le Vendredi 6 juin 2025
le Mercredi 4 juin 2025 6:30 Politique

Vote à 16 ans : un projet de loi sur la table depuis 20 ans

Pourquoi faire confiance à Francopresse.
L’abaissement du droit de vote de 18 à 16 ans, déposé plusieurs fois ces 20 dernières années au Parlement du Canada, n’a dépassé la deuxième lecture.  — Photo : Pxhere
L’abaissement du droit de vote de 18 à 16 ans, déposé plusieurs fois ces 20 dernières années au Parlement du Canada, n’a dépassé la deuxième lecture.
Photo : Pxhere
FRANCOPRESSE – La sénatrice indépendante Marilou McPhedran a déposé à trois reprises un projet de loi visant à abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans. À chaque fois, une élection l’a fait revenir à la case départ. Mais cette fois-ci, elle croit que la pièce législative a de bonnes chances d’aboutir.
Vote à 16 ans : un projet de loi sur la table depuis 20 ans
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«C’est grâce à la jeunesse francophone» qu’elle a présenté son tout premier projet de loi sur l’abaissement du vote à 16 ans en 2020, assure en entrevue avec Francopresse la sénatrice manitobaine Marilou McPhedran.

En 20 ans, ce projet de loi n’a jamais réussi à franchir le cap de la deuxième lecture à la Chambre des communes ou au Sénat; qu’il ait été proposé par la sénatrice, le Nouveau Parti démocratique (NPD) ou le Bloc québécois. Marilou McPhedran a tenté sa chance une dernière fois le 29 mai.

À lire : Nouvelle tentative pour abaisser l’âge du vote à 16 ans

Tentatives de vote sur le sujet

En septembre 2022, le député Taylor Bachrach, du NPD, avait réussi à faire briser la ligne de parti des libéraux en obtenant les voix de plus de 20 d’entre eux pour son projet de loi privé. Il avait toutefois fini par être rejeté.

À chaque fois que le projet de loi sénatorial de Marilou McPhedran a «failli franchir la porte du comité» selon ses propres termes, une élection a été déclenchée.

Le comité est l’étape après la seconde lecture du Sénat ou de la Chambre – selon la personne qui dépose le projet de loi – et avant la première lecture dans l’autre chambre.

Pourquoi le vote à 16 ans?

Marilou McPhedran rappelle la motivation de son projet de loi : «La plupart des gens âgés de 16 ans au Canada travaillent et paient des impôts.»

La sénatrice Marilou McPhedran a déposé le projet de loi sur le vote à 16 ans le 29 mai, pour la troisième fois depuis 2020. 

Photo : Courtoisie Sénat du Canada

Pour la sénatrice, les jeunes «portent le poids des choix et des actions des plus âgés». Un argument qui, selon elle, a pris tout son sens lors du recensement de 2017 : «Il y avait désormais plus de gens âgés au Canada que de jeunes. Et pour la première fois, le Canada est devenu un pays ancien.»

Elle affirme aussi qu’à 16 ans, «l’environnement éducatif» est plus stable qu’à 18 ans, où les personnes ont de grandes décisions à prendre ou de grands changements, comme passer du secondaire à l’université ou sur le marché du travail, etc.

L’un des employés francophones de la sénatrice, Jayden, engagé dans la campagne pour le vote à 16 ans depuis ses 15 ans, en 2021, appuie que voter à cet âge permet de développer un «plus grand sens de la communauté, plus tôt». «Le plus tôt tu commences à voter, le plus que tu vas continuer à voter à travers ta vie.»

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Un peu «d’écoute» du gouvernement Carney

Un argument repris par le président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), Simon Thériault.

«Voter à 16 ans permettrait aux jeunes davantage s’impliquer en politique et d’être intéressés davantage au vote, justement parce que le premier vote est toujours le plus important, le plus difficile. On doit s’inscrire sur la liste électorale, on doit apprendre à comprendre comment fonctionne le système.»

Si le sujet ne faisait pas partie de la plateforme politique de la FJCF lors de la dernière campagne électorale, il assure que cela reste une «priorité» pour l’organisme.

«Ce n’est pas quelque chose qu’on a entendu de la part du gouvernement Carney, on n’a pas nécessairement vu ça dans sa plateforme électorale non plus», souligne-t-il.

Néanmoins, la FJCF voit d’un bon œil la nomination d’une secrétaire d’État Enfance et jeunesse, Anna Gainey, après que Mark Carney ait omis de nommer un ministre responsable des Langues officielles, et un pour la Jeunesse au sein de son premier cabinet.  

Malgré cet oubli pour la jeunesse, «on sent l’écoute du gouvernement Carney à ce niveau-là», ajoute Simon Thériault.

Confiante pour la suite

Une grande raison pour laquelle je fais cela encore et encore, c’est que la compréhension de ce sujet augmente, tant parmi le public qu’au sein du Parlement. Et je crois que c’est possible.

— Marilou McPhedran

Elle affirme vouloir contrer les «préjugés» de certains parlementaires, selon lesquels les personnes âgées de 16 ans n’ont pas la «maturité» pour voter.

En 2022, le sénateur conservateur Don Plett contrait : «En l’absence de critères clairs pour définir et mesurer la “maturité”, il est tout simplement difficile de justifier l’abaissement de l’âge du vote. C’est peut-être la raison pour laquelle au moins 15 propositions de loi visant à abaisser l’âge du vote à 16 ans ont été déposées au Parlement depuis 1998, et qu’aucune n’a dépassé le stade du comité dans la chambre d’origine.»

Le 29 mai 2024, le Parlement avait accueilli un sommet organisé par les jeunes sur le sujet du vote à 16 ans.

«Nous avons eu plus de 30 parlementaires qui sont venus au sommet pour parler du sujet», confirme Marilou McPhedran. Ce qui la rend d’autant plus confiante quant à l’aboutissement de son projet de loi.

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Type: Actualités

Actualités: Contenu fondé sur des faits, soit observés et vérifiés de première main par le ou la journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

Ottawa

Inès Lombardo

Correspondante parlementaire

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