Les signes qu’un amateur du Canadien vit dans cette maison de Saint-Raphaël dans la région Évangéline de l’Île-du-Prince-Édouard ne trompent pas : chandail du Canadien, logo du Canadien suspendu à la galerie de devant, drapeau du Canadien accroché au cadre de la porte de l’auto. Tous les signes sont là. Et il y en a encore plus dans la maison.
«Normalement, tous ces objets sont dans une petite salle dans la maison. Là, parce que La Voix acadienne venait, j’ai décidé de tout mettre sur la table de la cuisine. C’est vraiment pour le plaisir», assure-t-il, en montrant les statuettes, les bas de laine, les fanions, le couvre boite de mouchoirs, et la poubelle.
Il lance en riant :
Les mouchoirs, c’est quand le Canadien perd. Et j’ai la poubelle pas loin.
Il se reprend. «À une époque peut-être, quand j’étais plus jeune, si mon équipe perdait, ça me mettait à l’envers, mais plus maintenant. Il y a des choses plus importantes que ça dans la vie. Je fais des blagues. On est plusieurs partisans du Canadien et il y a aussi plusieurs partisans de Toronto, et dans le passé, on se réunissait souvent pour les parties. Maintenant, on est plus vieux, nos enfants qui venaient avec nous sont rendus adultes, les priorités sont différentes, et il y a la COVID-19. Mais on tient le contact, on se picouille. La dernière fois que Toronto a gagné la Coupe Stanley, la télévision était encore en noir et blanc…», lance-t-il, illustrant au passage un «picouillage».
Carey Price fait la différence
À la fin de la saison régulière, Ernest Gallant avait peu d’espoir de voir son équipe avoir le dessus sur Toronto, ce qui s’est produit en sept parties. «Le lendemain de leur victoire, j’ai été me promener à Wellington avec mon masque du Canadien sur le visage. Juste pour faire rire le monde. On a besoin de rire dans cette vie-ci», dit-il.
Son analyse du succès de son équipe fétiche se résume à deux facteurs : l’équipe et le gardien de but. «Marc Bergevin a amené de nouveaux joueurs dans l’organisation. Ils sont petits, mais ils sont rapides. Et plutôt que de miser sur deux ou trois joueurs, comme Toronto a fait, le Canadien joue comme une équipe. On a quatre bonnes lignes, au lieu d’une seule. Et on a Carey Price».
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Pour Ernest Gallant, le rôle du gardien de but dans cette série de fin de saison n’est pas sans rappeler le rôle attribué à Patrick Roy, alors gardien de but du Canadien, dans la grande victoire de 1993 [survenue bien après l’invention de la télé couleur].

«Je ne me souviens pas de toutes les parties de cette série, mais je me souviens d’une en particulier où le Canadien avait réussi à effectuer 17 lancers dans les buts de l’autre équipe contre 67 et c’était tout de même le Canadien qui gagnait», se remémore-t-il avec une pointe d’admiration évidente.
Comme cette année, la saison de 1993 avait été médiocre, le Canadien ayant juste assez de victoires pour gagner une place en série.
«Les chances sont bonnes pour que la même chose se produise cette année», a indiqué Ernest Gallant alors que la série contre les Golden Knights était à égalité un à un. En date du lundi 21 juin, après deux matchs à Montréal, les deux équipes étaient toujours à égalité, deux à deux.
Au-delà de la partisanerie, l’appartenance
Ernest Gallant partage avec tous les amateurs de hockey l’amour du sport, la camaraderie et aussi, les petites taquineries partisanes qui mettent du piquant dans la vie. Quand ses fils étaient jeunes, il partageait avec eux la passion du hockey, autant que son travail le lui permettait.
«Je travaillais sur les quarts de travail. J’ai dû manquer bien des parties que mes fils Jean-Claude et Marcel jouaient. S’il y a une chose que j’aimerais, c’est aller faire un voyage avec mes deux gars pour voir le Canadien jouer à Montréal. Je n’ai jamais eu l’occasion de faire ça. Ça fait partie de mes rêves».
Déjà grand-père de deux filles, Ernest s’est empressé de faire parvenir un petit habit du Canadien à son fils Marcel, père d’un jeune garçon.

«La famille de sa femme est partisane de Chicago. Mais je voulais absolument que le premier habit de hockey de mon petit-fils soit celui du Canadien», dit-il, montrant la magnifique photo d’un petit bébé qui montre déjà la combattivité d’un futur hockeyeur.
Le hockey a changé. Les salaires le dérangent, alors que des gens meurent de faim. Et avec le nombre croissant des équipes et des joueurs, c’est parfois difficile de s’y retrouver.
«Quand il y avait six ou même dix équipes, on connaissait tous les joueurs, on savait leur hauteur, leur poids, on était capable de les suivre. Maintenant, il y en a trop, on ne peut plus faire cela. On suit une équipe et quelques joueurs d’autres équipes. Le fils d’une ancienne collègue de travail, Noah Dobson, qui vient de l’Ile, joue pour les Islanders de New York. J’ai hâte de voir qui va jouer contre le Canadien en finale».