L’artiste hip-hop et éducateur franco-ontarien LeFLOFRANCO ainsi que l’humoriste, comédienne et animatrice franco-manitobaine Micheline Marchildon en ont beaucoup à dire sur leur fascination pour la vitalité de la francophonie canadienne.
Les porte-paroles des Rendez-vous de la Francophonie (RVF) 2024 ont accepté de briser les conventions habituelles de l’entrevue en adressant à leur homologue LA question qu’ils ont toujours voulu lui poser.
Loquaces et engagés, Micheline Marchildon et FLO, de son surnom., se sont prêtés au jeu et se sont même laissé emporter dans la conversation pour finalement répondre aussi eux-mêmes à leur propre question.
Des héros de jeunesse qui changent le parcours d’une vie
Micheline Marchildon, quand as-tu su que tu ferais carrière en humour en français? Toi, LeFLOFRANCO, vis-tu parfois de l’insécurité linguistique? Ces questions ont animé de vives discussions entre les porte-paroles.
C’est en voyant des humoristes franco-manitobains à la télévision, alors qu’elle était encore enfant, que Micheline Marchildon s’est découvert un vif intérêt pour l’humour.
«À cette époque-là, Radio-Canada, ici au Manitoba, faisait une émission locale à sketchs [dont les textes] étaient écrits et joués par des Franco-Manitobains, dont une femme qui s’appelle Janine Tougas. Une grande éducatrice et auteure pour enfants, mais elle a fait vraiment ses débuts en humour. Elle écrivait des sketchs, puis elle jouait aussi avec Vincent Dureault. Pour moi, c’était deux de mes héros locaux, ici. Puis de voir que ça se pouvait avec notre accent, ç’a tout changé pour moi», raconte l’humoriste qui fait partie de la tournée Juste pour rire des RVF.
Sur la question de l’insécurité linguistique, LeFLOFRANCO considère que son expérience de vie a contribué au renforcement de sa francophonie. À un point tel, qu’aujourd’hui, il ne ressent plus d’insécurité linguistique.
«Peut-être qu’il y a des moments où j’ai une insécurité, mais peut-être que je ne le remarque pas parce que c’est tellement important pour moi, c’est tellement nécessaire. On dirait que je ne pense plus à la question. Je pense plutôt de quelle façon je peux contribuer, peut-être inspirer les gens autour de moi, que ce soit des adultes comme des jeunes à combattre cette insécurité linguistique», affirme l’artiste hip-hop.
Vivez cet échange en compagnie Micheline Marchildon et LeFLOFRANCO.
Permettre à la jeunesse de prendre sa place
«Prends ta place. Prends toute ta place, mais prends juste ta place.» LeFLOFRANCO utilise souvent ces paroles pour interpeler les jeunes qu’il rencontre, notamment lors de ses tournées dans les écoles.
«Quand on parle de notre jeunesse francophone, francophile, je confirme qu’il y a un intérêt, je confirme qu’il y a une fierté, je confirme qu’il y a une soif. Même s’ils ne sont pas des francophones de souche, comme on dit, c’est une langue qui les interpelle. Grâce à la musique, c’est une langue qu’ils veulent continuer d’apprendre. Puis, ils veulent s’investir, s’impliquer aussi dans la communauté francophone. C’est vraiment beau à voir», affirme-t-il.
Micheline Marchildon constate le même engagement chez les jeunes Franco-Manitobains. Depuis sept ans, elle fait partie de l’équipe encadrant le camp Fou d’rire, qui est organisé par la Fédération culturelle de la francophonie manitobaine (FCFM) et qui permet à des jeunes d’apprendre les bases du standup comique.
«C’est incroyable de voir ce qui sort de leur bouche quand on leur donne les outils et l’occasion de parler de ce qui les passionne, mais surtout de leur unicité. Moi, je dis toujours “montre-moi ton weird, c’est quoi ta perspective drôle ou bizarre”. Si on leur donne l’occasion d’être engagés, de montrer qui ils sont, ils vont prendre le micro», comme elle a pu l’observer avec les jeunes qui participent au camp.
La langue comme trait d’union des francophonies
L’accès à un espace francophone permettant l’épanouissement et l’expression des couleurs locales favorise l’ancrage de chaque personne dans sa communauté. C’est notamment ce qui a permis à FLO, né à Paris de parents haïtiens et qui a grandi à Ottawa, de trouver et de prendre sa place comme artiste franco-ontarien.
«Il y a beaucoup de diversité dans qui je suis et je pense que tout ça fait ma personne, fait ma force», explique-t-il. L’artiste voue une grande admiration à la résilience des francophones qu’il côtoie sur son chemin.
«Je pense que c’est ça qui fait notre force aussi en tant que Canadiens. On a beaucoup de gens qui viennent d’ailleurs, on a beaucoup de francophones qui amènent leurs différentes touches francophones, mais au final, on est tous des francophones; peu importe ton background, ton look. Ça, c’est vraiment beau. Donc c’est sûr que tout ça m’influence.»
Micheline Marchildon, quant à elle, peut parler longuement de la francophonie qu’elle côtoie quotidiennement au Manitoba. «J’ai rempli deux pages de notes», s’amuse-t-elle à dire en entrevue.
En tant que comédienne, animatrice et humoriste, elle a présenté des spectacles dans de nombreuses villes au Canada. Elle s’est aussi laissé imprégner par les francophonies de Toronto et de Montréal où elle a déposé ses valises pendant de plus longues périodes. Mais c’est à Saint-Boniface, au Manitoba, qu’elle a établi son quartier général.
«Historiquement parlant, dans la francophonie du Manitoba, on est fiers non seulement de notre patrimoine, mais aussi de notre nouvelle diversité. C’est vraiment ces deux choses ensemble qui nous rendent hyper forts et solides en ce moment.»
«On a un héritage riche de défenseurs de la langue. […] Mais une des choses qui nous unit, c’est cet espace francophone. On a des gens qui viennent de partout sur la planète qui vivent ici, à Saint-Boniface. Et la chose qui nous rassemble en fait, c’est la langue. C’est notre trait d’union qui fait qu’on a de quoi célébrer ensemble», ajoute-t-elle fièrement.
Les porte-paroles sont fin prêts pour célébrer la francophonie tout au long du mois de mars par l’entremise de la musique et de l’humour durant les RVF 2024.
LeFLOFRANCO présentera 11 spectacles dans 6 provinces et territoires, dont l’Ontario, la Saskatchewan, l’Île-du-Prince-Édouard et le Nunavut. Micheline Marchildon se joindra à la tournée Juste pour rire, qui s’arrêtera notamment en Alberta, en Colombie-Britannique, au Manitoba et au Yukon.
Pour connaitre les évènements qui se déroulent près de chez vous, consultez le calendrier des RVF.