C’était le sujet le plus attendu. Radio-Canada en avait laissé filtrer certains détails la veille de l’annonce. Justin Trudeau l’a confirmé lors de la conférence de presse conjointe avec le président américain : les deux pays ont durci le ton sur la question de l’immigration irrégulière. Les migrants qui tentent de traverser la frontière pour se rendre au Canada seront refoulés tout le long de la frontière terrestre canado-américaine et vers les postes réguliers frontaliers.
De plus, le Canada accueillera bien 15 000 migrants pour honorer cet élargissement de l’Entente sur les pays tiers sûrs.
«On ne peut pas tout simplement fermer le chemin Roxham et espérer que tout se règlerait puisqu’on a une extrêmement longue frontière et les gens chercheraient d’autres endroits ou passer. […] On a modernisé pour que quelqu’un qui traverse entre nos postes frontaliers officiels […] demande l’asile dans le premier pays sûr dans lequel il arrive», a affirmé Justin Trudeau en conférence de presse conjointe avec Joe Biden.
«On continue d’être ouvert à des arrivées régulières. On va augmenter les demandeurs d’asile, particulièrement de l’hémisphère, pour compenser pour la fermeture de ces passages irréguliers», a-t-il ajouté.
Selon des données fédérales, 92 720 demandeurs d’asile ont traversé la frontière canado-américaine en 2022, dont près de 40 000 personnes au chemin Roxham. Interrogé sur l’accueil de seulement 15 000 demandeurs d’asile, le premier ministre Trudeau a botté en touche.
Un communiqué émanant de son Cabinet a toutefois précisé que ces migrants seront principalement issus de l’hémisphère occidental [Amérique du Sud et Amérique du Nord, NDLR], «et ce, pour des motifs d’ordre humanitaire, et que [le Canada] leur offrirait des débouchés économiques pour contrer le déplacement forcé».
Autres annonces
Sur une autre note, Justin Trudeau a annoncé que le Canada investira 100 millions $ pour aider les forces policières en Haïti et notamment fournir un meilleur équipement à la Police nationale. Ceci, dans un contexte où les États-Unis demandaient depuis des mois au Canada de prendre le leadership pour une intervention.
Les deux dirigeants ont fait les annonces suivantes en rafale : le Canada investira dans un projet de 7,3 milliards de dollars pour notamment moderniser et construire de nouvelles infrastructures qui accueilleront une flotte d’avions de chasse F-35, dans le cadre du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD).
Le Canada mettra également 420 millions dans la préservation des Grands Lacs. Un groupe de travail sur la transformation de l’énergie sera mis en place pour que les deux pays collaborent dans le domaine de l’économie propre.
Plus tôt, le président Joe Biden a prononcé un discours à la Chambre des communes, devant une salle comble de députés, de sénateurs et d’invités tels que l’ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien et l’ancien premier ministre de l’Ontario, Dalton McGuinty.
Sur un ode à l’amitié et la solidarité qui lie le Canada et les États-Unis, il a conclu par un vibrant : « Vous pourrez toujours, toujours compter sur les États-Unis d’Amérique », suivi d’une ovation de part et d’autres de la Chambre.