le Mardi 2 Décembre 2025
le Mardi 2 Décembre 2025 6:30 Arts et culture

Illustrer la francophonie : dans la peau de Bado

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
Bado cherche à faire «soit rire ou penser et, dans le meilleur des cas, les deux à la fois» chez le public à travers ses dessins doivent.  — Photo : Courtoisie (Archives Francopresse)
Bado cherche à faire «soit rire ou penser et, dans le meilleur des cas, les deux à la fois» chez le public à travers ses dessins doivent.
Photo : Courtoisie (Archives Francopresse)

ENTRETIEN – Le dessinateur de presse Guy Badeaux, alias Bado, a une fin d’année bien remplie. En plus du lancement de son livre Les temps sont durs, le Muséoparc Vanier a créé l’exposition virtuelle Bado : La Francophonie à grands coups de crayon, une rétrospective de sa carrière. L’occasion est bonne pour discuter avec le caricaturiste de la francophonie canadienne.

Illustrer la francophonie : dans la peau de Bado
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Francopresse : Pour commencer, pourriez-vous nous rappeler votre parcours?

Guy Bado : Je suis dessinateur de presse depuis mai 1981. Cependant, j’ai commencé ma carrière en étant dessinateur pigiste pendant une dizaine d’années à Montréal avant cela. À cette époque, je faisais des bandes dessinées pour Croc, le magazine d’humour.

Initialement, ma mère espérait que je devienne architecte, mais étant nul en chimie, je me suis rabattu sur le dessin. C’est après avoir découvert Asel, le caricaturiste au Montreal Star, et après l’avoir rencontré lors d’une exposition, que j’ai décidé d’essayer d’exercer le métier de caricaturiste éditorial.

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Votre expérience remonte donc à plusieurs décennies. Dans ce contexte, comment définiriez-vous le rôle du dessinateur de presse pour le grand public, et quel est l’impact de votre travail?

Un dessinateur de presse est quelqu’un qui est à la fois artiste, journaliste et humoriste. Cette définition est issue du livre d’entretiens avec le dessinateur français Tim, ou Louis Mitelberg, et sa réponse m’a beaucoup marqué.

Pour ce qui est de l’impact, j’ai longtemps pensé naïvement que j’allais changer le monde et que les gens seraient influencés par mon dessin. Finalement, je me suis rendu compte que, concrètement, nous réconfortons ceux qui pensent comme nous. Le lecteur se dit alors : «Bon, je ne suis pas tout seul à penser ça», et bien sûr, nous espérons que cela influence la politique, mais on ne peut pas en être certain.

Cette notion de «réconfort» est cruciale lorsqu’il s’agit des communautés francophones en situation minoritaire. Justement, comment votre regard de caricaturiste s’articule-t-il avec votre mandat de mettre en lumière la francophonie au Canada?

Mon rôle est de dénoncer, dans la mesure du possible, les infractions à la Loi sur les langues officielles. Dernièrement, j’ai souvent abordé ce sujet en Nouvelle-Écosse. Je touche aussi à d’autres sujets d’envergure nationale comme les nominations de juge à la Cour suprême, ou encore la nomination d’une gouverneure générale unilingue. Ce sont toujours des sujets qui retiennent mon attention.

Bado confie que son défi créatif après plus de 40 ans est de se renouveler et de trouver une idée assez intéressante lorsque les mêmes sujets reviennent, comme le dysfonctionnement du train léger ou la fuite des médecins. 

Photo : Courtoisie

Et comment parvenez-vous à trouver l’équilibre entre les enjeux locaux de l’Outaouais et les enjeux pancanadiens de la francophonie?

Pour mettre en lumière des sujets pancanadiens, le grand défi est que le dessin doit être compris à la fois au Yukon et en Nouvelle-Écosse. Je ne peux pas faire des sujets trop pointus. Par conséquent, dans mes caricatures couvrant des enjeux pancanadiens, j’évite l’Ontario le plus possible. J’ai cette liberté de faire des sujets nationaux, internationaux ou autres pour l’un des dessins de la semaine, mais celui pour la perspective nationale est soumis à cette contrainte géographique.

L’avantage de travailler sur des enjeux locaux en Ontario, c’est qu’on est à cheval sur deux provinces, l’Ontario et le Québec, ce qui me permet d’aborder un sujet de l’autre côté de la frontière quand il y a moins de nouvelles locales.

L’exposition virtuelle La Francophonie à grands coups de crayon est axée sur ces questions. Quels types de luttes historiques des francophones avez-vous mis en lumière à travers cette exposition?

C’est le Muséoparc qui m’a approché pour cette exposition de dessins de mes derniers 44 ans. Je me suis toujours intéressé à la situation des francophones en Ontario. J’ai couvert les enjeux autour du ministre Bette Stephenson et de Bill Davis, qui était premier ministre de l’Ontario à mes débuts. J’ai également illustré le conflit pour la fermeture annoncée de l’Hôpital Montfort, même si cette fermeture n’a finalement pas eu lieu.

Vous mentionnez que vous deviez être prudent avec certains sujets au début de votre carrière. Aujourd’hui, y a-t-il encore des sujets tabous ou délicats qui exigent une approche particulière lorsque vous dessinez sur des enjeux identitaires francophones?

Il n’y a pas vraiment de sujet tabou aujourd’hui. Cependant, quand j’ai commencé au Droit, il fallait traiter des sujets comme l’avortement avec beaucoup de prudence. Il y avait plusieurs sujets qu’il fallait aborder délicatement. Ma façon de naviguer entre ces contraintes pour garantir ma liberté d’expression est simple : la solution, c’est d’être drôle. Si on est drôle, c’est difficile de critiquer. On ne peut pas aller en cour et commencer à rire en exposant le dessin, donc c’est la meilleure solution.

La francophonie occupe-t-elle une place importante dans votre recueil Les temps sont durs?

Le livre contient plusieurs sujets. La francophonie est un des chapitres du livre. J’aborde aussi l’environnement, ainsi que la politique canadienne et québécoise. Ce recueil est une sélection de mes dessins des quatre dernières années. D’ailleurs, la francophonie est un de mes sujets de prédilection, tout comme l’environnement, et j’aborde aussi souvent l’éducation en Ontario.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

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Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Déclaration sur les sources et la méthode:

Déclaration IA : Le présent article a été rédigé par une journaliste. Un outil d’intelligence artificielle a servi à la transcription des entrevues. La journaliste a révisé l’exactitude des extraits utilisés.

Données de parution:

Ottawa

Lê Vu Hai Huong

Journaliste junior

Adresse électronique: