Si la ministre de la Santé et des Affaires sociales du Yukon, Tracy Anne-McPhee, a mentionné que le but du Sommet était de «partager des idées et inspirer plus de conversations sur le bienêtre mental», les Yukonais et Yukonaises présent.e.s virtuellement ont eu un rôle plutôt passif.
La crise des opioïdes au centre du Sommet
En effet, les périodes de questions ont été courtes et les échanges sont demeurés restreints. Malgré tout, la ministre a assuré par voie de communiqué, peu après l’évènement : «Les points de vue que nous avons entendus lors du Sommet contribueront à orienter notre prochain Plan d’action sur les opioïdes et nous aideront à améliorer le bienêtre mental de tous les résidents.»
Et d’ajouter : «Il n’y a pas de solution magique aux problèmes de toxicomanie et de santé mentale, mais nous savons que nous devons continuer à travailler ensemble pour relever ces défis et améliorer la santé de nos collectivités.»
Sans surprise, la crise des opioïdes s’est avérée le sujet le plus couvert de ce Sommet en santé mentale. Près du tiers des 16 conférences s’y attardait. La table a été habilement mise par le témoignage poignant de Gary Bailie, un père ayant perdu sa fille Stacity, âgée de 27 ans, en lien avec une intoxication aux opioïdes, en octobre dernier.
«Je veux que la vie de ma fille soit un catalyseur de changement positif, et c’est pourquoi je prends la parole aujourd’hui», a-t-il assuré, avant de rappeler que la dépendance n’est que le symptôme d’un traumatisme plus grand, et qu’il faut à tout prix demeurer empathique et sans jugement envers les personnes qui en souffrent.
Divers programmes d’approvisionnement sûr
Plusieurs professionnel.le.s de la santé ont présenté leur programme d’approvisionnement sûr. C’est le fait de fournir une prescription de médicaments à base d’opioïdes aux adultes qui consomment ces drogues, afin de prévenir les surdoses et les décès.
Par exemple, le Dr Mark Tyndall a introduit son projet MySafe. Il s’agit de machines d’entreposage et de distribution sécuritaire d’opioïdes, dont cinq sont présentement installées en Colombie-Britannique et peuvent être utilisées par 75 personnes ayant reçu une prescription au préalable de la part du médecin.
Après six ans dans cette épidémie et des milliers de vies fauchées, je crois que de ne pas donner à ces personnes une alternative aux drogues empoisonnées dans les rues est tout simplement non-éthique. [Et] que c’est fou. Nous savons que les gens vont continuer de consommer ces drogues.
Les programmes d’approvisionnement sûr en sont pour l’instant à leurs balbutiements au Yukon. Le gouvernement provincial a annoncé l’élargissement de ceux-ci en octobre dernier, une demande formulée par l’organisme Blood Ties Four Direction depuis longtemps.
L’importance de la prévention
Tout au long du sommet, les conférenciers et conférencières ont insisté sur l’importance d’offrir un continuum de services aux personnes dans le besoin, mais aussi sur la prévention.
Alex Hodgins, de Blood Ties Four Direction, Stacey Robinson-Brown, directrice de la santé de la Première Nation de Carcross – Tagish et Todd Pryor, des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie dans les communautés, ont partagé leur expérience du projet de porte-à-porte à Carcross, réalisé afin de sensibiliser la population à la crise des opioïdes.
En allant à la rencontre de la communauté, ils ont pu fournir de l’information ainsi que de l’équipement en lien avec la consommation de substances illicites. Pour Stacey Robinson-Brown, cette stratégie permet d’inclure toute la communauté : «Parfois, on croit que ces discussions doivent avoir lieu seulement avec les personnes qui consomment, mais tout le monde est concerné», a-t-elle rappelé.
Todd Pryor a souligné qu’il faut inclure davantage les personnes qui ont souffert de dépendance dans le passé au sein de la lutte.
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Prochaines phases du sommet
En tout, 551 personnes se sont inscrites au Sommet. Les Yukonais et Yukonaises qui n’ont pas pu assister à l’évènement — les conférences ayant été présentées lors des heures de travail — peuvent accéder aux présentations en ligne.
Le gouvernement du Yukon a annoncé que des groupes de discussion seront formés et que des ateliers auront lieu au printemps, afin de poursuivre la discussion sur la santé mentale.
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