le Jeudi 13 novembre 2025

L’actrice française Isabelle Nanty joue le rôle de Jackie, une propriétaire de bar à l’oreille bienveillante. 

Photo : Unis TV

Dans la première saison, le public faisait la connaissance de Philippe Ouellette (Benoit Mauffette), qui vit depuis 15 ans à Paris, en Ontario. En pleine crise de la quarantaine, ce Québécois d’origine découvre dans son sous-sol un tunnel qui mène à Paris… en France.

C’est maintenant au tour de Jenny Landry (Maxim Roy), sa femme, de s’aventurer dans le sous-terrain pour tenter de trouver un sens à sa vie à Paris… mais pas celui de la Ville Lumière. Exit la Tour Eiffel, bonjour les cowboys.

Jenny se retrouve donc coincée à Paris, un petit village du Texas, en compagnie d’une tenancière de bar française, Jackie (Isabelle Nanty). L’occasion de faire le point sur une existence dont elle n’est plus maitre.

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Terrain hostile

«On trouvait ça super de pouvoir amener les téléspectateurs dans un nouveau Paris, au Texas, ce qui amenait un tout nouveau monde et qui ouvrait l’histoire vers une connexion entre trois lieux qui pouvaient interagir», confient Dominic Desjardins, le réalisateur, et sa conjointe, la productrice Rayne Zukerman.

Rendue célèbre par le film Paris-Texas, de Wim Wenders, cette bourgade parle à l’imaginaire collectif, «même si personne n’est jamais allé», remarque Dominic Desjardins.

L’équipe du film s’y est tout de même rendue pour tourner quelques plans.

La saison 2 de Paris Paris évolue dans un nouveau décor, à Paris, au Texas. 

Photo : Unis TV

«C’est une petite ville qui ressemble en fait étrangement beaucoup à Paris, en Ontario, au niveau des paysages, la nature, des immeubles, mais c’est sûr que la culture est complètement différente. Ils ont une tour Eiffel, avec un chapeau de cowboy dessus. C’est assez drôle», sourit le coscénariste.

«Il y a un Paris aux Pays-Bas, un petit village d’une centaine d’habitants. On aurait pu l’envoyer là-bas, sauf que le Texas, ça nous semblait intéressant au niveau des thématiques qu’on voulait aborder aussi, poursuit le réalisateur. Comment elle arrive à se trouver elle-même dans un monde qui est un petit peu plus difficile, plus rough, plus tough que ce qu’elle vit chez elle.»

Toutes les autres scènes avec les comédiens ont été tournées dans le sud de l’Ontario, à Hamilton et à Paris.

Équipe francophile

Derrière la caméra, francophones et anglophones s’activent. «Par contre, on faisait fonctionner le plateau en français, précise Dominic Desjardins. C’était important pour moi que les acteurs se retrouvent sur un plateau où ils sentent qu’on parle en français, qu’on fait une belle place au français et qu’ils peuvent s’exprimer en français.»

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Il y a des chefs de département, par exemple au costume, au maquillage, qui nous ont dit de façon très émotive que ça leur faisait tellement du bien de travailler sur une série en français, alors qu’ils sont habitués de se fondre dans le monde anglophone.

— Dominic Desjardins

La réalité rejoint la fiction. Dans la série, Philippe, passionné de littérature, donne des cours de français dans une école anglophone de Paris, Ontario. Au début de cette deuxième saison, désemparé par le départ de sa femme, il fait face à une poignée d’élèves en manque de pupitres, dont son fils, Tom (Balzac Zukerman-Desjardins). La tâche s’annonce difficile.

Le personnage de Philippe (Benoit Mauffette) enseigne le français dans une école anglophone de Paris, en Ontario. 

Photo : Unis TV

Engagement communautaire

«Notre série n’est pas politique, mais en même temps, elle reflète une réalité qui est plausible et qui est réelle en Ontario; c’est que même dans le système francophone, ou la place du français dans le système anglophone, ça demande vraiment un investissement de la part des individus et de la part de la communauté pour que ça puisse fonctionner», déclare Dominic Desjardins.

«C’est une situation quand même précaire et il faut être actif […] Il faut à chaque fois être dans le choix de vouloir utiliser sa langue et de le faire tous les jours, que ce soit au niveau professionnel ou personnel», poursuit le réalisateur.

Une tension qui sous-tend l’intrigue de Paris Paris. «Il faut que les gens réussissent à communiquer ce désir de lutter et de préserver sa culture aux prochaines générations. Sinon, il n’y a pas de suite. C’est ça qui transcende l’histoire de Philippe dans la saison 1 et qui va encore plus loin dans la saison 2», analysent les créateurs de la série.

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Le couple Dominic Desjardins et Rayne Zukerman a fondé la boite de productions audiovisuelles torontoise Zazie Films.

Photo : Unis TV

Le chanteur franco-ontarien Damien Robitaille joue le rôle d’un chanteur country. 

Photo : Unis TV

Les 13 épisodes de 24 minutes de la série franco-ontarienne Paris Paris sont diffusés sur Unis TV les mardis à 19 h 30 depuis le 9 janvier. Ils sont également disponibles sur la plateforme TV5Unis, tout comme la première saison.

Il y a maintenant plus de vingt ans, les deux partis politiques aux orientations conservatrices annonçaient leur fusion, marquant la fin d’une droite divisée.

Alors que, quelques semaines auparavant, l’ancien chef du Parti progressiste-conservateur du Canada (PPCC), Joe Clark, avait promis qu’une telle chose n’arriverait jamais, en décembre 2003, le Parti conservateur tel qu’on le connaît actuellement était fondé.

Trevor Harrison a écrit sur les partis conservateurs canadiens, sur l’image en politique et sur l’utilisation politique des médias sociaux. 

Photo : University of Lethbridge

Malgré l’obtention de résultats fulgurants au vote, la fusion ne faisait pas l’unanimité chez les progressistes-conservateurs. À la Chambre des communes, trois députés ont continué de s’afficher sous cette bannière, n’embarquant pas dans le bateau du nouveau parti conservateur.

«Notre parti est mort», avait déclaré l’un de ces députés et ancien chef du PPCC, Joe Clark. Un rêve s’écroulait du côté des progressistes-conservateurs.

Carl Dholandas, ancien militant et membre exécutif du PPCC, se souvient de la déception qui marquait les visages de certains collègues. Pour eux, les différences d’idées politiques faisaient de l’union une pilule difficile à avaler.

Encore très jeune à l’époque, Carl Dholandas a quitté la vie politique pour faire des études en droit. Il a travaillé comme avocat et chercheur avant de revenir en politique, des années plus tard, comme conseiller au bureau de Stephen Harper, à l’époque où il était premier ministre.

Aujourd’hui conseiller indépendant en politique publique, Carl Dholandas a fait le deuil du PPCC : «Ceux qui sont nostalgiques font le deuil du Canada qu’ils ont connu, plus que d’anciens partis.»

Désormais loin des coulisses du pouvoir, un regard rétrospectif sur 2003 le mène à la conclusion suivante : «C’était nécessaire.»

Un gain pour la démocratie

«Chez les conservateurs et les alliancistes, avant la fusion, on s’est rendu compte qu’il n’y avait presque aucune chance d’arriver au pouvoir, se rappelle-t-il. Le gouvernement libéral allait s’éterniser. […] Les partis eux-mêmes avaient peur de devenir de plus en plus insignifiants.»

Au-delà de la simple victoire, il était important pour Carl Dholandas qu’un parti d’opposition puisse faire concurrence au Parti libéral pour deux raisons : le principe d’alternance et l’inclusion de l’Ouest canadien.

«L’Ouest se sentait politiquement délaissé, exclu, précise-t-il. L’intégrité et le bon fonctionnement du système politique canadien, et même de la Constitution au sens large, nécessitent cette tradition vénérable de l’alternance, la possibilité d’opérer un changement politique stable, de manière stable.»

«Après 13 ans de gouvernement libéral, après le scandale des commandites, sans alternative politique, on aurait pu dire que l’intégrité de la démocratie était menacée [ainsi que] la confiance des gens.»

Quelques réussites

«C’est encore mieux que mes attentes», admet Carl Dholandas en regardant le chemin parcouru par le Parti conservateur du Canada (PCC) depuis sa création. «C’est remarquable que ça ait fonctionné aussi vite.»

En 2006, le PCC fait élire un gouvernement minoritaire avec Stephen Harper en tête, permettant ainsi un retour du principe d’alternance entre les partis au pouvoir, selon Carl Dholandas. Depuis ce temps, l’avocat souligne l’ajout de députés de l’Ouest au caucus conservateur, marquant une représentation de la région au fédéral.

Carl Dholandas est aussi frappé par l’adaptation du parti au Canada moderne.

«Si on regarde la capacité de rejoindre un public qui se sentait délaissé ou exclu, comme celui de l’Ouest […] et la capacité de recruter de nouveaux Canadiens, des gens qui ont immigré au pays ou qui étaient trop jeunes pour voter à l’époque de la fusion, il y a une réussite. Si on peut rejoindre ces gens qui forment le Canada moderne, c’est clair qu’il y a quelque chose qui a fonctionné. On voit ça sur le plan financier, les donateurs […] et dans les adhésions.»

Du Parti réformiste au Parti conservateur

Le Parti réformiste a été créé en 1987 sous deux motivations principales, soit la réforme des institutions démocratiques et la représentation des provinces de l’Ouest à Ottawa. Dix ans plus tard, les réformistes font élire 60 députés et forment l’opposition officielle.

Faute d’avoir pu percer à l’est du Manitoba, le parti réformiste tente de rallier les progressistes-conservateurs pour créer une «alternative unie». En 2000, cette union devient l’Alliance canadienne. Le parti forme l’opposition officielle à Ottawa jusqu’en 2003, année de fusion avec le Parti progressiste-conservateur.

Le cœur du PCC aujourd’hui transformé

Le sociologue de l’Université de Lethbridge, en Alberta, Trevor Harrison note que la composition actuelle du parti reflète de nouvelles tendances politiques.

«Avant, on recrutait des gens parce qu’on disait que c’était un service à la société […] Des gens qui avaient de l’expérience en affaires, dans une organisation religieuse, dans des universités ou des collèges, bref, qui avaient une carrière avant la politique», remarque le spécialiste.

Récemment, et c’est particulièrement le cas des partis conservateurs, on attire des gens qui n’ont fait rien d’autre que de la politique. Et je parle de politique dans le sens le plus étroit, de la politique, qui t’apprend à vendre quelque chose aux gens. C’est comme vendre du pain.

— Trevor Harrison

Trevor Harrison cite en exemple les cas de politiciens de carrière comme Andrew Scheer, l’ancien chef allianciste Stockwell Day, l’ancien premier ministre de l’Alberta Jason Kenney ou même le chef conservateur actuel, Pierre Poilievre, qui n’ont aucune autre expérience professionnelle qu’en politique.

D’après Trevor Harrison, le saut direct à la politique, phénomène qui se voit beaucoup aux États-Unis, se fait «au détriment de la politique» : «Ils sont principalement formés à manipuler les médias afin de se faire élire.»

Un discours conservateur inspiré des réformistes

«Poilievre sait manifestement comment utiliser les médias, observe le sociologue. Tout est question de phrases chocs, d’images et de la manière de manipuler ce genre de choses, ainsi que de l’opposition entre “nous et eux”, entre le peuple et les élites, qu’il exploite très bien.»

Il attribue à cette opposition un nom bien connu : le populisme.

«Jouer la carte populiste de “je vais à l’encontre du [gouvernement élu] et je vais magiquement faire disparaitre tous les enjeux complexes du monde quand je serai élu” est l’un des jeux les plus faciles du monde», poursuit le spécialiste.

Il remarque que le PCC détient un potentiel populiste depuis sa naissance, en 2003 :

Il ne s’agissait pas tant d’une fusion que d’une prise de contrôle par la branche réformiste qui se nourrissait déjà de tendances populistes.

— Trevor Harrison

Selon l’auteur de Of Passionate Intensity, c’est surtout aujourd’hui que se manifeste cette influence réformiste : «Stephen Harper n’a jamais prétendu d’être autre chose qu’élitiste, à sa façon. Il n’a jamais tenté de jouer la carte populiste et, de toute façon, il ne la jouerait pas très bien. Stockwell Day a, d’une certaine façon, tenté de la jouer, mais ne l’a pas très bien fait.»

«Je pense que Poilievre [un ancien réformiste] est beaucoup plus radical, du moins dans ses propos, ajoute-t-il. S’il gagne, il sera intéressant de voir s’il atténue ses propos. Mais au moins dans son offre, il est un populiste de droite beaucoup plus radical que tout ce que Harper aurait pu imaginer.»

La neige s’est fait attendre dans l’Est du pays. La première tempête hivernale vient juste de frapper une partie de l’Ontario, du Québec et du Canada atlantique.

Environnement et Changement climatique Canada a relevé entre 5 et 15 centimètres de neige accumulée dans le sud de l’Ontario le mardi 9 janvier. Jusqu’à 25 centimètres sont tombés par endroit dans les Maritimes.

Ces abondantes chutes de neige interviennent alors que le manteau neigeux est au plus bas.

«Depuis l’automne dernier, nous avons une quantité très basse de neige dans nos régions, comparée aux moyennes climatiques», observe Alexandre Roy, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Records de chaleur en décembre

«Le manque de neige se répète année après année. Mais cette saison est vraiment exceptionnelle, nous avons eu des températures bien au-dessus des normales», confirme Annie Langlois, coordonnatrice Faune et flore du pays au sein de la Fédération canadienne de la faune (FCF).

À Kenora, dans le Nord-Ouest de l’Ontario, le mois de décembre a été le plus chaud jamais enregistré. À Toronto, Hamilton, London ou encore Sault-Sainte-Marie, le dernier mois de l’année a été le deuxième plus chaud jamais observé.

Les relevés de plusieurs stations météorologiques des quatre provinces du Canada atlantique classent décembre 2023 parmi les dix mois de décembre les plus doux.

L’Ouest canadien a aussi connu des conditions incroyablement clémentes en fin d’année dernière. À Calgary et à Edmonton, en Alberta, le mois de décembre a été le plus chaud jamais enregistré, tout comme à Saskatoon en Saskatchewan et à Churchill au Manitoba.

À Edmonton, la température a systématiquement dépassé les 0 °C durant 25 jours. En décembre 2022, le thermomètre n’a jamais franchi le point de congélation.

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Saison d’enneigement réduite

Le retour en force du phénomène El Niño, associé aux changements climatiques, contribue en partie à cet hiver plus doux et à ce faible tapis neigeux. Selon plusieurs études, les hivers canadiens se réchauffent plus vites que toute autre saison et deux fois plus vite que les étés.

«L’hiver change de plus en plus rapidement, alerte Annie Langlois, biologiste au sein de la Fédération canadienne de la faune. Les espèces n’ont jamais connu de changements de cette nature, ni survenant à la vitesse actuelle, elles n’ont pas le temps de s’adapter.» 

Photo : Courtoisie

«La tendance que nous constatons au cours des trente dernières années, ce n’est pas nécessairement moins de neige au sol, c’est surtout une diminution de la saison d’enneigement», précise Alexandre Roy.

Autrement dit, la neige tombe plus tard en automne et fond plus tôt au printemps.

Le chercheur relève également une recrudescence des précipitations hivernales : «De plus en plus souvent, les chutes de neige sont suivies d’un épisode pluvieux qui fait fondre le couvert blanc.»

Le manque de neige met en péril de nombreux animaux et végétaux, qui ont mis des millénaires à s’adapter à leur habitat.

«Nos écosystèmes sont capables d’encaisser des variations dans les conditions climatiques, mais l’hiver change de plus en plus rapidement, alerte Annie Langlois. Les espèces n’ont jamais connu de changements de cette nature, ni survenant à la vitesse actuelle, elles n’ont pas le temps de s’adapter.»

Car, sous les couches de neige, la vie suit son cours. Des musaraignes chassent, des perdrix dorment, des campagnols se promènent dans les tunnels qu’ils ont creusés au beau milieu des flocons.

Cet environnement si particulier est possible lorsqu’une couche de neige pas trop dense fait au moins 20 cm de hauteur.

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Vie secrète des animaux

«Grâce au pouvoir isolant de la neige, la température entre le sol et la surface reste stable, et relativement agréable. Alors qu’au-dehors, on peut atteindre les -30 °C, il fera toujours autour de 0 °C sous la couche de neige qui piège la chaleur du sol», explique Alexandre Roy.

Selon Alexandre Roy, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières, la neige arrive plus tard en hiver et fond plus tôt au printemps. 

Photo : Courtoisie

Une multitude d’êtres vivants peuvent ainsi «survivre à l’hiver, protégés du gel et des températures extrêmes», poursuit Annie Langlois.

Parmi les habitants de ces iglous naturels : la grenouille des bois, qui a l’étonnante particularité de pouvoir geler jusqu’à 60 % de son corps.

Elle profite de la stabilité des températures pour hiberner tranquillement pendant l’hiver, tout comme certaines perdrix, qui creusent leur grotte en plongeant la tête la première dans la neige.

D’autres espèces, au contraire, s’activent dans cet univers blanc et ouaté. Les lemmings (de petits rongeurs) sont en pleine période de reproduction. Les loutres empruntent les galeries creusées pour accéder aux eaux gelées des rivières et y trouver de quoi se nourrir.

«Même les plantes s’épanouissent dans ce monde parallèle, leurs racines sont conservées au chaud dans le sol», ajoute Annie Langlois.

Ces plantes nourrissent les insectes, qui à leur tour font le régal des oiseaux et des rongeurs. Voilà le point de départ d’une chaine alimentaire version hivernale.

«Avec la pénurie de neige, le refuge de toutes ces espèces disparait, elles sont exposées aux épisodes de gel et de froid intense», souligne Alexandre Roy.

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Risque de pénurie d’eau en été

«Il peut y avoir un effet en cascade sur tous les organismes de la chaine alimentaire, de la proie jusqu’au prédateur», complète Annie Langlois.

Le harfang des neiges est un oiseau de proie qui chasse dans la neige pendant l’hiver. Il peut entendre le plus petit animal qui se faufile sous la neige, comme le campagnol des prés et la souris sylvestre. 

Photo : Annie Langlois

Des températures plus douces favorisent aussi la propagation d’espèces exotiques envahissantes. Certaines migrent vers le Nord à cause du réchauffement climatique. D’autres se déplacent accrochées à des pneus ou aux coques des navires, transportées dans des conteneurs ou des soutes d’avion.

En temps normal, l’hiver protège la faune et la flore indigènes de ces espèces invasives, incapables de survivre au froid et à la neige.

«Mais les dynamiques de populations sont en train de changer. On voit de plus en plus d’espèces envahissantes qui menacent les écosystèmes et entrent en compétition avec les animaux et les végétaux déjà présents», rapporte Annie Langlois.

La biologiste rappelle également que le réchauffement hivernal favorise la persistance des maladies et augmente les risques de survie des champignons parasites.

Le manteau neigeux moins important que la normale risque enfin d’entrainer un déficit d’eau en été. 

«La neige représente un réservoir d’eau solide important. Sa fonte au printemps est essentielle à l’alimentation des lacs et des cours d’eau», détaille Alexandre Roy.

En l’absence de couvert blanc, le sol a par ailleurs tendance à geler davantage et à devenir imperméable, explique le chercheur. Résultat, l’eau ruissèle en surface, augmente le risque d’inondation et ne s’infiltre pas dans la terre pour recharger les nappes phréatiques.

Plus sur la francophonie

Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a annoncé, le 5 janvier, la création d’une politique en matière de services en français pour ses ministères.

Une première pour la province, qui était jusqu’à maintenant la seule à ne pas posséder de politique linguistique.

«La politique en matière de services en français permettra d’accroitre graduellement la capacité du gouvernement à offrir des services aux francophones de toute la province en fonction des ressources disponibles», peut-on lire dans le communiqué officiel de la province.

Le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF) accueille favorablement la création de la nouvelle politique. «Cette nouvelle politique est un pas positif vers l’augmentation de la capacité de la province à interagir avec sa population d’expression française et à lui offrir des services», indique le CSF par voie de communiqué.

La politique vise trois grands objectifs :

Source : Gouvernement de la Colombie-Britannique

La politique entrera en vigueur le 1er avril et sera soumise à une évaluation deux ans après son adoption.

Nouveau leadeur au gouvernement et Israël accusé de génocide

Steven MacKinnon devient leadeur du gouvernement à la Chambre des communes en remplacement de Karina Gould, partie en congé de maternité.

Steven MacKinnnon devient leadeur du gouvernement à la Chambre des communes. 

Photo : X (Twitter) Steven MacKinnon

Le député de Gatineau, assermenté lundi, assure que le 8 janvier était une journée historique pour sa circonscription.

«La circonscription qui se trouve à peu près à 1 km d’ici, par-là, n’a jamais été représentée par un ministre au Parlement du Canada, a-t-il lancé devant les journalistes sur la Colline.»

Steven MacKinnon a été élu pour la première fois en 2015. Jusqu’à présent, il a occupé les postes de secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement et whip en chef du gouvernement.

Devant la Cour internationale de justice (CIJ), jeudi, l’Afrique du Sud a accusé Israël de commettre des actions génocidaires contre les Palestiniens de Gaza.

Pretoria exige ainsi de mettre fin immédiatement aux violences et aux destructions d’Israël contre le peuple palestinien.

En conférence de presse à Toronto jeudi, la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, a assuré que le gouvernement canadien examinait les accusations. Aucun autre détail n’a été ajouté.

Chrystia Freeland soutient qu’Ottawa examine la requête de l’Afrique du Sud qui accuse Israël de génocide. 

Photo : Mélanie Tremblay – Francopresse

«C’est la vérité, c’est ce qu’on fait», a-t-elle déclaré aux journalistes, sans pour autant se prononcer sur la position du Canada.

Le groupe Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) a réitéré sa demande à la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, d’appuyer l’Afrique du Sud dans sa requête auprès de la CIJ.

«Il s’agit véritablement d’un moment historique. L’Afrique du Sud montre à quoi ressemble le leadeurship mondial, alors que le reste du monde n’a pas réussi à arrêter le génocide qui se déroule sous nos yeux», soutient le vice-président de CJPMO, Michael Bueckert, dans un communiqué.

Par ailleurs, le ministre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Marc Miller, a annoncé, mardi, une nouvelle voie d’accès à la résidence temporaire pour les Palestiniens vivant à Gaza et qui font partie de la famille élargie d’un citoyen canadien ou d’un résident permanent.

«Les présentes mesures prendront fin lorsque 1 000 demandes de visa de résident temporaire complètes auront été reçues et acceptées aux fins du traitement, ou un an après l’entrée en vigueur des mesures, selon la première éventualité», explique IRCC dans un communiqué.

Les 90 ans de Jean Chrétien et décès d’Edward «Ed» Broadbent

L’ancien chef du Nouveau Parti démocratique n’est plus

Jeudi, l’Institut Broadbent a annoncé le décès d’Ed Broadbent, à l’âge de 87 ans.

Le député d’Oshawa, en Ontario, a été le troisième chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), de 1975 à 1989.

Fervent défenseur de l’idéologie socialiste, sa campagne électorale de 1984, axée sur la réforme fiscale, la diminution des taux d’intérêt et l’égalité pour les femmes avait permis au parti de faire élire 30 députés. Quatre ans plus tard, Ed Broadbent avait fait élire 43 députés, un record pour le parti.

L’ancien chef néodémocrate Ed Broadbent s’est éteint à l’âge de 87 ans. 

Photo : Broadbent Institute

Autres dates clés

1990 – Président du Centre international des droits de la personne et du développement démocratique

1993 – Officier de l’Ordre du Canada

2001 – Compagnon de l’Ordre du Canada

2004 – Bref retour sur la scène politique fédérale à la demande de Jack Layton

2011- Création de l’Institut Broadbent

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a tenu à rappeler «la compassion, l’engagement et l’intelligence féroce d’Ed.»

«J’ai souvent dit qu’Ed était celui que je voulais être quand je serais grand. Il m’a appris ce qu’est le leadeurship et comment transformer les principes politiques en actions qui contribuent à améliorer la vie des gens», a-t-il indiqué par voie de communiqué.

«Le Canada se porte mieux grâce au service dévoué d’Ed Broadbent, a déclaré le premier ministre Justin Trudeau. Il laisse derrière lui un héritage incroyable, qui restra sans aucun doute une source d’inspiration pour les Canadiens.»

Le 11 janvier marquait le 90e anniversaire de l’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien. Une célébration privée a été organisée dans la région de la capitale nationale où le premier ministre Justin Trudeau était attendu pour prononcer une allocution.

Jean Chrétien en mêlée de presse le 11 janvier alors qu’il se rendait à l’évènement soulignant son 90e anniversaire de naissance.

Photo : Chantallya Louis – Francopresse

Jean Chrétien a été à la tête de trois gouvernements libéraux successifs entre 1993 et 2003, dont un majoritaire.

L’année 2023 marquait aussi le 60e anniversaire de son entrée en politique. En 1963, celui souvent qualifié de «p’tit gars de Shawinigan» a été élu député de Saint-Maurice – Laflèche, au Québec.

L’ancien chef du parti libéral est notamment connu pour sa victoire étroite lors du référendum de 1995 sur la souveraineté du Québec, la promulgation du Registre canadien des armes à feu, la réorganisation des lois sur la justice pour les jeunes et la présentation d’un projet de loi visant à légaliser le mariage homosexuel.

«L’art qui fait du bien, l’art-thérapie, est connu depuis très longtemps», amorce Olivier Beauchet, professeur titulaire au Département de médecine de l’Université de Montréal.

Fréquenter les musées peut réduire les facteurs de malêtre, tels que la dépression, et augmenter le bienêtre observent certaines études.

Ce qui est nouveau, c’est la connaissance des effets de l’art sur des patients ayant des pathologies cancéreuses, des pathologies graves ou psychiatriques, remarque le chercheur.

Le Dr Olivier Beauchet a mené différentes études autour de la santé et de l’art, au Canada et à l’étranger. 

Photo : Courtoisie

Bienêtre et santé physique

«Les bénéfices de l’art en général sur la santé sont surtout marqués sur la santé mentale. Peu d’études ont été menées sur la santé physique réelle, mais celles-ci ont montré qu’il y a vraiment des effets positifs concrets sur la santé», poursuit le Dr Olivier Beauchet.

Son équipe a notamment collaboré avec le Musée des beaux-arts de Montréal pour étudier les effets positifs éventuels sur des sujets âgés vivant à domicile.

«On a démontré qu’en allant régulièrement une fois par semaine au musée pendant trois mois, en faisant des activités d’art plastique diverses, on améliorait la santé mentale des gens, mais aussi la santé physique, en diminuant le niveau de fragilité», note le spécialiste.

Une amélioration du rythme cardiaque et de l’activité physique générale a également été observée.

«On a une émotion positive très forte, puis ça génère un sentiment, quelque chose de plus élaboré, de bienêtre. Puis on a la compréhension qu’il se passe quelque chose de bien dans notre organisme, puis on touche la qualité de vie», détaille le Dr Beauchet.

Ces visites améliorent la santé mentale et physique, mais aussi l’insertion sociale, «la santé sociale des gens», ajoute-t-il.

Prescriptions muséales

Le Dr Beauchet a par ailleurs participé à une étude autour des prescriptions muséales, une initiative portée par le Musée des beaux-arts de Montréal et l’organisation Médecins francophones du Canada (MFC).

«On a testé l’effet d’une visite au musée prescrite en cabinet de médecin de famille. La personne allait au musée une fois avec trois membres de sa famille. Puis là, on a démontré qu’encore, on améliorait la santé des gens.»

Le Musée canadien de la nature, à Ottawa, a été le premier musée au pays à participer au programme pancanadien Prescri-Nature, lancé par la BC Parks Foundation.

Thérapies par l’art et la nature

Le programme Prescri-Nature (PaRx en anglais) est une initiative lancée en Colombie-Britannique en 2020, par la BC Parks Foundation, qui s’étend aujourd’hui à toutes les provinces, mais pas encore aux territoires.

Le but : améliorer la santé des patients en les mettant en contact avec la nature.

Les médecins inscrits au programme peuvent prescrire des visites gratuites au Musée canadien de la nature, des laissez-passer annuels gratuits de découverte dans le réseau de Parcs Canada, ou encore l’accès gratuit ou à prix réduit à des sites dans différentes villes du Canada, comme le Zoo de Toronto.

L’occasion de vivre une expérience artistique, mais aussi sensible.

«Il y a plein de choses qui rentrent dans le design d’une exposition, incluant la santé», partage Darcy Ferron au Musée canadien de la nature, à Ottawa. 

Photo : Musée canadien de la nature

«On a des immersions sensorielles, telles que les chants d’oiseaux dans notre galerie ornithologique», souligne Darcy Ferron, vice-président de l’expérience et de l’engagement au Musée canadien de la nature.

L’établissement a jusqu’à présent émis 200 laissez-passer prescrits par des professionnels de la santé de la région, rapporte-t-il.

Les prescriptions accordent l’entrée au musée pour un à trois adultes, qui peuvent être accompagnés d’enfants, pour un maximum de cinq personnes. L’admission inclut les expositions spéciales.

Sortir du quotidien

«Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les musées peuvent être bénéfiques pour la santé et le bienêtre, et l’une d’entre elles est tout simplement la possibilité de s’éloigner de sa vie quotidienne», commente Melissa Lem, médecin de famille de Vancouver et directrice du programme PaRx.

«Si vous voyez ces grandes expositions de faune historique ou de dinosaures ou des artéfacts historiques datant de milliers ou de millions d’années, cela crée un sentiment d’émerveillement et un lien avec notre monde que nous ne ressentons pas toujours dans notre vie de tous les jours.»

La spécialiste rappelle les bienfaits sociaux de ces visites, qu’elles soient faites seul ou en groupe.

Si l’on combine la nature impressionnante des musées et la possibilité de s’éloigner et de socialiser avec d’autres personnes avec du temps passé dans la nature, même si c’est à l’intérieur, cela pourrait théoriquement améliorer encore plus les bénéfices pour la santé.

— Melissa Lem

 

La spécialiste rappelle les bienfaits sociaux de ces visites, qu’elles soient faites seul ou en groupe. «Si l’on combine la nature impressionnante des musées et la possibilité de s’éloigner et de socialiser avec d’autres personnes avec du temps passé dans la nature, même si c’est à l’intérieur, cela pourrait théoriquement améliorer encore plus les bénéfices pour la santé.»

Encore marginal

Néanmoins, ce genre de prescription reste marginale.

«Ce n’est pas encore rentré dans les pratiques courantes, nuance le Dr Olivier Beauchet. Mais on participe au fait qu’on est en train de démocratiser cette idée […] La difficulté c’est que si je prescris en tant que médecin aujourd’hui une visite, ça ne sera jamais remboursé par le système de l’assurance maladie.»

Pour le médecin, le travail doit se faire avec les instances de santé et les services sociaux pour dire : «Si on démontre un effet positif, si vous investissez un dollar sur le remboursement d’une visite, peut-être que vous n’en dépenseriez pas 10 chez quelqu’un qui arrive aux urgences parce qu’il ne se sent pas bien et qu’il a des problèmes de santé», lâche-t-il.

Le Musée canadien de la nature a été le premier musée au pays à participer au programme pancanadien Prescri-Nature, lancé par la BC Parks Foundation.

Photo : Musée canadien de la nature

La santé au-delà de la maladie

Ces thérapies, qui sortent du cadre médical traditionnel, permettent d’envisager la santé autrement.

«On voit la santé généralement par le bout de la maladie, ce qui est logique. Et quand on n’est pas malade, on ne mesure pas la santé, on n’apprécie pas la santé», constate le Dr Beauchet.

Or, il rappelle que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme «un état de complet bienêtre physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité».

Pour lui, il est important de faire de la prévention et la promotion de la santé, en dépassant le clivage malade-non malade.

«C’est ce que veulent les gens. L’envie de tout le monde aujourd’hui, dans une société où la santé est plutôt bonne et [où] on a fait plein de progrès de technicien, où on comprend mieux les maladies, c’est d’aller vers de la qualité de vie, vers du bienêtre», assure-t-il.

Parce que notre perception de l’inflation est plus importante que la réalité. Après trente ans de stabilité des prix, la forte inflation des dernières années a marqué nos esprits.

Grâce au recul des prix du pétrole, l’inflation est retombée à des niveaux normaux depuis plusieurs mois déjà. La Banque du Canada prévoit que l’inflation moyenne sera de 2,5 % en 2024, tout près de sa cible de 2 %.

Mais ce n’est pas ce à quoi l’on s’attarde quand on va à l’épicerie. Il importe peu de savoir que la livre de beurre coutera (seulement) 8,25 $ en décembre 2024 par rapport aux 8,00 $ actuels. Tout le monde se rappelle que la livre de beurre coutait 6,00 $ avant la pandémie.

L’inflation sur 4 ans

Normalement, l’inflation se calcule sur une période de douze mois. On compare les prix d’aujourd’hui par rapport à ce qu’ils étaient à pareille date l’an dernier. Les plus récentes données de Statistique Canada nous apprennent que les prix ont augmenté en moyenne de 3,1 % sur un an en novembre.

Mais si l’on prend un pas de recul et que l’on regarde l’inflation depuis quatre ans, on prend toute la mesure de la croissance des prix. Le portrait est frappant.

De 2020 à la fin de 2023, l’inflation moyenne a été de 16 % au pays. C’est autant en quatre ans que pendant toute la décennie 2010.

Le prix de certains produits de base a cru encore davantage. Le cout des aliments a augmenté de 21 %, tout comme celui du logement.

Ces données sont des moyennes qui cachent cependant d’importants écarts. Certaines villes ou certains types de logements ont connu des augmentations de prix beaucoup plus importantes, alors que dans d’autres régions les prix ont été plus stables.

Les propriétaires qui renouvèlent leur hypothèque en ce moment subissent de plein fouet l’augmentation des taux d’intérêt, alors que ceux qui renouvèleront seulement dans 24 ou 36 mois seront épargnés par ces hausses.

Le pouvoir d’achat s’est maintenu

Cela peut paraitre surprenant, mais en moyenne, les salaires ont augmenté plus rapidement que l’inflation depuis quatre ans. La hausse moyenne de la rémunération hebdomadaire a été de presque 17 % au cours de cette période, soit environ 1 % de plus que l’inflation.

La pénurie de main-d’œuvre a permis aux travailleurs de nombreux secteurs de négocier de généreuses augmentations. 

Ce portrait dissimule cependant une sombre réalité : quand on connait une hausse aussi rapide et inégale des prix et des salaires, peu de gens correspondent à la moyenne. Les écarts sont importants.

Pour ceux dont les salaires n’ont pas augmenté, pour ceux qui doivent se trouver un nouveau logement et qui voient que le prix d’un appartement équivalent à celui qu’ils occupent a doublé, pour ceux qui peinent à se nourrir adéquatement, les moyennes n’ont aucune importance.

Ces personnes ont véritablement perdu de leur pouvoir d’achat, et leur situation s’est empirée. C’est ce qui compte.

Même pour ceux dont le pouvoir d’achat s’est maintenu, la forte variation des prix peut leur donner l’impression que leur situation économique s’est détériorée. Peu importe que les prix n’augmentent presque plus depuis six mois, ils se rappellent très bien que les prix étaient beaucoup plus bas avant la pandémie.

Le ralentissement de l’économie affecte notre perception

Le ralentissement de l’économie qu’on connait à cause de la hausse des taux d’intérêt aggrave cette perception négative. On entend parler de récession possible en 2024 dans les médias. Le discours autour de l’économie est négatif.

Pourtant, malgré un ralentissement de l’économie et une forte croissance de la population en 2023, l’emploi n’en a pas trop souffert. Le choc aurait pu être bien pire.

Il s’est créé plus de 500 000 emplois au Canada en 2023. C’est énorme. Malgré cela, le taux de chômage a augmenté; il est passé de 5 % à 5,8 % depuis un an. C’est parce que le Canada connait une vague sans précédent d’immigration qui fait en sorte que davantage de personnes se cherchent un emploi.

Mais dans le contexte où la banque centrale a donné un coup de frein en augmentant les taux directeurs dix fois en quinze mois et où l’on se remet d’une crise inflationniste, l’économie canadienne est étonnamment résiliente.

Malgré tout, on l’entend, les gens sont inquiets.

Les chroniqueurs et les analystes économiques auront beau dire que l’inflation est jugulée, que l’économie se porte bien dans les circonstances, cela ne changera probablement rien à la perception négative des gens qui ont connu une hausse des prix inégalée depuis quarante ans.

En politique comme en économie, les perceptions sont souvent plus importantes que les faits.

Notice biographique

David Dagenais  est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir achevé des études supérieures en économie politique à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa.

Pochette de l’album Port-aux-Poutines.

Photo : portauxpoutines.ca

Souffle d’espoir francophone

Sur l’ile de Terre-Neuve, j’ai découvert un groupe magnifique au nom particulier : Port-aux-Poutines. Avec leur album éponyme, Port-aux-Poutines, Jenna Maloney et Axel Belgarde nous invitent dans un univers celtique traditionnel canadien-français.

Le duo nous partage ses fiertés francophones dans un environnement anglophone. Tout au long de cet opus, il nous offre des trames originales et solides, qui mettent en valeur leur musicalité. L’album est rempli de vers d’oreille qui nous invitent à fredonner des chansons inconnues. Les textes nous jasent de fierté du territoire et de fierté de la langue.

Il y a de petits bijoux sur ce disque : la valse Sarah, une interprétation francophone magnifique d’un classique de l’ile, signé Buddy Wasisname and the Other Fellers, ou encore Une gorgée, un salut à tous ceux qui se sont battus pour défendre le fait français au pays. Mon île est une autre valse magnifique interprétée par Jenna Maloney.

La Franco-Terre-Neuvienne termine cet album avec Une dernière chanson, un autre magnifique texte de la plume d’Axel Belgarde. Ce morceau pourrait facilement se tailler une place parmi les grandes chansons engagées comme Notre place de Paul Demers, ou encore Mon Acadie de Georges Béliveau. Il s’agit d’un texte profond et puissant contre l’assimilation, un dernier souffle d’espoir pour le fait français sur l’ile.

Comme la fraicheur de Terre-Neuve, Port-aux-Poutines vient nous séduire avec des sonorités majoritairement celtiques et traditionnelles et quelques moments de tendresses intimes et profonds.

En somme, une belle carte de visite qui démontre toute la fierté francophone de Jenna Maloney et Axel Belgarde. Tendez l’oreille à ce groupe terre-neuvien, vous ne serez point déçu.

Une dernière chanson
Album : Port-aux-Poutines

Invitation à l’essentiel

L’auteur-compositeur-interprète, Dayv Poulin, nous offre un album rempli de vérité, où l’essentiel est au menu : Tout est relatif.

L’artiste franco-ontarien nous invite dans un univers folk solide qui nous rappelle celui de Blue Rodeo. Tout au long des huit chansons de l’album, il nous captive avec des arrangements fluides irrésistibles et des textes émouvants.

Pochette de l’album Tout est relatif. 

Photo : dayvpoulin.ca

Parmi les vers d’oreille de cet opus, il y a Simple de même. Le titre de la chanson dit tout, c’est une invitation à l’essentiel. Face au tourbillon de la vie, il faut tout simplement vivre au jour le jour et profiter du temps présent.

Pour une variation sur le même thème, La vie est bonne est une autre invitation à l’essentiel. L’album se termine avec le texte le plus puissant, Cupidon, un profond cri du cœur sur le besoin essentiel d’amour. L’interprétation de Dayv Poulin y est remarquable. Mention spéciale à l’unique pièce anglophone, Help me, qui donne l’impression d’entendre Greg Keelor de Blue Rodeo.

 

Fort apprécié dans la francophonie ontarienne, Dayv Poulin nous offre un petit album aux richesses inespérées. Ce nouvel opus de l’auteur-compositeur-interprète de la région de Sudbury vient séduire les auditeurs avec des mélodies accrocheuses et de superbes textes. Ce disque nous livre des moments de tendresse en ces temps difficiles.

La vie est bonne
Album : Tout est relatif

Un bonbon musical aux saveurs d’antan

En souvenir, j’aimerais vous présenter la Fransaskoise Anique Granger et le Québécois Benoît Archambault, deux artistes fascinés par la belle chanson. Ils forment le duo Prairie Comeau, et dans leur dernier album éponyme, ils nous offrent une berceuse en 11 temps.

Pochette de l’album Prairie Comeau. 

Photo : Camille Gladu-Drouin

Il s’agit d’une invitation tout en douceur à un voyage sensoriel à travers six chansons francophones et cinq morceaux anglophones.

Ce disque bilingue est parti d’un désir de reprendre des chansons, écrites avant 1960, qui ont fortement inspiré les deux partenaires. Il débute avec trois belles pièces folks francophones qui nous captivent à chaque respiration : Le ciel se marie avec la mer, Le temps des cerises et Notre sentier.

S’en suivent deux autres anglophones, des plus remarquables, grâce aux magnifiques arrangements. J’adore How Wild the Wind Blows pour sa touche européenne donnée par l’accordéon et Speak Low nous avec ses arrangements plus contemporains.

Prairie Comeau nous propose également un souvenir d’enfance à saveur country, L’eau vive. Georges Brassens n’a jamais sonné si moderne avec la belle version folk de Chanson pour l’auvergnat. C’est ma chanson préférée de l’album.

Ce petit bijou de disque se termine avec une version folk de Take Me to the Ball Game, sans oublier une reprise folk du grand standard de jazz des Platters, Smoke Gets In Your Eyes.

Cet opus d’une magie irrésistible arrête le temps avec deux guitares et deux belles voix qui chantent des chansons d’une époque jadis.

Le ciel se marie avec la mer
Album : Prairie Comeau

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

Linda Thayer

Photo : Courtoisie

Linda Thyer, médecin généraliste, s’implique dans plusieurs groupes dont l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) et Doctor for Planetary Health West Coast qu’elle a cofondé. Ayant grandi dans les Kootenays Ouest dans une famille où il y avait un météorologue et une fermière, on ne peut «qu’apprécier la valeur de la nature». 

«Une partie importante du problème est que l’on parle de l’environnement comme si c’était séparé de nous. La Terre nourrit notre corps, l’environnement fait partie de nous», explique-t-elle, insistant sur l’importance de passer du temps en contact avec la nature.

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Santé physique

Linda Thyer associe la majorité des problèmes de santé physique liés aux changements climatiques à la pollution. D’ailleurs, plus de 15 000 Canadiens dont 1900 Britanno-Colombiens meurent prématurément chaque année de la pollution de l’air. Elle relève également certaines répercussions indirectes des changements climatiques sur la santé comme la famine causée par la sécheresse ou les inondations des terres agricoles. 

Selon Linda Thyer, les plus vulnérables aux changements climatiques sont les sans-abris, les pauvres, les enfants, les ainés, en plus des individus sans réseau social ou isolés. «Pendant l’épisode du dôme de chaleur survenu en C.-B. en 2021, les gens plus âgés n’avaient souvent personne pour prendre soin d’eux ou n’avaient pas accès à un refuge», fait-elle savoir.

«De plus en plus de gens vont se déplacer en raison des conditions météorologiques extrêmes ou pour trouver de la nourriture. On risque également d’observer un nombre croissant de victimes de conflits armés», explique celle qui déplore l’empreinte environnementale sévère des guerres. 

Et les systèmes de santé dans tout ça? Cette dernière croit qu’ils sont inadéquats. «A-t-on les systèmes pour refroidir l’équipement en cas de grande chaleur? A-t-on assez de travailleurs? Peut-on se fier aux chaines d’approvisionnement? Si on accueille plus de réfugiés climatiques, peut-on leur fournir des services médicaux appropriés? On n’est pas prêts pour gérer ça», explique-t-elle, ajoutant qu’il y a beaucoup d’éducation à faire auprès des employés du système de santé et du public en général au sujet des effets des changements climatiques sur la santé, et en particulier ce qui touche à l’écoanxiété.    

Larry Barzelai

Photo : Courtoisie

L’écoanxiété : un nouveau phénomène

Tout comme sa collègue Linda Thyer, le président du chapitre de la Colombie-Britannique de l’ACME, Larry Barzelai, reconnait l’écoanxiété comme un phénomène nouveau. Il trouve lui-même difficile d’accéder à des tribunes pour en parler puisque plusieurs évitent le sujet.

Il cite la chercheuse canadienne Britt Wray qui recommande deux choses dans son livre Generation Dread : Finding Purpose in an Age of Climate Anxiety : faire partie d’une communauté et entreprendre des actions climatiques. 

«Jusqu’à récemment, on pouvait ignorer le fait que la planète s’enlise. Aujourd’hui, surtout en Colombie-Britannique, il faut vivre dans une grotte pour ne pas en être conscient», explique celui dont l’anxiété nocturne l’a décidé à agir et joindre l’ACME, avec qui il éduque l’ensemble des paliers gouvernementaux canadiens et milite à travers la province pour l’électrification des sources d’énergie au profit du gaz naturel, par exemple.

Linda Thyer et Larry Barzelai sont sur la même longueur d’onde. En effet, «il serait nécessaire de mieux s’adapter aux changements climatiques, mais le plus inquiétant, c’est qu’on n’arrive pas à les atténuer, ça accélère toujours plus. Peu importe les arguments économiques, gardons en tête que notre santé dépend de celle de l’air, de l’eau et de la terre», concluent les deux docteurs. 

 

Cheolki Yoon, professeur adjoint à l’École de communication sociale de l’Université Saint-Paul à Ottawa, parle d’un «virage des discours» depuis la fin de l’été 2023, après le remaniement ministériel.

C’est lors de cet évènement, le 26 juillet dernier, que Sean Fraser prononce ses derniers mots en tant que ministre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) : «J’invite tout le monde à faire preuve de prudence lorsqu’il affirme que la solution à la crise du logement consiste à fermer les portes à l’immigration.»

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Toutefois, à peine un mois plus tard et devenu ministre du Logement, Sean Fraser évoque l’idée de plafonner le nombre d’étudiants étrangers admis au pays.

En entrevue avec Francopresse, l’actuel ministre d’IRCC, Marc Miller, déclare que ce n’est qu’«une possibilité parmi d’autres» et que son ministère étudie «toutes les possibilités».

En novembre, Marc Miller annonce un plafond de 500 000 résidences permanentes octroyées dès 2026.

L’ancien ministre de l’Immigration, Sean Fraser et Marc Miller, qui lui a succédé en juillet 2023. 

Photo : Marianne Dépelteau - Francopresse

Un changement de ton

Selon Cheolki Yoon, toutes ces déclarations sous-entendent la présence d’un lien entre l’immigration et les capacités d’accueil.

Il rappelle que ces dernières années, le gouvernement parlait d’augmenter les seuils d’immigration à long terme et de mettre en place un programme de régularisation des personnes sans statut.

Ces discours antérieurs ont cédé leur place aux discours de réticence, comme [la mention d’un] cap du nombre des étudiant.e.s internationaux, le plafonnement du seuil d’immigration et la mise en œuvre du programme de régularisation non garantie avant l’élection.

— Cheolki Yoon

Pour lui, ces changements sont le résultat de critiques des partis d’opposition, de la chute de popularité du Parti libéral du Canada (PLC) dans les sondages et à un mécontentement répandu dans la population canadienne.

«L’articulation de la crise du logement aux entrées des étudiants internationaux est le premier symptôme, dit-il. Le deuxième se manifeste dans l’évocation de la capacité d’accueil, une notion absente des discours antérieurs à l’été 2023, poursuit-il.

«Ce sont de nouveaux éléments qui vont à l’encontre de l’image traditionnelle [du PLC] comme le champion de l’immigration et de la diversité.»

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Pour Cheolki Yoon, il ne faut pas négliger les efforts discursifs du parti libéral pour sauver son image. 

Photo : Courtoisie

Un «discours inquiétant»

Dans un communiqué, le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) dénonce les nouvelles cibles en immigration annoncées en novembre et leur plafonnement.

«L’annonce présentée par le ministre Marc Miller repose en réalité sur un discours inquiétant : le maintien des cibles annoncées est justifié par la nécessité de tenir compte des capacités d’accueil au pays», peut-on lire dans le communiqué.

Pour le CTI, cette politique d’immigration fait des migrants des «boucs-émissaires» et donne raison à ceux qui rendent les immigrants responsables de maux comme la crise du logement.

«Cependant, c’est la spéculation immobilière, l’inflation et l’accroissement des inégalités qui sont les principales raisons des difficultés postpandémie des Canadiens de la classe moyenne ou peu aisée», soutient l’organisme.

Cheolki Yoon, qui est bénévole au CTI, met lui aussi en garde contre ce genre d’amalgame : «Ça peut renforcer les préjugés en pointant du doigt les immigrants comme source du problème.»

«Il y a des crises, des problèmes, mais ce discours donne [l’impression] que les immigrants en sont la cause, ce qui n’est pas vrai, surtout dans le cas des étudiants internationaux. En principe, ce serait raisonnable de financer davantage la construction de résidences universitaires pour bien répondre aux besoins, mais au lieu d’envisager ce type d’approche […] la réponse est d’ajuster l’immigration et les étudiants internationaux.»

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Jusqu’où peuvent aller les libéraux?

Ce discours se retrouve aussi dans une partie de l’opinion publique.

Selon un récent sondage Léger, 53 % des répondants estiment que le Canada accueille trop d’immigrants. Pour la majorité d’entre eux (de 63 à 75 %), les immigrants contribuent à la crise du logement et exercent une pression sur les systèmes de santé et d’éducation.

Leyla Sall croit également qu’il est fautif d’attribuer la crise du logement à l’immigration, et qu’il faut plutôt blâmer une «faute de politique viable en matière de logement». 

Photo : Courtoisie

Mais d’après Leyla Sall, professeur de sociologie à l’Université de Moncton, les ajustements du discours libéral vis-à-vis de l’immigration n’ont pas pour seul but de plaire à l’électorat. «Les partis politiques, quand ils arrivent au pouvoir, maintenant ils gouvernent plus ou moins par les sondages.»

Pour lui, ce sont plutôt les gouvernements provinciaux qui adoptent «un comportement assez électoraliste» : «On va là où les sondages nous dirigent en matière d’immigration.»

Dans le cas du PLC, «c’est la dimension économique qui l’emporte sur tout», observe-t-il.

«Tant qu’on était en croissance économique, le discours sur l’immigration était un discours très ouvert […] Maintenant, l’économie montre des signes de ralentissement et la crise du logement est vraiment présente dans nos communautés, ajoute le sociologue. De plus en plus, on assiste à ce qu’on pourrait appeler un rétropédalage.»

«Il n’y a pas que l’opinion publique», répète Leyla Sall. Même s’il souhaite s’y conformer, le gouvernement est limité par l’influence du milieu économique.

«En général, les groupes, acteurs et entrepreneurs économiques vont avoir un discours très ouvert à l’immigration, malgré la crise économique, car plusieurs [secteurs] ont besoin de main-d’œuvre», explique le professeur.

«Ce que le gouvernement libéral va peut-être faire, c’est essayer de jouer sur l’immigration temporaire», qui bénéficie à des domaines comme la construction et l’agriculture.

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«Tenir son image»

Si Cheolki Yoon voit «un virage des politiques et des discours, en prévoyant l’élection et en réponse aux critiques répandues», il reconnait dans un courriel que «le gouvernement libéral essaie toujours de tenir son image».

En constatant «les accents mis sur la diversité et l’approche humanitaire», Leyla Sall remarque aussi que les libéraux «parlent de manière assez prudente».

On parle de limite. On ne parle pas de carrément fermer les frontières. […] Ce n’est pas un vocabulaire agressif.

— Leyla Sall

Selon lui, la dimension électorale de la question migratoire contraint les partis dans leurs discours. En plus du soutien du patronat, le PLC compte sur des communautés culturelles qui sont, elles aussi, très favorables à l’immigration.

«Elles sont installées dans les banlieues de Toronto, Montréal, Vancouver, recense-t-il. C’est assez important. Les communautés chinoises, indiennes, musulmanes; beaucoup votent en fonction des politiques d’immigration. Et souvent, c’est le Parti libéral qui est vu comme étant le parti qui est le plus ouvert à l’immigration.»

Accroissement du nombre de conflits dans le monde

Retenons en premier lieu l’éclatement d’un nouveau conflit au Soudan qui, comme bien souvent dans le cas des conflits en Afrique, est largement passé sous le radar de la communauté internationale.

Or, cette guerre fait des ravages parmi une population civile déjà l’une des plus pauvres au monde. Les probabilités d’un nouveau génocide au Darfour sont par ailleurs élevées.

Et malheureusement, je ne vois pas de piste de sortie du conflit de si tôt.

Premièrement parce que les généraux qui se font la guerre ont trop à perdre.

Deuxièmement parce que les interférences étrangères, les enjeux autour des ressources du Soudan et le fait que tout le monde vend allègrement des armes aux deux parties font en sorte qu’en fin de compte peu de monde a intérêt à ce que cette guerre s’arrête.

C’est donc un conflit qui risque de s’enliser, comme vont continuer à s’enliser les conflits dans la région du Sahel. Maintenant que les juntes militaires sont bien installées au Mali, au Burkina Faso et au Niger, on s’aperçoit qu’elles se trouvent fort dépourvues dans leur lutte contre les groupes terroristes djihadistes.

En second lieu, la guerre menée par Israël contre la population gazaouie a ouvert un deuxième grand front. Jamais depuis 1945, le monde n’avait connu autant de guerres interétatiques. Et des guerres qui sont menées en faisant fi des conventions internationales, que ce soit à Gaza ou en Ukraine.

Ce manque de respect pour le droit international n’est pas sans lien avec l’affaissement de la démocratie.

Polarisation et populismes

Cela semble inéluctable, année après année, on assiste à la montée des partis d’extrême droite, désormais aux manettes du pouvoir dans des pays comme l’Italie, la Finlande et la Suède.

Mais l’on voit aussi et surtout, des partis de droite traditionnels qui se droitisent à la vitesse grand V, pensant ainsi éviter la casse, même si depuis 20 ans, tous les cas de figure ont démontré que c’était une tactique perdante.

Ce recul marqué de la démocratie, en Europe en particulier, a deux effets majeurs sur le vieux continent. Tout d’abord, ces partis sont tous eurosceptiques et cela pose un véritable défi pour l’avenir de l’Union européenne.

Ensuite, ce sont des partis qui sont proches de la Russie, puisqu’ils sont financés par celle-ci, et donc qui rechignent à soutenir l’Ukraine dans sa résistance à l’envahisseur russe.

Cette frilosité des Européens à appuyer militairement et financièrement l’Ukraine est en grande partie responsable de l’échec de la controffensive ukrainienne cet été.

En attendant, la Russie a réussi à reconstituer ses stocks de munitions et donc à marquer des points sur le terrain. Elle a également réussi à diviser durablement les scènes politiques des États européens et à réactiver en sous-main les tensions dans l’ancien espace yougoslave qui est de nouveau au bord de l’implosion.

Cette polarisation et cette montée des populismes affectent également les Amériques, que ce soit chez nous au Canada, chez nos voisins du Sud ou encore en Argentine.

Si les alternances politiques qui ont eu lieu dans plusieurs pays sud-américains signifient bel et bien un enracinement d’un principe démocratique de base, ces sociétés n’en demeurent pas moins profondément divisées.

Pour s’en convaincre, il suffit de prendre le Chili qui, après avoir élu pour la première fois un président de gauche, Gabriel Boric, a élu une nouvelle assemblée constituante à majorité de droite nostalgique de Pinochet.

Dans ces conditions, il s’avère bien difficile de gouverner et d’entamer des réformes permettant de régler les problèmes socioéconomiques. Comme un effet d’engrenage, cela crée du ressentiment et donc des divisions et des votes désespérés pour des hurluberlus du type Javier Milei.

Montée de la pauvreté et incertitudes économiques

Même la Chine dont tout le monde annonçait que 2023 serait la grande année se trouve engluée dans des problèmes économiques structurels notamment concernant son marché immobilier (eh oui, il n’y a pas qu’au Canada!).

Les États, tous aux prises avec des taux d’inflation élevés ont mis en place des politiques monétaires et économiques pour lutter contre la hausse des prix. Or, avant d’éventuellement porter des fruits, ces politiques ralentissent l’économie et font mal aux portemonnaies des citoyens.

Et là encore, on observe un effet d’engrenage : des taux de croissance en berne signifient moins d’emplois et donc moins de personnes qui sortent de la pauvreté, moins d’enfants iront à l’école, ce qui fait qu’ils ne pourront donc pas améliorer le sort économique de leur famille. Ils seront plus vulnérables aux tactiques de recrutement des groupes armés, ce qui favorisera la multiplication des conflits. 

Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des Facultés de sciences humaines et de philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du Partenariat Voies vers la prospérité.