La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a réitéré vendredi qu’elle veut «livrer la marchandise le plus vite possible», mais elle ne s’est pas avancée sur une sanction royale avant la fin de la session parlementaire, le 23 juin.
À l’étape de la troisième lecture de C-13, le directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) Alain Dupuis a surtout insisté sur la nécessité de passer le projet de loi au vote.
«Ces gains ne sont pas réels jusqu’au moment où ils sont mis en œuvre. Est-ce qu’il y a un risque de prolonger le processus plus longtemps et que ce ne soit pas adopté? Absolument! Il y a un risque majeur pour le projet de loi s’il n’est pas adopté dans les prochaines semaines».
D’autant qu’il reste le travail de règlementation après l’adoption finale du projet de loi. «Ça peut prendre plusieurs mois», observe-t-il encore.
De son côté, le porte-parole conservateur pour les langues officielles, Joël Godin, refuse toujours d’indiquer si son parti appuiera C-13. «La loi sera adoptée dans tous les cas, puisque les libéraux ont l’assurance que le NPD et le Bloc québécois vont voter avec eux. Que [les conservateurs] votent pour ou contre, ça ne change rien», note-t-il.
Vote libre des conservateurs?
La ministre des Langues officielles a pressé ce dernier, vendredi, pour connaitre les intentions de vote de son parti. Le député québécois l’a renvoyée dans ses cordes, lui rappelant le «droit parlementaire» de choisir de ne pas dévoiler la ligne du parti avant le vote officiel.
Pour lui, «un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Est-ce qu’on choisit un tiens, ou on veut être plus agressif et all in? La réponse, c’est lundi soir après la période de questions.»
Le porte-parole conservateur pour les langues officielles, Joël Godin, n’a pas confirmé l’unité du Parti conservateur du Canada sur le vote prochain de la Chambre des Communes sur C-13.
Selon le porte-parole conservateur, même si à ce stade aucun amendement à C-13 ne peut être accepté, les conservateurs vont continuer de réclamer le dénombrement des ayants droit, le rôle du Conseil du Trésor comme agence centrale et la révision de la loi tous les cinq ans.
En entrevue avec Francopresse, Joël Godin n’a toutefois pas pu assurer une unité du Parti conservateur sur le vote lundi : «Je ne peux pas vous dire ça parce que si c’est un vote libre, les gens sont libres de voter.»
Il a tout de même adressé une pointe aux libéraux en critiquant le député libéral anglo-québécois Anthony Housefather qui a voté contre la motion gouvernementale menant le projet de loi vers le vote final en chambre.
«Les libéraux devraient contrôler leurs députés plutôt qu’essayer de savoir ce qui se passe dans notre cour. On n’a pas eu d’abstention ni de votre contre mercredi», ironise Joël Godin.
«C’est sûr que nous avons eu des discussions robustes», a affirmé Ginette Petitpas Taylor en mêlée de presse. «Comme parlementaires, nous sommes ici pour représenter nos commettants. Ça fait que les députés vont absolument choisir le vote qu’ils vont faire. Je me sens appuyée de mes collègues et de mon caucus», a-t-elle précisé.
Les communautés veulent de l’avancement
Joël Godin a assuré vendredi en chambre qu’«aucune des recommandations de la FCFA» n’a été acceptée dans son entièreté dans le projet de loi.
Le directeur général de la FCFA, Alain Dupuis, s’est pourtant dit satisfait du texte tel quel, peu après le discours de Joël Godin vendredi : «On n’est pas déçus, on est très heureux des progrès faits avec C-13. [Depuis le dépôt de] C-13 jusqu’à [son évolution] aujourd’hui, je suis confiant et capable de dire que la grande majorité de nos demandes ont été reflétées d’une manière ou d’une autre.»
Réticent à entrer dans le jeu politique, il a affirmé : «C’est un fait que 100 % de nos demandes n’ont pas été acceptées, mais ce n’est jamais le cas dans un projet de loi.»
Les «gains» des communautés
Alain Dupuis regrette qu’il n’y ait pas eu un gain «total» sur les clauses linguistiques pour les CLOSM. Il se satisfait toutefois de l’obligation de consulter les communautés lorsqu’il y a des transferts d’argent aux provinces : «On est confiants qu’il y aura beaucoup plus d’ententes avec les provinces qui tiendront compte des éléments pour les francophones au Canada.»
Un vote sur la troisième lecture de C-13 en chambre lundi fera passer le projet de loi en seconde lecture au Sénat. Suivront l’examen en comité et la troisième lecture de la Chambre haute, avant la sanction royale.
Selon Alain Dupuis, les effets de Mobilisation franco se feront sentir avec les années.
«L’objectif, à moyen long terme, c’est de voir comment la francophonie canadienne peut s’insérer dans les réseaux québécois, et vice versa, et créer de nouvelles occasions d’échanges qui dépassent l’évènement annuel», explique Alain Dupuis, directeur général de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).
Lors de la première édition, en 2022, les enjeux culturels et touristiques ont fait l’objet de nombreuses discussions, précise-t-il.
«Il y a eu de la collaboration pour promouvoir nos artistes francophones hors Québec et au Québec et assurer de la mobilité aux artistes francophones aux pays», détaille Alain Dupuis.
L’évènement de cette année «va recevoir aussi un groupe de la Fédération des chambres de commerce du Québec, mais aussi les associations des personnes d’affaires de quelques autres régions et de quelques provinces et territoires qui se sont mis ensemble dans les derniers mois pour mettre en avant une nouvelle alliance économique francophone», ajoute-t-il.
Le président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques (CFA), Sylvain Lavoie, considère que l’évènement est un pas certain dans le rapprochement des francophonies du pays.
«Cette volonté s’inscrit dans le cadre de la politique québécoise en matière de francophonie canadienne qui vient marquer une politique d’action qui désire vraiment se rapprochement entre le Québec et la francophonie canadienne.»
Rapprocher le Québec des francophonies canadiennes : un défi
Si aujourd’hui les organismes sont un moyen de rapprocher les francophonies canadiennes, il fut un temps où ce n’était pas le cas, affirme le chroniqueur linguistique Jean-Benoît Nadeau au magazine L’actualité.
Je dirai que le gros problème de la relation entre le Québec et les francophones des autres provinces, ç’a été longtemps, je pense, les organismes.
Selon lui, les organismes n’œuvraient pas à préserver une connexion avec les francophones des autres provinces.
Il précise cependant qu’avec le temps Mobilisation franco «peut faire une différence».
«Si on parvient à créer des liens durables, des liens réels, des ponts dans les esprits, c’est ce qui manque à mon avis», ajoute le linguiste.
Celui qui observe la francophonie depuis plusieurs années différencie néanmoins le rôle du gouvernement de celui de la société civile. «On doit travailler ensemble, on doit apprendre les uns des autres et que la société civile, finalement, est le meilleur lieu pour ce dialogue-là.»
Mareva Cestor est directrice du Carrefour des savoirs de l’Université de l’Ontario français.
D’après Jean-Benoît Nadeau, le gouvernement du Québec «tente de corriger [cette situation] depuis 15 ans avec le Centre de francophonie des Amériques».
Résultats de la première édition
«On a eu de bons résultats au niveau des initiatives qui ont été proposées», affirme Sylvain Lavoie en faisant référence à la première édition de l’évènement.
Tout au long de l’année, la FCFA et le Centre de la francophonie des Amériques ont assuré un suivi auprès des participants de la première édition. «On a fait le tour sur tous les groupes qui étaient là pour essayer de voir trois mois plus tard et six mois plus tard qu’est-ce qui avait été fait», précise Alain Dupuis.
Lors de la première édition, l’Université de l’Ontario français (UOF) et l’Université de Montréal ont concrétisé un projet de mobilité étudiante lors de la première édition de Mobilisation franco. Mareva Cestor, directrice du Carrefour des savoirs de l’établissement, précise que «c’était une étape décisive».
Le programme consiste à développer un apprentissage expérientiel en milieu communautaire et de faire découvrir à la communauté étudiante la vie dans une province francophone en situation minoritaire et majoritaire, souligne Mareva Cestor.
Elle ajoute : «On fait partie du concept qu’il n’existait pas de programme canadien francophone de mobilité étudiante et encore moins dans le domaine de l’apprentissage expérientiel en milieu communautaire.»
L’UOF a reçu cinq membres de la communauté étudiante et l’Université de Montréal, quant à elle, en a reçu quatre. Mareva Cestor présentera les résultats de cette première expérience de collaboration aux participants de Mobilisation franco 2023.
L’évènement Mobilisation franco se termine le 9 mai.
L’esprit de famille, «l’enthousiasme» et «l’énergie» ont été le crédo des ministres lors des trois jours du congrès libéral. Empêtré dans plusieurs scandales, dont l’ingérence chinoise qui occupe le devant de la scène politique depuis février, le parti de Justin Trudeau avait besoin d’air frais.
C’est pourquoi, dès la toute première discussion entre les ministres François-Philippe Champagne, Chrystia Freeland, Mary Ng et Jonathan Wilkinson, le champ lexical de l’enthousiasme a été surdéveloppé. Les discussions, tables rondes et autres discours qui ont suivi les deux autres jours de rencontre se voulaient tout aussi vitaminés.
Lors de son discours, l’ex-premier ministre du Canada Jean Chrétien a intimé les membres du Parti de faire confiance aux libéraux à la prochaine élection.
Peu de place pour le français
Entre tous ces discours motivants pour leurs troupes venues des quatre coins du Canada, les ministres et autres intervenants en ont pour la plupart oublié leur français, notamment pendant la discussion entre l’ex-premier ministre Jean Chrétien et le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne ; un des moments clés du congrès.
Une «surprise» pour Geneviève Tellier, professeure à l’École des études politiques de l’Université d’Ottawa : «Je pensais qu’on avait annoncé qu’ils allaient parler français. C’est un fait qu’il y avait une majorité de délégués anglophones, mais il y avait quand même des services d’interprétation.»
L’absence de français s’est fait sentir dès l’ouverture du congrès, avec une écrasante majorité des discussions et tables rondes qui se sont tenues en anglais.
Les deux langues officielles se sont uniquement côtoyées à égalité dans le discours du premier ministre. Justin Trudeau les a d’ailleurs évoquées à un seul moment. En anglais, le premier ministre a crié : «Nous voulons protéger et promouvoir les deux langues officielles – [Pierre Poilievre] dit non, il veut fermer CBC/Radio-Canada!».
Avant d’enchainer en français : «Radio-Canada joue un rôle essentiel dans la défense et la promotion de la langue française à travers le Canada.»
Par ailleurs, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a aussi parlé français, mais principalement pour s’adresser aux Québécois, pas aux francophones du pays.
Hillary Rodham Clinton, ex-Première dame des États-Unis et candidate aux présidentielles de 2016, a discuté des garderies à 10 $ avec Chrystia Freeland en évoquant les défis féministes en politique. L’ancienne Secrétaire d’État a assuré que «l’idée de politique féministe est la bonne voie pour créer des opportunités et des résultats économiques».
Des appels du pied aux électeurs d’autres partis
Fustigeant par la même occasion le Bloc québécois, la ministre des Affaires étrangères a souligné au passage que «les seuls qui ont livré pour le Québec, c’est nous».
Néanmoins, les discours de Justin Trudeau et de la vice-première ministre, Chrystia Freeland, ont ouvert la porte aux électeurs des autres partis, conservateurs inclus.
Chrystia Freeland a même sonné le «moment d’avoir une conversation avec nos amis conservateurs», quand son chef expliquait que les Canadiens, libéraux, conservateurs, les ruraux, citadins devaient «être là les uns pour les autres».
Parti «de gauche»
Autre élément qui a fait parler, samedi matin : le rejet de la résolution 435 de l’aile québécoise du parti, qui visait le retour à l’équilibre budgétaire.
Geneviève Tellier, professeure à l’École des études politiques de l’Université d’Ottawa
«C’est clairement rendu un parti de gauche, analyse Geneviève Tellier. C’est étonnant, considérant le discours de M. Chrétien qui expliquait qu’il était fier d’avoir été le seul gouvernement qui avait présenté un surplus budgétaire.»
Selon la professeure, le Parti libéral se veut pourtant un parti «de centre, qui n’est ni à gauche ni à droite». Mais le discours et les actions de Justin Trudeau et ce vote illustrent «clairement des initiatives d’un gouvernement interventionniste, à gauche».
Le rejet de cette résolution venant du Québec confirme donc que la priorité n’est pas l’équilibre budgétaire, mais la volonté d’offrir des «programmes généraux» aux Canadiens, renchérit la politologue. Un cout qui pourrait retomber sur les épaules des générations futures, rappelle-t-elle.
L’absence de débat autour de cette résolution fait aussi penser à Geneviève Tellier que le Parti libéral n’écoute pas assez sa base. «C’est comme si on ne voulait pas en parler. Les résolutions étaient convenues, on les a votées très rapidement. C’est aussi étrange que ça se soit fait un samedi matin tôt», observe-t-elle.
«Je ne sais pas ce que les libéraux ont voulu faire»
Si en début de semaine, la professeure pensait que le congrès allait servir à «fouetter les troupes» en ces temps difficiles, elle en ressort plus confuse.
La salle était comble lors du discours de Justin Trudeau, le premier soir du congrès.
«J’ai l’impression que c’est une occasion manquée. Qu’est-ce que congrès-là voulait accomplir? On a très peu vu Justin Trudeau, on n’a pas eu de discussions politiques et pas eu de conférenciers si inspirants que ça. Il n’y a pas eu de grands thèmes qui ont émergé. On s’en va où, au Parti libéral?»
La veille, Justin Trudeau avait achevé son discours en se projetant, lui et son parti, dans le futur : «Mes amis, lorsque les élections viendront, quand les Canadiens devront faire un choix important, ce sera l’honneur de ma vie de nous mener à travers et de continuer de construire un meilleur futur!»
Le frère cadet du premier ministre Justin Trudeau a témoigné mercredi soir devant un comité parlementaire au sujet de l’ingérence chinoise à la Fondation Trudeau.
Alexandre Trudeau a nié les dires de l’ancienne PDG de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, Pascale Fournier, qui a claqué la porte de l’organisme le mois dernier. Elle a également été entendue devant un comité parlementaire la semaine dernière, où elle a expliqué que les dons totalisant 140 000 dollars de deux hommes d’affaires chinois à la Fondation en 2016 lui semblaient irréguliers.
Elle a aussi expliqué qu’une association culturelle chinoise proche de Pékin donnait des instructions aux employés de la Fondation.
Selon Alexandre Trudeau, l’article du Globe and Mail paru en février dernier qui traitait de l’ingérence chinoise et de la situation de crise qui en a résulté à la Fondation ont contribué à jeter le discrédit sur cette dernière.
Il a ensuite blâmé l’ex-PDG, Pascale Fournier, d’être à l’origine d’une «crise de gestion», après les départs de membres du conseil d’administration.
Mercredi, Alexandre Trudeau s’est donc attelé à «défendre» la Fondation, assurant «qu’aucun État ou individu n’a tenté d’influencer le gouvernement canadien» par son entremise.
La veille, l’ex-PDG de la Fondation, Morris Rosenberg, a assuré avoir fait affaire avec les Chinois en pensant exercer une «influence» sur eux. Il a reconnu avoir été «naïf».
L’Alliance de la fonction publique du Canada, représentant 120 000 fonctionnaires fédéraux, a conclu une entente de principe lundi avec le Conseil du Trésor sur une augmentation salariale totale de 12,6 % «pour la durée des ententes», soit rétroactivement de 2021 à 2024.
À cela s’ajoutent notamment un montant forfaitaire unique de 2 500 dollars ouvrant droit à pension ainsi qu’un congé d’une journée pour permettre aux Autochtones d’honorer certaines pratiques traditionnelles, selon un communiqué du syndicat.
La grève prend fin avec une entente conclue en début de semaine qui a fait retourner 120 000 fonctionnaires au travail sur les 155 000 en grève environ.
Mercredi, les quelque 35 000 fonctionnaires de l’Agence du revenu du Canada (ARC) ont à leur tour conclu une entente de principe avec les mêmes mesures. L’entente est soumise à la signature des employés représentés par l’Alliance de la Fonction publique du Canada et le Syndicat des employé-e-s de l’impôt (AFPC-SEI). Sur la question du télétravail, les parties s’entendent pour procéder à un examen de la directive et sur la création d’un comité-conseil.
Mercredi soir toutefois, le Syndicat de l’emploi et de l’immigration du Canada (SEIC) encourageait ses membres refuser l’entente fédérale.
Le bureau du ministre Sean Fraser a confirmé mardi que le ministère d’Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada (IRCC) avait reçu environ 100 000 candidatures pendant la grève, toutes catégories confondues, qui n’ont pas pu être traitées.
En mêlée de presse, le ministre a toutefois assuré qu’il s’attendait à retrouver les niveaux de service d’avant la pandémie en termes de délai de traitement au cours des «prochains mois».
Nathalie Provost, la présidente de PolySeSouvient, a affirmé : «L’engagement de M. Trudeau par rapport aux armes d’assaut […], était qu’il y aurait une interdiction complète et totale. […] Aujourd’hui, on a un recul important, complet.»
La survivante de la tuerie de masse de 1989 à l’École Polytechnique de Montréal, Nathalie Provost, s’est dite «trahie» par le gouvernement fédéral et le Nouveau Parti démocratique en conférence de presse lundi.
Elle réagissait aux nouveaux amendements ajoutés par le gouvernement au projet de loi C-21 pour interdire les armes d’assaut. Le groupe PolySeSouvient, dont Nathalie Provost est présidente, assure que ces amendements vont permettre aux défenseurs de ces armes de contourner l’industrie.
Les amendements introduisent une nouvelle définition des armes prohibées. Mais celles-ci seront interdites sur le marché lors de l’entrée en vigueur du projet de loi C-21. Les armes qui circulent actuellement sur le marché ne sont donc pas concernées.
La nouvelle définition inclut plus précisément toutes les armes «qui ne sont pas des armes de poing», à la fois semi-automatiques, qui «tirent des munitions à percussion centrale» et ont été «originalement conçues avec un chargeur détachable d’une capacité de six cartouches ou plus».
Un amendement avait été déposé en décembre 2022 pour rectifier cette définition et restreindre la possession de modèles d’armes à feu semi-automatiques possédant un chargeur amovible et pouvant contenir plus de cinq cartouches. Mais cette action avait suscité la colère des défenseurs des armes et des Autochtones. Le gouvernement fédéral avait rétropédalé en février dernier en retirant deux amendements.
Le chef du Parti conservateur du Canada Pierre Poilievre a risqué l’expulsion de la Chambre des Communes, mardi. Ceci après avoir essuyé le refus du président de la Chambre Anthony Rota de tenir un débat d’urgence sur l’ingérence chinoise.
La veille, un article du Globe and Mail révélait que les services de renseignement chinois cherchaient à menacer le député conservateur Michael Chong et sa famille, une affaire qu’a souhaité évoquer Pierre Poilievre, dans une ambiance électrisée à la Chambre.
Selon le président de la Chambre, la demande du chef conservateur ne correspondait pas au règlement. Ce dernier a qualifié ce choix de «scandaleux».
Anthony Rota a justifié sa décision de ne pas tenir un débat d’urgence, car l’occasion d’en débattre dans un proche avenir se présentait. Ce qui constitue l’un des critères pour trancher sur la tenue d’un tel débat.
Le Congrès libéral 2023 se tient de jeudi à samedi à Ottawa, avec des têtes d’affiche telles que l’ancien premier ministre Jean Chrétien et l’ex-première dame des États-Unis et ancienne candidate aux élections présidentielles américaines Hillary Clinton.
Une occasion de «fouetter» les troupes, selon Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. «C’est l’occasion de montrer que l’image publique et la marque libérale se portent bien.»
Selon la politologue, le fait que le Congrès intervienne en plein contexte de soupçons d’ingérence étrangère constitue un «bon timing» pour redorer le blason du Parti.
Le premier ministre a nommé mercredi Jane MacAdam et Iris Petten à titre de sénatrices indépendantes, respectivement pour l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador.
Justin Trudeau a suivi les recommandations du Comité consultatif indépendant sur les nominations au Sénat.
Jane MacAdam est l’ancienne vérificatrice générale de l’Île-du-Prince-Édouard et Iris Petten est entrepreneure dans le secteur des pêches. Elle a également été présidente du conseil d’administration de l’Université Memorial de Terre-Neuve pendant presque 10 ans.
C’est dans une salle comble que s’est tenue la cérémonie canadienne de couronnement du Roi Charles III, quelques heures après le couronnement officiel au Royaume-Uni. Les ministres fédéraux Bill Blair, Dominic LeBlanc, Helena Jaczek et Gudie Hutchings ont participé à la cérémonie de même que l’ingénieure en aérospatiale Farah Alibay et le conseiller spirituel algonquin et poète officiel d’Ottawa Albert Dumont.
Les maitres de cérémonie, le secrétaire canadien du roi, Donald Booth, et la sous-ministre adjointe du Sport, des évènements majeurs et des commémorations, Emmanuelle Sajous, ont relevé que «cette cérémonie marque le début du règne de Sa Majesté le roi Charles III en tant que roi du Canada et souligne la relation privilégiée que le Souverain entretient avec le Canada depuis plus de 50 ans».
Dans sa déclaration poétique, le conseiller spirituel Algonquin Albert Dumont a rappelé au roi sa volonté affichée et affirmée d’établir des «liens humains solides entre la monarchie et les peuples du Commonwealth».
L’ingénieure en aérospatiale, Farah Alibay, a vanté l’importance de la communauté dans son message.
À sa suite, l’ingénieure en aérospatiale Farah Alibay, fille d’immigrants et personne queer, qui a piloté le robot Perseverance sur Mars, a surtout vanté la double importance de la communauté dans son intégration réussie. «Aujourd’hui, je vous invite à prendre un moment pour reconnaitre la communauté qui a contribué à vous élever et au chemin que vous avez parcouru pour être ici», a-t-elle déclaré.
La cérémonie a été animée par des interludes musicaux, notamment du groupe algonquin Eagle River Singers et de l’auteure-compositrice-interprète Florence K. La poétesse-slameuse Sabrina Benaim, qui a proposé une ode à l’environnement, a rappelé l’importance de nos petits gestes dans la conservation de notre environnement.
Des objets commémoratifs canadiens
Pour l’occasion, la présidente de la Monnaie royale canadienne Marie Lemay a dévoilé une série de pièces commémoratives et la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Helena Jaczek, a présenté le nouveau timbre permanent de Poste Canada.
Dévoilement de la pièce commémorative du couronnement par la présidente de la Monnaie royale canadienne, Mélanie Lemay, et la ministre Helena Jaczek.
Le ministre de la Protection civile et président du Conseil privé du Roi, Bill Blair, a dévoilé le nouveau drapeau du Roi et de la couronne royale canadienne. «Le couronnement fait partie de notre identité nationale et contribue à un sentiment d’unité et de fierté parmi les tous les Canadiens», a-t-il déclaré.
Pour sa part, le ministre des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc a annoncé que plus de 30 000 médailles seront remises, sans partisanerie, à des Canadiennes et Canadiens de partout au Canada pour leurs contributions majeures et exceptionnelles aux plans national et international.
La place de la diversité discutée
Le directeur général du Congrès canadien sur la diversité, l’inclusivité et l’équité en milieu de travail, Nosakhare Alex Ihama, regrette «l’absence de représentativité équilibrée dans les services, dans les participants. J’aurais espéré que dans une telle occasion, il y aurait des personnes noires, indiennes, des musulmans, des personnes portant un hijab. Donc, c’était une cérémonie spectaculaire, mais pas de diversité.»
Mélanie Kwong, directrice générale Événements majeurs, commémorations et expérience de la Capitale.
Il espère que ce couronnement du roi Charles III va apporter au Canada «unité, harmonie, diversité, solidarité, réparation, excuses publiques, réconciliation. En un mot, rassembler les citoyens, c’est le rôle du roi. J’espère qu’il sera ouvert à de nouveaux changements».
Lorenzo O. Grandini, un nouveau Canadien, a tout de même senti une place pour la diversité pendant la cérémonie. «Je suis content d’être ici. Pour moi, comme nouveau Canadien, cette cérémonie est la manifestation du multiculturalisme canadien, de l’inclusion, et elle représente le symbole de l’unité.»
Mélanie Kwong, directrice générale Événements majeurs, commémorations et expérience de la Capitale, qualifie la cérémonie de réussite. «C’est un moment de réflexion. Ce que nous sommes venus chercher, ce sont les thèmes de l’environnement, la communauté. Tout un chacun peut prendre un moment de réflexion à ce que ça veut dire pour eux.»
Une salve de 21 coups de canon sur la colline du Parlement en l’honneur du roi Charles III a retenti pour conclure cette cérémonie.
Les plans d’action quinquennaux pour les langues officielles sont le principal moyen du gouvernement fédéral pour définir ses priorités en la matière et mettre en place des outils et des programmes en vue d’appuyer la vitalité des communautés francophones en ciblant de multiples secteurs, dont l’éducation, l’immigration, la petite enfance, la justice, la santé, la culture, le développement économique, etc.
Depuis la publication du dernier plan quinquennal en 2018, le gouvernement a entrepris un travail de fond en matière de langues officielles dans le contexte de la modernisation de la Loi sur les langues officielles. D’importants besoins dans des secteurs-clés à la vitalité des communautés francophones ont ainsi été mis en lumière.
Les attentes étaient donc élevées à l’égard du plan de la ministre Petitpas Taylor. Une reconduction des sommes précédentes aurait été loin d’être suffisante.
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Un investissement inégalé
Le nouveau plan d’action 2023-2028 prévoit un financement total de 4,1 milliards de dollars sur cinq ans, dont 1,4 milliard de nouveaux fonds.
Dans l’histoire du pays, il s’agit de l’investissement le plus important jamais consenti par le gouvernement fédéral pour les langues officielles, et ce, même en tenant compte de l’inflation.
Le record précédent à cet effet remontait au premier plan d’action pour les langues officielles 2003-2008, élaboré par Stéphane Dion, alors ministre dans le gouvernement libéral de Jean Chrétien.
Avant la publication du premier plan, en 2003, les dépenses quinquennales du gouvernement fédéral pour les langues officielles s’élevaient à environ 1,1 milliard de dollars. Cette somme a été bonifiée de 800 millions pour atteindre 1,9 milliard pour la période de 2003 à 2008.
Sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, les nouveaux investissements ont été beaucoup plus limités. Après une augmentation de 300 millions de dollars dans la Feuille de route 2008-2013, il n’y a eu qu’une reconduction des fonds dans celle de 2013-2018.
Après 10 ans de stagnation sous les conservateurs, les libéraux, de retour au pouvoir, ont cherché à rompre avec le gouvernement précédent en injectant 500 millions de dollars supplémentaires au plan d’action 2018-2023.
Une réforme qui n’est pas seulement législative
Le montant du financement cette année marquera certes l’histoire, mais le contexte dans lequel s’inscrit le lancement du plan restera aussi dans les annales.
Le Comité permanent des langues officielles a mené l’étude du projet de loi C-13 visant à moderniser la Loi sur les langues officielles. Le texte fera l’objet sous peu d’un vote en troisième lecture à la Chambre des communes.
Or, même si le volet législatif a fait couler beaucoup d’encre, la réforme des langues officielles à Ottawa n’est pas que législative. Elle doit s’accompagner d’actions concrètes pour protéger le français au Canada et appuyer la vitalité des communautés francophones.
Le guide de discussion qui a servi aux consultations pancanadiennes sur les langues officielles en 2022 soulignait d’ailleurs que la modernisation de la loi et la présentation du nouveau plan d’action «vont de pair et font partie d’un continuum».
Le tout s’inscrit dans un contexte où le gouvernement canadien a reconnu, dans le discours du Trône de septembre 2020, la situation particulière du français au pays. Bien que l’on ait deux langues officielles, c’est le français qui est dans une situation précaire et le gouvernement reconnait sa responsabilité «de protéger et de promouvoir le français non seulement à l’extérieur du Québec, mais également au Québec».
Vers une politique en immigration francophone à caractère réparateur
Cet engagement à protéger le français se reflète dans le contenu du plan d’action. Par exemple, par rapport au pilier sur l’immigration francophone, le premier ministre Trudeau a affirmé que l’objectif est le «rétablissement démographique des francophones au Canada».
Les données du recensement de 2021 ont montré que le poids démographique des francophones à l’extérieur du Québec poursuit son déclin, une tendance lourde observée depuis une cinquantaine d’années.
Rappelons que le Commissariat aux langues officielles a montré que la cible actuelle de 4,4 % en matière d’immigration francophone, atteinte pour la première fois en 2022, est largement insuffisante pour maintenir, et encore moins accroitre, le poids démographique des francophones.
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Reste à voir les mesures concrètes qui seront mises en place pour atteindre un objectif très ambitieux à caractère réparateur concernant le poids démographique des francophones.
Pour ce faire, le plan d’action prévoit un financement total de 221,5 millions de dollars sur cinq à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, dont 137,2 millions de nouveaux fonds.
L’ombre au tableau : le financement du postsecondaire
Malgré d’importantes avancées à noter, le principal point faible du plan d’action 2023-2028 est l’appui insuffisant prévu pour les établissements d’enseignement postsecondaire.
Le contenu du plan n’est pas à la hauteur des attentes pour ce secteur, et les libéraux n’ont qu’eux-mêmes à blâmer pour avoir rompu une promesse électorale.
De prime abord, les investissements de 128 millions de dollars sur quatre ans en appui au secteur peuvent paraitre importants, mais ils sont bien en dessous de ce que les libéraux avaient promis lors de la campagne électorale de 2021.
Dans leur plateforme, ils s’étaient engagés à octroyer un financement permanent de 80 millions de dollars par année aux établissements d’enseignement postsecondaire dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Cela représente 400 millions de dollars sur cinq ans, une somme de largement supérieure à ce qui a finalement été annoncé.
Les États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire ont pourtant fait la preuve que les besoins dans le secteur sont réels et que les montants promis auraient été de l’argent bien investi.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Guillaume Deschênes-Thériault est doctorant en science politique à l’Université d’Ottawa. Il détient un baccalauréat de l’Université de Moncton et une maitrise de l’Université d’Ottawa. Dans le cadre de ses recherches, il s’intéresse aux communautés francophones en situation minoritaire, avec un intérêt particulier pour l’enjeu de l’immigration. Depuis mai 2021, il est conseiller à la municipalité de Kedgwick au Nouveau-Brunswick.
Une énergie contagieuse, des mots qui sonnent vrai
Le groupe de musique acadien Les Gars du Nord propose un nouvel opus, Les fils du Père.
Le groupe de musique acadien Les Gars du Nord nous propose un nouvel opus, Les fils du Père. L’album met en vedette les voix puissantes de Danny Boudreau, Wilfred LeBouthillier et Maxime McGraw, accompagnés de musiciens talentueux.
Le disque à l’énergie contagieuse est réalisé par le duo Jean-Frédéric Lizotte et Wilfred LeBouthillier. Ce dernier a coécrit les musiques et les textes avec Danny Boudreau, l’un des meilleurs auteurs-compositeurs de l’Acadie.
Les textes travaillés nous transportent dans l’univers de la mer et des souvenirs ; ils nous parlent du quotidien des pêcheurs d’antan.
De la musique bretonne au country, en passant par le bluegrass, nous sommes emportés dans un univers puissant, aux influences acadiennes et celtiques.
Dès les premières notes, Les hardes cirées nous invitent à chanter en chœur avec Les Gars du Nord.
La magie opère à l’écoute de Je m’en souviens, une belle valse country dans laquelle le trio vocal chante en chœur. Le meilleur texte est sans aucun doute Le bar des naufragés, une autre excellente valse. L’album se termine par l’extrait Adieu, une interprétation à capella, suivie d’une musique instrumentale endiablée.
Des mots lourds avec un brin d’espoir
Marc Antoine Joly, dit Joly, est un guitariste et auteur-compositeur-interprète franco-ontarien.
Membre de plusieurs formations rocks, le guitariste et auteur-compositeur-interprète Marc Antoine Joly, dit Joly, présente un premier opus en solo. Deuil est musicalement puissant et profond.
Ce disque concept parle de santé mentale, de perte de repères et de vide soudain. Une intro instrumentale précède chaque chanson, installant une émotion propice à l’écoute des paroles. Ce procédé intéressant amène souvent de belles petites trouvailles musicales.
Au niveau de la plume, Joly réussit à livrer des textes profonds et touchants sur la santé mentale et les blessures intérieures, tout en gardant une lueur d’espoir. Des jeux de guitares solides accompagnent la voix singulière et envoutante de l’artiste franco-ontarien.
Quelques chansons m’ont énormément touché, entre autres Rêve d’enfant. Quelle que soit la situation, ce morceau nous rappelle qu’il est important de s’accrocher à ses rêves.
Dans Les murs saignent, la pièce maitresse de l’album, les fondations d’une maison abimée évoquent les blessures de l’intérieur. Il s’agit d’un crescendo d’une immense intensité.
Tu t’en fous, l’un des succès du disque, a des sonorités plus folks aux couleurs rocks. On y remarque la puissante voix de Céleste Lévis dans le refrain.
Souvenir d’une dualité de styles et de mots
Pochette de l’album Le détroit, de l’artiste franco-albertain Paul Cournoyer.
Il y a quatre ans, l’auteur-compositeur-interprète franco-albertain Paul Cournoyer nous offrait son album Le détroit. Dans cet opus, l’artiste au timbre de voix tout en retenue, presque un chuchotement, livre une dizaine de chansons, fruit d’une plume remplie de tendresse et d’espoir.
Les mélodies captivantes, parfois folks, parfois pop, tantôt guitare, tantôt piano, s’enchainent parfaitement du début à la fin. Pièce après pièce, des paroles poétiques et engagées nous interpellent.
Sale serpent, qui prend sa force dans la puissance d’un solide riff de guitare, est l’un de mes coups de cœur. Il s’agit d’un superbe texte sur ceux qui sont en faveur du pétrole brut, ceux pour qui la planète vaut moins que les revenus tirés de l’exploitation de l’or noir.
S’il y a une chanson qui a tout d’un succès radio, c’est bel et bien Fou. Le ver d’oreille est garanti avec le riff très pop et la mélodie accrocheuse, qui ne manquera pas de tourner en boucle dans toutes les têtes.
J’adore Le vent, les champs pour son beau crescendo, qui passe aisément d’un folk doux à une pop rock très rythmique. La pièce titre, Le détroit, vaut également le coup d’être écoutée pour la profondeur du texte et l’émotion de l’interprétation.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Professeur adjoint à l’École des sciences infirmières (ÉSI) de la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa et directeur du LESA, Idrissa Boego espère pouvoir faire avancer la recherche sur les soins de longue durée ethnospécifiques.
Une collaboration entre le Centre interdisciplinaire pour la santé des Noir.e.s et la Faculté des sciences de la santé de l’établissement a permis la création de ce laboratoire visant à améliorer la santé des personnes âgées. La recherche portera sur les soins de longue durée ethnospécifiques à domicile et en établissement.
«L’initiative mettra l’accent sur l’équité en matière de santé en veillant à ce que les interventions soient adaptées aux besoins spécifiques des groupes les plus vulnérables, notamment les personnes ainées défavorisées, autochtones, issues de la diversité et LGBTQ+», peut-on lire dans le communiqué de presse de l’Université d’Ottawa.
«Les conditions de vie en résidence ne se prêtent pas bien à ces minorités qui sont issues d’une culture différente», observe Idrissa Boego, professeur adjoint à l’École des sciences infirmières (ÉSI) de la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa et directeur du LESA.
«L’alimentation, ce n’est pas évident, dit-il. Manger des patates pilées tout le temps pour quelqu’un qui, dans sa vie active, mangeait [autrement]. C’est un peu la même chose pour les minorités arabes qui sont musulmanes. Comment pratiquer ses prières quotidiennes? Ils ne mangent pas de porc, comment s’assurer que dans les repas il n’y a pas de porc?»
«En réalité, même les personnes âgées blanches en ont marre de ce qu’on leur sert.»
La francophonie sous la loupe
Bien que le LESA ne se concentre pas exclusivement sur les francophones en situation minoritaire, Idrissa Boego compte bien se pencher sur leurs besoins particuliers. «[Après avoir] fait un tour à Winnipeg, raconte-t-il. J’ai compris à ce moment-là combien c’était difficile de vivre en tant que francophone dans cet océan anglophone.»
Pour Jean-Luc Racine, directeur général de la Fédération des ainées et ainés francophones du Canada (FAAFC), les services de santé doivent tenir compte de l’origine culturelle des patients.
Pour Jean-Luc Racine, directeur général de la Fédération des ainées et ainés francophones du Canada (FAAFC), le lancement du LESA est une «excellente nouvelle».
«On n’a pas toujours les services dont on aurait besoin, explique-t-il. Souvent [les ainés] vivent en français dans nos communautés et dès qu’ils tombent malades, ils sont souvent expatriés de leurs communautés. Ils s’en vont dans des résidences pour ainés avec soins, avec aucune considération par rapport à la langue.»
Il ajoute que pour certains groupes minoritaires, «il y a un choc culturel par rapport aux services. Par exemple, […] certains ne comprennent pas qu’on puisse “placer” les ainés dans des résidences. Pour eux, c’est à domicile que ça se fait.»
«Il faut adapter les services de santé pour tenir compte de cette dimension culturelle qu’on néglige parfois dans le système de santé», ajoute le directeur de la FAAFC. Il espère que la recherche du LESA facilitera cette adaptation.
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Combler un manque
Idrissa Boego identifie des lacunes dans la littérature sur les soins de longue durée et sur les minorités dans ce domaine. «La littérature que nous utilisons vient des États-Unis […] les réalités sont totalement différentes.»
Il espère que ses recherches aideront à éclairer les décideurs politiques. «On peut critiquer les décideurs dans tous les sens, tant qu’ils n’ont pas de résultats dérivants de recherches, c’est difficile de prendre une décision. On ne peut pas se fonder sur la littérature étatsunienne pour prendre des décisions [ici].»
Selon son rapport annuel 2021-2022, le Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick a reçu 104 plaintes jugées recevables entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022. Parmi elles, 93 concernent le manque de service en français, 11 le manque de service en anglais.
Près de 40 % des plaintes concernaient le domaine de la santé, a assuré la commissaire Shirley Maclean lors d’une audience devant le Comité des langues officielles du Sénat, le 1er mai 2023. Les sénateurs mènent actuellement une étude sur l’offre en santé dans la langue de la minorité, au plus tard jusqu’en octobre 2024. L’étude devrait déboucher sur un rapport final soumis au Sénat.
Au total sur la période du rapport du Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, 33 plaintes ont visé le secteur, dans une province où 30 % des habitants ont déclaré avoir le français comme première langue parlée selon le recensement 2021.
Des chiffres inquiétants? «Oui, a répondu la commissaire, car beaucoup de personnes ne déposent pas plainte.» Et choisissent parfois, quand ils le peuvent, de continuer en anglais.
La commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, Shirley Maclean, a défendu la révision tous les 10 ans de la Loi provinciale sur les langues officielles au moment du dépôt du projet de loi 37, qui vise à l’abolir.
Manque de continuité
Pour Shirley Maclean, le plus gros enjeu en matière de santé en français reste le manque de continuité des services pour la population francophone.
«Quand les personnes arrivent à l’hôpital ou à la clinique, selon la Loi sur les langues officielles [provinciale], on a l’obligation de l’offre active des soins dans la langue de leur choix, détaille-t-elle. Souvent, cette offre active manque. Et lorsque le patient accède à un autre niveau de santé, le niveau de service continue de ne pas être là.»
Si le service ne peut être offert dans la langue choisie, l’institution a pour obligation d’assurer la continuité des soins à venir pour le patient avec un plan de contingence. «Ça tombe souvent à côté», déplore Shirley Maclean, en entrevue avec Francopresse.
La commissaire a réitéré plusieurs fois devant le comité sénatorial que les soins de santé devaient être offerts dans une qualité égale, dans les deux langues officielles.
«Au Nouveau-Brunswick, les gens pensent qu’il y a des hôpitaux francophones et des hôpitaux anglophones. Ce n’est pas ça du tout. Dans tous les hôpitaux, les services devraient être offerts dans les deux langues au grand public», a-t-elle insisté.
Les dangers de la traduction technologique
Shirley Maclean a cité un exemple qui a fait réagir plus d’un sénateur : souvent, le personnel de santé a recours à la technologie pour traduire les demandes et la description de la douleur du patient.
Attention aux technologies. Avec ces machines de traduction, le personnel a dit qu’il n’a “pas besoin de parler français”. Ça peut être dangereux, les personnes ont besoin de s’exprimer dans leur langue.
Selon la commissaire, traduire avec la technologie devrait être le dernier recours.
C’est le «comble de la paresse», a commenté la sénatrice franco-ontarienne, Lucie Moncion. La présence de traducteurs dans les hôpitaux ou les cliniques n’est pas prévue pour l’instant au Nouveau-Brunswick, a laissé entendre la commissaire, interrogée à ce sujet.
Le gouvernement Higgs et la santé en français devant la justice
Le comportement du premier ministre de la province Blaine Higgs envers les francophones en matière de santé a également été souligné.
Selon la sénatrice Moncion, ce dernier semblait «ne pas avoir été très ouvert» à une recommandation formulée dans un rapport du Commissariat, qui stipulait que la langue de fonctionnement des régies de santé ne devait pas prendre le pas sur leur obligation de fournir des soins de santé dans les deux langues officielles.
Selon la commissaire Maclean, le gouvernement n’a pas inclus ces recommandations lors du dépôt en mars d’un projet de loi sur la révision de la Loi sur les langues officielles.
L’été dernier, Blaine Higgs avait commis un impair en révoquant les conseils d’administration du réseau de santé anglophone Horizon et de son homologue francophone Vitalité. Des fiduciaires avaient été nommés à leur place, ce qui avait fait bondir les francophones de la province.
Égalité santé en français, une corporation de défense des droits d’accès à des soins de santé en français a entrepris des démarches judiciaires pour faire invalider cette décision.
L’entreprise assure notamment que cette révocation viole la Charte canadienne des droits et libertés et la Loi reconnaissant l’égalité des deux communautés linguistiques officielles au Nouveau-Brunswick. Récemment, les avocats de la province ont tenté de faire retrancher ces accusations.
Plus sur la francophonie
Le Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028 a été bonifié de 1,4 milliard de dollars, totalisant 4,1 milliards pour les cinq prochaines années. Même si le milliard de dollars en bonification n’est pas permanent, le gouvernement a assuré la reconduction permanente de 2,67 milliards pour les minorités linguistiques.
La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor a dévoilé son Plan d’action pour les langues officielles le 26 avril 2023 à Ottawa.
L’immigration francophone bénéficie d’un montant supplémentaire de 137,2 millions. Une somme qui vient s’ajouter aux 123,2 millions déjà annoncés dans le budget fédéral 2023, il y a un mois.
Au total, le gouvernement consacre 221,5 millions à l’immigration francophone, en finançant plusieurs initiatives dont le but commun est de rétablir le poids démographique des francophones établis hors Québec.
Le recensement d’aout 2021 avait fait état d’un fort déclin des francophones en situation minoritaire.
Le secteur du postsecondaire en français qui attendait les 80 millions de dollars de financement annuel permanent promis par les libéraux en campagne électorale devra se contenter de 32 millions par année pendant quatre ans.
Le Québec francophone se dit également lésé, alors que l’enveloppe pour soutenir l’anglais au Québec est bonifiée de 137 millions. Une source du gouvernement a affirmé qu’environ 20 % de l’enveloppe totale du Plan d’action devrait être destinés au soutien de la minorité linguistique du Québec.
Un montant mal reçu par le gouvernement du Québec et le chef du Bloc québécois à Ottawa, Yves-François Blanchet, qui a intimé mercredi le gouvernement fédéral d’éviter d’intervenir dans les affaires linguistiques du Québec.
Son porte-parole aux langues officielles Mario Beaulieu a dénoncé par communiqué que «le plan ne présente aucune mesure pour la protection du français au Québec, mais prévoit du financement et des mesures pour renforcer la communauté anglophone du Québec».
Le projet de loi C-13 portant la modernisation de la Loi sur les langues officielles a fait l’objet de débats sur les motions de la part du gouvernement.
Aucun vote n’a encore eu lieu à ce stade, mais le Bloc québécois a indiqué qu’il voterait en faveur du projet de loi, grâce à la reconnaissance de la loi 101. Le Québec n’a toutefois pas obtenu que la loi 101 s’applique aux entreprises de compétence fédérale.
La grève continue et le Canada évacue ses ressortissants au Soudan
Il n’y aura pas d’enquête sur les dons privés reçus par la Fondation Pierre Elliott Trudeau. C’est ce qu’a annoncé lundi le Bureau de la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, dans une lettre envoyée au conseil d’administration de la Fondation.
La grève de la fonction publique se poursuit depuis 10 jours.
Jeudi, la présidente du Conseil du Trésor Mona Fortier avouait être «frustrée» que les négociations n’avancent pas avec l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), dont 155 000 membres sont en grève depuis plus d’une semaine.
Malgré des «progrès» soulignés par les deux parties, la dernière offre du Conseil du Trésor n’a toujours pas été acceptée. Le gouvernement propose une augmentation salariale annuelle moyenne de 3 % sur trois ans, alors que l’AFPC demande une moyenne de 3 % par année.
Mona Fortier a qualifié les offres syndicales de «déraisonnables et inabordables». Cette dernière s’est fait traiter d’«incompétente» par la partie syndicale, qui l’a invitée à démissionner.
Lundi 24 avril, le ministre des Transports fédéral, Omar Alghabra, a annoncé des changements pour l’indemnisation des voyageurs.
En réponse aux plaintes et à la détresse vécue par des passagers de transports aériens au Canada l’hiver dernier, Ottawa propose des modifications à Loi sur les transports pour rendre l’indemnisation des voyageurs obligatoire et automatique, notamment en supprimant les exemptions qui permettent aux transporteurs aériens de l’éviter.
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Le projet de loi C-47 sur la mise en œuvre du budget contient ces changements qui entreront en vigueur dès son adoption.
Convoquées en comité parlementaire en janvier dernier, les compagnies aériennes avaient toutes convenu que cette situation était «inacceptable». Mi-janvier, l’arriéré de plaintes logées à l’Office des transports du Canada (OTC) s’élevait à plus 33 000 plaintes.
En réponse à la guerre civile qui déchire le pays et a fait des centaines de morts et plusieurs milliers de personnes déplacées, le ministère de l’Immigration a accéléré lundi l’aide aux résidents temporaires soudanais qui sont au Canada.
Le Canada est profondément préoccupé par le bien-être de la population du Soudan. Aujourd'hui, j'ai annoncé que les ressortissants soudanais au Canada pourraient demander à prolonger leur séjour en obtenant gratuitement un permis de travail ou un permis d'études. Détails à venir.
— Sean Fraser (@SeanFraserMP) April 24, 2023
Les ressortissants soudanais pourront demander gratuitement la prolongation de leur statut au Canada et changer de catégorie d’immigration temporaire pour continuer d’étudier, de travailler et d’être auprès de leur famille.
Les citoyens et résidents permanents du Canada au Soudan qui souhaitent partir seront également exonérés des frais de passeport et de titre de voyage pour résident permanent.