence qui semble être souhaitée.
Questionné sur le sujet en conférence de presse, le commissaire n’a pas partagé ces inquiétudes : «L’objectif d’une médiation est de trouver une solution à une situation. Ça peut être quelque chose de très simple, comme changer les pancartes d’un édifice. L’idée est de résoudre le problème, ce n’est pas une question de négocier quoi que ce soit.»
Baisse des plaintes
Sauf en ce qui concerne la langue de travail, une baisse des plaintes a été enregistrée pour l’année 2023-2024.
En conférence de presse, le commissaire a expliqué que la nomination d’une gouverneure générale ne parlant pas le français et l’unilinguisme (anglais) du PDG d’Air Canada ont suscité une hausse dans ces chiffres en 2021-2022. D’après lui, en 2023, il n’y a pas eu d’évènement médiatique susceptible de provoquer une vague de plaintes.
Cette année, la majorité des plaintes jugées recevables provenaient de l’Ontario et du Québec. Si plusieurs explications sont possibles, François Larocque émet une hypothèse en particulier.
«Les problèmes de respect de la loi, on les constate partout au Canada, rapporte-t-il. Est-ce que les gens dans d’autres coins du pays ne sont pas conscients du mécanisme qui existe ou n’ont pas confiance que ça va aboutir? Je ne sais pas.»
Tout au long de leur cycle de vie, de l’extraction d’énergie fossile nécessaire à leur fabrication jusqu’à leur élimination, les plastiques représentent un danger.
L’océanographe Sarah-Jeanne Royer appelle à interdire en priorité les plastiques à usage unique.
«C’est un poison toxique», résume Sarah-Jeanne Royer, océanographe affiliée au Center for Marine Debris Research de l’Université Hawaii Pacific et membre de l’organisme Ocean Cleanup, dont l’objectif est de nettoyer les océans d’ici 2040.
À l’échelle de la planète, la production mondiale de plastique a plus que doublé entre 2000 et 2020 pour atteindre 460 millions de tonnes par an. Une quantité colossale qui devrait tripler d’ici 2060, selon les projections du Programme des Nations unies pour l’environnement.
Une très faible partie des déchets plastiques est recyclée – 9 % à l’échelle de la planète, 6 % au Canada. Plus de la moitié est enfouie dans des décharges ou incinérée. Le reste se retrouve dans l’environnement sous forme de fragments de macroplastiques, de microplastiques (taille inférieure à 5 millimètres) et de nanoplastiques (moins de 1 microgramme) à mesure qu’il se dégrade.
Ce sont les objets en plastique destinés à un usage unique qui connaissent la plus forte croissance de production.
«Ils représentent aujourd’hui 40 % de la production mondiale [des plastiques]. La priorité, c’est de les interdire, ça fera une grosse différence, avance Sarah-Jeanne Royer. Nous devons privilégier des produits plus durables, biodégradables, compostables.»
Les plastiques polluent tout au long de leur vie : avec le temps, les particules utilisées dans les bâtiments, les fibres textiles des vêtements ou la gomme des pneus se dégradent en micro et nanoplastiques et se retrouvent en suspension dans l’atmosphère.
Des millions de tonnes de déchets plastiques se retrouvent dans les océans. Cinq zones concentrant plusieurs milliers de tonnes de détritus en plastique ont été identifiées dans le Pacifique Nord et Sud, l’Atlantique Nord et Sud et l’océan Indien.
Une pollution hors de contrôle qui touche tous les recoins de la planète, jusqu’au sommet de l’Everest à plus de 8000 mètres d’altitude, dans la fosse océanique des Mariannes à 11 000 mètres de profondeur, dans les déserts, sur la banquise de l’Antarctique, etc.
En moins d’un siècle, l’humanité est devenue dépendante du plastique. Emballages alimentaires, jouets, vêtements, électronique, cosmétique, implants médicaux… Le plastique est partout. Il s’agit du troisième matériau le plus fabriqué dans le monde, après le ciment et l’acier. La Chine est à l’origine d’un tiers de la production mondiale.
Selon un récent rapport de Statistique Canada, le Canada a produit ou importé 7,1 millions de tonnes de plastique en 2020, une augmentation de 28 % par rapport à 2012. Les emballages représentaient près d’un tiers du plastique utilisé.
Toujours en 2020, près de cinq-millions de tonnes de plastique ont été jetées, principalement dans des décharges. Environ un sixième aurait été détourné pour être recyclé.
Le rapport évalue également qu’entre 2012 et 2020, près de 350 000 tonnes de plastique ont atterri dans la nature.
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Plus de 6 millions de tonnes de déchets plastiques aboutissent chaque année dans les milieux aquatiques, dont près de 2 millions de tonnes entrainées dans les océans par les cours d’eau.
Patrick Bonin de Greenpeace Canada alerte sur les dangers du plastique pour les écosystèmes marins.
Cinq grands gyres (tourbillons marins) concentrant plusieurs milliers de tonnes de détritus en plastique ont été repérés dans le Pacifique Nord et Sud, l’Atlantique Nord et Sud et l’océan Indien.
«Les microplastiques affectent la biodiversité marine, il y a des effets néfastes sur la croissance et la reproduction des organismes vivants, le plancton, les poissons, les oiseaux», observe Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.
Toute la chaine alimentaire est contaminée par ces microplastiques. On estime que chaque personne consommerait chaque semaine jusqu’à 5 grammes de plastique, soit l’équivalent d’une carte bancaire.
Qui plus est, les plastiques (plus de 4 000 polymères différents sont recensés) se composent d’une multitude de substances chimiques ajoutées par les industriels pour les colorer ou accroitre leur résistance à la lumière ou à la chaleur.
«Le plastique est inerte en soi, ce sont tous les additifs ajoutés qui sont dangereux et toxiques pour la santé humaine», appuie Sarah-Jeanne Royer.
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Une étude du Réseau international pour l’élimination des polluants organiques persistants a répertorié plus de 13 000 produits chimiques différents contenus dans les plastiques. Pour la moitié, les données toxicologiques font défaut. Pour l’autre moitié, 3200 sont jugés comme des substances extrêmement préoccupantes.
Sabaa Khan explique que 99 % des plastiques sont fabriqués à partir de combustibles fossiles.
Dans cette longue liste se trouvent des phtalates, des bisphénols, des PCB, des retardateurs de flamme bromés ou encore des polluants éternels, les PFAS. Ces dernières sont des molécules associées à de multiples effets délétères sur la santé : cancers, perturbations du système endocrinien, naissances prématurées, infertilité, obésité, maladies cardiovasculaires.
Le plastique participe également au réchauffement climatique. Selon Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki pour l’Atlantique et le Québec, «99 % du plastique est fabriqué à partir de combustibles fossiles, ce qui en fait une source importante d’émissions de gaz à effet de serre».
Un rapport publié le 12 avril par le Lawrence Berkeley National Laboratory réévalue à la hausse l’impact de la production de plastique sur le climat.
Si la production ne diminue pas de 12 % à 17 % par an à partir de 2024, elle fera dérailler à elle seule l’objectif de l’accord de Paris de maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 °C même si des progrès sont accomplis dans les autres secteurs fortement émetteurs en gaz à effet de serre – transports, agriculture, énergie… –, alertent les auteurs du rapport.
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Vent de douceur de l’Ouest
Pochette de l’album Victoires et défaites.
Une fraicheur nous vient des Rocheuses, une voix douce, qui nous interpelle comme un rendez-vous doux entre deux vieilles connaissances. Paul Cournoyer, bassiste auteur-compositeur-interprète originaire de Calgary, nous propose un deuxième opus solo : Victoires et défaites.
L’artiste franco-albertain résume l’ensemble de ses expériences pour nous offrir onze plages à saveur folk rock et pop-rock où jeux de guitares et trames de piano séduisent.
Paul Cournoyer a conçu des orchestrations dont la profondeur n’a d’égal que celle des textes proposés. Sa plume nous interpelle sur l’essentiel, la vérité, l’instant présent et l’intégrité.
Quelques moments forts de l’album comprennent C’est bien comme ça, qui nous rappelle que malgré les détours, l’important c’est nous. Parfois est une superbe ballade sur le futur et l’inconnu. Avec Ça coule dans notre sang, l’artiste visite également l’univers blues pour nous parler de nos racines et de notre destin. La pièce titre Victoires et défaites nous rappelle de son côté qu’il y a toujours un prix à la réussite et à la victoire.
Chansons traditionnelles revisitées
Prairie Comeau est la rencontre de deux excellents musiciens, maitres de leurs instruments. Benoit Archambault, jadis de la formation Mes aïeux, et Anique Granger, autrice-compositrice-interprète de la Saskatchewan, nous invitent dans le jardin de notre inconscient avec L’emprunt(e) vol.1.
Ce jardin est celui de la bonne chanson traditionnelle d’avant les années 1960. Un effort de sobriété vient ajouter une certaine profondeur au produit final. Les voix de Benoit Archambault et Anique Granger sont un velours pour l’ouïe, on s’en rend compte dès la première pièce du EP; Tout passe.
Pochette de l’album L’emprunt(e) vol.1.
La réussite de ce produit tient aussi aux arrangements proposés. De merveilleux musiciens accompagnent le duo, dont un certain Michel Lalonde de Garolou sur la magnifique chanson Comment veux-tu.
Un autre moment percutant est l’interprétation de la pièce Les amants malheureux. Benoit et Anique nous livrent le texte tout en chuchotement. Ils terminent cet EP en offrant une version à capella tout à fait magistrale de La chère maison.
Un devoir de souvenir, c’est ce que nous offrent Benoit Archambault et Anique Granger. Prairie Comeau effectue un travail de relecture remarquable d’une sélection de chansons traditionnelles inoubliables. L’emprunt(e) vol.1 est un moment de tendresse fort appréciable et on ne peut qu’attendre avec impatience le vol. 2.
Vingt ans de carrière
En guise de célébration pour ses quinze ans de carrière, l’auteur-compositeur-interprète acadien Joseph Edgar nous livrait un album double. 2004-2014 Point picot est une belle sélection des meilleures compositions de cet artiste.
Joseph Edgar est un artiste acadien, auteur de l’album 2004-2014 Point picot.
Comprenant deux disques, cette compilation nous rappelle de beaux souvenirs. L’artiste offre des classiques revisités, en version live et, bien entendu, quelques inédits. On retrouve ainsi les Jo, Jane et Jim, Espionne russe, Oh ma ma! et Y’a un train qui s’en vient et bien d’autres belles chansons.
Quant aux inédits, il y a Black Jetta Blues, qui offre un jeu de guitare captivant, Entre les craques (le calepin d’un flâneur partie II)), l’un des excellents textes de l’album, Mille requiems, une belle trame folk intéressante, et Loin, loin, loin, un petit texte vraiment touchant.
Joseph Edgar, ex-membre de la formation acadienne Zéro Degré Celsius, voulait sortir un album solo. S’attendait-il à une carrière aussi fascinante? Peu importe, l’important est qu’il est l’un des artistes acadiens les plus importants de sa génération.
2004-2014 Point picot est un point d’arrêt pour regarder le chemin parcouru afin de mieux continuer. Pour ses 20 ans de carrière, Joseph Edgar vient tout juste de nous offrir un nouvel album original, que l’on analysera sous peu.
«Nous sommes très satisfaits de l’enquête menée par le Programme du travail», déclare Nathan Prier, président de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) en entrevue avec Francopresse.
Le 25 avril, l’agente de santé et sécurité du ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux, Marie-Ève Bergeron Denis, a conclu que des dangers persistaient pour les employés du Bureau de la traduction lors des heures de travail.
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«Le fait d’être exposé à un effet Larsen lors de l’utilisation d’un casque d’écoute constitue un danger pouvant causer des blessures graves, écrit Marie-Ève Bergeron Denis dans une instruction envoyée à l’employeur. L’exposition répétée à l’effet Larsen peut créer des atteintes permanentes sur la santé auditive des interprètes.»
Pour Nathan Prier, l’ordonnance de l’agente de santé et sécurité est une victoire.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Nathan Prier affirme que ce sont plusieurs centaines d’accidents de travail que les interprètes ont rapportés en lien avec l’effet Larsen. «Ils ont enfin été entendus : c’est une menace sérieuse sur le lieu de travail.»
Néanmoins, il aura fallu attendre plus de quatre ans avant «de croire les interprètes», déplore le président.
Déclarer que l’effet Larsen est un danger offre aux membres et aux interprètes pigistes une protection additionnelle, ajoute-t-il.
Suite à la décision de l’agente de santé et sécurité, le président de la Chambre des communes, Greg Fergus, a partagé aux parlementaires par courriel lundi les pratiques à mettre en place pour protéger les participants lors des réunions.
Il est notamment question de garder les oreillettes en tout temps loin du microphone et de «rester à une distance constante du microphone lorsqu’on parle».
Ces pratiques exemplaires servent à prévenir l’effet Larsen, qui se produit principalement lorsqu’un microphone activé est à proximité d’une oreillette dont le volume est élevé.
Par ailleurs, le président de la Chambre des communes a annoncé dans ce courriel des changements techniques qui ont été apportés pour protéger les interprètes.
Par exemple, les oreillettes dans les salles de comité ont été remplacées par un modèle d’oreillette approuvé et des modifications ont été apportées à l’espace et l’équipement dans les salles de comité pour réduire les risques d’effet Larsen, en fonction des propriétés de la pièce.
Ce courriel a été favorablement accueilli par les membres de l’ACEP, qui représente 886 traducteurs, interprètes et terminologues. «Les interprètes ont besoin de ce genre d’allié», admet Nathan Prier, ajoutant que l’association a l’intention d’imposer ces règlements à chaque fois que les interprètes sont présents.
Le président de la Chambre des Communes, Greg Fergus, a envoyé un courriel aux députés pour rappeler les mesures à prendre lorsqu’on utilise le matériel d’interprétation.
Les pratiques imposées par le Programme du travail depuis le 29 avril semblent porter leurs fruits. «Tout le monde s’est conformé aux mesures […] Donc c’est très rassurant», annonce M. Prier.
Ces mesures permettront de non seulement protéger les interprètes, mais aussi d’éviter une suspension des travaux parlementaires.
Comme le rappelle Nathan Prier, la Loi sur les langues officielles oblige un échange simultané en français et en anglais. «C’est un grand problème s’il n’y a pas d’interprétation, on contrevient à la loi.»
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Pour Nathan Prier, c’est aussi un pas dans la bonne direction pour combler la pénurie de main-d’œuvre. «Une décision comme celle-là améliore les conditions pour tous les travailleurs à travers le pays et ailleurs. […] Comme nos membres sont capables de lutter pour leur propre santé et sécurité, je pense que ça va avoir des impacts sur le lieu de travail de tous les interprètes mondialement, mais surtout au Canada.»
Par ailleurs, dans un communiqué publié mardi, le Bureau de la traduction admet qu’elle reste préoccupée par les incidents qui continuent de se produire.
Dans cette optique, l’institution fédérale s’est dotée d’un plan d’amélioration continue pour protéger ses employés.
Ce plan inclut en 2024 une étude de l’Université Western sur la qualité perçue du son à la Chambre des communes, une étude de l’Université Laval sur la quantité de son (dosimétrie) reçue par les interprètes et une évaluation par l’Université d’Ottawa de l’évolution de la santé auditive des interprètes sur deux ans.
Le nombre d’heures de travail permises pour les étudiants étrangers passera de 20 à 24 heures par semaine à partir de l’automne 2024. C’est ce qu’a annoncé lundi le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada (IRCC), Marc Miller.
Pendant la pandémie de COVID-19, Ottawa avait mis en place une politique temporaire permettant aux étudiants de travailler plus de 20 heures par semaine hors campus. Cette politique n’avait pas été renouvelée ni prolongée et avait pris fin le 30 avril dernier.
«En autorisant les étudiants à travailler jusqu’à 24 heures par semaine, on s’assure qu’ils se concentrent principalement sur leurs études, tout en ayant la possibilité de travailler, si nécessaire», rapporte IRCC dans un communiqué.
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a été expulsé de la Chambre des communes après avoir tenu des propos jugés «non parlementaires» envers le premier ministre, Justin Trudeau.
La période de questions de mercredi a mené à l’expulsion du chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre.
Alors qu’ils débattaient sur la décriminalisation des drogues dures, Pierre Poilievre a utilisé le mot «wacko» [cinglé] pour décrire cette politique et le premier ministre Justin Trudeau.
Le président de la Chambre des communes, Greg Fergus, a demandé au député conservateur de retirer ces mots, ce qu’il a refusé de faire, les remplaçant par «radical» et «extrémiste».
Le président lui a alors demandé de quitter les lieux. M. Poilievre et les membres de son parti ont donc quitté la Chambre, puis les débats se sont poursuivis.
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Le Bloc québécois a appuyé la position de Greg Fergus. «Monsieur le président, je me permets de vous féliciter pour avoir fait preuve de gros bon sens», a lancé le chef du parti, Yves-François Blanchet, en Chambre.
«Les gens s’attendent à ce qu’on livre pour eux, qu’on travaille pour eux, et qu’on n’agisse pas comme des enfants, et le chef de l’opposition Pierre Poilievre doit arrêter d’agir comme un enfant», a lancé pour sa part la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en mêlée de presse, mercredi.
De son côté, sur son compte X (anciennement Twitter), Pierre Poilievre dit avoir été censuré alors qu’il s’exprimait sur la politique de Justin Trudeau.
BREAKING: Today the Liberal speaker censored me for describing Trudeau's hard drug policy as wacko.
— Pierre Poilievre (@PierrePoilievre) April 30, 2024
6 people dying from overdoses every day in BC is wacko.
Kids playing next to used syringes is wacko.
Nurses worried about breastfeeding after breathing in toxic drug fumes is…
Alors que les conservateurs demandent la démission de Greg Fergus, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, soutient qu’il fait toujours confiance au président de la Chambre des communes. «La situation qui s’est passée [mardi], montre que Pierre Poilievre et les conservateurs sont des intimidateurs», a-t-il lancé lors d’un point de presse.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a soutenu le budget du parti libéral, déposé le 16 avril dernier par la ministre des Finances, Chrystia Freeland.
Le vote a eu lieu en fin de journée mercredi et la motion pour le budget a été adoptée avec 172 votes pour et 150 contre.
Le Parti conservateur, le Bloc québécois et le Parti vert avaient déjà affirmé qu’ils voteraient contre le budget.
«Dans ce budget, [le NPD] a forcé le gouvernement de mettre en œuvre des éléments pour réduire les pressions sur les gens et qui vont donner un coup de main aux familles», a lancé Jagmeet Singh lors d’un point de presse, mercredi.
Toutefois, il soulève des inquiétudes face au budget fédéral, tel que la prestation pour les gens qui vivent avec un handicap et le financement accordé aux logements et l’infrastructure des communautés autochtones restent faibles.
«Ça veut dire que les communautés autochtones vont continuer de vivre dans des situations inacceptables», a ajouté le chef du NPD. «J’ai dit clairement au premier ministre [Justin Trudeau], je dois voir ces problèmes réglés.»
Santé Canada avait autorisé la décriminalisation des petites quantités de drogues dures dans la province de la Colombie-Britannique, au début de l’année 2023.
Toutefois, ce projet-pilote adopté pour une durée de trois ans a des conséquences qui n’avaient pas été anticipées par les acteurs politiques. La province demande à Ottawa de revoir cette politique.
Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a soutenu, dans un communiqué de presse datant du 26 avril, qu’il souhaite interdire la consommation de drogues illicites dans tous les espaces publics, tels que les hôpitaux, les transports en commun et les parcs.
«Notre priorité absolue est d’assurer la sécurité des personnes. Bien que nous soyons attentifs et compatissants à l’égard des personnes qui luttent contre la toxicomanie, nous n’acceptons pas les désordres de la rue qui font que les communautés ne se sentent pas en sécurité», a ajouté David Eby.
Une décision qui inquiète les défenseurs du projet pilote. «Sous couvert de mots vantant “l’empathie” de la province et de ses représentant·es, les actes, eux, montrent clairement que le bienêtre des plus précaires n’est pas une priorité, voire que ces derniers sont plutôt considérés comme une nuisance», dénonce le Centre communautaire francophone en Colombie-Britannique dans un communiqué.
Pour sa part, la ministre de la Santé mentale et des Dépendances du Canada, Ya’ara Saks, soutient que son ministère travaille de près avec la province tout au long du processus.
«À ce stade, nous avons demandé à la Colombie-Britannique des mises à jour et plus d’informations sur ce qu’elle nous a soumis, a-t-elle lancé en mêlée de presse mercredi. Nous comprenons qu’il s’agit d’une situation urgente, c’est pourquoi nous leur avons demandé de nous répondre de toute urgence, afin que nous puissions régler ce problème.»
Les fonctionnaires fédéraux pourront travailler moins d’heures à la maison chaque semaine.
La Secrétaire du Conseil du Trésor, Catherine Blewett, a annoncé mercredi que les fonctionnaires fédéraux retourneraient au bureau trois jours par semaine à partir du 9 septembre.
Des syndicats, dont l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) de la fonction publique, s’opposent à ce changement politique.
«L’Association s’oppose fermement à toute modification à la politique gouvernementale sur le retour au bureau qui entraine une augmentation du nombre de jours de présence obligatoire du personnel au bureau», indique-t-elle dans un communiqué.
L’ACEP ajoute d’ailleurs que l’organisme syndical n’a pas été consulté en lien avec ces changements.
«Nous nous joindrons à nos membres et à leurs collègues sur leur lieu de travail pour lutter contre cette décision qui fait fi du bon sens, a déclaré le président de l’ACEP Nathan Prier. Il est clair que le gouvernement manque de vision et de cohérence. Notre confiance n’a jamais été aussi faible, nous ne nous laisserons pas faire.»
Le premier ministre Justin Trudeau a accusé son adversaire Pierre Poilievre de «courtiser» des extrémistes et des nationalistes blancs.
L’échange du 30 avril a commencé par une question en Chambre de Pierre Poilievre sur la décriminalisation des drogues en Colombie-Britannique.
En guise de réponse, le premier ministre Justin Trudeau a accusé son adversaire de «courtiser» des extrémistes et des nationalistes blancs, une référence à la brève visite accordée par le chef conservateur à un groupe de manifestants le 25 avril, et lui a demander de dénoncer les «groupes extrémistes» comme Diagolon.
Après quelques échanges, Pierre Poilievre est revenu à la charge. «C’est une politique cinglée (wacko) de ce premier ministre cinglé», a lancé le chef de l’opposition officielle, acclamé par les députés de son rang.
Le président de la Chambre des Communes, Greg Fergus, a ensuite demandé à quatre reprises à M. Poilievre de «simplement retirer» les propos dans lesquels il s’était servi du mot «cinglé».
Mais à chaque fois, le chef conservateur n’a fait que changer le mot, tantôt pour «radical», tantôt pour «extrémiste».
À bout de patience, le président a cité le règlement et a demandé à M. Poilievre de quitter la Chambre. Les députés conservateurs se sont tous levés pour suivre leur chef et le débat en Chambre s’est poursuivi entre les partis restants.
«Je ne le vois pas comme un évènement isolé ponctuel, je le vois comme un phénomène plus large qui est symptomatique d’un Parlement qui ne fonctionne pas très bien», analyse Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa et chroniqueuse pour Francopresse.
Depuis quelque temps, les débats sont de plus en plus tendus, combattifs et agressifs, observe-t-elle.
Selon Geneviève Tellier, plusieurs facteurs peuvent expliquer l’évènement. Elle y voit aussi une faiblesse du Parlement actuel.
«Qu’est-ce qu’on fait avec le Parlement? Quel genre de discours veut-on donner? Ça fait des années que c’est empoisonné. On ne pose pas des questions et on ne répond pas aux questions, puis on laisse aller les choses.»
Selon la politologue, l’incident du 30 avril constitue la première réplique des conservateurs à la nouvelle stratégie des libéraux.
Pierre Poilievre joue souvent sur les émotions, remarque-t-elle. «Le Parti libéral a finalement dit “Ok, tu veux jouer sur les émotions, on va te suivre”. Jusqu’à présent, il résistait.»
Les tentatives d’associer Pierre Poilievre à des extrémistes et des nationalistes blancs de Justin Trudeau font partie de cette stratégie.
De son côté, Pierre Poilievre a rappelé les «costumes racistes» qu’a portés Justin Trudeau dans sa jeunesse, insinuant au passage que celui-ci avait déjà été un «raciste pratiquant». Il a également parlé de l’impact des drogues dures sur les infirmières qui allaitent leurs bébés en Colombie-Britannique.
J’ai l’impression que pour Pierre Poilievre, l’enjeu en ce moment c’est : «Ce n’est pas vrai que vous allez être plus émotif que nous. On va la gagner cette bataille-là.»
C’est donc, selon elle, cette compétition qui aurait mené la période de questions vers un échange aussi agressif.
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Le politologue Frédéric Boily croit que Greg Fergus est resté neutre au cours de l’échange.
Depuis l’évènement, les conservateurs remettent en question l’impartialité de Greg Fergus et demandent sa démission.
Pour Frédéric Boily, professeur de science politique au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, accuser Greg Fergus de favoritisme à l’égard des libéraux fait partie d’une stratégie plus grande.
M. Poilievre avance cette idée que «l’institution parlementaire, le président de la Chambre tout particulièrement, aurait un penchant libéral et ne serait pas complètement neutre. Par conséquent, il y a cette idée qu’on ne peut pas s’exprimer comme on le voudrait en Chambre [et] qu’il y a des tentatives de censure», analyse le politologue.
La CBC et les «universitaires de gauche», accusés de «wokisme» par les conservateurs, demeurent les cibles principales dans la lutte contre la censure menée par M. Poilievre, mais «le président de la Chambre se trouve un peu pris dans l’engrenage de tout ça», conclut-il.
Cheolki Yoon, professeur adjoint à l’École de communication sociale de l’Université Saint-Paul à Ottawa, fait remarquer que Pierre Poilievre a l’habitude d’utiliser des mots chocs.
Pour augmenter l’attirance de l’attention vers son propos, l’emploi d’un terme fort et offensif, ça peut s’aligner avec sa propre stratégie. Normalement, les expressions fortes, offensives, inhabituelles, cela attire plus d’attention […] Cet incident a été largement médiatisé.
Selon le professeur Cheolki Yoon, le débat sur la décriminalisation des drogues en Colombie-Britannique a été dilué par le jeu politique.
«Le vrai débat a été dilué», regrette le professeur, qui affirme que les partis politiques sont probablement déjà en campagne électorale.
Les élections ne sont pas encore déclenchées, dit le professeur Yoon, mais «le Parti conservateur a haussé la voix, intensifiant la critique envers le premier ministre Justin Trudeau».
Parmi les facteurs qui expliquent l’altercation du 30 avril, Geneviève Tellier mentionne les réseaux sociaux : «On cherche le fameux clip […] On fait un peu plus un spectacle, mais un spectacle encore plus court, plus pointu, plus punché. Ça donne peut-être le ton qu’on voit en ce moment à la Chambre des communes.»
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«Je pense que le style du chef y est pour beaucoup. Et ce n’est pas M. Poilievre qui va mettre la pédale sur le frein. Je pense qu’il aime ce style combattif», complète Geneviève Tellier.
D’après elle, les choses peuvent rapidement changer au Parlement avec un nouveau chef de parti.
Je fais toujours en ce moment le parallèle avec Paul St-Pierre Plamondon au Québec, qui lui a dit «moi je vais faire la politique différemment», il l’a fait différemment et ça fonctionne.
Sur la question du style, Pierre Poilievre a déjà été accusé par les libéraux d’être un «Trump canadien». «Ça n’a peut-être pas été aussi efficace qu’on pourrait le penser», estime Frederic Boily.
«Est-ce que là, ça va fonctionner de dire que [les libéraux] sont au-dessus de la mêlée pendant que Poilievre s’énerve et qu’il montre son côté pour le moins turbulent? Je n’ai pas l’impression que ça peut être une stratégie aussi gagnante. Ça pourrait le devenir si des épisodes se répétaient du côté de Pierre Poilievre et s’il commet de plus en plus de faux pas.»