
Martin, Maxime et Noah se sont rencontrés lors des manifestations de février.
«Je suis là parce qu’il faut que les mesures sanitaires cessent.» Voilà le discours que tient Noah, une manifestante de la région de Sorel, au Québec, rencontrée au Monument de la Guerre, le samedi 30 avril. Le même message, en écho à celui du convoi des camionneurs de février dernier, est repris un peu partout au gré des témoignages recueillis en cette journée ensoleillée qui a rassemblé quelques milliers de personnes au centre-ville de la capitale fédérale.
C’est d’ailleurs une grande partie d’entre eux qui sont revenus vers Ottawa pendant la fin de semaine, sans camions cette fois. Le conjoint de Noah, Maxime, développe en désignant son ami acadien établi dans la région d’Ottawa : «Lui, il faisait l’électricité au Coventry [un camp établi lors du convoi des camionneurs]. En février, on était là toutes les fins de semaine, essentiellement pour aider, apporter à manger, de quoi se réchauffer.»

Le but était le même qu’en février : protester contre les mesures sanitaires.
«C’est le type de manifestation que je veux voir au Canada»
«La seule fin de semaine où on n’est pas venus, c’est la fin de semaine où ils ont [invoqué] la Loi sur les mesures d’urgence», précise Noah.
Le 25 avril, le premier ministre désignait la Commission obligatoire chargée d’enquêter sur l’utilisation de la Loi sur les mesures d’urgence, invoquée pour la première fois le 14 février dernier, pour faire partir les manifestants qui occupaient le centre-ville d’Ottawa.
À travers le bruit pétaradant des motos et l’odeur de l’essence, mélangée à la sauge, l’ambiance est globalement respectueuse. De nombreuses insultes ont été lancées aux policiers impassibles qui ont formaient un mur de protection pour laisser circuler les quelques 350 motocyclistes présents, selon les services policiers. Les agents ont dégagé sans ménagement quelques rares manifestants qui tentaient de passer.

Jeremy Wanless, qui fait partie du groupe de contremanifestation Solidarité Ottawa, est venu «comme observateur. Même si je suis en désaccord avec [les manifestants], je les soutiens, parce qu’ils sont là sans violences, et ça, c’est la liberté d’expression! C’est la méthode de protestation que je veux voir au Canada. Il n’y a pas de camions, pas de klaxons comme en février, où c’était une occupation.»
Il s’est déplacé pour discuter avec les personnes qu’il désapprouve, pour connaitre leur point de vue.
Il ajoute : «Une manifestation dure généralement trois-quatre heures. Si tu as besoin de rester plusieurs jours, si tu dis que tu ne pars pas si on ne te donne pas ce que tu veux, ce n’est pas une manifestation, c’est une prise d’otages!»
Derrière Jeremy Wanless, un prêtre affilié à Veterans for Freedom (VF4), une organisation qui s’est associée à «Rolling Thunder» pour l’organisation de l’évènement, s’adresse au bon millier de personnes présentes en face du Monument de la guerre : «Je n’ai jamais été aussi fier de porter mon coquelicot! Les mandats de vaccins n’auraient jamais été levés sans les camionneurs [en février]!» assure-t-il.

Des vétérans étaient sur place dans le but de rassembler le plus grand nombre de leurs pairs contre les mesures sanitaires.
Les V4F et les participants au Rolling Thunder suivent un programme structuré étendu sur les trois jours du mouvement contre les mesures sanitaires.

Sami Mandalawi, un vétéran, tient le kiosque d’information de V4F. Il explique que l’organisation s’est créée après un «réveil» déclenché par le convoi des camionneurs. Il est là pour promouvoir l’organisation qui compte 500 membres depuis sa création il y a quatre semaines.
V4F vise «ceux qui partagent notre point de vue sur les mandats vaccinaux. On devrait avoir le droit de faire nos propres choix pour notre santé. Notre gouvernement ne devrait pas outrepasser sa compétence», précise-t-il.
En début d’après-midi samedi, la police d’Ottawa annonçait la fin du défilé des motocyclistes. Quelques centaines de personnes s’étaient déplacées sur la Colline du Parlement dans l’après-midi pour assister à des performances musicales et entendre des discours, dont celui de Chris Sky, célèbre théoricien du complot canadien.

Quelques centaines de personnes ont participé au service religieux qui avait lieu à l’église Capital City Biker’s dans le quartier Vanier.
Rassemblement en prières
Dimanche matin, comme indiqué dans son programme transmis aux autorités, quelques centaines de participants ont convergé vers Capital City Biker’s Church, dans le quartier Vanier, pour participer à un service religieux.
Pendant la nuit du 30 avril au 1er mai, des vandales ont peint des messages haineux sur les parois extérieures de l’église, dont le message : «Pas de paradis pour les fascistes». La police d’Ottawa a ouvert une enquête pour méfait motivé par la haine à une institution religieuse.
En fin d’après-midi dimanche, le centre-ville d’Ottawa avait retrouvé son calme habituel.

Des résidents du quartier Vanier ont accroché des bouchons pour atténuer le bruit des motocyclettes à proximité de l’église.