Tout le monde se souvient-il de son premier vote? Le geste finit par se répéter au fil des années, avec plus ou moins d’enthousiasme. Parfois jusqu’à s’user. Mais la toute première fois, le vote est-il anodin? Cette année, des dizaines de milliers de jeunes suivent pour la première fois une campagne électorale.
Pour la première fois, ils se penchent sur le fonctionnement des institutions. Pour la première fois, ils doivent apporter leur confiance à un candidat ou une candidate. Pour la première fois, ils seront fiers ou déçus quand les résultats apparaitront dans les médias. En attendant, ils observent, se renseignent, confrontent les points de vue.
Jérémie Buote prend les choses très au sérieux.
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Le changement climatique, la priorité
Les jeunes sont loin d’être indifférents à la politique, et ne semblent pas prendre cette élection avec désinvolture. La réaction de Brennen Gallant, 18 ans, qui se déplacera aux urnes «pour le bien commun des Canadiens et améliorer les choses au pays», le confirme.
L’étudiant à l’Université de l’Î.-P.-É., qui s’informe sur les médias sociaux, compte aussi lire toutes les plateformes électorales pour se faire sa propre opinion.
Mais quelles sont les attentes prioritaires de ces primovotants? Lutter contre le changement climatique est la première des priorités aux yeux de Jérémie Buote.
«On parle beaucoup d’écologie, mais il est rare de voir des actions concrètes. Trop souvent des décisions sont prises à l’encontre de la préservation de l’environnement», regrette celui qui a fait partie du Parlement jeunesse de l’Acadie.
Il se dit déçu «des belles paroles du parti libéral en faveur d’un monde plus écologique» qui ne se sont jamais traduites en action. «L’approbation du pipeline Trans Mountain par le gouvernement de Trudeau a été un sacré coup dur», lâche-t-il.
Le jeune insulaire appelle de toute urgence les candidats à réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures, à investir dans les énergies renouvelables et à démocratiser l’accès aux voitures électriques. Il défend «une écologie sociale» qui prend en compte les besoins des plus pauvres.
Crainte de l’abstention
Car, pour Jérémie Buote, l’autre enjeu majeur de ces élections, ce sont les inégalités de classe.
«Au niveau mondial aussi, c’est pour ça qu’on doit continuer à accueillir des immigrants, ça fait partie de notre identité canadienne», insiste-t-il. Un avis que partage Brennen Gallant : «Dans un monde marqué par la pandémie où les injustices sont plus fortes qu’avant, les élus doivent s’engager à réduire la pauvreté,
notamment étudiante».
Les deux Prince-Édouardiens, qui ont étudié à l’école française François-Buote, sont également attentifs aux programmes des partis quant à la défense de la francophonie en milieu minoritaire. «Le fédéral doit appuyer l’accès à l’éducation en français, c’est essentiel dans un pays bilingue», souligne Brennen Gallant.
Leur crainte commune, c’est l’abstention parmi leur classe d’âge. «Je ne vois pas cette énergie d’aller voter, il y a trop de découragement», s’inquiète Jérémie Buote qui tente de motiver ses amis à se déplacer le 20 septembre.
À cet égard, les deux primovotants sont déçus de l’absence de bureaux de vote dans les campus et craignent que ça ne démobilise encore plus les jeunes électeurs.