Pour Mario Levesque, professeur agrégé au département de politique et de relations internationales de l’Université Mount Allison, à Sackville, dans le sud-est de la province, le Nouveau-Brunswick n’a pas de poids en politique fédérale.
S’il s’agissait «du Québec, de l’Ontario ou de l’Alberta, oui, ça peut envoyer un gros message certain, mais au Nouveau-Brunswick, non. La province n’est pas assez grosse», observe-t-il.

Selon le politologue Mario Levesque, le regard que portent les francophones sur un parti provincial n’influence pas réellement leur vote sur le même parti au fédéral.
Une nuance entre en compte toutefois. Le professeur agrégé de sciences politiques à l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique, Rémi Léger, note que la particularité de la campagne électorale actuelle au Nouveau-Brunswick est que Blaine Higgs, au pouvoir depuis deux mandats, se présente comme l’agent de changement. «Et il joue sur l’impopularité de Justin Trudeau», glisse-t-il.
Par ailleurs, sans influencer la politique fédérale, le scrutin provincial peut être «un indicateur pour Justin Trudeau», remarque Mario Levesque.
«Si les conservateurs remportent la victoire, c’est un message que les choses pour M. Trudeau [dans la prochaine élection fédérale, NDLR] vont être un petit peu plus difficiles.»
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«L’argent mène à de l’influence politique»
Rémi Léger rappelle que le Nouveau-Brunswick est une province «pauvre» et de fait une «province mineure dans la fédération canadienne». «C’est l’argent qui mène à de l’influence politique normalement.»
«Lorsque le gouvernement fédéral débarque [avec] un fonds de centaines de millions de dollars pour les langues officielles, y compris l’éducation française langue première et l’immersion française, la province écoute parce qu’[elle] a besoin de ces fonds pour financer ses écoles et ses programmes d’éducation», illustre-t-il.
C’est ce qu’il s’est passé entre 2022 et 2023 : le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, avait remis en question l’immersion en français dans la province. Le gouvernement fédéral avait déclaré en réaction qu’il repenserait son transfert de fonds pour les programmes d’immersion.
Le fédéral influence les votes provinciaux
Cette semaine, la cheffe du Parti vert au fédéral, Elizabeth May, est venue soutenir les candidats verts au Nouveau-Brunswick.
«Il ne faut pas que M. Trudeau vienne ici pour faire la campagne comme Mme May. Il faut que [la cheffe du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, NDLR] Susan Holt mette un peu de distance entre elle et Justin Trudeau, parce que M. Trudeau n’est pas populaire», commente Mario Lévesque.

Pour Rémi Léger le premier ministre d’une petite province n’est pas un facteur important lorsque les électeurs de cette province votent aux élections fédérales.
Selon lui, la politique fédérale peut «faire du dommage» au Parti libéral du Nouveau-Brunswick.
«Plus le Parti conservateur du Nouveau-Brunswick mentionne Justin Trudeau et l’associe à Susan Holt, plus ça va faire mal au Parti libéral pour essayer de faire élire des députés et former un gouvernement majoritaire», analyse le politologue.
Susan Holt avait tenté de se distinguer de Justin Trudeau en mars, en mentionnant une «solution de rechange» à la taxe carbone, selon l’Acadie Nouvelle.
Elle assurait encore récemment qu’elle et son parti n’avaient pas «de lien officiel», rapporte Radio-Canada.