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le Vendredi 27 août 2021 12:35 Politique

Les politiciens doivent avoir la couenne dure à l’heure des médias sociaux

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Les victimes sont 93 % à avoir reçu des insultes, 23 % à avoir souffert de harcèlement et 11 % à avoir lu des menaces de violences physiques ou de mort. — Austin Distel - Unsplash
Les victimes sont 93 % à avoir reçu des insultes, 23 % à avoir souffert de harcèlement et 11 % à avoir lu des menaces de violences physiques ou de mort.
Austin Distel - Unsplash
ACADIE NOUVELLE (Nouveau-Brunswick) – Le chercheur à l’Université Ontario Tech Gilbert McLaughlin observe qu’au moins 62 % des candidats néobrunswickois aux dernières élections provinciales ont subi des propos malveillants sur Internet. «Je pense que ce taux est plus élevé en réalité, car lors de dix entrevues, les candidats m’ont dit que pour éviter d’être troublés, c’était leur équipe qui s’était occupée des messages», ajoute le sociologue.
Les politiciens doivent avoir la couenne dure à l’heure des médias sociaux
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Acadien, originaire de Tracadie, Gilbert McLaughlin précise que les députés sortants et ceux qui habitaient hors de leur circonscription ont été plus susceptibles d’être la cible de manifestations de haine en ligne.

«Ce que les politiciens disent depuis longtemps est vérifié», conclut-il en soulignant néanmoins que ses pairs doivent encore relire son étude. «C’est un vrai phénomène et c’est inquiétant, car c’est difficilement contrôlable. Faire de la politique demande une bonne échine.»

Il ajoute que le public a seulement accès à une sous-représentation du phénomène en visitant les pages des personnalités politiques sur les réseaux sociaux. Seulement 17 % des participants à son enquête ont affirmé n’avoir jamais enlevé de commentaires.

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«Les autres suppriment le pire d’internet», indique M. McLaughlin.

Il note que les victimes sont 93 % à avoir reçu des insultes, 23 % à avoir souffert de harcèlement et 11 % à avoir lu des menaces de violences physiques ou de mort. Il remarque par ailleurs que 90 % de ces messages sont publics.

Être perçu publiquement semble important chez ceux qui commettent ce type d’action. Alors que de vieux politiciens racontent qu’ils entendaient des rumeurs, ou se confrontaient à une personne fâchée à leur bureau. Maintenant c’est constant et partout, notamment le soir à la maison.

— Gilbert McLaughlin, chercheur à l’Université Ontario Tech

M. McLaughlin juge que le phénomène est une menace pour la démocratie. Ses statistiques montrent que les minorités sont particulièrement visées. Au moins 11 % de ces commentaires concernaient les francophones et 8 % les personnes non hétérosexuelles.

«Quand on considère le faible nombre de personnes qui se sont déclarées issues de ces minorités dans l’enquête, on peut penser que les proportions réelles pourraient être plus importantes», précise le sociologue.

Il avertit que ses résultats préliminaires ne s’appliquent pas à l’ensemble du Canada, vu la taille de son échantillon. Il a interrogé 114 candidats néo-brunswickois sur 227 au total.

Consultez notre dossier sur les élections fédérales 2021

De la haine aussi lors des élections municipales

Des candidats aux dernières élections municipales ont aussi témoigné dans les médias des manifestations de haine qu’ils ont subies.

La mairesse de Moncton, Dawn Arnold, a confié avoir reçu de nombreuses attaques inappropriées en ligne.

«Ça a été un aspect très difficile, a-t-elle déploré. Heureusement, parler au téléphone avec les gens et discuter seul à seul avec eux a été très plaisant.»

À Tracadie, Jean-Yves McGraw et Denis Losier ont aussi rapporté un climat de campagne très difficile à Radio-Canada. Le média a fait part de commentaires lapidaires sur les réseaux sociaux et d’une affiche arrachée.