le Dimanche 7 septembre 2025
le Dimanche 7 septembre 2025 6:30 Chroniques et éditoriaux

Le francophone du Nouveau-Brunswick qui a accompagné Secretariat dans la légende

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La statue de Secretariat à Belmont Park, où le cheval légendaire a remporté la Triple Couronne en 1973.  — Photo : Jlvsclrk – CCA Share Alike 4.0
La statue de Secretariat à Belmont Park, où le cheval légendaire a remporté la Triple Couronne en 1973.
Photo : Jlvsclrk – CCA Share Alike 4.0
FRANCOPRESSE – C’était le Wayne Gretzky des chevaux de course. En 1973, Secretariat a remporté la Triple Couronne et, 52 ans plus tard, il détient encore le record de temps des trois courses. Ce cheval légendaire était monté par un jockey francophone du Nouveau-Brunswick : Ron Turcotte, décédé le 22 aout dernier à l’âge de 84 ans.
Le francophone du Nouveau-Brunswick qui a accompagné Secretariat dans la légende
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Grand-Sault au Nouveau-Brunswick a son monument pour honorer Ron Turcotte et Secretariat. 

Photo : Fralambert – CCA Share Alike 4.0

Né en 1941 dans le petit village de Drummond, près de Grand-Sault, au Nouveau-Brunswick, Ron Turcotte a connu une carrière extraordinaire.

Issu d’une famille de 11 enfants, il quitte l’école pour travailler comme bucheron avec son père. Les chevaux font partie du métier; Ron Turcotte apprend dans son adolescence à s’occuper de ces bêtes, ce qui lui servira.

Il quitte sa région natale à l’âge de 19 ans pour trouver du travail à Toronto. Un mois plus tard, sans succès, découragé, il est décidé à retourner chez lui. C’est alors que le propriétaire de la maison où il loue une chambre lui propose d’aller frapper à la porte des écuries Windfields. On l’embauche pour brosser les chevaux.

Comme il a le physique d’un jockey – pas trop grand et pas trop lourds –, on lui donne sa chance et il gagne sa première course en 1962. En 1962 et 1963, il est proclamé meilleur jockey au Canada. Cela lui donne une carte de visite pour tenter sa chance aux États-Unis. Il fait son apprentissage.

En 1964, il avait déjà à son actif 250 victoires sur les circuits. Son ascension est spectaculaire, car en 1965, sur le cheval Tom Rolfe, Ron Turcotte remporte les Preakness Stakes, l’une des trois courses de la Triple Couronne. Mais le meilleur est encore à venir pour le jockey de Drummond.

Ron Turcotte commence alors à travailler avec un autre Canadien, Lucien Laurin, un Québécois de Joliette, qui est entraineur de chevaux. Ils se retrouvent dans l’écurie The Meadow, en Virginie, appartenant à Penny Chenery. Turcotte a d’abord un grand succès sur le cheval Riva Ridge, avec lequel il réussit presque à remporter la Triple Couronne.

Après avoir gagné plusieurs courses en 1971, Riva Ridge, monté par Turcotte, remporte le Kentucky Derby. Lors des Preakness Stakes, le duo termine cependant quatrième. Ils prennent leur revanche aux Belmont Stakes avec une victoire par sept longueurs. Mais la Triple Couronne leur échappe.

Sports Illustrated, édition du 11 juin 1973, avec Ron Turcotte en couverture.

La rencontre de deux champions

L’année suivante, Ron Turcotte a la chance de monter un cheval d’exception : Secretariat. Celui-ci a grandi avec Riva Ridge, en Virginie. Le poulain a déjà été sacré cheval de l’année aux États-Unis en 1972 à l’âge de 2 ans, un fait rare. Il est surnommé «Big Red», en raison de son poil rougeâtre.

Ron Turcotte racontera plus tard que, lorsqu’il a vu Secretariat pour la première fois, il a eu un coup de foudre : «Je regardais les yeux. Puis, on s’étudiait l’un l’autre. Et c’est de même qu’on est venus à se comprendre.» En raison de son bilan de la dernière année, Secretariat suscite de grandes attentes.

Au Kentucky Derby de 1973, Secretariat, part bon dernier. Au quart de la course, il remonte et dépasse un à un les autres chevaux pour prendre la tête au dernier tournant. Il court le dernier quart de mille en 23 secondes. C’est sans précédent.

Deuxième course de la Triple couronne : les Preakness Stakes. Secretariat est encore dernier à l’ouverture des barrières de départ. Puis, le pur-sang réussit un exploit étonnant. Au premier virage, en quelques secondes, il dépasse tous ses concurrents. Et de deux.

Puis vient la troisième et ultime course de la Triple couronne, les Belmont Stakes, à New York.

Citation était alors le dernier cheval à avoir remporté le prestigieux triplé, en 1948. Durant les 25 années qui ont suivi, sept chevaux avaient réussi à gagner les deux premières courses, mais avaient échoué cette troisième épreuve dans laquelle s’engageait Secretariat.

L’entourage de Secretariat est nerveux. La pression est grande. Entre la deuxième et la troisième course, l’engouement pour Secretariat s’empare de tous les États-Unis. Le cheval fait la une des magazines Times, Newsweek et Sports Illustrated.

Time Magazine a consacré sa couverture à Secrétariat entre ses victoires.

Ron Turcotte sent aussi le poids de cette troisième course sur ses épaules. Mais il a confiance. Certaines personnes qui ont pu voir Secretariat la veille et le matin de la course ont témoigné avoir vu un cheval de belle allure semblant déterminé. C’est un rendez-vous avec l’histoire.

Il y a 70 000 personnes dans les gradins de l’hippodrome de Belmont Park. Seulement cinq chevaux sont à la barrière. Secretariat a cette fois-ci un meilleur départ. Avec Sham, son plus grand viral des deux premières courses, ils s’échangent la tête jusqu’au milieu de la course. Pendant un moment, Sham semble pouvoir distancer Secretariat. Les trois autres chevaux sont loin derrière. On croit assister à une course à deux lorsque, de façon inattendue, avant le dernier tournant, Secretariat, s’élance et gagne de la vitesse. Il est devant. Il le restera.

Certains observateurs diront qu’ils étaient convaincus que Secretariat allait beaucoup trop vite et allait s’effondrer avant la fin de la course. Mais non, il creuse l’écart : 12 longueurs, 14, 18, 20… Sa fougue défie toute logique.

Il terminera avec une incroyable avance de 31 longueurs sur son rival Sham, pourtant un cheval fabuleux lui aussi. La foule est en délire. Secretariat vient d’accomplir un exploit que personne ne prévoyait ou même ne croyait possible.

Le cheval fracasse le record de piste avec 2 minutes et 24 secondes.

Ron Turcotte a pu assister à la première du film Secretariat en 2010. Charlie Davis, le cavalier d’entrainement, l’accompagnait pour l’occasion. 

Photo : Fran Jurga – CCA Share Alike 4.0

Un cheval au grand cœur

Plus tard cette année-là, Secretariat est retiré de la compétition. Les pur-sang n’ont pas de longue carrière. Il meurt en 1989, âgé de 19 ans, à la suite d’une inflammation des tissus mous au sabot (laminite ou fourbure).

Le vétérinaire qui l’a autopsié a révélé que son cœur pesait environ 22 livres (10 kilos), soit deux fois et demie le poids moyen de cet organe chez les chevaux. Cela explique, en grande partie, le secret de la force exceptionnelle de Secretariat. EN 1999, la chaine ESPN le place au 35e rang de son palmarès des 100 meilleurs athlètes du XXsiècle.

Quant à Ron Turcotte, il continue de monter des chevaux, mais sa carrière de jockey prend fin brutalement en 1978 lors d’une course sans importance, ironiquement à Belmont Park, où il a connu la gloire cinq ans plus tôt.

Quelques secondes après le départ, un autre cheval heurte le sien. Sa monture est terrassée et, dans sa terrible chute, Turcotte frappe le sol tête première. Trois vertèbres fracturées. Les deux jambes paralysées, il ne pourra plus marcher.

Il retrouve alors son épouse Gaétane Morin et ses filles dans son village de Drummond. C’est là où le jockey qui parlait français à ses chevaux passera le reste de sa vie.

Type: Analyse

Analyse: Contenu qui rapporte les faits, bien qu’il intègre l’expertise de l’auteur/du producteur et qu’il puisse proposer une interprétation et tirer des conclusions.

Déclaration sur les sources et la méthode:

Déclaration IA : Le présent article a été rédigé par un journaliste sans l’aide d’outils de l’intelligence artificielle.

Données de parution:

Moncton