le Vendredi 18 avril 2025
le Dimanche 30 janvier 2022 13:00 Société

Obtenir des services de santé dans sa langue maternelle au Nunavut

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Toute personne qui se présente à l’Hôpital général de Qikiqtani, à la clinique ou à la santé publique devrait se faire proposer le service d’interprétation en français.  — Site Web Hôpital général Qikiqtani
Toute personne qui se présente à l’Hôpital général de Qikiqtani, à la clinique ou à la santé publique devrait se faire proposer le service d’interprétation en français.
Site Web Hôpital général Qikiqtani
IJL — RÉSEAU.PRESSE – LE NUNAVOIX (Nunavut) – Depuis un an, les Franco-Nunavois ont accès à un service d’interprétation en français afin de les guider à travers les services de santé dispensés à Iqaluit. Cette avancée importante pour les francophones du territoire est le résultat de nombreuses années de travail.
Obtenir des services de santé dans sa langue maternelle au Nunavut
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En poste depuis janvier 2021 comme interprète francophone et agente d’accréditation pour les Services de santé d’Iqaluit, Christine Bérubé offre de l’accompagnement aux Franco-Nunavois pour tous les services de santé dispensés dans la capitale.

Malgré le contexte pandémique actuel, ce service confidentiel demeure disponible en semaine de 8 h 30 à 17 h.

Que ce soit à la demande du client ou du professionnel de la santé, l’objectif de ce service est d’assurer une communication claire entre les deux parties. Pour le Réseau Santé en français au Nunavut (RÉSEFAN), l’aboutissement de ce projet représente la concrétisation de plusieurs années de démarchage.

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Demander sans hésiter

Toute personne qui se présente à l’Hôpital général de Qikiqtani, à la clinique ou à la santé publique devrait se faire proposer le service d’interprétation en français. Advenant que cela ne soit pas fait, Christine Bérubé souligne l’importance d’en formuler la demande.

Christine Bérubé agit à titre d’interprète francophone et d’agente d’accréditation pour tous les services de santé à Iqaluit depuis maintenant un an.

Courtoisie

«Je veux que vous soyez confortables de demander mon aide, même si vous êtes bons en anglais et que ce n’est qu’un petit 10 % que vous voulez bien comprendre, ou simplement pour vous assurer que tout s’est bien passé ; que vous avez vraiment un consentement éclairé», affirmait-elle lors d’un webinaire tenu le 13 mai 2021 par le RÉSEFAN, qui avait pour objectif de présenter le service à la communauté.

Christine Bérubé ajoute que tout message laissé sur la boite vocale de l’Hôpital peut être dicté en français puisqu’elle en assure par la suite la traduction.

La traductrice offre également de l’accompagnement à travers les services de santé : «Si vous avez besoin de passer du côté clinique jusqu’au Rayon-X, par exemple, mais que vous ne savez pas trop comment vous y rendre, ou si vous avez des questions sur le système de santé, je peux vous guider!»

Elle révèle d’ailleurs aimer cet aspect de son travail qui lui permet de faire de la recherche et d’ainsi mieux comprendre le système de santé.

L’offre d’interprétation en français étant disponible, la responsabilité d’en faire la demande repose sur l’individu. Jérémie Roberge, directeur général du RÉSEFAN, remarque toutefois que «les communautés en situation minoritaire — les populations dont la langue est minoritaire dans le système public ou d’usage — vont avoir une résistance à utiliser leur langue maternelle. Ils ne feront pas de demandes de services dans leur langue officielle même s’ils ont le droit de le faire».

Dans l’objectif de faciliter la compréhension du système de santé d’Iqaluit par les francophones, l’organisation a par ailleurs créé le Guide de navigation du système de santé à Iqaluit.

La mise en place du projet d’interprétation et d’accompagnement est le résultat de plusieurs années de démarchage durant lesquelles le RÉSEFAN s’est impliqué : «Notre rôle a été d’élaborer un projet pour obtenir des fonds afin de soutenir la mise en place des pratiques en interprétation et en accompagnement, en collaboration avec le ministère de la Santé, l’Hôpital et la clinique médicale», déclare Jérémie Roberge.

Il précise que l’organisme a ensuite joué un rôle d’expertise-conseil en offrant par exemple de la formation à Christine Bérubé lors de son arrivée en poste.

En dehors des heures de travail de l’interprète ou lorsque celle-ci n’est pas disponible, le service téléphonique «Can Talk» prend la relève. Pour l’utiliser, le professionnel de la santé n’a qu’à composer un numéro et, quelques secondes plus tard, un interprète se joint à une conférence téléphonique afin de procéder à la traduction des échanges.

Les services d’interprétation de Christine Bérubé sont disponibles sur semaine de 8 h 30 à 17 h.

Gabrielle Poulin - Le Nunavoix 

Pour une bonne compréhension de notre santé

Après un an en poste, Christine Bérubé témoigne de l’apport que ses services en français ont eu dans la communauté : «Ce ne sont pas seulement les francophones qui sont heureux d’avoir accès à ces services dans leur langue, mais aussi les professionnels de la santé et les réceptionnistes qui peuvent recevoir du soutien avec les patients francophones. Tout le monde peut bien se comprendre et ça facilite l’accès aux soins de santé.»

Jérémie Roberge note que «quand c’est mineur, j’ai l’impression qu’on s’en sort assez bien, mais quand c’est majeur, on tombe dans des termes techniques et dans des réalités qui ont des conséquences sur notre vie quotidienne. On est en région extrêmement éloignée, donc quand on parle de maladie grave et d’enjeux importants de santé, ça veut dire une évacuation médicale»,

Il soulève donc lui aussi l’importance pour les Franco-Nunavois d’avoir accès à des services de santé dans leur langue : «Personne n’est à l’abri d’un enjeu de santé ou d’une maladie grave. Quand on vit ce type d’enjeux là, c’est rassurant de rencontrer au moins un professionnel qui parle notre langue pour nous expliquer ce qui est en train de se passer.»