Premier effort exceptionnel pour verbe recherché
Sous la fourrure, le projet de l’auteur-compositeur-interprète d’Ottawa David Robquin, dit Squerl Noir, est un rendez-vous musical à ne pas manquer en ce mois de novembre. L’univers particulier nous séduit par son verbe profond et son intense réflexion.
La recherche du mot juste nous saisit dès le début. L’artiste partage son questionnement sur notre place dans le monde, notre rapport aux conflits mondiaux, l’essence de nos origines, bref la vérité de soi.
Le travail sur les musiques est également de grande qualité. Passant aisément des trames planantes au son électropop, le Squerl Noir nous offre un univers très bien fignolé, qui colle bien aux propos des chansons.
On se laisse transporter entre poésie et musique. Que l’on écoute Les regards, Irrationnels ou L’incendie, la force de séduction de l’auteur-compositeur-interprète est la même. On peut en dire autant des chansons pop Sous la fourrure, ou encore Danser sur Mars. Cette dernière est un succès garanti.
Grâce à ses mots justes et à ses musiques parfaites, David Robquin réussit à interpeler les mélomanes à la recherche de fraicheur auditive. La qualité de la réalisation de ce disque en fait un produit hors du commun, qui se retrouvera surement dans mon top 5 de l’année.
La fierté de ses origines
Artiste franco-ontarienne et abénaquise, Mimi O’Bonsawin connait déjà une carrière anglophone remplie de succès. En 2023, elle a décidé de nous offrir deux albums, Willow dans la langue de Shakespeare et Boréale dans celle de Molière.
Ce dernier nous offre une artiste tout en douceur, qui nous partage ses origines abénaquises et francophones.
On y découvre une voix angélique, sur des trames musicales aux sonorités folks, très souvent accompagnées de percussions autochtones. Les pièces sont ainsi plus profondes et spirituelles. Les textes rendent hommage à la terre, aux rivières, à la forêt et même à notre sœur à tous, la lune.
Mimi O’Bonsawin nous fait voyager jusqu’en Amérique centrale, avec la chanson Mystique, une mélodie aux accents du Sud. Dis-moi ce que tu vois est un hommage à un être cher parti dans l’univers, alors qu’avec Enraciné, la chanteuse nous rappelle la fierté de ses origines.
La Franco-ontarienne Abénaquise nous charme également avec un instrumental, Résistance. Une pièce tribale dans laquelle on entend de superbes vocalises.
Boréale se veut un hommage aux anciens, aux origines et au territoire. Avec une voix presque divine, des musiques profondes aux accents autochtones, Mimi O’Bonsawin nous interpelle sur la richesse de son âme, le duel entre ses cultures. Elle nous offre un rendez-vous tout en délicatesse, où la fierté de ces origines est au menu.
Souvenir d’une grande musicienne
Cela fait déjà plus d’un an que la grande musicienne Pastelle Leblanc, nous a quittés. Pendant plus de dix ans, elle a fait partie du trio acadien Vishtèn, avec sa sœur jumelle, Emmanuelle, et Pascal Miousse.
En 2018, leur opus Horizons s’est classé en deuxième position de mon Top 10. Un album majoritairement inspiré de vieilles chansons et de pièces acadiennes. La qualité et la beauté des arrangements en font un produit unique. Des premiers accords d’Elle tempête à la dernière note d’Âmes sœurs ; chaque pièce accroche l’auditeur.
Les sirènes à Roméo est un autre bel instrumental avec un trio guitare-piano-flute, captivant dès les premières notes. Horizons arrive également à bien nous faire ressentir le gout de vivre des insulaires de l’Acadie en trois beaux tableaux musicaux.
Bi bi box est incontestablement la pièce phare de l’album, un ver d’oreille irrésistible. Elle est très puissante grâce à son énergie et sa mélodie des plus accrocheuses.
Je terminerai par L’autre femme, une chanson qui se distingue par un son plus moderne au niveau des arrangements, mais avec toujours une belle touche celtique.
Avec cet opus, le groupe Vishtèn a atteint un niveau de qualité d’enregistrement hors du commun, qui le classe parmi la crème de la crème des artistes de légende.
Les trois membres de la formation acadienne sont au sommet de leur art, offrant des mélodies, des arrangements et des performances presque parfaits. Encore une fois, la qualité des mélodies, la force des voix et la réalisation des plus solides nous captivent.
Chère Pastelle, tu nous manques.
Je vous donne rendez-vous début décembre pour mon Top 10 de l’année. Selon vous, qui aura su me séduire pour ravir la première place?
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.