La publicité est vue en politique comme un produit de luxe, une façon de promouvoir, de mettre en valeur les actions du gouvernement, mais dans l’écosystème médiatique canadien, la réalité est toute autre.
L’investissement publicitaire incombe aux gouvernements afin de s’assurer de livrer des messages au plus grand nombre de citoyens possible, de garantir un accès équitable à tous, peu importe la situation géographique, et d’investir de manière responsable dans des entreprises d’ici. Chaque dollar, investi dans une entreprise qui n’a pas de retombées dans une collectivité au pays, est un pas dans la mauvaise direction et n’atteint pas la cible.
La publicité nécessaire
En 2022, la station de radio FM 103,3 sur la Rive Sud de Montréal et l’Association des radios communautaires du Québec (ARCQ), avaient publié deux études démontrant la corrélation entre l’investissement publicitaire au sein d’un média et la croissance du nombre d’articles produits au sein de ses organisations.
Que ce soit Le Devoir, les Coops de l’information, nos radios communautaires, les membres de Réseau.Presse, tous les médias misant avant tout sur leur mission d’informer, investir des montants publicitaires dans ses entreprises, souvent à but non lucratif, est un des meilleurs moyens pour les gouvernements de créer des retombées économiques positives sur chaque dollar injecté. Sans compter que dans ce type de média, où l’indépendance des travailleurs de l’information est respectée, la démocratie ne fait que mieux s’en porter. Ce qui n’a pas toujours été le cas avec Meta, où son rôle dans la démocratie a souvent été mis en cause.
Peu ou pas d’investissement publicitaire fédéral
Ayant accès au placement publicitaire dans les radios communautaires québécoises, j’ai comptabilisé les investissements publicitaires du gouvernement fédéral dans la dernière année. À vrai dire, le calcul a été rapide à faire chez certains, le montant étant de 0 $ depuis le but de l’année et la somme totale pour les 37 radios membres est d’environ 20 000 $ depuis janvier 2023. On est loin des 11 millions que recevait Facebook annuellement, soit 916 000 $ chaque mois, sans nécessairement avoir de retour sur l’investissement.
À l’ARCQ, ce sont 250 employés qui payent des impôts, sans compter les nombreuses retombées économiques dans diverses communautés au Québec. Si le gouvernement fédéral ne se donne pas de directive et de cible, on aura ce même constat année après année.
S’inspirer du modèle québécois
Il n’y a rien de parfait, mais le modèle que le Québec a adopté en février 1995, soit d’investir un minimum de 4 % dans les médias communautaires (incluant la radio, la télé et les imprimés), peut inspirer le gouvernement canadien. Cette mesure doit être mise à jour au Québec étant donné la transformation des médias depuis 30 ans, et le pourcentage revu à la hausse dans les prochains mois, surtout que la cible a rarement été atteinte. Cette directive politique a traversé les décennies et les gouvernements successifs, et a permis de mesurer les progrès, et de rappeler au gouvernement du Québec ses responsabilités.
L’équité du territoire demeure un enjeu primordial en la matière et les intervenants politiques, peu importe le palier, doivent être plus attentifs. Trop souvent, des messages, qui doivent s’adresser aux régions, ne sont disponibles que dans un certain type de média.
On a d’ailleurs même vu des campagnes sur la sécurité en motoneige, sur des postes à pourvoir durant les élections municipales, ou encore sur la chasse, ne pas être diffusées dans certains marchés comme Maniwaki, Amos, le Bas-St-Laurent, la Côte-Nord, la Gaspésie et plusieurs autres, mais être accessibles à plusieurs reprises dans des marchés urbains et sur les plateformes de Meta.
Entendons-nous, les gens des grands centres font aussi de la motoneige, chassent et vont voter, mais en toute logique, ces messages ciblent une réalité régionale, la moindre des choses serait de les inclure.
Lorsque des campagnes publicitaires du gouvernement manquent leurs cibles, c’est le contribuable qui écope. Si les gouvernements se donnent des objectifs, cela leur permettrait aussi d’avoir un meilleur contrôle sur le placement sélectionné par les agences publicitaires. Les gouvernements transmettent des campagnes à des agences qui doivent être redevables et sélectionner le placement publicitaire de manière équitable et éthique.
L’annonce du ministre Rodriguez et de ses collègues bloquistes et néodémocrates a beau être courageuse, mais si elle s’arrête ici, elle n’aura pas eu le résultat escompté. Ces mesures doivent être inclusives, non seulement pour les médias, mais pour les Canadiens. Ce n’est pas une mince tâche, mais elle est nécessaire. De plus, il s’agit d’un autre moyen de maintenir la démocratie, puisqu’on ne parle pas de nouvelles dépenses, mais de mieux investir.
Si le gouvernement canadien veut réellement avoir un impact positif, il sera primordial qu’il agisse dans les prochaines semaines.
Quelques chiffres pour situer le débat
Depuis longtemps, les chercheurs et les organismes dans le domaine de l’immigration tirent la sonnette d’alarme sur les problèmes de logement vécus par les nouveaux arrivants.
Le logement est pourtant l’élément incontournable, premier, à la réussite du parcours d’immigration.
Sans logement, il est impossible d’avoir accès aux services d’aide à l’emploi ou aux services de formation linguistique. Sans adresse, pas de carte santé, pas d’inscription possible pour les enfants à l’école. Tout cela va de soi.
En 2022, le Canada a accueilli 437 180 immigrants. À ce nombre, il faut ajouter 607 782 résidents non permanents, qui incluent les demandeurs d’asile, les travailleurs temporaires et les étudiants étrangers.
L’année dernière toujours, le Canada a recensé l’achèvement de 219 942 nouvelles unités de logement en tout genre.
On se retrouve donc avec un rapport d’un logement pour 4,75 immigrants toutes catégories confondues. Inutile donc de préciser que l’on est loin du compte.
Et pour le gouvernement fédéral, il faut continuer à augmenter les niveaux d’immigration. La cible fixée pour 2024 est de 451 000 immigrants.
En attendant, dans les rues de Toronto, des demandeurs d’asile sont obligés de dormir dans la rue et les centres d’accueil débordent.
Dans tout le pays, les centres d’accueil pour personnes itinérantes manquent de places. Le sans-abrisme (aux multiples causes) se retrouve aujourd’hui dans toutes les villes du Canada, même les petites villes en régions éloignées.
Les mises en chantier ne suivent absolument pas les niveaux d’immigration décrétés par le gouvernement fédéral.
La crise du logement n’est pas qu’un problème de grandes villes
Dans les communautés francophones en situation minoritaire, éparpillées un peu partout au Canada, souvent dans des régions éloignées et des petites et moyennes villes, on sait très bien que la crise du logement sévit également.
En 2022, le taux d’inoccupation était par exemple de 1,6 (la situation est jugée alarmante quand ce taux est inférieur à 3) dans le Grand Sudbury en Ontario, de 1,7 à Moncton au Nouveau-Brunswick, de 0,9 à Vancouver en Colombie-Britannique et de 2,7 à Winnipeg au Manitoba.
La situation du logement n’a rien d’enviable non plus dans les plus petites villes où se trouvent des communautés francophones. Le taux d’inoccupation s’établit par exemple à 1,9 à Bathurst au Nouveau-Brunswick et à 0,2 à Hawkesbury en Ontario.
Alors, tous les efforts des organismes pour attirer des immigrants ne servent à rien s’il n’y a pas de logement.
Les organismes se sont battus auprès d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour obtenir des programmes cibles (par exemple, l’initiative des Communautés francophones accueillantes, le projet pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord), mais toutes ces énergies sont réduites à néant s’il n’y a pas de logement.
Toutes les recherches s’accordent à dire qu’il faut régionaliser l’immigration pour éviter, entre autres, la ghettoïsation, mais comment y arriver quand il n’y a quasiment rien à louer ou à acheter dans une ville comme Hearst ou Kapuskasing en Ontario?
Cela a également une incidence sur nos institutions postsecondaires, qui sont pourtant le moteur de notre économie à maints égards (réflexions nécessaires sur nos communautés, étudiants consommateurs, formation de la main-d’œuvre, futurs citoyens participant et contribuant pleinement à la vie communautaire).
S’il n’y avait pas de problème de logement, l’Université de Hearst en Ontario pourrait accueillir un bien plus grand nombre d’étudiants ; de même pour l’Université de l’Ontario français si les prix du logement n’étaient pas exorbitants à Toronto.
Et ne cherchez pas de logement à louer à Pointe-de-l’Église, en Nouvelle-Écosse, si vous étudiez à l’Université Sainte-Anne. Selon Kijiji, il n’y en a pas!
Les dangers liés à la crise du logement et aux perceptions de l’immigration
Les dangers sont nombreux. Tout d’abord, il a déjà été établi que l’intégration sociale et économique des nouveaux arrivants ne peut débuter s’ils n’ont pas de logement à leur arrivée. Cela les fragilise grandement.
Ensuite, c’est désagréable à dire, mais c’est mathématique : l’arrivée d’un si grand nombre de nouvelles personnes chaque année met forcément une pression à la hausse sur le prix des loyers et des maisons.
Il y a une logique économique évidente : cela crée plus de demandes et contribue donc à l’augmentation des prix.
Par conséquent, on peut supposer que cette situation crée des perceptions négatives envers les immigrants et l’immigration en général. On passe du «ils viennent nous voler nos jobs» au «ils viennent nous voler nos logements», les deux pour les racistes endurcis.
D’autant que les recherches montrent qu’un nombre significatif d’immigrants arrivent avec des économies et sont donc en mesure d’acheter un logement. De quoi alimenter les discours populistes voulant que les Chinois et les «maudits Français» soient responsables, à eux seuls, de la pression sur les prix de l’immobilier.
Il est grand temps que le gouvernement fédéral arrête de mettre la charrue devant les bœufs.
Oui, le Canada est un immense pays à la densité dérisoirement basse ; oui, le Canada connait une importante pénurie de main-d’œuvre ; oui, le Canada a une population vieillissante. Pour toutes ces raisons, nous avons besoin d’une immigration forte.
Mais il faut avant tout s’assurer de pouvoir accueillir convenablement ces futurs citoyens.
Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des facultés de Sciences humaines et de Philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du Partenariat Voies vers la prospérité.
Personne ne sera étonné d’apprendre que les salaires ne suivent pas le rythme de l’augmentation des prix des logements.
En tenant compte de l’inflation, les salaires ont augmenté d’environ 25 % depuis le début des années 2000 au Canada. Or, dans la plupart des régions du pays, le prix d’achat des logements, lui, a doublé ou triplé, voire quintuplé dans des villes comme Ottawa, Toronto ou Vancouver.
Il n’y a plus une province où le prix de référence d’une maison unifamiliale est de moins de 250 000 $.
Les ménages dépensaient le cinquième de leur budget pour se loger il y a 20 ans. C’est presque le tiers aujourd’hui. Jamais le marché immobilier n’a été aussi inaccessible.
De nombreux facteurs expliquent la hausse des prix de l’immobilier au pays depuis une vingtaine d’années : forte croissance de la population, déséquilibre entre l’offre et la demande de logements, faibles taux d’intérêt, hausses du prix des matériaux, etc.
Plus récemment, la vague sans précédent d’immigration que connait le pays, l’épargne accumulée pendant la pandémie et la hausse des salaires liée à la pénurie de main-d’œuvre ont été les principaux moteurs de la hausse des prix.
Et avec la montée rapide des taux d’intérêt, voilà maintenant que les promoteurs retardent les mises en chantier de logements neufs, ce qui accroit encore la pression sur les prix.
Le cout élevé des logements n’affecte pas que l’accès à la propriété.
Les locataires aussi dépensent davantage pour se loger puisque les prix des logements locatifs ont suivi la même tendance que ceux des maisons unifamiliales et des condos. La pression est forte sur les propriétaires pour augmenter les loyers.
Les jeunes et les locataires sont laissés pour compte
Conséquence de la bulle immobilière, les jeunes adultes commencent leur vie active avec un boulet financier que leurs parents ou leurs grands-parents n’ont pas connu, et ce, même si la pénurie de main-d’œuvre actuelle joue en leur faveur pour leur permettre d’accroitre leurs revenus.
À court terme, la bulle immobilière a comme première conséquence de contraindre les jeunes à dépenser une part supérieure de leurs revenus pour se loger.
L’accès à la propriété est souvent conditionnel à l’aide financière de la famille.
Au Québec, ce sont 20 % des jeunes qui reçoivent un appui financier de leurs parents pour financer l’achat d’une première propriété. En Ontario, ce sont 4 parents sur 10 qui financent l’achat du premier logement de leurs enfants. La majorité d’entre eux empruntent pour donner un coup de pouce à leur progéniture.
Les jeunes restent aussi plus longtemps chez leurs parents et ont des enfants plus tard que les générations précédentes. Il y a un lien direct entre l’abordabilité des logements et l’âge moyen du premier accouchement des femmes.
À long terme, le manque de logements abordables pour les jeunes réduit leur capacité à épargner. Cela pourrait avoir des conséquences importantes sur leurs possibilités de bien vivre à la retraite.
La part des biens immobiliers dans le patrimoine des familles est très importante et elle ne cesse de s’accroitre.
En moyenne au pays, la valeur des propriétés immobilières représente 40 % de la valeur nette des ménages. Ce pourcentage est de près de 50 % en Colombie-Britannique et en Ontario. C’est une composante cruciale de la richesse des familles canadiennes.
Mais une cassure se dessine. De moins en moins de jeunes auront accès à cette richesse.
Des inégalités plus grandes
La bulle immobilière a aussi comme conséquence d’accroitre les inégalités au sein de la population.
Il y a toujours eu des ménages plus pauvres pour qui l’accès à la propriété était plus difficile. Or, de nos jours, même un salaire de 50 000$ par an ne suffit souvent plus pour accéder à la propriété.
Il y aura donc de plus en plus de travailleurs qui habiteront dans des logements à loyer, non pas par choix, mais par obligation.
L’héritage jouera aussi un rôle prépondérant dans la capacité à accéder à la propriété.
Les babyboumeurs canadiens sont assis sur une fortune de près 3 800 milliards de dollars. Les biens immobiliers représentent plus de 1 500 milliards de dollars dans ce pactole.
Au cours des 20 à 25 prochaines années, une bonne partie de cette richesse sera transmise aux générations futures. L’écart de richesse entre les jeunes qui ont des parents ou des grands-parents possédant une propriété et ceux dont les ainés sont locataires deviendra alors plus grand.
Malgré de beaux discours, les gouvernements de tous les ordres ne saisissent pas encore l’ampleur du problème qui se dresse devant la société canadienne.
Le nombre de logements abordables financés par les gouvernements est dérisoirement inadéquat pour répondre à la crise actuelle. Le logement est encore trop souvent considéré comme un bien privé, un secteur où les gouvernements ont peu de marge de manœuvre pour intervenir.
Pourtant, c’est de l’équité intergénérationnelle et de l’égalité des chances entre les citoyens dont il s’agit. Les gouvernements feraient bien d’accorder plus d’importance à l’accessibilité au logement.
Plus on attend avant d’agir, plus la tendance sera difficile à renverser.
David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir achevé des études supérieures en économie politique à l’’UQAM et à l’Université d’Ottawa.
Cependant, ceci n’est pas possible quand nous remarquons que la jeunesse en générale attribue très peu d’importance à sa francophonie et à sa culture. De tels défis ne datent pas d’hier, ils préoccupent notre communauté depuis longtemps.
Le déclin du français parlé dans les écoles de langue française est un enjeu qui menace le bienêtre et la pérennité de la communauté franco-ontarienne. Ce déclin est attribuable à plusieurs choses : un manque de fierté chez les jeunes, le manque de sentiment d’appartenance, une insécurité linguistique ou même certains enjeux régionaux.
Le problème se manifeste dans les écoles partout en province. Les stéréotypes envers les francophones existent depuis des décennies, mais empirent de nos jours.
Insécurités linguistiques
On témoigne que des élèves francophones se font agacer pour leurs accents «trop français», mettant en évidence les préjugés que plusieurs jeunes portent contre la langue et la culture francophone.
Ils passent des commentaires défavorables contre la langue française, montrant à quel point ils se dissocient et manquent d’un sentiment d’appartenance à la communauté francophone.
Quand les jeunes attribuent peu d’importance à leur francophonie, ça présente un problème à plus grande échelle pour la communauté franco-ontarienne dans son entièreté. Une langue qui n’a pas de vie chez les jeunes n’a pas d’ancrage et ne sera donc pas durable.
Pour tenter de remédier à cette situation, certaines écoles limitent les apprentissages en français afin d’éviter de telles insécurités linguistiques, permettant aux jeunes de s’exprimer dans la langue de leur choix, alors qu’ils fréquentent une école francophone.
Cela fait en sorte que les écoles de langue française deviennent tranquillement des écoles bilingues, ou bien majoritairement anglophones.
Des écoles francophones en anglais
Certains enseignant·e·s, choisissent de distribuer des ressources, des devoirs ou même faire des leçons en anglais. Au lieu de traduire un texte en français et devoir l’expliquer à maintes reprises pour que l’élève comprenne, certains enseignants préfèrent passer de la matière en anglais.
Ceci cause un grand défi dans les écoles francophones, parce qu’on encourage les élèves à ne pas s’améliorer en français, à ne pas pratiquer, à ne pas comprendre l’importance d’une éducation en français.
Les élèves ne pourront jamais apprendre le français si on accommode la population d’étudiants qui sont dans les écoles françaises, mais ne comprennent pas aussi bien le français.
Il faut également normaliser les accents francophones en encourageant les élèves à parler le français malgré leurs accents. Après tout, on nous le chante depuis notre enfance, comme nous le dit le Notre Place par Paul Demers : il faut «mettre les accents là où il le faut»!
Dans plusieurs écoles, les rappels aux élèves de parler en français sont raréfiés. Ainsi, les élèves ne voient pas l’importance de parler en français, car souvent on finit par leur parler en anglais, afin de les accommoder.
Perte du français
Les élèves, malgré le fait qu’ils sont inscrits à des écoles de langue française, perdent leur français. Dans quelques écoles, on remarque que les profs parlent en anglais avec les élèves, dans les corridors et les salles de classe, manquant le vouloir de continuellement devoir rappeler aux élèves de parler en français.
Parfois, dans le cadre de certains cours, la musique, des films et vidéos sont joués en anglais. Pourtant, de simples gestes comme jouer de la musique en français lors d’évènements, de danses scolaires, dans le gymnase ou bien simplement parler à ses élèves en français en tout temps, encouragent les élèves d’accorder un sens d’appartenance à leur langue.
Si les élèves ne sont jamais exposés aux aspects culturels de leur langue, comme la musique, c’est certain qu’ils vont continuer à penser que le français n’est pas «cool». Il faut pouvoir montrer aux élèves que le français c’est plus que juste une langue parlée à l’école, mais qu’au fait, c’est une culture, une langue essentielle en Ontario.
Le manque d’utilisation de français n’a pas simplement lieu dans les salles de classes, mais aussi à l’extérieur de l’école. L’apprentissage débute à la maison. Si les élèves n’ont jamais été exposés à des apprentissages et des aspects culturels à la maison, ils auront de la misère d’avoir un sentiment d’appartenance lorsque le français n’est que parlé à l’école.
Consommer de la culture en français
Afin d’assurer que la future génération de Franco-Ontariens puisse aller à l’école française et se faire enseigner en français, il est important que les jeunes d’aujourd’hui trouvent et transmettent leur fierté francophone aux autres qui les entourent.
Même si la situation pourrait sembler désespérante, il y a des solutions. Pour mieux comprendre son histoire en tant que Franco-Ontarien, ça prend l’enseignement de l’historique de sa communauté. Cet enseignement devrait se faire dans les salles de classe, afin d’entrainer un sentiment d’appartenance chez les élèves.
Parlons de ressources culturelles ; il faut favoriser la consommation de la culture française dans les écoles. Le terme «culture» englobe la musique, les vidéos, les affiches, les médias, etc.
Dans ce même but, il faudrait offrir plus d’expériences d’apprentissage enrichissantes en français, comme des camps de leadeurship ou des activités dans les écoles. C’est pour cela qu’il est si important de reconnaitre l’importance de l’animation culturelle dans les écoles, qui permet la mise en œuvre de telles activités.
«Arrêter d’avoir peur»
D’ailleurs, il faut reprendre le contrôle des écoles françaises et arrêter d’avoir peur d’encourager l’utilisation du français. Il ne faut pas accommoder les anglophones au détriment des élèves francophones. Il faudrait faire des suivis dans les écoles afin d’assurer que l’enseignement et les devoirs soient toujours livrés en français.
Pour préserver notre identité franco-ontarienne, son existence doit se faire semer dans les écoles. Mais comment faire? Il faut encourager l’utilisation du français, commençant à la maison dès un jeune âge et continuant même au-delà du secondaire.
Il faut montrer l’importance du français ; démontrer que notre langue est belle et unique.
Il faut renforcer la notion que notre langue nous ouvre des portes et qu’il est important de l’implémenter dans son quotidien.
Il faut montrer que ça fait partie de son identité comme individu. Tout ça pour faire en sorte que les écoles francophones de la province redeviennent des pierres angulaires de la francophonie, afin qu’elles habilitent la construction identitaire, fassent naitre le sentiment d’appartenance et avivent la fierté.
L’état du français dans les écoles de langue française en Ontario est redoutable et franchement critique. Il est impératif qu’on amorce une réforme dans nos écoles, pour assurer la pérennité de la langue française.
Si on laisse la situation tranquille et qu’on ne fait rien, on va perdre toute une génération de francophones. Il faut alors encourager les jeunes, assurer que la fierté francophone soit transmise, qu’un sentiment d’appartenance à la communauté soit attribué et que même en contexte minoritaire, les francophones soient représentés et entendus.
Faut-il s’en étonner? Pas vraiment. C’est une tactique que l’entreprise de Mark Zuckerberg avait déjà empruntée en Australie en 2022, mais qui, au final, s’était soldée par la négociation d’une entente avec l’État.
Bref, il y a fort à parier, sans mettre une date sur la résolution de ce conflit, que le Canada et l’entreprise américaine réussiront sans doute à s’entendre, et ce, plus tôt que tard, afin que les Canadiens continuent de consulter leurs nouvelles sur Facebook.
Cela dit, il ne faut pas croire que tous les médias récolteront une partie du pactole dans cette entente négociée avec Meta, et bien sûr ensuite avec Google.
Soyons lucides. Ce sont essentiellement les gros médias canadiens comme The Globe and Mail, La Presse, ou même le diffuseur public CBC/Radio-Canada qui arracheront une partie de l’enveloppe négociée.
Les plus petits joueurs, eux, déjà étranglés par les géants de l’internet qui vampirisent l’assiette publicitaire à hauteur d’environ 80 % depuis des années, devront pour leur part se contenter de… Euh! Probablement rien.
Il faut en effet être lucide. Que recevraient de toute façon comme rétribution trimestrielle, votre journal local ou encore votre radio communautaire, pour le partage d’une poignée de leurs articles dans Facebook ou affichés dans Google Actualités? À peine quelques dollars, sans doute.
Consultez le site de l’ARC du Canada
Un problème en partie alimenté par nos gouvernements
Je ne voudrais pas avoir l’air de lancer de roches à quiconque.
Mais, force est d’admettre que le problème des médias qui crèvent de faim en raison de la chute de leurs revenus publicitaires depuis des années est en partie alimenté par les gouvernements, et tout particulièrement le fédéral.
En partie du moins. Vous ne me croyez pas?
Pour vous en convaincre, sachez qu’en l’espace d’à peine 5 ans, les dépenses publicitaires du gouvernement du Canada dans les médias sociaux sont passées de 7,7 M$ en 2017-2018 à plus de 21 millions de dollars durant l’exercice 2021-2022. C’est pratiquement trois fois plus.
Et ça, c’est sans compter sur les dépenses faites dans les engins de recherche tels que Google et Bing de Microsoft.
Dans le Rapport annuel 2021-2022 sur les activités de publicité du gouvernement du Canada, on apprenait entre autres choses à la page 12 que le gouvernement du Canada avait dépensé par moins de 11,4 M$ de vos taxes et impôts en 2021-2022 pour des publicités dans les plateformes numériques appartenant à Meta, soit Facebook et Instagram.
C’est plus de la moitié (54 %) de toutes les dépenses publicitaires dans les médias sociaux cette année-là. Juste dans ces deux plateformes qui pénaliseront bientôt vos journaux, vos télés et vos radios.
Ça veut dire qu’en même temps que le gouvernement échafaudait son projet de loi pour contraindre Meta à rétribuer les éditeurs de contenus journalistiques, il continuait d’engraisser Facebook et Instagram pour plus de 11 millions de dollars. Je veux dire, vos dollars.
Ironiquement, pendant l’année 2021-2022, le gouvernement a mis 11,6 M$ en publicité… dans l’ensemble des stations radiophoniques canadiennes.
Songez-y deux secondes.
Le gouvernement a donné 11,4 M$ à une entreprise étrangère (Meta), qui est reconnue comme l’une des plus sournoises en matière d’évasion fiscale, au point où des enquêtes sont ouvertes sur ses malversations à plein d’endroits dans le monde.
Et, pendant ce temps-là, les plus ou moins 1 200 stations de radio titulaires d’une licence du CRTC en 2021-2022, qu’elles soient commerciales ou communautaires, se sont séparées ensemble un montant identique d’à peu près 11 millions.
Une année exceptionnelle, soit dit en passant. Dans la mesure où l’État a investi beaucoup d’argent pour diffuser de l’information sur la COVID-19. De là cette somme rondelette.
À preuve, les dépenses dans les radios en 2017-2018 et en 2018-2019 ne s’étaient élevées respectivement qu’à 391 916 $ (2017-2018) et 799 671 $ (2018-2019).
Ces mêmes années-là, Facebook/Instagram avait reçu 5,6 M$ en 2017-2018 et 5,4 M$ l’année suivante.
Comprenez-vous l’iniquité entre, d’un côté, engraisser une entreprise voyou à coups de millions à chaque année, et, de l’autre côté, appauvrir nos médias d’information?
Si demain matin le gouvernement fédéral (et vos gouvernements provinciaux aussi d’ailleurs) décidait de couper les vivres à Facebook et Instagram en réaction aux menaces de l’entreprise d’interdire l’accès aux nouvelles canadiennes à ses usagers du Canada, sans doute pourrions-nous voir l’ombre d’une solution pour les médias qui se font vampiriser par les géants du web.
Je me demande ce que le gouvernement attend pour envoyer la commande à son agence de placement publicitaire d’interrompre tout achat de publicités dans Instagram et Facebook.
Vous croyez qu’ils le feront? Le temps nous le dira. Ou pas.
Professionnel du domaine des médias électroniques avec plus de 30 ans d’expérience, Simon Forgues est à l’emploi de l’Alliance des radios communautaires du Canada depuis 2007. Diplômé en animation radio et télévision au Collège Radio Télévision de Québec, il possède aussi une attestation d’études en création de podcast du Collège Bart. Impliqué dans de nombreux projets liés à la radiodiffusion, et ce, de l’idéation de contenu jusqu’à la production, il a œuvré dans différentes radios du Québec et de l’Ontario, où il a cumulé également des tâches liées à la coordination musicale et à la programmation.
En résumé, la politique 713 du Nouveau-Brunswick, entrée en vigueur en aout 2020, établit les exigences minimales afin que les écoles publiques soient des milieux sécuritaires, inclusifs, et favorables à l’affirmation pour tous les élèves 2ELGBTQI+.
Malgré le fait que cette politique est généralement applaudie par les élèves, par une majorité de parents et intervenants du milieu scolaire néobrunswickois, l’administration du gouvernement en place a décidé d’en opérer une révision controversée.
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Droits fondamentaux
Étaient mises en cause dans le cadre de cette révision : les dispositions qui traitent de l’accès aux toilettes sur la base de l’identité de genre, la participation aux sports d’équipe et la permission pour les élèves de moins de 16 ans de changer de prénom et de choisir leurs pronoms préférés sans aucune communication aux parents.
Bien que cette révision pouvait sembler assez inoffensive aux yeux de plusieurs, rappelons-nous que toute remise en question des droits de minorités constitue une menace pour l’intégrité du droit en question. Des droits fondamentaux peuvent être si facilement enlevés que nous ne pouvons les tenir pour acquis, même dans un pays comme le Canada. L’annonce de la nouvelle mouture de la politique 713 qui empêchera les élèves de moins de 16 ans d’utiliser le prénom ou pronom de leur choix à l’école si leurs parents ne l’ont pas autorisé ne fait que confirmer ce constat.
C’est dans ce contexte que nous souhaitons réitérer qu’en plus d’être tenu de respecter son propre cadre législatif en matière de droits de la personne, le gouvernement d’une province est assujetti aux dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés (article 32) sous certaines réserves.
La Charte est on ne peut plus claire à l’effet que tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination, notamment fondée sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l’âge ou les déficiences mentales ou physiques (article 15).
La Cour suprême a d’ailleurs été non équivoque à l’effet que l’orientation sexuelle est un motif sur lequel une plainte pour discrimination est fondée (Egan c. Canada). De plus, les tribunaux peuvent déterminer d’autres motifs illicites analogues à ceux énumérés à la Charte, notamment lorsqu’ils visent une caractéristique personnelle qui est immuable.
Un contexte «inquiétant»
En tant que législateurs, nous sommes d’avis que toute démarche législative, règlementaire ou politique devrait en tout temps tendre vers la progression des droits plutôt que de les faire régresser.
En 2020, la politique 713 a été mise en œuvre pour faire exactement cela : s’assurer que les étudiants 2ELGBTQI+ sont en mesure d’apprendre, de vivre et de s’épanouir dans des espaces éducatifs surs et positifs.
La régression des droits des étudiants 2ELGBTQI+ devrait tous nous inquiéter. Nous ne devrions en aucun cas priver les étudiants de leur droit à la non-discrimination et à des environnements d’apprentissage surs.
À notre point de vue, si la révision de la politique 713 se veut sérieuse et légitime, nous estimons qu’elle devrait faire l’objet d’un processus de consultation rigoureux des parties prenantes et le résultat devrait tendre vers le progrès et l’égalité, en conformité avec les impératifs législatifs qui l’imposent.
Considérant ce qui précède et comme la nouvelle mouture de la politique 713 n’entrera en vigueur qu’au 1er juillet 2023, nous ne pouvons qu’espérer comme dénouement positif, une volteface quant à la disposition traitant de l’auto-identification ci-dessus mentionnée.
Alors que le contexte actuel entourant la nouvelle mouture de la politique 713 nous inquiète, tout comme le climat dans lequel s’inscrit la saison de la Fierté 2023, nous souhaitons rappeler qu’il est du devoir de tout un chacun d’œuvrer à rendre notre société plus ouverte et inclusive. Il est de la responsabilité des parlementaires, gouvernements, parents, organismes de la société civile et citoyens, d’être bienveillants, de reconnaitre les réalités des personnes 2ELGBTQI+ et de s’engager dans la progression de leurs droits par des actions concrètes.
Le Canada s’est bâti comme un pays européen, une nouvelle France (et un Québec dont le Code civil est inspiré de celui de la France), puis il a adopté un système reposant sur les mêmes principes que le Royaume-Uni.
Les impératifs de la colonisation et du développement économique capitaliste ont été renforcés par les attitudes que disséminaient les organisations religieuses qui ont participé à la construction du pays.
Le résultat de cette fondation économique et idéologique du pays est l’exclusion de plusieurs formes de vies non seulement de l’espace public, mais aussi de l’espace privé.
Il n’a jamais été suffisant pour les groupes dominants que les membres des communautés 2ELGBTQIA+ gardent leur sexualité dans la chambre à coucher ou que les Premiers Peuples demeurent isolés dans des réserves.
Une répression souvent violente trouvait les membres de ces groupes et nations pour les punir et empêcher qu’ils aient des pratiques jugées contraires à celles du reste de la population – et surtout pour qu’ils se conforment aux normes et à l’ordre que l’on cherchait à imposer.
Cette visée de faire disparaitre les personnes 2ELGBTQIA+ et les Premiers Peuples n’a malheureusement pas été abandonnée par toutes les parties de la population.
Des changements qui tardent à se faire sentir
Ce n’est que très récemment que l’interdiction constitutionnelle de discriminer sur la base de l’orientation sexuelle a été reconnue par la Cour suprême (2006) et qu’une loi protégeant la diversité de genre a été adoptée (2017).
On voit également un désir d’inclusion plus grand au sein de plusieurs organismes, comme au sein de l’Assemblée communautaire fransaskoise.
Toutefois, les avancées ne sont pas acquises pour de bon. Un mouvement homophobe et transphobe plus large a notamment mené des conseils scolaires en Ontario et en Saskatchewan à signaler leur opposition à la reconnaissance des personnes 2ELGBTQIA+.
Et il ne faut pas oublier que l’interdiction de la participation de policiers et policières en uniforme par les comités d’organisation des défilés de la Fierté à Toronto et à Vancouver ces dernières années répond à une histoire de violence et de persécutions policières.
Et la question du racisme autochtone
La Loi sur les Indiens régit la vie seulement des personnes autochtones et demeure toujours en vigueur aujourd’hui, malgré quelques modifications qui ne font que l’adoucir sans éliminer la discrimination envers les femmes qu’elle renferme.
Par ailleurs, les droits que la Constitution devait définir par le biais d’une conférence constitutionnelle – donc une négociation qui reconnaitrait la souveraineté autochtone – n’ont fait l’objet d’une véritable discussion qu’à la Cour Suprême.
Le racisme et la discrimination envers les personnes autochtones demeurent par ailleurs bien ancrés dans la société canadienne. Le sociologue Brieg Capitaine a pu montrer comment ce racisme, tout en se manifestant de plusieurs manières, est lié aux enjeux politiques et économiques.
Le racisme n’est pas seulement une question de préjugés; il permet aussi à la majorité de continuer à exercer un contrôle sur les groupes minorisés et, ici, à empêcher le partage des ressources et la détermination par les Premiers Peuples de leur propre destinée.
Des enjeux démocratiques en commun
Il demeure aujourd’hui difficile pour les personnes 2ELGBTQIA+ et pour les personnes autochtones de participer à la vie politique commune.
Des enjeux démocratiques en commun
Il demeure aujourd’hui difficile pour les personnes 2ELGBTQIA+ et pour les personnes autochtones de participer à la vie politique commune. Peu de personnes appartenant à ces groupes siègent au Parlement. Pourtant, leur présence permet de porter certains des problèmes qui touchent leurs communautés à l’attention du gouvernement.
Il en va de même pour les Autochtones. Les premières femmes autochtones à siéger au Parlement d’une province ont été élues seulement en 2022 au Québec et le mois dernier en Alberta.
Même après avoir remporté une élection, il est difficile pour une personne autochtone d’être en politique. L’ancienne députée fédérale du Nunavut, Mumilaaq Qaqqaq, a expliqué qu’elle avait quitté la vie politique à cause du profilage, du racisme et de la discrimination dont elle a été victime pendant tout son mandat.
Et tandis qu’elle a pu amener une autre perspective au Parlement, la possibilité d’y apporter des changements demeurait limitée.
Ainsi, l’élection de membres des communautés 2ELGBTQIA+ et des nations autochtones ne signifie pas que les intérêts de ces groupes seront représentés. Il faut encore que ces personnes puissent porter la voix de leur communauté ou nation et puissent en mettre les intérêts devant certaines questions chères à leur parti, que leur parti soit enclin à les écouter, et que les plateformes incluent des politiques favorisant l’égalité.
Autodétermination et fierté
Plusieurs des enjeux propres aux communautés de la diversité sexuelle et de genre diffèrent de ceux au centre des préoccupations des Premiers Peuples. Mais de part et d’autre, au cœur des revendications se trouvent le désir et le droit à l’autodétermination et à la fierté.
La Fédération des nations autochtones souveraines a récemment affirmé que la fierté d’être soi-même et d’appartenir à une communauté est un enjeu commun aux deux groupes et que ce sentiment est nécessaire à la contribution de chaque personne à ses communautés d’appartenance.
La fierté n’est pas, ou pas seulement, une question d’identité. En termes politiques, elle est plutôt liée au sentiment d’être respecté·e tant par ses droits que par le traitement réservé par autrui.
Elle se ressent aussi par le sentiment de compter pour l’autre, qui passe par le droit et la possibilité pour une personne non seulement d’apparaitre dans l’espace public et d’être entendue et prise en compte, mais aussi de pouvoir y demeurer en vie, comme l’a montré le mouvement Black Lives Matter.
La question de l’autodétermination se pose alors de manière individuelle et collective.
Au niveau individuel, il s’agit de pouvoir prendre ses propres décisions et de participer pleinement aux décisions collectives.
Et au niveau collectif, à plus forte raison pour les Premiers Peuples, ce pouvoir de décision renvoie à la capacité de vivre selon ses propres lois et structures politiques – ensemble, avec ceux et celles qui désirent vivre comme soi, et sans ceux et celles qui empêchent cette forme de vie.
Notice biographique
Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles ainsi qu’en philosophie à l’Université de Regina. Ses recherches portent notamment sur la réconciliation, l’autochtonisation des universités et les relations entre peuples autochtones et non autochtones, sur les communautés francophones en situation minoritaire et plus largement sur les problèmes liés à la coexistence. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur le philosophe Maurice Merleau-Ponty, dont «La politique dans l’adversité. Merleau-Ponty aux marges de la philosophie» (Metispresses, 2018).
La pauvreté d’information et le désert médiatique se définissent par l’absence de médias qui couvrent les institutions communautaires ou la faible couverture journalistique des divers enjeux qui touchent une communauté ou une région.
Les institutions communautaires renvoient notamment aux conseils municipaux, aux conseils scolaires, aux établissements d’enseignement ou aux associations qui représentent divers intérêts pour les collectivités.
Les médias locaux rapportent bien sûr les changements d’horaire de la collecte des ordures, l’augmentation des impôts fonciers ou le changement de nom d’une école. Ce sont là des informations d’intérêt public qui ont une incidence directe sur le quotidien d’une collectivité.
Mais les médias locaux ont aussi un important rôle de chien de garde, un rôle trop souvent mésestimé. Ils surveillent les décisions et actions des institutions de proximité pour veiller à ce qu’elles s’acquittent en bonne et due forme de leur devoir de transparence et de leur obligation de rendre des comptes aux citoyens ou aux administrations gouvernementales.
C’est souvent grâce au travail de journalistes locaux que la population découvre, par exemple, que la personne à la tête de la municipalité a accordé un contrat faramineux à un membre de sa famille.
Sans la présence de journalistes sur le terrain, ce genre de situation peut passer sous silence et laisser une trop grande liberté d’action aux élus.
Moins de médias, moins de couverture journalistique
En tant que francophones vivant en contexte minoritaire, nous nous retrouvons souvent dans une zone de pauvreté de nouvelles ou dans un désert médiatique.
Pourquoi? Les médias francophones en milieu minoritaire sont moins nombreux que leurs contreparties anglophones. Aussi, ils ont souvent moins de ressources ; c’est une réalité avec laquelle même Radio-Canada doit composer.
Et, c’est un secret de Polichinelle que le francophone en contexte minoritaire est généralement bilingue et s’abreuve aussi d’informations en anglais.
La couverture des institutions locales est d’ailleurs souvent assurée par les médias anglophones, vu qu’ils sont plus nombreux. En revanche, la perspective journalistique francophone risque de passer sous le tapis.
Par exemple, s’il est question d’octroyer des fonds municipaux à une activité destinée aux francophones, il est probable que le journaliste d’un média anglophone ne traite pas de la nouvelle parce qu’elle ne s’adresse pas à la majorité de son lectorat. Voilà à quoi peut ressembler la pauvreté de nouvelles.
Comprenons-nous bien, ce n’est pas par manque de volonté de la part de votre journal ou de votre radio s’il y a des zones ou des thèmes qui ne sont pas couverts. Tout est une question de ressources humaines et financières.
Les journalistes locaux sont souvent des hommes-orchestres et des femmes-orchestres. En plus de produire des textes journalistiques – ce qui n’est déjà pas une mince affaire –, ils doivent souvent assumer d’autres tâches, comme la mise en ligne des articles, les publications dans les médias sociaux et la parution de l’infolettre.
Pour accomplir toutes ces tâches, les journalistes doivent parfois sacrifier la couverture de certains évènements. Après tout, il n’y a que 24 heures dans une journée… même pour les journalistes les plus dévoués.
Les citoyens font partie de la solution
L’une des clés du succès en journalisme est d’avoir un réseau de contacts. Ces personnes-ressources jouent souvent un rôle officiel auprès d’une institution. Elles permettent au journaliste de confirmer des informations ou de faire le point sur divers dossiers.
Cependant, dans le respect de leurs compétences, ces personnes livrent rarement des informations en dehors du discours officiel de l’institution qu’elles représentent.
C’est ici que la population entre en jeu. L’information ne se fait pas à sens unique, c’est-à-dire du média vers le citoyen. Le citoyen est un observateur important de l’actualité locale et prête mainforte aux journalistes.
Vous l’ignorez peut-être, mais vous êtes sans doute déjà une sentinelle de l’information locale.
Les journalistes n’ont souvent pas la possibilité de sillonner continuellement toute la région à laquelle ils s’adressent – surtout s’il s’agit d’une province ou d’un territoire en entier – et d’entretenir constamment leurs réseaux de contacts.
Parfois, ils doivent se rabattre sur les réseaux sociaux, comme les divers groupes Facebook, pour savoir ce qui se passe en dehors de leur zone de mobilité.
Il s’agit d’une façon de développer un réseau de contacts et de profiter de vos yeux et de vos oreilles pour savoir ce qui se passe dans votre coin du monde.
Mais l’engagement citoyen dans le monde de l’information peut aller encore plus loin. Vous pouvez prendre le téléphone, envoyer un courriel et communiquer directement avec les journalistes.
Étant des bêtes de nature curieuse, ils vont porter attention à ce que vous avez à raconter. Ils iront enquêter, poser des questions et finiront peut-être par écrire un article. Par un simple geste, vous aurez, à votre façon, participé à la vitalité de l’information locale.
Finalement, vous faites partie de la solution pour assurer la couverture journalistique en français.
Les élections turques montrent plus que jamais la polarisation du pays. Les résultats du deuxième tour qui se déroule le 28 mai ne sont pas seulement importants pour l’avenir démocratique du pays, mais aussi pour la région dans son ensemble.
Résultats des élections
Le séisme d’Antakya, en février dernier, qui a fait plus de 42 000 morts a exposé au grand jour l’incurie du régime d’Erdogan et le niveau très élevé de corruption dans le pays.
Ajoutez à cela l’explosion des prix, comme un peu partout sur la planète, et on sentait un vent de colère inédit en Turquie.
Par ailleurs, pour une fois, plusieurs partis d’opposition s’étaient accordés sur une candidature commune afin de maximiser les chances de se débarrasser de Recep Erdogan, un président dont les tendances autoritaires se multiplient.
À la veille du premier tour, non seulement il ne faisait plus aucun doute qu’un second tour serait nécessaire, mais les observateurs commençaient à croire que Kemal Kiliçdaroglu, le candidat représentant une bonne partie de l’opposition, pourrait remporter les élections.
Une remontée de dernière minute
Las, dans les derniers miles, Erdogan et tout son système ont mis le paquet pour renverser la tendance. Il faut dire que, à force de virer des dizaines de milliers de fonctionnaires pour placer des fidèles, le président sortant a atteint un contrôle sans précédent sur les appareils non seulement sécuritaires mais aussi, sociaux, économiques, éducatifs, bureaucratiques et médiatiques du pays.
En répétant sans cesse que l’inflation n’était pas un problème mais que le vrai problème était les questions de genre et la menace que cela faisait peser sur la Turquie et sa culture, Erdogan a tenu un discours surréaliste qui a réussi à rentrer dans la tête de nombreux Turcs.
Résultats des courses : Recep Erdogan a récolté 49,5% des voix contre 44,9% pour Kemal Kiliçdaroglu.
Erdogan rate donc d’un coche son pari d’être élu au premier tour, mais le résultat est serré et le troisième candidat, Sinan Ogan, avec ses 5%, se place donc en faiseur de roi.
Cela n’a rien d’une bonne nouvelle puisqu’Erdogan est qualifié d’ultranationaliste à faire pâlir une Marine Le Pen. Il veut que la Turquie expulse quelque 3,5 millions de réfugiés.
La question kurde comme symbole des polarisations de la société turque
Plus que jamais la société turque apparait polarisée avec des lignes de divisions nombreuses : population urbaine contre population rurale, personnes instruites contre population non instruite, religieux contre laïcs, démocrates contre partisans d’un régime fort, etc.
Les jeunes en particulier ont fait les frais des politiques conservatrices d’Erdogan, que ce soit le contrôle des universités, l’interdiction des festivals qui a créé un très grand mécontentement, le resserrement des droits fondamentaux, une économie au ralenti.
Tout cela fait en sorte qu’un grand nombre de jeunes Turcs choisissent la voie de l’exil. Le désenchantement est grand pour toute une génération qui vote pour la première fois et qui n’a connu qu’Erdogan au pouvoir.
Ces divisions de la société turque ne sont pas nouvelles, tout comme la question kurde. Les Kurdes sont en fait, on le sait, une force politique de premier plan qui peut véritablement faire pencher la balance.
Contrairement à ce que diffusent les médias occidentaux qui définissent le parti du HDP comme le parti prokurde, la situation politique est plus complexe.
En effet, le parti du HDP (dont le coprésident, Selahattin Demirtas, a été emprisonné pour des raisons fallacieuses par Erdogan) recueille aussi un appui chez les Turcs non kurdes grâce à ses prises de position progressistes, féministes, écologistes et prônant la démocratie participative.
Toujours est-il que les Kurdes, qui ont soutenu ce partisan d’un apaisement (et notons qu’il a effectivement mis en place dans les années 2000 des politiques de libéralisation pour les Kurdes), se sont détournés d’Erdogan depuis qu’il est revenu aux bonnes vieilles habitudes de répression dans le contexte du conflit syrien.
Par conséquent, une mobilisation forte des Kurdes (et de la diaspora) en faveur du candidat de l’opposition pourrait changer la donne, d’autant que Kiliçdaroglu, pourtant à la tête du parti héritier d’Atatürk, a tenu pendant la campagne un discours plutôt favorable aux Kurdes.
Turquie : une puissance régionale au pouvoir de nuisance important
Une chose est sure : quels que soient les résultats, l’avenir de la Turquie ne sera pas synonyme de stabilité.
Si Kemal Kiliçdaroglu remporte les élections, il devra gouverner avec un Parlement acquis au parti d’Erdogan, qui a raflé 266 sièges, avec les 50 sièges du MHP (Parti d’action nationaliste), ce qui lui assure une majorité confortable.
Pas facile dans de telles conditions de détricoter le système mis en place pour revenir à des institutions au fonctionnement démocratique.
Si Erdogan l’emporte, il pourra continuer à transformer la Turquie en démocratie illibérale, voire en régime vraiment autoritaire. Et cela aurait des conséquences sur la scène politique régionale.
En effet, depuis 20 ans qu’Erdogan est aux manettes politiques, il a su habilement accroitre l’influence de son pays partout au Moyen-Orient. Il a usé et abusé de la traditionnelle politique étrangère multivectorielle de la Turquie pour tirer tous azimuts, quitte à opérer des renversements d’alliances fulgurants.
Il tient en joue l’Union européenne en se servant de l’arme migratoire. En échange de gros chèques, Erdogan promet à Bruxelles de prévenir des entrées massives de réfugiés sur le sol européen.
Dans le conflit ukrainien, Ankara s’est posé en médiateur incontournable pour permettre les livraisons de céréales et ainsi éviter une grande famine mondiale et une flambée des prix encore plus importante.
En ouvrant des bases militaires en Lybie et en apportant son soutien depuis 2020 au Gouvernement d’union nationale contre l’Armée nationale libyenne, la Turquie fait partie intégrante du blocage institutionnel du pays qui attend encore des élections.
Dans la crise qui sévit actuellement au Soudan, là encore, la Turquie est une des forces médiatrices qui pourrait être acceptée par les deux parties.
Dans le conflit du Haut-Karabagh, le pouvoir turc reste un allié fidèle et de poids à l’Azerbaïdjan.
Et puis bien sûr, les autorités turques sont toujours prêtes à mater les rébellions kurdes, que ce soit en Syrie ou en Irak.
Si l’Union européenne reste de très loin le premier partenaire commercial de la Turquie, les échanges commerciaux ont été multipliés par dix avec l’Afrique, de même qu’avec la Russie depuis 2003.
On le voit la Turquie est devenue un acteur géopolitique incontournable.
Cependant, étrangement, mais pas inhabituellement, Bruxelles est inaudible dans le dossier turc.
Or, plus que jamais, il aurait fallu envoyer un signal clair aux quelque 64 millions d’électeurs turcs, et encore plus à la jeunesse turque, indiquant qu’ils ont une place en Europe, que le destin de la Turquie et de l’Europe est inextricablement lié, comme il l’est depuis des siècles. Encore une occasion ratée.
Notice biographique
Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des facultés de Sciences humaines et de Philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du Partenariat Voies vers la prospérité.
À moins que les élus républicains et démocrates ne parviennent à s’entendre d’ici le 1er juin, les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement. C’est l’équivalent pour un État de déclarer faillite. Les conséquences économiques advenant que la première puissance mondiale ne parvienne plus à payer les intérêts sur sa dette de plus de 31 billions (31 mille-milliards) de dollars sont difficiles à imaginer.
Cela causerait une crise financière majeure qui entrainerait assurément une récession aux États-Unis, la mise à pied de millions de travailleurs, une chute radicale des indices boursiers ainsi qu’une forte hausse des taux d’intérêt. De plus, le statut exceptionnel de devise de réserve dont jouit le dollar américain serait mis à mal.
Les États-Unis n’ont pourtant aucune difficulté à financer leur dette à cout très bas. Ceci n’est pas une crise économique, mais une crise politique créée de toute pièce par les républicains. Il est dur de croire que les élus à Washington risqueraient une telle catastrophe, et pourtant…
Rehaussement du plafond de la dette 101
Dans la plupart des pays, le Parlement n’a pas à rehausser le plafond de la dette. C’est le cas au Canada où il n’existe pas de tel plafond. Lorsque les élus votent le budget, ils approuvent les dépenses du gouvernement.
À moins d’un grave imprévu, ils savent déjà dans quelle mesure le budget sera déficitaire ou non. Le gouvernement s’endette ensuite au besoin pour acquitter ses obligations.
Mais aux États-Unis, les membres du Congrès, en plus de voter le budget, doivent augmenter le plafond de la dette. La limite de la dette fédérale a été augmentée 78 fois depuis 1960. C’est donc une simple formalité.
Vous vous rappelez la crise entourant le rehaussement du plafond de la dette sous Donald Trump? Non? Et bien c’est normal, il n’y en a pas eu.
Lorsque les républicains ont le contrôle du Congrès et de la présidence, ils augmentent le plafond de la dette sans broncher. Mais lorsqu’ils ont le contrôle du Congrès et que la présidence est démocrate, comme c’est le cas actuellement, ils se servent de ce pouvoir pour faire du chantage et tenter d’imposer leurs priorités budgétaires.
Cette dynamique est renforcée par la division de la société américaine depuis l’émergence du Tea Party et ensuite de Donald Trump et de ses partisans du mouvement Make America Great Again (MAGA).
Une crise qui prend ses racines sous Obama
Déjà en 2011, les États-Unis avaient frôlé la catastrophe. Joe Biden, alors vice-président de Barack Obama, était parvenu à une entente in extrémis avec les élus républicains qui avaient forcé le gouvernement à réduire ses dépenses de centaines de milliards de dollars. Ces compressions avaient mis un frein à l’importante bonification du filet social entamée par le président Obama.
Même si les États-Unis avaient évité le défaut de paiement, la réaction des marchés à cette incertitude et au recul des dépenses avait été très négative. Les principaux indices boursiers avaient dégringolé et l’agence Standard and Poor’s avait réduit la cote de crédit des États-Unis, ce qui a augmenté le cout des emprunts du gouvernement. Joe Biden s’était promis qu’on ne le reprendrait plus à faire des concessions aussi importantes.
Aujourd’hui, Joe Biden est président et les républicains sont encore plus radicaux qu’il y a douze ans. En échange d’augmenter le plafond de la dette, ils exigent que l’administration Biden abandonne la plupart de ses mesures phares, notamment les centaines de milliards que le gouvernement a promis d’investir pour lutter contre les changements climatiques.
Les premières rencontres entre le président Biden et le leadeurship républicain n’ont servi qu’à montrer le gouffre qui sépare les deux parties. Plus que jamais, l’impasse politique pourrait mener les États-Unis vers un défaut de paiement, même si cette option reste peu probable.
Les constitutionnalistes et les économistes débattent depuis déjà plusieurs semaines de voies de contournement possibles. Est-ce que le Trésor américain pourrait frapper une pièce de 1 billion de dollars? Est-ce que le gouvernement pourrait contester la constitutionnalité du pouvoir du Congrès à rehausser le plafond de la dette?
Plusieurs possibilités sont sur le tapis, mais il serait étonnant que l’administration Biden risque les conséquences désastreuses d’un défaut.
Pourquoi s’en faire au Canada?
L’adage veut que quand les États-Unis éternuent, le Canada attrape la grippe. C’est une façon imagée d’exposer la relation de dépendance économique du Canada avec son voisin du Sud.
Malgré tous les efforts de diversification économique déployés par nos gouvernements, les États-Unis sont la destination de la grande majorité de nos exportations (76,4 %). C’est le principal marché pour l’exportation du pétrole canadien, la vache à lait du gouvernement fédéral.
Les succursales et les filiales de multinationales américaines sont très présentes au pays. Les réserves en devises étrangères du gouvernement fédéral sont principalement en dollars américains (71 %).
Si l’impensable venait à se produire, la première répercussion au Canada serait une hausse des taux d’intérêt parce que les chaines de crédit entre institutions financières seraient déstabilisées.
La hausse des couts d’emprunt réduirait la croissance. La baisse des exportations suivrait rapidement et réduirait encore l’activité économique au Canada. Les épargnants devraient s’attendre à voir la valeur de leur portefeuille grandement affectée par la chute des indices boursiers et de la valeur des bons du Trésor américain.
L’ampleur de ces chocs éventuels est difficile à prévoir. Une chose est certaine, le Canada se tire plutôt bien d’affaire malgré la hausse des taux d’intérêt actuelle et n’a pas les moyens de subir un tel choc.
Il reste à souhaiter que les élus républicains retrouvent la raison et que le gouvernement américain trouve une solution à long terme à ces crises récurrentes et auto-infligées.
David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir terminé des études supérieures en économie politique à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université d’Ottawa.