C’est avant tout la répartition exacte de cette somme d’un milliard de dollars qui intéresse la francophonie canadienne, car une partie de l’enveloppe pourrait aussi aller à la mise en œuvre de la nouvelle Loi sur les langues officielles.
L’automne dernier, les organismes francophones en milieu minoritaire ont réclamé 300 millions de dollars par le biais de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), pour combler un manque de financement fédéral latent depuis des années.
Dans un rapport intitulé «Éviter le point de rupture», dévoilé en octobre 2022, plusieurs de ces organismes ont fait état de leur mauvaise santé financière, minée par un financement fédéral trop maigre depuis «deux décennies», selon Liane Roy, présidente de la FCFA.
Par ailleurs, les retards chroniques du dévoilement du Plan d’action pour les langues officielles empêchent les organismes francophones en milieu minoritaire d’anticiper leur programmation et les postes nécessaires à l’interne. Le Plan pour la période 2018 à 2023 est arrivé à expiration le 31 mars dernier.
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Services et éducation dans la langue de la minorité
Le rapport sur les consultations pancanadiennes que la ministre Petitpas Taylor a menées l’été dernier démontre que les francophones ont avant tout besoin d’un «financement de base», par le biais des organismes en milieu minoritaire.
Des demandes pour effectuer un «rattrapage du financement fédéral à l’éducation minoritaire» figurent également dans ce rapport. Ce à quoi le budget 2023 a tenté de répondre en octroyant plus de 672 millions de dollars sur cinq ans à ce secteur.
Pour 45,1 % des 5 200 répondants au questionnaire des consultations pancanadiennes, ce financement permettrait notamment d’assurer un apprentissage dans leur langue officielle «de la petite enfance au postsecondaire», précise le rapport.
Le document indique aussi que 62 % des répondants identifient «la capacité de vivre, d’apprendre et de travailler en français dans la vie de tous les jours comme l’un des cinq plus grands défis des communautés francophones en situation minoritaire».
Lors des consultations à Sudbury, des définitions identitaires plus claires de «francophones» et de «l’identité bilingue» ont également été exposées.
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Ce qu’on sait
La part du milliard de dollars sera déjà divisée entre plusieurs piliers révélés dans le Budget fédéral 2023.
Il y a d’abord l’enseignement de la langue de la minorité, qui bénéficie de 679,2 millions sur cinq ans dès 2023-2024, suivi de l’immigration et du développement économique dans les deux langues officielles.
Depuis 2003, les gouvernements successifs ont bonifié l’enveloppe dédiée aux Plans d’action, sauf pour le Plan adopté en 2008.
Le premier Plan d’action demeure celui qui a bénéficié du supplément fédéral le plus enviable, avec un ajout de 800 millions au financement de base de 1,1 milliard attribué aux langues officielles avant 2003.
Le Plan 2018-2023 a quant à lui reçu un financement supplémentaire de près de 500 millions sur cinq ans comparativement au Plan précédent. C’est donc sans commune mesure avec le Plan prévu entre 2023 et 2028.
Si le plus gros de l’annonce a été fait, c’est la répartition des sommes que le Plan détaillera le 26 avril.