L’entreprise s’est promis de soutenir la relève, et ça fonctionne : «On est une des portes d’entrée dans l’industrie», affirment Véronique Légaré et Guy Boutin, tous deux chefs des contenus chez TV5 et Unis TV.
Qu’est-ce que le programme Créateurs en série?
Chaque année, six personnes profitent du programme Créateurs en série – et le moment est venu de poser sa candidature en vue de l’édition 2025.
Cette initiative (elle en est à sa 17e édition et s’appelait autrefois le Fonds TV5) appuie financièrement et professionnellement six projets de séries courtes, des fictions ou des documentaires d’au moins six épisodes de 6 à 12 minutes.
- Dans le volet production, quatre séries format court originales sont tournées, puis diffusées sur Unis TV et offertes sur TV5Unis. Le programme prévoit un important volet de mentorat, ainsi qu’un soutien financier généreux : les budgets de production peuvent atteindre 400 000 $.
- Dans le volet développement, deux projets proposés par des francophones en milieu minoritaire sont peaufinés sous l’œil expert d’une équipe de soutien.
Créateurs en série s’adresse tant aux néophytes qu’aux professionnels désireux d’ouvrir de nouvelles portes, précise la cheffe de contenu de Créateurs en série, Véronique Légaré : aux scénaristes d’expérience qui ont envie d’une première réalisation ou d’un créateur qui souhaite passer du documentaire à la fiction, par exemple.
Créateurs en série est-il un programme pancanadien?
Le programme Créateurs en série vise les projets de langue française de partout au Canada.
Chaque année, les deux projets en développement retenus proviennent obligatoirement de la zone «hors Québec». «Ces projets ont animé le jury, mais ils n’étaient pas tout à fait mûrs pour la production», souligne la responsable du programme. Ils pourraient être produits l’année suivante, comme c’est le cas du drame Cache-cache de la Torontoise Magalie de Genova – développé en 2023, tourné en 2024.
Aussi, au moins une des quatre productions vient du milieu francophone minoritaire.
Au fil des années, par le biais de Créateurs en série, Véronique Légaré a vu des projets formidables voir le jour.
C’est le cas de la première série de fiction de langue française de Terre-Neuve, Justine à St. John’s. «C’est l’histoire d’une Française qui débarque à St-Jean et qui doit s’habituer à un environnement complètement différent de ce qu’elle connait», décrit son collègue Guy Boutin, chef de la production originale chez TV5 et Unis TV, qui a été épaté par le résultat final. «C’est absolument extraordinaire.» La série est même devenue un parcours touristique.
En Acadie, la série documentaire Le Peuple Lézard a rebondi sur un autre tournage pour prendre des dimensions internationales. «Julien [Robichaud] et son équipe travaillaient sur autre chose, explique Véronique Légaré. Ils ont jumelé ces deux tournages-là, ce qui a permis à l’équipe d’aller tourner en Angleterre, en Louisiane. Ça donne un projet fascinant.»
L’expérience de Créateurs en série a aussi été concluante pour Josiane Blanc, qui a été accompagnée par Véronique Légaré tout au long de la production de la première saison d’Ainsi va Manu, ce qui l’a poussé, témoigne-t-elle, à atteindre son plein potentiel. Résultat : la série a remporté 15 prix dans des festivals nationaux et internationaux.
Les œuvres de Créateurs en série (au nombre de 90) ont reçu plus de 100 prix nationaux et internationaux dans plus de 25 festivals, des prix Gémeaux ou Écrans canadiens. Même, quatre de ces productions ont été de la sélection du prestigieux festival international Canneseries, qui en est à sa septième édition. Le festival ne retient que huit à dix projets de série courte par année, décrit fièrement Véronique Légaré.
D’autres possibilités de formation?
À son arrivée en Acadie en 2018, Guy Boutin a constaté que le bassin de scénaristes était petit. Il a approché la direction de TV5 et Unis TV. «J’ai dit : ça va devenir un problème si à la base on n’a pas ceux et celles qui veulent raconter des histoires», témoigne-t-il.
Avec l’industrie et des établissements postsecondaires, ce sont douze formations professionnelles en écriture scénaristique, en recherche, en montage et en réalisation qui ont été proposées. Elles ont été présentées à 250 personnes en Atlantique, dans l’Ouest et virtuellement.
Grâce à son initiative, les créateurs et créatrices francophones ont désormais la possibilité d’approfondir leur métier et le chef de la production originale, lui, peut repérer des talents et des projets.
C’est le cas de Rachel Duperreault, de l’Acadie, qui a suivi plusieurs de ces formations. Aujourd’hui, elle a un film à son actif, Ma course folle vers un maillot deux pièces, qui suit, avec humour, le parcours d’une femme qui doit accepter son corps pour aller à la plage. «Ça nous a tous allumés», se souvient le chef de la production originale lorsqu’il a découvert le projet. «C’est un beau film qu’on n’aurait jamais trouvé si on n’avait pas rencontré Rachel durant ses formations.»
Après avoir suivi une formation en montage avec Isabelle Malenfant, le scénariste et réalisateur franco-manitobain Vincent Blais-Shiokawa prépare le documentaire Hāfu. «Quand j’ai reçu le premier montage de son film, dit Guy Boutin, j’ai vu qu’Isabelle avait influencé son travail.»
Le franco-ontarien Maxime Beauchamp a su saisir les occasions offertes par Unis TV pour apprendre son métier et gagner de l’expérience. Il a bénéficié des formations, puis a participé à Créateurs en série. Aujourd’hui, il est le créateur principal de FEM, finaliste pour la meilleure série dramatique aux 39e prix Gémeaux. «Il chemine de façon exceptionnelle», indique Guy Boutin.
«Je trouve que ces gens font des pas de géant. Des belles histoires comme ça, il y en a plein», conclut-il.
Comment s’inscrire à Créateurs en série et aux formations?
Les initiatives de TV5 et d’Unis TV ont fait gonfler la quantité de productions en francophonie canadienne. «C’est gratifiant, affirme Guy Boutin. Je suis vraiment fier qu’on collabore à ça.» Depuis 2018, dit-il, «en Acadie, on a multiplié par dix le nombre de productions, estime le chef de la production originale. J’en ai 15 en développement ou en production juste dans l’Ouest.»
Pour rejoindre les rangs, il suffit de déposer un appel de projets de Créateurs en série, lequel est ouvert jusqu’au 15 novembre. Il s’agit de présenter une courte description de la série – les propositions retenues devront être étoffées plus tard dans le processus de sélection. Les détails se trouvent sur le site createursenserie.ca.
Si vous cherchez plutôt à vous familiariser avec les procédés de la production audiovisuelle, restez à l’affût : les formations courtes sont offertes de façon ponctuelle. La promotion se fait à travers les réseaux, le bouche-à-oreille et les médias locaux.
Selon Guy Boutin, il est tout à fait possible de mener une carrière formidable en télé à l’extérieur des grands centres, même en milieu minoritaire.