le Samedi 19 avril 2025
le Jeudi 17 octobre 2024 6:30 Francophonie

Les organismes francophones dans le flou face à un possible changement de gouvernement

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Le Commissaire aux langues officielles écoute les organismes francophones qui font état de leur situation économique, lors du Sommet national sur la francophonie minoritaire en 2022. — Photo : Inès Lombardo – Francopresse
Le Commissaire aux langues officielles écoute les organismes francophones qui font état de leur situation économique, lors du Sommet national sur la francophonie minoritaire en 2022.
Photo : Inès Lombardo – Francopresse
FRANCOPRESSE – Les organisations francophones s’interrogent à propos de leur financement en cas de victoire du Parti conservateur lors des prochaines élections fédérales. Les actions passées des gouvernements conservateurs, l’absence de plan concret et la perspective d’un scrutin imminent laissent place à l’incertitude.
Les organismes francophones dans le flou face à un possible changement de gouvernement
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Avec des informations de Marianne Dépelteau, Marine Ernoult et Camille Langlade.

Autre qu’une promesse de «réparer le budget», aucune prise de position officielle n’a été prise par des députés du Parti conservateur du Canada afin de rassurer les organismes francophones du pays sur leurs finances.

Les ébauches de réponses se font attendre du côté du parti en tête dans les sondages [lors de la production de ce reportage, NDLR]. Le député Joël Godin reste évasif : «Je ne comprends pas les inquiétudes, mais [les organismes] peuvent dormir sur leurs deux oreilles», affirme-t-il en entrevue avec Francopresse.

Malgré les sommes annoncées par les libéraux dans le Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028, des organismes se demandent déjà comment se projeter dans leur prochaine année financière alors que le versement des fonds du Plan accuse déjà d’un retard «de plus d’un an», comme l’a observé le commissaire aux langues officielles dans son dernier rapport.

Les libéraux n’ont jamais répondu à la demande de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) d’entreprendre un examen indépendant de l’allocation des fonds fédéraux pour les langues officielles.

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Des «incertitudes»

«C’est un peu fort de parler d’inquiétudes, mais c’est sûr qu’il y a des incertitudes», commente pour sa part la présidente de la FCFA, Liane Roy.

Pour Nathalie Lachance, «il est clair que nous continuons à revendiquer pour plus de financement pour les organismes francophones. Ça n’a pas changé par rapport à l’automne dernier». 

Photo : Courtoisie

La prudence est de mise pour l’organisme, qui se souvient que les conservateurs, dans le passé, «ont fait des coupures» dans l’éducation et les services aux francophones et considère «que l’équilibre budgétaire, c’est une priorité pour les conservateurs».

Après une conversation avec Pierre Poilievre lors du Congrès mondial acadien, Liane Roy a cependant constaté que la «réception est assez bonne, ils veulent comprendre d’où on vient».

Pour la présidente de l’Association canadienne-française de l’Alberta (AFCA), Nathalie Lachance, parler dès aujourd’hui de nouveau gouvernement et de sa composition reste «très spéculatif». Évoquer une possible baisse de financement l’est tout autant.

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Faire connaitre les francophones

Comme la FCFA, Nathalie Lachance rappelle que l’ACFA collabore avec tous les partis politiques, sans distinction. «Il y a beaucoup de travail qui se fait pour s’assurer que nos besoins soient identifiés, peu importe le parti politique élu.»

Tous les partis politiques fédéraux ont voté en faveur de la loi sur les langues officielles modernisées […] Ils avaient repris plusieurs de nos revendications justement pour la modernisation de la loi dans [leurs] plateformes électorales.

— Nathalie Lachance

Selon Fabien Hébert, «ce qu’on doit retenir, c’est que la communauté francophone est déjà sous-financée. [Cette dernière] serait plus grandement affectée par des changements au niveau du financement». 

Photo : Courtoisie

«Nous avons rencontré depuis le printemps dernier un grand nombre de députés fédéraux […]. Nous avons besoin que les élus fédéraux et provinciaux soient bien au courant de nos enjeux, de nos défis, de nos forces», insiste-t-elle.

La FCFA, qui représente plus de 20 organismes de la francophonie canadienne, a aussi mis en place «une stratégie pour mieux se faire connaitre parce qu’il y a beaucoup de députés [conservateurs, NDLR] qui ne nous connaissent pas».

Au moment de modifier la loi sur les services de garde, l’organisme a fait une campagne de lettres auprès de députés en faveur des francophones.

«C’est un exemple où on s’est bien fait connaitre parce que là, les autres députés qui ne savaient pas qu’ils avaient des francophones dans leur région ont commencé à poser des questions. Ça a amené pas mal de visibilité», souligne Liane Roy.

Côté Atlantique, la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), attend la fin des élections provinciales à la fin octobre pour commencer à rencontrer l’équipe de Pierre Poilievre, affirme la présidente Nicole Arseneau-Sluyter.

En Ontario, Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), affirme que son organisme remet au candidat «une ébauche de plateforme francophone pour les guider dans leur prise de décision et leur faire part de quels sont les besoins de la communauté francophone».

Le but : que les futurs députés répondent aux besoins de la communauté.

«Je ne crois pas que la plateforme est clairement définie pour eux. Ils sont encore à prendre, à ramasser l’information et à découvrir les besoins sur le terrain. Il y a une ouverture d’écouter nos messages», soulève Fabien Hébert.

Nicole Arseneau-Sluyter affirme qu’en tant qu’organisme francophone, «il faut arriver à financer tout ce qu’on veut faire avec probablement moins d’argent parce qu’on sait tous que ça coute plus cher». 

Photo : Courtoisie Devin Ashton-Beaucage – Acadie Nouvelle

Les gouvernements changent, les besoins restent

Nathalie Lachance souligne d’ailleurs que même en cas de changement de gouvernement, les actions en faveur de la francophonie restent en grande partie les mêmes.

«En Alberta, la politique en matière de francophonie avait été mise en place par le gouvernement [conservateur] précédent et nous continuons d’avoir des gains. Nous sommes maintenant au troisième plan d’action, 75 % des actions identifiées dans le plan d’action actuel sont les mêmes que dans notre plan d’action.»

Au Nouveau-Brunswick, Nicole Arseneau-Sluyter affirme que le financement est «toujours une inquiétude».

«Nous, à la SANB, on ne peut pas être partout et mener tous les dossiers à cause du financement. Il va falloir qu’on travaille ensemble partout à travers le Canada afin d’avoir le financement nécessaire. C’est toujours inquiétant parce que ce n’est jamais pérenne à long terme.»

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

Adresse électronique: