le Mercredi 16 juillet 2025
le Mercredi 16 juillet 2025 6:30 Éducation

Gratuité des droits de scolarité : l’Université de Sudbury «doit se faire connaitre»

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
L’Université de Sudbury s’apprête à accueillir sa première cohorte d’étudiants et d’étudiantes depuis 2021, année de la dissolution de la Fédération des universités de la Laurentienne, dont faisait partie l’établissement.  — Photo : Julien Cayouette – Francopresse
L’Université de Sudbury s’apprête à accueillir sa première cohorte d’étudiants et d’étudiantes depuis 2021, année de la dissolution de la Fédération des universités de la Laurentienne, dont faisait partie l’établissement.
Photo : Julien Cayouette – Francopresse
FRANCOPRESSE – L’Université de Sudbury a annoncé, le 7 juillet, la gratuité des droits de scolarité pour l’année 2025-2026. Dans un contexte où les universités francophones en situation minoritaire peinent à se financer et à attirer des étudiants, comment ce geste est-il possible?
Gratuité des droits de scolarité : l’Université de Sudbury «doit se faire connaitre»
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L’Université de Sudbury (UdeS), en Ontario, s’apprête à rouvrir ses portes à la rentrée 2025, en tant qu’université francophone indépendante. Et elle le fera avec une mesure toute particulière : les droits de scolarité de ses étudiants et étudiantes seront entièrement couverts pour l’année 2025-2026 – une première.

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L’indépendance de l’Université de Sudbury

En avril 2021, l’Université Laurentienne – dont les états financiers étaient critiques – a annoncé la dissolution de sa fédération avec les universités de Thornloe, Huntington et Sudbury.

Cette dernière a dû interrompre ses activités pendant quatre ans. Aucun étudiant n’y a donc été inscrit depuis, le temps que l’établissement, désormais autonome, se réinvente.

Une année d’études à l’UdeS coutera 6088 dollars. Mais grâce aux dons réguliers qui affluent depuis sa fondation en 1913, le recteur actuel, Serge Miville, a pu mettre en place un système de «bourses internes».

Chaque étudiant admissible et à temps plein devra payer ces frais scolaires, mais ceux-ci seront entièrement compensés par une bourse de 6088 dollars, soit le montant exact des frais annuels.

Ces dons proviennent principalement de francophones qui soutiennent l’université. Sans connaître le montant total exact de cet appui financier, l’UdeS a annoncé, en septembre 2024, un investissement de plus d’un million de dollars en bourses destinées aux futurs étudiants.

Annonce de 10,8 millions de dollars

Le même jour que l’annonce concernant la compensation des droits de scolarité, le gouvernement de l’Ontario a dévoilé un financement de 10,8 millions de dollars destiné à l’UdeS, versé par le ministère des Collèges et Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité.

Mais cet investissement n’a pas de lien avec la couverture des frais de scolarité.

Les 10,8 millions permettront «de mettre en œuvre la programmation universitaire de l’Université de Sudbury au fil des trois prochaines années», explique Serge Miville.

Ils serviront plus précisément à développer des services, notamment en matière de santé mentale et la rémunération du corps enseignant, illustre le recteur.

Ce dernier affirme qu’il s’attend également à une contribution du gouvernement fédéral équivalente à celle de l’Ontario, soit 10,8 millions, pour financer les trois premières années des étudiants qui feront leur entrée en septembre.

Une cohorte «névralgique» pour les francophones

«La cohorte qui va rentrer en septembre va soutenir et bâtir l’expérience étudiante avec nous. Ça va vraiment être une cohorte névralgique. Ils vont laisser leur marque à la jeunesse. Ils vont faire l’Histoire. Nous, on veut absolument qu’ils puissent être là et qu’on puisse les soutenir dans leur parcours», insiste Serge Miville, en entrevue avec Francopresse.

S’il n’était pas encore en mesure de fournir le nombre définitif d’étudiants et d’étudiantes pour l’année 2025-2026, au moment d’écrire ces lignes, 33 demandes d’admission avaient été déposées.

Les chiffres devraient être confirmés en novembre, une fois les inscriptions complétées et la rentrée amorcée.

«Le processus [d’admission] est entamé après la fin de celui des autres établissements. Ça fait qu’on a pris du retard», indique le recteur, qui se dit néanmoins «bien optimiste» pour la cohorte de septembre.

«Elle va être modeste, mais je pense qu’elle va avoir un impact absolument substantiel et déterminant sur les prochaines années», soutient Serge Miville.

Selon lui, les francophones du Nord-Est de l’Ontario comptent parmi les populations «les plus sous-scolarisées» au niveau universitaire dans la province, en comparaison avec les anglophones et les autres francophones. «On regarde ça et on se dit qu’il faut faire quelque chose.»

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L’Université doit «se faire connaitre»

Pour le recteur, professeur à l’Université Laurentienne avant la crise de 2021, une chose est certaine : «L’Université de Sudbury doit se faire connaitre. Et la meilleure façon de se faire connaitre, c’est de donner la meilleure expérience aux étudiantes et étudiants qui vont venir en septembre. Le plus qu’on est capables de faire pour les soutenir, le mieux ça va être pour les prochaines années.»

Le recteur de l’établissement, Serge Miville, souhaite que l’Université de Sudbury se fasse connaitre, notamment car il estime que la population francophone du Nord-Est de l’Ontario est «sous-scolarisée» par rapport aux anglophones. 

Photo : Courtoisie

L’enjeu est d’autant plus grand que, malgré les plus de 100 ans de l’Université, «ça fait longtemps qu’on n’a pas fait l’enseignement de manière autonome. On se lance là-dedans avec beaucoup d’optimisme et de gratitude», assure Serge Miville.

Au total, 33 programmes – dont une dizaine de nouveaux – seront offerts par l’établissement dès septembre, le tout en français. Les matières vont de l’administration et des sciences commerciales aux sciences de la santé, aux sciences humaines, aux sciences sociales et aux sciences pures.

De manière générale, et pour différentes raisons, les universités francophones du pays peinent à attirer, en raison d’un sous-financement chronique et d’une notoriété moindre que celles de leurs homologues anglophones.

Certains établissements, qui comptent notamment sur les étudiants étrangers pour remplir leurs salles – comme l’Université de Hearst, en Ontario – sont aussi dans le flou depuis l’annonce, l’an dernier, d’un quota pour ces étudiants imposé par le gouvernement fédéral.

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Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

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