Selon une étude publiée à la fin aout par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), hors Québec, la participation des francophones au marché du travail et leurs revenus augmentent avec le temps, se rapprochant de ceux de la majorité linguistique et de la population non immigrante.

Les différences de revenus indiquent que ceux des résidents permanents francophones hors Québec sont plus élevés que ceux des anglophones du Québec.
Au Québec, en revanche, les écarts entre les groupes linguistiques se sont accentués, dans un contexte où il y a deux fois plus d’immigrants anglophones au Québec (près de 15 000) que de francophones en dehors du Québec (moins de 7500), rappelle l’étude.

Il y a eu au moins deux fois plus d’immigrants anglophones au Québec que francophones hors Québec en 2021.
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Succès économiques liés à la connaissance de la langue majoritaire
L’étude montre que la réussite économique est davantage liée à la connaissance de la langue officielle majoritaire de la province qu’à celle de la langue minoritaire.
«Les analyses ont également signalé que les résultats économiques étaient meilleurs chez les immigrants d’expression française hors Québec que chez les immigrants d’expression anglaise au Québec, alors qu’un peu plus de la moitié des immigrants d’expression française hors Québec ont déclaré connaitre la langue officielle majoritaire», peut-on lire dans l’étude.
Près de 51 % des immigrants francophones déclaraient connaitre l’anglais, tandis que seuls 14,7 % des immigrants anglophones disaient détenir une compréhension du français.
Les deux chercheuses de l’étude concluent que la connaissance du français au Québec et de l’anglais dans le reste du pays reste cruciale pour une intégration professionnelle réussie.
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Un ancien ministre prône l’intégration par la communauté
L’ancien ministre d’IRCC, Marc Miller, actuel député libéral de Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs, à Montréal, se dit «surpris» que les immigrants francophones aient une meilleure intégration économique que leurs pairs anglophones. Pour lui, «ça prend surtout un effort communautaire d’intégrer les gens».

Marc Miller affirme être «frustré» de voir que le fait d’être une personne immigrante francophone en situation minoritaire est perçu comme un «avantage» alors qu’il voit plus ce facteur comme étant «exploité» par «certains» qui comptent se faire du «capital politique».
«Je suis content que cette étude ait été faite, poursuit-il. Il y en a qui critiquent le programme [Entrée express, pour devenir résidents permanents, NDLR], notamment parce qu’il y a trop de points pour la langue.»
Pour l’ancien ministre, les immigrants francophones en situation minoritaire sont utilisés comme argument économique à des fins politiques.
Selon lui, il faut avoir des immigrants qui contribuent à l’économie dès leur arrivée au Canada, mais il voit d’autres priorités que la langue comme condition dans les programmes.
Marc Miller trouve qu’il y a des objectifs parfois plus importants en immigration, comme «être un pays qui est ouvert aux gens qui fuient la guerre et la famine».
S’il faut selon lui défendre les minorités francophones en situation minoritaire, il affirme toutefois que le «travail» à faire est une question «de volume et d’intégration».
Il considère aussi que le français est plus difficile à apprendre : «Il faut travailler davantage pour que tout le monde puisse s’exprimer en français et en anglais aussi.»
«Ces résultats suggèrent que la réussite économique est liée à la connaissance de la langue officielle majoritaire et la connaissance de la langue officielle en situation minoritaire seule n’est pas suffisante. Il faudrait donc veiller à un meilleur équilibre entre l’objectif de la vitalité et de la pérennité des deux langues officielles et l’épanouissement professionnel des immigrants de langue officielle minoritaire», concluent de leur côté les deux chercheuses d’IRCC.
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