le Samedi 15 novembre 2025

Après une longue attente pour rétablir le système d’interprétation, les membres devaient se prononcer sur la motion du bloquiste Mario Beaulieu pour prolonger le nombre de séances d’étude de C-13, sans toutefois en préciser le nombre d’heures.

Le bloquiste Mario Beaulieu a vu sa motion d’allongement et de débat de l’article 54 rejetée. 

Photo : Courtoisie

Sa motion, qui n’avait même pas été envoyée au Comité, contenait en plus un débat de l’article 54 du projet de modernisation, qui concerne la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale.

Un morceau important pour le Québec notamment, qui dénonce qu’Ottawa donne le choix à ces entreprises de s’assujettir ou non à la Charte de la langue française du Québec (ou loi 101).

Après de nombreuses tergiversations, dont une demande d’excuses du Parti conservateur après de «fausses allégations» du libéral Marc Serré et une cacophonie qui a régné pendant près d’une demi-heure, la motion du Bloc a été rejetée.

«C’est un show de boucane, a critiqué Marc Serré à la sortie du Comité. Ils ne sont pas organisés!»

Les conservateurs, quant à eux, ont demandé l’ajout de quatre séances et l’obligation de débattre de l’article 54. Leur demande a laissé place, non sans difficultés, à un sous-amendement de la néodémocrate Niki Ashton pour l’ajout de 6 heures 30 minutes d’étude du projet de loi, sans égard au débat de l’article 54.

Niki Ashton a fait voter l’ajout de plus de six heures à l’étude du projet de loi C-13. 

Photo : Courtoisie

Selon elle, la proposition conservatrice menait les travaux du Comité jusqu’à la fin avril. Un délai «trop long» pour faire adopter le projet de loi.

La députée en a profité pour manifester sa préoccupation pour le «temps perdu lors des premières réunions à cause du filibustering de plusieurs députés libéraux qui avaient leur propre agenda».

Présent à titre de membre temporaire, l’ex-conservateur Alain Rayes, devenu indépendant, avait visiblement la volonté de déposer un amendement.

Il s’est contenté de commenter : «J’ai suivi la plupart des débats de ce comité, et je vous remercie de votre travail. Je souhaite sincèrement que vous trouviez une solution pour les amendements importants, dont les clauses linguistiques, demandées par tous les organismes francophones. Je vous en prie, trouvez un consensus ensemble!»

La prochaine réunion du Comité se tiendra vendredi.

Le syndicat, qui représente plus de 7500 agents correctionnels fédéraux au pays, a publié le 6 mars 2023 un communiqué pour signaler «une atteinte significative, préoccupante et inédite à l’esprit de la Loi en matière de langues officielles».

Frédérick Lebeau, vice-président national du Syndicat UCCO-SACC-CSN, qui représente plus de 7500 agents correctionnels fédéraux à travers le Canada, déplore que le gouvernement ne négocie pas en français.

Photo : Courtoisie

En février, lors de la première ronde de négociations de la convention collective concernant les fonctionnaires, l’UCCO–SACC–CSN avait demandé une traduction simultanée des échanges, alors uniquement en anglais. Le Conseil du Trésor avait refusé, mais proposé de partager 50 % des frais de traduction avec le syndicat.

«Pour des raisons de couts, le Conseil du Trésor veut passer outre ou veut nous refiler 50 % des frais de traduction. D’habitude, dans les autres rondes [de négociations], il fournissait toujours un service de traduction pour les négociations. Nous sommes un syndicat bilingue, c’est important pour nous», déclare Frédérick Lebeau, vice-président national d’UCCO–SACC–CSN.

Frédérick Lebeau n’est pas «fermé» à payer des frais de traduction, puisque la «majorité des autres syndicats de la fonction publique paie 50 % des frais de traduction ou négocie seulement en anglais». Mais il aurait bien aimé être averti avant cette ronde de négociations : «Nos budgets sont votés une fois tous les trois ans. Présentement, on n’a pas ce budget.»

«C’est la première fois que le Conseil du Trésor nous oblige à négocier dans une langue ou dans l’autre, que ce soit en français ou en anglais», réagit vivement le vice-président.

Le Conseil du Trésor peu enclin à plier

Dans son communiqué, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) affirme que : «Le gouvernement fédéral se justifie en invoquant la nécessité d’avoir recours à des traducteurs externes et mentionne au passage que de toute façon, le Commissariat aux langues officielles n’a pas le pouvoir de le forcer à fournir et à financer la traduction simultanée à la table de négociation».

Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor.

Photo : Courtoisie Facebook Mona Fortier

Dans un courriel adressé à Francopresse, Monica Granados, attachée de presse au sein du Cabinet de la présidente du Conseil du Trésor, défend la position du gouvernement : «Pendant les négociations, les deux parties partagent le cout des traductions à parts égales. Pour les négociations avec le Syndicat des agents correctionnels du Canada, nous payons notre juste part et, de plus, nos négociateurs sont bilingues.»

Mais selon Frédérick Lebeau, même si le syndicat offre ses services dans les deux langues, certaines personnes ne parlent pas français ou anglais.

Le vice-président a suggéré au gouvernement négocier dans les deux langues, mais d’après lui, le Conseil du Trésor reste «intransigeant».

«On trouve ça aberrant qu’un gouvernement qui se dit prolinguistique et qui travaille dans les deux langues, qui doit avoir des tonnes de traducteurs [fasse cela]. Pour nous, c’est une question de principe. Le Conseil du Trésor a sorti un lapin de son chapeau», estime-t-il.

Le syndicat a déposé une plainte auprès du Commissariat aux langues officielles (CLO) le 8 février dernier, après la première ronde de négociations pour leur convention collective.

Raymond Théberge, Commissaire aux langues officielles.

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Sollicité par courriel, ce dernier se réserve le droit de commenter : «Le processus négociation collective comportant son lot de particularités, il est difficile pour le commissaire de se prononcer sur l’enjeu soulevé, puisqu’un grand nombre de variables entrent en ligne de compte. De plus, afin de préserver l’équité procédurale en cas de plainte qui lui serait transmise à ce sujet, le commissaire s’abstiendra donc de commenter le dossier.»

«La position du gouvernement est indéfendable»

Déjà, le 16 février, dans une lettre obtenue par Francopresse, le député néodémocrate Alexandre Boulerice déplorait la décision du Conseil du Trésor : «Bien que le gouvernement allègue vouloir protéger le français en déclin partout au pays en bonifiant les droits linguistiques de la minorité francophone, encore faut-il appliquer les droits linguistiques déjà existants sous le régime actuel. Au demeurant, la justification du gouvernement pour agir comme il le fait est indéfendable.»

Son collègue du Bloc québécois Mario Beaulieu avait également dénoncé la situation : «Parce qu’il veut négocier en français, le syndicat doit payer la note. Si le comité de négociations parlait entièrement anglais, il n’y aurait pas de traduction, donc pas de frais. Ce nouvel écueil ne fait que confirmer qu’à Ottawa, la seule réelle langue officielle, c’est l’anglais.»

«Quand t’as pas de projet, tu sais pas pourquoi tu fais tous ces efforts-là. En plus, [il y a le] stress financier. […] Beaucoup d’étudiants rendus à l’université vont changer de programme à un moment donné», rapporte André Samson, professeur titulaire d’orientation scolaire et professionnelle à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa.

Dans un rapport publié en 2014, le chercheur a évalué l’identité vocationnelle de plus de 1 200 élèves qui terminaient leur secondaire dans une école de langue française en Ontario. Presque 43% d’entre eux ont déclaré vivre de l’indécision vocationnelle grave.

Selon André Samson, «ils arrivent à l’université, ils arrivent au collège, sans trop savoir dans quoi ils s’embarquent.»

Définitions utiles

Identité vocationnelle : concept qui «renvoie à la “clarté des objectifs professionnels d’une personne et sa perception de soi”». – source

Indécision vocationnelle : «incapacité à faire un choix en matière de formation ou d’emploi quand celui-ci s’avère nécessaire» – source

Psychométrie : science qui «consiste en l’évaluation quantifiée, objective et standardisée des différences individuelles à l’aide d’instruments psychométriques» – source

Pour son étude, le chercheur a également demandé à des conseillers et conseillères d’orientation d’évaluer leurs compétences au moyen d’un questionnaire. Résultat : aucune des 13 compétences évaluées n’a atteint le 3 sur une échelle de 1 à 5 (1 étant un niveau de maitrise équivalent à « pas du tout » et 5 à « très bien »). La psychométrie est la compétence que les répondants ont déclaré maitriser le moins.

André Samson a réalisé plusieurs études sur l’orientation scolaire dans les écoles francophones, particulièrement en Ontario. 

Photo : Rémi Laprise

Or, «la psychométrie, c’est fondamental d’orientation scolaire et professionnelle parce que ça nous permet d’avoir des normes objectives pour évaluer, par exemple, les intérêts d’un élève […] et ses aptitudes», explique André Samson. Selon lui, c’est ce qui permet à un conseiller d’aider des élèves dans leur choix de carrière.

«La psychométrie est quasiment absente. Il n’y a aucune formation clinique, pas de supervision […] Donc que vont faire les conseillers d’orientation qui n’ont aucune formation ou à peu près? Ils vont surtout faire de l’information scolaire et professionnelle. C’est-à-dire [qu’]ils vont informer leurs élèves du secondaire de quels cours se donnent, quelles formations se donnent dans telle université ou dans tel collège.» Ils leur parleront aussi d’aide financière.

À lire aussi : L’orientation scolaire professionnelle traine de la patte en francophonie minoritaire

Un siècle de retard

Selon André Samson, le modèle actuel de formation d’orientation que suivent plusieurs provinces canadiennes date d’il y a plus d’un siècle.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) déplore ce retard dans la formation. «Cela fait 20 ans qu’elle note que la formation des conseillers d’orientation, spécifiquement en Ontario et dans plusieurs provinces du Canada anglais, n’est pas suffisante et n’est pas adéquate comparativement à d’autres pays de l’Occident ou d’autres pays industrialisés», insiste André Samson, professeur titulaire à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa.

Alexis Gasc, élève de la Colombie-Britannique.

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Consultez les articles de la série Le secondaire et après

Formation déficiente

«Il y a beaucoup [de jeunes] qui arrivent à l’université et qui connaissent juste le nom de leur programme, mais ils ne savent pas à quoi ressemblent les cours, qu’est-ce qu’ils vont faire», rapporte André Samson.

Pour Alexis Gasc, qui terminera son secondaire en juin à l’école secondaire Jules-Verne de Vancouver, la pandémie n’a pas aidé : «J’ai raté pas mal d’informations que les années d’en dessous et d’au-dessus ont eues. Par exemple, je n’ai pas pris ma chimie en 11e […] alors que j’aurais dû savoir qu’il la fallait pour l’ingénierie.»

Dans son rapport final des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire, l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) souligne que, selon certains participants, «les conseillers et conseillères d’orientation ont une connaissance limitée des établissements postsecondaires francophones ou […] véhiculent des opinions négatives à leur sujet».

Nyamae Alloway fréquente une école de St-John’s à Terre-Neuve-et-Labrador.

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Pénurie

Bien formés ou non, les conseillers et conseillères d’orientation manquent dans les écoles canadiennes. À l’Association francophone des conseillères et conseillers d’orientation du Nouveau-Brunswick (AFCONB), un conseiller doit s’occuper d’environ 450 élèves.

À l’école Holy Hearts of Mary que fréquente Nyamae Alloway à Terre-Neuve-et-Labrador, il y a trois conseillères pour environ 1 400 élèves. Selon la finissante, elles passeraient plus de temps à offrir de l’appui psychologique aux élèves qu’à guider les élèves dans leur choix de carrière.

«Elles disent que leurs portes sont toujours ouvertes. Ce n’est pas vrai», déplore Nyamae Alloway.

Elle a seulement pu évoquer avec sa conseillère, nouvellement arrivée dans l’établissement, le sujet des bourses. Rien de plus. Elle a toutefois pu discuter de son parcours au postsecondaire avec sa mère qui enseigne dans le milieu universitaire.

Les parents et le corps professoral en renfort

«La majorité [des élèves] ne prennent pas au sérieux les conseillers d’orientation.» C’est la conclusion à laquelle André Samson est arrivé après s’être entretenu avec des centaines d’élèves.

Anthony Huneault-Thai a choisi d’étudier les sciences comme plusieurs membres de sa famille. 

Photo : Courtoisie

«Au niveau du soutien social, ceux qui sont les plus efficaces sont les parents, et c’est normal. Après ça, ce sont les enseignants […] Les conseillers d’orientation en Ontario ont très peu d’influence sur le choix d’études postsecondaires de leurs élèves.»

Alexis Gasc a pu trouver de l’appui auprès d’une enseignante de son école. «J’ai un cours “Liens avec la vie personnelle et professionnelle”. Ma prof m’aide beaucoup. Elle m’envoie des bourses par email quand elle en trouve. J’ai du support quand j’en ai besoin. J’ai déjà des profs en tête pour mes lettres de référence», dit le jeune francophone, qui s’estime chanceux.

Admis en biochimie à l’Université d’Ottawa, Anthony Huneault Thai n’a pas consulté de conseiller d’orientation et a choisi de se tourner vers les sciences, comme d’autres membres de sa famille.  

«J’ai toujours voulu entrer dans le champ médical, dit-il. J’ai un cousin qui [fait de la] biochimie, son chum est en biopharmaceutique, et le chum de mon autre cousine a pris [biomédecine]. Je suis cette partie de la famille», confie-t-il.

Le projet avant toute chose

Apollo Sévigny fréquente une école secondaire à Yellowknife et compte étudier à Montréal l’an prochain. 

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«La motivation aux études universitaires dépend en partie de ton projet vocationnel, de ton identité vocationnelle», explique André Samson. Parmi tous les jeunes qu’il a vus passer au fil des ans, ce sont ceux qui avaient un projet qui ont poursuivi leurs études.

 «Je suis jeune et je ne sais pas ce que je veux faire à 100% pour mon futur et [c’est] l’une des raisons pourquoi McGill est mon premier choix. […] C’est justement parce qu’il y a tellement de choix de cours et tellement d’options de parcours, alors si je veux changer, je peux», témoigne Apollo Sévigny, finissant au secondaire Sir-John-Franklin à Yellowknife.

C’est justement dans l’élaboration de ce projet que les conseillers d’orientation ont un rôle important à jouer. Selon André Samson, il est impossible d’être à la hauteur de la tâche sans une formation en psychométrie adéquate.

Baisse des commandites, fermeture des salles, annulation des spectacles et de programmations en tous genres : les mesures sanitaires liées à la COVID-19 ont profondément affecté l’industrie culturelle, en particulier les revenus de ses professionnels.

David Hope est directeur général de l’Actors Funds Canada (AFC).

Photo : Courtoisie

Plusieurs acteurs du milieu, dont David Hope, directeur général de l’Actors Funds Canada (AFC), déplorent «le départ de plusieurs artistes et employés», «une perte de revenus» et «l’endettement et l’épuisement des artistes», en raison des délais dans la reprise des activités culturelles.

Certains ont même opéré une «reconversion totale» pour subvenir à leurs besoins, souligne la directrice générale de l’Association des théâtres francophones du Canada (ATFC) Lindsay Tremblay.

Le secteur des arts de la scène et des festivals a été le plus durement touché, avec une baisse de 52 % des ventes et de 36 % des postes entre 2019 et 2020.

Mais malgré toutes ces difficultés, le secteur se relève tant bien que mal, note la directrice. Selon Statistique Canada, les spectacles sur scène ont enregistré une hausse de 3 607 emplois (+5,3 %) au troisième trimestre de 2022.

Une relance «fragile» et inégale

«Mais pour nous [le théâtre], la relance va être longue, va prendre plusieurs années, nuance Lindsay Tremblay. La relance dans le milieu culturel et artistique en général est encore fragile.»

Même son de cloche du côté de David Hope : «La reprise va prendre du temps avant de retrouver son état prépandémique en raison de l’impact profond laissé par la pandémie.»

Le directeur fait en outre état d’une reprise inégale dans le secteur : «Les industries du film et de la télévision ont repris leurs capacités plus vite que le milieu des arts vivants […] Les professionnels de ce milieu, continue-t-il, se cherchent encore, sont entrain de récupérer. Beaucoup sont pigistes donc n’ont pas de revenus constants et ont perdu leur emploi.»

L’AFC offre des bourses de relance aux travailleurs autonomes du secteur des arts.

Photo : AFC

La réactivation des arts

Pour pallier ce manque, le gouvernement fédéral a mis en place plusieurs fonds de soutien et d’urgence visant à soutenir la relance de l’industrie culturelle.

Le 6 juillet 2022, l’AFC a annoncé la création du Programme de réactivation. Financé par le Fonds pour la résilience des travailleurs du secteur des spectacles sur scène du Canada (FRTSSSC) de Patrimoine canadien, il vient donner un coup de pouce de 2500 $ aux artistes et artisans des arts de la scène Québec pour les aider à couvrir leurs frais de subsistance de base.

L’AFC compte verser jusqu’à 12 millions en appui financier.

Un malaise plus profond

«Le secteur a besoin de plus de soutien financier de relance des bailleurs à tous les niveaux ; fédéral, provincial, municipal, pour refléter les besoins des professionnels du milieu et encourager la relance», déclare Lindsay Tremblay.

La directrice s’inquiète que le Programme de réactivation de l’AFC ne soit pas renouvelé. «Le gouvernement doit comprendre qu’on va continuer d’avoir besoin du soutien de relance, insiste-t-elle. Les décisions concernant le milieu ne viennent pas juste d’en haut.»

Mais pour la directrice de l’ATFC, «la crise pandémique n’a fait qu’accentuer les difficultés que vivaient déjà le milieu du théâtre en particulier et le milieu culturel en général», et ce malgré les aides gouvernementales.

Lindsay Tremblay, directrice générale de l’Association des théâtres francophones du Canada (ATFC).

Photo : Courtoisie

Selon la directrice générale, «le gouvernement fait des efforts, mais il faut aussi travailler ensemble. Il ne faut pas que des décisions concernant le milieu des arts et de la scène vienne juste d’en haut, mais il faut faire participer le milieu dans la prise de ces décisions ».

De la nécessité de repenser le milieu

La crise pandémique a montré les limites du «travail en silo» dans le milieu et la nécessité d’opérer des changements, estime Lindsay Tremblay. Il est plus qu’important, d’après elle, que «le milieu des arts et [celui de] la culture en général travaillent ensemble afin de réfléchir à des façons de faire autrement».

Autrement dit, penser à des modèles innovants en matière de production, de distribution et de consommation, pour faciliter notamment la mobilité des œuvres artistiques, encourage-t-elle.

La crise a toutefois permis une forte mobilisation et a contribué à créer un langage commun avec un «échange de bonnes pratiques», constate-t-elle.

Plus sur la francophonie

Le Bloc québécois a demandé au président du Comité permanent des langues officielles de prolonger l’étude du projet de loi C-13. Soutenue par trois élus conservateurs, la demande doit être acceptée par la majorité des membres du comité pour être validée.

Mario Beaulieu, membre bloquiste du Comité permanent des langues officielles.

Photo : Courtoisie

Il reste «une réunion et demie», soit trois heures pour atteindre ces huit séances. «Nous […] estimons qu’il est urgent que les membres du Comité se réunissent afin de débattre de la nécessité de prolonger la présente étude», affirment les cinq élus dans une lettre.

Néanmoins, aucun des signataires ne s’est prononcé sur un nombre précis de séances. Le 1er décembre 2022, les membres du Comité s’étaient entendus sur un nombre de huit séances pour étudier le projet de loi article par article, après des semaines de désaccord.

Dans leur lettre, les deux partis politiques rappellent que la motion adoptée par le Comité prévoit, qu’en cas de besoin, ce dernier «décide de prolonger la durée de l’étude article-par-article».

La demande du Bloc québécois et des conservateurs est inscrite dans le Règlement de la Chambre des communes, avec les conditions suivantes : la réunion doit se tenir dans les cinq jours après la réception de la demande, et celle-ci doit être signée par quatre membres du comité représentant au moins deux partis politiques différents.

Le vote interviendrait donc mardi 7 mars. Il reste à ce jour 51 des 71 articles du projet de loi C-13 à étudier.

Plus de 3,9 millions de dollars ont été octroyés à trois organismes francophones de la province, pour financer quatre projets. Un moyen de «développer des entreprises francophones et francophiles», selon le communiqué du gouvernement.

La Société de développement économique de la Colombie-Britannique (SDECB) a reçu plus de 2,9 millions.

Une enveloppe de 221 500 dollars doit servir à appuyer le secteur du tourisme dans les deux langues officielles du Canada.

L’Alliance française Vancouver et la Société francophone de Victoria ont reçu respectivement 750 000 et 215 000 dollars du Fonds canadien de revitalisation des communautés, destinés à «renforcer les pôles culturels des communautés francophones et francophiles de Vancouver et de Victoria», rapporte le communiqué.

L’opposition demande une enquête publique sur l’ingérence de la Chine lors des dernières élections fédérales

Le premier ministre n’a pas officiellement rejeté la demande des partis de mener une enquête publique sur l’interférence de la Chine dans les élections fédérales de 2910 et 2021 au Canada, il a expliqué que «d’autres processus» étaient en cours pour faire la lumière sur cette affaire.

Photo : William Pitcher – Flickr CC BY-NC-SA 2.0

Les partis d’opposition ont pressé Justin Trudeau de lancer une enquête indépendante en début de semaine. Seul le premier ministre du Canada a le pouvoir d’en déclencher une.

«Le gouvernement n’aurait rien à perdre à faire cet exercice, il aurait en main un outil pour rétablir la confiance des gens envers le système électoral», a fait valoir en point presse Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois.

Mercredi, au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre (PROC), le leadeur parlementaire du NPD Peter Julian a présenté une motion visant à lancer cette enquête publique.

Jusqu’ici, le Parti conservateur du Canada estimait qu’il fallait élargir l’enquête parlementaire en cours sur l’élection fédérale de 2021 à celle de 2019. Mais il a finalement rejoint les deux autres partis dans leur demande d’enquête publique.

Le 17 février 2023, The Globe and Mail mettait au jour la possible intervention de la Chine en 2021 pour défaire des élus conservateurs considérés comme hostiles à Pékin. Le média avait obtenu ces informations grâce à des documents secrets du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Lors d’un point presse en Colombie-Britannique, le premier ministre n’a pas formellement rejeté la requête des partis, mais il a laissé entendre que ce n’était pas la voix que le gouvernement voulait suivre. «On a mis des mécanismes et des outils. […] On a énormément de processus publics en train de se tenir en ce moment […] on va les laisser se poursuivre», a-t-il justifié.

Cette semaine, le rapport indépendant sur les élections fédérales de 2021 a certifié que le gouvernement n’avait pas fait d’annonce sur l’ingérence étrangère dans les élections fédérales de 2021, puisque le seuil d’éléments qui aurait pu empêcher la tenue d’élections libres et justes au Canada n’avait pas été atteint.

L’application représente un risque un niveau de la sécurité nationale, selon des directeurs de l’information provinciaux et fédéraux.

Photo : Solen Fayissa – Unsplash

Le Comité permanent du patrimoine canadien, réuni mardi, a décidé de convoquer les hauts dirigeants de la société, afin d’étudier la décision de Google de bloquer les contenus journalistiques de sa plateforme au Canada.

Le président et directeur général de Google, Sundar Pichai, Kent Walker, président des affaires mondiales et chef des affaires légales et Sabrina Geremia, vice-présidente et dirigeante de la firme au Canada, devraient comparaitre le 6 mars 2023 pendant deux heures.

La semaine dernière, le porte-parole du géant du numérique avait confirmé que la plateforme avait bloqué l’accès aux nouvelles à moins de 4 % de Canadiens dans le cadre d’un test de cinq semaines.

Une manière de mettre la pression sur le gouvernement canadien et de marquer son désaccord avec le projet de loi C-18, qui oblige les géants du numérique tels que Google et Facebook à payer les médias pour pouvoir partager leurs contenus sur leurs plateformes.

En début de semaine, le gouvernement canadien a interdit TikTok sur les téléphones de ses fonctionnaires, par souci de sécurité nationale. L’application présenterait «un niveau de risque inacceptable pour la vie privée et la sécurité», selon un examen mené par la dirigeante principale de l’information (DPI) du Canada, Catherine Luelo.

Les gouvernements provinciaux de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et du Québec ont suivi le mouvement.

La Chambre des communes et le Sénat ont également interdit l’application dès le 3 mars pour tous travailleurs et politiciens fédéraux.

Selon Statistique Canada, le quatrième trimestre de l’année 2022 n’a «pratiquement» pas bougé. Après cinq trimestres consécutifs de croissance, le PIB réel du Canada a légèrement reculé de 0,1 % en décembre après avoir progressé de 0,1 % en novembre.

Le ralentissement de l’accumulation des stocks, les reculs des investissements des entreprises en machines et matériel, et en logement ont fait contrepoids «à la hausse des dépenses des ménages et des administrations publiques et à l’amélioration du commerce net», note Statistique Canada.

Jeudi, le directeur parlementaire du budget (DPB) Yves Giroux a publié le rapport intitulé Perspectives économiques et financières, qui fournit des prévisions de référence aux parlementaires.

«Comme l’inflation de l’indice des prix à la consommation est en bonne voie de revenir à sa cible de 2 %, nous prévoyons que la Banque commencera à abaisser son taux directeur au début de 2024», a-t-il déclaré.

Le gouvernement fédéral a de nouveau pioché dans son enveloppe de 121,3 millions promise en 2021 aux établissements postsecondaires francophones. Cette fois, la somme de 5,3 millions de dollars, annoncée le 27 février, vise à financer deux projets sur trois ans, à l’Université de Saint-Boniface (USB) à Winnipeg, au Manitoba.

Le premier projet concerne la mise en service d’un nouveau logiciel en français, afin d’assurer une meilleure gestion des inscriptions des étudiants. Le second devrait permettre à l’établissement d’améliorer son image pour recruter de nouveaux élèves, notamment grâce à une communication modernisée.

Cette nouvelle s’inscrit dans une série d’annonces similaires du gouvernement fédéral à l’échelle nationale ces derniers mois.

À lire aussi : Des investissements fédéraux en infrastructures postsecondaires à venir

Patrimoine canadien (PCH) explique avoir lancé des appels en 2021-2022 et en 2022-2023 auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux, pour financer des projets dans le secteur de l’éducation postsecondaire dans la langue de la minorité.

Dans un courriel adressé à Francopresse, PCH confirme qu’il a dépensé jusqu’à présent 90 678 587 dollars sur trois ans pour 37 projets liés au postsecondaire en français. Plus de 30 millions sont encore disponibles, jusqu’à l’expiration de l’enveloppe totale de 121,3 millions, le 31 mars 2024.

Toutes les demandes de financement reçues par Patrimoine canadien ont été évaluées selon «le mérite, en fonction de critères d’évaluation précis et du montant demandé par les établissements», affirme David Larose, responsable des relations avec les médias à Patrimoine canadien.

D’autres établissements ont par ailleurs reçu des fonds en 2022 grâce à cette même enveloppe, «mais les sommes n’ont pas été formellement annoncées à travers un communiqué de presse».

D’autres annonces visant à appuyer le postsecondaire en milieu minoritaire devraient tomber en 2023-2024.

D’autres établissements concernés

En juin 2022, le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta a reçu près de 13,3 millions sur trois ans, dont 10 millions de la part du gouvernement fédéral.

L’investissement avait soulagé l’établissement, sans être la solution, selon l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA). Pierre Asselin, alors vice-président de l’organisme, avait confié au journal Le Franco «la solution qui est proposée n’est pas une solution permanente».

Pour se sortir de sa situation précaire, l’Université de Sudbury a de son côté émis deux recommandations fin janvier, lors des consultations prébudgétaires de l’Ontario. L’établissement a reçu l’an dernier près de 2 millions de la part du fédéral.

Les deux établissements n’ont pas donné suite aux demandes d’entrevue de Francopresse.

À lire aussi : L’Université de Sudbury recommande de réserver des fonds immédiatement (Le Voyageur)

Financement de projets urgents

Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), attend le budget fédéral pour s’assurer que les libéraux rendront bien permanent l’appui de 80 millions de dollars promis aux établissements postsecondaires. 

Photo : Guillaume Lamy

Néanmoins, les 121,3 millions promis par le fédéral n’ont jamais été destinés à financer des projets à long terme, rappelle Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC). «C’est une façon de répondre aux besoins ponctuels et urgents des établissements», appuie-t-il.

Certains ont par exemple reçu des financements pour développer leur système informatique. «Remplacer un parc informatique coute extrêmement cher, note Martin Normand. Dans certains cas [cette aide] peut avoir une incidence sur tout le fonctionnement de l’établissement. Ça ne règle pas tous les problèmes de financement, mais ça vient enlever une certaine pression quand des besoins urgents peuvent être résolus.»

Le recteur de l’Université de Moncton, Denis Prud’homme, confirme : «L’appui de 18,5 millions de dollars que nous avons reçu l’an dernier [27,8 millions au total avec l’ajout provincial, NDLR] nous permet de faire du rattrapage. Ça a été un appui énorme pour des investissements qu’on ne pouvait pas se permettre de faire avant. Et ç’a aidé à la stabilisation des finances de l’université.»

Le rattrapage concerne notamment les technologies de l’université néobrunswickoise, autant au sein de son administration que pour le matériel proposé aux étudiants. Un aspect sur lequel l’établissement accuse encore un retard important.

À lire aussi : Technologies : l’U de M s’attaque à son «retard impressionnant» (Acadie Nouvelle)

Refusant de citer des chiffres précis, le recteur fait remarquer que l’Université de Moncton n’est «pas vraiment dans une situation de déficit, mais dans un objectif de rattrapage» et que malgré le «gros appui» reçu en 2022, il souhaite que l’aide fédérale continue, pour stabiliser certains programmes de financement de langue officielle «qui n’ont pas été bonifiés» ni «ajustés sur l’inflation».

Denis Prud’homme précise qu’il s’agit de programmes qui permettraient l’enseignement du français et de l’anglais langue seconde, ainsi que l’aide pour le développement de la recherche en français, l’ajout de livres en français pour la bibliothèque et des bourses pour les étudiants.

Denis Prud’homme est recteur et vice-chancelier de l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick. 

Photo : Courtoisie Université de Moncton

80 millions attendus dans le prochain budget fédéral

Avec un budget fédéral qui devrait tomber dans les prochaines semaines, Martin Normand rappelle que l’ACUFC attend que le gouvernement rende l’enveloppe de 80 millions de dollars promise par les libéraux permanente, afin d’appuyer les établissements postsecondaires des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada.

L’ACUFC a réitéré sa demande de voir cette enveloppe inscrite dans le budget fédéral ainsi que dans le Plan d’action pour les langues officielles, prévus dans les prochaines semaines.

«On veut s’assurer que ce fonds permette aux établissements de proposer des projets capables de stabiliser sur le long terme», indique Martin Normand.

Denis Prud’homme souligne de son côté que si cet appui financier de 80 millions est maintenu, son établissement pourra songer à investir dans les programmes en français ainsi que dans la rénovation verte des infrastructures vieillissantes.

Le Canada, longtemps isolé par sa géographie, est rattrapé par le phénomène des migrations de masse qu’on observe en Europe et aux États-Unis depuis plusieurs années. Le nombre de demandeurs d’asile a quadruplé au Canada depuis 2016. Il y a eu près de 100 000 demandes d’asile déposées au pays en 2022.

Le profil des demandeurs d’asile a aussi beaucoup changé ces dernières années. Avant 2017, la plupart des demandes d’asile étaient effectuées dans le cadre des programmes réguliers du gouvernement qui permettent l’entrée d’un peu plus de 20 000 réfugiés par année. Ces réfugiés sont parrainés par le gouvernement fédéral, des organismes privés ou des familles.

Mais l’arrivée massive de réfugiés à la frontière terrestre en dehors des canaux réguliers d’immigration met à rude épreuve les capacités de tous les paliers de gouvernement à leur fournir des ressources et des services adéquats.

Maintenant que cette dynamique est enclenchée, il est peu probable qu’elle cesse d’elle-même, d’autant que ces migrants ont de bonnes raisons de vouloir fuir leur pays et de s’établir au Canada.

Les inégalités, moteurs des migrations

Les 50 % les plus pauvres de la population mondiale possèdent 2 % de la richesse globale. Le 1 % le plus riche possède à lui seul 38 % de la richesse globale. C’est un écart énorme… abyssal! Des études montrent que la migration internationale est étroitement associée à des possibilités d’évolution positive sur le plan économique.

En incluant les personnes déplacées par les guerres et les conflits, il y a plus de 100 millions de migrants dans le monde, et la plupart cherchent à atteindre les pays occidentaux quand ils le peuvent.

En 2022, les demandeurs d’asile arrivés au Canada par les voies irrégulières viennent majoritairement du Mexique, d’Haïti, de la Colombie, du Venezuela, de la Turquie et du Nigéria.

Ces pays ont tous la particularité de présenter des inégalités de revenus extrêmes.

C’est pourquoi, même parmi les pays les plus riches de ce groupe – le Mexique, la Colombie ou la Turquie, par exemple –, on retrouve des populations marginalisées politiquement et économiquement qui vivent dans la pauvreté. On pense ici aux travailleurs non qualifiés mexicains, aux afrodescendants colombiens ou aux Kurdes de Turquie.

La situation économique est encore pire dans les autres pays qui forment le peloton de tête des nationalités des migrants irréguliers au Canada en 2022.

Haïti est un des pays les plus pauvres de la planète. Le Venezuela est dirigé par un gouvernement autoritaire et cleptocrate qui a appauvri sa population. Le Nigéria, aux prises avec une inflation galopante et un boum de sa population, compte des dizaines de millions de personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté.

Contrairement à la croyance populaire, ces inégalités de revenus extrêmes et la pauvreté ne sont pas un fait naturel et immuable.Les inégalités de revenu et de richesse se sont accrues presque partout depuis les années 1980 à la suite d’une série de programmes de dérèglementation et de libéralisation qui ont pris des formes différentes selon les pays.

Les pays riches ne parviendront pas à réduire les migrations des personnes les plus vulnérables sans transformer radicalement le cadre financier international qui freine le développement des pays les plus pauvres.

Il existe pourtant des solutions même si elles ne sont pas simples : on pense ici à la taxation des profits des multinationales, l’encadrement des paradis fiscaux ou le financement de l’éducation.

Un marché de l’emploi prêt à accueillir les migrants

L’autre côté de la médaille, c’est que les migrants sont encouragés à venir au Canada parce qu’ils trouvent des emplois chez nous. Le taux de chômage est à un plancher record : 3,9 % au Québec et 5 % à l’échelle du Canada.

Partout les employeurs cherchent de la main-d’œuvre, en particulier dans le secteur manufacturier, de l’agriculture ou des services. Bref, des emplois au bas de l’échelle que les travailleurs immigrants non qualifiés occupent, avec ou sans permis de travail.

En théorie, les personnes qui demandent le statut de réfugié se voient remettre un permis de travail le temps que leur demande d’asile soit étudiée par le gouvernement.

Mais le nombre record de personnes qui déposent une telle demande en ce moment fait dérailler le système. Les demandeurs doivent attendre plusieurs mois, voire plus d’un an, avant de recevoir un permis de travail. Cette situation a notamment pour conséquence de les pousser à travailler au noir dans des conditions souvent dangereuses.

À partir du moment où la route migratoire existe et où les conditions économiques sont propices à l’international comme chez nous, il serait illusoire de penser que le nombre d’immigrants irréguliers qui se présentent à la frontière canadienne diminuera.

La solution à long terme au phénomène des migrations de masse, au Canada comme ailleurs, passe par une amélioration des conditions de vie des personnes les plus pauvres à l’échelle du globe.

Notice biographique

David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir achevé des études supérieures en économie politique à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa.

Les gouvernements du Canada et celui de la Colombie-Britannique ont octroyé plus de 13,5 millions le 3 mars. D’une part pour soutenir huit projets dans plusieurs districts scolaires, universités ou organismes ; d’autre part pour recruter, former et maintenir en poste des enseignants en français dans la province.

Les fonds proviennent du Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023.

Le gouvernement provincial bénéficie d’un peu plus de 2 millions de l’investissement du fédéral, notamment pour la collaboration intergouvernementale dans l’appui à l’apprentissage en français et l’ajout de places pour la formation d’enseignants de français au postsecondaire.

La Colombie-Britannique injecte 4,7 millions dans les districts scolaires publics de la province afin de soutenir le recrutement et le maintien en poste, ainsi que pour les universités publiques pour appuyer la formation des enseignants de français.

Le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF) recevra notamment 1,1 million pour accroitre sa capacité de recrutement d’enseignants. Une aide bienvenue, presque trois ans après que la Cour suprême du Canada ait tranché en faveur du CSF et de la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique (FPFCB).

La décision de justice précisait que la province sous-finançait systématiquement le réseau d’éducation francophone.

À lire aussi : L’arrêt de la Cour suprême en faveur des francophones de Colombie-Britannique, un an plus tard

L’Université Simon Fraser (SFU) reçoit 513 000 dollars afin d’offrir des ateliers et des ressources aux enseignants, en contexte minoritaire et en français langue seconde.

Mylène Letellier, directrice générale de la Société de développement économique (SDÉ) de la Colombie-Britannique, reste optimiste quant à une aide du fédéral aux organismes francophones dans le prochain Plan d’action pour les langues officielles.

Photo : Courtoisie SDÉ de la Colombie-Britannique

L’Université de Colombie-Britannique, Canadian Parents for French B.C. et Yukon (CPF) et quatre districts scolaires provinciaux anglophones recevront également des fonds.

Soutenir l’économie francophone

Outre l’éducation, plus de 3,9 millions ont été octroyés à trois organismes francophones la veille, le 2 mars.

La Société de développement économique (SDÉ) de la Colombie-Britannique a reçu plus de 2,9 millions afin de contribuer au financement opérationnel sur cinq ans.

Selon la directrice générale de la SDÉ, Mylène Letellier, ce plan opérationnel de 540 000 dollars par an permettra de desservir les entrepreneurs francophones de la région. «Notamment le réseau des 300 femmes entrepreneuses ici, des jeunes, des immigrants… Nous avons plusieurs programmes d’accompagnement personnalisés d’atelier de formation en littératie financière et de mentorat pour les entrepreneurs», fait-elle valoir.

Un autre octroi de 221 500 dollars devrait permettre à la SDÉ de mieux outiller les entrepreneurs francophones, notamment en ligne, et d’appuyer de nouveaux projets, comme un écomusée.

Et la culture

L’Alliance française Vancouver et la Société francophone de Victoria ont chacune reçu 965 000 dollars du Fonds canadien de revitalisation des communautés, afin de renforcer les pôles culturels des communautés francophones et francophiles.

Mylène Letellier demeure optimiste et espère voir une aide fédérale pour les francophones de la Colombie-Britannique dans le prochain Plan d’action sur les langues officielles, attendu dans le courant du mois de mars.

La directrice générale de la SDÉ a le sentiment que la ministre des Langues officielles Petitpas Taylor a entendu et compris les enjeux économiques des francophones de la Colombie-Britannique, lors des consultations pancanadiennes sur les langues officielles menées l’été dernier.

L’entreprise Arctic Fresh a été fondée en 2015 en réponse au cout croissant et exorbitant des aliments pour les habitants du Nord.

Leur mission est d’offrir à la clientèle un large accès à des produits abordables tout en créant des collaborations avec des partenaires locaux.

L’entreprise élargit maintenant son offre de service en offrant des vols reliant Iqaluit à Clyde River, Sanikiluaq et Igloolik.

Le premier vol d’Iqaluit vers Igloolik a eu lieu le 14 janvier 2023.

Consultez le site du Nunavoix

Élargir son soutien aux communautés

Arctic Fresh Projects a été créé à la suite de nombreuses demandes de services provenant de diverses communautés pour avoir accès à un service aérien.

«Nous sommes profondément enracinés dans nos communautés et cherchons à fournir un soutien de toutes les manières possibles. Notre mandat avec Arctic Fresh a été d’offrir des aliments à des prix abordables et nous cherchons à offrir la même abordabilité avec les voyages en avion à condition que nous soyons en mesure d’offrir le service», affirme Ryan Haggan, directeur des ventes et opérations pour Arctic Fresh Projects.

Richard Amarualik réside à Igloolik et se dit très heureux que la compagnie aérienne opère dans sa communauté.

Il estime qu’une offre supplémentaire pour le service aérien au Nunavut sera positive puisque cela donnera une option aux clients. 

«Je l’utiliserais certainement pour soutenir l’entreprise et cela en pensant que cela pourrait être moins cher. Je sais qu’ils sont très favorables à l’ensemble du territoire et je pense que je devrais leur rendre la pareille», affirme-t-il.

Ryan Haggan spécifie que l’intention derrière leurs nouvelles opérations n’est pas de faire concurrence à l’entreprise Canadian North.  

«Nous ne cherchons qu’à combler les lacunes où la communauté recherche du soutien», résume-t-il.

«Nous sommes pour nos communautés», ajoute-t-il.

Panorama Aviation est l’opérateur des vols d’Arctic Fresh Projects et collabore avec l’entreprise depuis quelques années. 

«Il est important pour notre entreprise de maximiser les impacts sociaux, culturels et économiques du Nunavut. Arctic Fresh Projects est une entreprise inuit impliquée au Nunavut. Notre collaboration permet de bien comprendre les enjeux des communautés et ainsi répondre autant que possible, aux besoins qui ne sont pas comblés dans le transport aérien», affirme Jimmy Emond, président de Corpo Aviation et Panorama Aviation.

Une offre de service plus large?

Actuellement, les communautés de Clyde River, Sanikiluaq et Igloolik sont desservies à raison d’une fois par semaine.

L’entreprise propose des tarifs d’Iqaluit à Clyde River le mercredi à 799 $ par siège et d’Iqaluit à Sanikiluaq le jeudi à 899 $ le siège. Le samedi, la compagnie relie Iqaluit à Igloolik pour 799 $.

D’autres communautés dans le besoin pourraient s’ajouter à cette liste dans le futur.

«Nous avons de nombreux plans pour l’avenir, tous conçus pour soutenir et responsabiliser les communautés tout en luttant contre l’insécurité alimentaire. Nous cherchons à soutenir les Nunavummiut de la manière dont les Nunavummiut veulent être soutenus», déclare Ryan Haggan.

Il est possible de procéder à une réservation ou d’obtenir davantage d’informations sur les services disponibles en consultant le site Web d’Arctic Fresh Projects.

Le terme géographique pour nommer ce genre de territoires est «exclave». Il y en a plusieurs dans le monde.

Question quiz : de quelle exclave s’agit-il? Est-ce l’ancien Bengale oriental (maintenant le Bangladesh) par rapport au reste du Pakistan? Non. Le territoire de Kaliningrad séparé géographiquement du reste de la Russie? Encore non. Gibraltar, possession isolée du Royaume-Uni? Bel essai. La ville espagnole de Llívia, enclavée par la France? Meilleure chance la prochaine fois.

On pourrait continuer longtemps , mais cessons le suspense. 

Il s’agit ici de l’Alaska, exclave des États-Unis. Un monde les sépare, et ce monde, c’est le Canada. Bien… pour être exact, la Colombie-Britannique et le Yukon.

C’est comme si la Floride était une province canadienne, ce qui d’ailleurs faciliterait la vie de bien des snowbirds ou «touristes hivernants» (oui, ce terme existe bien!).

Un chemin tortueux du rêve à la réalité

Une fois l’Alaska acheté, les États-Unis souhaitent qu’une route relie son nouveau territoire (l’Alaska deviendra le 49e État du pays en 1959), mais il y a ce «monde» (rappelons-le, le Canada) entre les deux, et pas moyen de le contourner, sauf par la mer. Bien embêtant.

Certes, il y a plusieurs voies terrestres en direction nord depuis la frontière canado-américaine, mais elles s’arrêtent bien avant l’Alaska.

Le mont Archibald vu du parc national Kluane, au Yukon, route de l’Alaska.

Photo : Ron Clausen, 1992, Wikimedia Commons, Share Alike 4.0 International

Dans les années 1920, l’idée d’une autoroute qui traverserait le Canada du sud au nord fait surface, mais il reste beaucoup de… chemin à faire pour que le tout devienne réalité. 

Ce sera le président Herbert Hoover qui fera les premiers pas. Il crée une commission pour évaluer le projet. Le Canada nomme à son tour trois représentants pour travailler conjointement avec la commission américaine.

En 1933, la commission dit oui, mais le Canada hésite. Ottawa n’y voit pas vraiment d’avantages, surtout que la commission propose que Washington ne finance que le tronçon de la route en Alaska, soit 2 millions de dollars. Le Canada, quant à lui, devrait débourser 12 millions de dollars pour la section canadienne.

Ce sera donc, merci mais non merci. Pas question d’assumer 86 % du cout d’une autoroute souhaitée par les États-Unis pour répondre à leurs intérêts. De toute façon, la Grande Dépression plantera un panneau d’arrêt devant ceux qui rêvent de cette route.

La guerre, élément déclencheur

En 1938, on remet ça : deux commissions sont créées, une aux États-Unis et une au Canada. On ne s’entend pas sur un tracé. Finalement, ce sont les militaires qui s’en mêlent. L’alliance entre l’Allemagne, l’Italie et le Japon pousse les deux pays à renforcer la défense de l’Amérique du Nord.

L’invasion de l’URSS par l’Allemagne puis l’attaque japonaise contre la base navale américaine de Pearl Harbour en 1941 amènent le Canada et les États-Unis à faire du projet de route une priorité. À partir de là, money is no object. Les Américains paieront tout.

La route de l’Alaska : en rouge, de Dawson Creek, Colombie-Britannique, à Delta Junction, Alaska. 

Photo : Luigi Zanasi, 2006, Wikimedia Commons, domaine public

Le tracé final est fixé : il partira du centre-est de la Colombie-Britannique, à Dawson Creek, tout près de la frontière albertaine, et s’étendra jusqu’à Delta Junction, en Alaska, en passant par Whitehorse, au Yukon. Les chiffres varient selon les sources, mais on parle d’une route d’une longueur de 2 230 à 2 700 kilomètres, soit environ la distance entre Québec et Winnipeg.

En février 1942, deux mois après Pearl Habour, c’est le feu vert. C’est le Corps du génie de l’armée de terre des États-Unis (Army Corps of Engineers) qui est responsable de la construction.

Le chantier sera apocalyptique. D’abord, le froid. Il fait jusqu’à -40 degrés –; la glace gèle les roues des véhicules. 

Il faut allumer des feux sous ceux-ci pour les rendre fonctionnels.

Puis, la fonte du pergélisol cause l’affaissement de tronçons de la route. Il faut aussi construire à travers des marais en décomposition qui parfois «avalent» les véhicules et le matériel. Viennent ensuite les hordes de moustiques et de mouches noires. On est loin du Club Med.

Les équipes travaillent sept jours sur sept. Le tiers des effectifs sont des militaires noirs. Ils bossent en groupes séparés des autres, vivent dans des locaux distincts. Ils sont moins bien équipés et dorment dans des tentes, alors que les autres bénéficient la plupart du temps d’abris en bois.

Un exploit d’ingénierie hors du commun

Malgré ces conditions horribles, la construction de la route avance à une vitesse folle. Entre février et juillet 1942, près de 700 kilomètres sont construits. En octobre de la même année, soit huit mois après le début des travaux, la construction de plus de deux mille kilomètres de route sera terminée. Inimaginable.

 Construction d’un pont sur la route de l’Alaska, en 1942. 

Photo : Wikimedia Commons, Flickr, Archives provinciales de l’Alberta.

 Pont flottant permettant la construction d’un pont sur la route de l’Aslaka, Yukon, en 1942. 

Photo : Wikimedia Commons, domaine public

L’aménagement de «routes de billots» étaient souvent rendu nécessaire en raison de l’état marécageux ou boueux des terres.

Photo : Fort St. John North Peace Museum

Une section très dangereuse de la partie canadienne de la route de l’Alaska.

Photo : Fort St. John Peace Museum

La route est terminée oui, mais dans quel état? Des ponts de fortune doivent rapidement être remplacés, et la piètre condition de plusieurs tronçons fait en sorte que les véhicules non militaires ne peuvent l’emprunter.

Ose-t-on le dire? La route n’a finalement pas servi à des fins militaires pendant le reste de la Deuxième Guerre mondiale, 99 % des approvisionnements ayant été envoyés en Alaska par la mer.

Par contre, la route a contribué au développement des industries forestières, gazières, minières et touristiques, ainsi qu’au développement du camionnage. Elle a servi de tremplin à la croissance d’Edmonton, devenu un centre d’approvisionnement et mis fin à l’isolement du Nord.

 

Portion de l’autoroute Alcan (pour Alaska-Canada), au Yukon. 

Photo : Ron Clausen, 1992, Wikimedia Commons, CCO 1.0 Universal Public Domain Dedication

En 1948, la route de l’Alaska s’ouvre au public et sera grandement améliorée dans les années 1960 et 1970. Elle est maintenant praticable à longueur d’année et est empruntée annuellement par environ 100 000 personnes.

Ah oui, quel est le cout total de ce chantier? La première estimation au début des années 1930 s’établit à 14 millions de dollars américains. Peu avant le début des travaux, en 1942, ce chiffre grimpe à 25 millions de dollars, puis rapidement à 50 millions de dollars. Au final, la note aura été multipliée encore par trois pour atteindre près de 150 millions de dollars.