le Mercredi 16 juillet 2025

10e position : J’mettrai le feu, Messe

Je débute ce top 10 par une belle découverte un peu plus intense. Ils n’en sont qu’à un deuxième EP, mais les jeunes musiciens de la formation Messe offrent un son mature et très intéressant. Avec J’mettrai le feu, la formation de Bathurst se classe dans un univers particulier, où l’on retrouve des groupes acadiens comme Les Hôtesses d’Hilaire, la Patente ou encore Aubin pi la S.C.B.

J’mettrai le feu

9e position :  Vers la mer, GABIO

Dans un autre spectre musical, en 9e position, on a un tête-à-tête avec un membre de Radio Radio. Gabriel Malenfant, dit GABIO, auteur-compositeur, faiseur de beat, nous présente une facette plus personnelle avec son album Vers la mer. Un rendez-vous où les rythmes sont toujours aussi entrainants. Ses rythmes endiablés se font sentir aussi dans l’élocution du verbe.

Vers la mer

8e position : Souris Souvent, Girlz with Guitarz

La 8e position fait place à une autre belle découverte. Girlz with Guitarz est un trio féminin de la région de Plamondon, en Alberta. Composé des sœurs Tracy et Karen et de leur tante Michèle. Ces multi-instrumentistes aux voix harmonieuses nous captivent avec un univers folk dont la richesse se trouve dans les arrangements musicaux. Les harmonies vocales sont souvent la force maitresse des chansons proposées.

Langage de la poésie

7e position : Osons l’espérance, Les Sœurs Marleau

D’un trio féminin à un autre, la 7e place revient aux Sœurs Marleau qui œuvrent en chansons depuis 1979. Sous le nom Diadem à leurs débuts, elles nous reviennent sous le signe de l’espérance. Osons l’espérance nous interpelle avec une douzaine de textes sur des thèmes universels. Le tout est un bouquet de souhaits universels et de musiques contemporaines.

Place à la non-violence

6e position : Tableaux, RenzRossi

Pour terminer ce premier bloc de cinq albums, j’ai une proposition fort intéressante. Il s’agit d’un guitariste originaire d’Edmunston au Nouveau-Brunswick, RenzRossi (René Rossignol). Il offre le fruit d’une expérience de création entre lui et l’artiste visuel Luc A. Charrette. S’inspirant des tableaux de ce dernier, RenzRossi a lancé son tout dernier EP, Tableaux, un univers jazz des plus captivants. Chaque pièce est une émotion musicale inspirée d’une œuvre d’art visuel. Le tout devient un moment de grâce.

Aurevoir

5e position : Tout est relatif, Dayv Poulin

On débute le top 5 avec un retour sur disque d’un Franco-Ontarien qui a connu bien du succès à la radio. L’auteur-compositeur-interprète de Sudbury, Dayv Poulin, met au placard son alter ego du Paysagiste et nous offre un album avec des mélodies puissantes et très accrocheuses. Tout est relatif est un album qui tombe à point grâce à ses nombreux vers d’oreille captivants.

La vie est bonne

4e position :Yellow Mellow, Matt Boudreau

Dans le carré d’as du top 10 de 2024, on retrouve une voix des plus familières en Acadie, que ce soit en tant que membre de la formation Baie que comme musicien pour plusieurs artistes. L’auteur-compositeur-interprète, Matt Boudreau, natif de Petit-Rocher, est inévitable. Sur l’album Yellow Mellow, il a toujours ce son pop-rock qui le démarque, ce timbre de voix qui nous enveloppe texte après texte. Il nous invite à une rencontre exceptionnelle.

Supernova

3e position :  Malgré tout, Brian St-Pierre

Sur la 3e marche du podium, c’est un nom familier au sein de la famille des auteurs-compositeurs franco-ontariens : Brian St-Pierre. Il est une inspiration pour toute la communauté francophone de l’Ontario d’est en ouest. L’album Malgré tout se démarque du lot et nous offre de magnifiques mélodies qui accompagnent de superbes textes remplis de vérité.

Beaucoup d’amour

2e position :  Le diable dans le corps, Monette

En deuxième place, c’est l’un des grands de sa génération, c’est un coup de cœur à chaque album. Monette revient aux sources et nous offre un cinquième opus à saveur country-folk avec une voix solide comme du roc. Le diable dans le corps est une autre preuve de son grand talent. Monette nous séduit à nouveau avec des mélodies fortes et des textes puissants.

Je fais de mon mieux

1re position : Empreintes, Alexis Normand

Mon top de 2024 est une caresse pour l’âme. Depuis une quinzaine d’années, Alexis Normand nous invite dans un univers folk aux nuances de blues et de jazz, qui nous charme note après note. Avec Empreintes, elle nous livre toute la sensibilité de son art.

L’auteure-compositrice-interprète fransaskoise nous amène au plus profond de son âme avec des mélodies puissantes, qui révèlent toute la richesse de sa plume. La douceur de sa voix mielleuse nous livre toute la puissance de chaque mot. L’artiste a su se forger un parcours musical qui démontre toute la richesse de son talent.

Sing me home

Eh bien voilà, 10 albums à découvrir ou à redécouvrir. Encore une fois, une preuve tangible de la beauté et du dynamisme de la francophonie musicale canadienne. Tendez l’oreille et encouragez cette belle francophonie.

Un son si particulier

Matt Boudreau est l’une des voix de plus en plus familières de l’Acadie. Membre de la formation Baie, musicien pour plusieurs artistes, l’auteur-compositeur-interprète, natif de Petit-Rocher comme Denis Richard, nous proposait à la fin septembre son 4e disque solo : Yellow Mellow.

Pochette de l’album Yellow Mellow

Photo : legreniermusique.com

Toujours avec ce son pop-rock qui démarque le musicien, l’album nous captive par une fraicheur hors du commun. Les arrangements sont des moments magiques, qui nous séduisent chaque seconde. Le tout compose un mélange fluide de claviers et de guitares qui donne ce son si particulier, propre à l’artiste, dont le timbre de voix reste enveloppant, texte après texte.

Tout au long de l’album, l’Acadien nous parle d’amour, d’évasion et de prendre le temps de vivre. On découvre de vrais petits bijoux. Dès Supernova la séduction opère. Sur les plages Chérie, Tes dents sont belles et Cerf-volant les chœurs de Maude Sonier ajoutent un peu de tendresse.

Parlant de tendresse, Matt Boudreau termine l’album avec une prestation guitare-voix sur la belle petite chanson Lou.

Supernova
Album : Yellow Mellow

Une voix qui traverse le temps 

L’auteur-compositeur-interprète Brian St-Pierre nous présentait à la fin septembre un 7e opus solo, Malgré tout, où l’on retrouve encore toute la magie de l’artiste. Il y a une trentaine d’années, le Franco-Ontarien épatait la galerie avec ses compositions pour le groupe Vice-Versa.

Pochette de l’album Malgré tout

Photo : lecanalauditif.ca

Du pop rock accrocheur à la ballade folk profonde, nous sommes à nouveau séduits par la puissance des mélodies. Chaque texte est accompagné d’un univers musical juste, qui interpelle sur des sujets aussi bien légers que profonds.

Avec toi je vole et Je te vois sont deux superbes textes sur la source de son inspiration. Te souviens-tu de moi et Coule le temps abordent la question du temps et des souvenirs.

Les yeux pleins d’eau est l’une des deux pièces maitresses du disque. Il s’agit d’une ballade aux sonorités des années 1950, qui rend un superbe hommage à une personne chère.

Il y a enfin la pièce-titre Malgré tout, un puissant arrangement piano-voix, supporté par un quatuor à corde qui saura vous soutirer une larme.

Malgré les années, malgré la pop moderne, l’artiste franco-ontarien sort du lot et nous offre de magnifiques mélodies, accompagnées de textes remplis de vérité. Cette voix réconfortante demeure une inspiration pour toute la communauté francophone de l’Ontario.

Beaucoup d’amour
Album : Malgré tout

Un tempo endiablé

Vincent Bishop, natif de Vancouver mais franco-ontarien d’adoption, nous proposait, en 2022, un premier album francophone au tempo endiablé : L’amour serait bienvenu, un bouquet de mélodies accrocheuses aux rythmes folkloriques.

Se basant sur des structures de musiques folkloriques et chansons à répondre, Vincent Bishop propose des trames accrocheuses bien construites, accompagnées d’excellents textes, livrés avec une énergie contagieuse.

Pochette de l’album L’amour serait bienvenu

Photo : vincentbishop.ca

Les thèmes de prédilection de l’auteur sont l’amour, les relations humaines et le courage. Il laisse souvent transparaitre une charmante touche d’humour.

Tout au long de son 3e opus, Vincent Bishop nous offre plusieurs vers d’oreille irrésistibles. Le premier en tête de liste est Dans l’air pur et clair. L’une des versions de cet extrait est presque à capella, avec seulement une petite trame de percussion.

Dansons la corona est un petit velours humoristique qui nous fait du bien, tout comme La vision 20/20. Je dois dire bravo à Vincent Bishop pour une autre version tellement rafraichissante de Mille après mille.

La pièce maitresse de l’album est selon moi Plus que tout. Elle se démarque non seulement par son style musical, mais aussi par la profondeur du texte et de la mélodie.

Il s’agit donc d’un opus francophone rafraichissant fort réussi, livré avec une énergie contagieuse. Vincent Bishop se permet quelques à-côtés qui viennent démontrer une facette plus profonde de l’auteur-compositeur-interprète.

Dans l’air pur et clair
Album : L’amour serait bienvenu

Le premier c’est l’incontournable Moncton mantra de Gérald Leblanc. D’abord publié aux éditions Perce-Neige à Moncton en 1997, cet ouvrage connaitra une deuxième vie lorsqu’il sera republié aux éditions Prise de parole de Sudbury en 2012.

Moncton mantra de Gérald Leblanc

Que puis-je dire au sujet de ce livre-phare de la culture acadienne que le grand Herménégilde Chiasson n’a pas dit dans sa préface de l’édition sudburoise? Chiasson écrit : «[…] ce livre est le témoignage d’un climat, d’une époque et d’un parcours qui fut celui de plusieurs écrivains de ma génération…»

Dès les premiers paragraphes, Leblanc nous confie l’essence de son livre : «J’ai commencé à m’interroger […] sur ce qui faisait que j’étais moi-même Acadien et sur ce que ça voulait dire au juste.» Et il poursuit : «Le plus surprenant, c’était qu’une constante demeurait malgré tout, et c’était l’obsession d’écrire.»

Dans le fond, ce livre est une sorte d’autobiographie romancée. On sent bien que le narrateur, Alain, est le sosie littéraire de Leblanc. On suit donc Alain/Gérald qui tient un journal dans lequel il nous raconte ses déboires universitaires mêlés à ses amours, ses amis, ses voyages, ses rencontres avec des écrivains en devenir (dont Chiasson) et l’odeur des joints omniprésents.

Mais ce qui ressort gros comme le bras dans Moncton mantra, c’est la furie d’écrire de Leblanc et son amour inaltérable pour Moncton en tant que capitale acadienne.

À lire pour comprendre d’où vient notre littérature moderne.

À lire : Trois polars pour voyager dans le temps

Le deuxième livre que je vous présente n’est point le moindre. Rivières-aux-Cartouches : Histoires à se coucher de bonne heure de Sébastien Bérubé a gagné le Combat des livres de Radio-Canada de 2023, le prix Champlain de 2024, le Prix du recteur de l’Université de Moncton de 2024 et un des prix Éloizes de 2024, catégorie Artiste de l’année en littérature. Et c’était bien mérité pour ce jeune auteur-compositeur-interprète, poète et artiste.

Rivières-aux-Cartouches : Histoires à se coucher de bonne heure de Sébastien Bérubé

Sébastien Bérubé joue d’un style, d’une acrobatie des mots, d’un romanesque qui nous rappellent les grands comme Antonine Maillet, Michel Tremblay, Jean Marc Dalpé.

Il n’hésite pas entre l’écriture et le vocabulaire classique et la langue parlée. Il utilise les mots de tous les jours dans sa région de Restigouche, au nord du Nouveau-Brunswick, ce qui donne un sens du réel à son roman.

L’auteur ne nous raconte pas une histoire linéaire traditionnelle. Il nous raconte plutôt un village et ses habitants. Plusieurs des personnages sont métis puisque le village est collé à une réserve autochtone. Un des personnages-narrateurs avoue d’ailleurs «T’es mélangé. Dans ta tête, dans ton sang, dans tes mots. Mélangé». Dans ce village, le mélange semble harmonieux.

J’écris «personnages-narrateurs» parce que le village nous est raconté par plusieurs voix. C’est un style qui peut être un peu déconcertant, mais qui permet à Sébastien Bérubé de nous faire entrer dans la tête des gens du village. Et ça donne des histoires qui nous semblent plus vraies, plus vécues.

Je pourrais écrire longtemps sur ce livre, mais je préfère vous laisser le découvrir. Qu’il me suffise d’affirmer que c’est un des meilleurs livres franco-canadiens que j’ai lus depuis longtemps. Je m’attends à le voir dans la liste des finalistes pour les prochains Prix du Gouverneur général.

Le troisième livre que je vous présente est un recueil de poésie, de courts textes, intitulés Formats de l’artiste multidisciplinaire Daniel H. Dugas. Mais si le mot poésie invoque immédiatement en vous Baudelaire ou Hugo, détrompez-vous. Pas que Daniel Dugas ne soit pas à la hauteur des grands, mais plutôt parce que Formats est un livre hyper moderne qui allie vers, prose et technologie.

Dès le début du recueil, Daniel Dugas nous dit ce qu’il tente de produire. Il nous parle des formats d’image (du 16:9 au cinémascope) du code binaire qui régit le numérique, des formats d’écran (SDTV, HDTV, UHD) omniprésents dans nos salons et même des codages analogiques NTSC et PAL.

Formats de Daniel H. Dugas

Si vous ne comprenez pas cette terminologie, ne vous en faites pas, l’auteur nous l’explique très bien. Et il y a un glossaire à la fin du livre.

S’ensuit une série de textes dont la forme est calquée sur ces formats, ces codes. Ces formats constituent d’ailleurs la structure du recueil. Par exemple, Daniel Dugas débute la section NTSC (National Television System Committee) en expliquant que ce système utilisé au Canada «est adapté aux formats vidéos de 525 lignes et 30 images par seconde […] ainsi un poème NTSC est composé de 30 lignes et de 525 caractères».

Il en découle des textes quelques fois ludiques, toujours intéressants. C’est vraiment inusité de lire des poèmes intitulés Poème VHS ou Nombres binaires.

Ou encore dans la section PAL (Phase Alternating Line), un poème intitulé Saturnin dans lequel Daniel Dugas se rappelle du dessin animé de son enfance sur un téléviseur noir et blanc avec un écran aux coins arrondis. Ce souvenir l’incite d’ailleurs à rogner les coins de photos de sa jeunesse pour les inclure dans le livre.

Daniel Dugas nous invite à une poésie rafraichissante à laquelle nous ne sommes pas habitués, mais qui nous séduit.

Comme je l’ai déjà écrit, on peut juger de la qualité d’un livre par les sentiments qu’il évoque après l’avoir lu.

Pour Moncton mantra c’est l’urgence d’écrire et de changer le monde que les jeunes de cette époque ressentaient.

Dans Rivières-aux-Cartouches, c’est un sentiment de voyeurisme, de non seulement connaitre l’histoire d’un village, mais de la vivre dans la tête de ses habitants.

Avec Formats, c’est le sentiment de la modernité, que notre bonne vieille culture poétique est toujours actuelle.

Réjean Grenier a travaillé dans les médias pendant 47 ans, comme journaliste, rédacteur principal à Radio-Canada/CBC, éditeur et propriétaire d’un journal et d’un magazine, et éditorialiste. Il a présenté une chronique littéraire sur les ondes de Radio-Canada pendant cinq saisons. Il est un avide lecteur depuis l’âge de 12 ans. Il a grandi dans un petit village du Nord de l’Ontario où il n’y avait pas de librairie, mais il a rapidement appris où commander des livres. Son type d’ouvrage préféré est le roman puisqu’«on ne trouve la vérité que dans l’imaginaire».

Bercer aux sons du monde

L’auteur-compositeur-interprète franco-ontarien Didier Lozano propose Merci, un rendez-vous musical aux sonorités de musique du monde.

Pochette de l’album Merci.

Photo : Page Facebook Didier Lozano

En plus de signer toutes les compositions et de jouer de la guitare et du clavier, l’artiste s’est entouré de Sergio Checho Cuadros, un maitre de la quena, une flute traditionnelle des Andes. Le tout dessine un univers riche et mystérieux. Chaque pièce offre un cachet particulier, qui nous transporte dans un au-delà paisible.

Dans cette offre d’une dizaine de titres, Didier Lozano nous livre quelques moments magiques. Il y a entre autres un jazz contemporain, Merci Manon, qui nous captive grâce à sa trame de guitare plus moderne.

Les mêmes attributs sont valables pour Merci mon ami. Merci Montréal, ma chanson préférée de l’album, est un crescendo qui illustre bien le réveil de la métropole et de ses résidents. Autre pièce digne de mention, Merci Pascal Rauzet, un air brésilien qui rend hommage à une source d’inspiration importante du musicien.

En ces temps modernes où tout va plus vite, Didier Lozano présente une alternative pour nous évader de ce rythme fou de la société. L’auteur-compositeur-interprète nous livre une inspiration remplie de gratitude, un univers paisible, afin d’éliminer le stress de la vie moderne.

Merci Montréal
Album : Merci

Couleurs musicales 

Le guitariste originaire d’Edmundston au Nouveau-Brunswick, RenzRossi (René Rossignol), nous offre le fruit d’une expérience de création entre lui et l’artiste visuel Luc A. Charrette. S’inspirant des tableaux de ce dernier, le musicien a sorti au mois de septembre son tout dernier EP, Tableaux, où il invite l’auditeur dans un univers de jazz moderne des plus riche et captivant.

Pochette de l’album Tableaux. 

Photo : renzrossi.bandcamp.com

RenzRossi s’est entouré des meilleurs musiciens accompagnateurs du Nouveau-Brunswick. François Émond, Jesse Mea, Steven Haché et Glen Deveau contribuent à la fluidité proposée par le guitariste.

La pièce qui démontre bien le résultat est Rue Victoria St. Sur cette plage, chaque musicien y va d’une partition solo, qui rend le produit final irrésistible. Une autre pièce maitresse est Aimer. Ce jazz moderne nous donne la sensation de nous retrouver à un brunch du dimanche dans notre café jazz préféré.

Chaque pièce de Tableaux est une émotion musicale qu’a ressentie RenzRossi face à une œuvre de Luc A. Charrette. Le tout devient un moment de grâce entre le guitariste et l’auditeur. 

L’album en édition vinyle comprend une impression de chaque tableau de Luc A. Charrette.

Aurevoir
Album : Tableaux

Oasis brésilienne

Avec son 4e opus, Inesperado, l’autrice-compositrice-interprète, Janie Renée, nous proposait en 2022 une bulle d’Amérique du Sud. L’artiste de l’Est ontarien a conçu un véritable album à saveur brésilienne.

Avec juste assez de retenue, tant au niveau des musiques que de la voix, Janie Renée livre des moments de nostalgie et d’innocence qui nous envahissent. Les arrangements sont extrêmement puissants et nous transportent aisément dans les ruelles de São Paulo, Rio de Janeiro ou encore Brasilia.

Pochette de l’album Inesperado. 

Photo : janierenee.com

Que ce soit grâce à la clarinette ou à la guitare sept cordes, les onze chansons nous rappellent constamment les saveurs chaudes du Brésil. Vocalement, Janie Renée est au sommet de son art, offrant des prestations solides aux multiples nuances.

Elle nous partage deux superbes duos avec un maitre du style, en la personne de Paulo Ramos. Je t’aime en majuscules et Au bout de nos horizons sont le fruit d’un merveilleux mariage vocal entre la compositrice et Paulo Ramos.

Le chef-d’œuvre de l’album est La Muse, une très belle allégorie artistique décrivant l’amour envers l’être cher. Tout en douceur, on y retrouve une belle trame de guitare qui accompagne une Janie Renée toute en sensualité.

Pour ceux qui recherchent une oasis musicale hors du commun, Inesperado est ce qui se fait de mieux. Des orchestrations feutrées tout en retenue et une voix aux multiples facettes envahissent notre univers le temps de quelques chansons au rythme chaud.

La Muse
Album : Inesperado

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

J’ai dévoré les trois romans ci-dessous en moins d’une semaine, c’est dire combien ils sont captivants. J’ai ensuite eu le plaisir d’en discuter avec les trois auteurs lors du Salon du livre du grand Sudbury, en Ontario. Que du plaisir!

Il s’agit d’abord du roman Le prince africain, le traducteur et le nazi de Didier Leclair, nom de plume de Didier Kabagema, paru aux éditions David et retenu pour le Combat national des livres de Radio-Canada de 2024.

Deux heures avant la fin de l’été de Sébastien Pierroz. Roman paru aux éditions David et finaliste au Prix du livre de la Ville d’Ottawa de 2024.

Finalement Welsford, de Claude Guilmain, un roman publié chez Prise de parole.

Reproduction avec permission

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Le prince africain, le traducteur et le nazi est le dixième roman de Didier Leclair. C’est dire qu’en 23 ans comme auteur, il a appris à manier la plume avec dextérité. Il possède un style coulant qui rappelle les grands écrivains de feuilletons parisiens du XVIIIe siècle.

L’histoire se passe en 1941, dans un Paris occupé par les Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Dès les deux premiers chapitres, Didier Leclair met en scène ses trois principaux personnages. Le prince, Son Altesse Antonio Jose Henrique Dos Santos Mbwafu, est l’héritier d’un petit royaume angolais, le Kongo, autrefois colonie portugaise. Il étudie à Paris, mais en fait, c’est son traducteur, Jean de Dieu N’kuba, qui se présente aux cours en son nom.

Jean de Dieu est le fils d’un tirailleur sénégalais, venu combattre en Europe lors du premier conflit mondial, et d’une mère allemande. C’est d’ailleurs lui qui, le premier, rencontre le nazi, un certain major F. Baumeister.

Baumeister est convaincu que le prince est en réalité un contrebandier qui, avec la complicité de son père, le roi du Kongo, écoule clandestinement des diamants angolais sur le marché européen.

Au fil des pages, nous apprendrons que, là-dessus, il a tout à fait raison. Le problème, c’est que Baumeister veut récupérer les diamants pour son propre compte et au diable le Reich. Il veut cette fortune pour se sauver en Amérique du Sud avec sa nouvelle maitresse.

Un bel imbroglio qui se décline en un chassé-croisé dans Paris et au Portugal. Sans dévoiler la fin, je me contenterai de dire que le héros, c’est Jean de Dieu.

Reproduction avec permission

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Deuxième roman de Sébastien Pierroz, journaliste et producteur au réseau de télévision ONFR+, Deux heures avant la fin de l’été est paru aux Éditions David et a été finaliste au Prix du livre d’Ottawa de 2024. Même s’il n’a pas l’expérience d’un Didier Leclair, Sébastien Pierroz a, comme lui, une plume coulante, journalisme oblige.

Ce roman est un peu plus compliqué que celui de Didier Leclair du fait que l’action s’y déroule en trois temps : 1976, 2001, 2020. Cela ne veut pas dire que la trame est difficile à suivre; Sébastien Pierroz réussit à nous entrainer dans ces trois périodes avec brio.

L’histoire débute en 2020 à Londres où Damien, fils d’une famille de Mongy, village près d’Annecy dans le sud-est de la France, s’est réfugié après la mort «accidentelle» de sa sœur Nadia en 2001.

Dès le deuxième chapitre, on apprend qu’une autre mort, celle de Claudia en 1976, était le résultat d’un viol. Un immigrant algérien, Arezki Hamani, sera trouvé coupable et passera 20 ans en prison.

En 2020, Damien revient à Mongy pour les funérailles de son grand-père. On rencontre sa famille – le frère Adrien, le père, la mère, l’oncle et la tante – qui tient une petite auberge. Dans ces rencontres, on sent bien les non-dits dans cette famille. En fait, dans toute cette petite localité.

Sébastien Pierroz insère même dans l’histoire une jeune Franco-Ontarienne, la journaliste Cristina Tremblay, qui a obtenu un stage au journal local de Mongy. On pourrait penser que l’apparition de ce personnage franco-ontarien est un peu factice, mais Cristina joue un rôle important dans le dénouement.

Reproduction avec permission

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Publié aux Éditions Prise de parole, le roman Welsford, de Claude Guilmain, porte le  nom d’un quartier du nord de Toronto qui a été aménagé dans les années 1960.

Ici encore, l’action se déroule en deux temps : 1969 et 2019. Le personnage principal, François, alias Frank pour les Anglais, est un ancien inspecteur-chef de la police locale. Il est parti en préretraite il y a quelques années, mais est encore consultant pour la police.

En 2019, les nouveaux propriétaires d’une maison de la rue Cassandra du quartier Welsford, qui s’embourgeoise, font démolir la vieille piscine derrière leur maison. Les travailleurs y découvrent un cadavre enseveli sous le ciment.

Or, dans les années 1960, Frank a grandi dans une maison juste en face de celle avec la piscine. Il s’y est baigné avec ses camarades à l’adolescence. Et surtout avec la fille des propriétaires de l’époque, la famille Martella.

Claude Guilmain nous trimbale dans le temps, entremêlant la quête de Frank pour identifier le cadavre et pour trouver le coupable avec des scènes de jeunesse dans ce quartier en plein essor.

Les pages du roman nous font revivre (ou, pour les plus jeunes, dépeignent) la musique et les films des années 1970, le premier alunissage, les soirées au resto de burgers, les premiers émois sexuels, les premiers joints fumés. C’est très bien ficelé.

 

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La grandeur d’un roman se mesure peut-être par le sentiment qu’il laisse chez le lecteur quelque temps après sa lecture. Le mot qui me vient après Le prince africain, le traducteur et le nazi, c’est «libération». Libération dans le sens de libération de Paris, bien sûr, mais aussi la libération d’un jeune immigrant qui déjoue les nazis.

Pour Deux heures avant la fin de l’été, c’est plutôt l’expression «le temps fait son œuvre» qui décrit bien que, tôt ou tard, le bien finit par triompher sur le mal.

Et pour Welsford, c’est «nostalgie». Pour un babyboumeur comme moi, qui a vécu les années 1970, ce roman raconte parfaitement le décor de notre jeunesse.

Trois romans à lire.

Réjean Grenier a travaillé dans les médias pendant 47 ans, comme journaliste, rédacteur principal à Radio-Canada/CBC, éditeur et propriétaire d’un journal et d’un magazine, et éditorialiste. Il a présenté une chronique littéraire sur les ondes de Radio-Canada pendant cinq saisons. Il est un avide lecteur depuis l’âge de 12 ans. Il a grandi dans un petit village du Nord de l’Ontario où il n’y avait pas de librairie, mais il a rapidement appris où  commander des livres. Son type d’ouvrage préféré est le roman puisqu’«on ne trouve la vérité que dans l’imaginaire».

Un album sous le signe de l’espérance

Les Sœurs Marleau, Diadem à leurs débuts, œuvrent dans la chanson depuis 1979 et cumulent une dizaine d’albums à leur actif. Le trio franco-ontarien, formé des sœurs Diane, Denyse et Marie Marleau, propose un onzième opus sous le signe de l’espérance.

Pochette de l’album Osons l’espérance des Sœurs Marleau

Photo : web.ncf.ca 

Osons l’espérance nous interpelle avec une douzaine de textes sur des thèmes universels. Les Sœurs Marleau nous parlent d’espoir, d’amour, de rédemption, de violence conjugale et de fierté francophone. Côté musique, elles livrent un bel univers adulte contemporain, aux nuances multiples faites de pop-rock, reggae et parfois presque orchestrales.

L’un des moments forts de ce nouvel album est Le coin de mon pays. Cet hymne à la fierté s’inspire de l’univers de Gilles Vigneault et rend hommage aux nombreuses familles qui ont bâti l’Ontario français.

Féminisme est un petit reggae sur l’émancipation des femmes. Place à la non-violence est un appel à lutter contre la violence conjugale et à respecter les femmes. La pièce titre, Osons l’espérance, résume bien le propos de l’album : le désir d’un monde meilleur.

Après une carrière de 45 ans bien remplie, Les Sœurs Marleau ont une belle raison de fêter. Osons l’espérance est un bouquet de souhaits universels et de musiques contemporaines. 

Place à la non-violence
Album : Osons l’espérance

Un univers hip-pop qui se démarque

Sur son nouvel album, L’Osstidtour, David Dufour, dit D-Track, livre 16 chansons hors du commun. Poète, slameur, rapeur de l’Outaouais, il ne cesse de peaufiner son art tout en gardant son authenticité et sa sincérité.

Pochette de l’album L’Osstidtour de DTrack

Photo : coyoterecords.ca

Si vous cherchez un hip-hop où le F Word se retrouve tous les trois mots, vous êtes sur la mauvaise piste. D-Track a bâti son art avec un souci du verbe. Il travaille autant ses textes que ses hooks. Ces dernières sont très souvent des échantillonnages des musiques souls, R&B des années 1970 et 1980.

Cela crée des ambiances moins violentes, mais tout aussi puissantes. D-Track s’impose un travail ardu afin d’éviter les rimes faciles et pour offrir une poésie urbaine franche, authentique et très puissante.

Plus de vie, plus de musique dresse bien l’ambiance de l’album. Sur une accroche jazzy à la 1970, L’Osstidtour à condo dresse le désarroi de D-Track sur la perte du cachet de son quartier d’enfance à cause de condos plus modernes.

Chez l’opto est un autre excellent morceau aux influences jazz. Les deux bombes de cet opus sont La peine, un duo extrêmement puissant avec Koriass, et Post-its à soi-même, un texte révélateur sur le moi intérieur, une autoévaluation de sa propre personnalité. 

La peine
Album : Osstidtour

Une maturité qui fait du bien

La jeune autrice-compositrice-interprète Céleste Lévis, originaire de Timmins en Ontario, nous offrait un 4e opus en octobre 2021. Celle qui a su grandir à chaque étape de sa carrière proposait Si tu veux tout savoir, un album infusé d’une maturité évidente.

Pochette de l’album Si tu veux tout savoir de Céleste Lévis

Photo : celestelevis.com

Dès les premières notes de Case départ, c’est évident que nous aurons droit à des mélodies rocks bien peaufinées qui marquent une nouvelle étape dans la musique de Céleste Lévis.

Les textes aussi nous emmènent ailleurs avec un propos plus mature et des émotions à fleur de peau, qui collent bien à la voix de la jeune artiste. Cette voix prend de plus en plus d’assurance et offre des harmonies vocales fort bien contrôlées.

Les pièces maitresses de cet opus sont entre autres C’est flou, un pop solide. Fragile nous dévoile une certaine tendresse, autant dans la mélodie que dans l’interprétation. Jamais seule est une mélodie puissante à la Fleetwood Mac, accompagnée d’une voix en plein contrôle. Il s’agit de l’un des meilleurs textes de l’album grâce à des propos remplis d’émotions.

Le tout se termine en beauté avec À quoi ça sert. Céleste Lévis nous offre un cri d’amour profond sur une guitare blues planante.

Ce 4e opus, empreint de maturité, offre des textes bien peaufinés. Céleste Lévis nous captive avec une voix puissante, accompagnée par des mélodies rocks solides. Elle démontre qu’elle n’est pas seulement là pour quelques succès éphémères.

Jamais seule
Album : Si tu veux tout savoir

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

Douceur fransaskoise

Ce printemps, l’autrice-compositrice-interprète fransaskoise Alexis Normand présentait quelques-unes de ses plus belles chansons francophones. Avec Empreintes, elle nous invitait dans un univers rempli de tendresse et de mélancolie.

Elle a fait appel à deux réalisateurs chevronnés, Marc Pérusse et James Bunton, qui ont bien su comprendre son univers folk auquel ils ont ajouté des nuances de blues et de jazz.

Couverture de l’album Empreintes d’Alexis Normand. 

Photo :alexisnormand.com 

La douceur de la voix d’Alexis livre toute la puissance de chaque mot. Ces chansons nous interpellent sur divers sujets, comme l’exploitation des ressources naturelles, la richesse de la famille et le retour aux sources.

Ce nouvel album comprend une dizaine de chansons, dont quelques petits bijoux savoureux. Il faut  parle de l’exploitation des ressources naturelles avec une force extraordinaire.

Le country folk Tous les matins est vraiment touchant et offre un beau moment de tendresse. L’album se termine par un duo avec Daniel Lavoie Sing me home. Il s’agit de l’une des plus belles chansons de la Fransaskoise. Cette ode au retour aux sources est tout à fait sublime.

Depuis environ une quinzaine d’années, Alexis Normand a forger un parcours musical qui démontre toute sa richesse artistique. Avec Empreintes, elle offre une parcelle de ses plus belles chansons. Elle nous livre un univers folk riche et une voix remplie de tendresse.

Sing me home
Album : Empreintes

Bijou caché en Alberta

Mon plus grand plaisir lorsque je fais des commentaires sur des albums, c’est de découvrir de petits bijoux irrésistibles. Tel est le cas avec Girlz with Guitarz, un trio féminin de la région de Plamondon, en Alberta.

Couverture du EP de Girlz with Guitarz. 

Photo : girlzwithguitarz.ca

Ce trio est composé des sœurs Tracy Gauthier Lord et Karen Gautier Levoir accompagnées de leur tante Michèle Gauthier. Ces multi-instrumentistes aux voix harmonieuses nous captivent avec un univers folk dont la richesse se trouve dans les arrangements musicaux. Les harmonies vocales constituent souvent la force maitresse des chansons proposées.

Girlz with Guitarz débutent leur EP avec l’un des plus beaux textes de l’album, Langage de la poésie. Mon corps dit en est un autre sur le mal d’amour. La pièce maitresse est sans aucun doute Feel Good chanson. Une superbe valse country sur un texte vraiment touchant.

Le trio de musiciennes folk offre un EP éponyme des plus intéressants. Le temps de six chansons, Tracy, Karen et Michèle offrent un univers folk riche et harmonieux.

À lire aussi : Plamondon, tout petit village qui voit grand

Langage de la poésie
Album : EP Girlz with Guitarz

Musique à tous les étages 

Au printemps 2020, Soir de semaine lançait son 3e album, Au gré du vent. Cette formation du Yukon poursuivait ainsi sa démarche artistique avec originalité et diversité.

Couverture de l’album Au gré du vent du groupe yukonnais Soir de semaine. 

Photo : soirdesemaine.com

La diversité des genres musicaux est une force pour Soir de semaine. Rock, pop rock, ska et reggae, de plage en plage, l’auditeur est interpellé par une humeur différente et ne s’ennuie jamais. En revanche, les thèmes ne sont pas dépaysants : la famille, les amis, les fêtes ou encore les voyages.

Champagne m’a beaucoup séduit avec un reggae digne du groupe The Police. La pièce titre, Au gré du vent, également offerte en version instrumentale, se démarque également par une belle musicalité. Tes yeux est un autre excellent texte inspirant, appuyé par une belle trame musicale.

Parlant de trame musicale, je termine mon commentaire par Olivier. Une belle pièce instrumentale avec une progression d’accord qui nous captive de seconde en seconde.

Soir de semaine, ce sont des musiciens talentueux et généreux à l’énergie communicative, qui a offert un merveilleux 3e opus à la musicalité solide et aux textes puissants.

Champagne
Album : Au gré du vent

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

L’art de raconter des histoires

Cette année, les Franco-Manitobains ont eu plus que la fête du Canada à célébrer. Leur amie Hélène Perreault leur a offert un beau cadeau. Le 1er juillet, l’auteure-compositrice-interprète franco-manitobaine a lancé numériquement son deuxième opus; Nuit sans sommeil.

Illustration de l’album Nuit sans sommeil

Photo : musiquelnpmusic.ca

Dès la première plage «Rebelles», elle nous offre un bouquet de mélodies, allant de la chanson française au jazz en passant par le blues et le folk. Des changements de tempos et d’orchestrations remarquables nous démontrent une belle évolution dans l’écriture musicale de la Franco-Manitobaine, originaire de Montréal.

Sa plume n’est pas en reste. Elle nous interpelle sur la fierté, les prétentieux ou encore les amours compliqués. Un moment fort du disque est la reprise de la chanson de Gérard Jean, «Histoire d’antan». Hélène Perrault en fait une version sobre, mais tout de même accrocheuse.

D’autres bonnes pièces de ce disque sont le folk Ici, sur la fierté du territoire, l’excellent air latino «Jet Lag», sur les joies du jetset, ou encore la country folk «Poussière verbale». Cette dernière chanson est l’un des meilleurs textes de l’album et porte sur les ouï-dire et les rien-dire. J’aime bien également l’air pop «Minuit moins toi», la musique est signée Hélène Perreault sur un texte magnifique du grand Claude Gauthier.

L’artiste franco-manitobaine nous offre une belle variété au niveau des arrangements et de magnifiques textes qui nous interpellent sur de nombreux sujets. Bref, il s’agit d’un nouveau rendez-vous réussi pour Hélène Perreault.

Rebelles
Album : Nuit sans sommeil

L’assurance et la maturité au bout des doigts

Quel plaisir de vous présenter le 2e EP d’une artiste exceptionnelle de l’est de l’Ontario. Tout ça pour moi d’Héloïse Yelle est un petit bijou très captivant lancé à la fin mai.

Illustration de l’album  Tout ça pour moi

Photo : heloiseyelle.com

La jeune artiste, qui baigne dans la musique depuis sa tendre enfance, possède déjà un curriculum artistique bien rempli. Avec ce microalbum, elle nous invite dans son univers de soul, de blues et de ballade.

Dès la première plage «Demande-moi pas de faire semblant», nous sommes séduits par des arrangements de cuivres solides, qui mettent en évidence la voix unique de la chanteuse. Héloïse Yelle démontre toute la puissance et la profondeur de sa voix grâce à deux pièces piano-voix remplies de tendresse.  

La jeune interprète franco-ontarienne propose un à-côté plus intimiste avec les chansons «Poète du vent» et «Nos âmes tristes». Ce dernier titre est gage du talent d’une grande chanteuse. L’album se termine sur une version francophone d’un classique du chanteur R&B Bobby Hebb, «Sunny».

Tout ça pour moi est une carte de visite qui met en évidence le grand talent et la profondeur de la voix d’Héloïse Yelle : une voix énergique et puissante par moment et douce et réconfortante à d’autres.

Poète du vent
Album : Tout ça pour moi

Retour sur un Voyage intérieur d’une âme manouche

Christine Tassan que nous avons connue comme guitariste de jazz manouche avec Les Imposteures,, nous a invités en 2020 à un Voyage intérieur avec son quintette. Il s’agissait d’un album avec de nouvelles compositions captivantes.

Illustration de l’album Voyage intérieur

Photo : christinetassan.com

La première chanson, «Going to NYC», dans un univers plus cool jazz, met la table pour cet opus. Ça rappelle les sons de John Coltrane, Dave Brubeck et Thelonious Monk : un univers où se côtoie, énergie, nostalgie et mélancolie.

Nous avons droit à de nombreux échanges entre le piano, le saxophone et la guitare, et chacun y va de merveilleux solos de temps à autre. L’album s’écoute du début jusqu’à la fin sans effort tellement la complicité des cinq musiciens est enivrante.

La pièce la plus forte est «Frisson d’avril», un tango sur fond de mélancolie tout en douceur. «Gypsy Funk» sonne plus moderne et offre un groove des plus irrésistibles. La pièce titre, «Voyage intérieur», est exceptionnelle avec son univers profond, paisible et nostalgique. Dans le même créneau, «Pleine lune» se charge de terminer cet album tout en beauté.

Après nous avoir séduits avec son groupe Les Imposteures et cinq albums de jazz manouche, voilà que Christine Tassan dévoile une nouvelle carte. Voyage intérieur est un incontournable pour ceux qui sont à la recherche d’une oasis à la vie stressante. Tout au long du disque, nous nous laissons promener par des mélodies exceptionnellement bien fignolées.

Gypsy Funk
Album : Voyage intérieur

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

Une âme qui passe l’épreuve du temps

Pour ses vingt ans de carrière solo, Joseph Edgar nous propose un 15e opus éponyme. Au cours de ces deux dernières décennies, l’auteur-compositeur-interprète acadien n’a cessé de nous séduire à chaque album, avec une plume personnelle et un accent chaleureux.

Pochette de l’album Joseph Edgar. Photo : josephedgar.ca 

Pochette de l’album Joseph Edgar. Photo : josephedgar.ca

Cette fois, il nous présente un album aux accents folks modernes, coréalisé avec Benoit Bouchard. Le duo nous offre des orchestrations solides et profondes tout au long du disque.

Les prestations vocales de Joseph Edgar sont justes et attendrissantes, créant parfois des moments d’intimité très touchants.

Certaines chansons me rappellent l’univers d’un certain Chris Isaak. «Année après année», un crescendo qui nous berce tendrement, est suivi de «Hang On (Rester là)», un folk pop accrocheur accompagné de l’un des plus beaux textes de l’album. «Les Golden Hours» est un autre succès potentiel.

Un autre extrait radio à surveiller est «Le Heavy Side of Love». Le texte de l’album nous est livré dans les deux langues officielles du pays. C’est le genre de chanson que l’on écoute en boucle. «Juste comme ça» est une autre pièce qui se démarque bien, avec un excellent texte et une voix en plein contrôle.

Joseph Edgar revient avec des textes magnifiques, chantés d’une voix intense. L’artiste acadien a su prendre le temps nécessaire pour livrer un produit magnifique, qui rend justice à son talent.

«Le Heavy Side Of Love»
Album : Joseph Edgar

Un album plus personnel pour Reney Ray

À la fin du mois d’avril, Reney Ray, autrice-compositrice-interprète de Kapuskasing en Ontario, nous présentait Temporaire, son 4e opus. Cet album, dont elle signe la réalisation, est un effort plus personnel que ses premiers disques.

Pochette de l’album Temporaire

Photo : reneyray.ca

Dès les premières notes d’«Adam», elle nous propose une trame blues, qui trace la ligne narratrice de cette création. L’artiste franco-ontarienne nous livre ses blessures les plus profondes et sa quête de spiritualité et de paix intérieure. Avec «Cobaye» et «J’t’aime pareil», elle nous dévoile son besoin de tendresse et son mal d’amour.

Elle nous surprend également avec la pièce «Backstab», un duo au style inattendu avec l’artiste David Jalbert. La prière «Oh My Lord» est un autre duo surprenant avec Day Vee. Dans la même veine, on trouve également «Powerful».

Reney Ray termine ce 4e album avec la chanson la plus profonde de toute sa carrière. Dans «T’as grandi», l’artiste se livre dans toute sa vulnérabilité et sa fierté. La trame piano-voix rend cette pièce extrêmement intense et saura venir toucher le cœur des parents.

Ce nouvel opus offre des trames profondes et une certaine recherche de spiritualité au niveau des textes. La Franco-Ontarienne réussit à nous interpeler tout au long du disque avec sa voix un peu rauque et réconfortante.

«Cobaye»
Album : Temporaire

Cette voix que l’on n’oublie pas

À l’automne 2019, une belle voix chaude du passé nous revenait, comme celle d’un bon vieux chum. Une voix chaleureuse qui avait bercé notre jeunesse et qui, encore une fois, venait nous séduire avec des mélodies captivantes. Avec Comme un engin, Michel Lalonde, ex-Garolou, revenait nous partager le fruit de ses dernières créations.

Pochette de l’album Comme un engin

Photo : michellalonde.ca

Dès les deux premières pièces, on y retrouve cette chaleur humaine, cette tendresse qui nous berce avec «J’suis fait comme ça» et «Tout ce qu’on avait». Cette dernière est une adaptation francophone d’une chanson de John Prine, qui met en scène la voix de Patricia Richard au niveau des chœurs.

«Marilou» est une autre excellente pièce country folk où la charmante voix de Caroline Bernard vient appuyer celle de Michel Lalonde.

Deux de mes titres préférés me rappellent des univers folks americana classique. «Cap sur l’amour», sur une trame à la Gordon Lightfoot, est le plus beau texte de l’album. Une partition de violon nous dresse une toile de fond nostalgique, alors que le texte respire la tendresse.

«C’est toujours toi» est une autre belle mélodie folk à la Eagles, avec une touche de nostalgie qui vient doucement nous bercer.

Sur cet opus, Michel Lalonde nous offre aussi un p’tit clin d’œil à son époque Garolou avec une belle version de «Joli cœur de rosier».

Je termine par une mention spéciale pour la pièce-titre, «Comme un engin», une road song au texte engagé, très puissante et actuelle.

«Comme un engin»
Album : Comme un engin

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

Vent de douceur de l’Ouest

Pochette de l’album Victoires et défaites.

Photo : paulcournoyer.ca 

Une fraicheur nous vient des Rocheuses, une voix douce, qui nous interpelle comme un rendez-vous doux entre deux vieilles connaissances. Paul Cournoyer, bassiste auteur-compositeur-interprète originaire de Calgary, nous propose un deuxième opus solo : Victoires et défaites.

L’artiste franco-albertain résume l’ensemble de ses expériences pour nous offrir onze plages à saveur folk rock et pop-rock où jeux de guitares et trames de piano séduisent.

Paul Cournoyer a conçu des orchestrations dont la profondeur n’a d’égal que celle des textes proposés. Sa plume nous interpelle sur l’essentiel, la vérité, l’instant présent et l’intégrité.  

Quelques moments forts de l’album comprennent C’est bien comme ça, qui nous rappelle que malgré les détours, l’important c’est nous. Parfois est une superbe ballade sur le futur et l’inconnu. Avec Ça coule dans notre sang, l’artiste visite également l’univers blues pour nous parler de nos racines et de notre destin. La pièce titre Victoires et défaites nous rappelle de son côté qu’il y a toujours un prix à la réussite et à la victoire.

Je vois
Album : Victoires et défaites

Chansons traditionnelles revisitées

Prairie Comeau est la rencontre de deux excellents musiciens, maitres de leurs instruments. Benoit Archambault, jadis de la formation Mes aïeux, et Anique Granger, autrice-compositrice-interprète de la Saskatchewan, nous invitent dans le jardin de notre inconscient avec L’emprunt(e) vol.1.

Ce jardin est celui de la bonne chanson traditionnelle d’avant les années 1960. Un effort de sobriété vient ajouter une certaine profondeur au produit final. Les voix de Benoit Archambault et Anique Granger sont un velours pour l’ouïe, on s’en rend compte dès la première pièce du EP; Tout passe.

Pochette de l’album L’emprunt(e) vol.1

Photo : ciedunord.com

La réussite de ce produit tient aussi aux arrangements proposés. De merveilleux musiciens accompagnent le duo, dont un certain Michel Lalonde de Garolou sur la magnifique chanson Comment veux-tu.

Un autre moment percutant est l’interprétation de la pièce Les amants malheureux. Benoit et Anique nous livrent le texte tout en chuchotement. Ils terminent cet EP en offrant une version à capella tout à fait magistrale de La chère maison.

Un devoir de souvenir, c’est ce que nous offrent Benoit Archambault et Anique Granger. Prairie Comeau effectue un travail de relecture remarquable d’une sélection de chansons traditionnelles inoubliables. L’emprunt(e) vol.1 est un moment de tendresse fort appréciable et on ne peut qu’attendre avec impatience le vol. 2.

La chère maison
Album : L’emprunt(e) vol.1.

Vingt ans de carrière

En guise de célébration pour ses quinze ans de carrière, l’auteur-compositeur-interprète acadien Joseph Edgar nous livrait un album double. 2004-2014 Point picot est une belle sélection des meilleures compositions de cet artiste.

Joseph Edgar est un artiste acadien, auteur de l’album 2004-2014 Point picot

Photo : Wikimedia Commons

Comprenant deux disques, cette compilation nous rappelle de beaux souvenirs. L’artiste offre des classiques revisités, en version live et, bien entendu, quelques inédits. On retrouve ainsi les Jo, Jane et Jim, Espionne russe, Oh ma ma! et Y’a un train qui s’en vient et bien d’autres belles chansons.

Quant aux inédits, il y a Black Jetta Blues, qui offre un jeu de guitare captivant, Entre les craques (le calepin d’un flâneur partie II)), l’un des excellents textes de l’album, Mille requiems, une belle trame folk intéressante, et Loin, loin, loin, un petit texte vraiment touchant.

Joseph Edgar, ex-membre de la formation acadienne Zéro Degré Celsius, voulait sortir un album solo. S’attendait-il à une carrière aussi fascinante? Peu importe, l’important est qu’il est l’un des artistes acadiens les plus importants de sa génération.

2004-2014 Point picot est un point d’arrêt pour regarder le chemin parcouru afin de mieux continuer. Pour ses 20 ans de carrière, Joseph Edgar vient tout juste de nous offrir un nouvel album original, que l’on analysera sous peu.

Espionne russe
Album : 2004-2014 Point picot