«Je fête Noël à cheval entre le français et l’anglais, témoigne Hayden Cotton à l’Île-du-Prince-Édouard. Depuis que je suis en âge de me souvenir, c’est comme ça et je suis très attaché à cette tradition, ça fait partie de mon identité.»

À l’Île-du-Prince-Édouard, Hayden Cotton célèbre le 24 décembre avec sa famille anglophone et le 25 avec ses proches francophones.
Le jeune Acadien fête le réveillon avec la famille anglophone de son père, tandis qu’il célèbre le jour de Noël avec le côté maternel et francophone de sa parenté.
Le soir du 24 décembre, une dizaine de convives discutent dans la langue de Shakespeare chez sa tante. «Mais je parle toujours français avec ma mère et mon frère», tient-il à préciser.
Le 25 à midi, une vingtaine d’invités se réunissent «en français» chez ses grands-parents maternels. Seul le père d’Hayden ne maitrise pas la langue d’Antonine Maillet : «Il nous demande parfois ce qu’on raconte, il est très curieux, il veut connaitre les histoires.»
À lire aussi : Des jeunes ancrés dans leur francophonie
Échappée belle avec ses proches
En Ontario, dans la banlieue de Toronto, Geneviève Stacey célèbre le temps des Fêtes en petit comité avec ses parents. Lumières et décorations dans la maison, cadeaux au pied du sapin, dinde et patates râpées au four; chaque année, la tradition reste immuable. Et autour de la table, l’anglais domine les conversations.
«Je suis plus contente de m’exprimer en français, mais ça ne me dérange pas, je suis habituée. La langue de la famille, ça reste l’anglais», relate la Franco-Ontarienne de 20 ans dont le père est anglophone et la mère francophone.
Le français, c’est ma culture, c’est qui je suis, mais ce qui compte à ce moment-ci de l’année, c’est de profiter du temps en famille. Le reste de l’année, on est trop occupés, on n’a pas le temps.
La Franco-Manitobaine Nadia Bédard partage cette même envie de ralentir son rythme de vie effréné. La jeune femme voit Noël comme une échappée belle pour reprendre son souffle. «C’est mon moment préféré de l’année, ça me réchauffe le cœur. On peut se reconnecter à nos proches, oublier tous nos soucis», confie l’étudiante de 21 ans qui habite à Winnipeg.
Elle et ses deux frères célèbrent le 24 et le 25 en anglais avec la famille de leur mère d’origine ukrainienne, avant de partager le 26 en français avec le côté de leur père franco-manitobain. Grands-parents, cousins, oncles, tantes : tout le monde se réunit pour «faire un récap de sa vie et parler de ses projets d’avenir», rapporte Nadia Bédard.
«Au départ, ma mère ne parlait pas le français, mais elle a suivi des cours à l’université, car elle en avait marre d’aller à des réunions de famille et de ne rien comprendre», poursuit-elle.
À lire aussi : Jeunesse et francophonie : une volonté d’avancer main dans la main
D’une langue à l’autre
En Nouvelle-Écosse, Thomas Smith passe lui aussi Noël avec ses parents. Chaudrée de fruits de mer le 24 au soir, dinde et échanges de cadeaux le 25 à midi. Sa mère est Québécoise, son père, néobrunswickois, alors à table, les discussions oscillent entre le français et l’anglais.

À Vancouver, Nigel Barbour est obligé de parler en anglais pour Noël : «C’est très agaçant, j’ai envie de dire “zut, zut, zut”.»
«C’est l’occasion de passer du bon temps en famille, de regarder des films ensemble, de jouer à des jeux de société», raconte l’étudiant de 19 ans à l’Université Saint Mary’s, à Halifax.
À l’autre bout du pays, en Colombie-Britannique, Nigel Barbour n’éprouve pas le même enthousiasme. Il fêtera Noël à Vancouver avec deux amis, dont l’un ne parle que l’anglais.
«C’est très agaçant, j’ai envie de dire “zut, zut, zut”, j’aurais voulu parler français, on est quand même un pays officiellement bilingue […], mais je suis bien obligé, c’est de la politesse», observe l’octogénaire, qui maitrise cinq langues.