Pour le président-directeur général du Réseau de développement et d’employabilité (RDÉE Canada), Yan Plante, le fait d’accueillir une délégation de 90 représentants de la francophonie dans le monde stimulerait l’économie locale, avec la location de chambres d’hôtel, les restaurants, la location de salle de congrès, etc.
Pour les entreprises au sein des communautés francophones hors Québec, l’effet n’est pas à négliger non plus. Yan Plante voit dans cette candidature – si elle aboutit – une occasion unique de faire connaitre et de vendre les produits et services des 116 000 entreprises francophones en situation minoritaire.
La 21e édition en 2028
Le Sommet de la francophonie est organisé tous les deux ans par l’Organisation internationale de la francophonie. Le pays hôte préside l’évènement et conserve le rôle jusqu’au Sommet suivant.
Cet évènement a pour rôle de donner une orientation commune aux pays participants pour la promotion et le rayonnement de la francophonie au niveau international.
Tous les quatre ans, les 93 pays membres élisent aussi la nouvelle personne qui tiendra le rôle de Secrétaire général de la francophonie.
Le Sommet de 2026 aura lieu au Cambodge à l’automne. Le pays hôte pour 2028 sera choisi à ce moment.
Pour Yan Plante, si Ottawa décroche l’accueil du Sommet pour la francophonie en 2028, la francophonie canadienne pourra montrer que parler français ne se fait pas uniquement au Québec.
«Faire une démonstration de force»
Yan Plante entrevoit déjà une opportunité pour les entreprises francophones du Canada de se rapprocher de personnalités politiques francophones étrangères.
«Si on travaille d’avance avec le gouvernement, on peut imaginer que des entreprises un peu partout dans le monde vont venir au Canada, pis on peut essayer de faire des maillages.»
«Tant qu’à avoir une masse critique ici, si on est capable de connaitre leurs profils et leurs intérêts, on peut leur faire rencontrer des gens qui ont les mêmes profils et les mêmes intérêts», avance le PDG du RDÉE.
À ses yeux, c’est aussi une «opportunité extraordinaire» de sensibiliser les différents représentants gouvernementaux «pour leur faire comprendre que la francophonie au Canada, ce n’est pas juste au Québec», poursuit-il.
«La communauté, les différentes organisations, les entreprises; on est capable de faire une démonstration de force de toutes les opportunités potentielles […]. Juste de démontrer ça à une délégation internationale qui débarque à Ottawa, je fais le pari qu’après, ça peut aboutir à de vrais contrats, de vrais liens d’affaires.»
Fabien Hébert affirme que la francophonie canadienne pourra se démarquer si Ottawa accueille les représentants de la francophonie à l’étranger.
Geste politique
Dans un contexte où le français du premier ministre Mark Carney est au banc des accusés depuis octobre et que les propos de son nouveau ministre des Langues officielles, Marc Miller, ont créé des remous ces derniers jours, cette annonce est la concrétisation d’un travail de coulisses mis en place depuis le début de l’année 2025.
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Sans commenter le contexte, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert, affirme de son côté que «les actions sont plus puissantes que les mots. Et c’est une action concrète pour mettre la francophonie en valeur».
«Nous avons été entendus par le premier ministre et nous sommes très heureux qu’il reconnaisse tout le potentiel de la Francophonie – forte de 90 pays membres – pour la diversification des marchés de notre pays», s’est réjouie la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy, dans un communiqué.
L’organisme national est à l’origine d’une lettre au premier ministre pour pousser le Canada à être candidat.
Pour Jules Chiasson, si le Sommet se tient à Ottawa, cela représenterait «l’occasion parfaite» pour la Nouvelle-Écosse de s’y investir activement, alors que la province vient tout juste d’obtenir le statut de membre observateur à l’OIF.
Le document est cosigné avec l’AFO, la Société nationale de l’Acadie, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE) et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.
Du côté de la FANE, la satisfaction est d’autant plus grande que «la proposition à la FCFA a été faite par la présidente de la FANE [Denise Comeau-Desautels, NDRL], alors c’est sûr qu’on est très très content», commente le directeur général de l’organisme, Jules Chiasson.
La province de la Nouvelle-Écosse a justement obtenu le statut d’observateur à l’Organisation internationale de la Francophonie en 2025.
«On travaille de très près avec le ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie [de la Nouvelle-Écosse, Colton LeBlanc, NDRL], alors pour nous c’est une bonne nouvelle et pour la province», conclut le responsable.
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