Le statuquo s’est maintenu en Colombie-Britannique, où David Eby (Nouveau Parti démocratique) a été réélu, en Saskatchewan, avec la réélection de Scott Moe (Parti saskatchewanais) et en Nouvelle-Écosse, où Tim Houston (Parti progressiste-conservateur) a remporté un nouveau mandat.
De son côté, le Nouveau-Brunswick connait un revirement, passant du Parti progressiste-conservateur de Blaine Higgs – critiqué pour ses positions vis-à-vis de la francophonie – à Susan Holt (Parti libéral du Nouveau-Brunswick).
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De l’inertie…
Dans certaines de ces provinces, les enjeux francophones n’avancent qu’à très petits pas.

La ministre responsable des Affaires francophones de la Saskatchewan, Alana Ross.
En Saskatchewan, la ministre responsable des Affaires francophones, Alana Ross, ne parle pas le français couramment. Si, d’après le directeur général de la Direction des affaires francophones (DAF), Charles-Henri Warren, elle a suivi un parcours d’immersion en français, elle n’a «pas eu l’occasion» d’exercer la langue.
Les francophones ont une nouvelle école à Régina et deux autres s’en viennent à Saskatoon et à Prince Albert. Cependant, les projets francophones piétinent, notamment du côté de l’immigration.
Le Programme Candidats immigrant pour la Saskatchewan (PCIS) a récemment vu son nombre de places réduit par le fédéral. Conséquence : la province a dû le suspendre, ce qui a une répercussion sur l’immigration francophone, selon une source proche du dossier.
Charles-Henri Warren souligne toutefois une «augmentation des places en garderie francophone».
… à l’attente
En Nouvelle-Écosse, les projets francophones se font aussi attendre. «Je ne pense pas que [le gouvernement provincial, NDLR] en fassent davantage en soi et, d’une certaine manière, ils ont l’impression que ce qu’ils ont fait jusqu’à présent est “réussi”, observe Mario Levesque, professeur agrégé au département de politique et de relations internationales à l’Université Mount Allison, au Nouveau-Brunswick.

Pour le politologue Mario Levesque, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse est davantage préoccupé par la guerre tarifaire avec les États-Unis que par les affaires francophones.
Selon lui, le gouvernement néoécossais ne se préoccupe pas pour l’instant des enjeux francophones, car en réponse aux tarifs douaniers des États-Unis, la province se concentre davantage sur la relance de l’exploitation des ressources naturelles.
Le politologue ne remarque pas non plus d’évolution majeure en Nouvelle-Écosse concernant les services de réinstallation des immigrants francophones, sauf en cas d’investissement conséquent de la part du gouvernement fédéral.
«La position du gouvernement de [Tim] Houston sur ce sujet est, je pense, étroite. Donc le mieux que l’on peut espérer est de détourner les fonds déjà alloués ailleurs vers les francophones [s’il n’y a pas de nouveaux financements fédéraux]», affirme Mario Levesque.
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Continuité à l’Ouest…
Pour la présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), Marie-Nicole Dubois, le premier ministre réélu, David Eby, a «vraiment été là» pour appliquer la politique de services en français, rendue publique en avril 2024.
Avant cette date, la province n’avait ni politique ni loi qui encadraient les services en français. Toutefois, cette politique provinciale n’a pas force de loi, il s’agit d’une directive, mais la FFCB y voit tout de même «un bon pas».
C’est le ministre Adrian Dix, qui en a la responsabilité, est «un de nos alliés», affirme Marie-Nicole Dubois. «Il saisit la sensibilité, la vulnérabilité que la francophonie peut avoir dans une province majoritairement anglophone.»
L’application de cette nouvelle politique «va bien», estime-t-elle. L’exemple le plus récent étant que les Britannocolombiens peuvent désormais passer leur permis de conduire en français s’ils le souhaitent.
En outre, une clinique de santé francophone a ouvert ses portes à Vancouver en novembre dernier.
Concernant l’éducation toutefois, les organismes francophones restent prudents, car le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF) est actuellement devant les tribunaux pour obtenir des terrains et des écoles.
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…et rupture à l’Est
À l’autre bout du Canada, la présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Nicole Arseneault-Sluyter, affirme que passer du gouvernement de Blaine Higgs à celui de Susan Holt débouche sur des «francophones vraiment contents», notamment de voir la première ministre s’adresser à eux «partout où elle passe». «On se sent beaucoup plus respectés.»
Toutefois, les francophones attendent la première ministre au tournant, notamment concernant la demande de la SANB d’avoir un sous-ministre chargé d’appuyer la première ministre dans l’application de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick (LLONB).
Si Susan Holt a créé un Comité permanent des langues officielles à l’Assemblée législative, elle a indiqué à l’Acadie Nouvelle ne pas être certaine de pouvoir tenir sa promesse de mettre en place toutes les recommandations du rapport Maclaughlin/Finn, publié en 2021.
Ce dernier suggère, par exemple, que les foyers de soins de la province devraient être assujettis à la LLONB, les obligeant ainsi à communiquer dans la langue de choix des résidents. Mais la première ministre n’est pas certaine d’en avoir les moyens.
La création d’un poste de sous-ministre est aussi l’une de recommandations qu’elle pourrait laisser tomber.
Le changement souligné par la SANB réside surtout dans la possibilité qu’ont les fonctionnaires de choisir leur langue de travail, un dossier sur lequel Susan Holt et ses ministres «travaillent fort», témoigne Nicole Arseneault-Sluyter.
Ce qui n’était pas le cas sous le premier ministre précédent, Blaine Higgs.
Les Ontariens sont aussi allés aux urnes à la fin février. Le Parti conservateur de Doug Ford a été réélu et Caroline Mulroney a été reconfirmée dans son rôle de ministre des Affaires francophones. La réélection est cependant trop récente pour évaluer s’il y a changement, ou non, dans la gestion de la francophonie dans cette province.