le Samedi 16 août 2025
le Samedi 16 août 2025 6:30 Actualité

MISE À JOUR – Conflit chez Air Canada : des répercussions multiples

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Air Canada affirme transporter 130 000  clients par jour, dont 25 000 qui reviennent de l’étranger.  — Photo : Justin Hu – Unsplash
Air Canada affirme transporter 130 000 clients par jour, dont 25 000 qui reviennent de l’étranger.
Photo : Justin Hu – Unsplash
FRANCOPRESSE – La grève du personnel de bord d’Air Canada aura été de courte durée. La ministre de l’Emploi et des Familles impose la prolongation de la convention collective et un arbitrage «définitif et contraignant» pour mettre fin au conflit de travail.
MISE À JOUR – Conflit chez Air Canada : des répercussions multiples
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Mise à jour : samedi 16 aout 14 h

La ministre Patty Hadju a annoncé en début d’après-midi qu’elle demandait «au Conseil d’imposer un arbitrage définitif et contraignant afin d’aider les parties à parvenir à un accord sur les clauses en suspens de leur convention collective, et de prolonger la durée de la convention collective existante jusqu’à ce qu’une nouvelle convention soit établie par l’arbitre».

Dans son communiqué, elle indique avoir pris cette décision parce que le conflit de travail a déjà causé des torts à l’économie et aux Canadiens et Canadiennes. Elle éviter que la situation s’aggrave.

Il faudra tout de même attendre quelques jours pour que les services d’Air Canada reviennent à la normale.

Avec les informations d’Inès Lombardo, Marine Ernoult et Julien Cayouette

Texte original

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a réitéré huit demandes dans un communiqué de presse hier, à la veille du déclenchement de la grève. Le conflit porte principalement sur des questions salariales. 

«Le salaire minimum fédéral est de 17,75 $ l’heure, soit 2840 $ par mois. Les agent(e)s de bord juniors d’Air Canada travaillant à temps plein ne gagnent que 1952 $ par mois. Ce sont des salaires de misère», explique le syndicat dans le communiqué de presse. 

Ce que réfute Air Canada, qui affirme qu’une hausse salariale de 38 % est sur la table «depuis des mois», selon Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente générale et chef des Ressources humaines et des Affaires publiques chez Air Canada, en conférence de presse jeudi matin. 

Cette offre, mentionnée par l’entreprise aérienne dans un communiqué de presse le lendemain, est une «augmentation de la rémunération globale sur quatre ans […] Cela inclut les pensions et le travail au sol», un autre point d’achoppement entre les deux parties. 

«Les agent(e)s de bord d’Air Canada ne sont pas rémunéré(e)s pour les heures passées à accomplir des tâches essentielles liées à la sécurité, à l’embarquement, au débarquement, aux urgences, etc. Les agent(e)s de bord méritent d’être rémunéré(e)s pour toutes les heures travaillées», insiste le SFCP, dans son communiqué. 

Selon Air Canada, le salaire horaire augmenterait de 12 à 16 % la première année, tandis que le SCFP dénonce que l’entreprise «n’offre aux agents de bord qu’une augmentation de 8 % la première année de leur nouveau contrat et seulement 17,2 % sur les quatre années du contrat», contre 38 % mis en avant par l’entreprise. 

À lire : Affaire du PDG d’Air Canada, «le perpétuel recommencement»

La firme de sondage Angus Reid a mesuré l’appui des Canadiennes et Canadiens aux demandes du syndicat. Moins les répondants font des voyages en avion, plus ils appuient la demande des agents de bord d’être payés pour le temps de préparation au sol.

La conférence de presse d’Air Canada a été interrompue par des agents de bord venus passer leur message («Les travailleurs non payés ne voleront pas», peut-on lire sur le panneau). 

Photo : Capteur d’écran – Zoom

Pas d’enjeu linguistique lors des négociations

Air Canada est l’une des cibles qui fait le plus fréquemment l’objet de plaintes auprès du Commissaire aux langues officielles du Canada. Malgré cela, le syndicat souligne que cette question ne fait pas partie des discussions. 

«Pour l’instant les enjeux sont reliés au travail non payé et au salaire de misère», a répondu une représentante du SCFP, dans un courriel à Francopresse. Au moment de publier, Air Canada n’avait pas répondu à nos questions. 

Même si le transporteur aérien n’était plus en tête du nombre de plaintes au sujet du non-respect des droits linguistiques des francophones au cours des deux dernières années, il reste l’objet de nombreuses d’entre elles. Le commissariat en a reçu 847 en 2023-2024 et 1163 pour l’année 2024-2025.

Le SCFP affirme avoir «toujours [soutenu] les demandes de bilinguisme de la part des voyageuses et voyageurs. Les procédures d’embauche chez Air Canada devraient refléter cet important enjeu». 

À lire aussi : Langues officielles : l’aéroport de Toronto manque encore à ses obligations

Voyageurs coincés à l’étranger

Air Canada avait commencé à annuler des vols dès jeudi, créant des complications pour quiconque voyage, mais aussi pour les festivals et d’autres transporteurs.

Alexandrine Khalid-Leroux, en vacances en Grèce depuis le 8 aout, se dit «un peu nerveuse» depuis l’annonce du conflit de travail. La Franco-Ontarienne est censée décoller d’Athènes à bord d’Air Canada le 17 aout pour rentrer à Ottawa.

«Ça ajoute du stress à mes vacances, confie la jeune femme. Après le 17, je n’ai rien de planifié au niveau des hôtels. Ça fait des dépenses imprévues, mais il faut rester flexible.»

Ça ajoute du stress à mes vacances, confie la jeune femme. Après le 17, je n’ai rien de planifié au niveau des hôtels. Ça fait des dépenses imprévues, mais il faut rester flexible.

— Alexandrine Khalid-Leroux

Dans un courriel qu’elle a reçu le jeudi 14 aout, Air Canada lui a offert trois possibilités : modifier son vol sans frais, l’annuler avec un remboursement sous forme de crédit voyage ou conserver sa réservation actuelle et tenter, dans le pire des cas, de trouver une place à bord d’un autre vol. Dans un publication du 15 aout, le transporteur a cependant précisé que cette dernière possibilité était «peu probable».

L’infirmière n’avait pas encore pris de décision jeudi. Elle n’a pas beaucoup de temps, car elle doit être de retour au travail le 19 aout.

Répercussions sur des manifestations culturelles

À Sudbury, en Ontario, le festival bilingue de musique et d’art urbain Up Here a dû changer sa programmation à la dernière minute, parce que le vol du groupe canadien Miesha and the Spanks a été annulé, ce qui a forcé le désistement de ces artistes.

Le codirecteur artistique du festival, Christian Pelletier, confirme également qu’un autre artiste est coincé à Montréal en raison des répercussions des annulations, et ce, même s’il voyageait sur les ailes d’une autre compagnie aérienne.

«Nous sommes toujours en standby pour deux autres annulations possibles», disait-il vendredi.

Plus chanceux, le spectacle télévisé de la Fête nationale de l’Acadie qui a eu lieu à Charlottetown le 15 aout n’a pas subi de problèmes.

Des artistes de Louisiane, comme Zachary Richard, ou de Terre-Neuve, comme Port-Aux-Poutines, ont pu participer au concert comme prévu.

«Ils [étaient] déjà arrivés il y a quelques jours et pour les spectateurs, beaucoup de monde vient en auto de l’ile ou des autres provinces maritimes», explique Émile Gallant, le directeur général du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean, qui organise l’évènement avec la Société nationale de l’Acadie.

À lire : Le potentiel inexploré de l’économie acadienne

Des moyens de transport de rechange en demande

L’entreprise Marine Atlantique, qui exploite le service de traversier entre l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, s’attend à recevoir «plus d’appels pour des réservations dans les jours à venir», selon son responsable de la communication, Darrell Mercer.

C’est un vrai problème, car le service est déjà très très occupé, presque à pleine capacité, s’inquiète ce dernier. On n’a pas beaucoup d’espaces disponibles dans les deux prochaines semaines.

— Darrell Mercer

Les quatre navires, qui assurent la liaison entre les trois provinces de l’Atlantique, peuvent accueillir 1000 personnes chacun.

«Ce sont les passagers avec véhicule qui posent le plus grand problème. On n’a pas assez de place, explique Darrell Mercer. Les gens peuvent venir à nos terminaux sans réservation et se mettre en file, mais ils n’auront pas de garantie d’avoir une place.»

Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Déclaration IA : Le présent article a été rédigé par des journalistes sans l’aide d’outils de l’intelligence artificielle.

Renvois et références:

Ottawa - Charlettetown - Sudbury