le Samedi 31 mai 2025
le Jeudi 20 mars 2025 7:35 Politique

Le Bureau de la traduction compte supprimer près de 340 postes en cinq ans

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Plus de 330 postes seront supprimés au cours des cinq prochaines années au Bureau de la traduction du Canada.  — Photo : Archives – Le Droit
Plus de 330 postes seront supprimés au cours des cinq prochaines années au Bureau de la traduction du Canada.
Photo : Archives – Le Droit
FRANCOPRESSE – Dans la présentation de son plan d’activités pour les cinq prochaines années, le Bureau de la traduction du Canada indique que 339 postes de traduction seront progressivement supprimés. Le syndicat des traducteurs y voit une entaille de plus dans la qualité du français au gouvernement.
Le Bureau de la traduction compte supprimer près de 340 postes en cinq ans
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Dans un plan déposé fin février, le Bureau de la traduction, qui est sous la responsabilité du ministère Services publics et Approvisionnements Canada, affirme que 339 postes de traduction seront supprimés par attrition, au cours des cinq prochaines années. Les membres du Bureau qui quittent pour la retraite ou un autre emploi, par exemple, ne seront pas remplacés.

Le Bureau de la traduction a bénéficié en 2024 d’une augmentation de son budget, avec un investissement de près de 32 millions de dollars sur cinq ans, suivis de 3 millions de dollars et de 200 000 dollars annuellement ajoutés au budget de façon permanente. 

La décision serait une manière «d’accroitre la capacité de traduction et d’interprétation au Parlement et de respecter les exigences de la Loi sur les langues officielles», peut-on lire dans le budget fédéral 2024

Nathan Prier assure que beaucoup de gestionnaires veulent «couper les coins ronds» pour éviter de financer et d’utiliser les services du Bureau de traduction pour «se diriger vers des logiciels». 

Photo : Courtoisie ACEP

Plus de 100 départements ministériels bénéficient du travail des traducteurs du Bureau.

«On a toujours des bons mots [de la part du Bureau de la traduction, NDLR]». Mais les raisons qu’il donne sont que ces coupes permettront de «survivre le prochain cycle [budgétaire]», cite le président de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP-CAPE), Nathan Prier, qui représente les traducteurs du Bureau. 

«Dans son plan quinquennal pour les années 2025 à 2030, le Bureau de la traduction tient compte des avancées technologiques et de la baisse de la demande en traduction pour orienter ses prévisions. Ces avancées serviront à soutenir le travail des traducteurs et à accroitre l’efficacité du Bureau», soutient le bureau du nouveau ministre de Services publics et Approvisionnements Canada, Ali Ehsassi.

«Le service d’interprétation du Parlement ne sera pas touché par les changements annoncés. Il n’est pas prévu de réduire le nombre d’interprètes au Parlement», ajoute-t-il.

À lire aussi : La paralysie du Parlement coute 9,6 millions de dollars au Bureau de la traduction

Perte d’accès à de l’information en français

«C’est une grave compression, ça va vraiment compromettre la qualité des traductions, en forçant les traductrices et traducteurs à travailler en sous-effectif.», craint Nathan Prier. Selon lui, la grande majorité des textes sont traduits de l’anglais vers le français. 

«Ce seront principalement les communautés francophones de chaque coin du Canada qui pâtiront de ces compressions et vont perdre l’accès à des informations et des services rigoureux», critique encore Nathan Prier. 

Il considère que préserver la qualité du français est essentiel pour défendre la Loi sur les langues officielles. 

Joël Godin, chef de file des conservateurs en matière de langues officielles, affirme quant à lui «tomber du haut de sa chaise». «Ça démontre encore que l’intention et la volonté de ce gouvernement ne sont pas là.» 

C’est encore une fois les francophones qui vont écoper. Parce qu’on comprend que la traduction et l’interprétation, c’est beaucoup plus la langue la plus vulnérable. Parce qu’à Ottawa, on le répète souvent, il y a deux langues : l’anglais et l’interprétation.

— Joël Godin

Selon lui, le gouvernement libéral profite du «brouillard provoqué par la situation politique» actuelle pour que ce genre d’information passe sous le radar.

À lire : Traductions externes : les fonctionnaires francophones paient le prix

Vers l’intelligence artificielle?

Sans en faire la raison officielle dans son plan quinquennal, le Bureau de la traduction dispose d’un plan pour utiliser davantage d’outils d’intelligence artificielle, sur lesquels il compte miser pour augmenter ses capacités. 

Néanmoins, l’an dernier, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, avait fait une mise en garde contre l’utilisation de l’IA au sein du Bureau.

Pour l’heure, Nathan Prier reste optimiste : «Ce sont des prévisions issues d’un plan. On va mettre la pression pour éviter [ces suppressions de postes].»

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

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