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le Vendredi 15 juillet 2022 13:00 Francophonie

L’Orignal déchaîné se fait arracher son panache

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Cahier spécial du 30e anniversaire en 2018 de L’Orignal déchaîné.  — Archives Le Voyageur
Cahier spécial du 30e anniversaire en 2018 de L’Orignal déchaîné.
Archives Le Voyageur
FRANCOPRESSE – L’avenir est incertain pour L’Orignal déchaîné, le journal des étudiants francophones de l’Université Laurentienne, à Sudbury. L’Association des étudiantes et étudiants francophones (AEF) de l’établissement a annoncé qu’elle cesserait de financer la publication. Le conseil d’administration de L’Orignal déchaîné soutient qu’il y a eu malentendu.
L’Orignal déchaîné se fait arracher son panache
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Le conseil d’administration de L’Orignal déchaîné a reçu la nouvelle comme une douche froide au début mai. Dans un courriel adressé au président du journal, Philippe Mathieu, la nouvelle présidente de l’AEF, Hemliss Konan, indique que «le journal ne recevra plus d’argent de la part de l’AEF», soutenant qu’il ne fait plus partie de l’association ni de l’Université Laurentienne.

Je crois qu’il y a eu malentendu. Nous ne prévoyons pas ne plus faire partie de l’AEF ni de l’Université Laurentienne.

— Philippe Mathieu, président de L’Orignal déchaîné, journal des étudiants francophones de l’Université Laurentienne

En tout, l’AEF versait entre 12 000 $ et 15 000 $ par année à L’Orignal déchaîné. Une somme qui représentait la principale part des fonds de fonctionnement de la publication. Le journal recevait auparavant un appui de l’Université de Sudbury et du Bureau des affaires francophones de la Laurentienne. Deux entités qui ont été victimes des compressions massives de 2021 à l’Université Laurentienne.

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Lors de la révision des règlements administratifs du journal, le conseil d’administration a entre autres ajouté la possibilité de permettre à des membres de la communauté de devenir administrateur et d’élargir son mandat de couverture journalistique pour «défendre les intérêts de la population étudiante, en portant un intérêt particulier aux étudiants francophones […]». Toutes ces motions sont en attente d’adoption lors de la prochaine assemblée générale annuelle.

Selon le président du journal, la décision du conseil d’administration de L’Orignal déchaîné d’autoriser la présence de membres de la communauté de devenir administrateur aurait causé un malaise au sein du Conseil des délégués de l’AEF, ce qui expliquerait sa décision de couper les vivres au journal.

Contexte décisionnel remis en question

La constitution de l’association stipule que tous les changements concernant les frais accessoires, la source de financement du journal, doivent être soumis à un référendum.

Une source près du Conseil des délégués de l’AEF confirme qu’aucun référendum n’a été tenu depuis la décision du printemps dernier.

«J’en connais quelques-uns qui viennent chaque jour au local de l’AEF pour demander pourquoi on va couper avec L’Orignal […] on est dans un retour à la normale [postpandémie] et les étudiants ont tendance à lire le journal. L’AEF est toujours dans le silence, personne ne sait ce qui se passe», précise cette même source qui préfère rester anonyme par peur de représailles.

Numéro du mois de mai de L’Orignal déchaîné.

Courtoisie

La présidente de l’AEF, qui est entrée en poste au début mai, a refusé toutes nos demandes d’entrevue.

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Un autre coup dur

Philippe Mathieu est inquiet pour l’avenir du journal étudiant qui a laissé sa marque dans la culture francophone de Sudbury depuis sa création en 1987. Il révèle que le journal fait aussi face à des difficultés administratives liées à la gestion de l’organisme avant son entrée en fonctions. «On estime que les frais reliés à la malgérance […] vont pas mal vider notre compte.»

À la question si le journal pourrait survivre sans le financement de l’AEF, Philippe Mathieu est clair : «la réponse courte, c’est probablement que non». Seul le rédacteur en chef du journal reçoit une petite rémunération. «Éventuellement [on voulait] rémunérer toute l’équipe, mais ça prend des fonds», précise le président.

Le journal a souffert pendant la pandémie et la restructuration de l’Université Laurentienne, mais a fait preuve de résilience pour continuer à servir la communauté étudiante. Devant la situation, le conseil d’administration de L’Orignal déchaîné étudie les solutions possibles pour assurer la survie de la publication.

L’Orignal déchaîné et la francophonie sudburoise

Fondé en 1987 par Bruno Gaudette, Michel Courchesne, Tiphaine Dickson et Normand Renaud, le journal a été la pépinière de plusieurs acteurs et figures de la francophonie sudburoise, dont quelques journalistes professionnels. «On parle de la voix étudiante des étudiants franco-ontariens du Nord», rappelle Philippe Mathieu.

Pendant longtemps, l’Université Laurentienne a été un au cœur de la vitalité de la francophonie nord-ontarienne. Plusieurs acteurs importants de la francophonie provinciale ont aiguisé leur plume dans les pages de L’Orignal déchaîné.