«Les balados sont comme des galeries audios de nos accents, de nos dialectes, c’est une façon d’archiver nos français», estime la coréalisatrice du balado fransaskois DéCLIC, Sylvie Walker.
La chercheuse Laurence Arrighi constate que les producteurs de balados acadiens tiennent un discours d’ouverture à l’égard d’une Acadie plurielle et diverse, mais n’invitent pas souvent de nouveaux arrivants dans leurs épisodes.
DéCLIC, diffusé depuis juillet 2023 sur Spotify, Apple et Google, est destiné avant tout aux jeunes élèves fransaskois. Il décortique en 11 épisodes et autant d’entrevues le concept de construction langagière, identitaire et culturelle.
Trois ans plus tôt, en 2020, le Conseil culturel fransaskois approchait l’enseignante et musicienne Sylvie Walker avec l’idée de créer une ressource pédagogique que les enseignants peuvent utiliser dans leur curriculum.
«On a une vraie réflexion sur la réalité du français. Notre but, c’est de montrer que l’on n’a pas besoin d’avoir un français parfait, de hiérarchiser la langue, explique-t-elle. Il n’y a pas de personne plus francophone qu’une autre. On est en train de devenir une grande soupe de francophonies.»
À lire aussi : Un balado francophone au cœur de l’Amérique
DéCLIC est loin d’être le seul balado franco-canadien. En Acadie, la sociolinguiste à l’Université de Moncton, Laurence Arrighi, en dénombre «au moins une vingtaine». Ça Reste Dans la Cave, Yousque t’es rendu?, ou encore Talk Acadie, la liste est longue.
Réal Thibault a lancé son balado Talk Acadie en 2021. Il interroge des personnalités de l’Acadie et explore divers enjeux politiques et sociolinguistiques.
«Il y a eu un gros boum pendant la pandémie de COVID-19, rapporte-t-elle. En contexte linguistique minoritaire, les balados indépendants, faits par monsieur et madame tout le monde, renouvèlent et viennent grossir l’espace médiatique francophone.»
Selon la chercheuse, les producteurs de ces contenus audios sont souvent des hommes éduqués entre 30 et 40 ans, qui veulent «prendre le temps et donner la parole aux gens de leur communauté.»
Certains explicitent leur politique linguistique, d’autres non, mais tous aspirent à créer des «espaces sans jugement», selon les mots de Laurence Arrighi.
«La langue n’est pas forcément au centre de leurs préoccupations, ils ont néanmoins une esthétique commune, ils mettent en valeur la richesse des traits linguistiques locaux», analyse-t-elle.
À lire aussi : L’Acadjonne : un balado qui fait rayonner la culture acadienne
«C’est naturel, tu n’as pas besoin de blueprint pour que les personnes se sentent confortables dans leur variété de français», appuie le créateur de Talk Acadie, Réal Thibault, qui travaille par ailleurs dans le secteur forestier.
Pour Joël Beddows, l’absence d’intermédiaire entre les consommateurs et les producteurs de contenus constituent «la clé du succès» de la baladodiffusion.
L’Acadien de Clare, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, a lancé son balado, anciennement L’Acadjonne, en juillet 2021 sur YouTube. Il en est aujourd’hui à son 64e épisode.
Depuis quatre ans, il interroge des artistes, des historiens, avec l’envie de mieux «faire rayonner la culture acadienne et améliorer la couverture des enjeux de la francophonie.»
Pour le professeur de théâtre à l’Université d’Ottawa, Joël Beddows, la baladodiffusion présente un «grand intérêt» dans la francophonie en situation minoritaire où le «rapport à l’écrit est toujours problématique».
«L’importance accordée aux formes orales est hors norme en francophonie minoritaire. Ça constitue des territoires extraordinaires à explorer avec moins de normes et de contraintes», observe-t-il.
À ses yeux, les balados s’inscrivent dans cette tendance-là : «Ils peuvent avoir un côté underground irrévérencieux, hors des sentiers battus, vecteur d’innovation. Les jeunes jouent sans complexe avec la langue, la déconstruisent.»
Le metteur en scène évoque notamment le balado franco-ontarien De quoi tu parles de?, qui a pris fin en novembre 2024. Pendant deux ans, le musicien Marc-Antoine Joly et l’animateur Nicholas Monette ont mené plus de 200 entrevues sur un ton particulièrement décontracté.
Ils ont mis en avant un français oral populaire, croquant, résistant à la norme linguistique hégémonique. Quand j’entends ça, je me dis que la langue va bien, je n’ai pas peur.
Qu’ils soient producteurs de contenus ou simples auditeurs, tous estiment que les balados aident à lutter contre l’insécurité linguistique.
«Les gens se reconnaissent et s’entendent dans la couleur, la diversité des expressions, loin du français standard», considère Sylvie Walker.
Quelles que soient leurs vertus, les balados franco-canadiens sont encore à la recherche de notoriété.
«Se faire connaitre, c’est le gros problème», reconnait Réal Thibault, qui parle d’une centaine d’écoutes en moyenne pour chaque épisode de Talk Acadie.
«C’est indispensable pour les élèves d’avoir une ressource pédagogique créée spécifiquement pour eux, qui reflète le monde culturel et artistique des Prairies», insiste Sylvie Walker, qui a coréalisé le balado DéCLIC avec la chanteuse Anique Granger.
Afin d’attirer plus de monde, le Néoécossais a récemment décidé de créer des vidéos sur TikTok. «L’enjeu de la découvrabilité reste entier, on a du mal à connaitre l’audience. Certains balados ne rencontrent pas forcément leur public et s’essoufflent», confirme Laurence Arrighi.
Joël Beddows estime pour sa part qu’il est encore «trop tôt pour savoir» si le phénomène va durer et prendre de l’ampleur. «On verra d’ici dix ans si le balado devient l’alternative à la lecture traditionnelle, dit-il. Beaucoup d’enseignants le proposent aujourd’hui comme outil pédagogique, peut-être qu’il va se transmettre et prendre racine dans la conscience collective des jeunes.»
En Saskatchewan, Sylvie Walker offre ainsi, depuis trois ans, des ateliers sur la baladodiffusion aux élèves fransaskois de 7e à la 12 e année. Elle est également en discussion avec le Conseil culturel fransaskois pour réaliser une deuxième saison de DéCLIC, «mais avec un ou une autre animateur cette fois.»
À l’autre bout du pays, à Clare, Réal Thibault compte bien continuer : «C’est parfois difficile, mais tant que c’est le fun pour moi, je trouverai des façons de faire.»
Deux artistes, Marie-Véronique Bourque de la Saskatchewan et Christine Tassan du Québec, ont fait de la nature un projet de création. Elles se sont laissé inspirer par la faune pour produire Bruissement boréal, un album aux sonorités jazz des plus captivantes.
Pochette de l’album Bruissement boréal.
Car la nature, peu importe notre emplacement dans ce beau grand pays, influence chaque jour notre comportement et nos vies.
Dès la pièce maitresse qui ouvre l’album, Aurore boréale, on remarque la complicité des instrumentistes. Marie-Véronique Bourque à la flute, Christine Tassan aux guitares, David Meunier-Roy à la contrebasse et Olivier Bussières aux percussions, nous transportent dans un univers jazz profond avec une fluidité hors du commun.
Chaque partition, chaque solo, chaque mélodie compose un geste de tendresse et de séduction. Bruissement et Le train de la première heure sont d’autres pièces extrêmement puissantes pour leur pouvoir de suggestion.
Le duo féminin explore le blues avec les pièces Les rayons de l’automne et Le blues du lac Wascana, alors qu’elles courtisent le funk sur Ça croasse en masse. Mon coup de cœur reste cette superbe ballade jazz, Les nuages de Sutton, où le duo guitare-flute est vraiment mis en évidence.
S’inspirant de leur coin de pays, mais aussi de l’une de l’autre, Marie-Véronique Bourque et Christine Tassan nous offrent un riche univers jazz. La virtuosité des deux musiciennes constitue la force majeure de l’album.
Écarlate est un jeune trio acadien à découvrir. Clémence Langlois, Daphnée McIntyre et Samuel LeBlanc sont trois multiinstrumentistes. Dès ses débuts en 2022, le groupe remporte la 17e édition d’Accros de la chanson et la 52e édition du Gala de la chanson de Caraquet, ce qui propulsera sa carrière sur la scène des Maritimes.
Le groupe Écarlate a sorti le nouvel album Coup de soleil.
Nourrie de tous ces honneurs, la formation de Moncton, au Nouveau-Brunswick, présente aujourd’hui Coup de soleil, un univers folk des plus intéressants.
Ce qui ressort de ce premier album est l’innocence. L’innocence dans la voix grâce à des interprétations justes, l’innocence dans les musiques également. On ressent une fraicheur dans les arrangements, une certaine intimité dans les prestations vocales.
Dès la première pièce, Feu Follet, la profondeur du produit nous captive. Le texte autant que la structure musicale de Quand le cowboy pleure en fait un brillant ver d’oreille.
Les chansons Lu à 22h17 et Des choses à changer, fruits d’une rupture amoureuse, forment deux autres bijoux de l’album. On y retrouve également un superbe solo de guitare.
Parlant de guitares, le blues Garde-le pour toi est magistral. Le texte de la chanson reste l’un des plus profonds du disque. Écarlate termine l’album avec un autre excellent folk, Au revoir.
Avec l’expérience acquise, le jeune trio démontre déjà beaucoup de potentiel. Il nous donne une belle image de la relève musicale acadienne. Avec une certaine innocence, les membres de la formation séduisent par la puissance de leurs arrangements et leurs très beaux textes. Bref, Coup de soleil est un album fort réussi.
Jadis membre de la formation franco-manitobaine Madrigaïa, Ariane Jean poursuit son développement artistique sous le nom de Sala. Il y a deux ans, elle nous proposait un deuxième album de six chansons, Surface, et nous démontrait à nouveau son grand talent.
Pochette de l’album Surface.
L’auteure-compositrice-interprète signe toutes les paroles et musiques de l’album, dont trois avec une ancienne collègue, Annick Brémault (Chic Gamine dans Madrigaïa). Sala a toujours cette voix puissante, dont elle varie les intensités selon les émotions désirées.
Au niveau des musiques, Sala offre des univers pop solides. Que ce soit la pièce-titre Surface, Nos secrets, ou encore Les pieds dans le béton, l’auditoire est interpelé par une musicalité des plus accrocheuses. Deux pièces maitresses, Je ne veux pas grandir et Je ne dors plus, nous dévoilent toute la pureté d’une voix unique.
La plume intimiste et enveloppante de la Franco-Manitobaine nous séduit. Je crois fortement que Sala est l’un des plus beaux diamants de la francophonie canadienne.
Le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, a rencontré les ministres provinciaux et territoriaux de la francophonie à Yellowknife, les 26 et 27 juin.
Les ministres responsables de la francophonie dans les provinces et territoires se sont réunis à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, les 26 et 27 juin 2025, où ils ont rencontré le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, Steven Guilbeault, également responsable des Langues officielles.
L’enjeu : Dans un contexte de tensions économiques avec les États-Unis – notamment après l’annulation dimanche de la taxe sur les services numériques (voir plus bas), qui touchaient les géants du Web comme Amazon et Google –, les ministres ont réitéré leur volonté de se rapprocher de partenaires commerciaux francophones.
Ils ont aussi rappelé l’importance d’agir en fonction des besoins de leurs provinces et territoires.
De son côté, Ottawa a annoncé que les derniers règlements de la Loi sur les langues officielles devraient être appliqués d’ici la fin de l’année.
Le 1er juillet était jour de célébration partout au pays, mais teinté de tensions, puisque l’avant-veille, le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé mettre fin à toutes les négociations avec le Canada, en raison de la taxe sur les services numériques, qui touchent les grandes entreprises américaines des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon) depuis 2023.
La taxe sur les services numériques (TSN) a été adoptée en 2024 sous Justin Trudeau et vise à hauteur de 3 % les revenus numériques que les géants du Web comme Google ou Amazon génèrent au Canada.
Plus précisément, ces entreprises sont taxées sur la vente de publicité ciblée, basée sur les données personnelles, la collecte et l’exploitation des données d’utilisation des Canadiens et des Canadiennes
Les entreprises étrangères, surtout américaines, y sont soumises, mais la TSN cible aussi des entreprises canadiennes qui engrangent plus de 20 millions de dollars de revenus annuels.
Le Canada a accepté, dimanche, d’annuler cette taxe, et les négociations avec les États-Unis ont repris quelques heures plus tard.
Notre nouveau gouvernement négocie un nouveau partenariat économique et de sécurité avec les États-Unis.
— François-Philippe Champagne (FPC) 🇨🇦 (@FP_Champagne) June 30, 2025
Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité.
🔗 https://t.co/oq6td5C8vR
La gouverneure générale du Canada, Mary Simon, a rendu hommage à l’unité canadienne, face aux insultes et tarifs imposés par les États-Unis depuis l’entrée en fonction de Donald Trump à la Maison-Blanche (en photo avec l’acteur Ryan Reynold, nommé officier de l’Ordre du Canada).
La gouverneure générale du Canada, Mary Simon, s’est d’ailleurs attachée à rappeler l’unité du pays, à l’occasion de la Fête du Canada, à Ottawa : «Aujourd’hui, nous réfléchissons à la notion de notre identité canadienne. Au cours de la dernière année, les Canadiens et Canadiennes ont fait résonner leur voix et démontré une résilience et une unité exceptionnelles, reflétant ainsi toute la fierté de notre nation souveraine.»
La baisse d’impôt promise par Mark Carney pendant sa campagne et votée à l’unanimité en Chambre pendant la courte session de printemps est entrée en vigueur le 1er juillet.
Cette baisse d’un point de pourcentage vise le premier palier d’imposition, le faisant passer de 15 % à 14 %. Elle concerne environ 22 millions de Canadiennes et de Canadiens.
Lundi, la ministre des Transports et du Commerce intérieur, Chrystia Freeland, a annoncé l’élimination des 53 exceptions fédérales qui figurent dans l’Accord de libre-échange canadien (ALEC).
Cette mesure découle ainsi de la loi sur le libre-échange, adoptée juste avant la relâche estivale du Parlement.
L’enjeu : Cette décision touche surtout les secteurs financiers, l’aménagement commercial, les transports et les projets spatiaux.
Les provinces et territoires réévalueront également leurs propres restrictions dans le cadre de l’ALEC, avec des annonces prévues dès la semaine prochaine.
À lire aussi : Feuilleton de la Colline : C-5 devient loi et augmentation des dépenses militaires
Vendredi dernier, le ministre des Finances et du Revenu national, François‑Philippe Champagne, a annoncé de nouveaux tarifs sur les produits d’acier importés au Canada en provenance de partenaires non-signataires d’un accord de libre-échange.
De quoi s’agit-il? Les contingents tarifaires, soit 2,6 millions de tonnes, se traduiront par l’imposition d’une surtaxe de 50 % sur les importations d’acier de ces partenaires au-delà des niveaux de 2024.
La mesure est entrée en vigueur vendredi dernier, le 27 juin et fera l’objet d’un examen «dans 30 jours», a annoncé le gouvernement. Elle est basée sur des consultations publiques qui ont été tenues au début du printemps avec les acteurs de l’industrie canadienne de l’acier.
Selon Ottawa, ces tarifs aideront à gérer la pression «sans perturber l’approvisionnement pour les utilisateurs canadiens».
Le gouvernement s’est dit «prêt à prendre des mesures supplémentaires au besoin», par voie de communiqué, en fonction de l’évolution des droits de douane américains.
Le Canada versera 3 millions de dollars au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour soutenir la participation des Autochtones aux forums internationaux.
Ce financement appuiera des programmes de bourses et un fonds destiné aux peuples autochtones, offrant formation, mentorat et soutien financier.
L’objectif est de renforcer la capacité des leadeurs autochtones à défendre leurs droits, à influencer les décisions de l’ONU et à faire avancer la reconnaissance de leurs droits à l’échelle mondiale.
L’élection partielle fédérale dans la circonscription de Battle River–Crowfoot, en Alberta, se tiendra le 18 aout. Le député conservateur sortant, Damien Kurek, a cédé sa place à Pierre Poilievre, déchu dans sa circonscription ottavienne de Nepean.
L’enjeu : Pierre Poilievre affrontera le candidat libéral Darcy Spady, présenté par son parti comme un «défenseur communautaire et un leader aguerri du secteur de l’énergie».
Damien Kurek avait remporté la dernière élection avec plus de 82 % du vote exprimé.
De retour à un portefeuille qu’il connait en partie pour avoir été ministre du Patrimoine canadien de novembre 2019 à octobre 2021, Steven Guilbeault a ensuite été ministre de l’Environnement et du Changement climatique de 2021 à 2024 sous Justin Trudeau.
Désormais ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, responsable des Langues officielles, il se dit «en apprentissage», mais promet d’agir rapidement.
À lire aussi : Langues officielles : des reculs inquiétants dans les institutions fédérales
Francopresse : Bonjour M. le ministre. Comment vivez-vous le passage de l’Environnement à la Culture et aux Langues officielles?
Steven Guilbeault : Vous vous rappellerez probablement que lorsque j’ai été élu député la première fois en 2019, j’étais ministre de Patrimoine canadien [le ministère relève aujourd’hui du portefeuille intitulé «Identité et Culture canadiennes», NDRL], donc les arts, la culture, les langues autochtones; mais je n’avais pas les Langues officielles.
Il y a une partie du portefeuille que je connais et que j’apprécie beaucoup pour l’avoir fait une première fois pendant deux ans.
C’est vrai que les Langues officielles, c’est nouveau pour moi. Alors, j’apprends encore beaucoup et cette rencontre [des ministres de la francophonie, NDLR] à Yellowknife était très intéressante de ce point de vue-là, à la fois pour rencontrer mes homologues des provinces, des territoires, les intervenants et intervenantes, mais aussi pour me familiariser de plus en plus avec le dossier.
Les ministres responsables de la francophonie au Canada se sont réunis à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, les 26 et 27 juin 2025, pour notamment parler d’économie francophone.
Quand Mark Carney a formé son premier Cabinet, aucun portefeuille ne portait officiellement le titre de Langues officielles, ce qui a semé la confusion chez plusieurs francophones. Est-ce que cela témoigne d’un manque de considération pour les langues officielles et la francophonie en situation minoritaire, selon vous?
Non, je ne crois pas. Évidemment, j’avais la responsabilité des Langues officielles, mais je n’avais pas eu de titre [M. Guilbeault était alors ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, Parcs Canada, NDRL]. Ça a été corrigé en quelques semaines.
C’est vrai que les titres sont des symboles importants, mais ce qui est important, c’est ce qu’on fait.
Et notre gouvernement [sous Justin Trudeau, NDLR] en a fait plus pour la modernisation de la loi et les langues officielles que n’importe quel autre, avec des investissements dans le Plan d’action historiques, qui vont atteindre 4,1 milliards au cours des prochaines années, et avec l’atteinte des cibles d’immigration francophones hors Québec.
On n’avait jamais réussi à atteindre 4 % et on a dépassé 6 % et on veut se rendre à 12 %. Ça, ça compte.
Je pense que ça démontre notre engagement profond envers la francophonie partout au pays.
À lire aussi : Francophonie et langues officielles : l’héritage de Justin Trudeau en question
Trois règlements censés mettre en œuvre la nouvelle Loi sur les langues officielles sont encore en attente. Le plus attendu devrait inclure des clauses linguistiques dans les ententes entre le fédéral et les provinces et territoires. En tant que ministre, comment pouvez-vous garantir que ce type de clause figurera bien dans les règlements?
Beaucoup de gens attendent les règlements avec impatience et je tiens à [les] rassurer : ça ne va pas trainer encore très longtemps.
Il faut dire qu’entre la prorogation du Parlement, la course à la chefferie du Parti [libéral, NDRL], le fait d’avoir un nouveau chef; toutes ces choses-là ont ralenti le déploiement de ces règlements-là.
Nous avions une très courte période parlementaire pour pouvoir déposer ça, mais au retour [du Parlement, en septembre, NDLR], c’est un sujet sur lequel je vais avancer rapidement.
Les symboles des titres de ministères sont «importants», mais ne font pas tout, rappelle Steven Guilbeaut, faisant référence à l’absence de portefeuille dédié aux Langues officielles lors du premier Cabinet de Mark Carney.
Allez-vous les déposer avant Noël?
Oui, absolument.
Est-ce que tous les règlements seront déposés ou allez-vous en prioriser?
Chaque dépôt de règlement s’accompagne d’une période de consultation de 30 jours. Si on les dépose tous les trois en même temps, ça veut dire une période de consultation de 30 jours, si on les dépose les uns à la suite de l’autre, ça veut dire quatre semaines de consultation [à chaque fois, NDLR].
Moi, j’ai entendu des intervenants dire : «On voudrait avoir plus de temps de consultation», et d’autres : «Non, déposez-les tous en même temps, on veut toutes les voir.»
Alors, on va continuer de discuter avec le milieu francophone au cours de l’été et d’essayer de trouver la meilleure façon de faire ça.
Le dernier rapport du commissaire aux langues officielles souligne que le Conseil du Trésor n’a jamais pleinement appliqué les recommandations visant à faire respecter les obligations en matière de langues officielles de dix 10 institutions fédérales. Comment travaillez-vous avec le Conseil pour vous assurer que ces exigences sont respectées?
Nous sommes en discussion avec le Conseil du Trésor pour nous assurer que les lacunes qui ont été identifiées par le passé par le commissaire et par les intervenants soient corrigées dans la nouvelle mesure. C’est certainement notre intention.
À lire aussi : Les obligations linguistiques ébréchées et un commissaire en attente de ses pouvoirs
Sur l’éducation, il y a des enfants francophones qui font cours dans des salles de classe préfabriquées, notamment en Colombie-Britannique. Comment le gouvernement fédéral peut-il faire en sorte d’éviter de telles situations?
Vous soulignez un problème qui est important, mais qui ne concerne pas seulement les élèves qui sont dans les cours de français ou dans les communautés francophones en situation minoritaire.
Dans les écoles francophones au Québec, il y a beaucoup d’enfants qui sont dans des classes préfabriquées, il y a des manques d’espace. Alors, il y a des besoins d’investissement important dans le secteur de l’éducation.
Est-ce que le gouvernement fédéral peut faire mieux en matière d’entente fédérale, provinciale, territoriale pour s’assurer que les fonds qui sont destinés à certaines choses aillent vraiment là où les ententes le prévoient? Je pense que oui.
Si vous regardez le renouvèlement de l’entente sur la santé par exemple, que le gouvernement précédent a fait, il y a eu des exigences sur la nécessité de communiquer un certain nombre d’informations sur l’utilisation des fonds.
Je pense que par le passé, ça ne se faisait pas toujours. On va devoir être plus vigilants sur cette question-là.
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.
Détroit abrite une francophonie aux multiples facettes, façonnée par son histoire et plusieurs vagues d’immigration. Avec l’initiative Bonjour Détroit, dont elle est la fondatrice et directrice, Mélissa Baril veut unir les communautés francophones et promouvoir la langue française dans tout l’État du Michigan.
«La mission de Bonjour Détroit, elle est double. Elle est en effet de tisser des liens entre toutes les communautés francophones, pour les fédérer, en présentant des programmes culturels, sociaux, éducatifs et économiques, mais aussi de travailler, de développer des partenariats au niveau local», explique-t-elle.
À lire aussi : Un balado francophone au cœur de l’Amérique
Depuis sa création, un peu plus tôt cette année, Bonjour Détroit a organisé des 5 à 7 mensuels, des tables rondes et un évènement collaboratif avec le Haitian Network Group of Detroit.
C’est assez inspirant pour les gens qui viennent écouter, parce que c’est parfois des gens qui ne sont pas certains justement de dire : «Est-ce que je suis francophone? Qu’est-ce que ça veut dire être francophone?»
Grâce à des projets avec des organismes tels que le Detroit Institute of Art (DIA), le Detroit Symphony Orchestra et le Detroit Historical Society, Bonjour Détroit fait découvrir des œuvres françaises ou francophones du DIA. Mélissa Baril se réjouit que les professeurs de français souhaitant organiser des sorties éducatives puissent en profiter.
À lire aussi : L’identité francophone est-elle plus qu’une langue parlée?
Canadienne originaire de Victoriaville, au Québec, et diplômée de l’Université de Sherbrooke, Mélissa Baril a travaillé dans des métropoles aux quatre coins du monde avant de déménager à Détroit, où elle réside depuis presque 9 ans. Là-bas, elle a été confrontée à une réalité linguistique différente de celle qu’elle avait connue au Canada.
La ville, fondée en 1701 par de Lamothe Cadillac, porte les traces d’une histoire francophone profonde. Cet «héritage» est toujours présent, même si le français n’est plus la langue dominante, constate Mélissa Baril.
Les évènements de Bonjour Détroit visent à nouer un sentiment de communauté et encouragent les participants et participantes à découvrir leur lien avec la francophonie.
Aujourd’hui, un peu plus de 19 000 personnes parlent français à la maison au Michigan, soit 0,19 % de la population.
«Même s’ils ne parlent pas français. Ça fait partie de leur identité […] Ce n’est pas rare de rencontrer quelqu’un qui va porter le nom de La Fontaine, de Savoie ou un autre nom, mais ils ne parlent pas du tout le français», raconte-t-elle.
Selon le créateur de Rendez-vous Détroit et de la visite guidée bilingue The Detroit French History Cruise, John Cooper, l’État du Michigan compte environ un million de personnes qui ont des origines familiales francophones, même si la majorité a perdu la langue il y a plusieurs générations.
La communauté francophone de Détroit se caractérise également par sa grande diversité, souligne Mélissa Baril. Au-delà des expatriés français et des Haïtiens, elle observe une immigration significative venant de l’Afrique francophone. Les Québécois, en revanche, ont tendance à «passer un peu sous le radar» et sont plus difficiles à «aller chercher», selon son expérience.
Créer des passerelles
Opérer dans un environnement où le français n’a pas de reconnaissance légale représente un défi. «Ce n’est pas un enjeu comme au Canada. Il n’est pas question de langue officielle, il n’est pas question officiellement de minorité linguistique», développe Mélissa Baril.
Mélissa Baril collabore avec des organismes locaux pour préserver et promouvoir les héritages de la francophonie locale, notamment auprès de la jeunesse.
Cela nécessite d’être «plus créatif sur la partie très positive et de valoriser les communautés», remarque-t-elle. Après avoir constaté la richesse des francophones qui l’entourent, Mélissa Baril veut attirer l’attention des institutions du Michigan pour mettre en valeur une francophonie «plus diversifiée et plus locale». Notamment pour améliorer l’intérêt envers la langue de Molière chez les jeunes.
«Apprendre le français, ce n’est pas juste penser aux stéréotypes français de Paris. Ce n’est pas ça aujourd’hui, être francophone, insiste-t-elle. C’est important de montrer que la francophonie, elle existe aussi aux États-Unis.» Cela a d’ailleurs été une grande découverte pour elle à son arrivée à Détroit.
On faisait vraiment un focus sur le français de France, avec des voyages en France, alors que c’est très rare qu’on ait une représentation de la francophonie d’ici.
Au-delà des frontières de l’État, Mélissa Baril aimerait développer des partenariats avec les écoles d’immersion et les écoles francophones de l’Ontario. Notamment à Windsor, Sarnia et London, afin de créer davantage de passerelles entre les communautés éducatives. Elle invite les acteurs concernés à se manifester : «Sachez qu’on est ouvert à créer davantage de passerelles entre nos communautés.»
À lire aussi : Il y a 100 ans, le français subissait l’omerta en Louisiane
Bonjour Détroit a organisé le 24 juin dernier un évènement à l’occasion de la Saint-Jean-Baptiste, dans un restaurant canadien connu pour sa poutine.
Mélissa Baril ajoute que l’association envisage aussi de projeter un documentaire québécois sur les racines francophones de Détroit, sous-titré en anglais, pour une meilleure accessibilité.
Baignades, d’Andrée A. Michaud, Québec Amérique, 2024.
Imaginez des vacances au camping tant attendues, au bord d’un lac, au cœur de l’été québécois, chaud et humide. Un père, une mère, leur petite fille. Alors que cette dernière se baigne nue dans le lac, le propriétaire crie au scandale. Plus tard, un autre incident pousse la famille à fuir en pleine nuit, sous l’orage, à bord de leur énorme VR. Les premiers dominos d’une suite d’évènements menant droit au cauchemar. Un cauchemar de forêt dense, de pluie, de lucioles et de (re)trouvailles inattendues.
Dans ce polar, on entre tour à tour dans la tête de chaque protagoniste, bons comme méchants. Le tout servi par une écriture fluide, entêtante, qui nous amène du passé au futur, en plongeant dans le présent, étouffant. De quoi bien nous tenir en haleine, même quand on pense avoir trouvé l’issue.
– Camille Langlade
À lire aussi : Trois polars pour voyager dans le temps (Chronique)
Les falaises, de Virginie DeChamplain, Éditions La Peuplade, 2020.
Une jeune femme revient dans sa Gaspésie natale, au Québec, lorsqu’elle apprend que le corps de sa mère a été retrouvé sans vie sur une plage du fleuve Saint-Laurent. Avec sa sœur et sa tante, elle entreprend de vider la maison familiale, mais décide d’y rester afin de se plonger dans les souvenirs. Elle découvrira l’histoire de sa mère, mais surtout celle de sa grand-mère, à travers les journaux de celle-ci.
Ce roman dépeint avec sensibilité et réalisme la difficile communion entre trois générations de femmes. Il y est question d’héritage et de racines; où les planter pour se sentir vraiment chez soi, surtout quand on a soif d’ailleurs? Les falaises, c’est un beau voyage poétique, tempétueux et mélancolique, qui vous transportera de la Gaspésie à l’Islande.
– Marine Ernoult
500 ans de résistance autochtone, de Gord Hill, trad. de Marie C Scholl-Dimanche, Éditions Prise de parole, 2023.
Une bande dessinée éducative (pour adultes) n’est pas une suggestion de lecture d’été classique, mais 500 ans de résistance autochtone est un incontournable pour tous ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire commune des Autochtones de l’Amérique et des colons européens.
Gord Hill présente les moments importants sans compromis, sans tenter d’adoucir l’histoire d’un côté ou l’autre. Les évènements sont racontés de façon succincte, ce qui permet de découper facilement les périodes de lecture. Les dessins, parfois crus, sont pour un public averti.
– Julien Cayouette
À lire aussi : L’essor de la littérature autochtone en francophonie minoritaire
La grande lectrice Elizabeth-Rose Mepham était ravie de découvrir l’univers d’Edgar Payette et de ses paillettes. Roman de Simon Boulerice, publié aux Éditions Québec Amérique, 2012.
La famille Payette compte deux fils bien différents l’un de l’autre. L’ainé, Henri, arrive à l’adolescence. Il est timide et prévoit déjà mener un jour une sérieuse carrière de dentiste, comme ses parents. Edgar, lui, est tout le contraire : flamboyant, doué d’un fort sens de la mise en scène et débordant de créativité. À tel point que son grand frère ne le trouve pas de tout repos et voudrait bien, lui aussi, être le centre d’attention à l’occasion.
Inspiré d’un vrai jeune garçon, le roman Edgar Paillettes s’adresse à un public de 9 ans et plus, mais son histoire fait chaud au cœur et rappelle – même aux adultes – que parfois, il faut essayer de voir la vie avec les yeux de l’autre et que, souvent, la différence n’a pas d’importance… et aussi, qu’après tout, «le ridicule ne tue pas»!
– Martine Leroux
L’Affaire Cannon, de François Charbonneau, Éditions du Boréal, 2025.
En 1945, George Cannon et sa femme, Lillian, se voient interdire l’accès à la salle à manger du Château Frontenac, à Québec, à cause de la couleur de leur peau. En 2020, une chronique du Devoir traitant de ce morceau d’histoire fait sourciller le professeur et essayiste François Charbonneau, qui commence alors sa quête pour la vérité. Un travail qui devrait faire l’envie de tout journaliste.
Important, son ouvrage participe à la lutte contre la réécriture de l’histoire. Il rend justice aux Canadiens français de l’époque, dont le véritable rôle dans cette histoire méritait d’être raconté, ainsi qu’à la mémoire du Dr Cannon, figure emblématique de l’histoire afro-américaine. Le livre nous plonge dans les aventures parallèles, mais désormais inextricablement liées, du chercheur persévérant qu’est François Charbonneau et du médecin courageux que fut George Cannon. Un livre passionnant et éclairant qui intéressera les amoureux et amoureuses de la vérité.
– Marianne Dépelteau
Talleyrand, le prince immobile, d’Emmanuel De Waresquiel, Fayard, 2006.
De Louis XVI à Louis-Philippe 1er, en passant par la Révolution, Napoléon 1er, Louis XVIII et Charles X, Talleyrand a été le conseiller, le négociateur et le stratège de toutes ces autorités. Il savait traiter avec les grands de ce monde et les manipuler, souvent à leur insu, en s’imposant comme l’homme de la situation, l’indispensable, même si parfois, ses maitres le détestaient. Talleyrand savait aussi se faire haïr comme pas un.
Emmanuel de Waresquiel plonge très profondément dans le vécu de ce géant de l’influence pour nous décrire les moindres détails de son parcours extraordinaire. Par moment, on est cependant inondé d’informations qui peuvent rendre la lecture ardue. Si l’on peut passer outre et faire preuve de patience, la récompense sera de découvrir cette période mouvementée de la France comme si on la vivait de l’intérieur. Et on reste estomaqué par la vie hors du commun de ce personnage hors norme.
– Marc Poirier
La Commission de la fonction publique du Canada (CFP) a reçu 18 demandes d’exemption pour raison d’ordre médical lors de l’exercice financier 2023 à 2024. En 2019-2020, elle en avait reçu une seule.
«Ceci représente une augmentation continue au cours des 5 derniers exercices financiers», lit-on dans le rapport annuel 2023-2024 de la CFP.
«De nombreux facteurs peuvent influencer les demandes, tels que le volume de dotation», dit la CFP dans une réponse par courriel. Les effectifs généraux de la fonction publique fédérale ont certes augmenté, mais la CFP ignore si le nombre de fonctionnaires potentiellement admissibles à une exemption a fait de même.
«Nous pouvons cependant affirmer que, parmi les demandes reçues depuis 2018, seulement deux ont été refusées», révèle-t-elle.
Et dans les deux dernières années, sur les 28 demandes d’exemption reçues, 27 concernaient l’apprentissage du français. Cette proportion reflète la distribution générale des demandes reçues par la CFP dans le passé, confirme l’organisme.
À lire aussi : Incapables de travailler dans leur langue, des fonctionnaires quittent
Plusieurs postes au sein de la fonction publique exigent le bilinguisme. Selon le poste, il faut posséder une certaine maitrise des deux langues officielles, le français et l’anglais. Les fonctionnaires doivent passer des tests pour faire évaluer leur niveau de bilinguisme.
Grâce à un décret d’exemption, il est possible d’occuper un poste bilingue sans connaitre les deux langues si un problème de santé empêche l’apprentissage d’une seconde.
«C’est une exception à la règle générale, utilisée seulement dans certaines situations exceptionnelles», écrit la CFP dans un courriel. Un ou plusieurs spécialistes de la santé doivent fournir de la documentation médicale pour appuyer toute demande d’exemption.
La CFP donne en exemple la surdité, la dyslexie grave et des troubles neurologiques comme cause pouvant expliquer une incapacité à apprendre une langue.
Dans les deux dernières années, une seule demande d’exemption pour une raison d’ordre médical concernait l’apprentissage de l’anglais. La fonction publique canadienne a beau compter plus de fonctionnaires anglophones que francophones, les demandes d’exemptions sont disproportionnelles.
2023-2024, 2024-2025
La CFP note que l’exemption est accordée dans les cas où une personne est incapable d’apprendre une deuxième langue officielle, et ce, «même avec une formation linguistique».
Est-ce qu’alors les fonctionnaires francophones sont moins susceptibles d’être atteints d’un trouble empêchant l’apprentissage de l’anglais? Ce n’est pas l’hypothèse de la professeure d’orthophonie à l’Université Laurentienne, en Ontario, Michèle Minor-Corriveau.
Selon elle, «le contexte minoritaire» rend l’apprentissage du français plus difficile au Canada. «Si je vais en Espagne, je n’ai pas le choix, tout se passe en espagnol. C’est sûr que l’espagnol me viendrait beaucoup plus facilement.»
Rappelant qu’«il est difficile pour tout adulte d’apprendre une autre langue», l’orthophoniste explique que, pour ce faire, «ça prend vraiment un milieu, un contexte dans lequel on peut faire des échanges».
À lire aussi : Les fonctionnaires fédéraux pourront désormais choisir la langue de supervision
Au-delà de la formation linguistique, il y a la langue du milieu, fait-elle remarquer. Sans douter de la rigueur avec laquelle les exemptions sont accordées dans la fonction publique, Michèle Minor-Corriveau témoigne de «gens qui ont connu de grands succès à apprendre une langue, même à l’âge adulte, malgré des troubles qui justifieraient une exemption, parce que la motivation était là».
La motivation, ce n’est pas le seul facteur, mais c’est le plus important. Même quelqu’un qui souffre de dyslexie, s’il veut marier quelqu’un qui vient d’un autre pays, il voudra pouvoir communiquer avec cette personne-là.
Dans le cas d’une exemption pour raison d’ordre médical, il revient aux gestionnaires «de prendre des mesures pour assurer les tâches ou fonctions bilingues liées au poste aussi longtemps que la personne qui occupe le poste ne répond pas aux exigences linguistiques», explique la CFP par courriel.
«Il incombe aux institutions de déterminer les mesures appropriées au cas par cas, en tenant compte des fonctions et des responsabilités uniques du poste à doter», écrit-elle. Un partage des fonctions avec un autre fonctionnaire, bilingue, de même niveau peut par exemple avoir lieu.
«Il n’existe aucun examen pour évaluer les compétences d’une personne en LSQ ou en ASL. Faute de cet examen-là, on donne des exemptions médicales», dit Richard Belzile.
C’est ce que dénonce le directeur général de l’Association des sourds du Canada, Richard Belzile, qui préfèrerait que l’on parle davantage d’«accommoder» plutôt que d’exempter des personnes des exigences liées à un poste.
«Ça met l’emphase sur le handicap, sur le négatif, remarque-t-il. Si une personne est en fauteuil roulant et qu’il y a trois marches, on ne va pas [lui] donner une exemption de venir au travail, mais on va construire une rampe. C’est au deuxième étage? On va mettre un ascenseur.»
Richard Belzile reconnait que l’exemption permet un transfert de responsabilités liées à une seconde langue officielle, mais estime que cette solution est limitée : «Si tu cherches un poste où les tâches ne peuvent pas être transférées, si on demande un poste de gestion ou de superviseur de 30 ou 40 employés, si on demande le poste de sous-ministre, est-ce qu’on va donner une exemption médicale?»
Sans prétendre avoir les réponses à tout, Richard Belzile aimerait que le gouvernement se penche davantage sur la manière d’intégrer les personnes atteintes de surdité, au-delà d’exemptions.
Il fait remarquer que la fonction publique ne teste pas la connaissance de la langue des signes québécoise (LSQ) ni de l’American Sign Language (ASL), et propose que cela soit rectifié.
«Si tu testes la personne selon ces langues, tu vas voir qu’elle est bien qualifiée pour le poste. Et là, la question en devient une d’accommodation au lieu d’une exemption médicale», conclut Richard Belzile.
À lire aussi : Fonction publique : «Il faut changer cette culture d’être unilingue»
Lors d’un panel tenu le 25 juin à Ottawa, dans le cadre du colloque «Pouvoir des langues, langues du pouvoir», trois professeures de l’Université Laurentienne ont dressé le même constat : les normes permettant d’évaluer le développement du langage chez des enfants francophones en situation minoritaire sont inadaptées, voire inexistantes.
«À l’heure actuelle, il n’y a pas de dépistage qui permet de prédire si les enfants en âge préscolaire vont avoir des troubles de développement du langage (au scolaire)», affirme la professeure agrégée à l’École d’orthophonie de la faculté d’éducation et de santé de l’Université Laurentienne, à Sudbury, en Ontario, Roxanne Bélanger.
C’est pourquoi elle a cherché à multiplier les outils dans le cadre de ses recherches, en auditionnant des enfants bilingues : dix dont le français était la langue dominante et 36 dont c’était l’anglais.
À lire aussi : Approches plurilingues : apprendre le français autrement
Pour Roxanne Bélanger, il serait possible de détecter des complication au niveau du langage dès l’âge préscolaire, mais les ressources manquent.
Selon Roxanne Bélanger, l’emploi des gestes chez les enfants d’âge préscolaire, de 1 à 5 ans, reste un «indicateur du développement langagier et cognitif».
«[Les gestes] sont accessibles, ils sont culturellement robustes et indépendants du vocabulaire. [Ils] demeurent donc un outil de dépistage et d’intervention dans les communautés où les enfants sont surtout exposés à une langue minoritaire. Les gestes permettent de surveiller le développement du langage sans [avoir] recours au vocabulaire dans la langue majoritaire.»
Agir sur le développement des gestes à l’âge préscolaire en amont permettrait d’éviter «une cascade de difficultés», remarque-t-elle.
Cette situation concerne les enfants issus d’un foyer où ils sont exposés à une ou à plusieurs langues minoritaires, de manière plus ou moins constante, «ce qui peut influencer la vitesse puis la nature du développement langagier», souligne-t-elle.
Les premiers résultats de ses recherches ont permis à la professeure de confirmer que, lorsqu’un dépistage est effectué à 36 mois, il est possible de prédire et de corriger l’apparition d’éventuels troubles à 70 mois.
D’après elle, il manque «une stratégie d’identification précoce sur l’emploi de gestes qui tienne compte de la complexité du développement de l’enfant, surtout au sein des communautés linguistiques minoritaires».
«Il y a peut-être des concepts qui ne sont pas universellement pertinents ou transposables», ajoute la professeure.
Selon elle, l’emploi de gestes pourrait dépendre de la langue, avec à la clé des différences culturelles. Mais faute de recherche pour les langues minoritaires, c’est encore un «casse-tête» d’évaluer des enfants qui changent de langue en fonction du contexte majoritaire.
«Puis, en français, on n’a pas le choix, [on doit utiliser] des outils qui sont traduits», déplore-t-elle, soulignant l’incertitude quant à leur fiabilité.
Parfois, les orthophonistes s’appuient sur des outils conçus en France ou au Québec, ce qui ne reflète pas non plus la réalité des communautés de langue officielle minoritaire, souligne-t-elle.
À lire aussi : Apprendre à lire, mais pas n’importe comment
L’autre défi reste selon Roxanne Bélanger est qu’«il y a souvent une quantité inégale d’exposition aux différentes langues, ce qui peut influencer la communication gestuelle et orale».
Pour la professeure, la langue majoritaire «domine» l’environnement direct des médias : à l’école, lors des activités extrascolaires ou communautaires.
Ça influence vraiment la motivation de l’enfant et la capacité à apprendre la langue minoritaire. Et les quelques recherches qui ont eu lieu auprès des langues minoritaires ont montré qu’il peut y avoir des attentes culturelles différentes face au développement du langage.
Sa collègue, Michèle Minor-Corriveau, également professeure agrégée à l’École d’orthophonie de l’Université Laurentienne, relève que les enfants bilingues ont longtemps été évalués dans leur langue dominante.
La présidente du panel, Chantal Mayer-Crittenden, affirme que les orthophonistes finiront par créer leurs propres outils, notamment pour évaluer les enfants francophones en contexte linguistique minoritaire.
«Quand on a commencé en tant qu’orthophoniste, on avait des gens qui résistaient au fait qu’on devait évaluer l’élève en français en milieu minoritaire», témoigne-t-elle.
Or, les normes actuellement en place restent inadaptées, insiste-t-elle, puisque 80 % des élèves ne répondent pas aux critères exigés.
Autre souci : le fait de penser qu’un enfant a un trouble du langage, alors que ce n’est pas le cas. «On va parfois soit suridentifier un trouble quand en fait [les enfants] sont tout simplement en voie d’acquisition de la langue seconde. Donc c’est sûr que lorsqu’ils sont en train d’apprendre une langue seconde, ils n’auront pas des scores comparables à un enfant monolingue», soulève Chantal Mayer-Crittenden, professeure dans la même faculté que les deux autres chercheuses.
En entrevue avec Francopresse, Julie Boissonneault, coorganisatrice et cofondatrice du colloque international Langue et Territoire, explique la raison d’être de l’évènement : «Il a été créé d’abord et avant tout par intérêt [pour les langues]».
Il vise aussi à offrir un espace d’échange entre des disciplines qui s’intéressent à des enjeux similaires, poursuit-elle.
Julie Boissonneault confirme qu’il s’agissait de la dernière édition du colloque, principalement en raison du décès en 2023 d’un des cofondateurs, Ali Reguigui, professeur de linguistique à l’Université Laurentienne.
Souvent, on me demande pourquoi j’ai décidé de rester à Cap-Saint-Georges, un coin que j’appelle souvent «le Pays du Bon Djieu». Bien, la réponse n’est pas compliquée. Pourquoi aller ailleurs pour avoir moins que j’ai ici, dans mon p’tit coin de pays. Où peut-on aller et respirer un air si frais, voir le fond de l’océan de loin, au large, faire des excursions en forêt et sur la montagne Blanche, voir l’ile Rouge, le Cap Carré ou même le Caillou Percé au loin? Et où, du 1er au 3 aout, peut-on célébrer la musique et la culture franco-terre-neuvienne mieux qu’au Parc Boutte du Cap, à Fêtons le festival?
– Joseph A. Benoit, directeur-enseignant à la retraite, pour Le Gaboteur
Niché dans le coin de Pubnico, la plus ancienne région encore acadienne dans la province, le Village historique acadien de la Nouvelle-Écosse permet de remonter au début des années 1900. Le site de 17 arpents a une vue sur le port de Pubnico. Ce lieu riche en histoire est une excellente manière de se familiariser avec la vie et la culture acadienne de l’époque.
– Jean-Philippe Giroux, rédacteur en chef, Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Trois bâtiments grandeur nature ont été fabriqués avec plus de 25 000 bouteilles de verre qui créent une symphonie de lumière et de couleurs. Au bord de la route 11 à l’Île-du-Prince-Édouard, une bouteille géante de 13 pieds de hauteur invite les gens à venir jeter un coup d’œil. On peut déambuler dans les jardins de fleurs en constante évolution, admirer les sculptures en bouteilles et visiter le centre d’interprétation, qui est une reproduction du phare de Cap-Egmont. En plus, il y a une boutique de cadeaux qui propose, entre autres, des objets de verre produits à l’Île-du-Prince-Édouard. Venez explorer ce site afin de vous ressourcer et de retrouver une sérénité inégalée.
– Marcia Enman, directrice générale, La Voix acadienne
Inauguré en présence de la regrettée Antonine Maillet en aout 2023, le parcours nocturne Akadi Lumina s’enrichit cette année d’une nouvelle zone intitulée Haute Mer. Immergez-vous dans l’histoire de l’Acadie, ses légendes, ses traditions et son folklore. Le parcours débute à la tombée de la nuit. Rien ne presse : prenez tout votre temps et laissez-vous envelopper par la magie d’une expérience onirique.
– Damien Dauphin, rédacteur en chef, Le Moniteur acadien
Lumière, musique et projections font découvrir le Pays de la Sagouine sous un tout nouveau jour – ou plutôt nuit.
Que ce soit pour un après-midi à la plage, une randonnée en forêt, une balade en bateau sur l’eau de la rivière des Outaouais ou même pour une vue imprenable sur le coucher du soleil, l’ile Petrie est un endroit prisé des amoureux et amoureuses de plein air. Située au bout du chemin Tweedle, à Orléans, une banlieue de l’est d’Ottawa, l’ile abrite de nombreuses espèces, dont des tortues, des grenouilles et des grands hérons.
– Rebecca Kwan, journaliste, L’Orléanais
Toronto est loin d’être un village. Pourtant, une communauté de la métropole correspond à la définition d’un village : les 600 personnes qui habitent sur les iles de Toronto. Ces iles forment l’une des attractions les plus originales de la Ville Reine. Accessibles par un traversier qui fait partie du système de transport en commun de la ville, elles comptent quelques plages baignables, des restaurants sympathiques, des petites rues cyclables, d’immenses parcs et une vue imprenable sur la ville et sur le lac Ontario. Elle est chaudement recommandée par la chroniqueuse Nathalie Prézeau.
– François Bergeron, rédacteur en chef, l-express.ca
Inspiré de la fameuse légende du loup, le Festival du loup tiendra sa 21e édition le 19 juillet 2025, à Lafontaine. Les festivités se déroulent en plein cœur du village de Lafontaine, reconnu pour son charme et sa proximité avec la baie Georgienne. La célèbre parade de tracteurs donnera le coup d’envoi à cette journée de célébrations offrant spectacles, jeux, artisans et bonne bouffe. Le groupe franco-ontarien Hey, Wow terminera la journée tout en musique cette année. Venez hurler avec nous!
– Odette Bussière, Le Goût de vivre
La célèbre parade de tracteurs donne le coup d’envoi au Festival du loup chaque année.
À 40 km à l’est de Sault-Sainte-Marie, l’ile Saint-Joseph recèle de nombreux trésors : le fort Saint-Joseph, la marina de Hilton Beach et les baies turquoise du chenal du Nord, entre le lac Huron et le lac Supérieur. Il y a aussi le centre multiarts AlgomaTrad, auquel vient d’être ajouté un pavillon pour les camps de musique et de danse ainsi que pour les ateliers d’artisanat. Cette année, AlgomaTrad offrira en plus trois concerts d’été.
– Isabelle Michaud, journaliste, Le Voyageur
Le nouveau pavillon de concerts et danse d’AlgomaTrad.
À 48,3 kilomètres à l’ouest de Hearst, ce lac de source naturelle est un joyau caché sur le bord de la route 11. Il faut être guidé pour s’y rendre. Les gens y mettent souvent leur kayak à l’eau ou s’y baignent par grande chaleur, puisque l’eau y est extrêmement froide. La transparence de l’eau signifie que ce lac n’a pas de source externe qui s’y déverse et, puisqu’il n’y a pas de courant, la température de l’eau augmente peu au cours de l’été. Il y a plusieurs lacs bleu turquoise comme le lac Rabbit dans les environs de Hearst. Il suffit de les trouver.
– Renée-Pier Fontaine, journaliste, journal Le Nord
Renée-Pier Fontaine devant le lac Rabbit.
Le lac Diefenbaker est un lac artificiel, né de la construction des barrages Gardiner, sur la rivière Saskatchewan, et celui de la rivière Qu’Appelle. Avec ses 225 km de longueur, il s’agit du plus grand lac de la Saskatchewan. Sa dimension en fait un endroit rêvé pour tous les sports nautiques. C’est entre autres l’endroit idéal pour faire de la planche volante (kitesurf) en Saskatchewan.
– Frédéric Dupré, directeur général, Coopérative des publications fransaskoises
Folk On The Rocks (FOTR) est un festival de musique et de culture incontournable du Nord canadien. Il est organisé chaque été depuis 1980 sur les rives du lac Long, à Yellowknife. Ce rassemblement unique offre plus de 35 heures de spectacles répartis sur six scènes, réunissant des artistes du Canada et d’ailleurs, y compris quelques artistes francophones. Le festival propose une programmation pour tous les âges, y compris les enfants, une brasserie en plein air, un marché d’artisanat local et une foire alimentaire. Que vous soyez en quête de musique, de culture ou simplement d’une expérience authentique en plein air, cet évènement promet une aventure mémorable.
– Élodie Roy, journaliste et annonceuse radio, Médias ténois
Lemon Bucket Orkestra au milieu d’une foule en extase au festival Folk On The Rocks de 2023.
Situé dans le parc provincial Peter Lougheed, au sud-ouest de Calgary, ce lac naturel est le point de départ de nombreuses randonnées. Vous pouvez en faire le tour en quelques heures sur un terrain quasiment plat ou décider de prendre quelques jours pour rejoindre d’autres vallées plus escarpées. Ce lac est très apprécié des familles en été, mais c’est à l’automne que la lumière y est la plus belle. La faune et la flore y sont extraordinaires. À quelques minutes du stationnement, il est possible de prendre de la hauteur très rapidement vers le lac Rawson, où le paysage alpin se resserre, les falaises vous encerclent et les névés de neige y défient la gravité.
– Arnaud Barbet, rédacteur en chef, Le Franco
Bois flotté sur la rive du lac Upper Kananaskis.
À Victoria, à quelques minutes à pied de l’hôtel Empress et de l’édifice du Parlement provincial se trouve un lieu qui respire la joie de vivre de la Côte Ouest : le Fisherman’s Wharf. Il fait bon y découvrir, en marchant sur les quais, plus d’une trentaine de maisons flottantes aux couleurs éclatantes, ainsi que plusieurs cafés et restaurants très fréquentés et réputés pour leurs plats de produits frais de la mer. De ces quais, on peut partir en excursion pour aller voir les baleines ou emprunter un kayak pour découvrir l’Inner Harbour de Victoria.
– Denis Bouvier, collaborateur, La Source
Site accessible à vélo, en auto ou même à pied si une petite randonnée vous tente, le Canyon Miles saura vous émerveiller. De la couleur de l’eau du fleuve Yukon à l’immersion dans la forêt, cet endroit vous fera notamment découvrir des vestiges de la ruée vers l’or. Du plaisir assuré pour les personnes de tous âges. Accès gratuit. L’été, des promenades d’interprétation gratuite sont offertes et, une fois par an, un festival d’arts visuels en plein air est proposé en juillet.
– L’équipe de l’Aurore boréale