Sous l’effet des activités humaines et de la combustion des énergies fossiles, le système climatique s’emballe. La température à la surface du globe s’est élevée d’environ 1,1 °C sur la dernière décennie comparativement à 1850-1900, avec un réchauffement plus prononcé sur les continents (1,6 °C) que sur les océans (0,9 °C).
Chacune des quatre dernières décennies a été successivement la plus chaude enregistrée depuis 1850. Le GIEC établit ce diagnostic dans le premier volet de son sixième rapport d’évaluation, publié le 9 aout.
À l’est du Canada, l’océan Atlantique et le Golfe du Saint-Laurent concentrent les craintes des chercheurs. En fonction des scénarios, le niveau de la mer pourrait y augmenter de 50 à 80 cm d’ici 2100, certaines projections allant jusqu’à 1,20 m, accélérant l’érosion côtière et renforçant les ondes de tempête.
«Dans tous les cas de figure, l’élévation va se poursuivre dans les vingt prochaines années, c’est irréversible, explique Sabine Dietz, directrice de CLIMAtlantic, un nouvel organisme qui fournit de l’information sur les changements climatiques aux Canadiens de l’Atlantique. On n’a pas d’autre choix que de s’adapter en déménageant les infrastructures et les habitations des zones les plus à risque».
Évènements extrêmes
D’autant que, selon Sabine Dietz, le ralentissement de la Circulation méridienne de retournement atlantique, un courant océanique aussi appelé AMOC, pourrait accentuer l’élévation du niveau de la mer le long des côtes de l’Est canadien.
La scientifique évoque également la déstabilisation de la calotte glaciaire antarctique, un point de basculement, «à faible probabilité, mais fort impact», qui pourrait entrainer une élévation du niveau de la mer de deux mètres d’ici à 2100 et cinq mètres d’ici à 2150.
L’océan va par ailleurs continuer à se réchauffer, à s’acidifier et à se désoxygéner, ce dont souffrent les poissons, les crustacés et les coquillages.
L’autre enjeu qui préoccupe les scientifiques, c’est la multiplication et l’intensification des évènements extrêmes, comme les canicules, les pluies diluviennes, ou les tempêtes posttropicales.
«Le régime des précipitations va être perturbé et se décaler dans le temps, avec plus de pluie et moins de neige en hiver», explique Guillaume Fortin, professeur spécialisé en changements climatiques à l’Université de Moncton.
Réduire les émissions de façon draconienne
Selon le chercheur, si le montant annuel de précipitations va augmenter, il s’agira de pluies intenses et brèves qui ne s’infiltreront pas dans le sol et ne contribueront pas à recharger les nappes phréatiques. L’eau s’évacuera directement et causera des crues éclairs et des inondations.
Aux yeux des deux spécialistes, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter les pires impacts. «On doit décarboniser notre économie, sortir de notre dépendance aux hydrocarbures et investir dans les énergies vertes», plaide Sabine Dietz.
«Il est plus que minuit moins une, pour agir, on tire la sonnette d’alarme depuis longtemps déjà, mais il y a une déconnexion entre le consensus scientifique et la prise de décision politique qui a toujours un temps de retard», poursuit Guillaume Fortin.
Ils gardent néanmoins espoir de voir les choses changer avec la jeune génération qui arrive.