Une plume impressionnante
Née dans une famille de musiciens, Flora Luna a voulu ouvrir ses ailes et prendre sa place. Elle nous a présenté à la fin mars un premier EP, dont elle signe les paroles et les musiques. L’artiste collabore aussi avec Anique Granger et Éric Burke. Avec L’autre bord du mur, la jeune Franco-Manitobaine nous invite dans son univers.
Pochette de l’album L’autre bord du mur
Ce qui nous captive dès les premiers instants, c’est sa voix puissante. Tout au long de l’EP, Flora Luna nous interpelle sur des thèmes profonds, comme la maladie mentale, l’exploitation de l’image et la persévérance. La force des mots est gage d’une auteure riche d’une grande sensibilité.
La musicienne n’est pas en reste. L’album dévoile six pièces aux arrangements puissants. De Mon sort à I’m Gonna let You in, l’unique pièce anglophone, elle séduit par d’excellentes trames de piano et de guitare, signes d’une grande compositrice.
Je termine en mentionnant le texte de La femme du politicien, un hommage puissant et touchant à ces femmes qui sont dans l’univers de la politique par alliance et non par choix.
L’autre bord du mur est une carte de visite impressionnante, qui met en valeur tout le talent de la Franco-Manitobaine. Sa voix exceptionnelle livre de superbes textes qui nous touchent les uns après les autres.
Le retour d’un grand Franco-Ontarien
L’un des meilleurs auteurs-compositeurs franco-ontariens de sa génération, Serge Monette, revient à ses sources et offre un 5e opus à saveur country-folk, avec une voix solide comme le roc.
Pochette de l’album Le diable dans le corps.
Avec une plume empreinte de vérité, Monette nous interpelle sur l’amour, la solitude, le Nord et ses illusions. Tout au long de cet album, il raconte un peu l’histoire de sa famille et comment le Nord de l’Ontario a joué un rôle important au sein de celle-ci.
La richesse de sa plume repose sur d’excellentes trames country et folk aux arrangements solides. Pièce après pièce, nous sommes entrainés à travers des mélodies remplies de nostalgie.
L’une des chansons les plus accrocheuses est celle qui ouvre l’album. Crache ton sang est aussi un excellent texte sur la fierté franco-ontarienne. La pièce-titre, Le diable dans le corps, est un savoureux ver d’oreille qui nous emporte dès les premiers accords, alors que Noyé dans ta bière est une preuve indéniable du grand talent de mélodiste de Monette.
Après cinq ans d’absence, Monette, l’une des voix les plus riches de la francophonie, offre des mélodies plus accrocheuses les unes que les autres.
Souvenir de l’authenticité de Radio Batata
Mehdi Cayenne, un artiste original s’il en est un, proposait son 4e opus en 2019. Radio Batata, un album au son unique et captivant, nous invite dans un monde de rythmes très bien orchestrés. Si vous l’avez manqué, ça vaut la peine de le dénicher pour l’écouter.
Pochette de l’album Radio Batata.
Des guitares parfois lourdes, parfois planantes, mais toujours justes, des synthétiseurs et des percussions bien fignolés accompagnent des textes puissants.
De Fulton à Croque-pomme, Mehdi Cayenne offre le fruit d’une plume qui nous interpelle sur le vrai, le faux, le désir et l’envie, sur l’essentiel versus le superflu. Avec une prosodie qui lui est propre, il réussit à nous faire ressentir une urgence ou un besoin, tout en peignant des images extrêmement puissantes.
Radio Batata, c’est aussi l’art des nuances musicales. Medhi Cayenne s’amuse à nous offrir un funk aux multiples couleurs, passant avec dextérité du punk au dance, du soul à la pop, du rock au quasi-métal. Grâce au talent de l’artiste, nous découvrons une palette de sonorité des plus captivantes.
Les succès de cet album sont entre autres Molly, avec son rythme enivrant et son riff accrocheur, et Dieu est à temps partiel depuis qu’on l’a remplacé(e) par une machine qui, malgré son long titre, s’avère être un petit groove fort intéressant. Sasseville et Bibo sont aussi des dances pop puissants et irrésistibles.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Commençons avec un son lourd et grunge qui nous vient du nord du Nouveau-Brunswick. Ce son percutant, originaire de Bathurst, est le fruit d’un deuxième EP J’mettrai le feu du trio MESSE, qui figurait parmi les finalistes du dernier Gala de la chanson de Caraquet.
Le groupe MESSE.
Dès les premiers accords de Révolution, nous pouvons facilement percevoir des influences de Led Zeppelin ou encore Rush. La formation acadienne nous propose un univers blues rock psychédélique qui accompagne des textes rappelant certaines chansons de groupes francophones québécois des années 1990 comme Notre-Dame ou encore Possession simple.
Quelques pièces se démarquent, notamment Automne pour sa couleur un peu plus progressive. Le morceau instrumental T.O.M.I. est à couper le souffle. Il met en évidence le talent des musiciens. L’intensité de la plage Gaz est un autre exemple de la puissance du trio MESSE.
Le groupe de Bathurst se classe dans une catégorie à part au niveau de la musique acadienne. Dans cet univers se retrouvent des groupes comme Les Hôtesses d’Hilaire, La Patente ou encore Aubin pi la S.C.B. (Band).
MESSE propose aux amateurs de musique rock une trame solide grâce à des jeux de guitares intéressants et une section rythmique des plus remarquables. Les trois jeunes musiciens ont tous ce qu’il faut pour attirer l’attention des amateurs de hard rock.
Ballade jazz
À l’autre bout du spectre musical se retrouve l’univers manouche de Christine Tassan et les Imposteures. Après six ans d’absence, le groupe propose le nouvel album Sur la route, un retour toujours aussi généreux et savoureux avec une quinzaine de pièces; autant des chansons que des morceaux instrumentaux.
Pochette de l’album Sur la route.
La formation nous offre un univers jazz manouche parsemé de quelques notes de blues et ballades, qui nous captivent dès les premiers accords.
Sur la route nous rappelle la richesse des voyages que Christine Tassan et les Imposteures ont faits au cours des dernières années. Christine Tassan et ses acolytes nous bercent, nous décrochent un sourire et nous font rêver tout au long des différentes prestations proposées.
Il y a de beaux moments sur cet opus. L’instrumental À vélo dans Stanley Park débute avec une intro à la Harmonium pour se poursuivre avec un jazz manouche ultra moderne. Louisville Blues réussit à nous faire ressentir les chaleurs humides du Kentucky grâce à une performance remarquable.
Le quatuor manouche y va même d’une relecture d’un classique de Willie Nelson. On the road again passe aisément du manouche au celtique avec une partition de podorythmie. Parlant de relecture, Je reviendrai à Montréal est à couper le souffle, un beau mélange de ballades et de manouches.
Terminons avec Balade à Vernon, parole et musique signées Christine Tassan. L’auteure-compositrice-interprète montréalaise nous offre un moment de tendresse où nous pouvons entendre sa belle voix de velours.
Poète cowboy
Daniel Léger, l’un des meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes de sa génération, nous proposait en avril 2019 son quatrième opus Groundé, le fruit d’une plume près du cœur et des émotions.
Le plus storyteller des artistes acadiens puise ses inspirations chez Bob Dylan, The Band et John Mellencamp. La toile de fond de cet album est celle de la contradiction entre l’Amérique rurale et les grands centres urbains.
Pochette de l’album Groundé.
Côté mélodie, Daniel Léger donne dans le country auquel il y ajoute des tons de folk, rock et blues. Buche, buche illustre bien l’univers de l’album. Jean Baptiste décrit bien une situation de plus en plus présente que nous voudrions cacher, celle du peuple contre l’exploitation des multinationales.
Rusty évoque les vraies valeurs, tout comme Semer comme on s’aime. Cette dernière est une super belle ballade country avec un texte puissant sur la richesse de l’essentiel.
Porté par ce besoin de décrire le quotidien des vraies gens, du peuple qui l’entoure, Daniel Léger nous interpelle avec un opus solide rempli de franchise et d’images loin d’être préfabriquées.
Sur une toile de fond country aux multiples nuances, l’artiste livre des textes puissants, qui décrivent l’Amérique rurale. Proche de la complainte et du parler, il réussit vraiment à nous captiver et à nous faire réfléchir sur une Amérique que nous connaissons tous, mais que nous aimerions cacher.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Pulsations acadiennes
Gabriel Malenfant, dit GABIO, auteur-compositeur et membre du duo Radio Radio, nous présente une facette plus personnelle avec son premier projet solo, intitulé Vers la mer.
Pochette de l’album Vers la mer.
L’album nous invite à voguer sur les rythmes des années 1980 aux couleurs de DJ Jazzy Jeff and the Fresh Prince, Rakim ou encore de Grandmaster Flash. La trame mélodique de cet opus est fortement réussie. On se sent transporté de plage en plage autant par la musicalité des mots que par les arrangements proposés.
GABIO nous convie sur les planchers de danse avec des vers d’oreille qui seront des succès garantis. Ça commence avec Frenchys Run, un air disco sur lequel on peut entendre Jacobus son collègue de Radio Radio. Tchisse tu t’prennais pour sonne plus pop années 1980 alors que Jacké est un son plus Radio Radio.
Pas Jamaïca but pas loin est un cocktail fort réussi de tempos et de trames mélodiques qui se rapprochent plus du style reggae. Gabio termine l’album avec Ensemble : un appel à la fraternité, entonné avec des enfants. Cette pièce a une certaine importance en ces temps de guerres dans d’autres coins du globe.
Chanson après chanson, GABIO nous séduit avec cet album solide, plein d’énergie : une véritable invitation à s’évader pour le temps de quelques pulsations.
Douce mélancolie
Moins zéro, le nouvel album folk de l’auteur-compositeur-interprète Joey Robin Haché, est un moment de recueillement teinté de nostalgie.
Pochette de l’album Moins Zéro.
Avec des orchestrations épurées et une fragilité dans sa voix, le musicien partage ses émotions profondes. Il nous interpelle avec beaucoup de retenue, autant au niveau des interprétations que des musiques.
Juge-moi dresse l’univers mélancolique du disque. Up and down est un autre moment fort grâce aux arrangements mélodiques. Il en va de même avec Jerrycan et sa couleur années 1970.
Joey Robin Haché porte un regard satirique sur un classique de la télévision américaine avec le p’tit air country The Price is Right. La pièce titre, Moins zéro, est empreinte d’une fragilité, qui en fait un moment magique de l’album.
Sans tambour ni trompette, mais avec une grande tendresse dans l’âme, Joey Robin Haché nous invite à de beaux moments d’intimité. Contrairement à ses derniers opus, il choisit la douceur pour créer un rendez-vous empreint de nostalgie.
Entre ombre et lumière
Transportons-nous en souvenir dans une région magnifique de l’Ontario, la baie Géorgienne. Il y a déjà cinq ans, la formation Georgian Bay nous présentait son projet folk en deux volumes et 18 pièces : Courage.
Le premier volume, Soleil, est comme l’astre du jour. La chaleur, la clarté, la joie de vivre et la liberté sont les thèmes qui transparaissent dans l’album. Dès les premières notes de Canyon on est séduits par des mélodies folks chaleureuses et de magnifiques textes remplis de positivisme.
Pochette de l’album Courage.
Roi et Océan débordent de cette même belle énergie. Plus les musiques défilent, plus on est captivé, mais plus on sent une certaine nostalgie s’installer. August et Toronto semblent nous apporter cette brise d’automne qui nous invite au changement.
Le second disque Moon est plus mystérieux comme l’est souvent l’astre de la nuit. Il se dégage de la lenteur des mélodies et des prestations vocales, un sentiment de mystère et d’incertitude. Cette profondeur ressort particulièrement dans Mining Town, Cœur fragile et Stardust.
Les pièces maitresses sont Storm, Tout c’que j’ai et Miroir. Les orchestrations sont extrêmement puissantes. On termine le tout avec Willows, un folk tout en douceur, comme l’aube qui reprend sa place après une nuit mystérieuse.
En résumé, Soleil et Moon sont deux belles métaphores de la vie, du jour et la nuit, de la confiance et du doute.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Pochette de l’album Port-aux-Poutines.
Souffle d’espoir francophone
Sur l’ile de Terre-Neuve, j’ai découvert un groupe magnifique au nom particulier : Port-aux-Poutines. Avec leur album éponyme, Port-aux-Poutines, Jenna Maloney et Axel Belgarde nous invitent dans un univers celtique traditionnel canadien-français.
Le duo nous partage ses fiertés francophones dans un environnement anglophone. Tout au long de cet opus, il nous offre des trames originales et solides, qui mettent en valeur leur musicalité. L’album est rempli de vers d’oreille qui nous invitent à fredonner des chansons inconnues. Les textes nous jasent de fierté du territoire et de fierté de la langue.
Il y a de petits bijoux sur ce disque : la valse Sarah, une interprétation francophone magnifique d’un classique de l’ile, signé Buddy Wasisname and the Other Fellers, ou encore Une gorgée, un salut à tous ceux qui se sont battus pour défendre le fait français au pays. Mon île est une autre valse magnifique interprétée par Jenna Maloney.
La Franco-Terre-Neuvienne termine cet album avec Une dernière chanson, un autre magnifique texte de la plume d’Axel Belgarde. Ce morceau pourrait facilement se tailler une place parmi les grandes chansons engagées comme Notre place de Paul Demers, ou encore Mon Acadie de Georges Béliveau. Il s’agit d’un texte profond et puissant contre l’assimilation, un dernier souffle d’espoir pour le fait français sur l’ile.
Comme la fraicheur de Terre-Neuve, Port-aux-Poutines vient nous séduire avec des sonorités majoritairement celtiques et traditionnelles et quelques moments de tendresses intimes et profonds.
En somme, une belle carte de visite qui démontre toute la fierté francophone de Jenna Maloney et Axel Belgarde. Tendez l’oreille à ce groupe terre-neuvien, vous ne serez point déçu.
Invitation à l’essentiel
L’auteur-compositeur-interprète, Dayv Poulin, nous offre un album rempli de vérité, où l’essentiel est au menu : Tout est relatif.
L’artiste franco-ontarien nous invite dans un univers folk solide qui nous rappelle celui de Blue Rodeo. Tout au long des huit chansons de l’album, il nous captive avec des arrangements fluides irrésistibles et des textes émouvants.
Pochette de l’album Tout est relatif.
Parmi les vers d’oreille de cet opus, il y a Simple de même. Le titre de la chanson dit tout, c’est une invitation à l’essentiel. Face au tourbillon de la vie, il faut tout simplement vivre au jour le jour et profiter du temps présent.
Pour une variation sur le même thème, La vie est bonne est une autre invitation à l’essentiel. L’album se termine avec le texte le plus puissant, Cupidon, un profond cri du cœur sur le besoin essentiel d’amour. L’interprétation de Dayv Poulin y est remarquable. Mention spéciale à l’unique pièce anglophone, Help me, qui donne l’impression d’entendre Greg Keelor de Blue Rodeo.
Fort apprécié dans la francophonie ontarienne, Dayv Poulin nous offre un petit album aux richesses inespérées. Ce nouvel opus de l’auteur-compositeur-interprète de la région de Sudbury vient séduire les auditeurs avec des mélodies accrocheuses et de superbes textes. Ce disque nous livre des moments de tendresse en ces temps difficiles.
Un bonbon musical aux saveurs d’antan
En souvenir, j’aimerais vous présenter la Fransaskoise Anique Granger et le Québécois Benoît Archambault, deux artistes fascinés par la belle chanson. Ils forment le duo Prairie Comeau, et dans leur dernier album éponyme, ils nous offrent une berceuse en 11 temps.
Pochette de l’album Prairie Comeau.
Il s’agit d’une invitation tout en douceur à un voyage sensoriel à travers six chansons francophones et cinq morceaux anglophones.
Ce disque bilingue est parti d’un désir de reprendre des chansons, écrites avant 1960, qui ont fortement inspiré les deux partenaires. Il débute avec trois belles pièces folks francophones qui nous captivent à chaque respiration : Le ciel se marie avec la mer, Le temps des cerises et Notre sentier.
S’en suivent deux autres anglophones, des plus remarquables, grâce aux magnifiques arrangements. J’adore How Wild the Wind Blows pour sa touche européenne donnée par l’accordéon et Speak Low nous avec ses arrangements plus contemporains.
Prairie Comeau nous propose également un souvenir d’enfance à saveur country, L’eau vive. Georges Brassens n’a jamais sonné si moderne avec la belle version folk de Chanson pour l’auvergnat. C’est ma chanson préférée de l’album.
Ce petit bijou de disque se termine avec une version folk de Take Me to the Ball Game, sans oublier une reprise folk du grand standard de jazz des Platters, Smoke Gets In Your Eyes.
Cet opus d’une magie irrésistible arrête le temps avec deux guitares et deux belles voix qui chantent des chansons d’une époque jadis.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Premier effort exceptionnel pour verbe recherché
Sous la fourrure, le projet de l’auteur-compositeur-interprète d’Ottawa David Robquin, dit Squerl Noir, est un rendez-vous musical à ne pas manquer en ce mois de novembre. L’univers particulier nous séduit par son verbe profond et son intense réflexion.
Pochette de l’album Sous la fourrure.
La recherche du mot juste nous saisit dès le début. L’artiste partage son questionnement sur notre place dans le monde, notre rapport aux conflits mondiaux, l’essence de nos origines, bref la vérité de soi.
Le travail sur les musiques est également de grande qualité. Passant aisément des trames planantes au son électropop, le Squerl Noir nous offre un univers très bien fignolé, qui colle bien aux propos des chansons.
On se laisse transporter entre poésie et musique. Que l’on écoute Les regards, Irrationnels ou L’incendie, la force de séduction de l’auteur-compositeur-interprète est la même. On peut en dire autant des chansons pop Sous la fourrure, ou encore Danser sur Mars. Cette dernière est un succès garanti.
Grâce à ses mots justes et à ses musiques parfaites, David Robquin réussit à interpeler les mélomanes à la recherche de fraicheur auditive. La qualité de la réalisation de ce disque en fait un produit hors du commun, qui se retrouvera surement dans mon top 5 de l’année.
La fierté de ses origines
Artiste franco-ontarienne et abénaquise, Mimi O’Bonsawin connait déjà une carrière anglophone remplie de succès. En 2023, elle a décidé de nous offrir deux albums, Willow dans la langue de Shakespeare et Boréale dans celle de Molière.
Ce dernier nous offre une artiste tout en douceur, qui nous partage ses origines abénaquises et francophones.
Pochette de l’album Boréale, réalisée par Carole Diotte-O’Bonsawin.
On y découvre une voix angélique, sur des trames musicales aux sonorités folks, très souvent accompagnées de percussions autochtones. Les pièces sont ainsi plus profondes et spirituelles. Les textes rendent hommage à la terre, aux rivières, à la forêt et même à notre sœur à tous, la lune.
Mimi O’Bonsawin nous fait voyager jusqu’en Amérique centrale, avec la chanson Mystique, une mélodie aux accents du Sud. Dis-moi ce que tu vois est un hommage à un être cher parti dans l’univers, alors qu’avec Enraciné, la chanteuse nous rappelle la fierté de ses origines.
La Franco-ontarienne Abénaquise nous charme également avec un instrumental, Résistance. Une pièce tribale dans laquelle on entend de superbes vocalises.
Boréale se veut un hommage aux anciens, aux origines et au territoire. Avec une voix presque divine, des musiques profondes aux accents autochtones, Mimi O’Bonsawin nous interpelle sur la richesse de son âme, le duel entre ses cultures. Elle nous offre un rendez-vous tout en délicatesse, où la fierté de ces origines est au menu.
Souvenir d’une grande musicienne
Cela fait déjà plus d’un an que la grande musicienne Pastelle Leblanc, nous a quittés. Pendant plus de dix ans, elle a fait partie du trio acadien Vishtèn, avec sa sœur jumelle, Emmanuelle, et Pascal Miousse.
En 2018, leur opus Horizons s’est classé en deuxième position de mon Top 10. Un album majoritairement inspiré de vieilles chansons et de pièces acadiennes. La qualité et la beauté des arrangements en font un produit unique. Des premiers accords d’Elle tempête à la dernière note d’Âmes sœurs ; chaque pièce accroche l’auditeur.
Pochette de l’album Horizons.
Les sirènes à Roméo est un autre bel instrumental avec un trio guitare-piano-flute, captivant dès les premières notes. Horizons arrive également à bien nous faire ressentir le gout de vivre des insulaires de l’Acadie en trois beaux tableaux musicaux.
Bi bi box est incontestablement la pièce phare de l’album, un ver d’oreille irrésistible. Elle est très puissante grâce à son énergie et sa mélodie des plus accrocheuses.
Je terminerai par L’autre femme, une chanson qui se distingue par un son plus moderne au niveau des arrangements, mais avec toujours une belle touche celtique.
Avec cet opus, le groupe Vishtèn a atteint un niveau de qualité d’enregistrement hors du commun, qui le classe parmi la crème de la crème des artistes de légende.
Les trois membres de la formation acadienne sont au sommet de leur art, offrant des mélodies, des arrangements et des performances presque parfaits. Encore une fois, la qualité des mélodies, la force des voix et la réalisation des plus solides nous captivent.
Chère Pastelle, tu nous manques.
Je vous donne rendez-vous début décembre pour mon Top 10 de l’année. Selon vous, qui aura su me séduire pour ravir la première place?
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
La fête continue
Pochette de l’album À boire deboutte.
Le troisième disque de Salebarbes nous invite À boire deboutte. George Belliveau, Jean-François Breau, Kevin McIntyre et les frères Jonathan et Éloi Painchaud sont prêts à réchauffer le party avec leur énergie contagieuse.
Le quintette d’auteurs-compositeurs-interprètes acadiens nous charme à nouveau avec des airs cajuns, country et blues. Dès les premiers accords, le son est accrocheur. Les solos de guitares, d’harmonicas et de violons sont particulièrement travaillés.
Des titres comme Tricher au solitaire, Stirer la roux et Appelle-moi pas par son nom racontent des histoires de solitude et d’amours brisés.
La rivière est une autre pièce extrêmement forte. Elle nous offre de belles harmonies vocales sur une trame de guitare puissante.
Jonathan Painchaud nous livre Y a l’bon Dieu qui l’attend, un petit gospel avec toute l’énergie qu’on lui connait. Il y a aussi Ces oiseaux-là, un rock’n’roll à la Beatles, encore là très réussi.
Il s’agit d’une formule gagnante pour Salebarbes. Avec ce nouvel opus, les Acadiens nous offrent un album solide, entrainant et captivant.
Un deuxième album sous le signe de la sobriété
Allons du côté de l’Île-du-Prince-Édouard, où le duo acadien Sirène et Matelot nous propose Un monde de dissonances.
Pour ce deuxième disque, les auteurs-compositeurs-interprètes Patricia Richard et Lennie Gallant nous partagent un univers folk sobre, parsemé de couleurs country et pop. Sous la réalisation de Davy Gallant, le duo nous captive avec des musiques profondes et des textes qui nous racontent la vie dans toutes ses nuances.
Pochette de l’album Un monde de dissonances.
Ce nouvel opus jouit d’une fraicheur mélodique fort agréable et renferme quelques petits bijoux comme Allo Printemps, Un monde de dissonances et Tourne, tourne.
Une de mes pièces préférées est Les chevaux de l’Île de sable pour son très beau texte, inspiré par la déportation des Acadiens.
Autre belle inspiration, Les demoiselles d’Avignon, qui prend pour toile de fond le tableau du même nom de Pablo Picasso. Patricia Richard et Lennie Gallant rendent également hommage au roi du rock’n’roll français, Johnny Hallyday.
Sur le Minnehaha est une autre belle chanson en l’honneur de la navigatrice Kirsten Neuschäfer, qui a remporté une course en solitaire autour du monde, la Golden Globe Race, sur son voilier le Minnehaha.
Souvenir d’une première rencontre
En souvenir d’un beau chemin parcouru, je vous présente une autrice-compositrice-interprète franco-ontarienne, Reney Ray, native de Kapuskasing, dans le nord-ouest de l’Ontario. L’artiste lancera bientôt un nouvel opus en français.
Pochette de l’album Reney Ray.
Mais tout a commencé en novembre 2018. Elle nous partage alors ses premières émotions avec l’album éponyme Reney Ray et ses onze chansons accrocheuses. Ce produit très intimiste vient nous bouleverser dans le bon sens du terme. L’univers folk roots, avec des arrangements musicaux fluides et des textes magnifiques, est irrésistible.
En plus de ses deux premiers succès radio, Online et Le monde est con, Reney Ray nous livre le fruit d’une plume profonde sur les relations humaines, la sincérité et l’intégrité. On y retrouve aussi un superbe duo avec Denis Coulombe, Protège-moi de l’ombre, qui flirte un peu avec le blues, ce qui ajoute au magnétisme de l’album.
L’héritage, qui parle d’intégrité, est la chanson la plus profonde du disque, une ballade folk piano-voix empreinte de sérénité et de tendresse.
Avec cet album éponyme, Reney Ray nous invite dans un univers intimiste et rassurant. Les mélodies et les textes puissants nous captivent dès les premiers accords sans faiblesses ni longueurs. Un tête-à-tête avec une artiste vraie qui connait aujourd’hui une très belle synergie avec son public.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Rencontre de deux âmes aux sonorités communes
Pochette de l’album Two Lips.
Le duo Beau Nectar nous offre aujourd’hui Two Lips, un univers électropop au service d’une plume écoféministe inspirante. Beau Nectar c’est la rencontre improbable entre la Fransaskoise Éemi et la Franco-Ontarienne Marie-Clô, deux univers séparés par la distance d’une francophonie bien vivante.
Malgré l’éloignement, les deux auteures-compositrices-interprètes proposent un son solide et accrocheur. Des claviers bien dosés révèlent des mélodies qui nous captivent tout au long de cet opus.
Les prestations vocales d’Éemi et Marie-Clô sont assez puissantes. Elles s’accordent assez bien avec l’univers électronique des claviers, ce qui crée un tout homogène des plus captivants. Les meilleures prestations vocales sont celles de Sous l’eau, Soleil des loups et Le noyer.
Ce nouveau produit à mi-chemin de la Fransaskoisie et de la Francophonie ontarienne est des plus intéressants et semble être un gage d’un avenir captivant.
Virtuosité à six cordes
Le guitariste virtuose acadien Shaun Ferguson nous revient avec La lumière de l’ombre – L’ombre de la lumière, un album de contrastes, d’émotions et de réflexions. Ce nouveau disque est un exercice d’exploration de gammes et d’émotions.
Dès les premières notes de Flying Black Crows, on ressent la dualité entre les différents enchainements musicaux proposés. Cette dualité est également palpable dans le fingerpicking Sound Mind et l’air islamique Ressac.
Pochette de l’album La lumière de l’ombre – L’ombre de la lumière.
La lumière de l’ombre et L’ombre de la lumière en sont d’autres bons exemples. Dans la première, l’auditeur s’imagine voler au-dessus des grands espaces sauvages du Grand Nord, alors que dans la deuxième, plus saccadée, l’urbain prend toute la place. Je tiens à faire mention spéciale à l’unique chanson de l’album, Heal, qui possède une lourdeur résumant bien le propos du disque.
Dans ce travail d’exploration, Shaun Ferguson réussit à nous garder attentifs aux multiples enchainements musicaux, tout en démontrant la grandeur de son talent. Il passe aisément d’un style plus expérimental à un folk tout en douceur pour finir avec une ballade plus mélancolique.
Le guitariste réussit encore une fois à nous transmettre sa passion pour la guitare. Cet artiste crée un rendez-vous intense avec les auditeurs.
Un souvenir heureux d’une émotion aux tendances folk
Pochette de l’album La promesse.
Déjà six ans que l’album La promesse de l’auteure-compositrice-interprète Kristine St-Pierre a été lancé sur le marché. Cette réflexion sur la vie, l’amour et la mort est toujours du velours à l’écoute.
La pièce titre dresse bien la table. Il s’agit d’un univers folk aux orchestrations solides et efficaces. Du violoncelle au piano, des guitares aux percussions, tout est finement bien dosé pour obtenir l’émotion recherchée.
Kristine St-Pierre y est en plein contrôle de sa voix. Elle est tantôt douce, tantôt enflammée, mais toujours juste afin de nous livrer des textes qui nous interpellent.
Les pièces maitresses de cet opus sont entre autres, Toutes les choses, qui nous parle de l’importance des souvenirs pour se rappeler qui nous sommes, ou encore, Les femmes, qui rend hommage à ces femmes se battant pour leur dignité.
35 000 mots est également un superbe crescendo sur le silence qui pèse lourd dans une relation amoureuse.
L’intensité de la trame musicale rend bien justice au propos. Si je n’te dis plus je t’aime, un cri du cœur sur le mal d’amour, est dévoilé sur une trame de piano remplie de mélancolie. Il est livré avec une profondeur hors du commun.
La promesse est une parcelle de vie sur des mélodies très bien peaufinées. Des orchestrations intenses rendent justice aux émotions de chaque chanson.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
De la pop aux couleurs folk
Pochette de l’album Rien qu’un animal
Jeune auteur-compositeur-interprète montréalais, Matt Stern présente son premier opus Rien qu’un animal. L’artiste francophone, désormais installé à Victoria en Colombie-Britannique, nous invite dans son univers intimiste et funky. Il nous captive de plage en plage par des orchestrations tout à fait remarquables.
Avec une fluidité mélodique, Matt Stern propose des musiques pop aux couleurs folk et funky. Tout au long de l’album, le musicien a peaufiné des partitions de cordes et de cuivres qui viennent appuyer des refrains accrocheurs.
Des morceaux comme Ne me dis pas, T’es magique et C’est la faute de personne sont des univers irrésistibles. Le blues Rien qu’un animal est l’un des plus beaux textes du disque.
Pour ce soir, une petite fraicheur au ukulélé tout à fait magique, nous décroche un certain sourire. Berceuse nous offre un autre moment de tendresse. La pièce Une autre chance termine cet opus sur un air funky fort agréable.
Une autre tempête folklorique
Pochette de l’album Tempête.
La formation de musique traditionnelle québécoise Le Diable à Cinq a lancé au printemps un troisième opus, Tempête. Le groupe est originaire du village de Ripon dans la région de l’Outaouais.
Ce nouvel album comprend dix pièces, écrites et composées par les cinq membres de la formation : les jumeaux Félix et Samuel Sabourin, leur frère Éloi Gagnon Sabourin, leur cousin André-Michel Dambremont et un ami du nom de Rémi Pagé.
Les textes, bien écrits, sont profonds et engagés. Les chœurs font preuve d’harmonies vocales fort intéressantes. La podorythmie captivante guide des orchestrations solides. Le disque à l’univers folklorique entrainant est un produit riche et intimiste.
Richer #44 est un hommage à Stéphane Richer, ancien membre du club de hockey des Canadiens de Montréal. Le Diable à cinq salue également la légende Jos Montferrant, grand bâtisseur de la région de l’Outaouais. Le quintette nous offre une belle ballade touchante, Le dernier pétale, un texte profond sur le cycle de la vie.
Souvenir d’harmonies
Pochette de l’album De la rivière à la mer.
En attendant le prochain album de Geneviève et Alain, je vous invite à vous laisser bercer par de beaux souvenirs. Le duo nous offrait un peu de tendresse avec son deuxième opus De la rivière à la mer, belle suite au premier disque On est les deux.
Leur univers folk est une véritable oasis musicale. On ressent et on entend l’union de deux plumes en parfaite harmonie. Les superbes textes parlent d’écoute, d’accompagnement, du besoin d’une âme sœur.
Le réalisateur Carl Bastien a ajouté un peu de pedal steel et de claviers pour peaufiner un produit déjà proche de la perfection.
Il y a quelques pièces qui m’ont beaucoup touché par la profondeur de leurs émotions. Des nouvelles de toi est selon moi le plus beau texte de l’album. Sur une trame country folk, les paroles évoquent l’écoute, le soutien et l’accompagnement, des gestes qui se perdent de plus en plus à l’ère des médias sociaux.
Pour une variation sur les mêmes thèmes, Solitude est une berceuse pour l’âme. Sans que…, trame folk un peu à la Fleetwood Mac, est un autre excellent texte sur la routine par rapport au moment présent.
Geneviève nous pose une question existentielle de façon vraiment charmante avec l’excellent extrait, Qui je suis. Le duo d’Ottawa nous offre également deux petits instrumentaux, Rivages et Moonbeam.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Un enfant des Iles
Claude Cormier, l’une des voix les plus emblématiques des Îles-de-la-Madeleine, revient avec un 8e album à la hauteur de son talent. Tavernier est rempli de cette énergie et du gout du partage qui caractérisent l’artiste. Le timbre de voix du Madelinot est toujours aussi réconfortant après plus de 20 ans de carrière.
Pochette de l’album Tavernier.
Disque après disque, Claude Cormier n’a jamais cessé de charmer le public, avec des mélodies accrocheuses et une plume qui témoigne du quotidien et des retrouvailles entre amis.
Sur Tavernier, il y a toujours ces chansons bretonnes qui nous invitent à la fête telles que C’est pas demain la veille, ou encore La galère continue.
On y retrouve également quelques chansons plus profondes comme Leurs cris de détresse ou Perdu dans le temps, parmi les plus beaux textes de l’album.
L’opus se termine par deux excellents duos avec Keven Landry, originaire de Havre-Saint-Pierre au Québec : Parlons de chez nous et Y reste encore du bon monde, deux excellents textes à saveur country.
Claude Cormier réussit encore une fois à nous séduire. Avec des musiques tantôt entrainantes tantôt berçantes, il nous livre des textes puissants qui nous captivent mot après mot.
Hommage à ses origines
L’auteure-compositrice-interprète franco-manitobaine Geneviève Toupin, connue sous le nom de Willows, offre un 4e disque toute en douceur. Maison vent propose un parcours intérieur rempli de tendresse et de générosité.
Pochette de l’album Maison vent.
Geneviève Toupin signe un opus personnel qui rend hommage à ses origines métisses, à travers 14 chansons.
Une brise folk nous guide tout au long de l’album. La voix feutrée de la chanteuse s’harmonise avec des arrangements parfois tout en douceur, parfois plus rythmiques. Les textes sont empreints de résilience et de compassion.
Willows parle d’origine, de souvenir et de fierté. Elle partage ses sentiments intérieurs en français, en anglais et même en métchif (langue mixte incorporant des éléments du français et du cri).
Il y a quelques pièces qui résument bien la spiritualité de la démarche artistique.
Des chansons comme Li bwé, Mémère ou Lignées décrivent bien l’essence de la culture de Willows. Twé tchu-li Métchif, qui rappelle que la perte du matériel ne peut jamais éteindre la flamme de l’intérieur, est l’un des meilleurs textes de l’album.
Oh Marie est un autre petit bijou de courage et de résilience. Willows termine cet opus avec Who I am, un autre excellent texte sur la dualité linguistique.
Souvenir d’un homme du pays
À l’automne 2019, la voix chaleureuse de Michel Lalonde revenait en force après huit ans sans disque. Avec Comme un engin, l’ex-membre de Garolou, nous interpelle avec des mélodies folk et country captivantes.
On retrouve dans les deux premières pièces, J’suis fait comme ça et Tout ce qu’on avait, cette chaleur humaine et cette tendresse propre à Michel Lalonde.
Michel Lalonde est un auteur-compositeur franco-ontarien.
Tout ce qu’on avait est une adaptation francophone d’une chanson de John Prine. C’est l’artiste acadienne Patricia Richard qui fait les chœurs. Marilou est une autre excellente pièce country-folk où la charmante voix de Caroline Bernard vient appuyer celle de Michel Lalonde.
Cap sur l’amour est le plus beau texte de l’album sur une trame à la Gordon Lightfoot. Une belle partition de violon dresse une toile de fond nostalgique alors que le texte parle de tendresse. C’est toujours toi est une autre belle mélodie folk à la Eagles, avec une touche d’amertume.
Sur cet opus, Michel Lalonde nous offre aussi un p’tit clin d’œil à son époque Garolou avec une belle version de Joli cœur de rosier.
Je termine avec une mention spéciale pour la pièce titre très actuelle. Comme un engin est une road song puissante avec un superbe texte engagé.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Réflexions à la croisée des chemins
Afin de célébrer ses 10 ans de carrière, l’auteur-compositeur-interprète Simon Daniel, originaire du Nouveau-Brunswick, nous propose un troisième opus Sans titre (for now), mais avec beaucoup de substance. Il est de retour avec une musique pop alternative captivante.
Pochette de l’album Sans Titre (for now).
Grâce à la réalisation du Fransaskois Mario Lepage, Simon Daniel nous arrive avec un son pop inventif et rafraichissant, qui colle bien à sa plume toujours aussi créative et intimiste. De sa voix puissante, l’Acadien remet en question le temps passé et nous interpelle avec retenue sur le futur.
Il nous invite dans son univers où se côtoient nostalgie et appréhension. Les orchestrations, justes et solides, mettent en valeur la qualité des musiciens qui accompagnent l’artiste.
Un des sujets forts de l’album est la place de l’artiste dans l’univers. Ce questionnement transparait dans Hey moi, Vague radio ou encore 10 ans. Cette dernière chanson est assez profonde : Simon Daniel fait un survol de ses 10 ans de carrière avec une certaine mélancolie enveloppante.
L’Acadien nous livre également une superbe pièce instrumentale au piano, Archibald. C’est un beau moment de tendresse et de nostalgie qui révèle un côté moins connu de l’artiste.
Se dévoiler sous la surface
Jadis membre de la formation franco-manitobaine Madrigaïa, Ariane Jean poursuit sa carrière artistique sous le nom de Sala. Elle nous propose ici un deuxième album de six chansons. Surface nous démontre à nouveau le grand talent de cette artiste franco-manitobaine.
Pochette de l’album Surface.
L’auteure-compositrice-interprète signe toutes les paroles et musiques de l’album, dont trois morceaux avec une ancienne collègue de Madrigaïa, Annick Brémault.
Sala a toujours cette voix puissante, dont elle varie les intensités selon les émotions désirées.
Du point de vue musical, Sala nous offre des univers pop riches et solides. Que ce soit la pièce titre Surface, Nos secrets, ou encore Les pieds dans le béton, l’auditeur est interpelé par une musicalité des plus accrocheuses qui enveloppe le fruit d’une plume intimiste et profonde.
Deux pièces maitresses sont à noter, Je ne veux pas grandir et Je ne dors plus, qui dévoilent toute la pureté d’une voix unique.
Sala est l’un des beaux diamants de la francophonie canadienne auquel il faut tendre l’oreille.
Souvenir d’un paysage intérieur
Voilà déjà cinq ans que l’auteure-compositrice-interprète franco-ontarienne Joëlle Roy nous invitait dans son Paysage intérieur. L’album est une invitation à arrêter le temps.
Pochette de l’album Paysage intérieur.
L’auteure-compositrice-interprète de la Baie Géorgienne nous interpelle avec des mélodies parfois zydeco, parfois country-folk, mais toujours agréables. Les textes font beaucoup référence à l’intégrité, aux relations humaines et à nos sentiments les plus profonds envers les autres.
Dès la première plage, Identité épaillée, on est interpelé par des arrangements organiques, qui dressent une nostalgie familière sur laquelle on se laisse bercer.
Il y a de beaux petits bijoux sur ce disque dont Ça me fait chier de t’oublier, un country-folk à la Harvest Moon de Neil Young. Plus jamais de détour est un petit univers jazz dixie des plus accrocheurs et charmants. Insatiablement est la pièce la plus rock de cet opus.
La pièce titre Paysage intérieur et la belle reprise de J’entre, qu’elle a écrit en début de carrière, nous amènent à ressentir des émotions encore plus intenses. Autant la force des mélodies que la puissance des textes nous touchent au plus profond de nous-mêmes avec des sentiments de quiétude et de sérénité. L’album se termine en beauté sur une belle reprise du classique de CANO, Dimanche après-midi.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.