Stephanie Kusie a commencé à s’initier à la langue française lors de ses visites dans la famille de sa mère au Québec. «Je n’ai pas grandi dans cette langue, mais les mots m’étaient familiers et ils revenaient dès que j’arrivais chez ma grand-mère», se rappelle la députée.
Au fil de ses missions diplomatiques, elle commence peu à peu à utiliser le français. Dès 2006, Stephanie Kusie est envoyée en Argentine par le ministre des Affaires étrangères d’alors, Peter Kent. Elle est ensuite affectée au Salvador comme chargée d’affaires puis comme consul du Canada de 2006 à 2008, avant d’être dépêchée à Dallas de 2010 à 2013.
«Quand on est membre des Affaires étrangères, on doit parler les deux langues officielles, précise-t-elle. C’est une obligation. J’ai surtout pratiqué le français au Salvador, entre autres parce qu’une grande communauté de Salvadoriens a immigré à Montréal.»
Après un échec aux élections municipales de Calgary en 2013, Stephanie Kusie est élue députée fédérale en 2017. Elle dit utiliser le français le plus possible en Chambre, avec ses collègues députés et dans son comté, particulièrement lorsqu’elle visite des écoles d’immersion française.
«Je pense avoir le respect de mes collègues francophones parce que je fais l’effort de parler le français, même si ce n’est pas ma langue maternelle», croit-elle.
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Des efforts pour parler français chez les conservateurs
Parmi les députés conservateurs, «beaucoup viennent de l’Ouest et malheureusement, ils n’ont pas eu l’occasion d’apprendre le français ou d’être dans un environnement immersif», souligne la députée.
Mais pour Stephanie Kusie, ce sont les efforts fournis qui importent. «Depuis que je suis élue sur la Colline, j’ai vu beaucoup de mes collègues apprendre le français une fois élus, comme Jason Kenney [ex-premier ministre de l’Alberta]. Ils suivent des cours lorsqu’ils sont à Ottawa», fait-elle valoir.
Elle cite aussi certains députés francophones qui poussent leurs collègues à apprendre le français. C’est le cas du député québécois Bernard Généreux, qui met ses collègues désireux d’apprendre la langue en relation avec une école de son comté (Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup).
«Cet été, il va y avoir une petite réunion pour les députés qui sont au Québec pour apprendre le français. La volonté d’apprendre la langue existe, mais c’est vrai que c’est assez récent. Il y a beaucoup plus d’enfants en immersion maintenant, comparé à mon époque», remarque-t-elle.
Parler français pour se sentir «plus comme une citoyenne complète»
Stephanie Kusie assure que son passage dans le monde diplomatique l’aide à bien des égards dans son rôle de députée.
«Lorsque vous êtes diplomate, on vous apprend que vous n’êtes qu’une personne, qui a pour mission de servir le Canada et faire passer des messages pour le compte du pays. Je pense avoir cette capacité pour ma circonscription. Mais il y avait un député avant moi, il y en aura un autre après! J’essaie juste d’agir maintenant, pas plus, pas moins», explique-t-elle.
Stephanie Kusie espère que son fils de 11 ans, Edward, intègrera l’école d’immersion française à ses 13 ans, en 7e année : «Avec mon mari, qui est bilingue aussi, nous souhaitons qu’il parle au moins une autre langue. Le français est la priorité. Moi, je suis vraiment fière de parler français. Je me sens plus comme une citoyenne complète, j’espère que ce sera pareil pour mon fils.»
«Mon siège de député.e» est une série de portraits des député.e.s francophones, francophiles, francocurieux et francocurieuses du Canada. Ces élu·es ont accepté de se prêter au jeu et de s’ouvrir quant aux enjeux qui leur tiennent à cœur, qu’il s’agisse de la place du français à la Chambre des communes ou de tout autre sujet d’importance dans la société canadienne.