Toutes ces affiches rose bonbon ornées d’un poing levé le clament haut et fort : c’est votre jour! Sentez-vous femme du bout de vos ongles fraichement manucurés à vos cheveux savamment ondulés. Faites-vous apporter le petit-déjeuner au lit et laissez monsieur s’occuper des enfants un jour dans l’année. Prenez congé et filez profiter de tous ces beaux coupons de réduction pour vous offrir le sac à main dont vous rêviez depuis toujours.
Vous échangeriez bien vos 20 % de rabais chez La Baie pour 20 % d’argent en plus à chaque quinzaine dans votre poche? Vous êtes tellement terre-à-terre. Vous devriez vous offrir un petit massage et un verre de vin pour vous relaxer.
Comment? Vous ne voulez pas acheter ce merveilleux chandail en promotion fabriqué au Bangladesh par une adolescente exploitée? Vous refusez d’acquérir ce gel douche parfumé suremballé nocif pour l’environnement? Nous qui voulions vous faire plaisir. Bon allez, comme c’est votre jour, on vous pardonne votre mauvaise humeur!
Petite piqure de rappel
Petite piqure de rappel (c’est de saison) : le 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes, pas la Journée de la femme.
La femme n’est pas un objet social comme la paix ou la lutte contre le tabac. Les femmes sont multiples et différentes. Elles incarnent chacune leur genre à leur manière et ne se réduisent pas à quelques stéréotypes.
Saviez-vous que cette journée existe depuis plus de 100 ans? Elle puise ses origines dans les mouvements ouvriers pour le droit de vote des femmes au début du 20e siècle, en Amérique du Nord et en Europe. Officialisée en 1977 par les Nations Unies, elle est aujourd’hui célébrée presque partout à travers le monde. À Berlin, c’est même devenu un jour férié!
Le 8 mars, c’est un moment de réflexion et de visibilité pour les associations de défense des droits des femmes. C’est aussi une occasion unique de focaliser l’attention des médias, des politiques et de l’opinion publique sur les inégalités et les injustices dont les femmes sont victimes à travers le monde.
Le 8 mars, on constate le chemin qu’il reste à parcourir. Car il en reste, du chemin à parcourir ; selon le Rapport mondial sur l’écart entre les sexes 2020 du Forum économique mondial, au rythme où vont les choses, il faudra attendre encore 100 ans pour combler les écarts entre les genres dans les domaines de la politique, de l’économie, de la santé et de l’éducation.
Chacune devrait avoir droit à l’intégrité, au respect et à l’égalité. Le droit de porter ce qu’elle veut et d’embrasser qui elle veut. Le droit de se trouver belle, même sans ce nouveau rouge à lèvres en promotion.
Alors le 8 mars, battez le pavé ou débattez de vos idées, mais surtout, surtout : n’offrez pas de bouquets!
Julie Gillet est directrice du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick. Ses chroniques dans Francopresse reflètent son opinion personnelle et non celle de son employeur.