le Jeudi 13 novembre 2025

Une plume impressionnante

Née dans une famille de musiciens, Flora Luna a voulu ouvrir ses ailes et prendre sa place. Elle nous a présenté à la fin mars un premier EP, dont elle signe les paroles et les musiques. L’artiste collabore aussi avec Anique Granger et Éric Burke. Avec L’autre bord du mur, la jeune Franco-Manitobaine nous invite dans son univers.

Pochette de l’album L’autre bord du mur

Photo : floraluna.ca

Ce qui nous captive dès les premiers instants, c’est sa voix puissante. Tout au long de l’EP, Flora Luna nous interpelle sur des thèmes profonds, comme la maladie mentale, l’exploitation de l’image et la persévérance. La force des mots est gage d’une auteure riche d’une grande sensibilité.

La musicienne n’est pas en reste. L’album dévoile six pièces aux arrangements puissants. De Mon sort à I’m Gonna let You in, l’unique pièce anglophone, elle séduit par d’excellentes trames de piano et de guitare, signes d’une grande compositrice.

Je termine en mentionnant le texte de La femme du politicien, un hommage puissant et touchant à ces femmes qui sont dans l’univers de la politique par alliance et non par choix.

L’autre bord du mur est une carte de visite impressionnante, qui met en valeur tout le talent de la Franco-Manitobaine. Sa voix exceptionnelle livre de superbes textes qui nous touchent les uns après les autres.

Sors ton papier et ta plume
Album : L’autre bord du mur

Le retour d’un grand Franco-Ontarien

L’un des meilleurs auteurs-compositeurs franco-ontariens de sa génération, Serge Monette, revient à ses sources et offre un 5e opus à saveur country-folk, avec une voix solide comme le roc.

Pochette de l’album Le diable dans le corps. 

Photo : sergemonette.ca

Avec une plume empreinte de vérité, Monette nous interpelle sur l’amour, la solitude, le Nord et ses illusions. Tout au long de cet album, il raconte un peu l’histoire de sa famille et comment le Nord de l’Ontario a joué un rôle important au sein de celle-ci.

La richesse de sa plume repose sur d’excellentes trames country et folk aux arrangements solides. Pièce après pièce, nous sommes entrainés à travers des mélodies remplies de nostalgie.

L’une des chansons les plus accrocheuses est celle qui ouvre l’album. Crache ton sang est aussi un excellent texte sur la fierté franco-ontarienne. La pièce-titre, Le diable dans le corps, est un savoureux ver d’oreille qui nous emporte dès les premiers accords, alors que Noyé dans ta bière est une preuve indéniable du grand talent de mélodiste de Monette.

Après cinq ans d’absence, Monette, l’une des voix les plus riches de la francophonie, offre des mélodies plus accrocheuses les unes que les autres.

Je fais de mon mieux
Album : Le diable dans le corps

Souvenir de l’authenticité de Radio Batata

Mehdi Cayenne, un artiste original s’il en est un, proposait son 4e opus en 2019. Radio Batata, un album au son unique et captivant, nous invite dans un monde de rythmes très bien orchestrés. Si vous l’avez manqué, ça vaut la peine de le dénicher pour l’écouter.

Pochette de l’album Radio Batata

Photo : mehdicayenne.com

Des guitares parfois lourdes, parfois planantes, mais toujours justes, des synthétiseurs et des percussions bien fignolés accompagnent des textes puissants.

De Fulton à Croque-pomme, Mehdi Cayenne offre le fruit d’une plume qui nous interpelle sur le vrai, le faux, le désir et l’envie, sur l’essentiel versus le superflu. Avec une prosodie qui lui est propre, il réussit à nous faire ressentir une urgence ou un besoin, tout en peignant des images extrêmement puissantes.

Radio Batata, c’est aussi l’art des nuances musicales. Medhi Cayenne s’amuse à nous offrir un funk aux multiples couleurs, passant avec dextérité du punk au dance, du soul à la pop, du rock au quasi-métal. Grâce au talent de l’artiste, nous découvrons une palette de sonorité des plus captivantes.

Les succès de cet album sont entre autres Molly, avec son rythme enivrant et son riff accrocheur, et Dieu est à temps partiel depuis qu’on l’a remplacé(e) par une machine qui, malgré son long titre, s’avère être un petit groove fort intéressant. Sasseville et Bibo sont aussi des dances pop puissants et irrésistibles.

Dieu est à temps partiel depuis qu’on l’a remplacé(e) par une machine,
Album : Radio Batata

Marc Lalonde, dit Lalonde des ondes, est chroniqueur musical depuis plus de 25 ans au sein de la francophonie musicale canadienne et animateur de l’émission radiophonique Can-Rock. Il se fait un malin plaisir de partager cette richesse dans 16 stations de radio à travers le pays chaque semaine.

Des mesures pour l’alimentation scolaire et le logement

Le gouvernement fédéral a annoncé, lundi, un investissement d’un milliard de dollars sur cinq ans pour la mise en place d’un nouveau programme national d’alimentation scolaire.

Cette enveloppe, qui s’inscrit dans le budget fédéral 2024, a pour objectif de «fournir des repas jusqu’à 400 000 enfants de plus chaque année, en plus des enfants qui bénéficient déjà de programmes d’alimentation scolaire existants», peut-on lire dans le communiqué du premier ministre, Justin Trudeau.

La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand,  soutient, en entrevue avec Francopresse, que cet investissement permettra de doubler le financement des programmes d’alimentation.

Ce nouveau programme a aussi pour but d’aider les provinces, les territoires et les partenaires autochtones à élargir leurs programmes.

Cette annonce a été bien accueillie par les organismes ainsi que par le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois.

«Le gouvernement doit maintenant s’assurer de transférer rapidement l’argent au Québec et aux provinces afin que les organismes de soutien alimentaire puissent répondre à la demande dans les écoles», a déclaré la porte-parole du Bloc Québécois en matière de Famille, d’Enfants et de Développement social, Sylvie Bérubé.

Ottawa a annoncé plusieurs mesures afin d’accroitre le nombre de logements au pays.

Il est question, entre autres, d’un investissement de 400 millions de dollars supplémentaires dans le cadre du Fonds pour accélérer la construction de logements. Ce financement devrait permettre la construction de 12 000 logements au cours des trois prochaines années.

Une enveloppe de 6 milliards de dollars est prévue pour lancer un nouveau Fonds canadien pour les infrastructures liées au logement.

Le gouvernement a également annoncé plusieurs autres mesures dans le même sens. Ottawa ajoute 15 milliards de dollars au Programme de prêts pour la construction d’appartements, pour en bâtir au moins 30 000 nouveaux.

«Grâce à ce supplément, les fonds issus du programme devraient permettre de construire plus de 131 000 nouveaux appartements dans la prochaine décennie», indique le bureau du premier ministre dans un communiqué.

De plus, le gouvernement fédéral a annoncé de nouvelles réformes au Programme de prêts pour la construction d’appartements afin d’accroitre l’accès au programme et de favoriser la construction. La durée des prêts sera notamment prolongée et l’accès au financement sera élargi pour inclure le logement destiné aux étudiants et aux ainés.

Le budget fédéral 2024 sera déposé le 16 avril prochain.

Évacuation à Haïti et dernier mandat pour trois députés néodémocrates

Plus de 3000 Canadiens seraient encore en Haïti. 

Photo : Marianne Dépelteau –Francopresse

Lundi, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé que 153 Canadiens ont pu quitter Haïti vers la République dominicaine grâce à l’opération des départs assistés, désormais terminée.

Le Canada a élargi ses opérations d’évacuation mercredi pour inclure les citoyens canadiens, les résidents permanents ainsi que les membres de leur famille immédiate admissibles.

«Au cours des dernières semaines, environ 500 citoyennes et citoyens canadiens, résidentes et résidents permanents du Canada et membres de leur famille immédiate ont communiqué avec Affaires mondiales pour exprimer leur intérêt à obtenir de l’aide pour quitter Haïti», rapporte Affaires mondiales Canada dans un communiqué.

Par ailleurs, alors que Mélanie Joly était en visite à Paris cette semaine, elle a réitéré l’importance de la mise en place d’un gouvernement de transition à Haïti, «afin de rétablir la sécurité, l’ordre et la démocratie» dans le pays.

Elle et son homologue français Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, ont convenu de la nécessité de poursuivre la coordination de la Mission multinationale d’appui à la sécurité pour répondre aux besoins de la Police nationale d’Haïti.

Selon les données du ministère, près de 3110 Canadiens sont inscrits au registre des Canadiens en Haïti.

Le Nouveau Parti démocratique a annoncé jeudi que trois de ses députés ne se représenteront pas aux prochaines élections fédérales, dont deux élus bilingues du Nord de l’Ontario.

Il s’agit des députés Charlie Angus (Timmins–Baie James), Carol Hugues (Algoma–Manitoulin–Kapuskasing) – deux circonscriptions qui comptent beaucoup de francophones – et la whip du parti, Rachel Blaney (North Island–Powell River en Colombie-Britannique).

Les députés néodémocrates Charlie Angus, Carol Hughes et Rachel Blaney quitteront la politique après leur présent mandat.

Dans une publication Facebook, Charlie Angus explique que sa décision a été prise à la suite des changements géographiques imposés aux circonscriptions fédérales nord-ontariennes par la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province de l’Ontario à l’été 2023.

«La nouvelle circonscription de Mushkegowuk–Kapuskasing–Timmins sera encore plus grande, avec l’ajout de nombreuses nouvelles communautés réparties sur un territoire supplémentaire de 20 000 kilomètres carrés», écrit-il.

Selon un communiqué du NPD, Charlie Angus a comme cheval de bataille les droits des enfants des Premières Nations «contre les politiques discriminatoires du gouvernement».

De son côté, Carol Hughes a été vice-présidente de la Chambre au cours de plusieurs législatures et «s’est faite la championne de l’élargissement des services dans le nord de l’Ontario». Sa circonscription a été éliminée dans les modifications apportées par la Commission. Elle a été divisée et quatre circonscriptions environnantes ont été agrandies, dont celle de Charlie Angus.

Pour sa part, Rachel Blaney a été une fervente défenseuse des vétérans et des ainés.

Élu député de Chapleau, au Québec, en 1998, lors de la victoire du Parti libéral mené par Jean Charest, Benoît Pelletier a, au fil des ans, été responsable de plusieurs ministères, dont ceux des Affaires intergouvernementales et de la Francophonie canadienne.

Défenseur de la langue française, il a redéfini la relation entre le Québec et les communautés francophones du reste du Canada et des États-Unis. En 2006, le dépôt de la nouvelle Politique du Québec en matière de francophonie canadienne a mené à la création du Centre de la francophonie des Amériques (CFA) en 2008.

Son existence étant enchâssée dans une loi, le Centre est encore aujourd’hui au cœur des relations entre le Québec et la francophonie, 15 ans après sa création.

L’un des principaux objectifs de Benoît Pelletier était de «faire équipe avec les différentes communautés qui vivent en situation minoritaire» pour assurer la pérennité de la langue française, explique l’actuel président du CFA, Michel Robitaille, en entrevue avec Francopresse.

«Cette idée que les francophones des Amériques devaient travailler ensemble, se rassembler, je pense que c’était vraiment au cœur de la démarche de Benoît», ajoute la professeure et chercheuse, Linda Cardinal. Benoît Pelletier l’avait recrutée pour faire partie du premier conseil d’administration du CFA.

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Le président du Centre de la francophonie des Amériques, Michel Robitaille, croit que Benoît Pelletier était particulièrement fier des initiatives auprès des jeunes. 

Photo : Courtoisie CFA

L’héritage du Centre de la francophonie des Amériques

«Il n’y a absolument aucune raison pour laquelle le Québec s’inclurait dans le concept de la francophonie internationale, mais pas dans celui de la francophonie canadienne. C’est complètement contradictoire», a expliqué Benoît Pelletier lors d’un discours à la Journée du savoir de l’Acfas-Alberta, en avril 2016. Une déclaration qui illustre son désir que le Québec regarde davantage à l’intérieur du Canada, plutôt qu’à l’extérieur, pour trouver des alliés.

Michel Robitaille rappelle que le Centre n’a pas été créé pour que le Québec dise au reste de la francophonie comment faire les choses. L’approche de Benoît Pelletier «était de travailler ensemble, de prendre l’expertise des communautés francophones, de celles et ceux qui tous les jours se battent pour leur langue, de jumeler ça à l’expérience québécoise et ensemble on va voir ce que l’on peut faire».

Le CFA fonctionne toujours sous cette philosophie, soutient celui qui a également été le premier président-directeur général du Centre, avec quelque 650 partenaires en Amérique, toujours en respectant les spécificités de chacun.

«Benoît ne voulait pas que les gens soient isolés, il voulait qu’ils soient ensemble et ce centre-là c’est vraiment un témoignage de sa vision de la francophonie dans les Amériques», ajoute Linda Cardinal.

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«Même après avoir quitté la politique [Benoît Pelletier] est demeuré un mentor pour nous», révèle Michel Robitaille. Il était toujours disponible pour participer à un forum et pour parler aux gens.

M. Robitaille croit que Benoît Pelletier était particulièrement fier des activités du Centre des jeunes ambassadeurs de la Francophonie des Amériques, puisqu’il était convaincu qu’il était nécessaire d’intéresser les jeunes à la langue française pour la sauvegarder.

Linda Cardinal a côtoyé Benoît Pelletier à l’Université d’Ottawa et il l’a recrutée comme membre du premier conseil d’administration du Centre de la francophonie des Amériques. 

Photo : Courtoisie

Précurseur de l’asymétrie

Benoît Pelletier a parlé de droits linguistiques asymétriques un peu avant tout le monde. «C’était au cœur de sa démarche, cette asymétrie. Il la voyait nécessaire partout, parce que c’est une asymétrie fondée sur les besoins plutôt que d’une approche mur à mur, universelle, qui ne prend pas en compte les caractéristiques particulières des communautés», confirme Linda Cardinal.

Elle raconte que dans les rencontres, il se présentait à la fois comme un défenseur de l’identité québécoise, tout en étant ouvert a appuyé la francophonie canadienne. «La diversité pour lui, c’était un fédéralisme asymétrique. C’était le Québec dans la Confédération, mais avec un forum, le Conseil de la Fédération. Il a donné une forme institutionnelle à sa vision avec le CFA.»

Benoît Pelletier estimait que les obligations linguistiques envers les minorités devaient s’appliquer de façon plus nuancée au Québec. «Parce que la langue de la majorité au Québec est en même temps la langue d’une minorité, celle que nous formons au Canada», a-t-il déclaré en 2016, en Alberta.

Les dernières décennies ont vu un début de changement dans l’autodéfinition des communautés francophones en situation minoritaire. Les discours officiels ne s’arrêtent pas à l’inclusion des personnes ayant immigré au Canada : ils revendiquent aussi davantage d’immigration.

Les organismes porte-paroles des provinces se déplacent ainsi dans les évènements visant à attirer l’immigration dans leurs communautés, lançant des invitations ouvertes à s’y joindre.

Il devient alors difficile de se définir en tant que communauté par la langue maternelle ou par les liens familiaux ou ancestraux, suivant le modèle ethnoculturel de l’ancienne nation canadienne-française ou encore le modèle ethnolinguistique.

Pourtant, cela n’empêche aucunement des tensions entre les discours officiels et le racisme qui demeure bien ancré tant chez des membres des communautés qui résistent à ce changement qu’au sein des structures des organismes eux-mêmes.

À lire : « Stop racisme 105.1 » : pour comprendre la réalité des minorités

Toutefois, il semble que la langue maternelle continue de poser problème lorsqu’il s’agit de l’anglais.

On sent plus qu’une hésitation : un malaise, une peur, une frontière encore bien tracée. Comme si une bonne part de la vie des francophones n’avait pas déjà lieu en anglais; comme si plusieurs de leurs relations, dont les relations de couple, ne liaient pas déjà bon nombre de personnes dont l’anglais est la langue maternelle aux communautés francophones.

Les succès de l’immersion française

C’est sans compter les 1,6 million de personnes, dont 700 000 en âge scolaire, qui ont suivi ou suivent un programme d’immersion française (selon les données du recensement de 2021, et à l’extérieur du Québec).

Sur ce dernier nombre, un peu plus de 448 000 élèves étaient inscrits dans des programmes d’immersion française. À l’échelle de chaque province, c’est au minimum une personne sur dix à l’école qui est en immersion.

À force de parler des limites et des défis liés à l’immersion, on en oublie souvent les succès. Au Manitoba, la croissance des inscriptions est plus rapide que la croissance des naissances. Au pays, presque la moitié des élèves en immersion suivent un tel programme jusqu’à la fin de leurs études.

Il faut éviter de dramatiser les moments de transition vers d’autres programmes scolaires. Au secondaire, l’immersion devient une option parmi d’autres, comme les arts ou les sports, par exemple.

Les défis sont néanmoins bien réels et ont notamment trait à l’absence de soutien pour les difficultés d’apprentissage, ce qui renvoie ici aussi à la question des filières créées dans l’éducation secondaire.

Néanmoins, l’immersion fonctionne. Toujours selon les données de Statistique Canada, six jeunes femmes sur dix et environ la moitié des jeunes hommes qui avaient suivi une année ou plus d’un programme d’immersion pouvaient tenir une conversation en français.

Ces données suggèrent que plusieurs des personnes qui ne vont pas jusqu’au bout du programme d’immersion peuvent converser en français – et que l’équivalent de l’ensemble de celles qui le terminent peuvent le faire. Les autres possèdent tout de même plusieurs notions de français et seront en mesure de poursuivre leur apprentissage de cette langue plus tard dans leur vie.

Que l’immersion mène au mélange

Il faut éviter de voir l’immersion et les personnes apprenant le français comme étant coupées des communautés francophones. En effet, un intérêt pour l’immersion semble lié à la présence du français dans le milieu de vie.

Selon Statistique Canada, «[d]ans les municipalités du Canada hors Québec où au moins 30 % des adultes connaissaient le français en 2021, environ la moitié des enfants d’âge scolaire de langue maternelle anglaise ou tierce suivaient ou avaient déjà suivi un programme d’immersion en français».

Par ailleurs, on ne peut penser à l’immersion sans l’immigration, puisque 47 % des enfants qui suivaient ou avaient suivi un programme d’immersion au Canada en 2021 étaient issus de l’immigration.

On ne peut non plus exclure l’immersion des communautés francophones. Leurs liens intimes se voient même à partir de l’un des critères les plus exigeants pour mesurer la vitalité du français, à savoir la langue parlée à la maison.

Toujours en 2021, «15,4 % des personnes âgées de 5 à 60 ans parlant français à la maison au Canada hors Québec» suivaient ou avaient suivi un programme d’immersion.

Pourtant, dans les communautés francophones en situation minoritaire, on parle rarement de l’immersion hors du contexte de l’éducation. On compte sur les doigts d’une main les articles sur ce sujet, même dans Francopresse, et l’enjeu ne semble pas exister sur le site de vulgarisation scientifique La Conversation.

Au sein de la gouvernance liée aux langues officielles, on tend par ailleurs à séparer les enjeux d’apprentissage de la langue de ceux vus comme propres aux communautés francophones.

Cet appel ne s’adresse donc pas seulement à mes collègues des médias et des universités : les organismes des communautés francophones devraient également inclure les questions propres aux écoles d’immersion et aux personnes qui suivent et ont suivi ces programmes dans leurs réflexions et leur plan stratégique. Sans cela, on continuera de laisser de côté une part essentielle de la francophonie canadienne.

Au-delà des tensions

La situation actuelle ne pourra de toute manière durer bien longtemps. Parmi les personnes francophones immigrantes qui sont invitées à rejoindre ces communautés, un bon nombre maitrisera l’anglais mieux que le français ou l’aura comme langue d’usage.

Les communautés francophones elles-mêmes reconnaissent le besoin d’assurer un enseignement de l’anglais aux personnes immigrantes qui ne le parlent pas déjà.

Force est de constater que les communautés francophones demeurent des espaces de choix, des communautés électives, même pour les personnes qui grandissent en leur sein et parlent français depuis l’enfance.

Les raisons de la participation à ces communautés sont liées au désir de trouver ou de faire éclore davantage d’occasions de vivre, d’étudier, de travailler, de créer ou de se divertir en français.

On devra ainsi se demander de quoi on croit se protéger et si l’on peut gagner quoi que ce soit à maintenir de telles frontières, alors même que tant de personnes font le choix d’apprendre le français ou de le faire apprendre à leurs enfants.

C’est le grand retour d’une maladie que les Canadiens croyaient disparue. Une maladie que le Canada avait réussi à éliminer en 1998. Au moins 31 cas de rougeole ont été déclarés au pays entre le début de l’année et la mi-mars, dont 21 au Québec et 8 en Ontario.

Les chiffres sont préoccupants, les plus élevés depuis 2019. En 2023, seulement 12 cas avaient été recensés sur l’année.

D’après les projections d’une équipe de chercheurs de l’Université Simon-Fraser, en Colombie-Britannique, les risques d’une «épidémie importante» de rougeole sont grands au pays.

«Nous devons prendre des mesures urgentes pour rattraper les enfants qui n’ont pas été complètement immunisés et stopper une éventuelle épidémie», avertit Natasha Sarah Crowcroft, professeure à l’École de Santé publique de l’Université de Toronto.

Membre du secrétariat de l’Organisation mondiale de la santé, elle s’inquiète tout particulièrement de l’impact des voyages internationaux : «Les personnes non vaccinées qui partent dans des pays étrangers où la rougeole augmente la ramènent avec eux.»

Recul de la vaccination entre 2 et 7 ans

Pour éviter d’éventuelles flambées dues à l’importation du virus, au moins 95 % des enfants doivent être vaccinés. La rougeole requiert un niveau très élevé d’immunisation, car la maladie est extrêmement contagieuse.

En mars 2021, seulement 92 % des tout-petits âgés de 2 ans avaient reçu au moins une dose du vaccin contre la rougeole, selon l’Enquête nationale sur la couverture vaccinale des enfants (ENCVE). Un pourcentage «relativement inchangé par rapport à celui de 2019», observe Statistique Canada, responsable de l’enquête. Il existe néanmoins de fortes disparités entre les provinces.

L’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador affichent des niveaux de respectivement 98 % et 97 %. En revanche, seulement 88 % des bébés albertains se sont vu administrer une dose.

Le taux de couverture vaccinale des enfants de 7 ans est, lui, tombé à 79 % en 2021. Autrement dit, deux enfants canadiens sur dix n’avaient pas reçu leurs deux doses.

Natasha Sarah Crowcroft explique cette chute entre 2 et 7 ans par des contraintes sociales : «Quand vous êtes en congé parental, vous avez le temps d’obtenir un rendez-vous et d’y aller. Mais pour les vaccins ultérieurs, les parents qui travaillent ont plus de difficultés.»

Lorsqu’un tout-petit ne reçoit pas ses doses de routine, elles sont souvent rattrapées au moment de son entrée à l’école. «Il peut alors être trop tard, car, entretemps, le risque de contracter la rougeole est assez élevé», prévient l’experte.

D’une province à l’autre, des règles variables

Au Manitoba, au Nouveau-Brunswick et en Ontario, les vaccins sont obligatoires pour rentrer à l’école, à moins que les familles n’aient une exemption pour des raisons médicales, philosophiques ou religieuses.

En Alberta ou à l’Île-du-Prince-Édouard, il n’existe au contraire aucune obligation vaccinale. 

Les campagnes de vaccination ne sont pas menées de la même manière non plus. En Alberta, elles se font dans les écoles. En Ontario, les élèves se font également vacciner dans les cabinets médicaux privés et les cliniques de santé publique.

«Le canari dans la mine»

Natasha Sarah Crowcroft considère le retour de la rougeole comme un «signal d’alerte précoce», qui met en lumière «les lacunes immunitaires de la population».

Pour éviter que des enfants disparaissent des radars de la santé publique, Natasha Sarah Crowcroft, professeure à l’Université de Toronto, appelle à la mise en place de meilleurs systèmes de suivi de la vaccination. 

Photo : Courtoisie

«C’est un peu comme le canari dans la mine; si la rougeole réapparait en premier, c’est parce que c’est le virus le plus infectieux, mais d’autres maladies risquent de suivre», renchérit Ève Dubé, professeure au département d’anthropologie de l’Université Laval, à Québec.

Les chercheurs s’inquiètent notamment de la diphtérie, de la coqueluche ou encore du méningocoque du groupe C, dont les statistiques de vaccination sont également basses.

Selon une recherche de 2021, les programmes de vaccination de routine pour les élèves de tout le pays ont pris du retard pendant la COVID-19. Une autre étude nationale, menée à l’automne 2021 par la coalition 19 To Zero, a révélé que 300 000 jeunes n’avaient pas reçu leurs vaccins de routine ou les avaient eus en retard.

En Alberta, par exemple, seulement 55 % des adolescents ont été vaccinés contre le méningocoque au cours de l’année scolaire 2020-2021, contre 87 % en 2017-2018.

Quant à la diphtérie, la coqueluche et le tétanos, 77 % des enfants de 2 ans et près de 72 % des enfants de 7 ans étaient complètement vaccinés en mars 2021. Là encore, il existe de fortes disparités entre provinces, avec des niveaux oscillants entre 70 % et 95 %.

Quoi qu’il en soit, ces chiffres sont loin de la cible de 95 % de couverture vaccinale d’ici 2025 fixée par Ottawa.

Désinformation et méfiance

Aux yeux du néonatologiste québécois Arnaud Gagneur, la perturbation des programmes de vaccination infantile provoquée par la COVID-19 n’explique pas à elle seule la baisse globale de la couverture vaccinale.

La rougeole «c’est un peu comme le canari dans la mine», selon Ève Dubé, anthropologue à l’Université Laval. 

Photo : Courtoisie

Le professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke pointe aussi du doigt «la désinformation et la méfiance qui se sont accentuées pendant et après la pandémie».

«Avec la COVID-19, les opinions se sont polarisées. Les familles qui hésitaient avant la pandémie sont encore plus réticentes aujourd’hui», poursuit Ève Dubé.

«Mais la grande majorité des parents font confiance aux professionnels. Les retards sont souvent dus à des oublis», nuance-t-elle.

L’ENCVE confirme cette analyse : à peine 3,5 % des parents ayant un enfant de deux ans ont déclaré être «moins enclins» à le faire vacciner en raison de la crise sanitaire.

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L’hésitation vaccinale des parents

Des parents s’inquiètent de la sécurité des produits et des effets secondaires potentiels, réels ou perçus.

Ils ont également l’impression erronée que les vaccins ne sont plus nécessaires, car ils combattent des maladies bénignes qui appartiennent aux livres d’histoire.

«Les gens ont oublié la sévérité de ces affections, ils ne mesurent pas l’intérêt de se faire vacciner contre des virus qu’ils ne voient pas circuler», souligne le néonatologiste Arnaud Gagneur.

Dans ce contexte, les professionnels de santé ont un grand rôle à jouer pour transmettre l’information scientifique la plus transparente possible.

Pour répondre aux angoisses des familles sans tomber dans le préjugé, Arnaud Gagneur a mis en place, avec l’Agence de santé publique du Canada, le site bilingue MIIKOVAC. Une vingtaine de conseillers sont disponibles en ligne pour répondre à toutes les questions sur les vaccins.

Inégalités aggravées

Pour éviter que de jeunes Canadiens d’âge scolaire et préscolaire disparaissent des radars de la santé publique, Natasha Sarah Crowcroft appelle à la mise en place de meilleurs systèmes de suivi.

«Il faut mieux communiquer et informer les familles, les appeler régulièrement, leur envoyer des courriels, des messages textes, pour leur rappeler les vaccins à venir», plaide-t-elle.

«Les gens ont oublié la sévérité de ces maladies, ils ne mesurent pas l’intérêt de se faire vacciner contre quelque chose qu’ils ne voient pas», souligne le néonatologiste Arnaud Gagneur. 

Photo : Courtoisie 

En attendant, les autorités sanitaires tentent de raccrocher les wagons et lancent des campagnes de grande envergure. «Il y a un rattrapage progressif qui se fait, les niveaux rebondissent assez vite», affirme Arnaud Gagneur.

Ève Dubé tempère cependant cet optimisme : «Les incertitudes restent nombreuses, nous ne connaissons pas les impacts à long terme de la pandémie sur les attitudes et les perceptions de la population vis-à-vis des politiques de santé publique.»

L’anthropologue insiste également sur les inégalités dans l’accès à la vaccination «aggravées» depuis la crise sanitaire. «Les nouveaux arrivants et certains milieux socioéconomiques défavorisés restent plus difficiles à rejoindre et moins bien protégés», observe-t-elle.

Une bonne nouvelle : la couverture vaccinale contre le virus du papillome humain (responsable entre autres des cancers du col de l’utérus et du pénis) chez les jeunes de 14 ans a globalement augmenté, passant de 80 % en 2019 à 84 % en 2021.

Dans sa thèse de doctorat, Djems Olivier, professeur à l’Université d’État d’Haïti et stagiaire postdoctoral à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), cherche à comprendre comment ces gangs armés, qui contrôlent les quartiers, arrivent à cohabiter avec les organisations non gouvernementales (ONG) qui interviennent dans ces zones.

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Francopresse : Depuis déjà plusieurs semaines, les gangs armés ont pris le contrôle de plus de 80 % de Port-au-Prince et, malgré la démission du premier ministre Ariel Henry le 12 mars, la situation semble aller de mal en pis. Qui sont-ils?

Djems Olivier : En 2018-2019, j’avais répertorié 177 gangs, alors qu’aujourd’hui, on parle de plus de 300. Selon la Police nationale d’Haïti, il existerait sept coalitions de gangs, mais les deux plus grandes sont le G9 et le G-Pep.

Le G9 a été formé en juin 2020 sur les propositions de la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion (CNDDR), une commission créée deux ans après l’arrivée de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), en 2004.

Djems Olivier a quitté Haïti en octobre 2023, craignant pour sa sécurité. 

Photo : Chantallya – Louis Francopresse

Mais parallèlement, une autre fédération de gangs a été créée : le G-Pep, qui regroupait les gangs qui refusaient de s’allier au G9.

Il y avait donc le G9, qui était proche du pouvoir, et le G-Pep, proche de l’opposition.

Mais ces deux fédérations ont explosé ces derniers mois pour donner naissance à une autre forme de coalition. Des membres du G9 se sont alliés à ceux du G-pep, qui étaient pourtant des ennemis jurés.

Depuis quelques semaines, on parle d’une nouvelle fédération, qui regroupe plusieurs gangs, dont le G-9 et le G-Pep, et qui s’appelle «Viv Ansanm» (Vivre ensemble).

C’est à partir de cette plateforme de gangs qu’ils ont commencé l’attaque contre la prison civile de Port-au-Prince et la prison de la Croix-des-Bouquets et qu’ils ont mis le pays à feu et à sang.

Pourquoi il y a-t-il autant de gangs en Haïti et comment en sont-ils arrivés là?

En Haïti, les gangs sont utilisés par les acteurs politiques pour accéder au pouvoir ou conserver le pouvoir. Pour gagner des élections, il faut avoir le contrôle des gangs. Si on ne les contrôle pas, on ne peut pas gagner. Ça, c’est une constante importante dans l’organisation des élections en Haïti.

Ils sont aussi utilisés par des acteurs économiques, pour protéger leurs entreprises ou éliminer d’autres concurrents, et par les trafiquants et les réseaux criminels transnationaux pour passer de la drogue ou tout type de trafic.

Ces gangs ont pris aujourd’hui leur indépendance par rapport à leurs anciens «patrons». Ils sont devenus autonomes parce qu’ils sont, entre autres, dans le kidnapping, qui prend de l’ampleur, dans le détournement des camions de marchandises et le narcotrafic, dans la taxation des petites et moyennes entreprises et des véhicules de transport public.

Ce sont toutes ces activités-là qui permettent aux gangs d’avoir de l’argent.

Des liens étroits avec le pouvoir

Plusieurs organisations non gouvernementales ont rapporté que le bras armé de l’administration du président Jovenel Moïse n’était autre que le chef du G9, Jimmy Chérizier.

Selon AyiboPost et Connectas, la création du G9 a d’ailleurs été soutenue par la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion (CNDDR) créée en 2006.

La Commission a pris fin en octobre 2017, en même temps que la MINUSTAH, avant d’être réactivée par le président Jovenel Moïse en 2019.

Dans une émission radio, Jean Rebel Dorcenat, l’un des membres de la CNDDR, avait suggéré le regroupement des gangs armés. Selon lui, cette nouvelle fédération faciliterait les choses pour la commission, qui n’aurait qu’un seul interlocuteur, et apporterait la paix.

Source : Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada

PHOTO : JOURNAL JUNO 7 - AVEC PERMISSION
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Le Kenya a accepté de mener la mission internationale soutenue par les Nations unies pour endiguer la violence des gangs armés lorsqu’un gouvernement transitoire sera en place. Qu’en pensez-vous?

C’est une situation qui exige une intervention militaire. Sur le plan géographique et même en termes d’aménagement du territoire, Port-au-Prince n’est pas une ville où on peut intervenir n’importe comment, car c’est une ville qui est entourée de quartiers bidonvilles et de corridors.

Il n’y a donc pas vraiment de pénétration qu’on peut faire dans ces quartiers pour mener à terme des opérations policières. Il faut des équipements militaires avec tout ce que cela comporte, comme des drones, des hélicoptères, des pénétrations et des cartographies. Si on n’a pas ça, on ne peut pas intervenir dans cette activité.

On a eu comme exemple le fiasco de 2021, où des policiers de l’unité d’élite de la Police nationale ont été tués par le gang de Vilaj de Diè (Village de Dieu) lors d’une opération antigang. La police n’était pas préparée à mener des opérations dans ces quartiers-là.

C’est très difficile de déployer des policiers pour éliminer ces gangs qui contrôlent très bien leurs quartiers.

Par exemple, dans d’autres quartiers, comme celui de Grand-Ravine – que je connais très bien puisque c’est là que j’ai réalisé mes enquêtes de terrain –, il n’y a pas vraiment de route «voiturable» pour pénétrer ce quartier. Les gens utilisent des escaliers. Comment la police va-t-elle pénétrer dans ces quartiers-là pour mener des opérations?

C’est très compliqué sur le plan géographique et je pense qu’il faut vraiment réfléchir sur le type d’opérations à mener pour neutraliser ces gangs.

Quel rôle devrait jouer la communauté internationale dans cette crise?

Les dirigeants haïtiens ont toujours été choisis par la communauté internationale. Par exemple, après l’assassinat de Jovenel Moïse, c’est elle, à travers un tweet, qui a placé Ariel Henry à la tête du gouvernement.

C’est cette même communauté internationale qui a révoqué Ariel Henry pour donner au pays une nouvelle formule de gouvernance avec un conseil présidentiel de sept membres. C’est inédit dans l’histoire d’Haïti, on n’a jamais eu ça. On ne sait pas comment ça va se passer.

Donc, en fait, son rôle est joué, mais la communauté internationale devrait se rétracter pour avoir une décision qui est prise par les Haïtiens.

Il faut laisser aux Haïtiens la possibilité de décider de l’avenir de leur pays. C’est ce que je pense.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.

Plus sur la francophonie

La province a annoncé, mercredi, qu’elle attribuera 96 % des demandes de permis d’études venant de l’étranger aux collèges et aux universités financées par les fonds publics.

Cette annonce fait suite à la décision du fédéral de plafonner le nombre de permis d’études pour les étudiants étrangers pendant deux ans.

«Les inscriptions effectuées dans des programmes de langue française seront également prioritaires, compte tenu de la demande croissante sur le marché du travail pour des travailleurs qui maitrisent le français», peut-on lire dans le communiqué.

Les demandes pour les programmes dans les secteurs où la demande de main-d’œuvre est élevée, notamment dans le domaine des ressources humaines en santé et de la garde d’enfants, seront accordées en priorité.

Il sera par ailleurs impossible pour les établissements de dépasser le nombre de permis qu’ils avaient en 2023.

Quatre pour cent des demandes de permis d’études pour l’Ontario seront alloués aux écoles de langues, aux universités privées et autres établissements de la province.

À lire aussi : Plafond pour les étudiants étrangers : les institutions francophones s’inquiètent

Le Comité sénatorial des langues officielles demandera au ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, de témoigner. 

Le comité veut étudier les effets de la diminution du nombre de permis accordés à des étudiants étrangers sur les établissements postsecondaires de langue française canadienne.

«La décision du gouvernement de limiter les permis d’études à 360 000 étudiants risque de nuire à la capacité des institutions qui n’ont déjà pas les moyens de répondre aux défis en matière d’immigration francophone», souligne le comité dans un communiqué.

Des représentants d’établissements touchés seront également invités à témoigner.

Le budget de l’Ontario 2024 prévoit 13,3 millions de dollars pour le ministère des Affaires francophones, soit une augmentation de 5,3 millions par rapport aux chiffres provisoires de 2023-2024.

«La province s’est engagée à améliorer l’accès aux services en français dans l’ensemble de l’Ontario et à renforcer la vitalité des communautés franco-ontariennes», peut-on lire dans le budget de la province.

Dans une enveloppe de 16 milliards de dollars en subvention d’immobilisation sur 10 ans, une partie sera utilisée pour la création ou la rénovation d’écoles francophones.

Le gouvernement provincial annonce également le renouvèlement de l’Entente Canada-Ontario relative aux services dans la langue de la minorité. 

La province compte en outre investir près de 10 millions de dollars sur trois ans pour élargir la prestation de services de qualité en français.

Justin Trudeau annonce de nouvelles mesures pour aider les locataires à accéder plus facilement au marché de l’immobilier. 

Photo : Inès Lombardo – Francopresse

Mesures pour les locataires, garderies à 10 $ et évacuation des Canadiens à Haïti

Jeudi, Ottawa a annoncé qu’il y aurait des mesures dans le budget 2024 pour aider les locataires à devenir propriétaires.

«Il y a énormément de jeunes qui payent des loyers, mais qui ne voient pas une piste vers l’achat d’une première propriété», a affirmé le premier ministre Justin Trudeau lors d’une conférence de presse à Vancouver.

Le cabinet du premier ministre précise qu’il sera question, entre autres, de lancer un nouveau fonds de 15 millions de dollars pour protéger les locataires «contre les hausses injustes de loyer, les rénovictions ou les mauvais propriétaires».

Le gouvernement veut aussi faire en sorte que la cote de crédit des locataires tienne compte des paiements de loyer effectués à temps.

Une charte canadienne des droits des locataires devrait également voir le jour.

Rappelons que le budget fédéral sera déposé le 16 avril prochain.

Toujours depuis Vancouver, le premier ministre a dévoilé d’autres mesures prévues dans le budget 2024, cette fois-ci relatives aux services de garde à 10 $ par jour.

«Trop peu de familles ont accès à des places en garderie à un prix abordable, reconnait le premier ministre dans un communiqué. C’est pourquoi nous en créons davantage.»

Ces mesures comprennent, entre autres, le lancement d’un nouveau programme de prêts pour l’expansion des garderies, un investissement de 10 millions de dollars sur deux ans dans la formation d’éducateurs de la petite enfance et une enveloppe de 48 millions pour l’exonération du remboursement des prêts d’études pour les éducateurs de la petite enfance dans les régions rurales et éloignées.

Mélanie Joly annonce une opération de départ assisté afin de sortir les Canadiens les plus vulnérables coincés à Haïti. 

Photo : X (Twitter) Mélanie Joly

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé, lundi, une opération de départ assisté pour les Canadiens les plus vulnérables encore présents à Haïti vers la République dominicaine.

En raison des conditions d’admissibilité strictes de la République dominicaine, seuls les citoyens canadiens possédant un passeport valide peuvent entrer en territoire dominicain.

«C’est pourquoi, dans un deuxième temps, pour les autres Canadiens et les membres de leurs familles, et pour les résidents permanents et des membres de leurs familles, nous travaillons présentement sur d’autres options de départ assisté», a ajouté la ministre.

Lors de l’annonce, Affaires mondiales avait été en contact avec moins d’une centaine de Canadiens qui s’étaient renseignés sur les possibilités de quitter le pays, aux prises avec une grave crise politique. Au moins 30 Canadiens souhaitaient quitter immédiatement le territoire.

Par ailleurs, le Nouveau Parti démocratique soutient les demandes de la communauté haïtienne au Canada afin d’établir, entre autres, des mesures spéciales en matière d’immigration.

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La poursuite d’études universitaires en français favorise le développement d’un sentiment de bienêtre psychologique. C’est l’une des conclusions d’une recherche d’André Samson, professeur titulaire à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa. À noter que cette recherche n’a pas encore été publiée ou révisée par des pairs.

Selon André Samson, choisir une université francophone en milieu minoritaire c’est aussi prolonger un héritage. 

Photo : Courtoisie

Pour la réaliser, le chercheur s’est entretenu avec des étudiants de l’Université de Saint-Boniface au Manitoba, du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (CCNB) et de l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse.

Les étudiants qui choisissent la voie francophone du savoir «continuent à solidifier leur identité linguistique», puisqu’ils continuent à vivre en français, informe André Samson.

Ève Leger, titulaire d’un baccalauréat en science politique à l’université de Moncton, assure que son choix universitaire lui a permis de connaitre davantage sa communauté acadienne et de créer des liens durables.

Renforcer son identité francophone

«Aller à l’université, ce n’est pas seulement s’y rendre pour acquérir des connaissances ou des savoir-faire. C’est vraiment aussi se forger, se former», commente de son côté Julie Boissonneault, chercheuse en résidence au Centre de recherche sur les francophonies canadiennes à l’Université d’Ottawa.

Étudier en français en milieu minoritaire permet aussi de parler avec son propre accent sans avoir l’impression d’être jugé, ajoute André Samson.

Selon lui, côtoyer des membres de la communauté étudiante venant de diverses régions du Canada et de l’étranger offre une variété d’accents sur le campus, ce qui permet aux francophones d’avoir plus d’assurance dans leur français.

Une idée partagée par Ève Leger, aujourd’hui étudiante en maitrise à l’Université d’Ottawa. Elle témoigne s’être débarrassée de son insécurité linguistique et se sent «beaucoup plus confortable à approcher le monde professionnel en français».

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Une histoire d’héritage

Selon Julie Boissonneault, l’université est un milieu où tout est à refaire, du réseau social à l’apprentissage d’une nouvelle vie autonome et seule. Choisir la langue de confort est important pour éviter «d’ajouter un autre volet au tiraillement que vivent les étudiants».

Pour la chercheuse Julie Boissonneault, l’université n’est pas seulement un lieu d’apprentissage, mais aussi un lieu qui forge et qui forme les étudiants. 

Photo : Courtoisie

Alors, il n’est pas rare de voir des jeunes dont le parcours secondaire était en français se diriger vers une université francophone puisqu’ils «connaissent déjà la culture académique», dit-elle.

Parler en français aussi à la maison augmente les chances d’aller vers des établissements francophones : «C’est un prolongement d’un héritage», remarque André Samson.

Depuis son enfance, Ève Leger raconte avoir grandi dans un milieu francophone. Sa scolarité a été faite en français et beaucoup des membres de sa famille, dont sa mère, ont côtoyé l’Université de Moncton.

Continuer le chemin académique en français «est vraiment une décision personnelle de garder cette francophonie-là très importante pour moi», dit fièrement Ève Leger.

Dans un contexte où les programmes en français disparaissent, comme ce fut le cas à l’Université Laurentienne, il est plus que jamais important de montrer son attachement à son identité afin de protéger le patrimoine francophone pour les prochaines générations, explique l’étudiante.

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Choisir en tant que francophone le français à l’anglais en milieu minoritaire, «c’est vraiment une bonne démonstration de confiance dans la francophonie», lâche-t-elle.

Et le marché du travail?

Contrairement aux idées reçues, André Samson, Ève Leger et Julie Boissonneault s’accordent pour dire qu’une formation en français permet d’avoir plus d’offres et de choix qu’on imagine.

Selon Ève Leger, étudiante en maitrise à l’Université d’Ottawa, choisir une université francophone en milieu minoritaire reste une bonne démonstration de confiance en la francophonie. 

Photo : Courtoisie

«J’ai toujours eu un avantage dans le monde du travail [depuis] que je suis très jeune […] la majorité des employés ne le parlent pas, donc là ça offre des opportunités.»

Malgré ses avantages, la formation en français demeure trop peu exploitée par les étudiants francophones, estime Ève Leger.

L’étudiante encourage donc les francophones à faire leurs études dans la langue de Molière pour bénéficier de ces avantages et pour que «ça fasse en sorte que la prochaine génération puisse faire ses études en français et développer cette identité francophone».

C’était pourtant un des principaux arguments avancés par les patrons des trois grandes firmes de télécommunication au pays lors de leur passage en comité parlementaire la semaine dernière. Tony Staffieri (Rogers), Darren Entwistle (Telus) et Mirko Bibic (Bell) se défendaient de facturer des montants trop élevés pour leurs services de téléphonie cellulaire.

Le Comité permanent de l’industrie et de la technologie a décidé d’étudier la question des prix élevés des forfaits de téléphonie cellulaire en janvier. À ce moment, Rogers venait d’annoncer une hausse importante du prix de ses forfaits prépayés afin d’encourager ses clients à transiter vers des ses forfaits contractuels à long terme.

Cette hausse de prix n’a pas été bien vue à Ottawa. Il y moins d’un an, le gouvernement fédéral a donné son aval à la fusion de Rogers et de Shaw en échange d’une série d’engagements qui devaient notamment garantir l’abordabilité des forfaits de téléphonie cellulaire.

Téléphonie mobile et données cellulaires plus chères au Canada

Des recherches indépendantes montrent que le Canada est en queue de peloton, tant en matière de prix que d’offres de réseau.

Les écarts peuvent paraitre scandaleux. Le prix pour un forfait cellulaire de 100 Go de données mobiles en Europe varie entre l’équivalent de 30 à 70 dollars par mois selon les pays. Le même forfait vous coutera autour de 100 dollars au Canada. En Israël, un tel forfait peut couter aussi peu que 10 dollars par mois.

Peu importe votre forfait de données, ceux offerts au Canada sont plus chers que ceux de la plupart des autres pays.

Les particularités de la géographie canadienne ou la faible densité de la population n’expliquent pas ces écarts de prix. En Australie par exemple – où la densité de population est également peu élevée –, le prix des forfaits est environ la moitié de ceux d’ici.

Sans grande surprise, des recherches montrent qu’il y a une étroite corrélation entre la compétition et le prix. Les pays qui possèdent quatre opérateurs cellulaires ou plus ont des prix systématiquement moins élevés que les pays qui ont trois opérateurs ou moins, comme le Canada et les États-Unis.

Au Canada, dans les régions où il y a un quatrième opérateur important, comme Vidéotron au Québec par exemple, les prix sont plus bas.

Diminution de 50 % sur cinq ans?

Lors de l’audience du 18 mars, malgré le scepticisme des élus, les grands patrons de la télécom ont avancé sans broncher que les couts de la téléphonie cellulaire et des forfaits de données sont deux fois moins chers qu’il y a cinq ans et que si les prix étaient élevés au Canada, la faute revenait au gouvernement fédéral et aux fabricants de téléphones mobiles.

Pour soutenir leurs arguments, ils ont invoqué les données de Statistique Canada citées plus haut. Pour comprendre comment cette agence en arrive à la conclusion que les prix de la téléphonie mobile sont en chute libre au pays, il faut savoir comment elle collecte ses données.

Statistique Canada n’a pas accès aux couts réels des forfaits payés par les clients. Elle évalue les prix en fonction des prix affichés sur Internet.

Ainsi, si un forfait passe de 50 Go à 60 Go pour le même prix, Statistique Canada juge que le consommateur en a plus pour son argent et qu’en conséquence il y a eu une baisse de prix.

Évidemment cela ne correspond pas à la réalité des consommateurs. La plupart conservent leur forfait pendant des années. Souvent, des forfaits aux prix alléchants sont offerts aux nouveaux clients seulement.

Quand les gigaoctets de données dépassent largement l’utilisation qu’en font les abonnés, est-ce vraiment une baisse de prix?

La faute du gouvernement et des fabricants de téléphones?

Rogers, Telus et Bell justifient les prix plus élevés au Canada par le cout des licences d’utilisation du spectre pour les services sans fil. Le gouvernement fédéral a récolté plus de 2 milliards de dollars lors de la dernière mise aux enchères des licences d’utilisation du spectre 5G. Le prix pour ces licences est plus élevé qu’ailleurs.

Le PDG de Bell, Mirko Bibic, a avancé que ses clients paieraient 5 dollars de moins par mois en moyenne si le prix des licences était comparable à ce que l’on retrouve à l’étranger. Même à 5 dollars de moins le forfait, on est loin du compte pour expliquer les prix plus élevés au Canada.

Le PDG de Telus, Darren Entwistle, a quant à lui avancé que les prix élevés au pays s’expliquent par le cout des appareils téléphoniques, souvent inclus dans les forfaits. Cet argument tient encore moins la route que le précédent.

Les téléphones sont vendus à un cout comparable partout sur la planète et ne sont pas inclus dans les comparaisons de prix des forfaits entre pays.

Malgré ce qu’en disent les uns et les autres, deux choses sont certaines. D’abord, les revenus et les profits des trois grands joueurs canadiens des télécommunications sont à la hausse. Ensuite, les Canadiens continuent de payer cher leurs forfaits de téléphonie cellulaire.

Le gouvernement a beau s’insurger contre cela, sans davantage de concurrence dans le marché, il est peu probable que les prix canadiens deviennent compétitifs.

David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir terminé des études supérieures en économie politique à l’UQAM et à l’Université d’Ottawa.

Selon un sondage Léger publié le 20 mars, le Parti québécois (PQ) serait en tête des intentions de vote si des élections étaient déclenchées ce printemps, avec 34 %, contre 22 % pour la Coalition Avenir Québec (CAQ), actuellement au pouvoir.

Sur la souveraineté du Québec, le sondage suggère que 36 % des Québécois voteraient «OUI», 53 % «NON» tandis que 11 % sont «incertains/refus de répondre».

Le même jour, Paul St-Pierre Plamondon a affirmé que cette question sera au centre de la prochaine campagne électorale.

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Francopresse : En cas d’indépendance, qu’arriverait-il selon vous aux francophones hors Québec?

Paul St-Pierre Plamondon : Le Québec ne pourra pas freiner l’érosion du français dans le reste du Canada seulement parce qu’il demeure dans le Canada, ce n’est pas vrai.

La vérité, en ce moment, c’est que le Québec n’est même pas capable de freiner l’érosion du français au sein de son territoire. La conclusion, c’est que l’indépendance du Québec permet de donner une pérennité au français dans ce territoire-là.

Une fois que l’indépendance est faite, je pense que le Québec a une responsabilité envers chaque communauté francophone à travers le Canada de les soutenir, de tous les moyens possibles.

Ça veut dire une diplomatie de soutien aux francophones à tous les niveaux.

Moi, j’en viens à la conclusion qu’il y a pas mal plus de possibilités si le Québec se donne l’entièreté des pouvoirs et commence une diplomatie très active dans chaque province au soutien des francophones, qu’il y a des possibilités dans la posture de déclin et de défense dans laquelle le Québec se trouve en ce moment.

Vous dites par «tous les moyens», mais y a-t-il une limite?

Si moi je donne un budget de soutien aux communautés francophones, qui peut arrêter le Québec de ce point de vue-là?

Vous êtes prêt à prendre un tel engagement?

Oui. […] Une fois que l’on conclut que [le gouvernement fédéral] ne sera jamais de bonne foi et qu’il y a des siècles d’histoire pour nous le confirmer, la seule option que je vois c’est de créer un État francophone et de lui donner la responsabilité de soutien.

On pourrait mettre nos leviers financiers et une espèce de soutien interprovincial, interculturel sur le plan linguistique, pour maximiser la vitalité de chaque communauté dans chaque province.

Mais je suis sûr qu’on va faire ça. Et je n’ai pas d’intérêt électoral à le dire. Je ne pense pas que ça va changer le résultat d’une consultation populaire sur l’indépendance du Québec. C’est une question de justice dans l’histoire.

Vous avez été avocat. Que se passe-t-il juridiquement en cas d’indépendance du Québec? Qu’advient-il de la posture de bilinguisme du fédéral?

«Brian Mulroney est le dernier à avoir essayé avec sérieux et crédibilité de donner une justice ou une forme d’équité aux francophones à travers le Canada. Ça a échoué et on n’est plus jamais revenu», dit Paul St-Pierre Plamondon. 

Photo : Wikimedia Commons

Les communautés francophones, comme n’importe quelle communauté linguistique dans le monde, ont très peu de chance de pérennité s’ils n’ont pas un territoire dans le cadre duquel leur langue est commune.

La doctrine du bilinguisme institutionnel est une fraude intellectuelle. C’est ça l’héritage de Pierre Elliott Trudeau. C’est que ça n’a fonctionné nulle part pour les francophones, y compris au Québec où il y avait historiquement 83 % de francophones. Là c’est en train de reculer.

Donc qu’est-ce qu’un Québec indépendant peut faire? C’est de voir comment, à l’intérieur des provinces actuelles, ils peuvent se créer des endroits avec le soutien financier nécessaire.

On l’a vu pour l’Université [de Sudbury] qui s’est fait couper les vivres pour ses programmes francophones. Je vois un Québec indépendant intervenir, mais ça prend des endroits où territorialement c’est clair que la langue d’usage, la langue commune et la langue officielle, ce n’est que le français.

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Est-ce que les francophones en situation minoritaire peuvent être des modèles pour le Québec?

C’est un modèle de courage. En même temps, ça devrait réveiller certains Québécois, parce que souvent je trouve que le traitement antifrancophone est intolérable.

Mais les Québécois ont un sentiment de sécurité, surtout depuis la Loi 101. Je pense qu’ils ne se sont jamais imaginés faire l’objet d’un mépris simplement en raison de leur langue maternelle. Là, ils commencent à l’expérimenter.

Donc non seulement c’est une leçon de courage, mais c’est aussi un avertissement d’à quel point ce régime canadien peut manquer de considération envers les francophones, encore aujourd’hui comme dans tout le reste de son histoire.

C’est pour ça que je [le] dis, même si je n’ai aucun intérêt électoral, pour des questions de justice et de solidarité. Ce que je pourrais faire avec les leviers d’un État indépendant qui double son budget ou presque, je vais le faire juste par principe et j’aurai l’appui de la vaste majorité des Québécois.

En ce qui concerne vos engagements et votre vision de la relation entre le Québec et les autres francophones, qu’est-ce qui garantit que votre parti poursuivra sur la même lancée si un jour vous n’êtes plus chef du PQ?

C’est un peu naturel. […] Je crois que les concepts de justice, la quête de sens, unissent les gens. Donc tu n’as pas besoin de contraintes ou de garanties, ça va de soi. Donc non, ça ne m’inquiète pas.

Si ce n’est pas moi, d’autres continueront cette œuvre-là, simplement parce que c’est une question de justice et d’équité à l’échelle d’un empire colonial britannique qui a déporté, interdit l’éducation, fait plein de choses et continue de prendre des initiatives ouvertement antifrancophones.

Les propos ont été réorganisés pour des raisons de longueur et de clarté.