le Mardi 30 mai 2023

Nadia Campbell et Vincent Poirier exposent fièrement leurs certificats après avoir bu un verre d’alcool avec un orteil momifié à l’intérieur (sourtoe cocktail) à Dawson City.

Photo : Courtoisie Unis TV

Les animateurs franco-ontariens Vincent Poirier et Nadia Campbell sont tous deux de grands amateurs de plein air et d’aventures. Quand la maison de production franco-manitobaine Les Productions Rivard leur a soumis l’idée de parcourir l’autoroute Dempster pour aller plonger dans l’océan Arctique, ils n’ont pas pu refuser.

Leur périple a donné naissance à la série empreinte d’humanité et de grands espaces qui porte le nom évocateur d’Habitants du Nord.

Vincent Poirier, qui a aussi agi comme réalisateur de cette série, ne manque pas de mots pour décrire les moments forts qu’il a vécus pendant le tournage.

Il garde un souvenir impérissable d’avoir eu notamment à prendre un «hélicoptère en plein cœur du parc Tombstone qu’on compare à la Patagonie avec des pics et des montagnes Rocheuses en aiguille, prendre un petit avion de brousse pour atterrir à Aklavik où il n’y a pas de route pour se rendre. On se rend juste là en bateau ou en avion. C’est hors de ce monde».

Dans chaque épisode, le téléspectateur est plongé dans la réalité des divers lieux qui longent l’autoroute Dempster. «Même si on pense que le Grand Nord c’est une seule et même réalité, dans le fond, la série va nous emmener dans toutes sortes de petites réalités tout au long de la route Dempster», explique la coscénariste de la série Anika Lirette.

Qu’est-ce que la Dempster?

L’autoroute Dempster sillonne le nord du 65e parallèle sur 926 kilomètres. Le premier tronçon, ouvert en 1979, reliait Dawson City et Inuvik. Ce n’est que depuis 2017 que la route se rend jusqu’à Tuktoyaktuk.

Devant le monument à la mémoire de Joe Henry au point de départ de la Dempster à Dawson City.

Photo : Courtoisie Unis TV

De paysages et de modes de vie

Pendant les treize épisodes de la série, Vincent et Nadia, accompagnés des vidéastes Alex Normand et Marie-Josée Lalande (Alex & MJ on The Go), ont côtoyé plus que les grands espaces.

«On a rencontré tellement de gens inspirants chez les Premières Nations. Des gens qui se sont donné le mandat de réapprendre la culture et de l’enseigner à leurs semblables, que ce soit la langue ou les traditions ou les méthodes de chasse ou de traiter le gibier. Ces gens-là se donnent vraiment une mission de faire revivre la culture de leur nation. C’est très beau à voir», raconte Vincent Poirier.

Pour Anika Lirette, la sensibilisation aux coutumes des Premières Nations faisait partie des objectifs à atteindre.

«On rencontre beaucoup de communautés des Premières Nations. Je trouvais que c’était super important, surtout au premier épisode, qu’on établisse des normes. On éduque en même temps le spectateur sur le processus d’aller à la rencontre des communautés des Premières Nations aussi. Il y a aussi une grande partie d’apprentissage et d’éducation dans la série.»

Vincent Poirier raconte avec candeur qu’ils ont choisi de ne pas cacher les défis auxquels sont confrontés les peuples des Premières Nations, tout en mettant en valeur les aspects positifs de leurs réalités.

«On parle des défis, on parle des problèmes, mais avec des gens qui visent à faire le bien et qui veulent le bien de leur communauté, comme en apprenant aux ados d’où ils viennent, ce que leurs ancêtres faisaient, tout en gardant un pas dans la modernité.»

Photo : Courtoisie Unis TV

La route Dempster traverse les terres de la Première Nation Tr’ondëk hwëch’in. Ce sont les habitants de ce territoire qui ont contribué à déterminer son tracé. C’est notamment le cas du guide Joe Henry qui a passé sa vie à accompagner les voyageurs le long de la Dempster.

Dans une rencontre émouvante, sa petite fille, Jackie Olson, raconte que son grand-père prenait les devants des convois de traineaux pour veiller à ce que les voyageurs respectent le territoire, sa faune, sa flore et ceux qui y ont vécu. Aujourd’hui, un monument en hommage à Joe Henry et sa femme est installé à l’entrée de la route.

 

La série Habitants du Nord est diffusée sur Unis TV, le lundi à 20 h à compter du 1er mai.

Les épisodes seront aussi offerts sur TV5Unis.

Photo : Courtoisie Unis TV

Place à la musique franco-canadienne

La musique franco-canadienne vient apporter une touche unique à cette série. Chaque épisode met en vedette un artiste de la francophonie canadienne pour souligner un moment d’action ou d’émotion. Pour Vincent Poirier, cela permet de mettre en valeur la richesse de la chanson et de la musique francophone au Canada.

«Ça donne une vitrine à un artiste de chez nous et ça m’a vraiment poussé à aller trouver des chansons dans un style avec des paroles qui allaient bien avec le moment que je voulais faire vivre. On va dans tout. On va dans le folk, on va dans le rap, on va dans l’électro, on va dans la balade, on va dans le funk. J’étais surpris de voir à quel point j’étais capable de trouver la bonne musique, le bon mood, les bonnes paroles presque à chaque fois.»

Au troisième épisode, Vincent Poirier souligne l’arrimage parfait entre la scène où l’équipe se dirige au parc Tombstone et la chanson Effet placébo du slammeur franco-ontarien YAO.

L’eau à 1 degré Celsius

Vincent et Nadia tentent de trouver des pépites d’or comme le faisaient les chercheurs d’or à l’époque. 

Photo : Courtoisie Unis TV

Il faut en moyenne deux jours pour faire le trajet qui relie Dawson City à Tuktoyaktuk par la route. Mais l’équipe de la série Habitants du Nord a mis un mois pour atteindre le bout de la Dempster parce qu’elle a pris le temps de s’arrêter, d’explorer, de profiter du paysage et surtout d’aller à la rencontre des gens.

«Avant que j’aille au Yukon pour la première fois, dans ma tête, c’était inaccessible, raconte Vincent Poirier. Tu te rends à Whitehorse ou à Dawson City, tu loues une voiture et tu as accès à de la nature incroyable, et tu as accès à l’autoroute Dempster.»

Le duo a finalement atteint son objectif : plonger dans l’océan Arctique. «L’eau était à 1 degré Celsius quand on l’a fait. Ça c’est, 33 Fahrenheint en thermomètre de piscine», explique en rigolant Vincent Poirier qui est ressorti grandi de cette expérience de voyage. «J’ai vraiment envie de revivre ça, l’âme 100 % en paix et dégagé.»

Enfant, Nancy Juneau, aujourd’hui présidente de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), écoutait Quelle famille et Un homme et son péché à la télévision, en famille. Pour sa part, Christine Dallaire, professeure à l’École de sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa, était de tous les comités et de tous les rassemblements scolaires ou presque.

Nancy Juneau est présidente de la Fédération culturelle canadienne-française. Son identité s’est formée autour de l’émission Quelle famille, du Festival franco-ontarien et du programme Jeunesse Canada-Monde.

Photo : Courtoisie FCCF

L’initiation à la culture, à la francophonie, pour elles, est arrivée à l’enfance.

«C’est là que nait l’étincelle, ajoute Lianne Pelletier, stratège en communication et professeure associée à l’Université de Sudbury, en Ontario. [C’est] dans la famille ou à l’école.»

Et ça fait son bonhomme de chemin. Quelques années ont passé et Christine Dallaire a assisté au festival de musique La Nuit sur l’étang à Sudbury. Nancy Juneau aussi, puis au Festival franco-ontarien à Ottawa. Ces deux évènements ont offert des moments de découverte.

«On présente des artistes issus de nos communautés en même temps qu’on nous fait découvrir d’autres artistes», s’émerveille Nancy Juneau. Pour elle, ça a mené aussi à la découverte de son identité culturelle personnelle, croit-elle.

Les émotions vécues en étant dans une foule comptent tout autant que la découverte culturelle, note Christine Dallaire, qui étudie ces manifestations, en particulier les Jeux de la francophonie canadienne. Ces rassemblements créent des émotions fortes. Et «à l’adolescence, au début de la vingtaine, on carbure aux émotions», fait valoir la chercheuse.

Christine Dallaire est professeure à l’Université d’Ottawa. Elle était de tous les rassemblements scolaires et du festival La Nuit sur l’étang.

Photo : Courtoisie

Ces émotions motivent «à revenir, à devenir bénévole ou entraineur, ou [à] continuer de travailler dans les organismes», a-t-elle constaté au fil de ses recherches. Les émotions que vivent les personnes présentes à ces évènements renforcent et perpétuent leur identité francophone, même dans une mer d’anglophonie.

Le lien continu avec les collectivités est au cœur de l’exercice annuel de programmation des RVF. Cette année, plus de 40 organismes francophones dans 10 provinces et territoires ont reçu un appui financier pour mettre sur pied des activités culturelles pour les communautés.

Consultez le calendrier des activités

Une affaire du quotidien

Si les émotions cimentent l’identité, elles ne suffisent pas. Il faut d’autres ingrédients. La francophonie a besoin d’une base dans le quotidien, «comme l’école qui est en français, les journaux et les médias, la musique en français», ajoute Christine Dallaire.

À ce chapitre, elle croit fortement en l’importance du sport. «C’est l’activité la plus fréquente et la plus populaire», plaide-t-elle.

Pour faire vibrer la fibre franco, il faut créer un environnement entièrement en français, et ce n’est pas toujours une mince tâche pour l’organisation : il faut penser musique d’échauffement en français, arbitres francophones, terminologie sportive en français.

Cet effort, ce choix conscient des organisations, normalise le français pour le participant en milieu minoritaire, où la masse pousse vers l’anglais.

Consultez les profils des communautés francophones préparés par les RVF

Seuls… ou avec d’autres

Lianne Pelletier est stratège et consultante en communication et professeure associée à l’Université de Sudbury, en Ontario. C’est une Franco-Ontarienne de la FESFO et ancienne participante du programme Kativamik.

Photo : Max Rumeau

À l’instar de Nancy Juneau et Christine Dallaire, Lianne Pelletier aime les rassemblements entre francophones ou francophiles. Seuls, «on peut être fiers de notre langue, de notre appartenance, dit-elle. Mais on ne peut pas être Franco tout seul.»

Adolescente, elle a été de la FESFO, la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne. Cette expérience lui a permis d’ancrer son identité. «C’est là où je me rendais compte que ça existait d’être Franco-Ontarienne et que j’avais un privilège de faire partie de ce groupe-là.»

Elle a éprouvé un sentiment semblable au contact de l’Autre, comme participante au programme Katimavik à Coaticook ou aux études à Trois-Rivières, deux villes du Québec. «J’étais l’Ontarienne. Dans ces situations-là, on [s’] assume. On voit que chez nous, on fait les choses d’une certaine façon et qu’on valorise certaines affaires», fait-elle remarquer.

Nancy Juneau a vécu une telle mise en perspective de son identité à Jeunesse Canada Monde. «J’étais avec des Philippins, des Anglo-Canadiens de partout au Canada, des Québécois, des francophones de différentes régions», se souvient-elle. L’expérience a été déterminante pour elle.

Elle a un souvenir net des moments où les francophones, peu importe leur provenance, vivaient une communion culturelle – en connaissant les mêmes chansons, en ayant les mêmes référents… Ces instants étaient magiques et marquants.

«C’est par la rencontre qu’on découvre son identité», réitère-t-elle.

Elle revient à son univers professionnel : «Cette rencontre-là, c’est à ça que se consacrent nos membres [salles de spectacle, théâtres, festivals…] sur le terrain : créer l’occasion de rencontres en espérant allumer une flamme. Une fois que la flamme est allumée, la personne va chercher à la nourrir.»

Les RVF et l’ONF

L’Office national du film (ONF) s’associe aux RVF depuis 2005 pour offrir des projections de film partout au pays.

Cette année, l’ONF propose une sélection de 20 films qui peuvent être visionnés par thème ou à la carte.

Parmi la sélection de cette année, Assez French, d’Alexis Normand, l’une des porte-paroles des RVF, met en relief les combats et les victoires que comporte la reconquête de l’identité canadienne francophone dans les Prairies. L’Acadien Phil Comeau propose L’Ordre secret pour faire la lumière sur L’Ordre de Jacques-Cartier.

La sélection des films de l’ONF est disponible ici.

Un grand rassemblement : les Jeux de la francophonie canadienne. En 2005, ils ont eu lieu à Winnipeg.

Photo : Jeux de la francophonie canadienne

Un grand rassemblement : les Jeux de la francophonie canadienne. La première édition a eu lieu à Memramcook, au Nouveau-Brunswick, en 1999.

Photo : Jeux de la francophonie canadienne

«Tout est dans la rencontre», croit Nancy Juneau. Comme lors des grands Jeux de la francophonie, qui ont lieu aux trois ans depuis 1999 (comme illustré).

Photo : Jeux de la francophonie

La suite

Sur le plancher des vaches, l’offre demeure bien vivante, pour nourrir la flamme. Il y a des festivals, des rassemblements annuels, des spectacles, de la musique, des livres, des films. Après tout, la francophonie canadienne compte à la douzaine des diffuseurs de spectacles, des radios, des journaux, des maisons d’édition, des théâtres et des boites de production.

Les francophones du pays les appuient pour le divertissement, pour la «cause» ou par gout de la découverte. Certains qui ont vécu à l’adolescence cette communion, ces émotions fortes, voudront retrouver ce sentiment.

«Tout est dans la rencontre», disait plus tôt Nancy Juneau. Et dans le plaisir, pourrait ajouter Christine Dallaire, qui a vu des centaines d’yeux briller lors d’évènements à grand déploiement.

Germain Arsenault est agent de projet à la Fédération culturelle de l’Île-du-Prince-Édouard et coordonnateur pour les RVF dans cette province.

Photo : Courtoisie

Depuis leur création en 1998, les Rendez-vous de la Francophonie (RVF) ont su se renouveler. «Il y a eu de l’évolution, des tentatives, de l’expérimentation avec différentes activités. Ce n’est pas linéaire comme trajet», témoigne Marc Masson, coordonnateur en Saskatchewan pour les RVF.

La Fondation dialogue, qui a repris les rênes de l’évènement en 2004, n’a cessé d’y apporter, édition après édition, quelques variations. À commencer par la durée. Initialement étalés sur une semaine, les RVF occupent désormais tout le mois de mars.

Un rendez-vous «incontournable»

«C’est devenu quelque chose d’incontournable», estime Guy Matte, ancien directeur général de la Fondation dialogue.

Les organismes partenaires ont su intégrer les évènements des RVF à leur calendrier. «On n’avait vraiment pas de programmation centralisée et organisée», se souvient Germain Arsenault, agent de projet à la Fédération culturelle de l’Île-du-Prince-Édouard et coordonnateur des RVF dans cette province.

Guy Matte, ancien directeur général de la Fondation dialogue.

Photo : Courtoisie

«Maintenant, lorsque [les partenaires] commencent à prévoir leur programmation annuelle […], ils prévoient toujours d’organiser des activités, faire de la promotion et de la sensibilisation dans leur réseau. C’est prévu.»

Uniquement à l’Île-du-Prince-Édouard, les RVF rassemblent aujourd’hui une trentaine de partenaires, à la fois francophones et anglophones.

«Les gens commencent à s’habituer [et se disent] “ah le mois de mars, c’est le mois de la francophonie, on va participer aux activités”», remarque de son côté Marc Masson en Saskatchewan. Selon lui, les RVF ont réussi à prendre une ampleur vraiment nationale «sans empiéter sur ce qu’il se passe au niveau local».

 

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S’adapter et intégrer

Au-delà de la programmation du mois de mars, les RVF ont en outre amené les associations locales à étendre et développer leurs activités le reste de l’année, observe Marc Masson. «Il y a quand même une sensibilisation qui a été faite au sein de la communauté de se donner une visibilité et de parler de qu’est-ce qu’on fait», précise celui qui est aussi analyste politique à l’Assemblée communautaire fransaskoise.

Marc Masson est analyste politique à l’Assemblée communautaire fransaskoise et coordonnateur en Saskatchewan pour les Rendez-vous de la Francophonie.

Photo : Courtoisie

Au fil du temps, les rencontres ont ainsi touché un public toujours élargi. «Pourquoi rejoindre quelques milliers quand on pourrait rejoindre 100 000 personnes?», se demandait Guy Matte quand il était à la tête de la Fondation dialogue.

«Quand un évènement existe depuis si longtemps, il faut s’adapter aux nouvelles réalités», renchérit Ajà Besler, actuelle directrice générale de la Fondation dialogue.

«Nos communautés ici sont beaucoup plus diversifiées […] Beaucoup d’immigrants francophones viennent de différents pays. Alors on essaie d’incorporer ça dans nos activités», rapporte Germain Arsenault.

Toucher la majorité

«Notre objectif, ce n’est pas nécessairement toucher la communauté francophone comme telle. C’est plus la célébrer», nuance Marc Masson. On essaie de la faire connaitre au sein de la majorité. C’est un exercice de relations publiques.

Selon lui, «c’est une opportunité pour la communauté de prendre sa place dans la province. On résonne un peu plus pendant le mois de mars. C’est bénéfique.»

D’ailleurs, il y a une version anglaise du site Web des RVF, souligne Ajà Besler. Pourtant, «ce n’est pas un réflexe qu’on a dans les communautés francophones de tout communiquer dans les deux langues», remarque-t-elle.

Ajà Besler est directrice générale de la Fondation dialogue, qui chapeaute les Rendez-vous de la Francophonie.

Photo : Richard Dufault

D’après elle, les RVF permettent de faire connaitre la francophonie aux gens «qui sont juste en train d’apprendre le français, ou les francocurieux», ainsi qu’auprès des deux communautés majoritaires au pays : les anglophones à l’échelle du Canada, mais aussi les francophones au Québec.

«Dans les 17 ans où j’étais à la direction générale de la Fondation, pas une fois nous avons reçu un commentaire négatif du côté anglophone […] Jamais. Au contraire, ça nous a permis de créer des liens avec des groupes […], toutes sortes d’alliances qui font qu’il doit y avoir une nouvelle pensée sur les liens qui unissent les francophones et les anglophones dans ce pays», considère Guy Matte.

Pour Louise Richer, fondatrice et directrice générale de l’École nationale de l’humour de Montréal, si l’humour a su traverser les époques, c’est qu’il joue un rôle central dans nos sociétés. «C’est un moyen de conserver et d’alimenter un état de bienêtre. Il est au service du côté lumineux de la force.»

Pourtant, le rire n’a pas toujours été pris au sérieux. «L’humour a longtemps été cantonné à la vie personnelle pour dédramatiser, relativiser, s’apaiser, réduire les tensions […], mais comment se fait-il qu’une fois qu’on passe la porte professionnelle, cela s’évapore?», s’interroge Louise Richer.

Selon elle, ce trait d’esprit reprend aujourd’hui «ses lettres de noblesse».

Place aux humoristes en herbe

Avec le concours Les As du rire, les Rendez-vous de la Francophonie, en collaboration avec Juste pour rire, ont permis à des humoristes amateurs francophones et francophiles de 13 ans et plus de faire valoir leurs talents en soumettant une vidéo d’humour originale. Un jury, composés d’humoristes professionnels, dont Mario Jean, a sélectionné les dix francophones les plus drôles au pays.

Le public peut dès maintenant voter pour son humoriste en herbe favori du 1er au 31 mars sur rvf.ca.

Les juges pour le concours Les As du rire sont Eddie King (Québec), Mario Jean (Québec), Rachelle Elie (Ontario), Luc Leblanc (Nouveau-Brunswick) et Micheline Marchildon (Manitoba).

Photo : Rendez-vous de la Francophonie

L’humour à l’avant-scène

Janet M. Gibson, professeure de psychologie cognitive au Collège Grinnell, en Iowa, souligne dans La Conversation que «les chercheurs considèrent même désormais le rire comme un facteur d’amélioration potentielle du bienêtre physique et mental».

Les effets physiologiques du rire sont connus, rappelle Louise Richer : «À savoir, la sécrétion d’endorphine et la diminution des hormones du stress.»

Louise Richer est la fondatrice et directrice générale de l’École nationale de l’humour de Montréal.

Photo : Hugo B. Lefort

À l’Université d’Ottawa, le Dr Francis Bakewell, directeur du programme de Médicine, éthique et humanité au Département d’innovation en éducation médicale, évoque même les bienfaits possibles d’intégrer une formation sur l’humour au cursus du programme de médecine.

«Il y a comme une réhabilitation de l’humour, une valorisation qui n’était pas présente il y a à peine quelques décennies», remarque Louise Richer. Y compris dans le monde du travail.

«Dans une société de performance où le stress est à son maximum, on est capable de voir comment cette injection-là, cette couleur-là de l’expression est un élément central et de cohésion, poursuit la directrice. Ça se reflète aussi dans les modes de gestion, dans les théories entourant le leadeurship, dans les attributs qu’on recherche dans les qualités d’un leadeur […] On est dans un processus de plus en plus de déhiérarchisation.»

Santé mentale et sociale

Le rire permet en outre de réduire le stress, de briser la glace. Il agit dans «tous ces moments où on vit une tension certaine», observe Louise Richer.

Si on tombe dans le négatif, souvent l’humour va être un levier pour ramener l’état émotif soit au neutre soit en situation positive. […] Ça nous aide, lors de notre tour de piste sur Terre, à être capables de traverser les épreuves.

— Louise Richer, directrice générale de l’École nationale de l’humour de Montréal

Un vecteur d’autant plus important, selon elle, en cette période post-COVID, où «on se retrouve comme des êtres carencés affectivement». Car rire reste avant tout un moment de partage : «Quand on rit ensemble […], on se reconnait dans l’autre parce qu’on a compris la blague, on a des références mutuelles.»

Référent culturel francophone

En situation minoritaire, ce potentiel comique peut aussi devenir un élément fédérateur, assure Jonathan Dion, formateur dans le cadre du concours LOL-Mort de rire.

L’humoriste franco-ontarien Jonathan Dion est formateur dans le cadre du concours LOL-Mort de rire.

Photo : Philippe Le Bourdais

Pendant les Rendez-vous de la Francophonie, l’humoriste est d’ailleurs membre du jury pour le concours de vidéos Les As du rire, catégorie jeunesse.

«L’humour a toujours été utilisé pour désamorcer certaines situations. […] Justement en étant minoritaire franco-ontarien, ça fait du bien d’en rire sur scène et de parler de cette situation-là, car c’est une situation que j’ai toujours vécue, que je connais très bien, mais qui mérite aussi d’être abordée dans des spectacles», témoigne-t-il.

Pour une dixième année, les Rendez-vous de la Francophonie, en collaboration avec Juste pour rire, font circuler l’humour en français dans des villes moins fréquentées par les artistes. En mars, l’humoriste Mario Jean se rendra notamment à Yellowknife, Calgary et Winnipeg où il partagera la scène avec notamment Rachelle Elie de l’Ontario, Luc Leblanc du Nouveau-Brunswick et Eddie King, l’un des porte-paroles des RVF 2023.  

Peut-on apprendre à être drôle?

«Je ne pense pas que tout le monde soit capable d’être drôle sur scène, mais tout le monde peut essayer. Sans l’essayer, on ne saura jamais ce que c’est notre potentiel», confie Jonathan Dion.

Pour lui, être drôle sur scène et hors de la scène sont deux choses complètement différentes. «Mais dans l’humour, on est capable de trouver soit notre force, soit notre faiblesse. Soit par la présentation du numéro ou par son écriture.»

Le Franco-Ontarien conseille d’ailleurs aux jeunes qui participent au concours de se rendre jusqu’à la fin de la compétition. «J’adore parler aussi de stress pendant mes formations, et comment l’humour est capable d’enlever ou de diminuer l’anxiété.»

«J’ai toujours trouvé que l’ambiance dans un milieu francophone avait un petit quelque chose de brillant, partage Jonathan Dion. On dirait que la francophonie est toujours capable de faire rayonner une fluctuation.»

Le Franco-Ontarien s’est déjà essayé à des scènes dans la langue de Shakeaspeare, mais «ce n’est pas la même chose», avoue-t-il. «En étant minoritaire […], on a encore plus d’impact, on est encore plus capable de faire rire notre public parce qu’on a partagé une réalité semblable.»

Pas de perruques, pas de maquillage extravagant. Que des personnages originaux, le reflet de M. et Mme Tout-le-Monde, qui abordent l’actualité d’un point de vue universel avec une twist francophonie canadienne. Gisèle Lalonde a sa place, comme les hockeyeurs et les voyageurs, les parents et les enseignants…

Les Newbies (Christian Essiambre, Luc LeBlanc et André Roy) et leurs acolytes proposent surtout des moments où l’on rit. Sara Dufour, Étienne Fletcher, Les Gars du Nord et compagnie font taper du pied en entonnant des classiques des Fêtes à la sauce franco ou acadienne. Marie-Hélène Thibert émeut avec War Is Over de John Lennon, entonnée avec deux chorales de Moncton.

Le Grand Ménage des Fêtes, c’est un party de cuisine, proposent Guy Boutin, chef de la production originale des provinces de l’Ouest et des territoires du Nord à Unis TV, et André Roy, idéateur, animateur, comédien, scénariste, metteur en scène et producteur.

La comédienne Marie-Chantal Perron interprète quelques sketchs du Grand Ménage des Fêtes, ici avec Luc LeBlanc, du groupe Les Newbies.

Photo : Courtoisie Unis TV

Une troisième expérience

Pour la première fois après deux ans de contraintes imposées par la santé publique, les animations et les portions musicales du Grand Ménage ont été tournées dans l’atmosphère intime d’un bar, devant un public sans masque.

«On a été vraiment mieux servis, cette année : dans les deux premières années, tout ce qui retenait l’attention, c’était la fameuse COVID», lance André Roy. Cette fois, «on dirait qu’on se sentait plus libres, on pouvait varier un peu plus les sketchs et on a pris plus de risques…»

L’expérience a fait son chemin, aussi. «On trouve plus nos couleurs et on réussit à se démarquer des autres émissions de fin d’année», estime un André Roy qui a grandi en écoutant le Bye Bye, célèbre revue de la télévision publique pancanadienne.

À l’origine, le comédien souhaitait une captation à la Saturday Night Live, soit des animations et des sketchs en direct, avec des pauses musicales pour veiller aux changements de décor et de costumes. Cette édition s’en rapproche, avec le public qui entoure de près l’équipe d’animation et les musiciens. Les sketchs, eux, ont tous été tournés à Moncton, avec une équipe entièrement acadienne derrière la caméra.

Grand ménage (Cours de danse, inflation) André Roy, Véronique Claveau et Luc LeBlanc Cr_UnisTV.jpg : La comédienne et imitatrice Véronique Claveau participe à quelques sketchs du Grand Ménage des Fêtes, ici avec Les Newbies, André Roy (g.) et Luc LeBlanc (d.).

Photo : Courtoisie Unis TV

Un phare de la programmation

Dès la première édition, la chaine Unis TV a été «extrêmement satisfaite» des résultats, se remémore Guy Boutin. La deuxième édition «s’est positionnée dans le top 5 des émissions présentées durant le temps des Fêtes sur Unis TV en 2021», ajoute-t-il.

L’accueil réservé par le public à la revue humoristique a fait comprendre à la chaine «qu’il y avait un besoin d’offrir quelque chose de différent de ce que les autres proposent», déclare Guy Boutin.

«Les Acadiens veulent parler d’autres choses que d’Évangéline et les Franco-Manitobains de Louis Riel. Ils ont le gout de parler d’autres sujets qui intéressent tout le monde.»

 

— Guy Boutin, chef de la production originale des provinces de l’Ouest et des territoires du Nord, Unis TV

«En vivant “hors Québec”, on est influencés par la culture américaine, rappelle André Roy. Il y a beaucoup de choses dans notre style qui ne sont pas tout à fait pareilles. Déjà là, ça ouvre des horizons. On n’a pas peur de montrer des décors du Nouveau-Brunswick dans les sketchs extérieurs et d’avoir notre couleur, aussi.»

N’empêche, le Grand Ménage aborde d’abord et avant tout des phénomènes humains, connus partout au pays. La fermeture d’hôpitaux en est un exemple. «On a tous des crises dans les soins de santé. Le prix du panier d’épicerie qui a augmenté, ça aussi c’est universel», cite en exemple le scénariste et animateur.

Le Fransaskois Étienne Fletcher et la Jeannoise Sara Dufour animent musicalement la soirée du Grand Ménage des Fêtes, présentée le 16 décembre (puis en rediffusion) sur les ondes d’Unis TV.

Photo : Courtoisie Unis TV

Une revue remarquée

L’édition 2021 a été finaliste dans la catégorie «Meilleur spécial humoristique» aux prix Gémeaux, qui récompensent la télé d’expression française au Canada. «On était à côté du Bye Bye, d’À l’année prochaine, d’Infoman et du gala Les Olivier», rappelle un André Roy enthousiaste. Une belle marque de reconnaissance de la part de l’industrie, à ses yeux.

En plus de produire des textes intelligents, l’équipe fait largement voir que le professionnalisme, sur les plateaux télé, est autant au rendez-vous que l’accueil acadien chaleureux, un «beau cliché» que souligne André Roy.

D’ailleurs, Véronique Claveau a remarqué le professionnalisme. La comédienne et imitatrice habituée aux revues comme le Bye Bye et À la semaine prochaine a participé aux sketchs du Grand Ménage cette année et, selon les dires d’André Roy, elle a confié à l’équipe : «Vous avez des concepts, vous êtes on the ball

Extrait du Grand ménage des Fêtes qui sera présenté le 16 décembre sur Unis TV.
Vidéo : Unis TV

En ligne et sur le Web

Diffusé pour la première fois le 16 décembre, Le Grand Ménage des Fêtes donnera le ton à la saison des rétrospectives. Réalisée par Christian Essiambre et Marcel Gallant, et produite par les Productions l’Entrepôt, la revue sera rediffusée le 23 décembre à 18 h, le 24 décembre à 20 h et le 25 décembre à minuit et à 21 h. Une dernière diffusion à la télé est proposée le 31 décembre à 22 h.

Il est à noter que Le Grand Ménage sera aussi en rattrapage et qu’il sera possible de visionner des capsules «extras» sur le site Web d’Unis TV.

Ce document voit le jour grâce à la collaboration de nombreuses organisations, individus et personnes alliées. Les actions énoncées découlent de la richesse des échanges, de la confrontation de plusieurs perspectives et de l’intégration d’expériences concrètes. L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) a pris l’initiative de cocréer un manifeste dont le but est de partager une vision d’une société juste et équitable avec l’ensemble des communautés francophones et acadiennes.

Maintenant, c’est à vous de faire vivre ces idéaux au-delà du forum. En signant ce manifeste, vous joignez votre voix à celles de milliers d’autres personnes qui luttent jour après jour pour un monde plus juste et équitable.

Vous joignez votre voix à un grand mouvement d’actrices et d’acteurs de changements qui demandent :

Signer le manifeste est l’un des moyens les plus puissants afin de consolider nos efforts de revendications pour lutter contre le masculinisme et la francophobie. Le seul objectif de ce manifeste est d’améliorer, par chaque action, la vie des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre dans l’ensemble de notre francophonie.

N’attendez plus et ajoutez votre voix, car l’équité est à l’horizon!

Le comédien, dramaturge et metteur en scène Mani Soleymanlou se questionne sur son identité dans les pièces qu’il présente un peu partout dans le monde depuis près de 10 ans. Il a entrepris cette quête identitaire avec la pièce Un, où seul sur scène, il aborde ses origines iraniennes, son rapport à sa culture, son enfance en France et à Toronto jusqu’à sa vie d’adulte qui le mène à Montréal.

Il poursuit sa réflexion dans Deux, aux côtés cette fois du comédien et dramaturge Emmanuel Schwartz. Les deux hommes, citoyens de la même ville, échangent et débattent sur ce qui les rassemble malgré leurs passés différents.

Finalement, la réflexion s’achève avec l’examen du rapport à l’«Autre» dans la pièce Trois, où 34 comédiens prennent la scène aux côtés Mani Soleymanlou et Emmanuel Schwartz pour exprimer leur perspective sur leur identité.

Toute cette troisième partie est menée par une question fondamentale : Qui es-tu?

Même pour le créateur du spectacle, la réponse n’est pas simple. Mani Soleymanlou se plait même à philosopher autour de sa réponse : «Je ne suis pas, je ne fais que devenir.»

Photo : Jonathan Lorange

Une caravane identitaire canadienne

Jusqu’à la mi-novembre, l’œuvre théâtrale Un. Deux. Trois. sera accueilli, après sa première à Ottawa, dans les théâtres francophones de huit villes canadiennes, de Moncton à Vancouver, en passant par Montréal, Toronto et Winnipeg.

«Le but est de parler de l’Autre, du fait français, de représentativité. Il faut aller à la rencontre de l’Autre. J’avais envie de faire un spectacle qui parle des gens, mais qui va aussi voir les gens. Pour moi, le voyage à travers le pays était nécessaire, et sans le voyage j’aurais trouvé ça malhonnête de ma part de faire ce spectacle», explique Mani Soleymanlou.

Il était important aussi pour le metteur en scène que la diversité de nos communautés se reflète dans les 36 interprètes du spectacle qui proviennent de partout au pays.

Le texte de Trois est par ailleurs écrit autour du bagage, de l’origine, de la culture, de l’expérience, du rapport à l’Autre de chacun des comédiens et comédiennes. Loin de la fiction, chaque personnage est créé à l’image de son interprète.

«On parle par exemple de l’inclusion à Toronto. Trois acteurs qui expriment qu’ils se sont sentis inclus dans une société à partir du moment où ils ont déménagé à Toronto. À Winnipeg quand on parle de qu’est-ce que ça veut dire être Métis, j’espère que ça va résonner», explique le créateur.

Les enjeux autochtones sont abordés sur scène par des interprètes métis et autochtones du Québec et du Manitoba, ceux qui touchent à l’immigration sont portés notamment par une comédienne britannocolombienne d’origine belge, et ceux qui portent sur la langue sont incarnés par des comédiens de l’Acadie.

«Les spectateurs se voient et s’entendent, insiste Mani Soleymanlou. Il faut qu’ils sachent que leur colère, leur frustration va traverser le pays. Le spectacle est ce véhicule-là en fait.»

Photo : Jonathan Lorange

Du théâtre générateur d’énergie

Le public est invité à s’installer confortablement pour l’enchainement des trois œuvres complètes en un même spectacle où le temps semble suspendu. Une expérience théâtrale unique qui permet, d’un seul coup, de comprendre la profondeur et la complexité des questions identitaires.

«C’est un projet qui implique à 100 milles à l’heure les spectateurs aussi. Le spectacle est générateur d’énergie. Dans les premières représentations à Ottawa et à Sudbury, l’ambiance était riche, festive. C’est le fun! Pour moi, ça ramène à ce que doit être le théâtre, sa mission d’agora, de discussion. L’endroit où on peut se lever dans la salle, où on peut crier, où on peut jaser, être bousculés, rire», s’enthousiasme Mani Soleymanlou.

Le spectacle-évènement Un. Deux. Trois. poursuit sa tournée canadienne jusqu’à la mi-novembre.

Photo : Jonathan Lorange

CALENDRIER DES REPRÉSENTATIONS

 

Wilfred LeBouthillier

Photo : Courtoisie

Même si Wilfred LeBouthillier s’est fait connaitre en 2003 en remportant la première édition de Star Académie, l’artiste originaire de Tracadie, au Nouveau-Brunswick, fera ses premières armes comme animateur lors de la quatrième édition de Tout pour la musique, qui aura lieu en direct sur la scène du Centre National de Musique de Calgary (à guichet fermé) et qui sera diffusé à compter de 20 h (HAR).

Près d’une quinzaine d’artistes provenant de tous les coins de la francophonie canadienne prendront part à ce spectacle. Organisé par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures, l’évènement vise à susciter la fierté et la solidarité de tous les Canadiens et Canadiennes envers la francophonie du pays.

Wilfred LeBouthillier a bien voulu nous raconter l’importance de ce spectacle ainsi que nous parler de ses projets personnels, lui qui célèbrera l’an prochain ses 20 ans de carrière.

Consultez le site Web de Tout pour la musique

À quel genre de spectacle peut-on s’attendre?

Je trouve ça plaisant comme spectacle. Les artistes qui seront là représentent quasiment le Canada au complet. On est habitué à des contextes où, quand on célèbre par exemple la fête des Acadiens, bien on est tout un groupe d’Acadiens. Quand le Québec fête la Saint-Jean-Baptiste, c’est québécois. Mais c’est rare qu’on célèbre la francophonie canadienne puis que la francophonie canadienne soit représentée. Ça va donner un spectacle plein de couleurs puis fort intéressant.

Les francophones du pays, on est tous dans notre petite solitude. Chaque province a son petit réseau. Comme nous, ce qui se passe comme musique au Nouveau-Brunswick, c’est différent. Ce qui se passe au Québec, c’est différent. Donc de faire un spectacle avec toutes ces petites solitudes-là qui sont réunies dans un même but, c’est quand même intéressant.

Est-ce que c’est également une occasion de faire connaitre au Québec ce qui se passe dans le reste du Canada francophone?

Il y a beaucoup de Québécois qui ne savent même pas que la Saint-Jean-Baptiste est célébrée ailleurs qu’au Québec, parce que c’est leur fête nationale. Je pense que c’est juste en Acadie qu’on ne célèbre pas beaucoup la Saint-Jean-Baptiste parce qu’on fête plutôt le 15 aout.

Mais partout ailleurs au Canada – j’ai déjà fait des spectacles de la Saint-Jean en Ontario, par exemple. C’est la fête des francophones et non seulement la fête nationale du Québec. Il y a toujours des Québécois qui sont surpris d’apprendre ça, puis certains disent : ben là, pourquoi ils célèbrent la fête du Québec?

En même temps, chaque région du pays peut aussi découvrir la musique des autres régions.

Oui. En fait, je m’en vais animer cette soirée-là, puis il y a des noms d’artistes que j’avais jamais entendus. Je vais les découvrir moi aussi. Ça prouve qu’on est tous dans nos petites solitudes dans ce grand pays-là.

Dans l’shed

Photo : Courtoisie

Arthur Comeau

Photo : Courtoisie

Missy D

Photo : Courtoisie

Sophie Villeneuve

Photo : Courtoisie

Alpha Toshineza

Photo : Courtoisie

LGS

Photo : Courtoisie

Calamity Jane

Photo : Courtoisie

Du côté carrière, quels sont vos projets en cours?

Ma carrière solo est un peu mise de côté pour donner la priorité à la préparation d’un prochain album avec les Gars du Nord. On est en pleine écriture de chansons ces temps-ci. On vise de sortir l’album au début de 2023.

Ça va être très différent de ce qu’on a enregistré jusqu’ici, qui était uniquement des chansons de Noël. On avait beaucoup de demandes pour des spectacles lors des festivals ou d’évènements qui n’avaient pas lieu pendant le temps des Fêtes. Mais nous, c’est juste ça qu’on faisait; on avait seulement un spectacle de Noël de monté. Ce qui fait que, souvent, on ne pouvait pas accepter ces demandes-là.

Les Gars du Nord, on est tous des compositeurs, donc on veut pas être un cover band non plus. Tant qu’à avoir un groupe, on veut écrire nos propres chansons. On veut chanter nos chansons. On va sortir un extrait cet automne.

Ça sera un défi de continuer la carrière solo si les Gars du Nord prennent de l’ampleur?

Il y a toujours moyen de faire deux projets en même temps. On a tous des projets solos à gauche puis à droite. Mais on est nos propres patrons. On est nos propres producteurs. On décide de tout nous-mêmes. C’est plus facile. On fait nos horaires nous-mêmes.

De mon côté, j’écris des tounes. Je suis tout le temps à l’écriture de mon projet solo. L’an prochain, ce sera mes 20 ans de carrière. J’aurai quelque chose qui va souligner ça.

Le spectacle Tout pour la musique sera présenté le 24 juin à 20h (HAR) en direct du studio Bell du Centre National de Musique de Calgary, sur Unis TV.

De g. à d. De g. à d. Alpha Toshineza, Calamity Jane, Sophie Villeneuve, Paul Cournoyer, Missy D, LGS

Photos : Courtoisie

Artistes invités à Tout pour la musique

Corneille
Wilfred LeBouthillier
Martha Wainwright
Missy D
Dans l’shed
Matiu
Danny Boudreau
Paul Cournoyer
LGS
Sophie Villeneuve
Arthur Comeau
Alpha Toshineza
Le R Premier
Maggie Savoie

Tout pour la musique sera animé par l’auteur-compositeur-interprète acadien, Wilfred LeBouthilier.

Photo : Courtoisie

Ils seront près d’une quinzaine d’artistes provenant des quatre coins de la francophonie canadienne à monter sur scène au Centre National de musique de Calgary le 24 juin à 20h (HAR) pour le spectacle Tout pour la musique. L’auteur-compositeur-interprète acadien, Wilfred LeBouthillier, qui assurera l’animation de la soirée, partagera la scène avec LGS (Ontario), Arthur Comeau (Nouvelle-Écosse), Missy D (Colombie-Britannique) et Corneille et Martha Wainwright (Québec) ainsi qu’une dizaine d’autres artistes.

«Il y a des dates qui sont des moments marquants dans différentes communautés. On peut penser au 15 aout pour les Acadiens, au 25 septembre pour les Franco-Ontariens, des dates plus régionales. Mais le 24 juin c’est vraiment un moment où, à l’échelle du pays, on peut célébrer notre francophonie canadienne», indique Ajà Besler.

Découvrir la vitalité francophone par la musique

Celle qui a été nommée à la direction générale de la Fondation canadienne pour le le dialogue des cultures en aout dernier voit la musique comme un élément rassembleur des francophonies canadiennes.

Ajà Besler

Photo : Courtoisie

«La musique a été pour moi une porte d’entrée dans la culture francophone. Je trouve que ça peut être un outil vraiment puissant pour engager ou intéresser les gens à la francophonie et de découvrir la variété d’artistes francophones qu’on a partout au pays. On a des scènes musicales dynamiques et diversifiées, et des artistes de qualité dans toutes sortes de genres musicaux partout au Canada», assure Ajà Besler.

Née en Alberta dans une famille bilingue, Ajà Besler a grandi dans le Sud de l’Ontario. Elle confie que son attachement pour la francophonie s’est forgé grâce à sa participation à divers évènements.

«En 9e année, je suis allée voir la Nuit sur l’étang à Sudbury. Le fait de sortir des murs de l’école et de vivre une expérience culturelle a fait en sorte que je me suis dit : « Je fais partie de ça, il  y a une place pour moi ici. Il y a de la musique de différents genres, qui m’intéresse, qui est à mon gout et qui est en français. » Ce sont vraiment ces choses-là qui ont fait que j’ai poursuivi ma carrière dans les organismes francophones.»

Elle voit aussi à travers le spectacle annuel Tout pour la musique une occasion de faire connaitre le dynamisme de la francophonie canadienne aux Québécois dont la Saint-Jean-Baptiste est la fête nationale.

«On rejoint aussi un public québécois dans le cadre de ce projet et on fait campagne auprès des Québécois, parce qu’on veut leur montrer qu’il y a une francophonie hors Québec qui est dynamique, qui est vibrante et qu’il y a des artistes de grande qualité», précise Ajà Besler.

 

 

Artistes invités à Tout pour la musique

Corneille
Wilfred LeBouthillier
Martha Wainwright
Missy D
Dans l’shed
Matius
Danny Boudreau
Paul Cournoyer
LGS
Sophie Villeneuve
Arthur Comeau
Alpha Toshineza
Le R Premier

Pluralité et diversité

Le spectacle du 24 juin se veut à l’image de la francophonie canadienne, pluriel et diversifié.

Le chaneur Corneille sera de la partie lors du spectacle du 24 juin à Calgary.

Photo : Courtoisie

«C’est vraiment important pour nous de montrer une diversité d’artistes que ce soit une diversité régionale d’artistes au Canada, ou dans les genres musicaux représentés. On a des artistes racialisés,  d’autres issus de l’immigration. On a aussi des artistes autochtones dans notre programmation», précise Ajà Besler.

La Fondation canadienne pour le dialogue des cultures a pour mission de promouvoir le dialogue entre les communautés francophones et acadienne du pays, mais aussi avec la communauté anglophone, les communautés ethnoculturelles et les peuples autochtones.

Avec Tout pour la musique, «on veut donner la chance à tout le monde qui voudrait aller découvrir de la musique en français de participer que ce soit des familles exogames ou des parents anglophones qui ont des jeunes en immersion et qui voudraient participer en famille à une activité culturelle en français. Ça fait partie de notre mission à la Fondation d’aller chercher la communauté majoritaire du Canada et de leur donner l’opportunité de venir découvrir la francophonie.»

Le spectacle Tout pour la musique sera présenté le 24 juin à 20h (HAR) en direct du studio Bell du Centre national de musique de Calgary, sur Unis TV. Les personnes qui souhaitent y assister en personne peuvent se procurer des billets gratuitement.

Une véritable histoire d’amour s’est développée entre Paul-Émile Chouinard et le Togo. Le conseiller en communications en est à son troisième déploiement dans le pays depuis 2019, dont deux avec Carrefour international.

Installé à Lomé, la capitale togolaise, Paul-Émile Chouinard est responsable de la mise en œuvre de laboratoires d’apprentissage en informatique mobiles pour des clubs de leadeurship accueillant des jeunes filles. Au fil des séjours, il a réussi à tisser des liens d’amitié avec les locaux et s’est taillé une place dans le milieu professionnel togolais.

«Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est le fait de ne pas rester à la maison. Par exemple, lorsque j’allais travailler, je ne rentrais pas manger à la maison ; j’allais manger avec les gens du quartier. Ça m’a permis de faire un contact. On mange la même chose, on n’est pas si différents!»

— Paul-Émile Chouinard

Il a aussi élargi son cercle de contacts en allant à la rencontre des autorités locales, comme les chefs de quartiers. En leur montrant son respect des coutumes lors des premières rencontres, il a réussi à tisser des liens forts avec la communauté.

«Par exemple, quand j’allais voir les chefs, je faisais la salutation officielle en éwé [langue véhiculaire à Lomé]», une stratégie qui lui a permis de mobiliser davantage de participantes à ses ateliers de formation.

Visitez le site Web de Carrefour international

Maintenant bien installé, en plein cœur de son second séjour avec Carrefour international, Paul-Émile sent que ses expériences de volontariat l’ont transformé : «Tu ne vas pas changer le monde ou le pays. Tu vas changer la vie peut-être d’une ou deux personnes. Mais juste ça, juste avoir le sentiment que tu as fait ce changement-là, ça vaut tout l’or du monde.»

Paul-Émile Chouinard est conseiller en communications pour l’organisation non gouvernementale La Colombe à Lomé, la capitale du Togo.

Un retour en terre natale

L’expérience de volontariat de Frédérique Kanga l’a quant à elle ramenée dans son pays d’origine, la Côte d’Ivoire. Après avoir passé plusieurs années au Canada pour faire ses études postsecondaires et expérimenter le marché du travail, la jeune ivoirienne aspirait à faire une différence.

«Mon ambition, c’était vraiment de revenir travailler en Afrique. Je me disais chaque fois qu’il y avait beaucoup de choses à faire en Afrique, donc il fallait que je revienne. C’était ça, ma motivation», précise celle qui depuis un an travaille en mobilisation des ressources à Abidjan, la capitale ivoirienne.

— Frédérique Kanga

Pour Frédérique, le secret du succès passait par l’intégration au sein de l’équipe : «Je voulais absolument m’intégrer, donc j’ai décidé comme ça, en une journée, de parler à tout le monde! Tous ceux qui étaient là-bas, je les approchais et je leur demandais : “Toi, qu’est-ce que tu fais ici? Je me présente, je suis conseillère en mobilisation des ressources. Ici, comment ça se passe la mobilisation des ressources?”»

Cette stratégie lui a permis de rapidement tisser des liens forts avec les membres de les membres de son équipe. La jeune professionnelle retient également le bonheur qu’elle a observé chez les femmes et les filles qui participaient aux activités de Carrefour international.

À lire aussi : L’expertise canadienne mise à profit pour l’égalité des genres en Afrique

«Il y a des activités que j’ai eues à mettre en place et j’ai vu des sourires sur les visages de certains bénéficiaires. Je me dis que j’ai eu vraiment une belle expérience! C’était vraiment gratifiant. Je retourne [au Canada] avec le cœur lourd parce que je me dis que je n’ai pas encore fini ce que j’ai commencé», explique-t-elle.

En juin, Frédérique Kanga entreprendra un second mandat de 12 mois en Côte d’Ivoire auprès de partenaires de Carrefour International. Même si elle a atteint les objectifs de son premier mandat, elle ressent le besoin profond de poursuivre son travail dans la communauté.

Séduite par sa première expérience de volontariat, Frédérique Kanga entreprendra en juin un second séjour de 12 mois à Abidjan, la capitale ivoirienne.

Le bienêtre et la sécurité au cœur des priorités de Carrefour international

«L’engagement, c’est ça qui est la clé du succès», explique Alex Chevalier-Caron, gestionnaire d’équipe et responsable de l’embauche et du déploiement des volontaires chez Carrefour international.

«Au-delà même d’un bac, d’une technique ou d’une maitrise, c’est ce sens de l’engagement, ce sens de vouloir faire le changement qui est une compétence transversale aux individus. On n’a pas de diplôme pour être engagé, on n’a pas de badge pour l’engagement, mais il y a ce petit côté qu’on recherche chez les gens et je pense que Frédérique et Paul-Émile le démontrent bien», ajoute-t-il.

L’équipe de Carrefour international a à cœur la santé et la sécurité de ses volontaires sur le terrain. Avant même de franchir les premières étapes en vue d’un déploiement, des employés de l’organisme accompagnent les volontaires.

Alex Chevalier-Caron est gestionnaire d’équipe et responsable de l’embauche et du déploiement des volontaires chez Carrefour international.

Photo : Capture d'écran

«Que tu sois un volontaire en série ou un nouveau volontaire, tu as toujours besoin de formation», précise Alex Chevalier-Caron. Carrefour international offre toujours une formation prédépart d’environ une semaine dans le but de régler les questions d’installation et de sécurité dans le pays. Une fois sur place, les volontaires reçoivent un accompagnement d’une semaine pour choisir un logement et se familiariser avec les environs.

«Dans chaque pays, il y a des super volontaires qui sont là pour appuyer les volontaires tant sur le plan professionnel que personnel. Des gens qui sont là 24/7 pour les épauler», assure Alex Chevalier-Caron.

Carrefour international est toujours à la recherche de nouvelles expertises et de nouveaux volontaires qui souhaitent tenter l’expérience du développement international.

«Actuellement, j’aimerais ça avoir autant quelqu’un qui vient de la sphère agricole, qui vient de la sphère de la communication, qui vient de la sphère informatique, du travail social, du bizness. J’ai tous ces besoins-là à combler actuellement chez les partenaires», précise le gestionnaire d’équipe.

Paul-Émile Chouinard en est à son troisième séjour au Togo depuis 2019 et à sa deuxième expérience de volontariat avec Carrefour international. L’expérience de volontariat a permis à Frédérique Kanga de revenir dans son pays d’origine, la Côte d’Ivoire.

Photos : Courtoisie

Frédérique Kanga encourage toute personne à tenter l’expérience du volontariat : «Pour avoir une ouverture d’esprit, on ne peut pas rester chez soi. Se cultiver, c’est aussi aller sur le terrain.»

Paul-Émile Chouinard, pour sa part, se fait rassurant : «Ferme ta télé, ferme ton réseau social et vas-y! Il faut arrêter de trop penser. Le pire qui arrive, c’est que t’aimes pas ça. Il faut arrêter de trop penser et y aller. Après ça, on peut dire : “Au moins je l’ai fait!”.»

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