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le Samedi 12 février 2022 13:00 Éducation

Cultiver l’intérêt de la science chez les jeunes

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«L’étude montre que seulement 59 % des jeunes canadiens ont un esprit favorable envers les sciences», souligne Donald Leger. — Photo : Katerina Holmes – Pexels
«L’étude montre que seulement 59 % des jeunes canadiens ont un esprit favorable envers les sciences», souligne Donald Leger.
Photo : Katerina Holmes – Pexels
LE VOYAGEUR (Ontario) – Un sondage national révèle que 70 % des jeunes adultes au Canada se fient à la science. Un professeur de sciences à la retraite du Grand Sudbury n’est pas surpris par les résultats de l’étude et croit qu’il faut prendre des mesures pour que la science intéresse davantage les élèves.
Cultiver l’intérêt de la science chez les jeunes
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L’étude, menée par la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) en partenariat avec l’Acfas et la firme de sondage Ipsos, a voulu «mettre en lumière les perceptions des jeunes Canadiennes et Canadiens de l’âge de 18 à 24 ans à l’égard de la science, les conditions qui influencent leurs opinions ainsi que les influenceurs et influenceuses vers lesquels ils se tournent pour façonner leurs raisonnements scientifiques», précise le communiqué d’annonce des résultats.

Quelque 1 500 jeunes personnes ont répondu à des «questions portant sur les sources d’information qu’elles consultent et sur celles qui ont la plus grande influence sur leurs perceptions relatives à quatre enjeux scientifiques : l’innocuité du vaccin contre la COVID-19, la durabilité de l’environnement, les changements climatiques et l’importance des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) pour l’avenir», ajoute le communiqué.

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Chiffres sur les grands enjeux de l’heure

Les deux tiers des personnes interrogées ont des opinions conformes aux données scientifiques probantes pour les quatre grands sujets qui dominent actuellement les fils d’actualité.

  • 68 % conviennent que les vaccins contre la COVID-19 approuvés au Canada sont surs;
  • 63 % sont d’avis que les plastiques à usage unique devraient être interdits;
  • 55 % estiment qu’une diminution de l’utilisation des combustibles fossiles contribuera à réduire l’impact des changements climatiques;
  • 57 % jugent essentiel que les personnalités politiques et les gouvernements du Canada s’appuient sur la science pour prendre des décisions politiques au profit de la population dans des dossiers tels que la santé, le bienêtre et l’économie.

Le sondage montre également que les personnes influentes sur les médias sociaux qui tiennent des propos antiscientifiques dominent le fil d’actualité des jeunes. Selon le sondage, 73 % des répondants suivent au moins l’une de ces personnes.

«L’enquête a clairement montré que les jeunes adultes évoluent dans un écosystème d’information extrêmement complexe et varié où ils sont inévitablement exposés à de fausses nouvelles et à des informations antiscientifiques. Cela représente un défi de plus en plus grand pour les communicateurs et les éducateurs scientifiques», indique le rapport du sondage.

Susciter avant tout l’intérêt pour les sciences

Enseignant de sciences à la retraite et membre à temps partiel de la Faculté d’éducation de l’Université Laurentienne, Donald Leger n’est pas surpris par les résultats de l’étude.

Donald Leger

Photo : Courtoisie

«L’étude montre que seulement 59 % des jeunes canadiens ont un esprit favorable envers les sciences. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont intéressés à prendre [cette matière comme cours]. Il faudra rendre [le cours] plus intéressant puisque c’est vraiment notre avenir», souligne-t-il.

M. Leger a enseigné la chimie, la physique et la biologie pendant plus de 30 ans, principalement à l’École secondaire catholique Champlain de Sudbury, et donne des cours d’enseignement des sciences depuis plus de 30 ans à l’université.

Selon lui, ces chiffres s’expliquent par le fait que n’importe qui peut dire n’importe quoi sur les médias sociaux sans vraiment avoir de comptes à rendre.

«Tous les enfants sont branchés là-dedans. Tu peux publier ce que tu veux ces jours-ci avec un alias, avec aucune conséquence. Dans le bon vieux temps, si tu voulais t’exprimer, tu rédigeais une lettre pour publier dans un journal avec ton nom et ton adresse; tu ne pouvais pas t’en sortir, ta réputation comptait», raconte-t-il.

L’enseignant chevronné a remarqué une différence dans l’attitude de ses élèves envers les sciences depuis le début de sa carrière. «Dans le passé, un fait scientifique était garanti – c’était la vérité, ce n’était pas questionné. Aujourd’hui, on voit beaucoup moins de ça. La confiance n’est plus là et il faut la rebâtir en disant à nos jeunes que la science est vraiment la vérité [démontrée]», dit-il.

Il voit des façons de rendre les sciences plus intéressantes à l’école : «Au primaire, il faut que l’élève aime ça. Les enseignants doivent présenter [la matière] de façon plus accessible à la vie quotidienne. Au secondaire, les professeurs doivent mettre plus d’accent sur les possibilités de carrière. Nous savons que plusieurs emplois qui impliquent la science paient très bien, alors il faut en faire un point important», insiste-t-il.

Le sondage indique aussi que parmi les répondants qui suivent la science, soit 20 % de l’échantillon, 84 % s’estiment faibles en mathématiques. Pour M. Léger, la solution consiste simplement à comprendre les capacités des enfants et à rendre les sciences plus accessibles.

«Par exemple, le nouveau curriculum de l’Ontario est assez exigeant. C’est assez avancé pour ce que les jeunes font. Ils se découragent facilement puisque c’est trop difficile. Alors cette statistique ne me surprend pas. Les mathématiques doivent être plus intéressantes pour toucher la vie quotidienne de nos jeunes», selon M. Leger.

En conclusion, il ajoute que les parents préoccupés par ces chiffres ont un rôle à jouer dans la prochaine élection ontarienne. «Les parents peuvent voter pour un gouvernement qui favorise l’enseignement des mathématiques et des sciences. Ils doivent évaluer leur plan», conseille-t-il.