le Jeudi 1 mai 2025
le Mercredi 5 mars 2025 11:20 Politique

Rachel Bendayan : «Les langues officielles ont toute leur place»

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Rachel Bendayan est ministre des Langues officielles depuis décembre 2025, en remplacement de Randy Boissonnault, parti après des controverses pour conflits d’intérêts et identité autochtone.  — Photo : Inès Lombardo – Francopresse
Rachel Bendayan est ministre des Langues officielles depuis décembre 2025, en remplacement de Randy Boissonnault, parti après des controverses pour conflits d’intérêts et identité autochtone.
Photo : Inès Lombardo – Francopresse
ENTRETIEN – La ministre aux commandes des Langues officielles depuis décembre, Rachel Bendayan, continue de s’occuper des affaires courantes dans un contexte politique intérieur et extérieur explosif. Dans sa première entrevue avec Francopresse, elle revient sur l’avancement des règlements et la place des langues officielles dans l’actualité.
Rachel Bendayan : «Les langues officielles ont toute leur place»
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Rachel Bendayan : Je sais que c’est très attendu, par mes conversations avec les parties prenantes. J’ai pu rencontrer la ministre [Ginette] Petitpas-Taylor pour en parler. On travaille de concert là-dessus évidemment.

C’est le Conseil du Trésor qui est responsable, mais je suis le dossier de très près, étant donné que j’ai les deux autres règlements qui sont également attendus.

On veut s’assurer que tous nos règlements, les trois, soient vraiment à la hauteur. Évidemment, il y a énormément d’exigences en matière de consultations et pour bien les faire, ça prend du temps, mais nous serons prêts pour les déposer en temps et lieu en Chambre.

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Les trois règlements attendus pour l’application de la nouvelle Loi sur les langues officielles

  • Le plus attendu des trois, sur la partie VII, règlementera l’égalité de statut des deux langues officielles et des communautés de langue officielle;
  • Un autre doit encadrer les sanctions pécuniaires en cas d’infraction à la Loi par des entreprises privées sous juridiction fédérale;
  • Le troisième concerne la désignation des régions désignées comme fortement francophones.

Étant donné la prorogation du Parlement, ces règlements pourraient-ils être reportés après une éventuelle élection fédérale?

Je pense qu’il faut commencer par trouver un nouveau chef et ensuite on verra. Effectivement, moi, mes instructions – et je pense que c’est le cas également pour la ministre Petitpas Taylor – c’est d’être prête [à aller en élections] si jamais.

Les provinces et territoires ont jusqu’au 31 mars pour signer un Protocole qui finance l’accès à l’éducation dans la langue de la minorité et la langue seconde. Comment le gouvernement fédéral peut-il encourager ces signatures sans ingérer dans les affaires provinciales?

On a eu notre première rencontre [avec les provinces et territoires, NDLR] le 20 février et c’était une très belle rencontre. Je vois une volonté incroyable de faire avancer le fait français partout à travers le pays.

Pour ce qui est des ententes bilatérales, la Colombie-Britannique a signé. J’ai vraiment hâte de voir la réaction de la communauté francophone dans la province parce que je sais qu’il y a des parents sur des listes d’attente pour envoyer leurs enfants dans des écoles bilingues ou de français et c’est très important de continuer à promouvoir et à encourager cette volonté de notre population pour l’éducation en français.

D’autres annonces sont prévues dans les prochains jours et semaines et, vraiment, la réaction de mes homologues à date était très positive.

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Compte tenu du contexte politique actuel – qui n’est pas du tout centré sur les langues officielles, mais sur les tarifs douaniers américains – est-ce que, selon vous, la question des langues officielles va passer un peu sous silence ces prochains mois?

Bien au contraire, quant à moi, elle a toute sa place. Renforcer notre identité est exactement de ce dont on parle en ce moment, renforcer notre identité canadienne, ce qui nous rend si spécial en tant que pays. C’est assurer nos valeurs et, pour moi, c’est très d’actualité.

C’est important de s’en rappeler dans ces moments où notre souveraineté est menacée. On se pose la question : «Qu’est-ce qu’on pourrait perdre?»

Et on peut perdre énormément. Nous avons nos propres forces, nos propres richesses en tant que Canadiens et de ce que je vois et ce que j’entends sur le terrain, c’est que les Canadiens veulent aller au front pour les défendre.

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Lors d’un rassemblement conservateur le 15 février, une dame nous a confié avoir changé son vote libéral en faveur du parti de Pierre Poilievre pour les prochaines élections fédérales. Qu’est-ce que vous dites aux gens qui envisagent de voter pour les conservateurs?

De un, moi je ne l’entends pas ici au Québec. De deux, je dirais que notre gouvernement a sorti un plan afin de financer Radio-Canada. Je ne vois pas comment les gens qui ont à cœur nos deux langues officielles peuvent même considérer de voter pour un parti qui veut fermer [CBC].

Nous avons davantage besoin de nos institutions publiques comme [CBC/Radio-Canada] pour non seulement s’assurer de la diffusion dans nos deux langues des informations, mais aussi comme enjeu de sécurité nationale et de souveraineté canadienne.

Je n’aime pas trop me fier aux sondages, mais on sent quand même un vent de changement. Puis c’est clairement ce que j’entends sur le terrain.

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Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

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