le Mardi 4 novembre 2025
le Mardi 4 novembre 2025 16:52 Politique

Budget fédéral 2025 : rien pour la francophonie

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Questionné sur le fait d’aller en élection si les autres partis politiques fédéraux ne votent pas en faveur du budget, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a affirmé que «tous les partis politiques vont se retrouver dans ce budget-là». —  Julien Cayouette – Francopresse
Questionné sur le fait d’aller en élection si les autres partis politiques fédéraux ne votent pas en faveur du budget, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a affirmé que «tous les partis politiques vont se retrouver dans ce budget-là».
Julien Cayouette – Francopresse

FRANCOPRESSE – Le budget fédéral de 2025 ne prévoit aucun nouvel investissement dans les divers dossiers qui touchent les francophones, qu’il s’agisse de culture, d’immigration ou d’éducation.

Budget fédéral 2025 : rien pour la francophonie
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Le budget 2025 prévoit un déficit total de 78 milliards de dollars en 2025, une nette hausse comparée à l’an dernier.

Julien Cayouette – Francopresse

Avec les informations de Julien Cayouette et Camille Langlade

Le gouvernement du Canada se concentre désormais sur la réduction des couts et exige des économies de 60 milliards de dollars sur cinq ans à travers ses 27 ministères, à la suite de l’examen exhaustif des dépenses engagées par chacun d’entre eux.

Déficit record et réduction des couts

Le déficit projeté pour 2025-2026 est de 78,3 milliards de dollars, soit 2,5 % du produit intérieur brut (PIB). Ce serait le deuxième plus bas ratio des pays du G7.

Le déficit béant a été justifié par le ministre des Finances, François-Philippe Champagne : «Si vous entendez le Fonds monétaire international (FMI), il y a deux économies dans le monde qui peuvent faire des investissements générationnels, car on a la capacité fiscale de le faire.» Le Canada est l’une d’elles.

Près de 40 000 postes de fonctionnaires sur 368 0000 seront supprimés d’ici 2028-2029. Le gouvernement compte faire tourner le pays avec un total de 330 000 fonctionnaires fédéraux.

Sans précision sur les réductions budgétaires qui pourraient viser les francophones, certaines coupes risquent de les toucher. En premier lieu, le ministère de Patrimoine canadien, qui devra faire des économies de 738 millions de dollars entre 2026 et 2030.

Les conséquences de ces compressions sur les services en français ne sont pas encore connues, ce qui inquiète justement les francophones en situation minoritaire.

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La francophonie reléguée au second plan

Au niveau des points positifs : 4 millions de dollars iront à Patrimoine canadien pour financer la fête nationale des Acadiens et des Acadiennes.

Le gouvernement investit également un total de 150 millions à CBC/Radio-Canada en 2025-2026. Cette enveloppe s’ajoute aux 42 millions déjà annoncés l’an dernier pour 2025, mais il s’agit d’un montant unique, qui ne sera pas renouvelé.

Autre hausse : le Fonds du Canada pour les périodiques bénéficiera de 38,4 millions de dollars répartis de 2026 et 2029.

C’est une augmentation notable comparée au dernier budget, qui prévoyait le versement 10 millions de dollars répartis sur trois ans pour soutenir les petits organes de presse et les médias communautaires.

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Les arts et la culture

Du côté des points négatifs, les créateurs canadiens devront attendre 2026-2027 pour se partager un financement de 402 millions de dollars répartis entre sept agences ou programmes, dont :

  • Le Fonds de la musique du Canada recevra 48 millions de dollars; 6 millions seront consacrés à l’achat de contenu canadien pour TV5MONDE et 150 millions seront accordés à Téléfilm Canada.
  • L’Office national du film ne sera financé qu’à hauteur de 4 millions de dollars en 2025-2026.
  • Les activités et festivals locaux ne seront plus subventionnés, le fédéral préfère ici se concentrer sur «la prestation aux visiteurs».

Il n’y a pas non plus de garanties d’investissements nouveaux pour financer les organismes francophones en situation linguistique minoritaire.

L’autre réduction qui pourrait aussi affecter les immigrants francophones est celle qui enlève 2 milliards de dollars à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Cette réduction cible également les fonctionnaires, plus particulièrement les postes de direction de ce ministère.  

Immigration francophone

Le gouvernement augmente très légèrement ses cibles d’immigration francophone à l’extérieur du Québec : 9 % en 2026, 9,5 % en 2027 et 10,5 % en 2028.

Ces proportions sont comparables à celles annoncées en octobre 2024 par le gouvernement de Justin Trudeau, qui prévoyait une baisse du nombre de résidents permanents, mais une hausse des cibles francophones à 8,5 % en 2025, 9,5 % en 2026 et 10 % en 2027.

En campagne électorale, le Parti libéral a promis d’atteindre 12 % d’immigration francophone d’ici 2029. Une cible demandée par la Fédération des communautés francophones et acadienne.

Le Canada prévoit au total accueillir jusqu’à 395 000 résidentes et résidents permanents en 2025. Contrairement aux projections présentées en octobre 2024, cette cible reste stable pour les prochaines années, avec une moyenne de 380 000 admissions par an. Justin Trudeau avait annoncé un seuil de 365 000 pour 2027.

Le gouvernement compte admettre 385 000 résidents et résidentes temporaires en 2026, puis 370 000 les années suivantes. Cette prévision inclut les étudiants étrangers, dont le nombre est estimé à 155 000 en 2026 puis 150 000 par la suite.

En 2023, près de 765 000 travailleurs temporaires et environ 682 000 étudiants étrangers ont été admis. Ottawa avait ensuite réduit à environ 360 000 le nombre de permis d’études délivrés aux étudiants étrangers pour 2024.

Aucune information ne précise dans le budget le nombre de places réservées aux établissements francophones.

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Pas d’investissement dans l’éducation francophone

Le Parti libéral de Mark Carney s’était engagé en campagne électorale à créer une bourse pour les étudiants francophones à l’extérieur du Québec. Il n’en est rien dans le budget dévoilé le 4 novembre.

Il n’y a pas non plus de bourses d’études pour les métiers, comme promis par le premier ministre. Cette subvention, qui n’était pas pensée pour les francophones à la base, aurait été la bienvenue, affirmait Simon Thériault, président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), bien en amont du budget.

Concernant la petite-enfance, les transferts aux provinces pour la garde d’enfants est prolongé et financé à hauteur de 251 millions de dollars en 2027-2028 et 509 millions entre 2028-2029.

Il s’agit d’une légère augmentation de 3 %, annoncée en mars 2025. Mais aucun nouvel investissement ne renforce les places à 10 $ par jour promises par le gouvernement libéral de Justin Trudeau.

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Sur l’aide financière apportée aux étudiants, près d’un milliard de dollars sera «redirigé», donc coupé, pour s’assurer que cet argent va plutôt aux étudiants à temps plein qui fréquentent des établissements publics à but non lucratif. Une question «d’intégrité», justifie le gouvernement, qui veut éviter que l’argent ne se retrouve dans des établissements qui font déjà de l’argent.

En revanche, Ottawa veut prolonger les augmentations des bourses et prêts d’étude canadiens à hauteur de plus d’un milliard de dollars, ce qui représente en réalité un maintien de ce soutien.

Aucun investissement majeur n’est prévu pour l’éducation postsecondaire francophone.

Plus de logements, moins de taxes

Le gouvernement compte s’attaquer à la crise du logement au pays en déployant un plan de financement total de 25 milliards de dollars sur cinq ans.

Ce plan, axé sur l’augmentation de l’offre et la réduction des couts, vise à doubler le rythme de construction pour rétablir l’abordabilité des logements au niveau de 2019.

Lancée le 14 septembre 2025, l’agence fédérale Maisons Canada bénéficiera d’un investissement initial de 13 milliards de dollars sur cinq ans afin de construire et financer des logements abordables, notamment pour les ménages à faible revenu, et de lutter contre l’itinérance.

Pour alléger le fardeau des acheteurs et des promoteurs, le fédéral confirme l’élimination de la taxe sur les produits et services (TPS) pour l’achat d’une première habitation neuve. Il entend aussi éliminer la taxe sur les logements sous-utilisés (TLSU) à compter de l’année civile 2025.

Des investissements sont aussi prévus pour les logements et les infrastructures autochtones, incluant 2,3 milliards de dollars pour le renouvèlement du Programme amélioré pour l’approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées des Premières Nations.

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Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Déclaration sur les sources et la méthode:

Le présent article a été rédigé par une journaliste sans l’aide d’outils de l’intelligence artificielle.

Données de parution:

Ottawa

Inès Lombardo

Francophonie canadienne

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