Adepte de la dynamophilie depuis à peine trois ans, Katelynn Allen a fait des progrès très rapidement grâce à son entraineur, Mitchell Caissy, mais aussi grâce à sa détermination et sa force de caractère.
Le 9 mai, elle a compétitionné aux championnats canadiens à Saint-Jean de Terre-Neuve et a été déclarée vainqueure dans sa catégorie d’âge et de poids (76 kg).
Elle a réussi à soulever 127,5 kg à l’épreuve de la flexion des jambes (ce qui représente un record personnel), 65 kg à celle du développé couché et 150 kg au soulevé de terre, soit 342,5 kg au total, un poids qui lui a valu la médaille d’or.
Sa grande forme lors des championnats lui ont aussi permis d’établir quatre records provinciaux, mais les 150 kg qu’elle a réussi à lever au soulevé de terre constituent un nouveau record national.
Elle a également appris, le samedi 14 mai, qu’elle avait obtenu le prix de la meilleure femme subjunior de l’ensemble de toutes les participantes, toutes catégories de poids confondues, parce qu’elle a obtenu le pointage GL le plus élevé. Le score GL en dynamophilie est établi à partir d’une formule mathématique qui détermine la force relative d’un athlète en fonction de son poids corporel.
Un coup de foudre pour la dynamophilie

Katelynn Allen a fracassé un record national et quatre records provinciaux en dynamophilie. Son entraineur, Mitchell Caissy, est très fier d’elle.
Katelynn Allen a vite pris gout à la dynamophilie même si, au départ, elle ne pensait pas que ce sport était pour elle.
«J’étais en 10e année lorsque monsieur Mitchell est arrivé à notre école [école François-Buote, de Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard] comme prof d’éducation physique et qu’il a commencé à parler de powerlifting, raconte la championne. Au départ, je ne me voyais pas du tout faire cela, lever de gros poids. […] Puis, un jour dans le cours d’éducation physique, j’ai fait un soulevé de terre et il m’a tout de suite dit que j’avais du potentiel pour ça. Et j’ai commencé à m’entrainer!» raconte-t-elle.
«Les deux premières années, c’était seulement pour les sports interscolaires, mais l’an dernier, monsieur Mitchell m’a dit que je pourrais probablement avoir du succès dans les compétitions en dehors de l’école. Ça fait donc un an que je m’entraine plus sérieusement. J’adore ça», s’enthousiasme la jeune femme.
Son enseignant et entraineur, Mitchell Caissy, admire beaucoup la jeune athlète : «Je travaille avec des étudiants universitaires, pour leur faire des programmes d’entrainement, et j’en vois peu qui sont aussi déterminés que Katelynn. C’est sa force de caractère qui fait la différence.»
Il ajoute que «pendant la pandémie, elle a gardé sa motivation. Dans le local de powerlifting, ici [à l’école], elle est devenue une leadeure. Je lui ferais confiance pour faire mon propre programme d’entrainement!»
S’entrainer sans subir le jugement d’autrui

Katelynn Allen, tout sourire, montre fièrement sa médaille d’or remportée aux championnats nationaux de dynamophilie de Saint-Jean de Terre-Neuve en mai.
Depuis qu’il est arrivé à l’école François-Buote, Mitchell Caissy a fait progresser la pratique de ce sport, entre autres en s’assurant que le local était attrayant, doté de tout l’équipement sécuritaire et surtout ouvert à tous, entre autres sur l’heure de diner et durant les pauses.
«On a des élèves qui s’entrainent pour la santé. On a aussi des enseignants qui s’essayent. Cela crée des dynamiques intéressantes. Dans leur salle de classe, ils se sentent en contrôle et quand ils arrivent ici, souvent, ce sont des élèves comme Katelynn qui leur donnent des conseils. C’est vraiment très intéressant de voir ça», trouve-t-il.
«Oui, la Commission scolaire de langue française [CSLF] m’appuie dans mes démarches, mais si les élèves ne participaient pas, la CSLF ne bougerait pas. C’est grâce aux élèves si on a ceci», dit l’enseignant, qui compte environ 20 athlètes dans son programme de dynamophilie interscolaire.
Vu qu’elle termine ses études secondaires cette année, Katelynn Allen ne fréquentera bientôt plus l’école François-Buote. En septembre, elle entreprendra un baccalauréat en éducation, avec une majeure en éducation physique à l’Université de Moncton.
«Il n’y a pas de programme de dynamophilie à Moncton. Ça m’intéresse de démarrer un programme, de monter une équipe. Et les gens de l’université m’ont dit qu’ils appuieraient ce projet. J’espère que ça va marcher», espère la jeune femme.
La force au bon moment
Il ne fait aucun doute que les athlètes en dynamophilie sont forts, mais la grosseur des muscles n’est pas le seul facteur d’importance.
«La force fluctue selon les journées, explique Mitchell Caissy. On peut demander à son corps de performer pendant quelques jours, peut-être même pendant deux semaines d’affilée, au risque de se bruler.»
«C’est difficile à expliquer, avoue-t-il, mais ça demande tellement d’énergie à ton cerveau d’ordonner à tous les muscles d’être forts en même temps, qu’après une compétition, tu as vraiment besoin de te reposer.»
«Par exemple, depuis que Katelynn est revenue, on a adouci les entrainements, précise l’entraineur. On va reprendre progressivement, en vue des provinciales du 4 juin à Summerside [à l’Île-du-Prince-Édouard]. L’idée c’est d’amener le cerveau à dire au corps de fournir de la force au moment où on le veut.»

Katelynn Allen en pleine compétition de dynamophilie
Mitchell Caissy a lui-même commencé à s’entrainer plus sérieusement en dynamophilie il y a cinq ans lorsqu’il enseignait à l’École-sur-Mer de l’Île-du-Prince-Édouard et qu’il est devenu l’entraineur d’Emily Arsenault. Cette dynamophile a d’ailleurs connu d’excellents résultats avec lui.
Mitchell Caissy tentera d’ailleurs prochainement de se qualifier pour des compétitions à venir, notamment les Easterns de 2023 et les nationaux de 2024, qui auront tous deux lieu à Summerside.
Quant à Katelynn Allen, ses derniers résultats lui assurent une place d’office aux compétitions durant les deux prochaines années.