
Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’ACUFC.
«Le Sommet n’est pas la fin de cette démarche, ce n’en est qu’une autre étape. Nous nous mettrons rapidement à l’œuvre pour rédiger un rapport final structurant et engageant, et qui appelle à une action rapide, cohérente et concertée», a assuré Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), lors de la cérémonie de clôture du Sommet.
Alain Dupuis, directeur de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, a indiqué souhaiter «un avant et un après, que ces États généraux marquent l’histoire de la francophonie canadienne et qu’ils soient un moment où on va dire : “On s’est pris en charge”».
«Ce n’est pas une fin, ce n’est que le début, c’est le jour 0 de notre démarche!», a-t-il ajouté, soulignant des «attentes élevées» de la part des communautés et disant espérer que «les gouvernements seront à l’appui».
Lynn Brouillette, présidente-directrice générale de l’ACUFC, a conclu en accentuant que «nous sommes dorénavant collectivement les porteurs des connaissances accumulées au fil des consultations, et nous devrons en faire honneur et en faire un bon usage».

La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a livré un discours en virtuel.
Le gouvernement s’engage à ne pas rester les bras croisés
En ouverture de la deuxième journée du Sommet, la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a souligné l’importance de «protéger nos institutions postsecondaires en français» et reconnu que «dans les dernières années, nos collèges et universités ont fait face à des défis importants».
«Notre gouvernement reconnait que les établissements postsecondaires en milieu minoritaire ont besoin de soutien et nous sommes engagés à les appuyer. Nous reconnaissons également que l’éducation relève de la compétence des provinces et des territoires. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous devons rester les bras croisés. Bien au contraire!» a ajouté Mme Petitpas Taylor, rappelant que le premier ministre lui a confié le mandat d’augmenter le financement des établissements d’enseignement postsecondaire dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM).
«On doit s’attaquer au modèle de financement»
En plus de l’importance de revoir le financement des établissements postsecondaires francophones en milieu minoritaire, les participants du Panel sur l’avenir ont aussi identifié comme priorités de passer de la compétition à la collaboration dans les collèges et universités de la francophonie canadienne, de favoriser la mobilité étudiante et de créer plus de liens entre les établissements et leurs communautés.

Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles, a participé à l’évènement en virtuel.
Selon eux, cela part toutefois d’une refonte du système de financement : «On doit avoir un modèle qui répond à la réalité des communautés francophones en milieu minoritaire, à nos institutions, pas un modèle qui soit fondé sur celui de la majorité», a plaidé le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.
Il estime que les gouvernements devraient miser sur un système «différencié» qui prendrait en compte les particularités des établissements, comme leur plus petite taille.
D’après le commissaire, le modèle actuel crée des inégalités d’accès à l’éducation postsecondaire et encourage une compétition «malsaine» entre les établissements, qui se battent entre eux pour obtenir plus d’inscriptions. «Si on veut s’attaquer au concept de la compétition [entre les établissements], on doit s’attaquer au modèle de financement», assure Raymond Théberge.

Alain Dupuis, directeur de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada.
C’est aussi le point de vue d’Alain Dupuis, qui plaide pour que les établissements eux-mêmes jouent un rôle actif et proposent des solutions : «Moi, je convoquerais une grande conférence avec les 13 gouvernements pour penser un nouveau modèle de financement, à l’invitation des 22 établissements [membres de l’ACUFC].»
Alain Dupuis estime que d’attendre des solutions du fédéral et des provinces, «avec toutes les dynamiques politiques qui peuvent exister», est un vœu pieu.
Raymond Théberge met toutefois en garde qu’«il ne faut pas, en demandant un meilleur financement du fédéral, déresponsabiliser les provinces et territoires».
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Mieux intégrer les étudiants internationaux

Linda Cardinal, professeure et membre de l’équipe rectorale de l’Université de l’Ontario français.
Linda Cardinal, professeure et membre de l’équipe rectorale de l’Université de l’Ontario français, défend quant à elle une nouvelle vision pour le postsecondaire dans son ensemble, davantage axée sur la complétude et la collaboration que sur la compétition.
«Je pense qu’on est en avant de la locomotive, on peut être de leadeurs dans la mise en place de cette vision-là avec des pratiques de collaboration — comme le CNFS [Consortium national de formation en santé] — qui sont intéressantes pas juste pour nous, mais aussi pour le Québec», souligne la professeure.
Dans une idée de complétude, les panélistes aimeraient voir les établissements postsecondaires francophones en situation minoritaire créer des «pôles d’expertise» ainsi que des bourses de mobilité pour permettre aux étudiants de compléter leurs diplômes hors de leur région natale, mais toujours dans la francophonie canadienne.
«C’est quelque chose de très concret à quoi tous les gouvernements pourraient contribuer. […] Il faut penser à un arrimage canadien parmi la famille des 22, à un système national de reconnaissance des acquis», suggère Alain Dupuis.
Le directeur de la FCFA exhorte aussi à mieux encadrer les étudiants internationaux : «On ne prend pas la responsabilité [par rapport à eux]. On les recrute, on leur charge des frais de scolarité faramineux, puis on ne s’assure pas de leur réussite en français dans nos communautés».
On a des responsabilités collectives à réussir cela, à assurer une transition — harmonieuse j’espère — envers la résidence permanente, à s’assurer qu’ils ont des emplois, à lutter contre le racisme et la discrimination auxquels ils font face… C’est un engagement moral qu’on a besoin de prendre ensemble pour réussir et être fiers de ce projet collectif.
Enfin, Linda Cardinal estime qu’il serait temps de «mettre de l’avant un nouveau concept […] celui du bienêtre linguistique».
«Il faut en finir avec l’insécurité linguistique : c’est un concept honni, à proscrire, de perdant! […] Mon rôle en tant que professeure, c’est de m’assurer que [l’étudiant] vive un bienêtre linguistique», ajoute-t-elle.
Pour les étudiants internationaux, elle estime que cela fournira un contexte plus encadrant et que cela permettra aux universités de miser sur leur taille à échelle humaine.
Francopresse est le partenaire médiatique officiel des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.