Plus sur la francophonie
Le gouvernement du Canada a octroyé plus de 2,4 millions de dollars à l’organisme yukonais Les Essentielles, basé à Whitehorse, qui représente les intérêts des femmes franco-yukonaises. L’organisme pourra désormais acquérir une propriété commerciale pour y installer ses bureaux.
Le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault.
Le financement devrait permettre l’organisation d’activités artistiques et culturelles et des services de répit aux familles, ainsi que des ateliers de sensibilisation à la violence.
«C’est une étape majeure dans notre engagement à faire avancer l’égalité entre les genres et à assurer l’épanouissement des Franco-Yukonais et Yukonaises vivant dans une communauté de langue officielle en situation minoritaire», a déclaré le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, Randy Boissonnault, dans un communiqué de presse.
Ingérence étrangère, Meta et énergie renouvelable
Le gouvernement fédéral devrait annoncer prochainement la tenue d’une enquête publique indépendante sur l’ingérence chinoise lors des élections fédérales de 2019 et de 2021.
Selon des informations obtenues par La Presse, le ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc a convaincu un juge de mener l’enquête.
Celle-ci a longuement été réclamée par les partis d’opposition qui devront approuver la nomination du juge.
Le Bureau de la concurrence examine la décision de Meta de bloquer l’accès aux nouvelles sur Instagram et Facebook, afin de déterminer s’il y a eu infraction ou non à la Loi sur la concurrence.
CBC/Radio-Canada, Médias d’Info Canada et l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) ont déposé une plainte au Bureau mardi, dénonçant un abus de position dominante de la part de Meta.
Les nouvelles ont officiellement commencé à disparaitre des plateformes Facebook et Instagram le 1er aout. C’est une façon pour Meta de contester la Loi sur les nouvelles en ligne (C-18) qui oblige les géants du Web à rémunérer le partage du contenu des médias.
Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a présenté jeudi matin le projet de règlement canadien sur l’électricité qui autorise la production d’électricité à partir de gaz naturel.
Le gouvernement de Danielle Smith a suspendu l’approbation de nouveaux projets d’électricité renouvelable pour une période de six mois.
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, avait accusé le gouvernement de fédéral de bloquer le développement de centrales électriques au gaz naturel, des infrastructures qu’elle juge essentielles aux projets de parcs éoliens et solaires. «Quand le vent ne souffle pas et que le soleil ne brille pas, le gaz naturel vient combler l’écart», expliquait-elle à l’émission radio QR Calgary.
Avec les nouveaux règlements proposés jeudi, l’Alberta pourra produire de l’électricité à partir de gaz naturel, tant qu’elle respecte des normes de performance. Les provinces et territoires ont au minimum 75 jours pour commenter le projet de règlement fédéral.
La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly et le ministre du Développement international Ahmed Hussen ont annoncé la suspension du soutien direct au gouvernement nigérien samedi, une dizaine de jours après le coup d’État militaire survenu dans ce pays.
Ahmed Hussen, ministre du Développement international.
Toutefois, le gouvernement canadien continue d’envoyer de l’aide en matière de santé, d’éducation, de croissance économique inclusive et d’égalité des genres aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables.
Le 26 juillet dernier, un groupe de militaires putschistes a suspendu la Constitution, arrêté le président, fermé les frontières et imposé un couvre-feu à la population. Le chef du groupe, le général Abdourahamane Tiani, s’est autoproclamé chef d’État à la télévision.
Affaires mondiales Canada (AMC) a déclaré mercredi que son Mécanisme de réponse rapide (MRR) a détecté une opération de désinformation visant Michael Chong, député de Wellington-Halton Hills.
Néanmoins, l’analyse du MRR ne permet pas de prouver que la Chine a ordonné l’opération.
Le porte-parole conservateur pour les affaires étrangères a été ciblé sur le réseau social chinois WeChat du 4 au 13 mai 2023, alors que des récits faux ou trompeurs sur l’identité et les antécédents de Michael Chong circulaient.
Selon AMC, rien n’indique une menace pour la sécurité du député ou de sa famille.
Mêlant texte et image, la caricature est à la fois journalistique et artistique, plaisante et irritante. Elle porte en elle l’offensive et la polémique, provoque souvent le rire, parfois la colère.
«Les caricaturistes sont en première ligne face à l’histoire, leurs dessins sont une première lecture des évènements d’actualité, la toute première réaction artistique», estime Dominic Hardy, professeur d’histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal.
Mais cet objet d’humour revendiqué, libre et insoumis, a-t-il une langue? Les caricaturistes canadiens francophones ont-ils la même manière d’aborder la satire que leurs homologues anglophones?
Il y a une relation entre la langue et le dessin. Les références ne sont pas forcément les mêmes, ce qui appelle des types de gags différents auxquels une communauté linguistique va réagir et pas une autre
Autrement dit, comme le comique et l’ironie, la caricature est compréhensible dans le cadre d’une communauté qui en partage les codes symboliques et les attendus idéologiques.
Des traditions satiriques qui s’ignorent
«Les références culturelles se traduisent dans le dessin, poursuit Guy Badeaux, dit Bado, caricaturiste de Francopresse et du journal Le Droit. Je dirais que les anglophones font du cinéma avec des dessins assez fouillés, tandis que les francophones font plus du théâtre avec des images plus sobres, un trait plus économique.»
Dominic Hardy est professeur d’histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal.
Dominic Hardy note un clivage historique dans la manière de faire du dessin satirique entre la presse francophone et anglophone.
«Les traditions satiriques ont toujours été foisonnantes, mais pendant longtemps elles ont semblé s’ignorer. Ça renvoie à l’idée des deux solitudes. Les deux humours ne correspondaient pas», relève l’historien.
«Au fil du temps, les sujets d’actualité communs se sont multipliés entre le Canada anglais et français», ajoute-t-il.
Les journaux francophones en milieu minoritaire comptent peu de caricaturistes. Au Manitoba, Réal Bérard, alias Cayouche, travaille notamment pour La Liberté, tandis qu’au Nouveau-Brunswick, Marcel Boudreau croque pour L’Acadie Nouvelle.
«Il existe une tradition satirique très forte au sein de la Francophonie qui unit les francophones partout au pays», assure néanmoins Ersy Contogouris, professeure au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal.
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«On se bat toujours pour nos idées»
Chaque caricaturiste a également sa propre grammaire visuelle humoristique. «C’est un art de nature plurielle. Il y a autant de styles artistiques que de dessinateurs», confirme Ersy Contogouris.
À ses yeux, l’humour s’inscrit avant tout dans la ligne éditoriale du journal pour lequel travaille le caricaturiste.
Le ton de la satire va dépendre des orientations politiques et idéologiques. Chaque caricaturiste exprime un point de vue différent qui va rejoindre un certain type de public
«Les rédacteurs en chef ont tendance à être plus consensuels, car ils ne veulent pas effrayer les annonceurs. Ils veulent éviter les procès, mais on se bat toujours pour nos idées», souligne Bado.
Vagues de disparition
Les caricaturistes, qu’ils soient francophones ou anglophones, paient le prix fort de la crise de la presse.
«C’est une hécatombe. Le nombre de dessinateurs permanents dans les quotidiens canadiens fond comme neige au soleil», déclare, amer, le caricaturiste Bado. Seul le Québec, où chaque journal a encore son caricaturiste attitré, est épargné par cette tendance.
«Les voix de la caricature semblent de plus en plus diminuées, mais je ne crains pas la disparition du métier, tempère Dominic Hardy. La relève existe, elle s’investit dans des formes de publication alternatives, comme le roman graphique.»
Bado reste, lui, pessimiste sur l’avenir de la profession : «C’est un art d’équilibriste qui ne semble plus susciter de vocations. Il faut à la fois avoir le sens de l’humour, des talents de dessinateur et de journaliste.»
Choisir ses cibles
Quelle que soit leur langue, les dessinateurs de presse doivent tous s’adapter à un espace public bouleversé où les images circulent à la vitesse de la lumière.
Avec les journaux papier, le public était défini et prévisible, mais l’arrivée des réseaux sociaux a mondialisé le métier, explique Ersy Contogouris.
«Chacun a la possibilité d’exprimer ses colères, ses états d’âme et ses indignations. Les caricaturistes ont pris conscience de l’effet de leurs caricatures sur divers publics», constate la chercheuse.
Les flux d’informations mondiaux permettent aux caricatures de voyager en quelques secondes à l’autre bout de la planète, dans un monde qui ignore tout de l’environnement culturel et politique qui les a vues naitre.
«Aujourd’hui, on doit faire plus attention qu’avant aux stéréotypes», corrobore Bado.
L’arme critique doit plus que jamais se conjuguer avec le respect de la dignité, dans une société canadienne pluraliste et multiethnique qui ne partage pas toujours les mêmes repères culturels et religieux.
«À son meilleur, la satire défend l’intérêt public et dégonfle les prétentions du pouvoir», renchérit Dominic Hardy.
Où sont les femmes?
Bado à Francopresse, Cayouche à La Liberté, Jean-Claude Boudreau à L’Acadie Nouvelle, Godin au Devoir ou encore André-Philippe Côté au Soleil… La grande majorité des caricaturistes canadiens sont des hommes.
Selon l’historienne de l’art Ersy Contogouris, la raison est liée aux stéréotypes sur la féminité.
«Pendant très longtemps, la société patriarcale a découragé le rire des femmes. Elles n’avaient soi-disant pas le sens de l’humour, observe la professeure à l’Université de Montréal. La transgression était mal vue chez elles alors que c’est au cœur de la caricature.»
Les femmes n’ont pas voix au chapitre et cela se ressent dans les dessins. «L’humour de certaines caricatures misogynes contribue à banaliser la violence envers les femmes», regrette Ersy Contogouris.
L’OIF : une institution en crise permanente
Créée en 1970 et regroupant aujourd’hui 88 États et gouvernements, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) peine à être cette organisation au service de la coopération multilatérale entre ses parties-membres. Il faut dire que les dés étaient pipés d’avance tant l’OIF a été conçue comme un instrument politique par la France afin de continuer à exercer un certain contrôle sur ses anciennes colonies.
Le Canada n’a jamais réussi à faire contrepoids à Paris dans l’organisation, tout simplement par manque d’intérêt de la part d’autorités fédérales beaucoup plus tournées vers le Commonwealth. Du point de vue institutionnel, il y a une règle non écrite qui veut que l’Administrateur soit canadien. Du coup, Paris se réserve de facto le droit de choisir le Secrétaire général de l’OIF.
Nous avons eu un exemple flagrant avec la nomination en 2018 de l’actuelle secrétaire générale, la Rwandaise Louise Mushikiwabo. Il s’agissait d’un véritable camouflet pour la francophonie dans la mesure où le Rwanda avait adopté, 10 ans plus tôt, l’anglais comme langue d’enseignement et langue administrative au détriment du français. Mais la France, par ce geste inique, tentait une forme de repentance par rapport à son rôle dans les génocides au Rwanda.
Depuis qu’elle est en poste, Mme Mushikiwabo est régulièrement accusée de gérer l’organisation avec autoritarisme ; il faut dire qu’elle est allée à bonne école avec Paul Kagamé. Et, elle épuise les pauvres administrateurs canadiens qui ne tiennent pas longtemps. Après Catherine Cano et Geoffroi Montpetit, c’est Caroline St-Hilaire qui a pris ces fonctions en mars dernier. Les paris sont ouverts pour savoir combien de mois elle tiendra le coup.
L’OIF est une machine bureaucratique lourde qui sert plus à recaser des copains qui seront grassement payés, qu’à effectivement mettre en œuvre des projets collaboratifs pour le bienêtre des populations francophones de par le monde.
Le seul fait que le Qatar, dont le français ne fait pas partie des langues officielles, ait le statut de membre associé au sein de l’OIF démontre bien toute la vacuité de cette organisation.
Succession de coups d’État conséquents sur la francophonie
En l’espace de deux ans, des colonies françaises, dont la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et tout dernièrement le Niger, ont connu des coups d’État qui ont mené à l’arrivée au pouvoir de militaires. Ironie du sort, l’OIF a été créée lors de la Conférence de Niamey, la capitale du Niger désormais aux mains d’un quarteron de généraux.
Si, bien sûr, une des causes de ces bouleversements politiques se trouve dans l’insécurité croissante des populations dans le contexte d’attaques djihadistes dans la région du Sahel, il y a au moins deux autres causes majeures.
La première est l’incapacité de la France de laisser ses anciennes colonies tranquilles et les nombreuses ingérences de Paris dans la vie politique de ces pays. C’est un fait. Le contexte mondial qui fait la part belle à la décolonisation réelle ne pouvait que contribuer au ras le bol généralisé des citoyens face aux politiques françaises d’un autre temps.
La deuxième est l’extraordinaire pouvoir de nuisance de la Russie, qui a bien compris qu’elle avait là une carte maitresse à jouer. Plus elle déstabilise ces pays, plus le flot de réfugiés vers l’Europe augmente. Cela contribue à la croissance des partis d’extrême droite dont la Russie est le grand argentier et la grande amie.
Pour ce faire, Moscou peut bien sûr compter sur ses sbires du groupe Wagner, mais aussi, et surtout, sur sa machine à propagande bien rodée véhiculant inepties et faussetés à tour de bras sur les réseaux sociaux et autres messageries. Et bien sûr, cela fonctionne. L’enfumage marche à fond, y compris parmi les personnes éduquées.
La France n’ayant absolument pas les moyens de ses ambitions, il est désormais acté que son influence sur le continent africain ne pourra que continuer à décliner. En soi, ce n’est pas grave.
En revanche, qui dit déclin de la France en Afrique dit également déclin de la langue française sur le continent. Le nouveau pouvoir au Mali a déjà par exemple fait adopter une nouvelle constitution qui relègue le français au statut de langue de travail et qui a, du même souffle, donné à 13 langues nationales le statut de langue officielle.
Étant donné les effets de contamination dans la région que l’on peut voir, il y a fort à parier que d’autres pays emboitent le pas.
L’avenir de la francophonie internationale s’annonce donc bien morose, et les contrecoups risquent de se faire sentir ici au Canada, et particulièrement au sein des communautés francophones en situation minoritaire.
Notice biographique
Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des Facultés de sciences humaines et de philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du Partenariat Voies vers la prospérité.
FRANCOPRESSE : Depuis votre nomination, vous avez beaucoup parlé du Plan d’action pour les langues officielles, mais un peu moins de la Loi qui vient d’être modernisée et des futurs règlements. Quelle est votre priorité dans le processus de règlementation de la nouvelle Loi?
Il faut avoir cette conversation avec les entreprises privées sous juridiction fédérale pour déterminer les zones du pays où il y a une forte présence francophone.
Randy Boissonnault, qui succède à Ginette Petitpas Taylor aux Langues officielles, gère aussi le portefeuille de l’Emploi et du Développement de la main-d’œuvre.
Je suis aussi saisi par cette question d’immigration. J’ai déjà entendu mon collègue Marc Miller dire que l’immigration francophone était pour lui un dossier prioritaire.
J’ai assisté à plusieurs rencontres du Comité des langues officielles quand j’étais le secrétaire parlementaire de Mme Joly [de 2015 à 2017, NDLR]. Les gens nous disaient que c’était impossible d’amener la cible [d’immigration francophone hors Québec] de 2 % à 4,4 %.
Même avec le recul des francophones à travers le pays, on a rebâti le système. On va voir comment aller de l’avant, avec quel pourcentage et de quelle façon. Je vais entamer les discussions avec mes collègues députés et le Comité des langues officielles, mais aussi avec l’équipe du ministre Miller. Ce sont deux dossiers très importants du début de mandat.
Les règlements vont prendre jusqu’à deux ans. Je ne veux pas attendre un an pour lancer le processus, je veux que le ministère commence dès cet automne.
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En plus des Langues officielles, vous êtes aussi ministre de l’Emploi et du Développement de la main-d’œuvre. Le chômage vient d’augmenter pour un troisième mois consécutif au Canada pour s’établir à 5,5 %. Quel est votre plan pour concilier le recul du chômage et la pénurie de main-d’œuvre francophone?
Il y a une légère augmentation du chômage, mais il continue d’y avoir la plus forte participation de main-d’œuvre qu’on a jamais vue.
En ce qui concerne la question des francophones sur le marché du travail, c’est une préoccupation. Je vais travailler sur la reconnaissance des compétences et les microcrédits pour que les gens qui acquièrent des compétences puissent les voir reconnues par les employeurs.
Je sais qu’il y a un écart entre la pénurie de main-d’œuvre et les emplois qui sont disponibles, donc c’est ma tâche avec les provinces et les employeurs de combler ces lacunes et de voir plus de francophones et francophiles sur le marché du travail. Ça, c’est la tâche qui nous demande le plus d’attention cet automne et on va faire le travail ensemble.
Notre économie est restée forte en juillet, et notre taux de chômage reste bas à 5,5%.
— Randy Boissonnault 🏳️🌈 (@R_Boissonnault) August 4, 2023
Nous continuerons à investir dans la formation professionnelle afin que les Canadiens puissent trouver et conserver des emplois bien rémunérés.
En matière d’éducation, devant le refus récent du gouvernement Ford en Ontario de financer l’Université de Sudbury, comment pouvez-vous aider, en tant que nouveau ministre des Langues officielles, à améliorer la situation pour assurer le continuum de l’éducation en français?
Il faut vraiment travailler cet élément du berceau à la berçante, donc des garderies jusqu’au développement de la main-d’œuvre. Le système postsecondaire est donc très important.
Quand on a une déception, comme on a vu avec l’Université de Sudbury, ça nécessite qu’on travaille avec le gouvernement Ford, avec la ministre [Jill Dunlop] pour voir quels sont leurs enjeux et la façon dont ils vont aborder la question.
Dès qu’on trouvera une solution, on va surement être à la table comme gouvernement fédéral, comme on l’a fait avec l’Université de l’Ontario français et avec le Campus St-Jean.
On veut qu’un système postsecondaire robuste en français existe au Canada et nous sommes à la hauteur pour travailler avec le gouvernement Ford afin d’affirmer une présence forte en français dans le Nord de l’Ontario.
Parlons des clauses linguistiques dans les ententes fédérales-provinciales. Elles sont souvent inégales ou floues. Comment pouvez-vous mieux négocier leur place dans les ententes?
C’est une question qu’il va aussi falloir poser à la nouvelle ministre Jenna Sudds [ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, NDLR], qui est responsable de ce dossier. Je vais travailler avec elle sur ce dossier.
Revenons aux francophones. Allez-vous accorder la même écoute à ceux du Québec qu’aux autres francophones du pays?
Moi, je suis un francophone de l’Ouest et je sais à quel point les gens ici ont lutté pour tout ce qu’on a et tout ce que les communautés en situation minoritaire veulent avoir, que ce soit dans l’Ouest, dans le Nord, en Atlantique, en Ontario.
Il y aura toujours des enjeux très spécifiques au Québec. Pour moi, il faut entamer de très bonnes relations avec le gouvernement du Québec et être à l’écoute des communautés francophones et anglophones minoritaires.
Le gouvernement fédéral est conscient et préoccupé par le déclin du français. En ce qui concerne les langues officielles, c’est très important de travailler avec le gouvernement du Québec et aussi avec les communautés anglophones du Québec.
Croyez-vous que les francophonies du Canada sont conciliables? Peuvent-elles s’entendre et peuvent-elles se comprendre?
L’une des meilleures images que j’ai eues dans ma vie remonte à l’époque où j’étais président des Jeux de la francophonie canadienne, en 2008. Nous étions les hôtes, à Edmonton. C’était le 15 aout, en pleine Fête de l’Acadie.
Randy Boissonnault
Les jeunes ont décidé d’eux-mêmes de la célébrer en prenant tous leurs drapeaux francoprovinciaux et territoriaux, et ils se sont mis à défiler en parade. À un moment, ils ont tous sifflé et ont commencé à courir, avec leurs drapeaux panfrancophones. C’est une image que je n’oublierai jamais, avec la joie pure des jeunes des différentes délégations francophones.
Aussi, pendant 11 ans, j’ai été ténor avec la chorale francophone Saint-Jean en Alberta. On a voyagé à travers le pays et le monde. Quand on a chanté à Québec en 2008, il y avait des Québécoises et Québécois en larmes parce qu’ils en ont appris un peu plus sur l’histoire de la francophonie hors du Québec.
Ils ont vu les racines entre le Québec et l’Ouest et ils voulaient juste en savoir plus.
Alors est-ce qu’on peut tisser plus de lien? Absolument. Et lorsque les diverses identités francophones d’un océan à l’autre peuvent s’entendre, [elles] peuvent se réunir pour pérenniser l’avenir facilement.
Selon un sondage d’opinion mené par Angus Reid pour le compte du Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes, 55 % des Canadiens «ne croient pas ou ne savent pas que [la traite des travailleurs migrants] est un problème d’envergure au Canada».
43 % des répondants croient que la traite des travailleurs migrants nécessite le passage irrégulier de travailleurs à travers la frontière. Pourtant, bon nombre de ces personnes arrivent au Canada par des voies légitimes, nuance le Centre dans un communiqué.
Ce manque de sensibilisation générale de la population et le fait que les travailleurs étrangers temporaires eux-mêmes ignorent souvent leurs droits facilitent malheureusement leur exploitation, estime Aziz Froutan, gestionnaire des communications pour le Centre.
Des personnes malveillantes peuvent par exemple saisir leurs pièces d’identité, retenir illégalement une partie de leur salaire ou les loger dans des installations insalubres.
Si 85 % des personnes sondées par Angus Reid sont d’avis que les travailleurs étrangers viennent au Canada pour profiter de meilleures conditions de vie et de travail, plusieurs d’entre eux finissent cependant par devoir «composer avec de fausses promesses et faire face à des abus et de l’intimidation», rapporte le Centre.
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D’après Aziz Froutan, il faut «défaire le mythe selon lequel les travailleurs migrants n’auraient pas les mêmes droits que les Canadiens».
Techniquement parlant, toute personne qui vit sur le territoire canadien a accès aux mêmes droits et libertés
Les différences majeures entre un citoyen et un non-citoyen : le droit de vote et la détention d’un passeport canadien. Seules les personnes ayant la citoyenneté canadienne ont le droit de vote et peuvent détenir un passeport canadien.
Manque d’information
Aziz Froutan note en outre un grave «manque de sensibilisation au sujet du soutien et des services offerts au Canada» pour les travailleurs étrangers temporaires.
«La plupart des travailleurs n’ont pas assez d’information sur leurs droits quand ils arrivent au Canada», remarque-t-il. En juin dernier, le Centre a d’ailleurs lancé une campagne afin de les informer de leurs droits et de leur présenter la ligne d’urgence.
«On a développé des billets d’information dans des endroits fréquentés par les travailleurs migrants, surtout dans des zones rurales où ils travaillent», décrit le gestionnaire.
Le Centre a également noué des partenariats avec des consulats et des ambassades à l’étranger pour y diffuser de l’information, mais celle-ci n’atteint pas à tous coups les personnes visées.
IRCC [Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada] ne partage pas automatiquement et directement avec tous les candidats l’information sur la traite des travailleurs et sur les droits de ces derniers au Canada
Or, d’après des consultations menées par l’organisme auprès de migrants, ces derniers auraient aimé recevoir de tels renseignements avant leur arrivée au Canada.
«Les médias sociaux, en particulier Facebook, étaient leur plateforme en ligne préférée pour obtenir de l’information et se mobiliser», souligne un rapport du Centre publié conjointement avec l’organisme torontois FCJ Refugee Centre.
Une page Web du gouvernement canadien explique les droits des travailleurs étrangers temporaires, mais, comme l’indique Idil Atak, qui a elle-même immigré au Canada, «on est tellement préoccupés par notre statut et la volonté de réussir à nous établir, à nous intégrer, qu’on ne fait pas nécessairement de recherche [sur nos droits]».
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Barrières linguistiques
«On sait bien que la plupart des travailleurs migrants au Canada parlent espagnol. Ils ne maitrisent souvent pas le français ni l’anglais», ajoute Aziz Froutan.
Le rapport Ça se passe ici : L’exploitation des travailleuses et travailleurs migrants pendant la pandémie de covid précise que 38 % des participants à une série de groupes de consultation auprès de travailleurs migrants en Ontario ont déclaré avoir reçu de l’information sur leurs droits à leur arrivée.
Or, cette information leur a été fournie seulement en anglais.
Seulement 14 % des participants ont indiqué avoir reçu de l’information dans leur langue maternelle.
«Si les travailleurs migrants ont besoin d’information sur leurs droits, même s’ils n’ont pas un problème en particulier, ils peuvent composer le 1-800-339-1010 pour parler avec des personnes bien renseignées sur le droit du travail au Canada et en mesure de leur répondre dans leur langue ou de les mettre en relation avec quelqu’un qui parle leur langue», tient à souligner Aziz Froutan.
De la pop aux couleurs folk
Pochette de l’album Rien qu’un animal
Jeune auteur-compositeur-interprète montréalais, Matt Stern présente son premier opus Rien qu’un animal. L’artiste francophone, désormais installé à Victoria en Colombie-Britannique, nous invite dans son univers intimiste et funky. Il nous captive de plage en plage par des orchestrations tout à fait remarquables.
Avec une fluidité mélodique, Matt Stern propose des musiques pop aux couleurs folk et funky. Tout au long de l’album, le musicien a peaufiné des partitions de cordes et de cuivres qui viennent appuyer des refrains accrocheurs.
Des morceaux comme Ne me dis pas, T’es magique et C’est la faute de personne sont des univers irrésistibles. Le blues Rien qu’un animal est l’un des plus beaux textes du disque.
Pour ce soir, une petite fraicheur au ukulélé tout à fait magique, nous décroche un certain sourire. Berceuse nous offre un autre moment de tendresse. La pièce Une autre chance termine cet opus sur un air funky fort agréable.
Une autre tempête folklorique
Pochette de l’album Tempête.
La formation de musique traditionnelle québécoise Le Diable à Cinq a lancé au printemps un troisième opus, Tempête. Le groupe est originaire du village de Ripon dans la région de l’Outaouais.
Ce nouvel album comprend dix pièces, écrites et composées par les cinq membres de la formation : les jumeaux Félix et Samuel Sabourin, leur frère Éloi Gagnon Sabourin, leur cousin André-Michel Dambremont et un ami du nom de Rémi Pagé.
Les textes, bien écrits, sont profonds et engagés. Les chœurs font preuve d’harmonies vocales fort intéressantes. La podorythmie captivante guide des orchestrations solides. Le disque à l’univers folklorique entrainant est un produit riche et intimiste.
Richer #44 est un hommage à Stéphane Richer, ancien membre du club de hockey des Canadiens de Montréal. Le Diable à cinq salue également la légende Jos Montferrant, grand bâtisseur de la région de l’Outaouais. Le quintette nous offre une belle ballade touchante, Le dernier pétale, un texte profond sur le cycle de la vie.
Souvenir d’harmonies
Pochette de l’album De la rivière à la mer.
En attendant le prochain album de Geneviève et Alain, je vous invite à vous laisser bercer par de beaux souvenirs. Le duo nous offrait un peu de tendresse avec son deuxième opus De la rivière à la mer, belle suite au premier disque On est les deux.
Leur univers folk est une véritable oasis musicale. On ressent et on entend l’union de deux plumes en parfaite harmonie. Les superbes textes parlent d’écoute, d’accompagnement, du besoin d’une âme sœur.
Le réalisateur Carl Bastien a ajouté un peu de pedal steel et de claviers pour peaufiner un produit déjà proche de la perfection.
Il y a quelques pièces qui m’ont beaucoup touché par la profondeur de leurs émotions. Des nouvelles de toi est selon moi le plus beau texte de l’album. Sur une trame country folk, les paroles évoquent l’écoute, le soutien et l’accompagnement, des gestes qui se perdent de plus en plus à l’ère des médias sociaux.
Pour une variation sur les mêmes thèmes, Solitude est une berceuse pour l’âme. Sans que…, trame folk un peu à la Fleetwood Mac, est un autre excellent texte sur la routine par rapport au moment présent.
Geneviève nous pose une question existentielle de façon vraiment charmante avec l’excellent extrait, Qui je suis. Le duo d’Ottawa nous offre également deux petits instrumentaux, Rivages et Moonbeam.
Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.
Plus sur la francophonie
En début de semaine, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a déposé une plainte formelle auprès de l’ombudsman provincial contre le gouvernement de l’Ontario, pour protester contre le refus de ce dernier de financer l’Université de Sudbury.
L’AFO accuse le gouvernement de violer la Loi sur les services en français de la province, qui désigne l’établissement et l’oblige à offrir des programmes de premier cycle en français.
Le 30 juin, le gouvernement ontarien a annoncé son refus d’investir dans un troisième établissement francophone en Ontario. Le ministère des Collèges et Universités, qui a refusé de rencontrer l’AFO, a justifié sa décision en raison du petit nombre d’étudiants à l’Université de l’Ontario français et à l’Université de Hearst.
Édith Dumont (en photo) remplace Elizabeth Dowdeswell au poste de lieutenante-gouverneure sortante, qui était en fonction depuis 2014.
Édith Dumont devient la première Franco-Ontarienne à être nommée à ce poste. Le bureau du premier ministre Trudeau en a fait l’annonce jeudi matin, par voie de communiqué.
La nouvelle lieutenante-gouverneure a mené toute sa carrière dans le milieu de l’éducation. Orthopédagogue de formation, elle a été la première femme à diriger le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario.
Récemment, elle a également été vice-rectrice du service Partenariats, collectivités et relations internationales de l’Université de l’Ontario français, à Toronto.
Blocage des nouvelles par Meta, critiques et séparation des Trudeau
L’opération a débuté mardi. Pour protester contre la Loi sur les nouvelles en lignes, qui a reçu la sanction royale fin juin, Meta a commencé à bloquer l’accès aux contenus médiatiques aux Canadiens sur Facebook et Instagram.
Les utilisateurs de ces réseaux sociaux au Canada ne pourront ni accéder aux nouvelles sur leurs profils ni partager des liens provenant de médias.
Le blocage affecte également les médias étrangers. Autrement dit, les utilisateurs canadiens ne pourront plus voir de contenus provenant de médias sur les plateformes.
Google menace d’en faire autant lorsque la loi entrera officiellement en vigueur, en décembre prochain.
Pierre Poilievre a profité d’une conférence de presse sur le cout de la vie et le logement pour condamner son adversaire politique qu’il considère comme «responsable» du blocage des nouvelles par Meta.
Dans un point de presse tenu à Ottawa mardi, le chef de l’opposition a qualifié d’«inacceptable» la décision de Meta de bloquer l’accès des Canadiens aux contenus des médias sur ses plateformes.
«Je trouve incroyable que dans une démocratie, le premier ministre ait adopté une loi pour faire disparaitre les nouvelles d’internet. On penserait qu’on est en Corée du Nord. Ce n’est pas la démocratie […]. C’est la conséquence des projets de loi de censure qu’a adoptés Justin Trudeau […]»
La grande cheffe de l’Assemblée des Chefs du Manitoba (ACM), Cathy Merrick, a réclamé dimanche une rencontre avec le nouveau ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree.
L’Assemblée des Chefs du Manitoba (ACM) attend une réponse du nouveau ministre, Gary Anandasangaree (à gauche), sur un possible financement fédéral pour reprendre les recherches des corps de femmes autochtones dans une décharge au Manitoba. Son prédécesseur, Marc Miller (à droite), s’était montré ouvert à un financement fédéral.
Elle demande un financement fédéral pour poursuivre les recherches des corps d’au moins deux femmes autochtones dans le dépotoir de Prairie Green, au nord de Winnipeg.
Le gouvernement du Manitoba avait refusé de financer les fouilles au début juillet par crainte que les déchets toxiques de la décharge ne portent atteinte à la santé et à la sécurité humaines. La province s’était ensuite tournée vers le gouvernement fédéral.
L’ex-ministre Couronne-Autochtones, Marc Miller, avait démontré une ouverture pour financer les recherches, après avoir demandé la collaboration de la province et qualifié la décision de la première ministre manitobaine de «sans cœur».
De son côté, l’ACM avait fixé un ultimatum au 31 juillet. Pour le moment, le gouvernement fédéral n’a pas encore rendu de décision.
L’absence de Sophie Grégoire avait été observée lors du remaniement du 27 juillet.
Ce n’est pas un titre de mauvaise série, mais la réalité du couple formé par Justin Trudeau et sa Sophie Grégoire. Ils ont fait part de leur séparation par voie de communiqué et sur leurs réseaux sociaux respectifs, mercredi.
Le bureau du premier ministre a assuré, dans un courriel aux journalistes, que «Sophie et le premier ministre se concentrent sur l’épanouissement de leurs enfants dans un environnement aimant et collaboratif.»
«Les deux parents seront constamment présents dans la vie de leurs enfants et les Canadiens peuvent s’attendre à voir régulièrement la famille ensemble», peut-on encore lire dans le courriel.
Sophie Grégoire sera libérée de ses obligations de représentation officielle du Canada, de voyages officiels et n’aura plus accès à tous les types de ressources que leur union impliquait. Le couple a trois enfants.
La loi, promulguée en mars 2023, donne aux parents le droit d’interdire l’usage des réseaux sociaux à leurs enfants ou d’installer un couvre-feu afin d’en limiter l’accès. Le texte impose aussi aux plateformes de ne pas enregistrer les données des plus jeunes utilisateurs.
Linda Pagani, professeure à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, est d’avis «que la meilleure chose c’est de les interdire».
«Je pense que les jeunes adolescents devraient comprendre que ces outils-là vont les affaiblir dans leur développement, car ils sont créés par des algorithmes qui sont là pour les accrocher», explique celle qui est aussi chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.
Des jeunes de plus en plus perturbés
Au Canada, 23,5 % des garçons et 32,4 % des filles de 12 ans utilisent les réseaux sociaux de manière intensive, selon l’enquête sur les comportements de santé des jeunes d’âge scolaire de Statistique Canada, parue en 2018.
Ce temps passé sur les réseaux sociaux n’est pas sans conséquence pour les plus jeunes, selon Marie-Pier Jolicoeur, doctorante en droit à l’Université Laval.
«Les impacts sur le sommeil des adolescents sont très préoccupants. […] Tous les enjeux de la lumière bleue, ça réduit la qualité et la quantité de sommeil»
L’usage accru rend aussi les enfants et les adolescents plus vulnérables, particulièrement pendant la période prépubertaire où «les hormones les rendent un peu plus sensibles», observe Linda Pagani.
Les jeunes adolescentes sont particulièrement à risque de développer des troubles alimentaires comme la boulimie ou l’anorexie, révèle la psychoéducatrice.
Elle évoque notamment les distorsions de l’apparence chez les filles.
«Quand on est jeune […] on pense que l’idéal c’est ce que l’on voit dans les médias sociaux, qu’on devrait avoir des lèvres ou des cils plus étoffés.»
Interdire : mission impossible
Serge Larrivée, professeur titulaire à l’école de psychoéducation de l’Université de Montréal, considère que l’interdiction des réseaux sociaux est inutile : «Tu n’interdis pas ce que tu ne peux pas contrôler. Les adolescents vont trouver un autre moyen pour être sur les réseaux sociaux.»
Hanadie Chebib, résidente de Toronto et mère de deux enfants devenus aujourd’hui adultes, partage ce constat : «S’ils veulent cacher, mentir, ils vont le faire alors c’est inutile de se mettre vraiment contre eux pour ça.»
Elle a permis à ses fils d’avoir un téléphone cellulaire vers l’âge de 14 ans tout en s’assurant qu’ils en faisaient une utilisation responsable.
«Je n’aurais pas été capable [d’interdire] parce que technologiquement parlant ils sont beaucoup plus avancés que nous, donc ils connaissent tous les trucs et les astuces qu’on utiliserait pour contrôler», détaille-t-elle.
Ailleurs dans le monde
L’Utah n’est pas le seul à légiférer sur les réseaux sociaux. Le 7 juillet 2023, la France a rendu obligatoire l’accord parental pour accéder aux réseaux sociaux pour les jeunes de moins de 15 ans.
Attendre 18 ans pour avoir une vie privée
«L’idée de mettre des enfants dans des bulles de verre, qu’ils ne touchent pas au numérique jusqu’à 18 ans, c’est irréaliste et ce n’est pas souhaitable», indique Marie-Pier Jolicœur.
Le manque de vie privée étonne également la doctorante. À ses yeux, il existe un risque de tomber dans le paternalisme auprès de l’enfant, «ce qui ne favorise pas le développement de son autonomie dans l’environnement numérique».
Selon Serge Larrivée, professeur titulaire à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, il serait inutile d’interdire les réseaux sociaux.
«On met dans le même bateau un enfant de 3 ans puis un adolescent de 17 ans alors que les enjeux développementaux et d’autonomie ne sont pas les mêmes», ajoute-t-elle.
L’interdiction des réseaux sociaux peut par ailleurs devenir un sujet de division dans les écoles.
Un adolescent interdit de réseaux sociaux se «ferait ostraciser par ses amis, autrement dit il pourrait se faire dire : « tu ne fais pas partie de la gang, tu n’as pas de réseaux sociaux, toi »», assure Serge Larrivée.
L’éducation est la clé
D’autres avenues peuvent être offertes aux parents inquiets du temps passé par leurs enfants sur ces plateformes.
«Je fais partie d’un organisme qui s’appelle Le Ciel situé à Montréal, qui offre des ateliers pour faire de la sensibilisation dans les écoles au primaire et au secondaire», informe Marie-Pier Jolicœur.
Hanadie Chebib déclare ne pas avoir eu des enfants accros aux réseaux sociaux
Même si des écoles offrent des ateliers de sensibilisation aux risques des réseaux sociaux, Hanadie Chebib est d’avis que l’éducation doit se faire aussi en dehors de la salle de classe et surtout par l’exemple.
«Ils nous voient ne pas être sur les réseaux sociaux, ne pas poster des selfies et donc ça aide beaucoup», souligne-t-elle.
Heureuse d’avoir pu éviter les problèmes avec ses fils, la mère de famille connait des parents qui ont vécu des expériences plus difficiles dans son entourage.
Elle est d’avis qu’une loi, comme en Utah, pourrait aider, sans que ce soit une solution parfaite. «Les enfants seront plus tentés de faire quelque chose d’illégal», prévient Hanadie Chebib.
«Abonnez-vous à notre infolettre!» Voilà le message que placardent les médias canadiens partout sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines. Leur objectif est de continuer à vous rejoindre quand les géants du Web auront retiré votre accès aux nouvelles canadiennes.
Meta a d’ailleurs parti le bal le 1er août en commençant à retirer les nouvelles canadiennes sur ses plateformes Facebook et Instagram. Un acte contre l’adoption de la Loi concernant les plateformes de communication en ligne rendant disponible du contenu de nouvelles aux personnes se trouvant au Canada, qui oblige les géants du Web à payer les médias canadiens pour les contenus qu’ils partagent.
Google a aussi brandi la menace et a annoncé le retrait des nouvelles provenant de médias canadiens lorsque la loi entrera en vigueur, soit en décembre 2023.
Le désaccord entre les géants du Web et le gouvernement canadien nous force, en tant que citoyen, à réfléchir à la transformation lente mais constante de nos habitudes de consommation de l’information au cours des dernières décennies.
En une génération seulement, nous sommes devenus des consommateurs d’information passifs.
L’humain est une créature d’habitude
Nos habitudes de consommation de l’information ont changé de façon radicale. Quand j’étais plus jeune, le journal se lisait encore strictement sur papier et le téléjournal n’était qu’à la télévision. Puis est venue la révolution numérique qui a bouleversé nos habitudes.
Racontons l’histoire en accéléré : fin des années 1990, Internet arrive dans nos foyers, rapidement les premiers sites Web des médias apparaissent. En 2004, nous devenons amis sur Facebook et en 2010, tout le monde s’informe en ligne et sur les réseaux sociaux. C’est moderne, c’est révolutionnaire, c’est facile. Entre les photos du petit dernier de la voisine et le gâteau au chocolat du beau-frère, nous avons le sentiment d’avoir accès à des nouvelles.
L’information venait à nous sans effort, nous nous sentions mieux informés. Mais tout cela a eu un effet pervers et nous sommes devenus un peu plus paresseux.
Aujourd’hui, la plupart des journaux sont disponibles en ligne. Tristement, ils sont même de plus en plus nombreux à ne plus imprimer. Et pour ce qui est du téléjournal, nous pouvons le regarder au moment qui nous convient le mieux.
Champ libre aux fausses nouvelles?
Selon le plus récent Digital News report, 48 % des francophones de 35 ans et plus et 39 % des 18-34 ans ont utilisé Facebook au Canada pour s’informer dans la semaine précédant l’enquête. YouTube et Instagram figurent aussi parmi les sources importantes d’information chez les 18-34 ans.
Au fil des années, les médias ont investi temps et argent pour que leurs nouvelles soient mieux classées dans les recherches sur le Web et pour être plus visibles sur les réseaux sociaux.
Le retrait des nouvelles canadiennes sur Meta et Google ne se fera pas sans heurts. Les temps seront difficiles ; pour les médias certes, mais surtout pour les citoyens.
Que verrons-nous à la place des nouvelles des médias canadiens sur Meta et sur Google? Des nouvelles américaines? Des commentaires provenant de soi-disant journalistes? Des fausses nouvelles, du moins, plus que d’habitude?
C’est inquiétant!
Les intentions du gouvernement étaient bonnes derrière l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne. Vouloir redonner des revenus publicitaires aux médias canadiens est une ambition louable. Mais la réalité à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est loin de rendre service à la presse et aux citoyens.
À moins que le fédéral ne réussisse à élaborer des règlements qui conviendront aux géants du Web, ce qui semble peu probable, la disparition des nouvelles canadiennes sur Meta et Google aura des répercussions importantes sur la société canadienne. Du moins, le temps que nous reprenions de saines habitudes d’information.
Nous avons tenu pour acquis, voire surestimé, le rôle du Web dans notre consommation de l’information. Maintenant que le risque de perdre ces sources est réel, il est temps que tout le monde prenne ses responsabilités.
Le gouvernement doit faire sa part. Idéalement, trouver un terrain d’entente avec les géants du Web. Mais surtout, il devra donner davantage de moyens aux médias pour leur permettre d’améliorer la diffusion et la découvrabilité de leurs informations.
Les médias, même si les temps risquent d’être difficiles, devront persévérer et faire ce qu’ils savent faire de mieux, informer.
Et nous, nous avons le devoir de ne plus être paresseux. Notre société mérite d’avoir des citoyens informés pour protéger sa démocratie.
De toute manière, Facebook n’a jamais été une bonne façon de s’informer.
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Avec des informations d’Inès Lombardo
«Je ne mange pas, ça me donne des insomnies. Ça affecte ma santé physique et émotionnelle.»
C’est l’état dans lequel se trouve Khadi Fasy, qui a demandé de préserver son anonymat pour des raisons de sécurité, depuis qu’elle a reçu une lettre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté (IRCC) l’accusant de fraude, au début de l’été 2023.
Après avoir reçu une bourse avec résidence payée d’une université canadienne, l’étudiante sénégalaise a entrepris les démarches pour venir s’installer au Canada. «J’ai vu qu’il y avait beaucoup de documents à déposer et, étant donné que je n’ai jamais fait de demande de permis d’études auparavant, je voulais bien faire», explique-t-elle.
Khadi Fasy est interdite de territoire pendant cinq ans. Si jamais elle refait une demande après ce temps écoulé, elle devra déclarer avoir été interdite de territoire auparavant.
Comme plusieurs demandeurs de permis d’étude, elle est allée chercher de l’aide auprès d’une agence dans son pays.
«L’agence que j’ai contactée offrait des services d’assistance pour les étudiants pour tout ce qui est visa, services d’hébergement, etc. Sur leur page Facebook, il y avait des photos et tout ce qu’il fallait pour me rassurer que ce n’était pas du faux, qu’ils font un bon travail.»
Convaincue par le professionnalisme de l’agent, elle a suivi ses conseils. «C’est une agence vraiment bien d’après Internet, donc les services étaient un peu chers», relate-t-elle. Au total, elle a payé environ 1 500 dollars canadiens pour ces services.
Le personnel de l’agence l’a aidée à monter son dossier, lui indiquant que les documents financiers étaient la seule faiblesse. Comme la mère de Khadi attendait de débloquer les fonds nécessaires avant d’envoyer le dossier, l’agent a insisté qu’il ne fallait pas trop attendre.
Il lui a proposé de soumettre un document provenant d’un compte de banque de l’agence, afin de prouver qu’elle dispose bel et bien des fonds suffisants pour venir au Canada. «Une pratique courante et légale», lui a confirmé l’agent.
C’est ce document qui a sonné l’alerte chez IRCC.
Les limites de la bonne foi
Dans une lettre, IRCC explique que le document bancaire soumis avec son dossier semblait frauduleux. Khadi avait sept jours pour prouver que ce n’était pas le cas, sous peine de se voir interdite de territoire canadien pour une durée de cinq ans, conformément à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR).
Documents et preuves à l’appui, la jeune femme s’exécute pour démontrer qu’elle a été victime de fraude.
«J’ai dénoncé l’agence pour qu’IRCC sache que je suis de bonne foi», dit-elle. «Je suis une personne très honnête de nature. Je ne veux pas entrer dans certaines magouilles», insiste-t-elle.
Le refus d’IRCC est catégorique : en vertu de la LIPR, la jeune femme ne peut venir étudier au Canada et elle est interdite de territoire pendant cinq ans pour fraude, même si elle tenté de prouver le contraire.
Interprétation de la LIPR par le gouvernement du Canada
«C’est un crime grave de mentir, de donner de faux renseignements ou de soumettre de faux documents dans vos démarches auprès d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). C’est de la fraude, car il s’agit de fausses déclarations.»
«Ce qui me fait le plus mal, c’est d’avoir été jugée dans mon honnêteté et mon intégrité», regrette Khadi Fasy.
En raison des lois sur la protection de la vie privée, IRCC ne peut pas commenter le cas de Khadi.
Dans une réponse envoyée par courriel, la conseillère en communication du ministère, Julie Lafortune, explique qu’«en cas de refus, les clients peuvent également demander un réexamen, bien qu’il incombe au demandeur de satisfaire l’agent [d’IRCC] de la nécessité d’un réexamen».
«En fonction de sa situation, une personne peut avoir le droit de faire appel d’une décision auprès de la Section de l’immigration ou de demander un contrôle judiciaire auprès de la Cour fédérale.»
Fatiguée et démoralisée par la situation, Khadi ne sait pas quelle sera la prochaine étape de sa démarche. «Je pense que j’ai pu faire tout ce que j’ai senti nécessaire dans mon cas, dit-elle. Je prie pour que cette situation se résolve et qu’on puisse comprendre que j’ai été naïve, mais que ça ne devrait pas me couter si cher par rapport à ma vie et mon intégrité.»
«Je me sens menacée»
Lorsque Khadi Fady est retournée vers l’agence sénégalaise pour obtenir plus d’informations sur le document bancaire frauduleux, elle a été confrontée à un refus de collaboration. L’agent frauduleux est allé jusqu’à la menacer si elle tentait de le dénoncer.
«Il a dit qu’il connaissait des gens dans la police [et] que si j’en parlais aux autorités canadiennes, ça se retournera contre moi», ajoute-t-elle les larmes aux yeux.
«Je me sens menacée parce que le monsieur a toutes mes informations. Il sait où je vis, il a ma pièce d’identité, celle de ma mère, tous mes documents personnels.»