Selon une étude réalisée par Statistique Canada en 2021, Les étudiants étrangers comme source de main-d’œuvre : rétention dans leur province d’études, un étudiant international sur deux resterait dans sa province d’études un an après avoir obtenu son diplôme.
En Ontario et en Atlantique, des mesures sont mises en place pour tenter de faire augmenter ce chiffre.
«La capacité de rétention des étudiants internationaux comme résidents permanents et travailleurs qualifiés se révèle particulièrement importante pour les régions aux prises avec une diminution de leur main-d’œuvre», révèle un rapport du Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI).
Ce rapport du BCEI stipule aussi que la majorité des étudiants qui veulent s’établir dans la province où ils ont étudié s’attendent à un appui de leur établissement d’enseignement afin d’établir des liens professionnels.
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Le rôle des collèges et universités
Mohammed El Mendri étudie au programme de droit et justice de l’Université Laurentienne. Ce natif du Maroc raconte que l’établissement a un bureau dédié aux étudiants internationaux qui offre divers services, comme une formation sur l’ouverture d’un compte bancaire. Il s’agit, selon lui, d’un endroit où «les étudiants internationaux pouvaient tisser des liens entre eux».
Cela est désormais moins d’actualité. Selon lui, la pandémie et la crise à l’Université Laurentienne représentent des défis majeurs pour les étudiants internationaux qui voient un campus vide et des services affectés : «Je ne vois plus les activités que je voyais en 2019.»
Mohammed El Mendri est arrivé à Sudbury en 2019 et ne regrette pas son choix de s’être installé à la résidence de l’Université de Sudbury, qui se trouve sur le campus de la Laurentienne. La proximité entre les étudiants lui a offert une meilleure intégration à la vie communautaire.
«Ça permet [aux étudiants] de mieux s’adapter au milieu universitaire, dit-il. [La résidence] a joué un rôle dans mon intégration à la communauté franco-ontarienne parce qu’il n’y avait pas vraiment de segmentation.»
«L’Université de Sudbury a aussi joué un très grand rôle au travers d’activités, de parrainages et de mentorat», ajoute Mohammed El Mendri. Il raconte que l’établissement permet un accès à des bourses aux personnes qui sont inscrites à ses programmes ou qui vivent dans sa résidence, ce que ne lui offrait pas l’Université Laurentienne.
Un programme qui a du succès
Mathias Mawoussi est coordonnateur des services aux étudiants internationaux et du Programme de rétention des étudiants internationaux (PRÉI) au Centre d’accueil et d’accompagnement francophone des immigrants du Sud-Est du Nouveau-Brunswick (CAFi).
Il explique que «les employeurs veulent bien les embaucher. La pénurie de main-d’œuvre est là, mais ces étudiants n’ont pas la qualification linguistique nécessaire, en anglais notamment. Il y a aussi la connaissance de la culture canadienne et des compétences en réseautage [qui peuvent] augmenter leurs chances d’employabilité».
Depuis 2017, le PRÉI offre des formations linguistiques en anglais et des services en recherche d’emploi et en réseautage à 163 étudiants. Parmi eux, 110 ont déclaré avoir trouvé un emploi.
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Favoriser la socialisation interculturelle
Fatoumata Guindo, qui a utilisé les services du PRÉI, a aussi fait appel aux services offerts à l’Université de Moncton.
Native du Mali et installée au Canada depuis 2018, l’étudiante en administration des affaires rapporte que l’Université de Moncton l’a aussi aidée dans son intégration, qu’elle divise en deux paliers : l’intégration dans la communauté des étudiants internationaux et l’intégration au monde canadien.
Fatoumata Guindo se souvient que la socialisation entre les étudiants natifs du Canada et les étudiants internationaux ne se faisait pas naturellement : «Tu as tendance à aller vers les gens qui te ressemblent, c’est naturel.»
Pour favoriser le mélange des cultures, l’Université a mis en place un programme de passeport international. À travers celui-ci, les étudiants accumulent des points en participants à des activités interculturelles et peuvent éventuellement obtenir un certificat de connaissances et de compétences en interculturel.
Fatoumata explique que l’un de ses professeurs obligeait même les étudiants à se mélanger lors des travaux d’équipe afin de favoriser la socialisation interculturelle. «L’idée est de trouver une stratégie de sensibilisation, dit-elle. La diversité, des fois, on la complique, alors qu’elle est tellement simple.»
Sophie LeBlanc Roy, directrice générale de la gestion stratégique de l’effectif étudiant à l’Université de Moncton, note de son côté que «les taux [de rétention] sont les mêmes entre nos étudiants internationaux et nos étudiants canadiens […] Quand on regarde ceux de deuxième année et plus, de 2018 à 2019, on avait 92 % des Canadiens et 91 % internationaux qui ont continué leurs études […] de 2020 à 2021, c’était 93 versus 94 %».