le Lundi 10 novembre 2025

Bien que les résultats définitifs ne soient pas encore tous tombés au moment d’écrire ces lignes et que, tard dans la nuit, les enjeux étaient encore très serrés dans plusieurs circonscriptions, les Canadiens et Canadiennes ont porté un gouvernement libéral au pouvoir. Ce gouvernement sera sans doute minoritaire.

Les conservateurs ont tout de même gagné des sièges de plus par rapport à la dernière législature.

Dans son discours de victoire, Mark Carney a lancé que «si les États-Unis ne veulent plus jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondiale, le Canada le fera», ce qui a déclenché les applaudissements des militants et militantes du Parti libéral du Canada (PLC).

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Gains conservateurs chez les francophones

Selon le politologue Frédéric Boily, «les conservateurs se sont quand même bien débrouillés, un petit peu plus fort que ce qu’on pensait, […] notamment du côté de Terre-Neuve-et-Labrador».

En Ontario, les conservateurs ont remporté des circonscriptions francophones et remplacé des députés qui portaient les dossiers francophones lors de l’adoption de la nouvelle Loi sur les langues officielles, comme le libéral Marc Serré.

Ce dernier représentait Nickel Belt depuis 2015. Il a été battu à plates coutures par Jim Bélanger dans Sudbury-Est–Manitoulin–Nickelbelt, en Ontario.

Un conservateur francophone, Gaétan Mallette, remporte aussi la circonscription nord-ontarienne redécoupée de Kapuskasing–Timmins–Mushkegowuk, qui englobe une bonne partie de l’ancienne circonscription représentée par la néodémocrate Carol Hugues, vice-présidente sortante de la Chambre des Communes.

La conservatrice Laïla Goodridge a conforté son ancrage en Alberta dans la circonscription de Fort McMurray–Cold Lake.

Libéraux francophones élus en Ontario

Les Franco-Ontariennes Mona Fortier et Marie-France Lalonde ont été réélues dans leur circonscription respective d’Ottawa–Vanier–Gloucester et d’Orléans, et c’est Giovanna Mingarelli qui succède au Franco-Ontarien Francis Drouin dans Prescott–Russell–Cumberland, circonscription de l’Est ontarien.

Arielle Kayabaga, qui est devenue ministre pour la première fois dans le cabinet formé par Mark Carney en mars dernier, est réélue dans London–Ouest, dans le sud-ouest de l’Ontario.

Dominique O’Rourke fera son entrée à la Chambre des communes comme la première Franco-Ontarienne à représenter la circonscription de Guelph, aussi dans le sud de la province. La fondatrice du Réseau francophone de Guelph succède ainsi au libéral Lloyd Longfield.

Deux ministres acadiens réélus

Les ministres libéraux sortants Dominic LeBlanc et Ginette Petitpas Taylor ont été réélus au Nouveau-Brunswick. La province accueille une nouvelle recrue libérale dans Madawaska–Restigouche : Guillaume Deschênes-Thériault.

Ce dernier succède au libéral René Arseneault, qui représentait la circonscription depuis 2015. M. Arseneault a présidé le comité permanent des Langues officielles pendant environ quatre ans.

«Les gens sont fous»

Jusqu’à tard dans la soirée, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, était en voie de perdre son siège.

La défaite de Pierre Poilievre dans Carleton a été confirmée tôt mercredi matin.

Après 20 ans de politique fédérale et malgré la défaite de son parti, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre a réaffirmé son engagement auprès des Canadiens. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse 

Pierre Poilievre a pris la parole devant ses partisans vers 1 h du matin. Il a concédé la victoire à Mark Carney, sous les huées de la salle, et a déclaré qu’il entendait rester à la tête de son parti.

«Ce sera un grand honneur de continuer à me battre pour vous, pour les valeurs conservatrices pour lesquelles vous avez voté et pour continuer d’avancer la promesse du Canada pour avoir une belle vie», a-t-il lancé, devant à peine quelque 200 personnes dans une salle prévue pour plus du double. 

Il dit tirer une «leçon de cette soirée» pour viser «de meilleurs résultats la prochaine fois que les Canadiens décideront». 

«Ils ont opté pour un gouvernement avec une très courte majorité», a-t-il souligné. 

Pierre Poilievre a aussi félicité les candidats de tous les autres partis, qui ont «participé au processus démocratique».

Les centaines de partisans qui parsemaient la salle bleue, aux couleurs du Parti conservateur du Canada, à Ottawa lundi soir, sont rapidement partis lorsque l’annonce de la défaite de Pierre Poilievre se profilait. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Le soir de l’élection, le Parti conservateur a essuyé un revers majeur, qu’un partisan conservateur déplore amèrement : «Le Canada nous a failli. Les gens sont fous.» Ce dernier dit voter conservateur pour éviter «la hausse du cout de la vie».

Ancien «combattant de la liberté lors du Convoi des camionneurs à l’hiver 2022», Mathieu, originaire de Timmins en Ontario, affirme que ce sera la «catastrophe» sous Mark Carney. Il répète les slogans de Pierre Poilievre et part rejoindre la salle où le chef conservateur était attendu pour faire son discours. 

La dégringolade du NPD

De son côté, le NPD n’a pas obtenu assez de sièges pour avoir le statut de parti officiel. Même son chef, Jagmeet Singh, n’a pas réussi à se faire élire dans sa circonscription de Burnaby-Centre, en Colombie-Britannique, où il est arrivé troisième.

Jagmeet Singh a annoncé qu’il quittait le poste de chef du NPD lors d’un discours empreint d’émotions, qu’il a prononcé entièrement en anglais, avant d’ajouter «merci infiniment». 

Il a félicité Mark Carney pour la victoire. «Ça a été l’honneur de ma vie de représenter Burnaby-Centre. Ils ont choisi un nouveau membre pour le parlement et je leur souhaite le meilleur.»

La défaite historique du NPD s’est étendue à la francophone Nikki Ashton, qui représentait la circonscription rurale de Churchill–Keewatinook Aski, au Manitoba, depuis 2008. C’est la libérale Rebecca Chartrand qui lui succède.

Actualisez la page périodiquement pour voir les plus récentes informations.

00 h 45

Le chef néodémocrate Jagmeet Singh démissionne

Le chef néodémocrate Jagmeet Singh a connu une défaite crève-coeur, terminant en troisième place dans la circonscription de Burnaby-Centre (C.-B.). Dans la foulée, il a annoncé qu’il quittait le poste de chef du NPD.


00 h 30

Les libéraux occupent tout Winnipeg, sauf une circonscription remportée par le NPD

Le ministre libéral de l’Environnement et du Changement climatique lors de la dissolution du gouvernement, Terry Duguid, conserve son siège de Winnipeg-Sud (Man.), devant la conservatrice Janice Morley-Lecomte. Les libéraux Ben Carr dans Winnipeg-Centre-Sud, Kevin Lamoureux dans Winnipeg-Nord et Doug Eyolfson dans Winnipeg-Ouest ont tous été élus. La circonscription de Winnipeg Centre, quant à elle, a été remportée par la néodémocrate Leah Gazan.


00 h 20

La néodémocrate Niki Ashton perd son siège au Manitoba

La critique sortante pour les langues officielles du Nouveau Parti démocratique, Niki Ashton, a perdu la circonscription de Churchill–Keewatinook Aski, dans le Nord du Manitoba, aux mains de la libérale Rebecca Chartrand. Niki Ashton siégeait au Comité permanent sur les langues officielles.


00 h 10

Sudbury (Ontario) reste aux mains des libéraux

La députée libérale sortante Viviane Lapointe a réussi à conserver un point rouge dans le Nord-Est de l’Ontario. Elle a devancé le candidat conservateur Ian Symington. Mme Lapointe a été élue pour la première fois en 2021.


23 h 53

Le rouge vire aussi au bleu dans une autre partie du Nord ontarien

Dans Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt (Ont.), le libéral Marc Serré a perdu son siège dans la nouvelle circonscription du Nord de l’Ontario. Connaisseur des dossiers liés à la francophonie minoritaire, il laisse son siège aux Communes au conservateur Jim Bélanger, qui remporte cette course avec plus de 50 % des voix. 

Dans cette circonscription, 31,6 % de la population a le français comme langue officielle parlée.


23 h 50

Les conservateurs s’emparent d’une partie du Nord de l’Ontario

Le candidat conservateur Gaétan Malette remporte la circonscription de Kapuskasing–Timmins–Mushkegowuk. Cette nouvelle circonscription était orange avant la dissolution de la chambre, puisqu’elle comprend des secteurs de Timmins–Baie James, ancienne circonscription du néodémocrate Charlie Angus, et d’Algoma–Manitoulin–Kapuskasing, occupée par la néodémocrate Carol Hughes depuis 2008.


23 h 16

La conservatrice bilingue Laïla Goodridge l’emporte en Alberta

La francophile Laïla Goodridge a remporté sa circonscription de Fort McMurray–Cold Lake en Alberta avec plus de 79 % des voix d’avance sur son adversaire, la libérale Kaitlyn Staines.

Dans cette circonscription, 2,9 % de la population a le français comme langue officielle parlée.


23 h 08

Yellowhead : un nouveau venu conservateur en Alberta

La circonscription redessinée de Yellowhead (Alb.) accueille le conservateur William Stevenson, qui bat le libéral Michael Fark à plates coutures avec 80,4 % contre 14,8 % des voix.

Le NPD ne récolte que 2,8 % des voix en la personne d’Avni Soma.

Dans cette circonscription, 2,9 % de la population a le français comme langue officielle parlée.


23 h 05 

La Franco-Ontarienne Marie-France Lalonde réélue

Députée libérale depuis 2019, Marie-France Lalonde est réélue dans la circonscription ontarienne d’Orléans (Ont.), où 34,8 % de la population a le français comme première langue officielle parlée.


23 h 03

La ministre libérale sortante Patty Hadju confirmée dans Thunder Bay–Supérieur-Nord (Ont.)

Élue pour la première fois en 2015, la ministre libérale des Services aux Autochtones sous Justin Trudeau et Mark Carney a remporté la bataille avec 52,1 % des votes, contre le conservateur Bob Herman, qui récolte 35,2 % des votes. La candidate du NPD, Joy Wakefield, ne récolte que 10 % des suffrages.

Dans cette circonscription, 3,8 % de la population a le français comme langue officielle parlée.


23 h 

Ontario : Eric Duncan réélu

Le conservateur Eric Duncan réélu dans la circonscription ontarienne de Stormont–Dundas–Glengarry, dont environ 19 % de la population a le français comme première langue officielle parlée.


22 h 44 

Le bleu l’emporte haut la main à Prince Albert (Sask.)

Le conservateur Randy Hoback conserve son siège dans la circonscription francophone de Prince Albert (Sask.), avec 66,5 % des voix, laissant loin derrière ses rivaux, le libéral Christopher Hadubiak (21,2 %) et la néodémocrate Virginia Kutzan (12,3 %). 

Dans cette circonscription, 1,9 % de la population a le français comme langue officielle parlée.


22 h 45

Ontario : Prescott–Russell–Cumberland demeure rouge

La candidate libérale Giovanna Mingarelli est élue dans cette circonscription, où 58,7 % de la population a le français comme première langue officielle parlée. Elle succède au libéral Franco-Ontarien Francis Drouin, qui a annoncé qu’il quittait la politique fédérale en juillet 2024.


22 h 35

Mona Fortier réélue en Ontario

La députée libérale franco-ontarienne Mona Fortier conserve son siège dans la circonscription d’Ottawa–Vanier–Gloucester (Ont.), où environ 30 % de la population a le français comme première langue officielle parlée.


22 h 32

Un conservateur réélu au Manitoba

Le conservateur Ted Falk conserve son siège dans la circonscription de Provencher. Élu depuis 2013, le député remporte 68 % des suffrages exprimés, avec une avance de 1 489 voix sur le libéral Trevor Kirczenov (22,7 %) et le néodémocrate Brandy Schmidt (5,2 %). 

Dans cette circonscription, 8,5 % de la population a le français comme langue officielle parlée.


22 h 34 

Mark Carney élu dans sa circonscription

Le chef libéral Mark Carney est élu pour la première fois à la Chambre des communes dans la circonscription de Nepean, à Ottawa.


22 h 20

David McGuinty réélu en Ontario

Le ministre sortant de la Sécurité publique, qui a accédé au cabinet pour la première fois en décembre 2024, David McGuinty est réélu dans la circonscription d’Ottawa-Sud (Ont.), où plus de 16 % de la population a le français comme première langue officielle parlée. 


22 h 12

Les libéraux gagnent 30 minutes après la fermeture des derniers bureaux au pays

Résultats préliminaires : 128 libéraux contre 89 conservateurs. Il reste à savoir si les libéraux formeront un gouvernement majoritaire.

À lire aussi : Le prochain gouvernement sera libéral (Le Droit)


21 h 50

Le candidat libéral réélu dans Egmont (Île-du-Prince-Édouard)

Député depuis 2015, le député libéral sortant Robert Morrissey conserve son siège dans Egmont, à l’Île-du-Prince-Édouard.

L’Île-du-Prince-Édouard est d’ailleurs entièrement rouge.


21 h 45

Guillaume Deschênes-Thériault élu au Nouveau-Brunswick

L’ancien chroniqueur de Francopresse est élu pour la première fois au gouvernement fédéral sous la bannière libérale dans la circonscription de Madawaska–Restigouche. Il bat son adversaire conservateur, Michel Morin, après une course très serrée.

Guillaume Deschênes-Thériault succède ainsi au libéral René Arseneault, qui représentait la circonscription depuis 2015. M. Arseneault a présidé le comité permanent des Langues officielles pendant environ quatre ans.


21 h 15

Nouvelle-Écosse : un bleu et un rouge

Le libéral Jaime Battiste conserve son siège dans Cape Breton–Canso–Antigonish (N.-É.), où la course a été serrée entre libéraux et conservateurs. M. Battiste était secrétaire parlementaire depuis décembre 2021.

Le conservateur Chris d’Entremont demeure député d’Acadie–Annapolis (N.-É.), où la course était aussi serrée. Dans cette circonscription, 13 % de la population a le français comme première langue parlée.



20 h 40

L’Acadienne Ginette Petitpas Taylor réélue au Nouveau-Brunswick

Présidente sortante du Conseil du trésor et ancienne ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor conserve son siège dans Moncton-Dieppe (N.-B.), où plus de 34 % de la population a le français comme première langue officielle parlée. Élue depuis 2015, elle récolte ce soir une majorité écrasante dans sa circonscription.



20 h 30

L’Acadien Dominic LeBlanc réélu au Nouveau-Brunswick

Radio-Canada dit que le ministre sortant du Commerce international et des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, conserve son siège dans Beauséjour (N.-B.), où plus de 60 % de la population a le français comme première langue officielle parlée.

Son adversaire conservatrice, Nathalie Vautour, arrive en deuxième position.


19 h 45

Les libéraux en avance dans Egmont (Î.-P.-É.)

Résultats préliminaires : Le député libéral sortant Robert Morrissey devrait garder son siège dans Egmont, à l’Île-du-Prince-Édouard. En deuxième place se trouve le candidat conservateur Logan McLellan. Le candidat vert dépasse le néodémocrate, qui arrive en dernier, selon les résultats préliminaires.

Dans cette circonscription, 6,8 % de la population a le français comme première langue officielle parlée.


19 h 30

Les libéraux en avance dans St. John’s-Est (T.-N.-L.)

Résultats préliminaires : La circonscription de St. John’s-Est, à Terre-Neuve-et-Labrador, s’annonce rouge. La ministre libérale des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Joanne Thompson, conservera vraisemblablement son siège.

Dans cette circonscription, 1,9% de la population a le français comme langue officielle parlée.

Le doyen de la Faculté de théologie de l’Université Saint-Paul à Ottawa, Michel Andraos, souligne que le pape François, décédé le 21 avril, s’est présenté comme un réformateur dès le départ et il a travaillé sur cette vision jusqu’à la fin.

«La dernière semaine avant sa mort, il parlait de la réforme de toutes les notions apostoliques et la réforme de la représentation politique du Vatican […] parce qu’elles jouent un rôle majeur dans la nomination des évêques», explique le professeur.

Il a tenté de se rapprocher des personnes qui sont dans la «marge», c’est-à-dire des personnes qui sont parfois oubliées ou ignorées. «Il est allé rencontrer les réfugiés politiques, les migrants qui sont des victimes de nos systèmes de gestion au niveau mondial.» Il a aussi tenté de faire une plus grande place aux femmes dans des rôles de responsabilités dans l’Église.

Ses prises de position dépassaient l’Église et la religion catholique. Il a critiqué le capitalisme pour ses effets sur l’environnement, demandé la fin de la guerre en Ukraine, signé le Document sur la fraternité humaine avec le Grand Imam Ahmed al-Tayeb, pour ne nommer que ces quelques actions.

À lire : Les excuses du pape François et l’histoire du colonialisme (chronique)

Le premier ministre Justin Trudeau, le pape François et la gouverneure générale Mary Mary Simon à la cérémonie d’accueil du pape au Canada, le 24 juillet 2022, à Edmonton. 

Photo : Vienna Doell – Le Franco (Archives)

Plus de bonnes intentions que d’actions

Michel Andraos se garde bien d’idéaliser le pape François. Ce dernier a aussi fait des déclarations controversées. De plus, les excuses officielles aux Premières Nations du Canada pourraient ne mener à aucune amélioration.

Près de trois ans après la visite du pape au Canada, l’analyse du professeur n’a pas changé : «On n’a pas la structure, il n’y a pas assez de gens dans les églises, même s’il y a eu des consultations pendant les deux dernières années. Mais on n’a pas la capacité, on n’a pas des personnes formées. Qui va mener, gérer ces réformes?», s’interroge celui qui est également coordonnateur du Centre vérité et réconciliation de l’Université Saint-Paul.

La moyenne d’âge des ecclésiastiques canadiens est élevée et très peu de jeunes, qui pourraient être plus ouverts à mettre en place de nouvelles pratiques, se préparent à l’ordination.

Il y a beaucoup de frustrations parmi les ainés autochtones, chrétiens et catholiques avec qui nous sommes en contact [à l’Université Saint-Paul], parce qu’ils sont un peu déçus. […] Il n’y a pas de place pour leurs rites à l’intérieur de l’Église

— Michel Andraos

«Il y a beaucoup de résistance de toutes les instances à l’intérieur du Vatican même», ce qui ralentit toute tentative de réforme, note Michel Andraos. 

Photo : Courtoisie

Pourtant, selon Michel Andraos, le pape François tentait de décoloniser l’Église et la théologie. C’était l’un des objectifs de ses excuses, mais aussi d’autres actions et déclarations concernant les populations autochtones de l’Amérique centrale et du Sud.

La décolonisation n’a cependant pas encore pris son envol. «Il y a de bonnes intentions ici et là, en attendant, un autre sujet prend priorité, et là on oublie et on continue. Mais donc il y a un manque structurel à l’intérieur de l’Église», ce qui fait qu’elle ne peut pas répondre à la demande.

Malgré cela, le passage du pape François au Canada a tout de même semé des lueurs d’espoir. Par exemple, si le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada «a donné la permission» d’avoir des programmes d’enseignement par les ainés autochtones dans les écoles de théologie, les excuses du pape ont donné «le mandat de le faire.»

«Mais on est loin, même avec tous ces efforts, de répondre d’une manière systématique, programmatique à long terme qui va vraiment garantir un changement d’après cette vision et pas seulement [servir] de Band-Aid.» Michel Andraos ne croit pas voir de résultats concrets de son temps.

À lire : Les évêques «manquent de capacités» pour la réconciliation

Un autre héritage à géométrie variable

Les déclarations variées de François 1er à propos des personnes homosexuelles ou membres de la communauté 2ELGBTQIA+ ont également provoqué des réactions mitigées.

Assez tôt dans son mandat, il avait laissé présager un changement d’attitude de l’Église en déclarant : «Si une personne est homosexuelle, qu’elle est en quête de Dieu et qu’elle a de la bonne volonté, qui suis-je pour la juger?»

L’ouverture reste cependant très limitée. Le pape n’appuyait pas pour autant les unions de même sexe. Il a permis le baptême des personnes trans, mais a rejeté la «théorie du genre».

Les associations représentant la communauté 2SLGBTQIA+ contactées par Francopresse ont préféré ne pas commenter le legs de François 1er. Le Comité FrancoQueer de l’Ouest, situé à Edmonton, a tout de même répondu par écrit en précisant qu’il «n’est pas un organisme spécialisé en questions religieuses».

«Nous compatissons avec les personnes qui pleurent la mort du pape François. Cela dit, nous rappelons que l’Église catholique demeure une institution dont l’héritage envers les personnes 2ELGBTQIA+ est lourd : tolérance des thérapies de conversion, exclusion des femmes du sacerdoce, rejet des identités trans et persistance d’une doctrine qui qualifie l’homosexualité “d’intrinsèquement désordonnée”».

«Il nous semble prématuré de parler de réelle ouverture tant que ces fondements demeurent inchangés.»

À lire : Purge LGBT au Canada : en parler «pour ne pas que l’histoire se répète»

En 2021, plus d’une personne sur dix au Canada avait déjà été en situation d’itinérance dans leur vie. Les Autochtones étaient près de trois fois plus susceptibles de faire partie de ce groupe. Et parmi les personnes qui se sont déjà retrouvées dans la rue, 44 % d’entre elles l’avaient été pour la première fois lorsqu’elles avaient moins de 25 ans.

Les personnes âgées ne sont pas épargnées par la crise du logement. En 2024, une étude recensait que la proportion des 50 ans ou plus ayant recours à des refuges était en hausse.

Voici une liste non exhaustive de promesses des partis politiques.

À lire aussi : Crise du logement : solutions d’ici et d’ailleurs

Personnes itinérantes

Pour sortir les gens de la rue, le Bloc Québécois «exigera l’augmentation, la pérennisation et l’indexation du financement en itinérance, en arrimage avec la stratégie québécoise et sans condition», lit-on dans sa plateforme.

Dans la veine de son slogan «Canada d’abord», la plateforme du Parti conservateur du Canada (PCC) met de l’avant une approche axée sur le «logement d’abord» dont l’objectif est «d’éliminer l’itinérance pour que les personnes en situation d’itinérance puissent avoir un lieu de vie stable». Accélérer la construction de logements et augmenter la densité font partie du plan conservateur.

Le chef, Pierre Poilievre, souhaite donner aux policiers le pouvoir de démanteler les campements d’itinérants.

L’itinérance n’est pas explicitement mentionnée dans la plateforme du Parti libéral du Canada (PLC), mais la construction de logements et le soutien au logement abordable figurent dans les promesses formulées.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) propose la création d’un «Fonds pour les communautés en premier». Les provinces qui voudront recevoir de l’argent de ce Fonds devront proposer une stratégie de sécurité du logement pour mettre fin aux campements et à l’itinérance.

Le Parti vert du Canada (PVC) estime que son programme «mettra fin» à l’itinérance d’ici dix ans. La première étape : inscrire dans les lois fédérales que le logement est un droit humain et déclarer que l’itinérance est une urgence nationale.

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Jeunes et personnes âgées

Le Bloc Québécois promet qu’il «exigera que la SHCL [Société canadienne d’hypothèques et de logement] offre l’assurance prêt hypothécaire aux résidences pour personnes âgées de moins de 50 unités, hors des grands centres, et investisse dans la rénovation de celles-ci».

Le parti souhaite ainsi «favoriser le maintien des ainés dans leur communauté d’appartenance».

Le Bloc promet aussi de soutenir le remboursement de la TPS sur les maisons neuves pour les premiers acheteurs. Il veut aussi aider ceux-ci à financer leur mise de fond en proposant une «aide fédérale majeure aux acheteurs d’une première propriété de valeur raisonnable», et potentiellement permettre aux parents de décaisser de leurs REER pour contribuer à la mise de fonds de leurs enfants sans payer d’impôts.

Les campements d’itinérants ont augmenté depuis la pandémie de COVID-19. La hausse a été particulièrement marquée dans les communautés rurales, selon des données du gouvernement canadien

Photo : Marine Ernoult – Francopresse

Le PCC veut faciliter l’accès à la propriété pour les jeunes, notamment en éliminant la taxe sur les produits et services (TPS) pour les logements neufs dont la valeur est inférieure à 1,3 million de dollars. La plateforme du parti stipule que «les ainés doivent choisir entre se chauffer ou manger», mais ne précise pas de mesures en logement pour ainés.

Le PLC éliminerait la TPS pour les acheteurs et acheteuses d’une première maison dont le prix est inférieur ou égal à 1 million de dollars. Pour les personnes âgées, il mise sur un meilleur accès au logement abordable.

Un gouvernement néodémocrate élargirait l’accès à la propriété «en libérant le pouvoir financier» de la SCHL afin d’offrir des prêts hypothécaires à faible taux d’intérêt garanti par l’État. En même temps, le parti serrerait la vis aux locateurs en interdisant les «rénovictions» et d’autres «pratiques prédatrices des propriétaires visant à évincer les locataires de leur logement et à augmenter les loyers».

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Les jeunes sont souvent locataires. Le NPD et le PVC proposent tous les deux un contrôle des loyers; un contrôle qui serait national dans le cas néodémocrate, mais plutôt exercé par chaque province ou territoire dans le cas des verts.

Ces derniers proposent d’augmenter le financement fédéral destiné aux refuges pour jeunes et aux logements de transition ainsi que de «soutenir» les modèles de logement coopératif pour les jeunes.

Aux personnes âgées, le PVC promet d’offrir des logements «surs et abordables» et d’élargir des programmes de rénovation domiciliaire. Le parti promet aussi de soutenir les programmes de partage de logement et d’autres solutions de logement abordable pour aider les ainés et ainées à continuer d’habiter dans leur domicile et dans leur communauté.

Autochtones 

Comme indiqué dans sa plateforme, le Bloc québécois proposera des investissements en «logement résilient» dans les communautés nordiques. Il promet aussi de «soutenir» ces communautés face au dégel du pergélisol, qui accentue les besoins de rénover les logements.

En 2019, l’ONU dénonçait les conditions de logement «abominables» dans lesquelles vivent des communautés autochtones. Photo de construction de logements familiaux dans la réserve Black Sturgeon, au Manitoba, en 2019. 

Photo : Ph Gorzen – Wikimedia Commons

Le PCC promet dans sa plateforme de donner un «accès direct» à des fonds pour des projets de logement dirigés par les Autochtones. Le parti prévoit aussi inclure les communautés autochtones dans les objectifs nationaux en matière de logement.

Le PLC s’engage à élargir l’accessibilité au logement pour les acheteurs et acheteuses d’une première maison et pour les Autochtones. Il promet également d’appuyer la construction de logements abordables – notamment pour la population étudiante, les personnes âgées, les Autochtones et les personnes handicapées – et de refuges.

Dans son programme, le NPD propose une approche «par et pour» les Autochtones accompagnée d’«investissements de plusieurs milliards de dollars» en logement. Au Nunavut, il promet de soutenir la construction de 3000 logements d’ici 2030.

Le PVC veut créer une Stratégie de logement par et pour les Autochtones, qui inclurait un financement stable plutôt que des programmes ponctuels de financement. Il veut transférer des terrains fédéraux à des organismes de logement dirigés par des Autochtones. Les verts proposent aussi de financer directement, hors marché, des projets de logement autochtones.

À lire aussi : Élection fédérale : les promesses des partis pour sortir de la crise du logement

René Arseneault, député libéral sortant de la circonscription Madawaska—Restigouche au Nouveau-Brunswick, Alupa Clarke, député conservateur de la circonscription de Beauport—Limoilou au Québec de 2015 à 2019, et Carol Hughes, députée néodémocrate sortante de la circonscription d’Algoma—Manitoulin—Kapuskasing, répondent aux questions de la journaliste parlementaire Inès Lombardo.

Les trois personnalités politiques ont discuté du débat sur les enjeux en francophonie minoritaire, de l’incidence de Donald Trump sur la campagne et des observations qu’elles ont faites dans leur coin de pays au cours des dernières semaines. Les échanges sympathiques les ont même menées à féliciter ou à critiquer les autres partis tout autant que le leur.

À voir : Élection fédérale : débat sur les enjeux francophones

«L’extinction de la biodiversité, la montée des eaux vont au-delà de ce qui se passe aux États-Unis. Tarifs ou non, chaque été, la planète devient de plus en plus chaude», lâchait en entrevue avec Francopresse un électeur francophone.

D’après un sondage réalisé en mars, 67 % de la population canadienne estime que le prochain gouvernement fédéral doit prioriser l’action climatique et la protection de la nature.

Pourtant, et ce malgré les appels d’une centaine d’élus municipaux – comprenant le maire de Jasper, en Alberta, ravagée par les feux de forêt l’an dernier – et les questions de groupes environnementaux adressées aux principaux partis fédéraux, les questions de climat ont été largement absentes pendant cette campagne électorale, ou presque.

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«C’est un recul»

Entre les deux principaux enjeux du moment, soit le cout de la vie et les tensions avec les États-Unis, Hugo Séguin, conseiller principal chez COPTICOM, une firme de relations publiques spécialisée en environnement, n’est pas surpris que l’environnement passe au second plan de cette élection «exceptionnelle».

«La posture actuelle du gouvernement fédéral américain et son hostilité envers toutes mesures mises en place pour protéger l’environnement ont des répercussions à l’extérieur des frontières américaines», dit Hugo Séguin de COPTICOM. 

Photo : COPTICOM – Jo Hamel

«On parle très très peu d’environnement dans cette campagne et on en parle de façon négative.» Il cite le développement de projets de transport d’hydrocarbures ou la fin de la tarification du carbone pour les consommateurs, premier geste posé par le premier ministre Mark Carney. «C’est un recul au niveau des politiques environnementales», assène-t-il.

«L’arrivée de projets pour faire du Canada une superpuissance énergétique, c’est bien quand c’est une superpuissance énergétique verte, mais dans la mesure où le premier ministre Carney a inclus aussi les [énergies] fossiles, c’est difficile à réconcilier avec une forte volonté de lutter contre les changements climatiques.»

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Il souligne néanmoins le fait que tous les partis fédéraux – à l’exception du Parti conservateur – proposent «des plateformes environnementales quand même étoffées».

Mais l’exception ne fait pas la règle.

«On en parle sans en parler»

«On voit que l’industrie des énergies fossiles se saisit de la crise actuelle pour ressortir ses vieilles recettes, c’est-à-dire de mettre de l’avant les pipelines et les projets d’industrie fossile», dit Andréanne Brazeau de la Fondation David Suzuki. 

Photo : Courtoisie

«On n’est pas dans la campagne de 2019 qui était pratiquement une élection dont la question de l’urne était l’environnement, mais [l’environnement] est interrelié avec tellement d’autres dossiers», remarque de son côté l’analyste principale des politiques pour le Québec à la Fondation David Suzuki, Andréanne Brazeau.

Pour elle, l’environnement a bel et bien été présent pendant cette campagne, mais de manière indirecte : «On en parle sans en parler.»

«On sait que l’environnement et le climat, c’est absolument lié au cout de la vie parce que plus les changements climatiques s’accélèrent, plus cela a des impacts sur ce qui nous fait vivre», explique-t-elle.

L’environnement regroupe en outre une multitude de sujets – pollution, biodiversité, climat… – et, selon elle, cette question mériterait d’être davantage décomposée.

«Quand il y a des sondages sur les priorités électorales des gens, on ne parle pas simplement d’économie; ça va être le cout de la vie, les inégalités entre les classes, etc., il y a comme un niveau de précision qui n’est pas là pour l’environnement», illustre la spécialiste.

Économie versus environnement

«Déjà dans les semaines qui ont précédé la campagne, on a parlé énormément d’enjeux énergétiques […], mais de façon purement économique, sans peut-être considérer que les enjeux environnementaux sont transversaux», souligne l’analyste en politiques climatiques et énergétiques chez Équiterre, Charles-Édouard Têtu.

«Pendant la campagne, autant dans les médias que du côté des différents partis qui souhaitent constituer le prochain gouvernement, l’environnement est complètement laissé de côté», déplore Charles-Édouard Têtu chez Équiterre.

Photo : Courtoisie

Pour lui, on peut répondre aux crises du cout de la vie ou du logement «par des politiques climatiques ambitieuses» : «On a peut-être perdu de vue que la crise climatique a un impact concret sur les dépenses des familles.»

Quand les gens pensent priorité, ils pensent : «Qu’est-ce qu’il va faire dans mon portefeuille aujourd’hui», relève le professeur agrégé au département de politique et de relations internationales de l’Université Mount Allison, au Nouveau-Brunswick, Mario Levesque. Avec en ligne de mire les factures de la fin du mois plutôt qu’une échéance à 30, 50 ans.

«Ils ont beaucoup peur. Ils ont peur que la guerre économique continue. “Est-ce que je vais avoir une job? Qui va payer le loyer, qui va payer l’hypothèque?”»

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Manque de clarté

Charles-Édouard Têtu explique que les électeurs ont parfois du mal à voir en quoi les politiques environnementales les concernent directement. Selon lui, les partis devraient faire preuve de plus de pédagogie et parler des couts de l’inaction environnementale. «Peut-être que c’est moins tentant de parler d’investissement en adaptation, mais l’argent qu’on investit aujourd’hui fait en sorte que ça nous coute moins cher dans l’avenir.»

«Les partis ont en général des engagements qui demeurent trop flous et trop timides», considère Andréanne Brazeau. Elle estime que l’électorat a besoin de plus de clarté.

Le Canada s’est engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Ce qu’il nous faut, ce sont des plans clairs pour y arriver. On n’a pas parlé de ce qui pourrait remplacer la tarification du carbone et ça, c’est une grande lacune de la campagne.

— Andréanne Brazeau, analyste principale des politiques pour le Québec à la Fondation David Suzuki

«On a toujours besoin d’une catastrophe avant que le gouvernement agisse. Ce n’est pas une bonne manière pour avancer ou gouverner. Il est juste comme des pompiers. Il voit un feu, ok, il y va et il essaie de l’éteindre. Mais ça ne nous donne pas des plans à long terme», complète Mario Levesque.

Selon le politologue Mario Levesque, le fait de ne pas axer cette élection sur l’environnement relève aussi d’un calcul électoral des libéraux, qui cherchent à séduire des électeurs conservateurs dans l’Ouest. 

Photo : Courtoisie

Et après?

«Les politiques environnementales fédérales pourraient pâtir de la campagne électorale actuelle», estime Hugo Séguin.

Charles-Édouard Têtu craint que l’abolition de la taxe carbone ouvre la porte «à d’autres reculs» et mette davantage de pression sur les acquis des politiques climatiques au sein des provinces.

Mais l’analyste veut croit que la population réagira : «Lorsque le parti qui composera le prochain gouvernement va vouloir mettre en place la réponse à Donald Trump, si ça passe par exemple par la construction d’infrastructures d’énergie fossile, par l’augmentation et la hausse de la production de pétrole, c’est là qu’on va peut-être voir une mobilisation citoyenne autour de la lutte au changement climatique.»

Ce n’est pas parce qu’il y a eu une éclipse au cours de la campagne électorale actuelle que le niveau de préoccupation des Canadiens et des Canadiennes envers l’environnement va s’évaporer du jour au lendemain.

— Hugo Suégin

Néanmoins, intégrer ces inquiétudes à celles du quotidien, «ça prend du temps», concède-t-il.

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Un sondage maison mené en ligne par Francopresse du 11 au 28 mars 2025 auprès de 601 francophones en situation linguistique minoritaire partout au pays montre que le Parti libéral du Canada (PLC) arrive en tête de leurs intentions de vote (54,5 %).

Le parti de Mark Carney se classe bien loin devant le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui récolte 26,4 % des intentions, le Parti conservateur du Canada (PCC) 7 % et le Parti vert du Canada (PVC) 2,9 %.

Même en tenant compte de la proportion de personnes indécises (7,4 %), les résultats indiquent que le PLC a la faveur d’une majorité de francophones en milieu minoritaire.

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Trajectoire des appuis par rapport à 2021

Selon les données, 57,3 % des francophones qui ont répondu au sondage ont déclaré avoir voté pour le PLC en 2021, 16,5 % pour le NPD, 9,4 % pour le PVC et 7,7 % pour le PCC.

Le PLC était ainsi déjà le parti largement privilégié par l’ensemble des francophones en milieu minoritaire aux dernières élections fédérales, un résultat qui se reflète dans les intentions de vote de 2025.

La confiance accordée au PCC par les répondants se maintient aussi au même niveau : 7,7 % en 2021 et 7 % en 2025.

Par contre, le PVC perd des appuis – de 9,4 % en 2021, ceux-ci ont chuté à 2,9 % en 2025. Le NPD en a peut-être profité, puisqu’il a grimpé de 16,5 % des votes déclarés à 26,4 %.

Les chiffres – avec les biais que comporte le sondage (voir la méthodologie à la fin du texte) – présentent un fossé entre le PLC et le PCC chez les répondants. Pour l’ensemble de la population, ces deux partis sont ceux qui récoltent toujours le plus d’appuis et qui sont en conséquence susceptibles de former le gouvernement.

Or, le PCC arrive en troisième ou même en quatrième place des préférences de répondants, ce qui pourrait indiquer que ces communautés ne se reconnaissent pas dans les valeurs et les candidatures proposées par ce parti.

Contrecourant francophone dans l’Ouest

La préférence pour le PLC se fait sentir dans toutes les régions du pays. Comme le montre le graphique ci-dessus, le PLC récolte plus de la majorité des intentions de vote des répondants dans l’Ouest (54,9 %) en Ontario (54,8 %), et en Atlantique (51,6 %).

À certains égards, les résultats de l’Ouest, qui comprennent les données de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, présentent le caractère distinct des francophones – largement minoritaires – par rapport au reste de la population dans cette région.

En effet, l’Ouest est généralement d’allégeance conservatrice, comme en témoignent plusieurs sondages et les résultats d’élections antérieures, mais les francophones de cette région ont plutôt déclaré qu’ils entendaient voter pour le PLC ou encore le NPD (31,8 %), bien avant le PCC (5,6 %).

C’est en Atlantique que le PCC peut espérer les meilleurs résultats chez les francophones (13,4 %). Cette région est aussi celle où le Parti vert (16,2 %) pourrait obtenir la plus grande proportion de votes des francophones minoritaires au pays.

Tendances par tranche d’âge

Si le PLC se situe au premier rang des intentions de vote des francophones de 35 ans et plus, le tableau ci-contre montre que les jeunes (18 à 34 ans), eux, préfèrent le NPD (64,3 %) selon les données recueillies.

Aussi, ce groupe délaisserait le PVC (2,7 % en 2025 contre 18,5 % en 2021) et n’aurait guère acquis plus d’affinités pour le PCC (3,2 % en 2025 c. 2,6 %) dans les quatre dernières années.

La tranche des 35-64 ans demeure celle qui est la plus favorable au PCC, même si le soutien qu’elle exprime à ce parti fléchit légèrement, passant de 15,4 % en 2021 à 10,9 % en 2025. Inversement, son appui au PLC se raffermit; il s’établissait à 53,4 % en 2021 et atteint 67 % en 2025.

Le groupe le moins fidèle au PLC est celui des 65 ans et plus. Plus de quatre ainés sur cinq (82,5 %) avaient voté pour ce parti en 2021, mais à peine trois sur cinq (59,6 %) ont l’intention de faire de même en 2025. Presque le quart des personnes de cette tranche d’âge (23,2 %) entendent maintenant voter pour le NDP, un parti auquel seulement 8,4 % d’entre elles avaient accordé leur vote en 2021.

Raisons et méthodologie du sondage

Le manque de données sur les francophones en situation minoritaire au Canada – incluant leurs intentions de vote – a poussé Francopresse à vouloir effectuer un sondage dans la perspective de l’élection fédérale du 28 avril 2025.

Mené du 11 au 28 mars 2025, celui-ci a été diffusé en majeure partie par l’entremise des réseaux sociaux des journalistes et des journaux membres de Réseau.Presse, qui sont présents dans les communautés francophones de partout au pays à l’extérieur du Québec.

L’Ontario est surreprésenté dans les données, tandis que les trois territoires ont dû être retirés des analyses par région en raison du trop petit nombre de réponses. 

Bien entendu, toutes les données provenant du Québec ont aussi été exclues, puisque l’objet du sondage était de dégager les intentions de vote des francophones en contexte minoritaire. Une surreprésentation du NPD dans l’Ouest est aussi à noter. Puisque le sondage a été mené en ligne, il est impossible de lui attribuer une marge d’erreur, puisqu’il ne représente pas un échantillon aléatoire de la population.

Enfin, il faut noter qu’une série de facteurs, dont le mode subjectif de diffusion du sondage, l’attente du débat des chefs ou encore la victoire de Mark Carney à la tête du Parti libéral l’avant-veille du lancement du sondage, ont pu influer sur les résultats.

Même si le sondage ne peut prétendre être représentatif de toute la population francophone en situation minoritaire au Canada, il permet tout de même de dégager certaines grandes tendances.

FRANCOPHONIE

Un débat sur les enjeux francophones s’est déroulé mardi soir entre cinq candidats : Martin Champoux du Bloc Québécois, François Choquette du Nouveau parti démocratique (NPD), Joël Godin du Parti conservateur du Canada (PCC), Steven MacKinnon du Parti libéral du Canada (PLC) et Jonathan Pedneault du Parti vert du Canada (PVC).

Animé par Mathieu Nadon, chef d’antenne du Téléjournal Ottawa-Gatineau de Radio-Canada, en partenariat avec Réseau.Presse et Francopresse, la rencontre a cristallisé certaines tensions entre les cinq partis, notamment sur des enjeux comme les places en garderies, l’immigration francophone, les ainés, le postsecondaire ou encore l’avenir des médias francophones.

À lire : Élection fédérale : un débat enflammé sur les enjeux francophones

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PROMESSES-PHARES FINANCIÈRES

Les libéraux ont dévoilé leur plateforme électorale samedi, où la question des contretarifs douaniers a pris toute la place.

Donald Trump aurait réaffirmé sa volonté de faire du Canada le 51e État des États-Unis, lors du dernier appel au premier ministre, Mark Carney, ce que ce dernier n’avait pas dit aux Canadiens. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Tarifs américains : Le parti prévoit de réduire les couts du commerce intérieur jusqu’à 15 % et d’injecter 5 milliards de dollars dans un Fonds pour la diversification de corridors commerciaux. Il compte aussi supprimer la semaine d’attente pour accéder à l’assurance-emploi si des Canadiens et des Canadiennes perdent leur poste en raison des tarifs américains.

Impôts : Le paiement des impôts sur le revenu et sur la TPS/TVH serait reporté temporairement pour les entreprises. Un Fonds de réponse stratégique de 2 milliards pour le secteur automobile est aussi envisagé. Le PLC a annulé la hausse du taux d’inclusion des gains en capital et propose de réduire le taux d’imposition de 15 % à 14 % sur la première tranche de revenus imposables.

Budget : Du côté du budget, le parti équilibrerait les dépenses de fonctionnement en trois ans, tout en maintenant des déficits dans les investissements. Il réduirait les dépenses publiques, réévaluerait les programmes via l’intelligence artificielle et limiterait la taille de la fonction publique.

Les libéraux n’ont pas dévoilé de mesure pour faire face à l’inflation.

Le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, a dévoilé son cadre financier un jour après la fin du vote par anticipation. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Pierre Poilievre a dévoilé sa plateforme électorale mardi, soit un jour après la fin du vote par anticipation.

Taxes et impôts : Le taux d’imposition serait réduit de 15 % à 12,75 % et le PCC s’engage à tenir un référendum en cas de hausse des impôts.

Le PCC promet d’annuler huit taxes et impôts pour que les entreprises génèrent davantage de revenus. Une manière de remplir les coffres de l’État à hauteur de 53 milliards de dollars par la stimulation économique. Dans ce montant, plus de 12 milliards proviendraient de la création de logements.

Inflation : Pour contrer l’inflation, le parti veut notamment supprimer l’indexation de la taxe sur l’alcool et la ramener au niveau de 2017, date de la mise en place de la hausse indexée.

Fonction publique : Pour le budget, le PCC veut appliquer la règle d’un dollar d’économie pour chaque dollar supplémentaire dépensé, en réduisant les fonctionnaires par attrition, la bureaucratie, les consultants (gain de 10,5 G$), les aides sociales aux entreprises et l’aide étrangère. Il souhaite aussi supprimer l’exigence d’avoir un diplôme universitaire pour accéder à la plupart des postes de la fonction publique fédérale.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a effectué une deuxième visite à Winnipeg au Manitoba, mercredi et jeudi, tout comme le chef libéral Mark Carney. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Si le NPD vise l’équilibre budgétaire, il ne se priverait pas d’emprunter pour aider les familles.

Impôts : Le montant personnel de base non imposable augmenterait pour atteindre 19 500 $, mais chuterait à 13 500 $ pour les personnes gagnant un salaire de plus de 177 882 $. Aucune prestation ne serait accordée aux personnes qui gagnent plus de 235 632 $.

Taxes : Les néodémocrates proposent d’abolir de façon permanente la taxe fédérale sur les produits et services (TPS) pour plusieurs dépenses courantes, comme les factures de chauffage résidentiel, les services Internet et cellulaires, les couches et vêtements pour enfants et les plats à emporter. Cette initiative couterait 4,5 milliards de dollars.

Le parti souhaite aussi plafonner les prix sur des produits alimentaires de base, comme les pâtes, les légumes surgelés et les préparations pour nourrissons, en imposant une taxe sur les profits excessifs réalisés par les grandes chaines d’alimentation.

Contretarifs : Le NPD supprimerait la TPS sur les voitures fabriquées au Canada. Il lancerait les «Emprunts de la Victoire», des obligations non imposables à 3,5 % sur 5 ou 10 ans, destinées à financer les infrastructures publiques. Des tarifs viseraient les véhicules Tesla et les entreprises américaines seraient exclues des contrats fédéraux tant que les tarifs douaniers ne seront pas levés. Les recettes tirées des représailles tarifaires serviraient à appuyer les travailleurs.

Yves-François Blanchet a critiqué Mark Carney pour avoir «manipulé la vérité» des propos de Trump sur le 51e État, lors du plus récent appel entre les deux chefs d’État. P

hoto : Marianne Dépelteau – Francopresse

Tarifs américains : Le Bloc demande une aide directe aux industries forestières et de l’aluminium et propose une subvention salariale pour aider les entreprises affectées par les tarifs américains à garder leurs employés.

Le parti promet de déposer un projet de loi pour assurer la protection de la gestion de l’offre et contraindrait Ottawa à obtenir l’accord du Québec sur le texte préliminaire des accords avec les États-Unis. Le Québec souhaite des exceptions pour le Québec dans la réponse aux tarifs.

Impôts : Le Bloc supprimerait la TPS sur les biens de seconde main et demanderait un rapport d’impôt unique géré par le Québec.

Inflation : Pour faire face au cout de la vie, le Bloc veut doubler le crédit de TPS lorsque l’inflation dépasse la cible de la Banque du Canada, qui se situe entre 1 % et 3 % et le verser mensuellement. Le parti contiendrait aussi les taux d’intérêt des cartes de crédit.

Côté budget, le parti rejette les conditions fédérales liées aux transferts aux provinces.

Le cochef Jonathan Pedneault a affirmé lors du débat sur les enjeux francophones que des «obstacles systémiques (avaient eu lieu) au niveau de l’obtention des visas sous les conservateurs et les libéraux».

Photo : Olivier Plante – Radio-Canada

Tarifs américains : Les Verts veulent former un front commun avec d’autres démocraties et coordonneraient des représailles avec le Mexique. Ils réévalueraient le commerce avec la Chine, taxeraient les pétrolières américaines au Canada et interdiraient certaines importations alimentaires et pharmaceutiques des États-Unis. Les contrats publics iraient en priorité aux fabricants canadiens.

Impôts : Les Verts n’ont pas encore proposé de mesure pour assumer le cout de la vie. En revanche, ils proposent de supprimer l’impôt fédéral pour les faibles revenus et augmenteraient le montant personnel de base à 40 000 $.

Un impôt de 1 % serait imposé sur les avoirs de plus de 10 millions $, 2 % sur ceux excédant 50 millions $ et de 3 % sur ceux dépassant 100 millions $. 

Enfin, le PV souhaite réduire le budget du Cabinet du premier ministre de 10 millions à 1 million $.

Tarifs américains : Le PPC propose de renégocier l’entente de libre-échange nord-américain pour répondre aux tarifs : la gestion de l’offre serait révisée.

Inflation : Le parti réduirait la cible de l’inflation de la Banque du Canada de 2 % à 0 %.

Taxe : Le PPC abolirait la TPS au profit des provinces en fonction de l’équilibre budgétaire, après l’élimination du déficit, et supprimerait l’impôt sur les gains en capital en réduisant le taux d’inclusion à 0 %.

En février dernier, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) affirmait que le Canada a le potentiel de construire bien plus de logements qu’il ne le fait actuellement.

Mais elle rappelle aussi que le processus prend du temps : pour répondre aux besoins actuels et rendre des habitations accessibles aux ménages à revenu faible ou moyen, il pourrait encore falloir patienter jusqu’à 30 ans.

Voici une liste non exhaustive des principales mesures proposées par les partis fédéraux sur cet enjeu.

À lire aussi : Crise du logement : solutions d’ici et d’ailleurs

Le Bloc québécois poussera le fédéral à revoir sa définition de «logement abordable» pour qu’il tienne compte des marchés des différentes régions. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Construction

En plus de demander dans sa plateforme électorale un transfert sans condition au Québec de toutes les sommes investies en logement, le Bloc québécois promet de travailler à augmenter la proportion de logements hors marché à 20 %.

D’une pierre deux coups, le parti d’Yves-François Blanchet propose d’utiliser plus de bois québécois dans la construction, ce qui permettrait notamment de soutenir l’industrie forestière présentement menacée par les tarifs douaniers américains.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) se donne lui une cible de 3 millions de nouveaux logements au Canada en cinq ans. Pour y parvenir, il propose de former 100 000 travailleurs supplémentaires et de remplacer le Fonds pour accélérer la construction de logements par une stratégie nationale permanente de 16 milliards de dollars.

Or, Radio-Canada a effectué une vérification de ce plan et a conclu qu’il serait irréalisable. Cette cible dépasserait la capacité nationale en matière de construction de logements.

Mark Carney veut créer une nouvelle entité nommée «Maisons Canada». Celle-ci devait s’appeler «Bâtir Maisons Canada», mais des critiques ont poussé les libéraux à changer le nom. 

Photo : Julien Cayouette – Francopresse

Le Parti conservateur du Canada (PCC) veut accélérer la construction de logements, notamment en éliminant les barrières bureaucratiques municipales. Les villes qui ne réussiront pas à construire 15 % de logements supplémentaires par an se verront retirer leur financement fédéral à hauteur de l’écart constaté dans les objectifs. Celles qui atteignent l’objectif se verront récompensées par des primes.

Le Parti libéral du Canada (PLC) souhaite, quant à lui, doubler le rythme de construction de nouveaux logements en dix ans. Parmi les moyens proposés : accélérer l’approbation de permis et la construction grâce aux nouvelles technologies, élargir l’accès à la formation liée aux métiers de la construction et assouplir les règles de zonage.

Dans sa plateforme, le Parti vert du Canada (PVC) consacre cinq pages au logement. En matière de construction, il met surtout l’accent sur les logements hors marché, pour lesquels il propose d’éliminer la taxe sur les produits et services (TPS) appliquée aux matériaux de construction. Le parti souhaite également développer la construction de logements «adaptés aux changements climatiques».

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Abordabilité

Selon la SCHL, environ 95 % des habitations au Canada sont des logements de marché, ce qui veut dire que leurs loyers correspondent aux prix du marché et ne sont pas nécessairement abordables en fonction de la capacité de paiement des Canadiens et des Canadiennes.

Jagmeet Singh mise beaucoup sur la protection des locataires dans ses messages liés au logement. 

Photo : Marianne Dépelteau – Francopresse

Lors du débat des chefs en français, Yves-François Blanchet a parlé de baisser la spéculation sur la valeur des maisons. En misant sur le logement étudiant, le logement social, le logement abordable, il a rappelé qu’il existe des moyens de faire «des offres à bon marché».

Le NPD promet de son côté de construire 100 000 logements à loyer contrôlé d’ici 2035. Pour ce faire, il réserverait 100 % des terrains fédéraux constructibles. «On ne vend pas notre terrain fédéral, on le garde et on construit du logement abordable, 100 % de logement abordable», a précisé Jagmeet Singh lors du débat.

Le PCC s’engage à vendre 15 % des 37 000 immeubles du gouvernement fédéral pour les transformer en logements abordables. Il souhaite aussi éliminer la TPS sur la construction de logements locatifs pour stimuler leur développement.

Le Parti vert veut construire des maisons adaptées aux changements climatiques. 

Photo : CCA Sharalike

Pour le logement abordable, les libéraux s’engagent à soutenir les petits constructeurs à but non lucratif afin d’augmenter l’offre disponible. Ils parlent d’adopter une «approche communautaire» dans laquelle sera doublé le nombre de logements communautaires à but non lucratif et de logements coopératifs.

Le PVC veut tripler le nombre de logements sociaux en sept ans. Investir dans le logement abordable est l’une des grandes lignes de son plan. «Tout logement financé par des fonds publics restera abordable en permanence», lit-on dans leur plateforme.

À lire aussi : Face à la crise : réinvestir le logement social et abordable

Accès à la propriété

Au menu bloquiste : serrer la vis aux flips immobiliers (technique qui consiste à acquérir un bien à prix réduit, à le rénover et à le revendre rapidement pour faire des profits), faciliter l’acquisition de bâtiments fédéraux par de petits organismes, rembourser la TPS sur les maisons neuves pour les premiers acheteurs. Ces derniers se verraient aussi octroyer «une aide fédérale majeure» pour leur mise de fonds si le Bloc québécois réussit à convaincre Ottawa.

Pour les premiers acheteurs, le parti propose aussi d’abolir la TPS sur les services liés à l’achat d’une propriété, comme ceux fournis par les notaires.

Le NPD rendrait l’achat d’une propriété résidentielle (sauf à but récréatif, comme un chalet) par des investisseurs étrangers définitivement interdit. Le parti souhaite par ailleurs faciliter l’accès à la propriété pour «les familles de travailleurs et de la classe moyenne», notamment en accordant des prêts hypothécaires à long terme et à faible intérêt.

Pierre Poilievre veut faciliter la construction de logements en s’attaquant à «la bureaucratie municipale».

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Les conservateurs veulent éliminer la taxe de vente sur les maisons neuves d’une valeur de moins de 1,3 million de dollars, afin que les acheteurs aient des paiements hypothécaires plus petits et de stimuler la construction de nouveaux logements.

Les libéraux promettent d’éliminer la TPS sur l’achat d’une première maison lorsque celle-ci vaut moins d’un million de dollars. Une réduction partielle de la taxe est prévue pour les maisons dont le prix se situe entre 1 et 1,5 million de dollars.

Comme le NPD, le PVC propose d’interdire de façon permanente l’achat des propriétés résidentielles au Canada par des intérêts étrangers. Il veut aussi supprimer la TPS sur les logements construits dans une optique d’accession abordable à la propriété. Des organismes comme Habitat pour l’humanité travaillent en ce sens.

À lire ailleurs : Cornwall, communauté francophone accueillante, mais où sont les logements? (On a le choix)

Le débat a réuni à Ottawa des représentants des cinq principaux partis politiques.

Pendant une heure, ils ont débattu d’un grand nombre de sujets : seuils d’immigration, santé et places dans les garderies bien entendu, mais aussi fonction publique, traduction, médias, commissaire aux langues officielles, financement des petits établissements universitaires, ayants droit, réconciliation avec les communautés autochtones (et gouverneure générale), etc.

Alors que toute notre attention est accaparée par la question de l’incertitude économique et des relations commerciales avec les États-Unis, le Canada est pourtant confronté à d’autres défis, à commencer par la question de la protection, si ce n’est de la survie, des communautés francophones partout au pays.

À lire : Élection fédérale : un débat enflammé sur les enjeux francophones

Un débat très animé

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce débat a été très animé.

À plusieurs reprises, les candidats parlaient en même temps, ne se gênant pas pour interrompre leurs adversaires ou pour parler plus longuement que le temps qui leur avait été alloué.

Le débat sur la francophonie a été animé, mais en fin de compte, les réponses à chaque question livraient plus une promesse similaire des beaux jours à venir. 

Photo : Olivier Plante – Radio-Canada

La vivacité des échanges pourrait donner l’impression que les choses vont mal et il faut y remédier le plus rapidement possible. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que l’on entend lorsque l’on parle de francophonie au Canada? La population francophone est en déclin. L’offre des services en français aussi. Des communautés disparaissent.

Pourtant je n’ai pas perçu que les partis politiques partageaient ce sentiment d’inquiétude, pour ne pas dire d’urgence. J’y ai plutôt vu un large consensus.

À lire : Campagne électorale : les circonscriptions et les enjeux francophones à suivre

Une réponse à tout

Si on leur avait posé la question «Trouvez-vous que les choses vont bien en matière de francophonie?», je pense bien que tous les candidats, peu importe leur affiliation politique, auraient plutôt répondu oui.

Car les réponses fournies à la plupart des questions étaient essentiellement les suivantes : oui, il y a des défis, mais on fait des efforts qui vont éventuellement donner des résultats.

Oui, des seuils d’immigration francophone sont difficiles à atteindre, mais on s’améliore et on y parviendra. On va même les augmenter.

Oui, l’offre et la qualité des services de santé et d’éducation laissent à désirer, mais soyez patients, car la main-d’œuvre s’en vient. D’autant plus que l’on va atteindre nos seuils d’immigration.

Oui, le bilinguisme dans la fonction publique fédérale et l’offre de services publics posent problème, mais les règlements internes du gouvernement qui seront bientôt adoptés vont transformer la situation. En plus, on aura un nouveau commissaire aux langues officielles qui aura plus de «mordant» (le mot est revenu souvent lors des échanges).

Oui, on est d’accord, l’intelligence artificielle ne peut pas remplacer des traducteurs, alors on va faire les ajustements nécessaires en donnant plus de ressources.

Oui, plusieurs médias francophones risquent de devoir cesser leurs activités bientôt, mais on est en train de mettre au pas les géants du Web.

Oui, la survie des petites universités est en péril, mais le financement sera éventuellement au rendez-vous.

Bref, toutes les réponses fournies par les candidats reprenaient essentiellement le même argument : il manque actuellement d’argent et de ressources humaines (la main-d’œuvre), mais on va investir plus et ça donnera des résultats.

À lire : Les finances des organismes francophones toujours dans le rouge

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du point de vue de la francophonie canadienne.

Si les choses étaient aussi faciles…

Mais ce raisonnement est profondément fallacieux. À répéter sans cesse que les problèmes se résorberont lorsqu’il y aura plus d’argent, on confine d’emblée les communautés linguistiques les plus vulnérables à être dans une position perpétuelle de demandeurs. Elles sont ainsi à la merci du bon vouloir des bailleurs de fonds.

Mais ça fait des années que les communautés linguistiques minoritaires demandent ces ressources, sans obtenir de réels résultats.

La solution n’est tout simplement pas là. Elle passe par une refonte des modèles de gouvernance. Les francophones doivent avoir une place dans les centres de décisions, là où les véritables enjeux font l’objet de discussions.

Ils doivent, par exemple, être présents dans les conseils d’administration des établissements de santé, du milieu scolaire – de la petite enfance à l’université –, et rendre compte de leurs actions aux communautés qu’ils représentent.

Ils doivent pouvoir se prononcer et même approuver les choix du diffuseur public (Radio-Canada) et pour les autres médias (le CRTC), aussi sur les orientations de la fonction publique (que ce soit à propos du commissariat aux langues officielles ou des décisions du secrétariat du Conseil du trésor, l’employeur de la fonction publique fédérale).

Bref, la francophonie canadienne doit être traitée comme un décideur de politiques publiques de plein droit.

Si on devait s’en convaincre, il n’y a qu’à observer l’influence qu’a eue la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) durant le débat. À de nombreuses reprises, ses propositions ont été mentionnées par les candidats. Voilà qui illustre bien l’importance de recevoir des avis des communautés francophones.

À une exception près, aucun parti n’a présenté de telles solutions lors de ce débat. L’exception a été le Bloc québécois, qui a rappelé que les décisions concernant l’avenir du français au Québec devaient être prises par le gouvernement du Québec et non par le gouvernement fédéral.

Cette solution n’aidera évidemment pas les communautés francophones hors Québec.

Commencer par donner l’exemple

Par ailleurs, tous les partis politiques ont manqué une excellente occasion de faire preuve de leadeurship sur l’enjeu de la gouvernance lors du débat.

Aucun des candidats n’était un francophone hors Québec.

Sans enlever aucun mérite aux candidats qui ont participé à ce débat (ils ont tous un CV impressionnant), on ne peut s’empêcher de penser qu’il existe d’excellents candidats francophones de l’extérieur du Québec qui auraient pu prendre part à un débat sur des enjeux qui les touchent directement.

Le débat était le fruit d’une collaboration entre Radio-Canada, les médias écrits membres de Réseau.Presse et Francopresse, qui ont participé à l’élaboration des questions.

Geneviève Tellier est professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Ses recherches portent sur les politiques budgétaires des gouvernements canadiens. Elle commente régulièrement l’actualité politique et les enjeux liés à la francophonie dans les médias de tout le pays.