«Quelle attitude a une intelligence artificielle qui essaie d’imiter au mieux possible la pensée et les actions de l’humain, la représentation de l’humain? Qu’est-ce que l’intelligence artificielle dira de moi, francophone en milieu minoritaire?» Francis Langevin, professeur agrégé au campus de l’Okanagan de l’Université de la Colombie-Britannique a soulevé ces questions lors d’un colloque sur les identités francophones tenu à l’Université Carleton à la fin mars.
Accompagné de Philippe Blouin, spécialiste en intégration technologique chez LGS, une société IBM, ils ont notamment discuté de l’agent conversationnel ChatGPT, de son impact sur les utilisateurs dans la francophonie nord-américaine et de son effet sur notre réalité.
Philippe Blouin (à gauche), spécialiste en intégration technologique chez LGS, une société IBM et Francis Langevin (à droite), professeur agrégé au campus de l’Okanagan de l’Université de la Colombie-Britannique.
Le fonctionnement de ChatGPT
«ChatGPT est construit à partir de sources directes comme Wikipédia, des bases de données de livres qui ont été utilisées», explique Philippe Blouin.
«Pour chaque phrase de texte, l’ordinateur va découper en morceaux les mots. Il va les nettoyer, donc on va enlever la ponctuation, toutes les conjonctions et tous les articles vont être retirés», poursuit-il.
Les données sont ensuite reliées par des jetons qui associent les éléments entre eux. «ChatGPT-4, la nouvelle version, en utilise 32 000 pour générer des contenus», ajoute le spécialiste.
Philippe Blouin a tenu à clarifier que ChatGPT a été créé initialement pour «automatiser les tâches quotidiennes et, un jour, voir se réaliser le vieux rêve de l’assistant virtuel, comme résumer un document».
À lire aussi : L’intelligence artificielle, une odyssée vers l’inconnu
L’identité et la culture au regard de l’intelligence artificielle
Francis Langevin, qui enseigne le français, s’inquiète notamment de la proportion de documents francophones numérisés et indexés servant à alimenter les outils conversationnels. «Qui va numériser les documents historiques? Est-ce que ça va être disponible?»
Le système ChatGPT opère à la base en anglais, ce qui, selon lui, augmente le risque de diluer le sens initial des propos numérisés.
Si les bases de données sont en anglais, ou ont été traduites vers l’anglais, donc on a une retraduction qui repasse par l’anglais, qui est refaite vers le français. Donc, il y a un risque de changer le degré de véracité.
La même question se pose d’après lui pour le volume d’archives québécoises disponibles comparativement à celles de la francophonie canadienne.
«Le Québec a quand même une autorité en matière du nombre de documents disponibles, du nombre d’archives. Son système d’archives est beaucoup plus volumineux.» Il devient difficile, selon Francis Langevin, de savoir quelle importance le système accorde à un document plutôt qu’à un autre.
«La rareté, c’est très important, comme un manuscrit rare. On est juste dans le quantitatif. Si c’est réitéré 150 fois, c’est donc vrai?»
Le professeur souligne sans ambages que le «lien [intelligence artificielle] avec l’identité est très clair, en particulier dans la subjectivité de la représentation du récit qui sera faite des personnes et des collectivités».
En tant que chercheur, «on fait des recherches sur l’identité, la culture, mais là, les chercheurs et les chercheuses, c’est l’ordinateur et les milliards de dollars du marché financier qui vont produire ces données». Cela soulève, selon le panéliste, des interrogations pour les francophones.
Les erreurs et les risques de ChatGPT
Le spécialiste a pu détecter de grandes faiblesses dans les informations générées par ChatGPT-4. «On n’est pas capable de faire la vérification des faits. On n’est pas capable de détecter le vandalisme à l’intérieur des documents et la fausse information non plus», regrette-t-il.
ChatGPT a fourni des informations fautives à propos de la chanson Notre Place. Contrairement à ce qui est rapporté par le générateur de contenu, la chanson Notre place a été composée en 1989 par les Franco-Ontariens Paul Demers et François Dubé.
ChatGPT pose aussi d’importants défis notamment en ce qui concerne la langue, met en garde Francis Langevin. «On connait les sources, les sources sont fixes de ChatGPT-3. Mais on ne connait pas l’étendue, ni la nature, ni la propriété des sources de GPT-4. Et les sources de GPT-3 ne sont pas multilingues. Les sources de GPT-3 sont en anglais.»
Toutefois, selon Philippe Blouin, il faut aller au-delà des défis réels posés par ChatGPT. «Il ne faut pas être craintif de l’intelligence artificielle. Le Canada est bien positionné avec ses projets de loi à l’heure actuelle pour encadrer, mais il faut rester vigilant». Pour lui, «il y a une connaissance de la langue qui peut être enseignée via ces outils-là».
Francis Langevin recommande qu’il «faut réadapter les outils d’apprentissage si on veut l’utiliser comme un robot de la classe. Le talent de l’humain sera de configurer l’appareil pour qu’il rende des réponses satisfaisantes, donc de connaitre l’architecture». Enfin, «il faut traiter les sources comme celles générées par l’intelligence artificielle, non pas comme une source, mais un artéfact».
Les députés ont adopté rapidement les 20 derniers articles du projet de loi C-13 sur les langues officielles en séance le 31 mars, grâce à des amendements passés en accord avec le gouvernement du Québec. Une adoption rapide, qui a permis de clore l’examen du texte en comité et de le renvoyer devant la Chambre des Communes pour une troisième lecture.
Le député Joël Godin et ses collègues conservateurs ont voté avec les trois autres partis les amendements passés en accord entre le Québec et le gouvernement fédéral du Canada, sur les entreprises privées de compétence fédérale.
Le conservateur Joël Godin a souligné l’accord entre le gouvernement fédéral et Québec en comité : «Nous avons reçu 11 amendements hier soir de la part du gouvernement. […] je suis obligé de dire que je fais confiance au gouvernement du Québec beaucoup plus qu’au gouvernement du Canada.»
Selon le député, ce renvoi en Chambre tient principalement aux partis d’opposition qui ont obligé le gouvernement fédéral à «fléchir un peu les genoux».
Sa réflexion fait référence à la tentative de dépôt des libéraux d’un premier amendement d’une série visant à ajouter de nouvelles dispositions à la Loi sur l’usage du français au sein des entreprises privées de compétence fédérale. Cette Loi fait partie de C-13.
Deux avancées pour les francophones minoritaires…
Lors de cette séance du 31 mars, le NPD et les libéraux ont chacun fait adopter à l’unanimité un amendement en faveur des francophones minoritaires au Canada.
Niki Ashton, seule membre du NPD, a ainsi donné «plus de pouvoirs» et a «renforcé le travail très important que fait le Commissaire aux langues officielles», sans lire son amendement, voté à l’unanimité. Le public n’a donc aucune idée de ce que le NPD propose, si ce n’est qu’il s’agit d’une modification du (long) article 36 du projet de loi.
De leur côté, les libéraux ont proposé que le projet de loi soit examiné sur les dix premières années suivant son entrée en vigueur, avec l’angle de «l’épanouissement des minorités francophones et anglophones» et de «la protection et de la promotion du français au Canada».
Si le projet de loi est adopté, les indicateurs culturels et éducatifs «depuis la petite enfance jusqu’aux études postsecondaires» reliés à, entre autres, la santé et la justice, devront être pris en compte. Tout comme la langue maternelle parlée et le taux d’anglicisation et de francisation.
et plusieurs pertes
Néanmoins, des tentatives avortées de faire avancer la cause francophone au pays ont aussi été enregistrées. Les conservateurs avaient notamment proposé un amendement pour que la loi prenne en compte des faits survenus après le dépôt d’une plainte auprès du commissaire aux langues officielles, «notamment ceux permettant d’évaluer le bienfondé de la plainte et le caractère convenable et juste de la réparation à accorder».
Une nécessité, selon le député Godin, pour accélérer le processus de plainte, qui permettrait «aux francophones de perdre moins de temps» et «d’éliminer certaines batailles juridiques», citant au passage celle de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB).
Toujours pour soutenir les causes britannocolombiennes, les conservateurs ont vu leurs espoirs douchés de conditionner la «vitalité institutionnelle de la minorité francophone de la région» à la présence d’un établissement d’enseignement public primaire ou secondaire ou «d’autres institutions appartenant à cette minorité».
Une référence à l’effort colossal déployé par la province pendant des années pour assurer des écoles francophones dans la province.
Les conservateurs et le Bloc québécois ont aussi, sans succès, tenté d’inscrire dans la future loi la capacité de parler français pour les postes de gouverneur général du Canada et de lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick.
Les propositions conservatrices et bloquistes ont toutefois été sanctionnées d’irrecevabilité, car de telles nominations à de tels postes relèvent des pouvoirs royaux protégés par la Loi constitutionnelle de 1982, que les parlementaires ne peuvent modifier.
À lire aussi : Mary Simon, gouverneure générale : «Une nomination presque parfaite»
La ministre Ginette Petitpas Taylor avait déclaré plusieurs fois qu’elle aimerait voir inscrite la sanction royale sur son projet de loi avant Noël 2022, puis, passé cette date, avant l’été 2023.
Le député anglo-québécois Housefather seul sur les banquettes libérales
Fait marquant au cours de cette séance : au moment de voter les amendements que Québec a négocié avec les libéraux, le député libéral Anthony Housefather a tenté de faire passer trois amendements pour assurer les droits de la minorité anglophone au Québec.
Ces modifications concernaient le droit des travailleurs anglophones au sein des entreprises privées de compétence fédérale, pour créer des «droits égaux», a plaidé l’élu.
À trois reprises, ses propositions ont été rejetées par les libéraux, les conservateurs, le Bloc et le NPD.
Le député avait fait les manchettes en février dernier avec Marc Garneau, qui a depuis démissionné du caucus libéral, et Emmanuella Lambropoulos, qui avait affirmé — à tort — que l’adoption de la loi 96 au Québec avait eu des conséquences négatives pour les anglophones. Les trois députés avaient catégoriquement refusé toute tentative du Bloc québécois de faire référence à la Charte de la langue française dans le projet de loi C-13.
À lire aussi : Des divisions au détriment des francophones
Après son examen à la Chambre des Communes pour une troisième lecture, le projet de loi C-13 ira au Sénat, avant de recevoir la sanction royale que beaucoup dans la francophonie canadienne espèrent voir avant la fin de la session parlementaire, le 23 juin prochain.
Exerçant actuellement à Yellowknife, Dre Michelle Tuma est la vétérinaire spécialiste du Nord pour l’organisation Vétérinaires sans frontières (VSF).
Passionnée par les soins vétérinaires en région nordique, la femme s’est d’abord associée à VSF en 2018 lorsqu’on lui a demandé de faire une présentation à propos de son travail dans les communautés éloignées et de ses efforts pour offrir une sensibilisation communautaire.
Du 7 au 24 mars, Dre Michelle Tuma et son équipe se sont déplacées au Nunavut dans le cadre de leurs cliniques mobiles annuelles.
S’étant d’abord arrêtée à Kimmirut, l’équipe s’est ensuite déplacée vers Qikiqtarjuaq et Igloolik, permettant à de nombreux animaux de recevoir différents types de soins.
Un patient de la clinique mobile à Kimmirut.
Créer des partenariats
En plus d’offrir des rendez-vous de routine et de la vaccination, les cliniques mobiles offertes cette année auront également permis de réaliser des opérations chirurgicales telles que des stérilisations.
Depuis 2019, l’organisation VSF offre des cliniques au Nunavut et a, entre autres, visité les communautés de Gjoa Haven, Taloyoak et Kugluktuk.
«VSF ne choisit pas les communautés, les communautés nous choisissent. Les partenariats communautaires sont établis après qu’un intérêt pour une clinique a été suscité, et nous travaillons fort pour créer un programme durable pour nos partenaires communautaires qui va au-delà d’une simple clinique temporaire annuelle ; bien que ces cliniques soient encore très importantes», affirme Dre Michelle Tuma.
Une fois qu’un partenariat a été établi, un engagement est pris entre VSF et la communauté. L’organisation s’engage alors à visiter la communauté chaque année pour des cliniques vétérinaires mobiles et à lui fournir toutes les autres ressources requises.
VSF est en voie de s’associer à douze communautés pour l’année en cours. Ces collectivités se trouvent dans les Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut.
Un accès qui demeure difficile
L’accès limité aux soins vétérinaires n’est pas nouveau dans les territoires du Canada : «Il y a toujours eu une pénurie de vétérinaires présents dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Les cliniques vétérinaires à but lucratif à service complet ne sont durables que dans les grands centres-villes, laissant toutes les communautés éloignées sans accès aux soins vétérinaires», indique Dre Michelle Tuma.
De nombreux obstacles et défis empêchent toutes les communautés d’avoir accès à des soins vétérinaires, mais VSF espère élaborer des programmes qui permettront aux résidents de diverses communautés de s’impliquer dans les soins aux animaux de leur localité.
Lydia Clayburn est bénévole avec l’organisation Vétérinaires sans frontières.
Ces programmes comprennent un programme de travailleurs communautaires en santé animale ainsi qu’un programme de télémédecine, permettant d’accéder à des soins même lorsqu’un vétérinaire n’est pas présent physiquement dans la communauté.
Un programme de récompenses pour les résidents du Nord a aussi été lancé, comprenant des bourses d’études vétérinaires, des bourses liées à la santé animale et des cours de premiers soins pour animaux de compagnie.
«La réduction des obstacles à l’éducation dans les domaines liés à la santé animale augmentera, espérons-le, le nombre de résidents de la communauté intéressés à poursuivre des carrières liées à la santé animale, ce qui augmentera les connaissances en santé animale dans les communautés, augmentant ainsi l’accès aux soins», conclut Dre Michelle Tuma.
L’Iqaluit Humane Society poursuit son travail
L’Iqaluit Humane Society (IHS) offre aussi des cliniques vétérinaires mobiles gratuites dans des communautés du territoire. L’organisation, qui a récemment acquis un bâtiment pour le convertir en clinique vétérinaire, souhaite néanmoins continuer à offrir des services à l’extérieur d’Iqaluit.
«Nous pensons que c’est formidable chaque fois que les communautés peuvent avoir accès à des services vétérinaires», exprime Janelle Kennedy, présidente de l’Iqaluit Humane Society.
En juin dernier, l’organisation a réalisé 103 chirurgies en six jours à Iqaluit.
En mai et en octobre 2023, l’IHS visitera respectivement les communautés de Pond Inlet et de Kinngait.
«Nous accordons la priorité aux familles à faible revenu et aux propriétaires d’animaux de compagnie pour nous assurer qu’ils reçoivent d’abord les services gratuits. L’objectif de nos cliniques gratuites est de stériliser pour lutter contre la surpopulation de chiens et de chats, mais nous fournissons également le toilettage, les examens et la vaccination dans nos cliniques; et nous le faisons sans frais pour la communauté», affirme Janelle Kennedy.
Plus sur la francophonie
Le budget fédéral 2023 a réservé une enveloppe de plus d’un milliard de dollars pour ce Plan, qui devrait être déposé avant la fin du mois d’avril.
Ginette Petitpas Taylor est restée mystérieuse sur les détails du prochain Plan d’action pour les langues officielles ou sur d’éventuelles sommes additionnelles.
Ce montant met notamment l’accent sur l’accès à l’enseignement des langues officielles en situation minoritaire, à hauteur de 679,2 millions. Le reste est divisé entre l’immigration francophone, les services en français, la justice en français, et les activités culturelles et éducatives.
À lire aussi : Budget fédéral — Un milliard de plus pour les langues officielles
Les organismes francophones se disent satisfaits dans l’ensemble. La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) qualifie l’annonce d’une «base solide», tandis que la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) fait état de «perspectives intéressantes». Les deux organismes précisent que les détails du Plan d’action permettront de voir plus clair.
Si l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) «reconnait le caractère historique du budget 2023», sa direction souhaite notamment qu’un programme permanent d’appui au postsecondaire soit inscrit dans le Plan d’action.
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, refuse de confirmer de quelle façon la somme de 117 millions réservée notamment pour les organismes communautaires sera divisée. Les détails suivront dans le Plan d’action «qui va arriver sous peu», a-t-elle précisé.
L’enveloppe totale du Plan d’action pour les langues officielles s’élèvera à 3,8 milliards pour les cinq prochaines années.
À la sortie du caucus libéral mercredi, le ministre fédéral de l’Immigration a affirmé qu’il était «possible» de créer une voie d’immigration économique francophone à part ; une demande des communautés francophones en situation minoritaire et d’experts en immigration francophone.
À lire aussi : Bientôt un Observatoire de l’immigration francophone au Canada
«Ma grande préoccupation n’est pas l’habilité du système [Entrée express] de choisir les francophones, le défi pour moi est d’augmenter le nombre de personnes qui sont dans l’inventaire d’IRCC maintenant», a-t-il toutefois rappelé.
Il a précisé qu’il était essentiel pour Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) de recruter des immigrants d’expression française en Afrique, et «ça fera partie de la stratégie d’immigration francophone», selon lui.
Le budget fédéral a accordé 123,2 millions à l’immigration francophone. Une somme «importante pas juste pour créer une nouvelle voie pour les francophones, mais pour les accueillir et les intégrer [et] pour utiliser les programmes qui existent actuellement», selon Sean Fraser.
Budget 2023 et nouvelle voie d’immigration pour les réfugiés après la fermeture de Roxham
Le NPD l’a demandé et l’a obtenu : le crédit de TPS sera doublé cette année, une mesure destinée aux Canadiens les plus démunis. Cette mesure coutera 2,5 milliards et touchera 11 millions de personnes.
De même pour l’enveloppe de 4 milliards sur 7 ans pour le logement autochtone en milieu rural, urbain et nordique et pour la bonification de 7,3 milliards pour les soins de santé dentaires pour les cinq prochaines années.
À lire aussi : Un budget fédéral rouge orange
Le ministre fédéral de l’Immigration Sean Fraser a assuré qu’une nouvelle voie d’immigration francophone économique était «possible», mais pas avant qu’il n’ait terminé d’évaluer le système Entrée express.
Cette nouvelle voie a été annoncée lundi par IRCC, dans le cadre du Projet pilote sur la voie d’accès à la mobilité économique (PVAME). À travers ce programme, un jumelage sera réalisé entre les réfugiés et d’autres personnes déplacées qualifiées et des employeurs canadiens qui font face à une pénurie de main-d’œuvre.
«Cela permet au Canada d’accueillir des personnes vulnérables, tout en permettant aux employeurs canadiens d’avoir accès à un bassin de talents inexploités à partir duquel ils peuvent attirer et retenir des employés possédant les compétences dont ils ont besoin pour contribuer à la croissance de notre économie», a fait valoir IRCC par communiqué. Ce programme acceptera les demandes à partir de cet été.
Cette annonce survient quelques jours après la confirmation de la fermeture de la frontière canado-américaine à l’immigration régulière, effective depuis le 25 mars à la suite d’une entente avec les États-Unis.
Interrogé par Francopresse sur les conséquences humanitaires que cette décision pourrait avoir, Sean Fraser a répliqué mercredi que c’est l’immigration irrégulière qui «a conduit à une catastrophe humanitaire depuis de nombreuses années. Certaines des tragédies que l’on a vues sont sous l’accord précédent qui était en place».
Selon lui, «il n’y a pas de solution parfaite à l’immigration irrégulière. Dans les négociations de l’entente avec les États-Unis, il y a un nouvel engagement pour qu’on accueille 15 000 personnes». Ces dernières seront accueillies via de nouveaux programmes qui n’ont pas encore été annoncés par IRCC, a affirmé le ministre.
On peut lire dans le budget fédéral que vient de déposer la ministre des Finances, Chrystia Freeland, que «l’accélération de la transition vers la carboneutralité a déclenché une course mondiale pour attirer les investissements à mesure que nos alliés bâtissent leur économie propre».
Et le gouvernement Trudeau n’avait visiblement pas envie d’être largué à l’arrière du peloton.
Ottawa prévoit investir pas moins de 80 milliards de dollars sur 10 ans pour inciter les entreprises établies en sol canadien à développer des technologies vertes et de l’énergie à faible émission de carbone.
Le gouvernement actuel souhaite faire du Canada une superpuissance énergétique et doubler, voire tripler, la capacité de production d’électricité au pays d’ici 2050 pour répondre aux besoins des industries de pointe qui chercheront encore davantage à réduire leur empreinte carbone.
Des entreprises dans des secteurs cibles, comme l’extraction de minéraux critiques, la filière des batteries ou de leurs composantes et l’industrie automobile, profiteront ainsi de conditions financières privilégiées pour se développer.
Pour parvenir à cette transformation du tissu industriel canadien, le gouvernement offrira surtout des crédits d’impôt et du financement avantageux, notamment par l’entremise de la Banque de l’infrastructure du Canada.
Outre la tarification du carbone, les Libéraux souhaitent éviter de réguler trop étroitement le marché. Ils veulent aussi éviter les subventions directes, quoique le gouvernement a déjà montré sa souplesse en ce sens avec l’implantation de la méga-usine de batteries de Volkswagen en Ontario.
À lire aussi : Budget fédéral – Un milliard de plus pour les langues officielles
Un coup de barre nécessaire
Il faut dire qu’un coup de barre s’imposait en raison de la pression venue du sud de la frontière.
Le gouvernement Trudeau a beau s’en défendre, la Reduction Inflation Act, loi phare de l’Administration Biden adoptée à l’été 2022 qui prévoit subventionner les technologies vertes à hauteur de 370 milliards de dollars américains au cours des 10 prochaines années, risquait de faire pencher la balance en faveur des États-Unis quand viendrait le temps pour les entreprises de choisir où investir.
Dans un contexte géopolitique incertain, où la mondialisation se transforme sous nos yeux et où les puissances occidentales cherchent à rapatrier leurs chaines de production névralgiques plus près de chez elles (et plus loin de la Chine!), il n’est pas étonnant de voir le Canada emboiter le pas aux États-Unis.
L’autre facteur, c’est qu’au rythme actuel, le Canada est loin d’être sûr d’atteindre ses objectifs climatiques à long terme.
Malgré un rapport encourageant à cet effet publié par le ministère de l’Environnement en début d’année, le Canada continue d’avoir une empreinte carbone insoutenable, près de dix fois plus élevée que le niveau nécessaire pour limiter l’augmentation de la température du globe à 1,5 °C.
En misant sur la production d’énergie propre et les technologies vertes, le gouvernement fait le pari du technosolutionnisme. Tout va très bien, Madame la Marquise. Pas besoin de changer nos habitudes de vie, on aura tous une voiture électrique, on enfouira tout ce carbone, et puis hop, le problème sera réglé.
Si la solution proposée par le gouvernement est séduisante dans une optique économique à court et moyen terme, elle ne garantit pas que le Canada réussira à faire sa juste part dans la lutte aux changements climatiques.
Il n’est pas certain non plus qu’elle ait l’effet voulu. Pour profiter de crédits d’impôt, des entreprises doivent être prêtes à investir ici, et l’attrait du géant américain restera certainement fort.
Néanmoins il faut reconnaitre qu’il y a longtemps que le Canada ne s’était pas doté d’une politique industrielle digne de ce nom. Et si le gouvernement fédéral souhaite à terme se défaire de sa dépendance financière aux énergies fossiles, le développement des technologies vertes constitue probablement un pas dans la bonne direction.
À lire aussi : Un budget fédéral rouge orange
Des finances publiques déficitaires, mais viables
Les finances publiques se sont détériorées depuis la dernière mise à jour économique du gouvernement à l’automne. On y prévoyait un déficit d’un peu plus de 30 milliards de dollars pour l’exercice financier de 2023-2024. Six mois plus tard, le déficit prévu atteint maintenant 40 milliards de dollars.
Cette dégradation des comptes publics s’explique entre autres par quelques nouvelles dépenses, dont les 7,3 milliards de dollars ajoutés au nouveau régime canadien de soins dentaires. Ce programme est au cœur de l’entente entre les Libéraux et le NPD et devrait garantir au gouvernement Trudeau l’adoption de son budget aux Communes.
Il y a aussi quelques mesures ciblées, telle la bonification du crédit de TPS pour aider les contribuables les plus pauvres à boucler leurs fins de mois, qui coutera 2,5 milliards de dollars au gouvernement cette année.
Il faut ajouter à cela l’incertitude économique qui continue de peser lourd dans les comptes du gouvernement. L’augmentation des taux d’intérêt se répercute sur les paiements de la dette, et la croissance anémique prévue en 2023 (à peine 0,3% du produit intérieur brut [PIB]) limitera les revenus.
Pour compenser ces dépenses et ces baisses de revenus, le gouvernement Trudeau fera des compressions dans la fonction publique, qui était en croissance continue depuis son arrivée au pouvoir. Malgré cela, sa marge de manœuvre sera plus mince qu’il y a quelques mois.
Même si le gouvernement ne prévoit plus revenir à l’équilibre budgétaire dans un avenir prévisible, le déficit reste soutenable par rapport à la taille de l’économie canadienne.
Un déficit prévu équivalent à 1,5% du PIB en 2023 reste enviable. Par exemple, les spécialistes prévoient que le déficit sera de 5,3% du PIB aux États-Unis et de 5,1% du PIB au Royaume-Uni en 2023.
L’inflation est en voie de se résorber et aucun analyste ne s’attend à ce que les banques centrales conservent des taux directeurs élevés au-delà de 2023.
La situation économique du gouvernement canadien devrait donc s’améliorer dans les années à venir, mais aujourd’hui sa marge de manœuvre est certainement réduite.
Notice biographique
David Dagenais est journaliste économique indépendant et entrepreneur. Auparavant, il a été journaliste à Radio-Canada après avoir terminé des études supérieures en économie politique à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université d’Ottawa.
En quoi consiste le régime des retraites en France?
Le système des retraites en France est un legs de la Seconde Guerre mondiale.
En 1945, la France a mis en place la Sécurité sociale et, dans ce cadre, un régime d’assurance vieillesse.
À cette époque, l’âge légal de la retraite était de 65 ans, mais il a été abaissé à 60 ans en 1983.
Le système français de retraite par répartition repose sur la solidarité intergénérationnelle. On peut le qualifier à la fois de régime juste, a priori égalitaire et relativement généreux mettant de l’avant le bien commun. En 1956, le gouvernement français a également mis en place un minimum vieillesse.
Le principe de solidarité intergénérationnelle signifie que les cotisations au régime d’assurance vieillesse versées par les travailleurs actifs servent à payer les retraites des personnes inactives.
Or, si en 1950 il y avait 4 actifs pour 1 retraité, en 2020 il y avait moins de 3 actifs pour 1 retraité. Selon les prévisions de l’OCDE, ce rapport s’établira à 1,8 pour 1 en 2050. Autant dire aujourd’hui, puisque le système repose sur une logique intergénérationnelle.
En 1991, un livre blanc fort important a mis en lumière l’incidence des changements démographiques à venir sur ce système basé sur le principe de répartition. De là découle une première réforme, en 1993, qui fait passer la durée de cotisation pour obtenir une retraite pleine de 37,5 ans à 40 ans.
Cependant, cette réforme ne touchait pas au problème épineux des régimes spéciaux, qui se comptent par dizaines en France.
Ces régimes spéciaux visent notamment certaines catégories professionnelles, telles que les cheminots de la Société nationale des chemins de fer français, les employés de la société Électricité de France et de la Régie autonome des transports parisiens, et les élus.
D’autres réformes ont suivi, comme celle de 2010, qui a reculé à nouveau l’âge de la retraite pour la fixer à 62 ans.
Chaque fois qu’un gouvernement a tenté de modifier en profondeur l’assurance vieillesse afin d’harmoniser les différents régimes et de maintenir le financement du système, la fronde s’est organisée, et les grèves ont habituellement eu raison des grandes ambitions de réforme.
Autrement dit, depuis trois décennies, les gouvernements successifs n’ont pu faire que des réformettes.
Que propose la réforme actuelle?
Depuis sa première élection à la magistrature suprême en 2017, le président Macron s’attèle à une nouvelle réforme qui permettrait de répondre aux besoins du régime.
Sa proposition consiste principalement à faire passer l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans et la durée de cotisation à 43 années. Non pas pour embêter les Français, mais tout simplement parce que la réalité démographique fait en sorte que la pérennité du régime est en jeu à terme.
De la part des syndicats, des manifestants et de la majorité des Français opposés à cette réforme, il y a donc un déni flagrant de la réalité.
La France n’a certainement pas le meilleur système au monde, mais quand on se compare, on se console.
Le système français correspond, régimes spéciaux mis à part, à l’idéal républicain d’égalité et de fraternité. Il mutualise le risque vieillesse. Il réduit considérablement la pauvreté des personnes âgées (4,1% des plus de 75 ans ont un revenu inférieur à 50% de la médiane nationale par comparaison à 16,2% dans les autres pays de l’OCDE).
Il est à bien des égards à l’opposé du régime de pensions du Canada qui repose largement sur un principe de capitalisation individuelle selon lequel plus on est riche, plus on peut mettre de l’argent dans ses REER pour se faire une retraite dorée.
Le régime de base de pensions du Canada permet à peine de vivre au-dessus du seuil de pauvreté, le montant mensuel de la pension de la Sécurité de la vieillesse en 2023 étant de 687,56 $ pour les 65 à 74 ans et de 756,32 $ pour les 75 ans et plus; en France le minimum vieillesse au 1er janvier 2022 était de 916,78 € (soit environ 1 353 $ CA).
Par ailleurs, le Canada ne prend pas en compte le fait d’avoir eu des enfants dans le calcul de la retraite, alors qu’en France, huit trimestres (soit deux ans) de cotisation sont octroyés pour chaque enfant.
Enfin, la plupart des pays de l’OCDE ont un âge de départ à la retraite qui s’établit à 65 ans, voire 67 ans. Il ne semble donc pas complètement aberrant de travailler jusqu’à 64 ans pour conserver un régime qui fait l’envie de plusieurs.
L’impasse démocratique
Cela étant dit, vu ce que ce système représente dans l’imaginaire des Français, une réforme comme celle souhaitée par l’exécutif français exige l’adhésion d’une majorité de la population.
Force est de constater que ce n’est pas le cas.
Il aurait fallu que le gouvernement fasse preuve d’un effort pédagogique soutenu pour convaincre la population française du bienfondé de cette réforme, et notamment du recul de l’âge de départ à la retraite.
On le sait, le président Macron a été «mal élu». Il n’est pas le pire, mais en aucun cas, il n’a recueilli un large appui parmi l’électorat. Son gouvernement est minoritaire à l’Assemblée nationale.
Il aurait donc fallu que Macron prenne le temps de bâtir un consensus politique.
Alors soit, le gouvernement Borne a bien tenté de créer ce consensus, mais il n’est pas facile dans un parlement où rivalisent les discours populistes de trouver des élus qui pensent encore à l’intérêt général.
L’utilisation de l’article 49.3 (qui, pour faire court, permet l’adoption d’un projet de loi sauf si une motion de censure est déposée puis adoptée à la majorité) est une faute politique dont le gouvernement et le président ne se remettront pas.
Mais surtout, le recours à cet article vient enfoncer un peu plus le clou dans le cercueil de la démocratie française, déjà bien malade.
Les Français aiment manifester. C’est un droit sacrosaint dans ce pays depuis 1789, et tant mieux.
Néanmoins, on ne peut que désavouer les saccages de bâtiments publics, les feux de poubelles, les dégradations, tout comme il faut condamner l’usage excessif des forces de maintien de l’ordre.
La sortie d’Emmanuel Macron sur la foule était plus que maladroite et déplacée.
En revanche, oui, il y a danger quand le peuple, le corps citoyen, se transforme en foule. Mais justement, c’est parce que la France n’a jamais été aussi proche du renversement de sa démocratie qu’il est du devoir des responsables politiques de ne pas jeter de l’huile sur le feu et de montrer l’exemple.
Ni Macron ni les partis d’opposition ne semblent comprendre l’urgence qu’il y a à ramener l’ordre, mais surtout à réparer la démocratie, à recréer du lien social, à rebâtir la confiance entre les citoyens et leurs élus.
Le climat délétère qui sévit actuellement est extrêmement inquiétant et on peine de plus en plus à voir comment la France évitera l’arrivée des forces néofascistes au pouvoir lors des prochaines élections.
Notice biographique
Aurélie Lacassagne est politicologue de formation et doyenne des facultés de Sciences humaines et de Philosophie de l’Université Saint-Paul à Ottawa. Elle est membre du Comité de gouvernance du partenariat Voies vers la prospérité.
En tout, la ministre des Finances, Chrystia Freelan a annoncé réserver près de 3,8 milliards sur cinq ans pour le prochain Plan d’action pour les langues officielles. Le nouveau financement, qui s’élève à 1 077 400 000 $ s’ajoute aux 2,8 milliards déjà inclus dans le Plan d’action précédent, qui arrive à échéance le 31 mars 2023.
En 2022, ni le budget fédéral ni l’énoncé économique de novembre ne comprenaient de mesures supplémentaires pour les langues officielles ou la francophonie.
Plus d’un demi-milliard pour l’enseignement de la langue de la minorité
Le gouvernement investit 679,2 millions sur cinq ans dès 2023-2024 dans l’accès égal à des services d’enseignement «de qualité égale» dans la langue de la minorité. Cette somme, gérée par Patrimoine canadien, servira aussi à offrir des possibilités d’apprentissage de la langue seconde et à offrir des services gouvernementaux bilingues dans l’ensemble du Canada.
Le budget fédéral ne réserve aucune somme pour les établissements postsecondaires, en contexte minoritaire ou majoritaire. Le gouvernement vise les étudiants en consacrant 813,6 millions dans l’amélioration de l’aide financière et en faisant passer le plafond des retraits pour les régimes enregistrés d’épargnes études (REEE) de 5000 $ à 8000.
Peu pour les organismes communautaires, rien pour les médias
Une somme de 373,7 millions sur cinq ans, dès 2023-2024, est répartie en quatre piliers, avec l’immigration francophone en tête.
Budget fédéral 2023
Toutes les sommes couvrent une période de cinq ans
123,2 millions — Immigration francophone
Somme destinée principalement à l’appui au recrutement des travailleurs francophones et à l’augmentation de l’aide fournie aux immigrants après leur arrivée.
117 millions — Services en français
Sommes divisées entre les organismes sans but lucratif, la formation d’infirmières et de préposés aux soins aux personnes bilingues et à la promotion de la recherche en français.
111,4 millions — Bilinguisme dans la justice, activités culturelles et petite enfance
Somme divisée entre le soutien au bilinguisme dans la justice canadienne, l’appui aux activités culturelles et à la formation d’éducatrices et éducateurs de la petite enfance dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
25,5 millions – Programme de contestation judiciaire
Somme destinée à fournir de l’aide dans les dossiers juridiques d’importance nationale qui clarifient et confirment certains droits en matière de langues officielles et de droits de la personne.
22,1 millions — Respect de l’application de la Loi sur les langues officielles
Somme destinée au financement d’un centre d’expertise qui veillera à ce que les institutions fédérales se soumettent à leurs obligations inscrites dans la Loi sur les langues officielles.
La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a demandé l’automne dernier un financement de 300 millions pour les organismes francophones en situation minoritaire, en mal de financement. Selon le budget de cette année, ces organismes devront se partager 117 millions sur cinq ans avec d’autres initiatives appuyées par le gouvernement fédéral.
La création d’un programme économique à part pour l’immigration francophone ne fait pas partie du budget 2023, tel que l’avaient demandé des experts.
Peu pour les arts et la culture, rien pour les médias
Le Fonds des médias du Canada, piloté par Patrimoine canadien, recevra 40 millions sur deux ans entre 2023 et 2025, pour appuyer la sous-représentation dans les médias et l’augmentation au contenu de langue française à l’écran. Le budget réserve aussi 14 millions sur deux ans pour développer les communautés par le biais des arts et du patrimoine et 10 millions sur deux ans pour l’Office national du film.
Aucune somme n’est annoncée pour appuyer le secteur des médias spécifiquement. La plateforme TV5MONDEplus recevra quatre-millions sur deux ans à compter de 2024-2025.
À l’exception du prix des aliments, l’inflation se résorbe progressivement.
Dans ce contexte, une seule nouvelle mesure fiscale aidera les ménages à faibles revenus à combattre l’inflation, selon les données du budget 2023 déposé le 28 mars par la ministre des Finances, Chrystia Freeland.
Le gouvernement doublera à nouveau le crédit TPS cette année. Cette mesure coutera 2,5 milliards et touchera 11 millions de personnes ; une information que le gouvernement avait laissé filtrer la veille du budget.
Selon leur situation, un couple avec deux enfants pourrait recevoir une aide allant de 467 $ à 234 $ pour les personnes seules sans enfant.
Les personnes âgées pourraient recevoir un supplément de 225 $ en moyenne.
Le budget Freeland prévoit peu de mesures pour favoriser le logement abordable contrairement à la demande du NPD et des conservateurs. Les libéraux se contentent de rappeler qu’ils ont investi 32,27 milliards pour le logement abordable à travers la Stratégie nationale sur le logement.
Le budget 2023 prévoit peu de mesures pour favoriser le logement abordable. Les mesures ont déjà été annoncées dans Stratégie nationale pour le logement selon la ministre Chrystia Freeland.
«Le grand plan pour le logement a été annoncé en 2022, a expliqué la ministre des Finances en conférence de presse. On est en train de mettre en œuvre les programmes annoncés en 2022».
Le budget de l’an dernier prévoyait 1,8 milliard de dollars. Pour couvrir les années de 2022 à 2027, le gouvernement avait annoncé un investissement total de 10 milliards pour les mises en chantier de construction rapide.
«Le plus grand problème concernant le logement est la construction, a précisé la ministre. Vu la croissance de la population, on devra avoir plus de logements. On doit créer une approche qui permettra cela. […] Le logement n’est pas juste une question fédérale. La question principale est de trouver une façon de construire.»
Le budget réserve tout de même une enveloppe de 4 milliards sur 7 ans pour le logement autochtone en milieu rural, urbain et nordique. Le gouvernement Trudeau accède ici à une autre demande du NPD.
Bonification du Régime canadien de soins dentaires
Le budget 2023 présente un investissement de 7,3 milliards pour les soins de santé dentaires pour les cinq prochaines années, sans toutefois préciser les prochaines étapes du plan d’expansion de la couverture. Cette somme fait partie des 13 milliards sur cinq ans déjà annoncés par le gouvernement.
Cette nouvelle prestation, disponible depuis septembre 2022 pour les familles dont le revenu annuel est inférieur à 90 000 $, cible prioritairement les enfants de moins de 12 ans et s’ouvrira cette année pour les moins de 18 ans, les ainés et les personnes en situation de handicap.
Le Régime canadien de soins dentaires coutera deux fois plus cher que prévu au gouvernement, qui répond de nouveau aux attentes néodémocrates.
En santé, le fédéral injecte 46,2 milliards sur dix ans dans les transferts en santé aux provinces. Cette somme s’ajoute au financement déjà prévu.
Décarboner en grand, demeurer compétitif avec les États-Unis
Fait marquant du budget 2023, le gouvernement se dote d’une politique industrielle ambitieuse. Ce sont 80 milliards sur 10 ans qu’Ottawa consacrera à la décarbonation de l’économie et à la production d’énergie propre.
Le plan de décarbonation du fédéral était attendu depuis que le passage du président américain Joe Biden à Ottawa, le 25 mars dernier.
Cette réponse était attendue, quelques jours après la visite officielle du président américain Joe Biden. Les États-Unis ont annoncé l’été dernier le Inflation Reduction Act (IRA), un programme de près de 400 milliards américains pour subventionner la transition écologique de leur économie.
Cette initiative constitue «un défi majeur pour notre capacité à soutenir la concurrence dans les industries qui feront prendre de l’expansion à l’économie propre au Canada», peut-on lire dans le budget 2023. Justin Trudeau avait certifié, en conférence de presse avec le président américain, que le Canada resterait compétitif avec les États-Unis.
Le gouvernement fédéral entend doubler, voire tripler, la production d’énergie propre au pays d’ici à 2050. Ce sont 50 milliards sur 10 ans qui seront dédiés à la seule production d’énergie propre comme l’hydroélectricité et l’éolien, mais aussi le nucléaire, la production d’hydrogène ou la captation du carbone.
Les 30 milliards restants faciliteront les investissements dans des technologies vertes dans des secteurs comme l’extraction et la transformation de minéraux critiques, le développement de batteries ou de véhicules zéro émission et de leurs composantes.
Le gouvernement fédéral ne subventionnera pas les entreprises directement, mais mettra plutôt en place des crédits d’impôt ou un cadre de financement pour les entreprises canadiennes dans des secteurs ciblés.
En outre, l’«assurance Poilievre», qui a fait les manchettes ces derniers jours, n’est pas nommée au budget 2023. Cette expression serait utilisée au sein du parti libéral pour qualifier l’assurance que les futurs gouvernements ne modifient pas la taxe carbone instaurée par le gouvernement Trudeau.
Le budget annonce simplement que des consultations seront menées sur «l’élaboration d’une approche générale des contrats sur différence pour le carbone afin de rendre la tarification sur le carbone plus prévisible […]».
Un déficit budgétaire pire que prévu, mais soutenable
Le gouvernement fédéral anticipe une croissance économique plus faible que prévu cette année, ce qui aura une incidence sur le déficit à court terme.
Grâce à un marché de l’emploi dynamique et à un essoufflement de l’inflation, le ralentissement économique devrait être de courte durée. Le produit intérieur brut (PIB) devrait faire du surplace à 0,3 % cette année pour remonter à 1,6 % en 2024, selon les prévisions du ministère des Finances.
Le taux de chômage très bas compense ce ralentissement du PIB réel. Fixé à 5 % en moyenne au pays actuellement, il devrait avoir légèrement augmenté à la fin de l’année 2023, selon les prévisions gouvernementales, avant de redescendre en 2024.
Interrogé sur le fait de savoir si le scénario pessimiste de l’énoncé économique de l’automne 2022 se concrétise à cause de l’augmentation des dépenses, un haut fonctionnaire du gouvernement a répondu positivement.
«Il y a plus de déficit dans le budget, mais ce n’est pas parce que l’économie va moins bien, c’est parce que les investissements gouvernementaux augmentent», a-t-il souligné.
Il a par ailleurs noté que le budget 2023 présente encore deux cadres, un optimiste et un pessimiste, mais que le gouvernement a choisi cette fois une voie mitoyenne dans ses prévisions pour faire face à l’incertitude économique.
Le déficit budgétaire fédéral sera donc plus élevé que prévu au cours des prochaines années. Il devrait être de 40,1 milliards pour l’exercice financier 2023-24, l’équivalent de 1,4 % du PIB. À moins d’imprévus, ce rythme d’endettement devrait décroitre par la suite et rester somme toute près de l’équilibre budgétaire.
«Face à l’urgence de la crise environnementale, le pire, c’est de rester passif. On veut aider les jeunes à lutter contre leur écoanxiété, leur permettre d’exprimer leurs peurs et leurs émotions négatives à travers l’art», explique Elsa Morin, animatrice d’ateliers et d’évènements au sein d’EcoNova, un organisme d’éducation à l’environnement et au climat, basé à Vancouver.
Elsa Morin est animatrice d’ateliers et d’évènements au sein d’EcoNova, un organisme d’éducation à l’environnement et au climat, basé à Vancouver.
L’association organise un concours de bandes dessinées intitulé «Le Futur se dessine!». La compétition est réservée aux francophones et francophones de langue seconde en milieu minoritaire, âgés de 8 à 19 ans.
«Il n’y a pas besoin d’être parfaitement bilingue, au contraire, la bande dessinée est une porte d’entrée pour s’essayer au français, insiste Elsa Morin. C’est moins effrayant qu’un livre pour donner le gout de la langue.»
Les jeunes peuvent participer à titre individuel, mais des enseignants ont également la possibilité d’inscrire une classe entière. Jusqu’à 11 ans, les enfants doivent soumettre une planche, écrite majoritairement en français.
De 11 à 19 ans, ils doivent en concevoir deux. Tous les thèmes sont acceptés, que ce soit le récit intime, la science-fiction, l’aventure, ou encore l’humour.
Une image, une infinité de mots
«On fait appel à l’énergie et la créativité des jeunes. Ils vont pouvoir mettre en scène le futur qu’ils souhaitent pour notre planète, proposer des solutions et une vision concrète d’une société plus verte», détaille Elsa Morin.
Nina Six, autrice de bande dessinée belge, est l’une des deux membres du jury du concours organisé par EcoNova.
«On a besoin de nouvelles formes de récits pour parler d’écologie et sensibiliser les enfants et les adolescents. La bande dessinée est un médium parfait pour ça», complète Nina Six, l’une des deux membres du jury qui évaluera les œuvres envoyées à EcoNova.
L’autrice de bande dessinée belge évoque les liens entre le neuvième art et l’écologie : «Pour que le monde aille mieux, on doit faire plus attention à la nature, lui accorder de notre temps. C’est la même chose quand on est devant une bande dessinée, on doit lire doucement, prêter attention aux moindres détails d’une image, car elle peut véhiculer à elle seule énormément d’idées.»
«La bande dessinée est très accessible et permet de toucher un large public. Les dessins facilitent la compréhension de sujets complexes, contribuent à vulgariser des concepts scientifiques», explique Elsa Morin.
Les deux jeunes femmes constatent d’ailleurs le succès grandissant en librairie du neuvième art, consacré à l’écologie.
Inventer un monde plus vert
En 2022, Nina Six a publié Les Pissenlits. L’histoire d’enfants qui s’aventurent dans la mystérieuse végétation d’un camping français et en ressortent transformés. Photo : Courtoisie
«Les lecteurs sont touchés par la sensibilité de l’auteur, sa perception du monde. Ils sont comme happés par les émotions qui transparaissent à chaque page», avance Nina Six, qui a publié Les Pissenlits en 2022. Il s’agit de l’histoire d’enfants qui s’aventurent dans la mystérieuse végétation d’un camping français et en ressortent transformés.
«Les auteurs partagent leur point de vue subjectif sur la crise que nous vivons. C’est un plus par rapport aux livres scientifiques, ça rend les défis plus humains, moins abstraits, ça parle aux gens», poursuit Elsa Morin.
EcoNova compte attirer quelques centaines de participants de tout le pays. L’ensemble des concurrents recevront des cadeaux, mais seuls les lauréats exposeront leurs planches originales en Colombie-Britannique. L’organisation aimerait également les afficher dans des centres culturels de différentes régions canadiennes.
Avec ce concours, les organisateurs espèrent voir émerger de nouveaux talents. Aux yeux d’Elsa Morin, les artistes contribueront à changer les mentalités et à démocratiser des modes de vie plus durables : «La culture fait partie des solutions pour façonner un monde meilleur.»
À lire aussi : Body Ngoy : «Le Canadien», ou comment interpeler les Noirs sur leur histoire
Y PARTICIPER : Le concours de bande dessinée écologique «Le futur se dessine!» est ouvert jusqu’au 20 avril 2023. Pour s’inscrire : https://econova.ca/le-futur-se-dessine/
Le président des États-Unis à Ottawa
Le président des États-Unis est arrivé jeudi soir au Canada. Accueilli par la gouverneure générale et la vice-première ministre Chrystia Freeland, il a prononcé un discours au Parlement vendredi et a tenu une conférence de presse avec le premier ministre Justin Trudeau.
La question de l’immigration à la frontière canado-américaine a notamment été abordée. Une entente a été conclue entre les États-Unis et le Canada sur la fermeture du chemin Roxham, pour endiguer l’immigration irrégulière, a rapporté jeudi Radio-Canada.
Nouveaux épisodes sur l’ingérence étrangère
Han Dong, député de Don Valley-Nord dans la région de Toronto, aurait recommandé à Pékin de reporter la libération des Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig, détenus en Chine pendant près de trois ans.
Han Dong a quitté le caucus libéral mercredi, après avoir qualifié de «fausses» les informations rapportées par Global News, selon lesquelles il se serait opposé à une libération des deux Michael détenus en Chine.
Han Dong a contesté les allégations, rapportées par Global News, selon lesquelles il aurait affirmé qu’une libération des deux Canadiens aurait bénéficié au Parti conservateur du Canada. Le leadeur du parti à l’époque, Erin O’Toole, souhaitait durcir les relations avec la Chine.
Les deux Michael ont été libérés en septembre 2022, après que la Cour suprême de Colombie-Britannique a décidé de relâcher Meng Wanzhou, directrice financière de l’entreprise de télécommunications chinoise Huawei, détenue au Canada à la demande des États-Unis en 2018.
Le député Dong s’est retiré du caucus libéral mercredi, peu après la publication de Global News. Il siège désormais comme indépendant.
Les partis d’opposition continuent de réclamer une enquête publique et indépendante sur les allégations d’ingérence chinoise dans les scrutins fédéraux de 2019 et 2021.
Le Cabinet du premier ministre l’a confirmé mardi par courriel : Katie Telford comparaitra finalement devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
«Bien qu’il y ait de sérieuses contraintes sur ce qui peut être dit en public sur les questions sensibles de renseignement, dans un effort pour faire fonctionner le Parlement, Mme Telford a accepté de se présenter devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre dans le cadre de son étude», précise le Cabinet.
Demandée depuis des semaines par les conservateurs et le Bloc québécois, notamment dans une motion conservatrice défaite en Chambre par les libéraux et les néodémocrates, la comparution de Katie Telford a suscité de la résistance chez les libéraux du Comité en question qui ne souhaitaient pas accéder à la requête de l’opposition.
Une motion du NPD réclamant la tenue d’une enquête indépendante et publique sur les allégations d’ingérence étrangère dans les élections canadiennes de 2019 et 2021 a été votée jeudi en Chambre.
Au total, 172 députés néodémocrates, conservateurs et du Bloc québécois l’ont appuyée, contrairement aux 149 libéraux. La motion a été appuyée par le député Han Dong, qui s’est retiré du caucus libéral la veille.
Justin Trudeau a précisé, mardi, le mandat de David Johnston, nommé la semaine dernière pour évaluer les conséquences de l’ingérence étrangère lors des élections fédérales de 2019 et 2021.
Selon le communiqué de presse du Cabinet du premier ministre, M. Johnston aura pour tâche de «dégager les mesures prises par le gouvernement afin de défendre le Canada contre l’ingérence étrangère».
David Johnston devra aussi faire des recommandations «pour renforcer la confiance des Canadiens dans l’intégrité de nos institutions démocratiques, par exemple une enquête publique formelle, d’ici le 23 mai 2023», peut-on lire dans le communiqué.
Il devra en outre remettre des rapports périodiques au premier ministre. Le Cabinet a exprimé qu’il aura accès à tous les documents pertinents, «qu’ils soient classifiés ou non».
Le rapporteur devrait terminer son examen d’ici le 31 octobre 2023.
Immigration : soutien aux Turcs et aux Syriens, et les mesures pour les Ukrainiens prolongées
Samedi dernier, Sean Fraser, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, a annoncé que dès le 29 mars 2023, les ressortissants turcs et syriens pourront continuer à étudier, travailler ou rendre visite à leur famille en demandant gratuitement une prolongation de leur statut.
Sean Fraser, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, a annoncé de nouvelles mesures pour les ressortissants turcs et syriens et un prolongement de l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU) pour les Ukrainiens.
Le Canada lève également l’obligation pour ces ressortissants de détenir un passeport ou un titre de voyage. De plus, les citoyens canadiens et les résidents permanents originaires de Turquie et de Syrie peuvent revenir au Canada en annulant les frais de certains passeports et titres de voyage, précise le communiqué de presse.
Ces pays ont été frappés par d’importants tremblements de terre le mois dernier.
Mercredi, une autre annonce a visé cette fois le prolongement de l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU). Sous certaines conditions, précise le communiqué gouvernemental.
Le 16e Symposium annuel sur l’immigration francophone à guichet fermé
Avec une thématique portant sur le parcours d’intégration francophone, le Symposium a attiré près de 300 personnes, inscrites aux dix ateliers proposés.
Des chercheurs ont notamment expliqué le projet de l’Observatoire de l’immigration francophone au Canada (OIFC), qui devrait voir le jour en septembre.
À lire aussi : Bientôt un Observatoire de l’immigration francophone au Canada
Organisé par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, l’évènement a rassemblé notamment des chercheurs et des intervenants communautaires pour «faire le point sur les enjeux de l’heure en matière d’immigration francophone», rapporte l’organisme dans un communiqué.
Les ambassadrices du Mali et du Sénégal étaient présentes, ainsi qu’une représentation de l’ambassade du Maroc. Roda Muse, secrétaire générale de la Commission canadienne de l’UNESCO, était la conférencière d’honneur.