«Je n’ai aucune intention d’inviter le leadeur du [Parti conservateur du Canada] à faire campagne avec moi», a affirmé haut et fort le premier ministre néoécossais, Tim Houston, début novembre. Il ne considère pas avoir besoin de Pierre Poilievre en Nouvelle-Écosse pendant sa campagne électorale.
«Le Parti conservateur du Canada est un parti complètement différent, avec son propre leadeur, a-t-il assuré. Je ne suis pas membre de ce parti.»
Tim Houston a rappelé qu’il n’y avait pas d’équivalent fédéral du Parti progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse. Il met l’accent sur la partie progressiste de son parti.
À lire aussi : Le Parti conservateur, 20 ans après la fusion
Le Parti conservateur «moins chaleureux» envers les immigrants
«Tim Houston sait qu’il y a un certain conservatisme ici, en Nouvelle-Écosse, qui ne reflète pas certains des messages fondamentaux que Pierre Poilievre discute au niveau fédéral», note le professeur agrégé au Département des études en développement international à l’Université Dalhousie, à Halifax, Robert Huish.
«Il y a eu énormément de travail ici pour améliorer l’accès à la santé, notamment, pour essayer d’augmenter le nombre de médecins qui viennent de l’étranger. Le gouvernement [provincial] tente d’améliorer la capacité de soins de santé à travers l’immigration.»
Les plus récentes promesses de Pierre Poilievre parlent effectivement d’un calcul mathématique pour que la croissance de l’immigration suive celles des logements, des emplois et des soins de santé, par exemple.
Robert Huish souligne aussi que les progressistes-conservateurs de la province pourraient plutôt «être confondus avec des partis plus libéraux du pays».
Le gouvernement de Tim Houston a une bonne relation avec les entreprises davantage tournées vers «une marque plus libérale», affirme-t-il.
Une réalité provinciale peu comprise à Ottawa
Certains programmes fédéraux ont affecté le niveau de vie des Néoécossais, notamment la tarification carbone. La hausse annuelle pour 2024, qui se chiffre à 15 $ par tonne de carbone émise, est entrée en vigueur le 1er avril dernier.
«Il y a eu énormément de travail ici pour améliorer l’accès à la santé, notamment, pour essayer d’augmenter le nombre de médecins qui viennent de l’étranger. Le gouvernement [provincial] tente d’améliorer la capacité de soins de santé à travers l’immigration.»
«Je crois savoir que M. Poilievre est bien moins chaleureux pour accueillir des immigrants», remarque le professeur Huish.
Les plus récentes promesses de Pierre Poilievre parlent effectivement d’un calcul mathématique pour que la croissance de l’immigration suive celles des logements, des emplois et des soins de santé, par exemple.
Robert Huish souligne aussi que les progressistes-conservateurs de la province pourraient plutôt «être confondus avec des partis plus libéraux du pays».
Le gouvernement de Tim Houston a une bonne relation avec les entreprises davantage tournées vers «une marque plus libérale», affirme-t-il.
Une réalité provinciale peu comprise à Ottawa
Certains programmes fédéraux ont affecté le niveau de vie des Néoécossais, notamment la tarification carbone. La hausse annuelle pour 2024, qui se chiffre à 15 $ par tonne de carbone émise, est entrée en vigueur le 1er avril dernier.
Quelques jours avant, le premier ministre de la province avait envoyé au gouvernement de Justin Trudeau un plan détaillé pour une alternative à la taxe carbone du fédéral.
Cette hausse du prix du carbone s’est superposée à une hausse des loyers jamais enregistrée en Nouvelle-Écosse. Le prix d’un appartement de deux chambres à Halifax a augmenté de 11 % en 2023.
Un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) de janvier 2024 affirmait également que la croissance du prix moyen des loyers atteignait un sommet record de 8 % dans tout le pays.
À lire aussi : Face à la crise : réinvestir le logement social et abordable
Enjeux francophones
Côté francophonie, certains dossiers restent chauds en Nouvelle-Écosse, selon Guillaume Deschênes-Thériault, candidat au doctorat en science politique à l’Université d’Ottawa. En première ligne, l’immigration francophone.
Pour «retrouver le chemin de la croissance» après une baisse du poids démographique des francophones de 2,1 points de pourcentage entre 1971 et 2021, une cible au-dessus de 10 % serait indispensable, entrevoit-il.
«Ce n’est pas nécessairement pour permettre un rattrapage, nuance le chercheur. À moyen terme, il faudrait des cibles encore plus importantes, mais je pense que dans le cas de la Nouvelle-Écosse [il faudrait] au moins une échelle entre 10 et 20 % [d’immigration francophone].»
Redécoupage électoral
Par ailleurs, les francophones attendent aussi de voir quand la Commission de délimitation des circonscriptions de la province mettra en œuvre le jugement de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, rendu mercredi dernier.
La Cour a donné raison à la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), qui demandait la redéfinition des frontières électorales sur l’ile du Cap-Breton, pour prendre en compte la communauté acadienne.
Trois autres circonscriptions acadiennes ont un statut spécial dans la province : Argyle, Clare et Richmond.
«Si on regarde la participation électorale des Acadiens, ça a un impact parce que les Acadiens votent plus que la moyenne provinciale», souligne Guillaume Deschênes-Thériault.
«Dans les deux élections où les circonscriptions acadiennes étaient abolies [en 2013 et 2017, NDLR], le taux de participation chez les Acadiens avait diminué. Donc on peut faire un lien entre la présence de la circonscription acadienne protégée et la participation électorale des Acadiens de la Nouvelle-Écosse.»
La Commission de délimitation des circonscriptions de la province doit rendre son plan de redécoupage d’ici 20 mois. Les élections provinciales du 26 novembre ne sont pas concernées par ce redécoupage.