D’où vous est venue l’idée de la BD Le Canadien?
J’ai écrit Le Canadien à la suite d’observations des actions communautaires sur le terrain, à partir de mon travail au Regroupement ethnoculturel des parents francophones de l’Ontario (REPFO) ou au sein de la Coalition des Noir.e.s francophones de l’Ontario (CNFO), notamment.
La mort de Georges Floyd et les évènements qui en ont découlé m’ont profondément touché dans ma mission. Aux niveaux politique et communautaire aussi, sa mort a remué. Et cela m’a donné envie d’écrire au sujet de l’histoire des Noirs au Canada.
Ces évènements m’ont court-circuité, car en 2020, il était prévu que je sorte trois BD, mais Le Canadien ne faisait absolument pas partie du programme!
Un autre élément m’a encouragé dans cette démarche : mes origines. Selon moi, toutes les origines contiennent des richesses. Je me suis dit qu’avec les miennes [République démocratique du Congo] je pourrais apporter quelque chose en racontant l’Histoire en tant qu’afrodescendant.
Quel est le but de cette BD écrite en quelques mois?
L’idée est d’éduquer et de sensibiliser les gens par l’écriture, en l’occurrence par la BD. Tout jeune déjà, j’étais amateur de BD. À Kinshasa, je dessinais des vedettes internationales ou congolaises. Mais pour Le Canadien, j’ai fait la scénarisation et c’est Hicham Absa qui dessine ; merveilleusement bien d’ailleurs.
J’ai aussi inclus des références culturelles qui touchent autant les Canadiens que les nouveaux arrivants afrodescendants.
Lorsque vous dites que vous «éduquez» et «sensibilisez», vous visez d’abord la communauté noire?
Oui, en premier lieu. Même si cette BD est destinée à tous, je voulais interpeler les Noirs du Canada et les afrodescendants. C’est une manière pour moi de leur redonner l’estime de soi et la foi que certains peuvent avoir perdue, après ce que l’Histoire leur a fait subir.
J’ai voulu être le missionnaire pour leur rappeler qu’ils ont aussi contribué à bâtir la société, et pas seulement l’esclavagisme. Pour cela, j’ai fait référence à des personnages historiques noirs, canadiens ou non.
Le visage de Mopao est celui de Patrice Lumumba [premier premier ministre de la République démocratique du Congo qui a lutté pour l’indépendance face au colonialisme belge et qui a été assassiné en 1961].
Le fait que le voyage de Mopao et de sa fille Mosky se déroule dans six villes canadiennes était aussi une façon de promouvoir le pays. C’était aussi une référence pour que les Canadiens identifient leur pays dans ma BD.
Cette BD a-t-elle été pensée pour les enfants?
J’avais plutôt dans l’idée que cette BD était destinée à tout public en âge de comprendre un minimum l’Histoire. Disons, environ dès la puberté. Ce public a besoin d’être éduqué sur cette question. Je trouvais que la BD était une manière légère de présenter une Histoire qui ne l’est pas toujours.
Avez-vous d’autres projets de ce type?
J’écris un premier roman, dans lequel je vais sortir un peu des frontières canadiennes, toujours dans le but de sensibiliser et d’informer les Afro-Canadiens.
Cette fois-ci, je vais chercher une personne ressource connue mondialement… J’ai fait beaucoup de recherches. Heureusement, deux personnes m’aident à réviser mes dires, dont Amadou Ba, qui a écrit L’Histoire oubliée de la contribution des esclaves et soldats noirs à l’édification du Canada (1604-1945) [aux Éditions Afrikana] et qui m’a inspiré. Je ne peux pas en dire plus, vous verrez!
Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de cohérence.