le Dimanche 6 juillet 2025

La Cour suprême se penche sur les causes portées en appel « de plein droit », comme les affaires criminelles entendues par une autre magistrature qui n’a pas rendu un jugement unanime.

Le plus haut tribunal du pays se penche sur d’autres causes, en provenance d’autres Cours d’appel au pays — comme celles des provinces et des territoires. Les dossiers sont soumis, et un panel de juges détermine lesquels feront avancer le droit ou posent une question d’intérêt public. Ceux-ci — généralement moins de 10 % des dossiers soumis — passeront à la prochaine étape.

Les jugements

La Cour suprême reçoit ses dossiers d’autres cours d’appel du Canada, comme celles des provinces et des territoires. 

À titre de plus haut tribunal du pays, elle doit accueillir les causes portées en appel « de plein droit », pour lesquelles une autre cour n’a pas rendu un jugement unanime.

Dans les autres cas, la demande est étudiée par un panel de juges. La Cour suprême ne retient que les dossiers qui feront avancer le droit ou qui posent une question d’intérêt public. Résultat : moins de 10 % de ces demandes sont retenues. 

Les jugements peuvent être rendus de deux façons : à l’audience ou après délibéré.

Les juges

Depuis 1875, 92 juges ont siégé à la Cour suprême. Ils et elles ont rendu plus de 11 735 décisions

La Cour suprême compte neuf juges.

Lorsque l’ensemble des juges s’entend sur les motifs d’un jugement, on le qualifie d’unanime. Cependant, lorsqu’il y a désaccord, le jugement est rendu « avec dissidence ». L’objet du désaccord est alors expliqué dans la décision.

Afin d’assurer une bonne représentation, trois juges doivent obligatoirement venir du Québec, soit de la tradition du droit civil hérité de la France. Les six autres juges viennent de la tradition de la common law britannique.

Outre les trois juges du Québec, la Cour en compte actuellement trois de l’Ontario (dont la Franco-Ontarienne et Abénakise Michelle O’Bonsawin), deux de l’Alberta (dont la Franco-Albertaine Mary Moreau) et un de Terre-Neuve-et-Labrador.

Depuis 1875, le mandat d’un ou d’une juge dure en moyenne 12 ans.

Cette initiative de Réseau.Presse et de l’Alliance des radios communautaires du Canada est possible grâce au soutien financier du Programme des célébrations et commémorations de Patrimoine canadien du gouvernement du Canada. 

Dans le cadre de ce grand événement festif, les deux coporte-paroles des Rendez-vous de la Francophonie, l’humoriste Garihanna Jean-Louis et le musicien Guyaume Boulianne, mènent chacun une tournée pancanadienne, en humour et en musique.

Guyaume Boulianne présente le spectacle «Trécarré en musique» avec ses camarades musiciens Michael Saulnier et Jacques Blinn. Avant la musique, le documentaire «Trécarré : à la source du son de la Baie Sainte-Marie» de Natalie Robichaud fera découvrir les racines musicales de cette région de la Nouvelle-Écosse. Le programme d’un peu plus de 90 minutes se termine sur une discussion sur l’histoire et les richesses de la langue.

Dans le cadre de la 12e tournée d’humour des RVF, Garihanna Jean-Louis partagera la scène avec des humoristes comme l’Acadien Ryan Doucette, Jérémie Larouche et Évelyne Roy-Molgat. Ensemble, ils riront de la langue, de la culture, «toujours dans la bienveillance et dans l’amour», garantit-elle.

Quand vous voulez, comme vous voulez : des films et des jeux

La programmation complète est affichée sur le site des Rendez-vous de la Francophonie, au RVF.ca. C’est l’occasion de voir quels programmes sont prévus par les partenaires dans votre région, et il y en a beaucoup.

«En tant qu’organisateur des RVF, le Réseau dialogue est toujours très fier de proposer une variété d’activités et de concours soulignant la richesse de la culture francophone et la vitalité des communautés», indique Ajà Besler, la direction générale du Réseau dialogue.

Sachez que nul besoin de sortir pour célébrer — même si c’est fortement encouragé! Par exemple, pour une 20e année, l’Office national du film se joint aux RVF et met de l’avant une programmation spéciale. Six programmes de films, courts et longs, documentaires et d’animation, sont offerts sur le site de l’ONF, pour qu’un plus grand nombre possible puisse en profiter. Au pays, une centaine de projections de ces programmes de l’ONF sont prévues dans des espaces publics.  

Des concours

Le Portail linguistique du Canada propose des jeux et des concours, comme «Comme on dit par chez nous», présenté avec Air Canada. C’est l’occasion de tester vos connaissances des expressions linguistiques d’ici — avec humour! En jouant, vous pourriez gagner un voyage pour deux personnes dans une destination de votre choix au Canada, avec 2000 $ d’argent de poche.

Un concours dans un concours? «Il était un poème» vous permet découvrir des

poètes pleins, pleines de talent et de voter pour votre préféré-e! Vous pourriez aussi gagner un prix.

À l’école

L’école est un endroit tout indiqué pour célébrer la Francophonie. Sur le site RVF.ca, le personnel enseignant trouvera des ressources pédagogiques, les concours, des suggestions de films, de musique et de balados!

Le «Théâtre-o-phone» est une nouvelle collaboration scolaire pour les RVF : trois différentes pièces audio sont offertes gratuitement — moyennant une inscription — le temps des Rendez-vous, avec des guides pédagogiques et de vidéos explicatives.

Pour les élèves du secondaire, «Neurones francophones» présente de courts jeux-questionnaires qui s’articulent autour de quatre matières : sciences, musique, français et histoire-géographie. «Mots en couleurs» est destiné aux élèves du primaire et de l’élémentaire. Ces activités pédagogiques permettent de s’amuser… et d’apprendre! 

20 mars : Journée internationale de la Francophonie

Le 20 mars, d’autres activités spéciales sont prévues. C’est la Journée internationale de la Francophonie — créée en 1988 par l’Organisation internationale de la Francophonie,

En Alberta, le spectacle d’humour des RVF est présenté. À Ottawa, de 13 h 30 à 15 h, un spectacle est présenté et diffusé en direct, via un lien Zoom, disponible sur le site RVF.ca. YAO anime le spectacle. Le groupe du Trécarré avec Guyaume Boulianne, Senaya et Andrina Turenne se joignent à lui.

Le saviez-vous?

En 1998, des personnalités comme l’autrice Antonine Maillet, le politicien Paul Gérin-Lajoie et le juge Antonio Lamer, soucieux de promouvoir la langue française et ses multiples expressions, lancent des Rendez-vous de la Francophonie.

Depuis, tout au long du mois de mars, une programmation anime la francophonie canadienne dans son ensemble.

S’afficher

Envie de porter les couleurs des Rendez-vous de la Francophonie? Visitez la boutique en ligne. On y trouve des fanions de la francophonie canadienne, des sacs de coton mettant de l’avant des expressions tout franco (du genre : «worry pas ta brain!), des bracelets de silicone, des ballons, des tatouages. C’est l’occasion de s’afficher.

Tout au long du mois de mars, il est possible de suivre les activités tenues partout au pays, du nord au sud et d’est en ouest, sur Instagram, grâce au mot-clic #RVF, et sur Facebook.

La programmation complète des Rendez-vous de la Francophonie est affichée sur le site RVF.ca.

Garihanna Jean-Louis et Guyaume Boulianne ont hâte au mois de mars. Pour les deux porte-paroles des Rendez-vous de la Francophonie 2025 (RVF), ce sera un mois occupé, exaltant, enrichissant.

Justement, le Réseau dialogue, qui assure l’organisation des RVF depuis 2005, rappelle que la francophonie est en constante évolution, nourrie par les rencontres et les découvertes. C’est «une occasion de célébrer la culture francophone dans toute sa richesse, de la vivre, de l’enrichir et de la diffuser.»

Guyaume Boulianne le fait par la musique, Garihanna Jean-Louis par l’humour. «Je trouve que c’est une des meilleures façons d’apprivoiser une culture, de connaitre une culture et d’échanger, aussi», croit-elle.

Des racines profondément ancrées

Né au Manitoba, Guyaume il a grandi en Nouvelle-Écosse et habite présentement à Ottawa. Il aime la langue, il en aime la diversité — et il en aime les racines.

Il explique : «Pourquoi est-ce qu’on a un accent? Pourquoi est-ce que les gens de Nouvelle-Écosse ont spécifiquement cet accent-là? Pourquoi est-ce qu’on se fait répondre en anglais quand on va au Québec?» Enfant, déjà, il se posait ces questions.

Guyaume avoue qu’aujourd’hui, il préfère parler des racines de la langue plutôt que de sécurité linguistique. «Moi, je trouve que l’universalité qui est intéressante, c’est la raison pour laquelle on parle comme on parle.»

Il abordera le sujet lors d’ateliers qu’il offrira dans les écoles à l’occasion des RVF, notamment en Nouvelle-Écosse. «Je veux faire comprendre aux jeunes que ça ne fait pas de différence, leur accent, ou d’où ce qu’ils viennent. Il y a une histoire derrière, et tout le monde a une histoire.»

L’art de la bouture

Garihanna a aussi vécu un questionnement identitaire. Elle a partagé sa vie d’enfant entre un foyer culturellement haïtien tout en gravitant dans l’univers québécois. «Pendant longtemps, j’ai pensé que j’étais une apatride parce que c’était difficile pour moi de m’identifier à une culture seulement.»

Elle a longtemps pensé qu’elle était seule dans cette situation. Elle a fini par trouver sa place lorsqu’elle a rencontré des gens qui partageaient une réalité semblable. Aujourd’hui, elle se définit comme «un beau mélange de ces deux cultures-là».

Elle précise : «Je suis une femme à saveur mangue érable» : la mangue, pour Haïti, l’érable, pour le Canada.

«C’est ce qui fait notre beauté, en fait, c’est ce qui fait notre unicité.»

Un peu d’engrais?

«Quand une plante a des bonnes racines, ça veut dire que c’est une plante qui est en santé», poursuit Guyaume Boulianne. «La santé de la francophonie au Canada est bonne, à mon avis.»

Garihanna Jean-Louis estime qu’il faut tout simplement se donner la permission de s’exprimer.

«Parce qu’à la base, c’est ce qu’on veut. On veut pouvoir se comprendre, on veut pouvoir échanger pour mieux vivre ensemble. Pour moi, c’est la base de tout.»

Elle a travaillé beaucoup avec des personnes nouvellement arrivées au Canada. Elle s’est rendu compte qu’avant même de pouvoir prendre racine dans un pays, il faut surmonter les barrières de la langue.

«C’est bizarre, les gens ont moins peur de l’anglais qu’ils ont peur du français. Parce qu’on trouve toujours qu’on est rigide dans la langue. C’est facile de se sentir méprisé, pour quelqu’un qui ne maitrise pas la langue.»

Elle ne parle pas ici de l’insécurité linguistique qu’on attribue souvent aux jeunes francophones vivant en situation minoritaire au Canada, bien que les discours peuvent se rejoindre. Pour les personnes nouvellement arrivées au pays, «la phobie, c’est pas de s’adapter au pays en tant que tel. C’est de ne pas comprendre, en fait», a-t-elle constaté.

«C’est des barrières qu’il faut démolir, carrément», poursuit-elle.

Un terreau fertile

«La santé de la francophonie au Canada est bonne, à mon avis», reprend Guyaume.

Il reconnait que certaines personnes voient le verre à moitié vide et qui s’inquiètent que la francophonie canadienne en situation minoritaire est menacée. «C’est toutes des émotions qui sont valides», philosophe-t-il.

Lui voit le verre plein, et croit que les RVF sont l’occasion par excellence de le souligner. «Un grand Rendez-vous de la Francophonie, c’est justement une célébration de où est-ce qu’on est rendus, puis le fait qu’on est tous ensemble, et puis qu’on a les moyens de célébrer, ça atteste qu’on fait de quoi de bien.»

Nombreuses seront les occasions de célébrer. Il y a des tournées animées par Guyaume Boulianne et Garihanna Jean-Louis. L’Office national du film propose aussi six programmes de courts métrages, à visionner gratuitement en salle ou en ligne, afin de découvrir la francophonie canadienne. Des concours sont aussi organisés. Le Portail linguistique du Canada prévoit des jeux de langue.

La programmation complète des Rendez-vous de la Francophonie est affichée sur le site RVF.ca.

Il est possible de suivre les activités tenues partout au pays, du nord au sud et d’est en ouest, sur Instagram, grâce au mot-clic #RVFranco, et sur Facebook.

À l’occasion du Mois de la Francophonie (donc d’ici le 31 mars), les organismes de langue française pourront soumettre leur projet au promoteur de la bourse, Unis TV. 

Pour mettre la main sur les 10 000 $, il faudra répondre à une dizaine de questions. Par exemple : De quelle façon le projet fera rayonner la culture et la langue française? Parce que c’est l’objectif principal de la bourse «Enrichir nos communautés».

«On recherche des projets qui vont mettre de l’avant la culture francophone, qui vont rendre plus accessible la langue française et en faire la promotion», indique David Charbonneau, agent aux partenariats chez Unis TV. C’est lui qui pilote le projet «Enrichir nos communautés» pour le diffuseur.

La bourse «Enrichir nos communautés» correspond en tous points à la mission que se donne Unis TV, soit de s’impliquer dans la francophonie canadienne et de faire une différence dans son environnement. 

Déjà, Unis TV propose à la francophonie canadienne — en Acadie, en Ontario, dans l’Ouest et dans le Nord — diverses formations ainsi qu’une pépinière de talents pour les séries format court, soit le programme Créateurs en série. 

«Par son contenu francophone pancanadien, Unis TV met en valeur la richesse de la diversité de la francophonie au Canada», renchérit la présidente par intérim de TV5 et d’Unis TV, Marie-Claude Caron. 

La présidente par intérim de TV5 et d’Unis TV, Marie-Claude Caron

Photo : Courtoisie

Conseils

Le formulaire peut être rempli rapidement, estime David Charbonneau, mais il conseille de fournir le plus d’informations possible au comité. «Plus on a d’informations, plus on va se faire une meilleure tête sur les possibles retombées», affirme-t-il.

En 2024, par exemple, la semaine de la Francophonie de Toronto a obtenu la bourse. L’événement existant depuis 2001, le dossier pouvait s’appuyer sur des données, note l’agent aux partenariats. 

Critères de sélection

En avril, une équipe d’Unis TV aura la chance d’étudier les projets soumis pour obtenir les 10 000 $ associés à la bourse «Enrichir nos communautés», mais aussi la difficile tâche de sélectionner la proposition gagnante. 

Pour la choisir, le comité de sélection analysera les objectifs du projet, comment il favorisera l’épanouissement des communautés francophones, le nombre de personnes qu’il rejoindra de même qu’un aperçu du budget. 

L’élément qui a le plus de poids, indique David Charbonneau, ce sont les retombées sur la francophonie. «Des fois, on hésite entre quelques projets», explique-t-il, admettant que le processus peut être crève-cœur.

Ce n’est pas nécessairement la quantité de gens qui vont être directement touchés par le projet. Des fois, c’est juste que le projet retenu est plus porteur pour la francophonie.

— David Charbonneau

Par exemple, en 2021, le média numérique Francopresse a produit la série de balados «Contact établi», qui créait un pont entre des personnalités francophones de différentes provinces. Les épisodes sont encore disponibles en ligne. 

Tous projets acceptés

L’analyse des dossiers permet de voir des projets de tout acabit. De beaux projets, souligne David Charbonneau. Par exemple, il a déjà vu un projet d’achat d’un bâtiment patrimonial pour loger un centre communautaire. 

En ce mois de la Francophonie, la présidente par intérim de TV5 et d’Unis TV, Marie-Claude Caron, invite les organismes à proposer un projet. «Par l’entremise de la bourse “Enrichir nos communautés”, Unis TV désire financer des projets dont l’objectif est de mettre en lumière la langue française en milieu minoritaire et assurer sa pérennité à travers la culture, mais aussi le milieu communautaire.» 

La période de mise en candidature se déroule du 1er au 31 mars 2025. L’initiative gagnante sera annoncée à la mi-avril 2025.

«Ce qui m’attire le plus, c’est d’aller à la rencontre de toutes ces francophonies», affirme Guyaume Boulianne. Ce musicien extraverti aime beaucoup rencontrer le monde. «Ça me donne beaucoup d’énergie.» L’humoriste Garihanna a aussi hâte de constater la diversité au sein de ces francophonies canadiennes. Elle confesse : «Je ne me suis jamais imaginé qu’en dehors de Montréal, il y aurait toute cette diversité culturelle là.» Elle veut connaitre la réalité de ces francophones qui vivent dans un univers fortement anglophone.

En janvier, lors des premières activités des Rendez-vous de la Francophonie, elle a découvert Halifax et Moncton. Bientôt, elle verra Vancouver et Calgary, deux villes dont elle a abondamment entendu parler. «On me dit que c’est magnifique. On me dit aussi qu’il y a beaucoup de diversité culturelle et ethnique dans ces régions-là.»

«J’ai hâte de voir les gens, j’ai hâte de voir du pays aussi.»

Se nourrir de ses racines

Les deux porte-paroles ont des racines bien différentes. Guyaume est un Acadien né au Manitoba, elle est Québécoise d’origine haïtienne. Les deux sont grandement attachés à leurs racines.

«Mon père est Franco-Manitobain», confie Guyaume Boulianne. Il s’identifie comme Acadien, mais ce n’est pas un obstacle à son attachement à la communauté de Saint-Boniface. «J’ai encore des amis là-bas. [J’ai] une petite mission de vie : chaque fois que je rencontre quelqu’un du Manitoba, je veux être un ami», dit-il en souriant.

Garihanna, elle, a grandi dans une famille haïtienne qui cultive ses racines — à la table comme dans la musique qu’elle écoute. «En même temps, je suis née au Québec. J’ai grandi dans le système québécois; ma façon de fonctionner, c’est une façon québécoise», explique-t-elle.

Guyaume Boulianne est un Acadien né au Manitoba.

Les RVF, une occasion en or

Les deux porte-paroles célèbrent leurs racines tous les jours, mais le faire dans le cadre des Rendez-vous de la Francophonie à titre de porte-parole, c’est un cadeau sur un plateau d’argent.

Guyaume a accueilli la proposition comme s’il recevait un prix. «C’est pas pour ça que je fais ce que je fais. Mais c’est bien de se faire reconnaitre! Et je crois que c’est plus ça qui me rend heureux.» Et d’ajouter : «Je suis un Acadien de la Nouvelle-Écosse. C’est rare qu’on prend le centre stage.» Garihanna, pour sa part, y voit une belle opportunité : «Ça s’aligne avec mes valeurs à moi, ma mission de vie d’avoir cet équilibre-là, et de célébrer mes deux cultures!»

Comme Guyaume et Garihanna s’intéressent aussi à la Francophonie des autres, ils entendent bien en profiter pour échanger avec les participantes et les participants que le duo croisera, chemin faisant.

Tout au long du mois de mars, une programmation anime la francophonie canadienne dans son ensemble. Les deux porte-paroles y participeront pleinement : elle en humour, lui en musique.

La 12e tournée d’humour

La tournée d’humour des RVF — qui en est à sa 12e édition — a déjà commencé avec des représentations en Atlantique en janvier.

Elle se poursuivra tout au long de mars. Garihanna Jean-Louis partagera la scène avec des gens qui viennent d’endroits différents à travers le Canada et qui ont un rapport différent au français. Il y aura l’Acadien Ryan Doucette (de la Nouvelle-Écosse), Jérémie Larouche et parfois des humoristes invitées, comme les Franco-Ontariennes Evelyne Roy-Molgat dans l’Ouest et Chloé Thériault en Ontario. Avec ces collègues humoristes, elle souhaite «rire de la langue, rire de nous, et rire de la culture aussi de façon générale, toujours dans la bienveillance et dans l’amour», philosophe-t-elle.

Date lieu partenaire
27 février Musée canadien de l’histoire, Gatineau (Qc) Réseau dialogue
1er mars Place des Arts, Sudbury (Ont.) Carrefour francophone de Sudbury
6 mars Snow King Festival, Yellowknife (T.N.-O) ACFY
8 mars Théâtre du Centre Scolaire et Communautaire des Grands-Vents,
St. John’s (T.-N.-L.)
FFTNL
14 mars Alix Goolden Hall, Victoria (C.-B.) Société Francophone de Victoria
15 mars Norman Rothstein Theater, Vancouver (C.-B.) Centre culturel francophone de Vancouver
20 mars Théâtre de la Cité des Rocheuses, Calgary (Alb.) Cité des Rocheuses
21 mars Muttart Theater (Bibliothèque Stanley A Milner), Edmonton (Alb.) ACFA Edmonton
22 mars Danielle’s Restaurant, Red Deer (Alb.) ACFA régionale de Red Deer
26 mars À confirmer, Cornwall (Ont.) ACFO SDG
27 mars Théâtre Restigouche, Campbellton (N.-B.) Société culturelle de la Baie des Chaleurs
29 mars CCFM, Winnipeg (Man.) CCFM

La tournée musicale

Pour sa part, Guyaume Boulianne voyagera pour présenter le spectacle «Trécarré en musique». Le programme comporte la projection du documentaire «Trécarré : à la source du son de la Baie Sainte-Marie» de Natalie Robichaud et un court spectacle avec ses camarades musiciens Michael Saulnier et Jacques Blinn. «On fait un peu comme un survol de l’historique musical du Trécarré et de la Baie–Sainte-Marie», explique-t-il. Le programme d’un peu plus de 90 minutes se termine avec une discussion, à laquelle Guyaume a hâte.

Un espace de partage

Ces échanges nourriront leurs racines, disent les deux porte-paroles. «Je pense que c’est ça qui me fait le plus plaisir, estime Garihanna. Pour elle comme pour Guyaume, la scène est un espace de partage : «Je veux toujours prendre le temps de parler aux gens. Et pour moi c’est la cerise sur le gâteau», dit-elle.

Échanger, c’est bien, mais les RVF, c’est aussi une célébration. Le Réseau dialogue, qui organise des Rendez-vous de la Francophonie depuis 2005, vise à donner cette occasion de «célébrer, sensibiliser et promouvoir la francophonie auprès de tous les Canadiens et les Canadiennes.»

«Un grand Rendez-vous de la Francophonie, c’est justement la célébration de où est-ce qu’on est rendus, puis comment est-ce qu’on s’est rendus là, estime Guyaume Boulianne. Le fait qu’on est tous ensemble, qu’on a les moyens de célébrer, ça atteste qu’on fait de quoi de bien.»

Les francophones et les francophiles du Canada pourront le faire tout au long du mois de mars.

La programmation complète des Rendez-vous de la Francophonie est affichée sur le site RVF.ca.

Il est possible aussi de suivre les activités tenues partout au pays, du nord au sud et d’est en ouest, sur Instagram, grâce au mot-clic #RVFranco, et sur Facebook.

Ces ressources gratuites s’adressent autant aux membres du grand public qui souhaitent améliorer leur connaissance de la langue qu’aux personnes qui travaillent dans les domaines de la traduction, de la révision, de la terminologie ou de l’enseignement.

Des ressources fiables et de qualité

Le site Web du Portail linguistique du Canada comprend deux principaux outils de recherche :

Le Navigateur linguistique est un moteur de recherche qui fournit des solutions aux difficultés de langue. Il vous aidera à trouver des réponses à vos questions sur la grammaire, la ponctuation, les règles d’écriture, le vocabulaire et la communication claire et efficace.

TERMIUM Plus®, la banque de données terminologiques du gouvernement du Canada, vous donne accès à des millions de termes en anglais, en français et dans d’autres langues. Vous y trouverez entre autres des abréviations, des définitions et des exemples d’utilisation dans un large éventail de domaines spécialisés.

Le produit vedette des dernières années

L’inclusion vous tient à cœur? Consultez les Lignes directrices et ressources sur l’écriture inclusive. Elles ont été conçues pour aider la fonction publique fédérale et toute autre institution intéressée à adopter une écriture sans discrimination, qu’elle soit liée au genre, à la race, à l’origine ethnique, à la capacité ou à tout autre facteur identitaire. Plus de 35 organisations fédérales, provinciales et territoriales ont contribué à l’élaboration des Lignes directrices, y compris des réseaux d’équité, de diversité et d’inclusion, et des spécialistes de la langue et des communications.

Ne manquez pas de jeter un coup d’œil à l’Inclusionnaire, un outil pratique qui présente des mots genrés et des pistes de solutions inclusives pour les remplacer.

Une panoplie de rubriques pour apprendre

Une précieuse collection de ressources linguistiques canadiennes! Il s’agit d’un répertoire de ressources gratuites provenant notamment de collèges, d’universités, d’associations professionnelles et d’organismes œuvrant dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Vous y trouverez entre autres des lexiques et des dictionnaires ainsi que de nombreuses ressources sur les langues autochtones, l’apprentissage des langues et les langues des signes.

Le blogue Nos langues, une belle tribune pour vous exprimer sur la langue! Le blogue propose régulièrement de nouveaux billets destinés à toutes les personnes qui s’intéressent à la langue. Les billets sont rédigés autant par des spécialistes de la langue que par des personnes qui ont de l’intérêt pour le sujet. Vous aimeriez écrire dans le blogue Nos langues? Commencez par remplir le formulaire en ligne et l’équipe du Portail linguistique vous accompagnera jusqu’à l’éventuelle publication de votre billet.

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Elle ne sera pas non plus en voiture, ni en train, ni en avion d’ailleurs. Nous nous entendons que nous allons préserver notre environnement et réduire nos émissions de gaz tout en allumant nos neurones et étancher notre curiosité.

C’est une balade spéciale, originale et unique qui vous imbibera les yeux d’une essence d’aventure, enveloppera votre esprit d’un sentiment de soif pour des lieux, peut-être lointains, souvent magiques mais certainement réels. Des lieux qui laisseraient une empreinte sur vous à la fois culturelle, littéraire et historique. 

Nous allons nous balader sur le site de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français qui vient de lancer sa plateforme intitulée «Ontario terre des mots». Ontarioterredemots.ca en son genre va nous permettre d’accomplir cette balade fantastique parmi les mots et les lieux.

Nous commencerons notre périple en allant visiter un endroit à la fois spirituel et symbolique qui se trouve dans un quartier spécial de la ville. En effet, nous irons rendre visite à la Grotte Notre-Dame-de-Lourdes située au quartier Vanier et plus précisément sur la rue Montfort. Que de mots et que de symboles. Vanier et Montfort. Le noyau de la francophonie d’Ottawa mais aussi d’une partie de la francophonie ontarienne. Rappelez-vous la mobilisation, à la fin des années 1990, de plusieurs Ottaviens et Franco-Ontariens pour sauvegarder l’Hôpital Montfort : eh bien justement c’est sur la rue Montfort que je vais vous prendre. L’auteure Madeleine Stratford y va, elle aussi, pour se recueillir à la Grotte Notre-Dame-de-Lourdes et allumer un cierge et le regarder bruler «Non pas que je sois si croyante ou superstitieuse, mais j’ai toujours aimé voir une flamme brûler, espérant qu’un vœu s’exauce.»

Et que de vœux se sont exaucés avec beaucoup de labeur et de sueur pour que l’Hôpital Montfort reste en place et en vie.

Et si cela vous tente, pas très loin de Vanier au bord du quartier Rideau, vous pouvez aller faire un tour du côté du Cinéma Bytown. Un cinéma qui porte l’ancien nom de la ville d’Ottawa et que l’homme militaire, le Colonel By, a fondé en construisant le canal Rideau qui relie la rivière des Outaouais jusqu’à la ville de Kingston et de là au lac Ontario. Dans ce cinéma qui est resté un peu suspendu en dehors du temps, vous pouvez regarder un film, nouveau ou ancien, car les deux se côtoient dans cet endroit magique, comme l’écrit si bien Jean-Louis Trudel : «Les programmes se diversifient, les toilettes vieillissent et le public mûrit, mais vous pouvez encore monter à l’étage pour regarder un film du balcon — expérience devenue historique.» 

Avec un mouvement furtif de notre souris attachée à notre ordinateur et si le soleil le permet, je vous emmènerai à la plage. Car bien qu’Ottawa reste l’une des capitales les plus froides au monde, eh bien pendant les étés, la chaleur torride ne peut être décollée de notre peau que par un petit bain, pas dans la mer bleue mais plutôt dans la rivière des Outaouais dont la gorge s’agrandit par endroits pour devenir comme un grand lac avec des rives sablonneuses. C’est là où on découvre la plage Britannia qui fut un temps le lieu de villégiature de prédilection des familles des plus aisées de la ville. Margaret Michèle Cook nous la décrit avec ces mots : «À la plage Britannia, un bain opulent de lumière. La lente détente du corps par une journée estivale sous un parasol primé.»

Et finalement, la dernière escale de notre balade nous entrainera au centre d’Ottawa et plus spécifiquement à la tour de la Paix. Un monument emblématique que l’auteure Nadine Piret a qualifié de «ma croisée des chemins» et que vous ne risquez pas de manquer. Un pilier érigé vers le ciel et entouré de bâtisses parlementaires aux toits en cuivre encore roux par endroits mais qui bientôt verdiront avec les années et les intempéries. Cette tour dont la vie reste contrôlée par le mouvement saccadé de l’horloge et faiblement illuminée par la lumière qui parvient de la flamme éternelle. Cette flamme qui ne s’éteint jamais qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il fasse soleil. Le symbole de la vigilance sur nos toits et nos droits.

Lisa LeBlanc, Andrina Turenne, Étienne Fletcher, Beau Nectar, Jérémie Brémault, YAO étaient sur la scène du Centre Culturel Franco-Manitobain (CCFM), le 22 juin à Winnipeg.

Pour Marie-Clo, autrice-compositrice-interprète franco-ontarienne établie en Colombie-Britannique, Tout pour la musique montre à quel point les artistes de la francophonie canadienne sont talentueux. «On a des offres tellement uniques et tellement différentes», dit-elle.

La Fransaskoise Éemi et la Franco-Ontarienne Marie-Clo forment le duo Beau Nectar. 

Photo : Productions Rivard

Unir la francophonie ad mare usque ad mare

Avec Tout pour la musique, le chanteur et poète-slammeur franco-ontarien YAO voit l’occasion de se découvrir, «ad mare usque ad mare», d’un océan à l’autre.

La diffusion en ligne du spectacle participe à un effort de reconnaissance entre les différentes francophonies canadiennes et contribue à bâtir des ponts, croit-il. Par exemple, elle permet aux gens de l’Ontario de découvrir Andrina Turenne et aux gens de l’Ouest de découvrir Beau Nectar.

YAO qualifie cette chance de magnifique. «Je pense que tout le monde [qui regarde le show] va se rappeler que notre francophonie, elle est bel et bien là, elle est partout et elle rayonne», dit-il. Au Yukon, en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique, il y a des gens qui chantent en français. Quelle chance qu’ils puissent s’entendre!»

La Franco-Manitobaine Andrina Turenne. 

Photo : Productions Rivard

Une occasion de travailler ensemble

Plusieurs des artistes qui sont montés sur la scène du CCFM le 22 juin en étaient à leur deuxième ou troisième participation à Tout pour la musique.

C’est le cas de YAO : «C’est des initiatives qui m’énergisent et qui donnent à tous et à toutes une certaine force et, en fait, un souffle dans notre francophonie.»

Au-delà du public, les artistes se sont découverts les uns les autres, ont travaillé ensemble et ont vécu des moments forts sur scène.

Le poète-slammeur franco-ontarien YAO. 

Photo : Productions Rivard

«Souvent, on se voit de passage – au Festival Voyageur, aux Trille Or, par exemple», explique la Fransaskoise Éemi, la complice de Marie-Clo dans le duo Beau Nectar. Elles ont pris un réel plaisir à partager la scène avec d’autres musiciens et musiciennes. «On connaît le répertoire des artistes de la francophonie, mais c’est différent d’en faire les backs», constate Marie-Clo, qui a ainsi mieux connu la musique d’Étienne Fletcher. Elle salue aussi la chance qu’elle a eue de partager la scène avec Lisa LeBlanc, qui fait maintenant des tournées internationales en assumant complètement son identité acadienne.

Le Fransaskois Étienne Fletcher. 

Photo : Productions Rivard

Au cours du spectacle en webdiffusion, le public peut aussi mieux les connaître grâce à des capsules qui ponctuent le spectacle. C’est la magie du Web!

«Ce qui est beau aussi, ajoute YAO, c’est que tu découvres la personne derrière, l’âme de l’artiste.»

Au cours de Tout pour la musique, YAO et le duo Beau Nectar ont eu un coup de cœur pour Jérémie & The Delicious Hounds de Saint-Boniface. En fin de show, tous les artistes se sont rassemblés sur scène pour interpréter une de ses chansons : «On s’est partagé sa chanson, puis on se l’est approprié un peu à notre sauce», décrit YAO. «Elle est vraiment puissante», renchérit Marie-Clo. Et catchy, ajoute YAO : «on la chantait encore, le lendemain!».

«C’est ça que c’est, ce spectacle-là», conclut Marie-Clo.

Jérémie Brémeault vient de Saint-Boniface, où a eu lieu le spectacle Tout pour la musique, en 2024. 

Photo : Productions Rivard

D’autres façons de découvrir les artistes

Le spectacle Tout pour la musique est promu par la Fondation dialogue (aussi derrière les Rendez-Vous de la francophonie) depuis 2019.

Cette année, les Productions Rivard l’ont tourné en vue d’une diffusion par sa plateforme, WebOuest. Le spectacle en ligne est bonifié par des entrevues avec les artistes.

WebOuest présente aussi le balado «Dans les coulisses» dans lequel chaque artiste qui a participé à l’édition 2024 de Tout pour la musique présente le processus créatif derrière l’une de ses chansons. De plus, «Dans les coulisses» propose des rencontres avec l’ensemble des artistes invitéEs aux éditions 2023 et 2022.

À visionner sur webouest.ca.

L’entreprise s’est promis de soutenir la relève, et ça fonctionne : «On est une des portes d’entrée dans l’industrie», affirment Véronique Légaré et Guy Boutin, tous deux chefs des contenus chez TV5 et Unis TV. 

Au fil des années, par le biais de Créateurs en série, Véronique Légaré a vu des projets formidables voir le jour.

Qu’est-ce que le programme Créateurs en série?

Chaque année, six personnes profitent du programme Créateurs en série – et le moment est venu de poser sa candidature en vue de l’édition 2025. 

Cette initiative (elle en est à sa 17e édition et s’appelait autrefois le Fonds TV5) appuie financièrement et professionnellement six projets de séries courtes, des fictions ou des documentaires d’au moins six épisodes de 6 à 12 minutes. 

Créateurs en série s’adresse tant aux néophytes qu’aux professionnels désireux d’ouvrir de nouvelles portes, précise la cheffe de contenu de Créateurs en série, Véronique Légaré : aux scénaristes d’expérience qui ont envie d’une première réalisation ou d’un créateur qui souhaite passer du documentaire à la fiction, par exemple. 

La série La Terre appelle Mathilde a été retenue au prestigieux festival Canneseries en 2024.

Créateurs en série est-il un programme pancanadien?

Le programme Créateurs en série vise les projets de langue française de partout au Canada. 

Chaque année, les deux projets en développement retenus proviennent obligatoirement de la zone «hors Québec». «Ces projets ont animé le jury, mais ils n’étaient pas tout à fait mûrs pour la production», souligne la responsable du programme. Ils pourraient être produits l’année suivante, comme c’est le cas du drame Cache-cache de la Torontoise Magalie de Genova – développé en 2023, tourné en 2024.

Aussi, au moins une des quatre productions vient du milieu francophone minoritaire. 

Au fil des années, par le biais de Créateurs en série, Véronique Légaré a vu des projets formidables voir le jour.

Ainsi va Manu, de Josiane Blanc, a été produit dans le cadre de Créateurs en série en 2020. La série a remporté 15 prix nationaux et internationaux.

C’est le cas de la première série de fiction de langue française de Terre-Neuve, Justine à St. John’s. «C’est l’histoire d’une Française qui débarque à St-Jean et qui doit s’habituer à un environnement complètement différent de ce qu’elle connait», décrit son collègue Guy Boutin, chef de la production originale chez TV5 et Unis TV, qui a été épaté par le résultat final. «C’est absolument extraordinaire.» La série est même devenue un parcours touristique.

Selon Guy Boutin, il est tout à fait possible de mener une carrière formidable en télé à l’extérieur des grands centres,

En Acadie, la série documentaire Le Peuple Lézard a rebondi sur un autre tournage pour prendre des dimensions internationales. «Julien [Robichaud] et son équipe travaillaient sur autre chose, explique Véronique Légaré. Ils ont jumelé ces deux tournages-là, ce qui a permis à l’équipe d’aller tourner en Angleterre, en Louisiane. Ça donne un projet fascinant.»

L’expérience de Créateurs en série a aussi été concluante pour Josiane Blanc, qui a été accompagnée par Véronique Légaré tout au long de la production de la première saison d’Ainsi va Manu, ce qui l’a poussé, témoigne-t-elle, à atteindre son plein potentiel. Résultat : la série a remporté 15 prix dans des festivals nationaux et internationaux. 

Les œuvres de Créateurs en série (au nombre de 90) ont reçu plus de 100 prix nationaux et internationaux dans plus de 25 festivals, des prix Gémeaux ou Écrans canadiens. Même, quatre de ces productions ont été de la sélection du prestigieux festival international Canneseries, qui en est à sa septième édition. Le festival ne retient que huit à dix projets de série courte par année, décrit fièrement Véronique Légaré.

Claire et les vieux a été de la sélection officielle de Canneseries en 2020.

D’autres possibilités de formation?

À son arrivée en Acadie en 2018, Guy Boutin a constaté que le bassin de scénaristes était petit. Il a approché la direction de TV5 et Unis TV. «J’ai dit : ça va devenir un problème si à la base on n’a pas ceux et celles qui veulent raconter des histoires», témoigne-t-il.

Des participants à une formation sur la réalisation dans le cadre de Créateurs en série.

Avec l’industrie et des établissements postsecondaires, ce sont douze formations professionnelles en écriture scénaristique, en recherche, en montage et en réalisation qui ont été proposées. Elles ont été présentées à 250 personnes en Atlantique, dans l’Ouest et virtuellement.

Grâce à son initiative, les créateurs et créatrices francophones ont désormais la possibilité d’approfondir leur métier et le chef de la production originale, lui, peut repérer des talents et des projets.

C’est le cas de Rachel Duperreault, de l’Acadie, qui a suivi plusieurs de ces formations. Aujourd’hui, elle a un film à son actif, Ma course folle vers un maillot deux pièces, qui suit, avec humour, le parcours d’une femme qui doit accepter son corps pour aller à la plage. «Ça nous a tous allumés», se souvient le chef de la production originale lorsqu’il a découvert le projet. «C’est un beau film qu’on n’aurait jamais trouvé si on n’avait pas rencontré Rachel durant ses formations.»

Après avoir suivi une formation en montage avec Isabelle Malenfant, le scénariste et réalisateur franco-manitobain Vincent Blais-Shiokawa prépare le documentaire Hāfu. «Quand j’ai reçu le premier montage de son film, dit Guy Boutin, j’ai vu qu’Isabelle avait influencé son travail.»

Le franco-ontarien Maxime Beauchamp a su saisir les occasions offertes par Unis TV pour apprendre son métier et gagner de l’expérience. Il a bénéficié des formations, puis a participé à Créateurs en série. Aujourd’hui, il est le créateur principal de FEM, finaliste pour la meilleure série dramatique aux 39e prix Gémeaux. «Il chemine de façon exceptionnelle», indique Guy Boutin.

«Je trouve que ces gens font des pas de géant. Des belles histoires comme ça, il y en a plein», conclut-il.

La série Banni, de Maxime Beauchamp, a été produite dans le cadre de Créateurs en série en 2022.

Comment s’inscrire à Créateurs en série et aux formations?

Les initiatives de TV5 et d’Unis TV ont fait gonfler la quantité de productions en francophonie canadienne. «C’est gratifiant, affirme Guy Boutin. Je suis vraiment fier qu’on collabore à ça.» Depuis 2018, dit-il, «en Acadie, on a multiplié par dix le nombre de productions, estime le chef de la production originale. J’en ai 15 en développement ou en production juste dans l’Ouest.» 

Des formations courtes sont offertes de façon ponctuelle par le biais de Créateurs en série.

Pour rejoindre les rangs, il suffit de déposer un appel de projets de Créateurs en série, lequel est ouvert jusqu’au 15 novembre. Il s’agit de présenter une courte description de la série – les propositions retenues devront être étoffées plus tard dans le processus de sélection. Les détails se trouvent sur le site createursenserie.ca.

Si vous cherchez plutôt à vous familiariser avec les procédés de la production audiovisuelle, restez à l’affût : les formations courtes sont offertes de façon ponctuelle. La promotion se fait à travers les réseaux, le bouche-à-oreille et les médias locaux.

Selon Guy Boutin, il est tout à fait possible de mener une carrière formidable en télé à l’extérieur des grands centres, même en milieu minoritaire.

Depuis sa création en 1923, l’Acfas a toujours eu pour mission de faire la promotion de la recherche, de l’innovation et de la culture scientifique en français au pays. Elle peut désormais le faire d’un océan à l’autre, grâce à ses six antennes régionales : en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, dans le Nord et le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario, et en Acadie.

La directrice générale de l’Acfas, Sophie Montreuil, salue les valeurs des fondateurs, en 1923, qui demeurent actuelles aujourd’hui. 

Photo : Hombeline Dumas

Même si la recherche en français s’inscrit dans un territoire beaucoup plus vaste qu’il y a 100 ans, les valeurs fondamentales de l’association n’ont pas changé. «Nous avons eu des fondateurs absolument visionnaires parce que la mission d’origine de l’organisation est encore la même aujourd’hui», souligne Sophie Montreuil, directrice générale de l’Acfas.

«Il est encore aussi essentiel qu’il l’était en 1923 de réunir la communauté de recherche francophone au Québec et au Canada et de la mettre en réseau», poursuit-elle. Particulièrement en contexte minoritaire, où les scientifiques peuvent se sentir isolés.

Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français

L’Acfas et ses six sections régionales présentent le balado Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français. La série propose un voyage d’ouest en est en six épisodes pour explorer les défis, les avancées et les espoirs de la communauté scientifique francophone au pays.

Tous les épisodes se trouvent sur acfas.ca et sur votre plateforme de baladodiffusion préférée.

Les sections régionales de l’association jouent ainsi un rôle fédérateur au sein de la communauté scientifique francophone. «Nous lui donnons une voix forte et nous portons les messages et les demandes de cette communauté auprès de différentes instances», déclare la directrice générale.

Décloisonner la recherche dans la francophonie canadienne

Lancé en 2021, le programme Coopération en recherche dans la francophonie canadienne de l’Acfas illustre cette mission. Comme l’explique Sophie Montreuil, ce programme «a une courte histoire, mais déjà, ont été ou sont encore soutenus 42 projets de collaboration qui ont donné lieu à des déplacements et à des séjours de recherche. Donc, c’est déjà une réussite assez importante.»

Flandrine Lusson a pu profiter du programme Coopération en recherche dans la francophonie canadienne. 

Photo : Courtoisie Acfas

Et ce n’est pas Flandrine Lusson qui dira le contraire. Doctorante en études urbaines à l’Institut national de la recherche scientifique, au Québec, elle a pu s’associer à une chercheuse francophone à Vancouver, en Colombie-Britannique, grâce à ce programme.

Partie avec le seul objectif d’approfondir ses recherches, elle a vécu une expérience qui lui a ouvert des portes insoupçonnées. L’universitaire a pu intégrer une équipe de recherche déjà constituée et participer à la rédaction d’un livre. «Beaucoup, beaucoup d’opportunités sont ressorties», se réjouit Flandrine Lusson aujourd’hui.

«C’est exactement ça la science et l’avancement des savoirs. C’est en constante évolution et il se peut que l’objet d’étude qu’on a choisi bouge, se transforme, se définisse et se redéfinisse», commente Sophie Montreuil.

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L’importance de la vulgarisation scientifique

Si décloisonner la recherche constitue un véritable atout pour la communauté francophone, faire sortir la science des murs de l’université reste un défi majeur.

Jean-Éric Ghia est professeur en immunologie à l’Université du Manitoba et formateur en vulgarisation scientifique. 

Photo : ghialab.com

Avec le concours Ma thèse en 180 secondes, l’Acfas permet aux jeunes chercheuses et chercheurs de vulgariser leurs travaux devant un auditoire de non-initiés. Chaque participante et participant a trois minutes pour présenter un exposé clair, concis et néanmoins convaincant de son projet de recherche.

Jean-Éric Ghia, professeur à l’Université du Manitoba, vice-président de l’Acfas-Manitoba et vulgarisateur scientifique, insiste sur le rôle crucial des scientifiques dans la communication de leurs travaux : «La science, elle est faite pour tout le monde.»

«La problématique pour harponner, on va dire, le grand public, c’est finalement d’avoir une bonne technique d’hameçonnage quand on monte sur scène […] On va essayer de prendre le public et de le ramener dans sa propre histoire.»

Selon lui, les scientifiques doivent communiquer clairement leurs travaux, afin de susciter, entre autres, des dons pour la recherche. «Il ne faut pas oublier qu’un des piliers de la recherche, ce sont les associations, ce sont les fondations», afin que tout le monde participe à la circularité de la recherche.

«Il est absolument essentiel que l’avancement des savoirs soit partagé au plus grand nombre possible. Il y va d’un enjeu démocratique, renchérit Sophie Montreuil. Lorsque les recherches sont financées par les gouvernements, donc par l’argent des contribuables, il est absolument légitime que les citoyens puissent accéder aux résultats de ces recherches et à leur retombée.»

De l’académique vers le politique

Les scientifiques doivent aussi s’adresser à la classe politique, rappelle la directrice de l’Acfas.

Antoine Zboralski est chercheur postdoctoral et coprésident de l’organisme Dialogue sciences et politiques. 

Photo : Courtoisie Acfas

«C’est important de pouvoir faire passer les résultats de recherche du cadre académique, de la connaissance pure, de la science vers le cadre public, la société qui a besoin de ces résultats-là pour avancer, pour faire des bons choix, des choix éclairés», insiste Antoine Zboralski, chercheur postdoctoral et coprésident de l’organisme Dialogue sciences et politiques.

«Si on ne le fait pas, les décisions vont se prendre sans nous», lance-t-il.

«Les gouvernements ont besoin de ces données pour mettre à jour des politiques publiques existantes et pour en rédiger de nouvelles», ajoute Sophie Montreuil. Beaucoup de recherches portent d’ailleurs sur des enjeux locaux, rattachés à une communauté, remarque-t-elle.

Un moment décisif pour la recherche en français

«La recherche en francophonie minoritaire au Canada est à un tournant. Elle est en déclin, mais il y a de bonnes nouvelles.» La directrice de l’Acfas cite la révision de la Loi sur les langues officielles et un «contexte politique favorable».

«Nous bénéficions de leviers nouveaux pour tenter de rééquilibrer la recherche qui s’effectue en français par rapport à celle qui s’effectue en anglais et arriver dans un monde idéal, à l’égalité réelle entre les deux communautés linguistiques.»